La guerre des trois roses ?
J’avais envie de revenir sur trois parfums dans lesquels la rose est travaillée en majeur que je connaissais déjà mais à côté desquels j’étais un peu passé. Comme nous allons vers l’été, j’ai choisi trois créations assez légères que j’ai pu redécouvrir récemment et que je maîtrise donc à peu près sans avoir eu à faire appel à de très anciens souvenirs. Alors pour celles et ceux qui voulaient que je parle encore de rose, je vous offre ce petit article sans prétention aucune et sans valeur de critique. J’espère qu’il vous donnera des idées et je souhaite vraiment qu’il vous fera plaisir.
Je parle assez rarement de Diptyque, je m’en rends compte si je feuillette les pages de mon blog et pourtant, il s’agit d’une marque importante car elle a été la première, au début des années 60 à ouvrir une porte à ce qui allait devenir, avec L’Artisan Parfumeur, plus dix ans après, la parfumerie de niche. C’est lors d’un week-end à Dijon et d’un passage aux Ateliers du Parfumeur qui distribuent la marque que j’ai eu l’occasion de remettre mon nez dans la plupart des parfums qu’elle propose. Si j’ai pas mal craqué sur « Eau Moheli », je dois dire que j’ai changé d’avis sur « Eau Capitale », créé en 2019 par le regretté Olivier Pescheux, que je n’avais pas tellement aimé à sa sortie. « Comment célébrer Paris ? Pour Diptyque, seul le Chypre, cet accord mythique aux mille facettes, était en mesure de rendre hommage à la ville aux mille visages. Un bouquet de roses au bord de l’excès succède à la fraîcheur de la bergamote piquée de baies roses. Liberté revendiquée : ici pas de mousse mais du patchouli. Une Tour Eiffel, des roses, une calligraphie ondulante, un paon à la longue roue déployée, des volutes, des entremêlements… Pour illustrer Eau Capitale, Diptyque et Pierre Marie ont puisé leur inspiration dans les codes architecturaux parisiens et monuments emblématiques de l’Art Nouveau. Le chypre est un accord emblématique de la parfumerie. Il doit son nom au parfum Chypre de Coty, chef de file de cette grande famille, créé en 1917. Comme un hommage à Paris. Pour Diptyque, seul un chypre, accord aux mille facettes pouvait exprimer la ville aux mille visages. Dans l’eau de parfum Eau Capitale, les roses succèdent à la bergamote piquée de poivre rose, et la mousse cède sa place au patchouli. Paris en flacon ». Le parfum s’ouvre avec des notes de baies roses, de bergamote et de bigarade et nous conduit sur un coeur de rose de Turquie et de Bulgarie adoucies par l’ylang-ylang avant de se poser sur un fond de bois d’Akigala, un dérivé du patchouli, d’ambre gris, de muscs, de tabac et de vétiver. Le résultat est un chypre finalement assez classique comme l’évoque la marque et je le trouve, sinon très original, au moins super agréable et très facile à porter. Je crois vraiment qu’il plaira plus aux femmes mais je pourrais me l’approprier alors il ne faut jurer de rien. Il peut nous accompagner toute l’année et, pourquoi pas, devenir une signature. Attention, sur ma peau, le sillage est un peu limité et la tenue aussi mais j’aime bien le résultat alors je ne vais pas bouder mon plaisir devant cette rose chyprée classique quoi qu’un peu plus contemporaines que certaines.
