Passion Parfums

J’ai bien lu vos messages et j’ai écouté vos suggestions. Je suis allé mettre ou remettre mon nez, dans les parfums que vous m’avez suggéré ces dernières semaines. J’étais passé à côté de certains et d’autres m’avaient pas séduit au premier abord. Alors, ai-je confirmé mon impression ? Ai-je changé d’avis ? Je n’avais aucune idée préconçue et j’ai bien aimé aller les sentir et les re-sentir voire même en essayer certains. Je suis donc allé en parfumerie et dans les grands magasins pendant les premiers jours de janvier et j’ai senti et essayé quatre parfums, récents ou non, que vous m’aviez recommandés. J’ai été dérouté parfois, j’ai eu de belles surprises à d’autres moments, enfin bref, je me suis fait mon propre avis, ma propre expérience. Je vais essayer, en quelques mots, de vous décrire mes impressions.

Je n’avais pas tellement aimé « Velvet Tonka » créé par Alexandra Carlin et sorti l’an dernier chez BDK mais il remportait les suffrages de plusieurs d’entre-vous alors j’ai décidé d’aller l’essayer plus avant. Son inspiration est ainsi décrite par la marque : « La fève tonka est une matière pleine de contrastes, rappelant parfois le cuir de vanille, parfois l'amande ou encore pouvant révéler des facettes chocolatées. Velvet Tonka met en scène une trilogie entre la fève tonka, la fleur d'oranger et l'amande. À même la peau, elle donne l'impression d'une gourmandise orientale saupoudrée de sucre glace. La fève tonka, aux facettes baumées, se pare d'amande et de pétales de rose pour un côté velours, et d'une touche d’absolu de tabac qui lui confère son côté miellé. En fond, se déploient des notes addictives apportées par le bois lacté d'amyris, réhaussées d'ambroxan et d'absolu de vanille pour un velouté et une sensualité incomparables. Velvet Tonka rend hommage aux origines marocaines du fondateur David Benedek et à l'iconographie liée à cette région du monde, à travers ses saveurs et ses paysages, comme un souffle gourmand venant tout droit des montagnes de l’Atlas ». L’envolée d’amande et de fleur d’oranger donne le ton. Ce « velours » sera gourmand ! Au coeur, on retrouve un très bel absolu de rose et un autre de tabac des balkans puis, les notes de fond, construites autour de la fève tonka est associé à la vanille de Madagascar, au bois d’amyris et à des bois ambrés. Déjà sur le papier, j’étais dubitatif mais sur ma peau, « Velvet Tonka » est vraiment très rond et très miellé. Je dois dire qu’il n’est pas dans ma zone de confort. Je reconnais que c’est une belle création mais je ne pourrais pas le porter. J’ai beaucoup de mal à supporter une création aussi ronde plusieurs heures sur moi.

 

 

C’est Isabelle de la chaîne YouTube Espace Passion Parfum qui m’a donné envie de remettre mon nez dans « Grand Amour » créé par Annick Goutal et Isabelle Doyen en 1996. Je ne l’avais pas senti et encore moins essayé depuis des années et je suis vraiment content de l’avoir fait à nouveau. Ce travail tout ciselé autour du lys m’a fait l’impression d’être une odeur familière. La marque le décrit ainsi : « Durant plus de dix-huit ans, le mari d’Annick Goutal lui a manifesté son amour par un bouquet de lys blancs offert chaque semaine. Leur relation lui inspire un parfum magistral et charnel. La fraîcheur de la jacinthe et la douceur du chèvrefeuille nuancent la séduction entêtante du lys ». Autour de cette note particulièrement nette, des notes de jacinthe et de chèvrefeuille viennent apporter quelque chose de facetté, à la fois frais et élégant et le fond de myrrhe et de vanille arrondit ce bouquet floral particulièrement réussi. Il y a quelque chose de mystérieux. Très attaché aux fleurs blanches, Annick Goutal a souvent travaillé ou fait travailler ces notes et je trouve que, à chaque fois, ça fait mouche. « Grand Amour » est d’une délicatesse et d’une élégance totale mais, encore une fois, je pense que j’aurai du mal à le porter. Je le trouve peut-être un peu trop sophistiqué pour moi. La marque ne communique pas vraiment sur la pyramide olfactive et je trouve la composition tellement complexe que j’ai du mal à faire une description précise. Je peux seulement dire que, lorsque je l’ai essayé, j’ai ressenti comme une sensation de bien être. C’est peu comme lire un texte de Sommerset Maugham ou d’écouter une mélodie de Fauré. C’est un confort chic.

