Passion Parfums

C’est à Lisa, qui vient très souvent sur ce blog que je dois l’idée de consacrer un portrait parfumé à Vanina Muracciole qui est une jeune parfumeuse dont le travail a croisé ma route assez souvent notamment pour sa collaboration avec Le Galion. Elle a déjà composé une trentaine de jus et j’avais envie de me promener dans son travail pour essayer de vous en parler de mon mieux et, pourquoi pas, d’éveiller votre curiosité. En effet, elle travaille pour des maisons aussi différentes que Comptoir Sud Pacifique, Fragonard, Jovoy ou encore Lubin et je trouve son travail éclectique mais tout de même doté d’une signature olfactive qui commence à être vraiment reconnaissable et dont la délicatesse m’interpelle. En effet, Vanina Muracciole n’est pas encore un nom très connu mais je pense sincèrement que c’est une créatrice à suivre et je serai attentif, dans les années qui vont suivre, aux parfums qu’elle a composé. J’ai choisi quatre créations très différentes pour illustrer mon propos. Allez, je vous emmène découvrir le monde olfactif de Vanina Muracciole.

Le premier parfum qui me vient à l’esprit est « Attique » lancé dans la collection Les Évocations de Lubin en 2017 et qui est un travail autour de la figue et qu’elle décrit ainsi : « Dans le maquis des collines grecques, la leçon d'un précepteur sous les branches du figuier ». Je dois dire que je n’ai pas vraiment adhéré avec cette création à sa sortie, lui préférant largement « Brittany Breeze ». Il faut dire que j’ai, le plus souvent, du mal avec la note de figue surtout quand elle est travaillée de manière « laiteuse ». Coïncidence ou non, j’ai eu l’occasion, il y a quelques semaines de remettre mon nez dessus et je l’ai trouvé, finalement assez original. La marque le décrit ainsi : « Attique évoque les « Nuits Attiques », d’Aulu Gelle. Un figuier noueux offre sa protection à l’érudit qui étudie, le soir, dans le maquis du Mont Parnasse, près du sanctuaire sacré de Delphes. La brise marine monte des calanques et mêle les herbes aromatiques à la senteur des figues vertes sur l’arbre ». Je l’ai trouvé finalement très joli avec un départ à la fois doux et acidulé de bergamote et de citron associé à des notes salées qui nous emmène sur un coeur de basilic, de fleur d’oranger et de jasmin assez étonnant. Le fond est construit autour de la dualité cèdre et figue qui confère à la fin de son évolution un côté boisé, frais et même, sur ma peau, légèrement poudré. Je ne sais pas si je pourrais m’approprier « Attique » mais j’ai été content de le redécouvrir car je le trouve vraiment intéressant. Il constitue une alternative très intéressante aux parfums figues plus « traditionnels » des maisons d’auteurs.

Je ne savais pas que Vanina Muracciole avait composé « Cuir » en 2015 pour Le Galion et je dois dire que je l’ai toujours beaucoup aimé. Pour tout dire, j’ai même un peu tourné autour à une époque. Je le trouve tout à fait élégant et sorti tout droit d’un roman de Francis Scott Fiztgerald. Comme s’il avait pu être le parfum de Jay Gatsby par exemple. Cet hommage aux créations de Paul Vacher est vraiment, pour moi, une véritable réussite. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « En 1960, la maison Dior demande à Paul Vacher de composer le premier cuir Dior, Diorling. En hommage à cette création de Paul Vacher, qui s’était déjà illustré dans cette famille olfactive en 1931  par la composition de Scandal de Lanvin considéré comme l’un un des plus grands cuirs de la parfumerie moderne, et à son Esprit visionnaire et talentueux, Le Galion propose aujourd’hui Cuir, une création originale sur le thème du cuir, s’ouvrant sur un départ hespéridé de bergamote et d’élémi, et construit autour du lys blanc de l’ambre gris, des muscs et du santal ». C’est un cuir un peu résineux avec son départ d’élémi et de bergamote qui devient très « tranché » lorsqu’on arrive au coeur un peu animal fondé sur un accord castoreum, noix de muscade, ambroxan et même lys qui entoure une molécule synthétique qui reproduit exactement le cuir de Russie tel que je me l’imagine. Le parfum se pose sur un fond quasi chypré avec des notes de mousse de chêne et de santal adoucis par les muscs blancs et la vanille. J’ai vraiment beaucoup aimé ce parfum et je remercie Florence, de la parfumerie Arcane Majeur à Vichy de me l’avoir fait découvrir. Il y a quand même un bémol, il ne matche pas tellement bien avec ma peau car, elle le boit comme ça arrive parfois et je ne le tiens pas ce qui est un peu frustrant. Il n’en demeure pas moins un parfum qui me plait énormément.

