Passion Parfums

Depuis plusieurs mois, je suis curieux de connaitre la nouvelle marque créée par Isabelle Doyen et Camille Goutal qui est née dans la seconde partie de 2020. Avec les copains parfums, nous nous sommes donc rendus chez Nose, durant notre périple éclair parisien et j’ai enfin pu mettre mon nez sur les cinq créations de la marque. Le postulat est l’utilisation uniquement de matières naturelles pour traduire les voyages des deux parfumeuses. Le flacon est tout simple et efficace et la démarche est éco responsable. Ça peut paraitre un peu rébarbatif même si nous voudrions tous nous conformer à de telles règles mais il n’en n’est absolument rien croyez-moi. Je veux donc remercier Lucie de chez Nose qui m’a emmené en voyage autour du monde en me faisant connaitre ces cinq fragrances. Allez, venez avec moi.

« Azahar, soit l'oranger en arabe hispanique, nous transporte sur un toit marocain en fin de journée, quand le soleil décline et que l'ombre des orangers s'étire. La Fleur d’oranger, fusionnant aux notes de petit grain et de mandarine, évoque la fraîcheur divine qui tombe peu à peu sur la chaleur du jour. La guimauve et la vanille exacerbent son côté savoureux et gourmand » tels sont les mots des deux créatrices pour décrire le premier parfum que j’ai découvert. Indéniablement frais et floral il d’envole avec des notes fraîches et douces de bergamote et de mandarine avant de s’enrichir d’un coeur petitgrain et tubéreuse. Il est soutenu par un fond de feuilles d’orangers finement arrondies par une note de vanille. Lorsque j’ai senti ce parfum, le premier mot qui m’est venu à l’idée est « finesse ». Je trouve que la dualité entre les fleurs et les agrumes est parfaitement équilibrée et que les facettes sont multiples et très délicates. Je ne suis pas un fou de ce genre de parfum et pourtant, son évolution m’a paru très belle et très facile à porter. J’ai tout de suite adhéré et je pense que je ne serai pas le seul, enfin je l’espère.

Associer la note de coco en tête au gardénia et à la tubéreuse en coeur sur un fond de vanille et en faire quelque chose de très beau et de très facile à porter, il fallait y arriver et je trouve qu’Isabelle Doyen et Camille Goutal ont parfaitement réussi à ce que "Le Grand Jeu", ce parfum, solaire, construit et parfaitement élégant se développe avec beaucoup de chic sur la peau. Je le sais car je l’ai essayé et j’en ai profité durant plusieurs heures. Plutôt estampillé féminin, il m’a quand même plu et je pourrais le porter très facilement. La marque le décrit ainsi : « Le grand jeu est un blanc éblouissant sous un soleil aveuglant, symbolisé par le lait de coco, la tubéreuse et le gardenia réunis à la vanille. De jour, la fragrance rappelle les effluves d’un corps bronzé et mouillé au soleil : intensément sensuel et séduisant. Puis, une fois la nuit tombée, elle suggère une chaude soirée d’été autour d’une table de jeu, dans une élégante robe du soir. » Il n’est jamais entêtant, jamais too much. C’est un très beau parfum solaire et très chic. Il m’évoque une soirée entre amis au bord de la Méditerranée. Il fait partie de mes coups de coeur de la collection.

 

Sur le papier, « L’Échappée Sauvage » aurait du être mon préféré car il s’ouvre sur une bergamote très douce et rehaussé de poivre rose pour nous emmener sur un coeur de narcisse et d’amande et se poser sur un fond de cèdre et de sauge sclarée arrondi par la fève tonka. Je dois dire qu’il est très joli et également très solaire mais je l’ai presque trouvé un peu trop classique même si c’est le ton donné par la collection. Il est très linéaire sur mon poignet et je l’aime beaucoup lorsque l’on arrive sur les notes cuirées et amandées du coeur. Pour moi, le fond est peut-être un peu trop boisé mais il n’en reste pas moins que c’est une magnifique création subtile et agréable à portée. « Inspirée d’une escale sur une île en Méditerranée, l’Echappée Sauvage est un hymne à la chaleur exaltante du Sud, et aux aiguilles de pins se collant aux pieds nus. Incontestablement sauvage, la fragrance est un doux contraste entre la chaleur du bois de cèdre et de la fève de tonka, et la fraîcheur acidulée de la bergamote et du citron. Une subtile note poivrée suscitée par les baies roses vient sublimer son indomptable sillage ». Il m’évoquerait plutôt une écharpe en soie quand le soleil se couche. Comme quoi, l’imaginaire olfactif est vraiment propre à chacun. Je l’ai bien aimé mais je n’ai pas vraiment de coup de coeur au premier abord, il m'aura fallu le porter pour vraiment l'aimer comme je le pensais.

