Promenade dans mes doses d'essai
Comme chaque mois, j’ai essayé quatre parfums dont je disposais d’une dose d’essai ou que j’ai pu porter en les découvrant en parfumerie. J’ai essayé d’aller un peu dans des directions opposées mais il faisait beau quand j’ai préparé cet article or je me suis plutôt concentré sur des créations un peu plus légères sans m’en rendre compte de prime abord. Je pense que je n’avais parlé d’aucune dans des articles précédent mais je me trompe peut-être. Enfin, ce n’est pas important. Le principal est de vous donner mes impressions maintenant, à l’instant T. Alors aurai-je eu un ou plusieurs coups de coeur ? Vous le saurez en lisant ces quelques lignes.
Je crois que je n’avais jamais essayé « Odalisque » créé, pour sa marque éponyme, par Patricia de Nicolaï et je ne sais vraiment pas pourquoi car il s’agit d’un chypre classique, très élégant avec une jolie tenue et un sillage très suffisant. « Les inconditionnels des parfums Chypre succomberont à cette valse à trois temps composée d’un trio d’agrumes et de muguet sur un fond mousse de chêne ». Je départ est très classique mais un peu vert et fusant. Il allie la douceur de la bergamote et de la mandarine, très présente sur ma peau, au côté plus herbacé du galbanum. Assez vite, nous arrivons sur un coeur très floral avec un accord muguet et un absolu de jasmin qui se poudre et s’arrondit grâce au beurre d’iris. Le fond, très classique, mousse de chêne et patchouli se poudre avec les muscs blancs. Sur moi, ce parfum a vraiment un développement très agréable, comme un voile chypré. Je le trouve très romantique, presque poétique. Patricia Nicolaï est une virtuose et, techniquement, elle sait très bien réaliser des compositions hyper équilibrées mais si elle n’avait pas autant de goût et d’imagination, ses créations ne seraient pas aussi séduisantes. Pour résumer, j’ai adoré porter « Odalisque » et je pourrais tout à fait le porter. Il me plait et il faudra que je m’y repenche lors d’un prochain passage en boutique. Vraiment, je suis séduit. Je trouve qu’il s’agit-là, d’une des plus belles créations de la collection. Patricia de Nicolaï a su, dès 1989, créer non pas de beaux parfums mais de grands parfums et « Odalisque » en fait partie.
« Dans le parfum reconstitué par Nicolas de Barry, l’accord Iris-Tubéreuse centralise un effluve sensuel où est incorporé l'Osmanthus de Chine et le Oud très en vogue à cette époque. Un parfum d'une provocante sensualité mais avec la touche aristocratique, proprement impériale, de l'Iris de Chine… ». Les parfums historiques de Nicolas de Barry sont devenus difficiles à trouver en boutique mais ils n’en demeurent pas moins vraiment réussis et ultra-qualitatifs. J’ai pas mal parlé de « George Sand » que je porte depuis de très nombreuses années, parfois aussi de « L’Eau du Prince Igor » qui est, à mon sens, l’un des plus beaux cuirs de Russie que j’ai pu sentir. Inversement, j’ai un peu laissé de côté « Wu Zeitan », dédié à l’impératrice chinoise du même nom et je ne me souvenais pas que je possédais un très grand échantillon (hélas sans vaporisateur) et que je pouvais le porter assez facilement. J’échange souvent avec Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures car elle porte cette création et j’ai eu très envie d’essayer vraiment. Je l’ai donc mis sur une journée entière, un dimanche, et j’en ai parfaitement profité. Il s’agit d’un travail tout en délicatesse et en élégance autour de l’une de mes fleurs de prédilection : la tubéreuse. Le parfumeur l’a travaillée comme pour en extraire un solinote. La tubéreuse, ici, est mise en valeur avec des notes d’osmanthus, d’iris et de bois précieux et le résultat est du plus bel effet sur ma peau. C’est une fleur pétale, exotique, mystérieuse, qui se développe comme un voile de légèreté. La tenue et le sillage sont limités (en tout cas sur ma peau) mais la beauté de la création me fait vraiment aimer ce parfum. Pour moi, c’est une pièce maîtresse de la collection Parfums Historiques de Nicolas de Barry et peut-être l’une de ses plus belles réalisations.