Mon second choix, je le connais vraiment bien car je l’ai énormément porté. Il a même été l’un de mes coups de coeur lorsque j’ai commencé à écrire ce blog. Il s’agit bien évidemment de « Rose Milano » créé par Daphné Bugey et Marie Salamagne pour la collection Armani Privé en 2020 et il s’agit encore une fois d’une rose chyprée très classique, avec un côté poudré et tendre. L’ouverture de bergamote est typique et classique mais elle s’enrichit de note de poire suave et de citron acidulé. Le coeur de rose et de jasmin m’a énormément plu car il m’a rappelé vraiment les parfums un peu oubliés et à la fois intemporels. Le fond de mousse de chêne et de patchouli, typique de l’accord chypre est finement élaboré. Pour moi, « Rose Milano » est une vraie réussite. . Je suis souvent un peu dubitatif lorsqu’il s’agit de parfums de collections privées. Je trouve que, parfois, les créations sont un peu convenues voire même un peu quelconques. Ce n’est pas le cas de cette composition qui a tout pour devenir l’un des grands classiques de la parfumerie et qui ravira autant les amateurs de fleuris que ceux qui préfèrent les beaux chypres. Je suis complètement convaincu et je pense que, dès que je pourrai le porter à nouveau en toutes circonstances. Il y a, dans cette création, quelque chose d’à la fois réconfortant et addictif. Pour être un peu plus précis, il s’ouvre sur une envolée de bergamote et de citron adoucie par la poire que je trouve travaillée un peu comme dans « Petite Chérie » d’Annick Goutal que j’aime beaucoup mais la comparaison s’arrête là car, ensuite, le coeur de rose vraiment poudré et de jasmin ultra floral prend toute sa place avant que le parfum ne se pose sur ce fond de mousse de chêne et patchouli que j’évoquais plus tôt. Pour moi, « Rose Milano » ne porte pas tellement bien son nom. En effet, il ne m’évoque pas du tout la Toscane mais plutôt, les salons parisiens ou londoniens. Comme quoi, en parfumerie, la mémoire olfactive est différente pour tout un chacun. J’ai remis mon nez sur « Rose Milano » pour écrire mon article et je me suis dit que, décidément, je ne m’en était pas du tout lassé. C’est « le » parfum de la très importante collection Armani Privé que je préfère et sa concentration eau de toilette se justifie pour exprimer toutes ses facettes dans une fragrance en légèreté, aérienne comme les eaux chyprées à l’ancienne qui voudrait se « rajeunir » pour devenir contemporaines.
Pour finir, c’est encore aux Ateliers du Parfumeur de Dijon que j’ai redécouvert « Anna » créé en 2021 par Delphine Thierry pour la collection Portraits de Femme de Lubin en reprenant le nom d’une création de la marque lancée en 1920. Il s’agit-là d’une rose aquatique, voire même marine et saline. « Sur le marché aux fleurs d’Amsterdam, une charmante ingénue… Anna perce l’aube de sa voix gaie quand le bateau s’amarre à la berge. Le jour naissant sur Amsterdam révèle la magie d’un spectacle de couleurs ondulantes. Le marché s’anime et Anna tourbillonne, charriant avec elle les effluves du canal et le parfum des fleurs. Ses yeux ont le reflet du Singel et sa beauté ingénue rend nostalgique celui qui s’y attarde Une ronde de prétendants lui contera fleurette mais un seul ravira le cœur d'Anna sur le marché aux fleurs ». La parfumeuse a travaillé une pyramide olfactive très originale qui, après un départ de pamplemousse et de bergamote associé à un accord marin qui, je l’avoue, me dérange un peu, nous entraîne sur un très beau coeur d’ylang-ylang et de rose que je trouve à la fois léger et un peu rond. Enfin, le parfum se pose sur un fond inattendu de muscs blancs, d’ambroxan et de santal. Très honnêtement, « Anna » n’est pas le parfum que je préfère dans la collection ni dans ma sélection mais je crois qu’il faut quand même l’essayer. Il plaira, cette fois j’en suis persuadé, beaucoup plus aux femmes qu’aux hommes mais il est une alternative assez intéressantes aux quelques roses aquatiques très onéreuses que l’on peut trouver sur le marché et qui, finalement, n’ont pas plus de tenue ni de sillage voire même plus d’originalité. « Anna » est un parfum atypique, stylisé, très abstrait et je dirais qu’il l’est peut-être un peu trop pour moi, ceci étant établi, il existe et il ne faut pas se contenter de le sentir superficiellement.
Voilà pour ces trois roses redécouvertes récemment et que, je pense, on peut porter toute l’année. Si, pour ma part, je reste fidèle à « Rose Milano », je dois bien admettre que j’ai redécouvert avec un grand plaisir « Eau Capitale » et que, si j’étais vraiment passé à côté, je l’ai trouvé beaucoup plus à mon goût aujourd’hui. On change tout le temps d’avis, c’est ainsi. Si vous avez une petite envie de rose en ce moment n’hésitez pas à partager avec moi ce que vous aurez découvert. J’irai sentir avec plaisir et j’en parlerai bien évidemment.
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