 

La couleur de la nuit est un aromatique fougère décrit ainsi : « La Couleur de la Nuit est une promenade nocturne mystérieuse dans une métropole asiatique, illuminée par les lanternes rouges et les néons fluorescents. De la fragrance émane l’atmosphère sombre, humide et légèrement éclairée par les lumières scintillantes d'un film de Wong Kar-wai. La fraîcheur de la lavande transcendée par le géranium contraste l’effet sombre et envoûtant de la vanille et du fir balsam, provoquant ainsi un élégant clair-obscur » et je dois dire qu’on est près de la vérité, en tout cas de la mienne. Je ne suis pas un fou de cette famille olfactive mais il est certaines exceptions qui confirment la règle et, connaissant « Mandragore Pourpre » chez Goutal Paris, j’attendais beaucoup de celui-ci. Je n’ai pas été déçu car après la note de lavande en tête, le parfum évolue vers un géranium acidulé et légèrement mentholé pour finir sur un fond baumé, entre patchouli et vanille. Je trouve que ce parfum a toutes les qualités pour devenir un vrai classique de la parfumerie d’auteurs et, même s’il est sorti dans une collection d’une maison confidentielle, j’espère qu’il va rencontrer son public car c’est l’un des plus beaux aromatiques fougère qu’il m’ait été donné de sentir.

« Tea and Rock’n Roll » est le plus étonnant, le plus atypique de la collection car c’est un parfum construit autour du maté, de la bergamote et du citron vert avec un fond de cuir et de tonka. Très finement travaillé, plein de facettes étonnantes, il m’a ravi et si je devais craquer pour une création de la maison, ce serait celle-ci. Isabelle Doyen et Camille Goutal le décrivent ainsi : « Entre chapeau melon et guitare électrique, Tea & Rock'n'Roll est la fragrance du dandy des temps modernes, à la fois chic et déjantée. L’aspect fumé de la bergamote mêlé au maté rappelle une tasse de thé siroté au retour d’une nuit enivrante : un véritable contraste entre la légendaire tradition britannique et la folle extravagance des soirées londoniennes ». Personnellement, ce qui m’a frappé le plus c’est la finesse du travail et la délicatesse du travail du thé et du maté. Je suis complètement séduit je l’admets. Je recherche toujours des parfums où le thé est travaillé en majeur et, hormis quelques exceptions, j’ai du mal avec le thé vert mais alors là, je suis totalement sous le charme et je le dis, si je devais craquer, ce serait pour celui-ci. Il est absolument rafraîchissant avec non pas un twist mais plusieurs tant il a de facettes. J’ai écrit l’article alors que je l’avais bien en tête car je voulais transmettre mes impressions au plus juste. C’est un très beau parfum.

 

Ce n’est pas une surprise mais j’ai vraiment beaucoup aimé Voyages Imaginaires. Le travail de ce duo m’a toujours ravi chez Goutal Paris alors il était bien normal que ça continue. Je suis particulièrement séduit par le côté intemporel et indémodable de chaque parfum. J’avais un peu peur que la durée de vie des parfums totalement naturels soit limitée mais je n’en n’ai pas l’impression. Tenue et sillage ont l’air très corrects. En tout cas, au prochain rendez-vous parisien, je retournerai à la boutique essayer à fond « Tea & Rock’n Roll » !