Un nouveau "Bandit"
Lorsque, il y a quelques mois, j’ai appris que « Bandit », créé par Germaine Cellier pour le couturier Robert Piguet en 1944 allait être arrêté et qu’il serait reformulé sous le nom de « Bandit Suprême », je dois dire que je me suis quand même inquiété. La maison Robert Piguet, qui, aujourd’hui, ne propose plus que des parfums se privait ainsi de l’un des monuments de la parfumerie à la française qui a inspiré tant de créateur depuis plus de 70 ans. Elle a confié cette reformulation à Aurélien Guichard qui, de plus en plus, est une valeur montante mais bon, une réinterprétation est toujours un risque à courir. Le parfumeur décrit ainsi sa création : « Bandit Suprême est une ode au parfum révolutionnaire Bandit, lancé par la maison Piguet en 1944. Bandit Suprême s'ouvre sur un éclat floral clair et net de galbanum et de néroli tunisien. L'Ambrox, un ambre gris synthétique, apprivoise ensuite le côté piquant et épicé des fleurs et souligne les qualités pétales de la fleur d'oranger et du jasmin. Au fur et à mesure que le parfum s'installe, le muscénone, un musc moderne, confère une dépendance douce et cotonneuse aux notes typiquement aversives de cuir, de patchouli et de mousse de chêne. Le résultat final est une formulation linéaire pleine de contradictions aussi perturbatrices qu’attirantes. ». Je l’ai découvert il y a quelques semaines chez Marie-Antoinette à Paris et je dois bien dire que j’ai été très agréablement surpris car, s’il est différent de la version précédente que je porte et que je connais bien, et qui était un chypré cuir et tabac avec des notes vertes, il s’avère vraiment très joli et, c’est vrai, plus floral et plus moderne.
Au départ, la bergamote est remplacée par un néroli tunisien travaillé de manière très vert avec des notes de galbanum. Le coeur est jasminé, avec des accents de fleur d’oranger et s’enrobe d’un ambroxan très proche d’un ambre gris naturel qui m’a un peu déstabilisé mais que je trouve finalement très agréable. Le fond de cuir, toujours bien présent vient se mêler au traditionnel accord patchouli et mousse de chêne mais est surplombé en quelque sorte, par des notes d’un musc synthétique très moderne, le muscérone. Je dois dire que j’ai essayé ce parfum sur ma peau et que c’est « Bandit » sans être « Bandit ». Je reste fidèle à l’original je l’avoue mais, à la fin de mon flacon, je m’étais dit que je l’abandonnerai et maintenant que j’ai découvert « Bandit Suprême », je me demande si je ne pourrais pas le porter tant je l’ai trouvé réussi. L’éternel nostalgique que je suis est finalement satisfait par cette reformulation qui est plus une recréation qu’une réelle nouvelle interprétation. Je salue vraiment, par ce petit article bien humble d’un amoureux de « Bandit », le travail très original d’Aurélien Guichard qui a su faire un clin d’oeil très respectueux à Germaine Cellier et à son esthétique si particulière.
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