Un parfum d'aventure... et d'aventurier(e)
Au départ, je voulais écrire une série d’articles autour d’un trait de caractère, d’une personnalité mais, pour l’instant, je n’y arrive pas. J’ai commencé plusieurs fois et ce n’est ni pertinent ni montrable donc je me suis décidé à aborder le sujet un peu différemment. J’ai imaginé un personnage célèbre, réel ou imaginaire et un contexte particulier. C’est en écrivant un autre article, plus complet et plus généraliste que l’envie m’est venue. Et si je commençais par une aventurière des temps modernes. Le premier personnage qui m’est venu à l’esprit n’existe pas vraiment mais il commencé à prendre vie en 1981 au cinéma sous les traits de l’acteur américain Harrison Ford. C’est un aventurier et professeur d’archéologie créé par le réalisateur et scénariste George Lucas. Vous me suivez, il s’agit de Henry Walton Jones Jr alias Indiana Jones qui serait inspiré de l’archéologue américain Hiram Bingham. Les aventures de ce personnage se passent, si mes souvenirs sont bons, dans les années quarante, voire même durant la seconde guerre mondiale. Cet homme, je l’imagine portant un short, une saharienne, un chapeau et tout un tas d’armes de fortune. Si je pense à son caractère, je le vois entreprenant, courageux, dominant la nature et ses peurs, épris de grands espaces et totalement dépourvu de goût pour le confort ou les salons élégants de la première moitié du XXème siècle. J’ai alors décidé d’explorer des parfums « sauvages » ou ethniques, peut-être propices à la spiritualité de peuplades dont le mode de vie est aux antipodes de celui en vigueur même à l’époque dans la société occidentale. Je suis donc allé chercher des parfums qui m’évoqueraient les grands espaces, le corps, l’effort et aussi une certaine androgynie car Indiana Jones pourrait aussi avoir son pendant féminin ne le croyez-vous pas ?
J’ai donc commencé à faire l’entonnoir et j’ai pensé à plusieurs créations. Celles qui me sont venues tout de suite sont « African Leather » de Memo, « Cacao Aztèque » de Perris Monte Carlo, « Fougère Bengale » de Parfum d’Empire mais celui que j’ai retenu est encore plus adapté à l’image que je me fait d’Indiana Jones ou de son alter-ego féminin et je suis allé le chercher plus dans une composition que dans une idée abstraite. J’ai pensé à du cuir, du cumin, de la cardamome voire même un peu d’agrumes pour accompagner l’effort physique et donner à celle ou celui qui le porte un sentiment de bien-être. Je me suis aussi remis dans un contexte d’époque et, à défaut de reprendre un parfum qui aurait existé dans les années quarante, j’en ai cherché l’esprit. Il m’a donc fallu allier tradition du parfum à la française et modernité voire même modernisme. J’ai pas mal redécouvert de parfums pour vraiment trouver celui qui pourrait convenir à un aventurier quel que soit son sexe et je suis arrivé à une conclusion, celui qui me parais le plus adapté est « Epupa Mon Amour » créé par Sonia Constant pour sa maison Ella K et qu’elle d’écrit ainsi : « Une déclaration d'amour à l'humanité. L'Afrique, évocation de la terre et des origines. Un soleil vibrant, symbolisé par des épices fusantes, poivre noir, cumin, darde ses rayons sur une terre ocre ambrée. Racines de vétiver, ciste et fir balsam évoquent la puissance de cette terre vierge dont monte comme une vapeur de poussière en suspension, retranscrite par le fumé du bois de gaïac. Une terre qui marque l'âme au long court d'un sillage de bois de santal de la fève tonka torréfiée ».
C’est un boisé épicé, dense, un peu cuiré et avec une certaine dimension « sauvage ». Dès l’envolée, le ton est donné avec une note de cumin qui m’évoque l’odeur de la peau chauffée au soleil et qui est renforcé par le poivre noir très présent pour nous amener sur un vétiver racinaire, très brut et légèrement rendu résineux par le pin baumier avec la touche de cuir du ciste. Puis la fragrance se fait résolument boisé entre le côté très sec du gaïac et plus doux du santal encore arrondi par la fève de tonka. Je trouve que Sonia Constant a vraiment inventé un parfum brut, celui d’un aventurier épris de grands espaces. Certes, il a quelque chose de très contemporain mais je le trouve aussi très inspiré de cuirs boisés des années quarante aujourd’hui disparus voire même oubliés. J’ai beaucoup aimé chercher la création idéale et remettre mon nez dans celle-ci. Je l’ai même vraiment essayée autour de moi et, si elle ne me ressemble pas, j’en ai discerné toute la beauté. C’est un parfum déclaration d’amour à l’Afrique certes mais, plus largement, à une certaine liberté de ton, d’action et à une envie de mordre la vie à pleine dents.
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