Passion Parfums

Lancée en 2024, Yzkïne est une nouvelle marque française qui propose à ce jour trois extraits de parfums contenus dans des flacons élégants qui m’évoquent un peu la présentation de vernis à ongles. Ils ont étés composés par Anne-Sophie Behaghel, Margaux Le Paih Guérin et Camille Chemardin de Studio Flair dont j’ai pas mal parlé ces derniers temps. J’ai bien aimé l’idée de départ de la marque et il y avait déjà quelques semaines que je voulais découvrir ces trois créations très différentes les unes des autres et de vous en parler. Je dois dire que j’ai pu être dérouté par les partis pris de la direction artistique mais aussi des parfumeuses et ce n’est pas pour me déplaire. Je crois que la parfumerie de niche, même si le terme est un peu galvaudé maintenant est intéressante quand elle est segmentante. Alors, ai-je aimé ? Suis-je mitigé ? Ai-je détesté ? Vous le saurez en me suivant dans cet univers et en vous laissant porter comme moi par les choix artistiques et olfactifs. J’y suis allé yeux fermés et narines ouvertes, laissant derrière-moi mes à-priori fussent-ils négatifs ou positifs et je me suis laissé entrainer.

Le premier parfum que j’ai découvert est « Cuir Caramelo » sorti en 2024 et composé par Margaux Le Paih Guérin et ça ne m’a pas étonné car j’ai reconnu son goût pour la gourmandise et sa signature qui devient très présente dans les nouveautés de cette année. Elle explique : « Je me suis inspirée de l’odeur de cuir de voiture neuve, cette odeur brute qui rencontre la liberté de l’évasion, envoûtante et ultra puissante ». Après un départ de poivre noir, de baies roses sauvages et de safran, l’accord caramel, au coeur, est rendu plus sec par des notes de fumées très bien restituées, de cuir pleine fleur et de sauge qui vient apporter une certaine profondeur au parfum. Le fond est un accord ambré soutenu par le côté très doux du cashmeran et un cuir très suède reconstitué qui entourent un très bel absolu de fève tonka. La marque nous entraine dans un univers que j’ai très bien identifié : « Cuir Caramelo est une fragrance envoûtante qui capture l'essence des souvenirs intemporels et l'élégance d'antan. Cuir Caramelo évoque une réminiscence des voyages passés et de l'élégance rétro. C'est un hommage olfactif aux moments où les objets avaient une âme et une histoire à raconter. Il réveille des souvenirs enfouis et enveloppe de son aura mystique et réconfortante ». J’avais un peu peur d’un côté trop suave et, finalement, j’ai trouvé le parfum très équilibré entre des notes épicées, cuirées et le cashmeran qui me fait un peu oublier le côté trop sucré pour moi de l’éhyl maltol. Je ne peux pas dire que j’ai vraiment accroché avec « Cuir Caramelo » pour le porter mais j’aime bien la création, elle est sophistiquée et pourtant je trouve son inspiration limpide.

« Colle Nacarat est un parfum audacieux et envoûtant qui réveille des souvenirs d'enfance avec une touche de mystère. À la fois addictif et réconfortant, il évoque l'odeur douce et caoutchouteuse des poupées qui nous ont accompagnés dans nos jeux et l'emblématique colle Cléopâtre, avec sa signature d'amande subtilement sucrée. Un sillage mémorable, qui vous colle à la peau, pour une sensation à la fois douce et inoubliable ». Avec ce parfum composé par Anne-Sophie Behaghel et Margaux Le Paih Guérin également en 2024, la marque m’emmène dans mes marottes d’adolescent il faut bien le dire. J’ai toujours adoré l’odeur de la colle Cléopâtre et je trouve qu’elle est très régressive. Les parfumeuses expliquent : « On a voulu retranscrire nos souvenirs d’enfance dans ce parfum : l’odeur des poupées Corolle et la colle Cleopatra, deux parfums ultra addictifs et universel ». Après un départ construit sur un accord de cerise noire et de grenade très déroutant, vient un coeur construit entre des notes aqueuses, un accord de colle blanche reconstituée et d’amande viennent m’enveloppée et se poser sur un fond de patchouli, d’ambroxan et de muscs. Certes, ce n’est pas le parfum le plus naturaliste que j’ai senti ces derniers temps mais je l’ai vraiment beaucoup aimé. Le sillage est assez correct mais surtout la tenue se fait très longue. « Colle Nacarat » est mon coup de coeur dans les trois parfums de la marque. Je le trouve très « plaisir coupable » et je pourrais tout à fait le porter. Il m’a séduit du début à la fin même si, je le reconnais, les notes de synthèse se bousculent un peu.

La nouveauté 2025, « Oud Tempête » a été composé par Camille Chenardin et il est très qualitatif. Elle explique son inspiration : « On a ici travaillé un Oud très résineux, boisé-sec souvent mis de côté dans la parfumerie moderne au détriment d'accord plus opulents, plus cuirés, plus synthétiques. On a voulu en faire une fragrance équilibrée, moderne et évolutive ». Le départ de myrtille, de cassis et de mûre qui est un accord assez connu est associé à la lavande ce qui lui donne un côté très étonnant, presque vinaigré dans le sens propre du terme et Le coeur de safran de violette et de liqueur de prune me plait car il n’est pas sans rappeler des parfums que j’ai pu porter dans le passé. Les notes de oud du Laos en fond sont associées à un accord rhum ainsi qu’à une huile essentielle de cypriol très résineuse et à des traces d’ambre gris. « Oud Tempête est une expérience olfactive, un parfum où la couleur prend vie ! Et si le violet avait une odeur ? Une couleur électrique, presque cosmique… De la tête au cœur, chaque note évoque une facette de cette teinte profonde : la douceur de la violette, la fraîcheur de la lavande, la facette acidulée de la mûre. Au cœur de cette tension, un bois de oud rare et véritable, sourcé au Laos, d’une sécheresse absolue, résineux. C’est le oud dans sa vérité pure ». Il résulte de cette composition un parfum tonitruant, comme une vague. Je l’ai trouvé qualitatif et original. C’est un oud très occidentalisé et, si le thème de me séduit pas plus que ça, la réalisation est très intéressante. « Oud Tempête » est un parfum très moderne et qui, pour moi, garde un côté urbain et un peu original. Il faut l’essayer sur peau. Je l’ai trouvé original.

Globalement, j’ai trouvé les trois parfums de Yzkïne très intéressants. En tout cas, ils ont le mérite de sortir des sentiers battus. Attention, ils ne sont pas forcément faciles. Les achats à l’aveugle sont proscrits. Il faut vraiment les essayer. Ils sont conçus dans un esprit étonnant et détonnant. Voilà une petite marque qui démarre avec une identité forte. J’ai très envie qu’elle trouve son public car le directeur artistique et les parfumeuses ont pris des risques, ne se sont pas contentés du consensuels. Et si on revenait, avec Yzkïne, à ce que devrait toujours être la parfumerie de niche ? Je terminerait sur cette question et j’attends vos avis si vous croisez la route de ces trois créations clivantes et résolument contemporaines.