Changement de style et d’univers. Beaucoup d’entre-vous ont beaucoup aimé « Acqua di Sale » créé en 1996 pour Profumum Roma. Pour être tout à fait honnête, je ne suis pas très fan de la marque. Je trouve les créations très simplistes voire un peu ennuyeuses. Cependant, il y a toujours des exceptions. J’ai découvert un parfum très poudre de riz qui m’a beaucoup plu mais dont le nom m’échappe et force m’est de reconnaitre que « Acqua di Sale » est très réussi. "Souvenir d’une traversée en bateau de la Toscane vers la Sardaigne, par une belle journée d’été de 1966. Acqua Di Sale, c’est la promesse des vacances, une fragrance chargée d’émotions, celles qui nous gagnent à l’approche des côtes, bercé par les vagues... Il flotte dans l’air comme une odeur de peau chauffée au soleil, balayée par une brise marine, vivifiante et salée. Le parfum du bonheur et de l’insouciance". Après une envolée de feuille de myrthe, un coeur de cèdre et un fond d’algues, ce parfum est plus salin que marin à l’instar de ceux que j’ai découvert et aimé ces dernières années. Celui-ci revêt une profondeur peu commune, sa texture plus huileuse et sa concentration lui donnent une tenue absolument exceptionnelle il faut bien le reconnaitre. Par contre, peut-être que j’aurais aimé, pour moi, un peu plus de légèreté. Je le trouve un peu lourd en toute fin d’évolution. Il reste quand même un très beau parfum et je pourrais le porter sans problème. Je me suis toujours dit que si je devais choisir une création de la marque, ce serait celle-là et je le confirme. Il me plait bien.

J’avais vraiment un à-priori contre « Black Phanthom » créé par Sidonie Lancesseur pour By Kilian en 2017 mais plusieurs d’entre-vous étaient tellement enthousiastes que j’ai décidé de l’essayer vraiment même si je n’étais pas sûr de mon coup. L’inspiration de Kilian Hennessy est la suivante : « Un bateau de pirate, évidemment de passage, brave les eaux noires d'une mer agitée, puis s'enfonce dans le mystère. Black Phantom Memento Mori révèle au nez ses trésors cachés entre chaque déferlante de vagues ». La marque ne détaille pas vraiment la pyramide olfactive mais parle d’un accord rhum, café et cyanure donc je suppose amande amère. La marque décrit ainsi le parfum : « L'accord rhum de Martinique, véritable « liqueur des pirates », embaume les effluves d'un café fort en cœur, équilibré d'une essence de vétiver. La morsure mortelle de l'accord cyanure menace dissimulée, comme le rictus de la mort. Retrouvez le sourire avec le sucre de canne et le bois de santal sombre et onctueux en fin d'une traversée éprouvante à la douce récompense ». C’est un parfum sucré, liquoreux, très profond avec un fond boisé très dense. Bien évidemment, il est très tenace, il peut avoir un côté séduisant mais je dois dire que je suis vraiment très dubitatif. J’aimerais l’aimer mais je ne suis pas très fan. C’est un parfum que j’arriverai à porter peut-être pour une soirée mais je pense que ça resterait exceptionnel. Il est réussi à mon sens, c’est un fait, mais je ne le trouve pas très facile à porter. Dans le style, je crois que je préfère « Alcools » de la collection La Pléiade de Jardins d’Écrivains.

Si ce format vous plait et que vous me faites des suggestions, je récidiverai. Je trouve qu’il est très passionnant de suivre vos recommandations avec l’esprit ouvert et le nez disponible. J’ai pris beaucoup de plaisir. Je suis très désireux de faire des découvertes et de sortir complètement de ma zone de confort. Je me suis souvent surpris moi-même et c’est une très bonne chose. En tout cas, j’aime beaucoup l’idée. Pour l’instant, je ne me suis pas vraiment fait d’envie mais je pense que ça viendra au fil de mes pérégrinations. J’attends donc vos messages et vos conseils et je vous remercie de vos suggestions.