Passion Parfums

 

Si je connais la qualité des cires Trudon, je ne m’étais pas forcément arrêté sur les parfums créés par Antoine Lie, Lyn Harris et Yann Vasnier mais j’ai eu l’occasion de les redécouvrir récemment. Tout d’abord, je voudrais dire que je suis un peu éloigné de cet univers mais qu’il est vrai que le flaconnage est magnifique et qu’il est une entrée en matière très attractive bien évidemment. J’ai eu l’occasion de redécouvrir tous les jus très récemment et je me suis dit qu’une petite revue ne serait pas une mauvaise idée car, si j’avais été un peu hermétique au départ, j’ai revu un peu mon jugement en essayant d’ouvrir un peu plus mon nez et mon esprit. Comme toujours, j’ai mes préférences parmi ces huit créations. Certaines sont peut-être un peu trop « spirituelles » pour moi mais d’autres me plaisent finalement un peu plus. Nous voici donc partis à la découverte d’un univers très luxueux, peut-être parfois un peu surcôté mais qui, finalement, ne manque pas d’intérêt. Nous avons, à Lyon, deux points de vente de la marque donc, l’accès aux testeurs et échantillons a été assez facile et je remercie les responsables de boutique pour leur collaboration.

Le premier parfum que j’ai redécouvert est « Révolution » créé par Lyn Harris en 2017. « Révolution imprègne la peau ; au fil de la journée, le parfum se creuse de mystères et d’intrigues pour faire corps avec nos émotions ». La création est, c’est vrai assez intéressante. C’est un boisé franc, avec des notes de patchouli, de papyrus, de bois de cade et de cèdre. L’encens vient envelopper le parfum du début à la fin de son évolution et je le trouve particulièrement bien construit même s’il est complètement éloigné de mes goûts. Je dois dire que je ne pourrais pas le porter. Le côté ultra boisé et l’encens me dérangeraient autour de moi alors que je pense que j’aimerais beaucoup une version ambiance. En fait, pour détailler un peu, le parfum s’ouvre sur une note d’élémi très résineuse, au coeur on retrouve une craquante angélique mêlée à l’encens et au fond les bois et le patchouli. Sur ma peau, le parfum est sec, presque froid mais il se réchauffe peu à peu, se révélant un peu plus intéressant. Il est beau. Je ne peux pas dire le contraire, mais il ne me parle pas assez pour que j’ais envie de le porter.

Créé en 2017 par Yann Vasnier, « Mortel » est sans doute le parfum que j’aime le moins de toute la collection. Il est vraiment trop éloigné de ce qui me fait vibrer en parfumerie. Le départ de piment et de poivre noir est absolument génial et il me laissait augurer quelque chose qui soit vite dans mes goûts mais le coeur d’encens, le fond de ciste, de benjoin et de myrrhe est trop fumé froid. Il me fait penser à une cigarette mal éteinte dans une église. « Effets de peaux qui s’échauffent, la sensualité est au cœur de Mortel : les baumes, l'encens, la myrrhe et le benjoin s'associent, ici, à la chaleur érotique, presque animale du ciste labdanum ». En général, j’aime bien le côté ciste labdanum dans un parfum mais la facette animale qui est exploitée ici me dérangerait presque. C’est dommage. « Mortel », pour moi, porte mal son nom car après une envolée plus que prometteuse, je trouve qu’il retombe dans le côté pierres froides d’église que je n’aime pas du tout. Je passerais donc mon tour.

 

Créé en 2017 par Antoine Lie, « Bruma » est un travail autour de l’iris et de la violette qui tombe sans doute pile dans ce que j’aime et pourtant, si je l’aime bien et si je lui reconnais beaucoup de classe, il n’est pas celui que je préfère. « Bruma renferme une sensualité animale, celle d’une cavalière qui puise une force féminine intérieure dans les éléments extérieurs qui l’entourent – sa monture et la profondeur d’une nuit en forêt. Ils l’imprègnent pour lui donner une aura magnétique et charnelle ». Le départ est à la fois vert avec le galbanum et aromatique avec des notes de lavandes, le coeur complètement poudré par l’iris et la violette me plait beaucoup il faut le dire et il est renforcé par un fond cuiré avec un ciste labdanum très très présent. C’est indéniablement un beau parfum, élégant, pas trop onirique, un peu plus terre à terre, d’ailleurs c’est aussi une note assez présente tout au long de l’évolution. Pour moi, il est double. C’est un parfum sobre et élégant mais avec quand même le petit truc en plus qui le rend addictif. J’ai beaucoup aimé « Bruma » alors qu’au premier abord, il me m’avait fait ni chaud ni froid. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

 