Créé par Sophie Labbé en 2020, « Cypress & Grapevine » a intégré la collection des Cologne Intenses de Jo Malone comme un masculin assumé. La marque a d’ailleurs choisi l’acteur britannique Tom Hardy comme égérie. « Pour celui qui savoure la surprise. Rencontres fortuites, coïncidences mystérieuses et changements imprévus. Tout est bienvenu ». Je dois dire que j’avais, à sa sortie en France, un peu passé mon tour mais Pénélope, de la boutique lyonnaise, m’avait gentiment offert un échantillon et je l’ai essayé à tête et à nez reposés chez moi pour me faire une idée plus précise. Comme toujours chez Jo Malone, nous ne connaissons que les notes principales mais elles sont quand même des points de repère. L’envolée de cyprès et de lavande se fait boisée, résineuse mais aussi aromatique grâce à la lavande et on a l’impression d’entrer dans une fougère classique mais le coeur de bois de vigne vient lui donner son caractère. Il y a presque un côté « oseille ». Le fond de mousse et d’ambertonic, une molécule qui se rapproche de l’ambre gris mais dans une tonalité plus fraîche, vient compléter un parfum qui sera, finalement, un vrai boisé. Sur ma peau, la tenue et le sillage sont assez « costauds » mais, au bout de quelques heures, le parfum se pose. Si je veux analyser mon ressenti, je dirais qu’effectivement, il va plaire plus aux hommes qu’aux femmes. Je le trouve presque des accents de reconstitution de musc animal. L’ai-je aimé ? Je ne sais pas. Il me laisse toujours aussi dubitatif. Peut-être est-il un peu trop tranché pour moi et ne suis-je pas la cible. Je préfère les parfums plus androgynes que je peux m’approprier sans références extérieures.

Pour sa marque, Rania J., la parfumeuse Rania Jouaneh a inventé « Jasmin Kama » en 2013 et je l’avais senti sans essayer. Elle explique : « Une fragrance sophistiquée, fraîche et pure. Créée à partir d’Absolue de jasmin et mariée à la douceur de la vanille et de la rose. Jasmin Kama est une invitation à l’amour et à l’enchantement ». Je possédais une dose d’essai et j’ai supposé que j’avais bien aimé le découvrir alors je l’ai essayé et, vraiment, c’est un parfum très étonnant car il s’agit d’une construction chyprée fraîche et douce à la fois avec un départ poudré de rose et de bergamote, un coeur de jasmin très envahissant et qui constitue son originalité. Le fond de patchouli, de santal, de muscs, d’héliotrope et de vanille lui confère quelque chose tendant vers un parfum ambré amis en restant, il faut le dire, dans une certaine légèreté, en tout cas sur moi. Le sillage est assez limité mais il me suffit largement. En revanche, je trouve la tenue très bonne. Travailler le jasmin sur un versant plutôt frais était assez original mais j’avoue que le fond m’entête un peu. Je pense que « Jasmin Kama » est, objectivement vraiment un très beau parfum, une création singulière et tout à fait intéressante à essayer. En revanche, sur moi, une note se développe et je la trouve un peu écoeurante. J’ai bien aimé le découvrir mais je ne le porterai pas. Ce sont les hasards des tentatives

Globalement, j’ai bien aimé les quatre parfums que j’ai essayé pour écrire cette revue mais le seul que je pourrais porter est « Odalisque » de Patricia de Nicolaï. « Wu Zeitan » est super beau mais, sur ma peau, la tenue est un peu trop limitée et je suis moins client de « Cypress & Grapevine » même si j’ai l’impression qu’il matche bien sur ma peau. C’est un peu la même problématique que j’ai pu rencontrer avec « Jasmin Kama », je l’aime bien mais… enfin je l’ai déjà développé. En tout cas, j’espère que, si vous croisez ces parfums, vous aurez l’envie de les essayer.
La note addictive de fruits confits
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C’est probablement avec les parfums de Serge Lutens, notamment, « Bois et Fruits », « Arabie », « Chergui » ou encore, et bien évidemment, « Féminité du Bois » que j’ai réussi à identifier cette note de fruits confits que je peux aimer comme détester. Le maquilleur, lorsqu’il a confié à Christopher Sheldrake le soin de créé des parfums, a toujours voulu que ces fruits, profonds, suaves sans jamais être trop sucrés, viennent arrondir ses parfums. Je me suis rendu compte, en sentant pas mal de parfums, que j’avais un rapport d’attirance et de répulsion à la fois pour ce côté parfois un peu trop prenant et gourmand mais que, dans la plupart des cas, je revenais sur les parfums comme si l’effluve rejoignait le goût, celui de l’enfance en famille, des bêtises dans « Les malheurs de Sophie » de la Comtesse de Ségur et que, finalement, c’était une note fascinante et tout à fait addictive. J’ai choisi d’en parler à travers quatre parfums dans lesquels je trouve qu’elle est très significative.
