Passion Parfums

Parmi les passages obligés et néanmoins agréables lorsque nous sommes à Paris, il y une visite chez Jovoy, la très grande parfumerie de la rue de Castiglione. Les restrictions liées à la situations sont de mise mais l’accueil a été très agréable, nous avons pu échanger, découvrir et sans doute se faire quelques nouvelles envies. Un grand merci à la jeune fille qui nous a reçu et à Anissa (Nissou Parfum sur YouTube avec qui nous étions contents de faire connaissance). Nous avons passé un bon moment et fait de très belles découvertes. J’avais envie de sentir les deux derniers opus de Parfumeurs du Monde, la version eau de parfum de « L’Amandière » de James Heeley et, la bonne surprise a été « Jardin de Giverny » de la maison Arte Profumi et qui est un peu un hommage à Claude Monet qui a beaucoup peint cet endroit.

C’est d’ailleurs par « Jardin de Giverny » de la maison Arte Profumi que j’ai envie de commencer cette revue. Créé en 2015, c’est un poudré comme je les aime, c’est à dire qu’il a le côté suranné de l’odeur de la houppette de grand-mère. C’est un parfum régressif, élégant et délicieusement désuet. Le départ de racine d’iris donne le ton et l’accord poudre de riz du coeur sur un fond de rose de Damas est une véritable réussite surtout à l’envolée. On croirait vraiment sortir un trésor d’un sac à main oublié dans un grenier. « Jardin de Giverny » rejoint « Teint de Neige » de Lorenzo Villoresi (l’ambre en moins) dans le rayon des beaux parfums à l’ancienne, enveloppant et élégant en diable. Je le re-sens en écrivant et vraiment je me fais plaisir. Je ne sais pas si je pourrais le porter mais qu’est-ce que j’aime l’avoir sous le nez.

 

 

J’avais découvert, il y a quelques années, « L’Amandière » de James Heeley dans sa première version qui était 50 ml d’extrait et la marque a décidé de le passer en 100 ml d’eau de parfum. J’avoue que je suis un peu dérouté par cette politique. La version de 2011 avait un côté très fleuri avec des notes de jacinthe, de violette, de campanule, de jasmin et de rose mais ce travail-là est très différent (enfin pour moi) car je trouve qu’il fait la part belle à la note d’amande qui était seulement intégrée dans un bouquet. Je le trouve plus simple, moins frais, un peu rond et finalement très différent de sa première version. J’avoue en être un peu déçu car j’aimais vraiment beaucoup l’extrait. Je suppose qu’il y a des raisons à ce changement de politique. En tout cas, je regretterai la première mouture.

 

Je n’avais pas senti les deux dernières créations de Parfumeurs du Monde, une marque que je suis depuis le début et ma visite chez Jovoy avait d’abord pour but de les découvrir. « Val d’Orcia » a été lancé en 2018 et Thierry Bernard, son créateur, le présente ainsi : « En Vallée d'Orcia, Maximus effleure de sa main les épis de blé, le regard posé sur le sentier sinueux bordé cyprès, il s'enivre du vent frais, chargé d'agrumes et de fleurs d'oranger. Son âme est ici en Toscane… ». L’envolée de cyprès et d’agrumes nous entraine sur un coeur de magnolia plutôt frais, presque marin et son fond arrondi de capuccino, d’ambre gris et de myrrhe est particulièrement étonnant. J’ai bien aimé également l’utilisation d’une vanille aromatique. « Val d’Orcia » est une très belle création. Sa concentration lui donne une tenue tout à fait étonnante. J’ai beaucoup aimé et je dois dire que je suis surpris que Thierry Bernard ait réussi quelque chose d’aussi complexe en n’utilisant que des matières premières naturelles. Bravo !

« Üjan », également créé par Thierry Bernard a été lancé en 2019. Boisé et oriental, c’est le travail du oud vu par le nez de Parfumeur du Monde. J’aime énormément la dualité entre le départ très frais et presque vert du bourgeon de cassis et le fond d’oud et de patchouli. Résolument boisé, « Üjan » est un parfum plus épuré et je trouve que le vétiver au coeur donne un côté plus herbacé que je ne pensais en lisant sa pyramide olfactive. Je trouve que Thierry Bernard a créé un « oud » très facile à porter, très finement travaillé. L’huile essentielle de katafray, rarement utilisée en parfumerie, lui confère quelque chose de vraiment très étonnant. Je ne sais pas si je pourrais le porter mais j’ai été très heureux de le découvrir. C’est une création tout à fait dans l’esprit maison et il ravira les adeptes même si, dans le style boisé, je suis plus attiré par « Agua Nativa » créé il y a quelques années par Michel Roudnitska.

Il y a eu d’autres découvertes dans le salon de la boutique mais j’ai voulu me concentrer sur celles qui m’ont le plus frappé. Certes Jovoy est une caverne d’Ali Baba mais je trouve vraiment utile le fait que le personnel soit accueillant et compétent pour pouvoir nous guider dans nos recherches. Comme toujours l’accueil est à la hauteur et l’aide est précieuse, compte-tenu du nombre de références, pour pouvoir dénicher un nouveau parfum.