« II » a été lancé en 2017 et créé par Lyn Harris. Je dois bien dire que c’est, pour moi, le coup de coeur de la collection. Tout en fraîcheur et en élégance, il est la quintessence de ce que j’aime dans le travail de Lyn Harris. Une envolée de feuilles vertes et d’orange amère, un coeur de pin et de baies de genièvre comme un gin tonic un peu amer et un fond de cèdre et d’un encens qui, pour une fois, ne me dérange pas bien au contraire car il s’intègre parfaitement dans le développement du parfum sur ma peau. « II évoque un nouveau départ, la vie d’une forêt qui transcende les saisons, ce lien qui rapproche. II est une Cologne inspirée qui reflète un univers fantastique sur la peau ». Pour moi, il pourrait être le parfum du Magicien d’Oz ou d’Alice de Lewis Carroll. Il est inédit, incroyable, et de promenade en forêt en salon aux taffetas chatoyants, il s’adapte à toutes les circonstance. Il y a comme une fraîcheur inédite, comme un vent de modernité dans ce parfum. Je suis assez enthousiaste, je l’admets volontiers alors que j’étais totalement passé à côté. Je le trouve très intéressant et j’aime beaucoup le rendu sur moi. Un seul bémol toutefois, ce n’est pas celui de la collection qui tient le mieux sur moi mais qu’importe. Il est beau et réussi et c’est tout ce qui compte. Vraiment, je l'aime énormément.

 

Peut-être un peu moins mixte que les précédents, « Elae », créé par Yann Vasnier en 2019 est ainsi décrit par la marque : « Extrêmement féminine, tout en lumière et en fraîcheur. Les fleurs blanches, jeunes, rencontrent les baumes avec sensualité ». Il est vrai qu’avec un départ frais de néroli et de pommes vertes et rouge, un coeur de jasmin égyptien opulent et suave renforcé par le côté huileux de l’ylang-ylang et un fond de benjoin et de santal un peu rond, il est sans aspérité, sans angles, comme une courbe infinie. Là encore, si j’aime beaucoup le départ, je suis moins attiré par l’évolution. Il y a quelque chose d’un peu crémeux sur ma peau qui m’évoque les produits de soin pour le visage. En toute fin d’évolution, il était tout près de me déranger. Je le trouvais trop doucereux ce qui tranchait avec le côté pep’s de son ouverture. « Elae » n’est pas mon préféré. Je pense qu’il s’adressera aux amateurs de floraux et de santal très lacté. En tout cas, il n’est pas intéressant sur ma peau.

 

« Medié », également créé en 2019 par Yann Vasnier est sans doute le parfum le plus classique de la collection avec un côté très frais, un départ mandarine et pamplemousse un peu amer, un coeur de cyprès arrondi par le jasmin sambac et un fond d’encens et de vétiver. « Une fraîcheur à fleur de peau qui se double d’une trace ambrée et cuirée, sillage désirable ». Pour ma part, je l’ai trouvé joli mais pas transcendant. Il m’a rappelé d’autres parfums que j’ai senti ailleurs. Je le trouve, en revanche, extrêmement facile à porter, très consensuel et je pense qu’il a été créé pour plaire à un plus grand nombre. Je ne sens pas tellement les notes cuirées et ambrées qui figurent dans sa description. Elles ne me sont pas évidentes même en toute fin d’évolution. C’est un parfum à la fois doux et pétillant, ce qui n’est pas très logique mais qui finalement s’harmonise complètement. En tout cas, il est joli, sans risque et sans faute de goût possible.

 

En 2021, et je l’avais évoqué, « Aphélie », créé par Antoine Lie a été, à ce jour, le dernier né de la maison Trudon et je dois dire qu’il m’avait pas mal déstabilisé. Je l’ai réessayé et je suis toujours complètement dérouté. La marque le décrit ainsi : « Aphélie incarne une posture unique : celle d'un astre qui revient vers la lumière après avoir atteint le point le plus éloigné de l'astre autour duquel il tourne. Elle s'éclaire. Mystérieuse, Aphélie est en lien avec le cosmos, répond aux lois de l'attraction, fait corps avec la nature ». Avec un départ d’essence de rose rendu vert par la note de lierre très réaliste et très présente, j’avais adoré l’envolée. En plus, j’étais totalement dans une période « parfums verts » et, bien évidemment, il m’avait interpellé d’autant que le coeur « croquant » de cassis et de mousse d’arbre renforçait cette impression. J’avais regretté, et c’est toujours le cas, que le fond de bois de santal et de fève tonka alourdisse le parfum. Je préfère de beaucoup les notes de tête et de coeur que ce fond qui a plutôt tendance à me le rendre plus ordinaire. J’aime beaucoup le travail d’Antoine Lie mais là, je n’adhère pas forcément.

 

 

Voilà, j’ai essayé, en restant honnête, de vous proposer mes impressions sur les parfums de la maison Trudon. J'ai bien aimé la collection globalement et il y a plusieurs parfums que je pourrais porter. Je n'ai pas, volontairement, évoqué les derniers parfums sorties mais vous les retrouverez au fil des pages de ce blog.