Retour sur "Ganymède"
Depuis sa sortie, j’ai pu constater l’extrême succès de « Ganymède » lancé en 2019, créé par Quentin Bisch et dont j’avais déjà parlé et, de ce fait, j’ai eu l’idée d’aller le réessayer. J’ai eu l’opportunité d’avoir une grande miniature et donc de pouvoir le porter tout à loisirs. Je le sens d’ailleurs autour de moi alors que j’écris. C’est vrai qu’il ne ressemble à rien d’autre et que, en même temps, il est extrêmement facile à porter ce qui est plutôt, à mon sens, une qualité surtout lorsque l’on connait l’univers extrêmement affirmé voulu par le couturier pour sa collection de parfums. La marque le décrit par ces mots : « Composé par le parfumeur Quentin Bisch, Ganymede reprend les notes cuirées-daim qui avaient fait de B683 un beau classique. Mais cette fois, elles s’émancipent des codes traditionnels pour nous emporter ailleurs, vers une élégance lumineuse et fluide. Elles s’assouplissent, gagnent en légèreté et douceur tactile au contact de la violette tandis que la mandarine apporte sa vivacité pleine et acidulée. C’est elle qui donne le ton et la verticalité de la fragrance dès l’envolée et face à elle, l’immortelle vient en contre-point relever l’accord de ses facettes tantôt minérales tantôt salées. Toute la composition joue sur les contrastes et les oppositions. Les notes se répondent dans un dialogue permanent pour dessiner une nouvelle carte olfactive sur la peau, sur le revers d’une veste » et il est vrai que je lui trouve une vraie cohérence avec « B683 » le premier opus du tandem. J’aime beaucoup l’idée des contrastes et du clair obscur et je peux constater que c’est le cas lorsque l’on porte ce parfum car l’évolution est particulièrement facettée.
Les matières premières utilisées sont absolument justes et efficaces. En effet, le parfum s’ouvre sur une essence de mandarine d’Italie très présente, des accents de safran et d’une molécule appelée orpur que j’ai un peu de mal à définir mais qui a un côté salin je trouve puis nous arrivons, ensuite, mais avec un peu de patience, sur un coeur à la fois poudré par la feuille de violette et cuirée par un très bel absolu d’osmanthus de Chine. Au fond, Quentin Bisch a travaillé l’akigalawood qui lui est si cher et que l’on retrouve en overdose dans le désormais best de Essential Parfums, « Bois Impérial ». Il est associé à un absolu d’immortelle qui développe sur ma peau une facette épicée, un peu curry. Très franchement, je comprends tout à fait le succès de « Ganymède » et aussi le prix de la Fragrance Foundation France qui l’a couronné meilleur parfum d’une marque de niche indépendante en 2020. C’est une création sophistiquée et aboutie, tout à fait contemporaine et vraiment atypique. Elle représente, pour moi, un bon exemple de ce que devrait plus souvent être la parfumerie de niche aujourd’hui. Le porterais-je ou non ? La réponse à cette question m’est difficile. Il me plait beaucoup mais il ne serait pas une priorité dans mes choix. En effet, aussi beau soit-il, il est peut-être un peu trop éloigné de mes goûts originels et, même si je sais m’en écarter parfois, je suis un peu dubitatif sur le fait d’avoir en ma possession un flacon de 100 ml. Ceci dit, c’est très personnel et ça n’enlève rien à la qualité et à l’originalité de « Ganymède ». Il a ses adeptes et c’est tout à fait compréhensible.
Quentin Bisch et Marc-Antoine Barrois
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 221 autres membres