 

« Un sillage poétique d'héliotrope, de mimosa, de baies roses sur un fond de muscs et de cèdre. Douceur poudrée relevée d'épices fraiches . Un accord divin ». Vanina Muracciole a pas mal travaillé pour les deux marques de François Henin, Jovoy et Jeroboam. J’ai découvert en partie la première il y a quelques mois mais je ne connais pas encore la seconde. Je crois que mon coup de coeur est indéniablement « Touche Finale » sorti en 2019 et qui, il faut bien le dire, est tout ce que j’aime. « Quand arrive enfin le moment où tout semble accompli, où l’œuvre parait achevée, le doute souvent envahit l’artiste. Faut-il changer une note ? Plus de ceci ? Moins de cela ? Et quand vient enfin l’instant de parachever l’œuvre d’une ultime touche finale, le doute cède à la satisfaction. Puis l'envie submerge le créateur, celle de fièrement dévoiler son œuvre aux yeux du monde entier. C’est ce moment précis où le maître décide qu’une œuvre est achevée que la Maison Jovoy ». Ce parfum est comme un composite de notes qui me plaisent énormément. Non seulement, il s’ouvre sur un accord de mimosa et de baies roses mais le coeur, cosmétique de rose, de feuille de violette, de cèdre et de jasmin est du plus bel effet et est complété, en fin d’évolution par un socle amandé d’héliotrope, de musc et de bois de santal. Sur ma peau, il est vraiment magnifique il faut le dire. J’ai essayé la moitié de l’échantillon à ma disposition et je l’économise un peu il faut bien le dire car je ne sais pas si je franchirai le pas mais je trouve ce parfum particulièrement bien réalisé et élégant. Pour moi, il est un peu une alternative aux grands poudrés aujourd’hui hélas disparus tels, par exemple, « Farnesiana » de Caron.

 

Dans la très belle collection de Fragonard Tout Ce Que J’Aime, Vanina Muracciole a créé « Ma Rose » en 2017 et, même s’il n’a pas été mon choix, j’ai beaucoup aimé ce parfum. « Ma Rose de la gamme Tout Ce Que J’Aime est à l'image de sa palette de couleurs et de senteurs: complexe et éblouissante ». Il s’ouvre sur des essences naturelles de citron, de menthe poivrée et de géranium qui donne au parfum une certaine fraîcheur mais, très vite on arrive sur un très beau coeur, toujours un peu pétillant d’absolu de rose centifolia, de magnolia et de poirier puis le fond de muscs. blancs, d’ambre et de cèdre viennent soutenir la fragrance. Sur ma peau, ce parfum a vraiment une très belle évolution, c’est une rose très florale et j’aime beaucoup le côté un peu boisé, très frais, comme si la fleur s’était chargé de gouttes d’eau qui sont, je pense, dues à l’omniprésence du magnolia. Lorsque la collection est sortie, je l’avais aimée en totalité mais j’avais opté pour « Mon Poivre » car je trouve que les parfums dans lesquels cette note est travaillée en majeur se font de plus en plus rare. J’aurais pu tout autant porter « Ma Rose ». J’ai d’ailleurs, il me semble, utilisé le savon assorti. L’occasion de le porter semble désormais impossible car je crois que la marque a décidé de supprimer cette collection. Je le regrette car, vraiment, je l’aime beaucoup.

 

Voilà, je m’impose de ne choisir que quatre parfums comme créateur pour ne pas vous saturer mais j’aurais pu aussi vous parler de Comptoir Sud Pacifique. Il m’aurait fallu, pour cela, remettre mon nez dans les créations de Vanina Muracciole pour la marque et j’avoue qu’elle ne m’attire pas vraiment. J’ai préféré suivre mes goûts. Je me suis fait plaisir à redécouvrir ces quatre créations même si je n’ai pas encore trouvé « la mienne ». En tout cas, il s’agit là d’une créatrice à suivre et je vais demeurer attentif à son travail.