Le premier, j’en ai déjà parlé, est, bien évidemment « The Purple Bar » qui fait partie de la collection Cherigan et qui a été lancé en 2021. Je dois dire qu’il est, à ce jour, un peu mon coup de coeur dans la marque même si je le trouve peut-être quand même un peu gourmand pour moi. La marque en présente ainsi l’inspiration : « Purple Bar célèbre la folle ambiance des nuits parisiennes, au cœur des années 20. Dans les pages d’Anaïs Nin et de Henry Miller, le désir de vivre devient une quête des plaisirs. Traversant les sous-sols, les cafés, les bars, la soirée bat son plein. Un cocktail liquoreux zesté d’orange tremble aux pulsations de la musique, répandant son parfum fruité et caramélisé de davana, et ses notes épicées de cannelle et de girofle. Il se mêle aux peaux chaudes, animales, vanillées, où diffuse encore une goutte de patchouli. Si Paris est une fête, The Purple Bar en est l’incarnation olfactive ». J’aime beaucoup l’évolution de la fragrance. Je la trouve complètement réjouissante. Elle s’ouvre sur une envolée d’orange un peu amère pour nous emmener sur ce coeur de davana absolument magnifique et enveloppé de la douceur de l’amande et des fruits confits très présents contrebalancés par le fusant épicé du clou de girofle. Le fond, baumé, cuiré est organisé autour d’une cannelle et d’une vanille évidente soutenues par le labdanum et un patchouli très finement ciselé. C’est un parfum d’élégance un peu désuète, un peu « dans l’esprit » des orientaux des années vingt ou trente mais traité d’une manière plus gourmande, plus moderne. Je ne suis pas certain de pouvoir le porter mais j’adore le sentir. Pour moi, les fruits confits en coeur lui amène ce côté suave qui me donne envie de l’avoir sous le nez.
Lorsqu’Amélie Bourgeois décrit son inspiration lorsqu’elle a créé « Thé Darbouka » pour L’Orchestre Parfum en 2017, elle est d’une précision redoutable : « Insaisissable, fruité, épicé, Thé Darbouka est un voyage inoubliable dans la magie du désert saharien. Une fragrance gourmande, animale, magique ». Si je n’ai pas toujours adhéré aux créations de la marque que je trouve souvent un peu trop « classiques », j’ai beaucoup aimé ce parfum élégant et exotique à la fois. La construction est un peu la même puisqu’on démarre avec une envolée pétillante de bergamote et de poivre rose, qu’on arrive à un coeur d’immortelle qui me plait beaucoup et qui est équilibré du côté rond par les fruits confits très élégants et de l’autre, épicé, presque aromatique, par la baie de genévrier pour finir sur un fond cuiré de styrax adouci par une note de fève de cacao. Pour une fois, je trouve que c’est une invitation à des vacances en Afrique du Nord, avec une certaine gourmandise dans l’air, le soleil, le désert pas très loin et les repas, le thé, le côté un peu abrupte et délicat à la fois d’une culture un peu nomade. Je ne sais pas si je m’exprime mais, pour moi, « Thé Darbouka » est quand même le parfum d’aventurier qui aurait ramené d’un Orient inconnu, des odeurs qui constituent une vraie fragrance à porter. J’ai adoré « Thé Darboula ». Je passerai sur la musique qui lui est adjointe mais, il est l’un des mes trois coups de coeur dans la marque.
Il m’est impossible d’évoquer la note de fruits confits sans évoquer « Bois et Fruits », créé en 1992 par Christopher Sheldrake pour la collection du Palais Royal de Serge Lutens car je l’ai porté et il m’a vraiment séduit il faut bien le dire. « Variation sensuelle de "Féminité du bois", un parfum fruité, revivifié qui participa de l'origine de la parfumerie Serge Lutens et de l'ouverture de la boutique du Palais Royal. (…) Lui aussi descendait de cette « Féminité du bois » qui, en son fond, contenait un mélange complexe de quetsches et de prunes. Ici, non augmenté, mais traité en confit ». Ce parfum est, en quelque sorte un « Féminité du Bois » sans la violette mais avec le côté cèdre, fruits confits et un peu délicat voulu par le parfumeur. Je me souviens du jour où je l’ai découvert. Les notes de prune, de cerise, de poire, d’abricot, de figue et d’écorces d’orange venaient se mêler un des accents floraux et surtout boisés. Il a été, pour moi, une gifle olfactive il faut bien le dire. J’en ai porté 50 ml et je regrette qu’il n’existe désormais que sous forme de flacon de table car ce n’est pas un mode de parfumage que j’aime. Il n’en demeure pas moins l’une des créations les plus fascinantes de Christopher Sheldrake pour la maison. Je me demande si je ne le préfère pas à « Féminité du Bois » que j’aime pourtant beaucoup. « Bois et Fruits » n’est pas le parfum de tout le monde, je vous le concède bien volontiers mais il est, pour moi, au Panthéon des belles créations pour Serge Lutens, alliant ombre et lumière, gourmandise et structure. Pour moi, c’est une merveille, il n’y a pas à dire.
« Hommage à l'année où la famille Frapin s'est implantée en Charente et au cépage mythique de la Folle Blanche, 1270 déploie les arômes caractéristiques du cognac : fruits secs, noix, épices, vanille, cacao et miel blanc. Un concentré de plaisirs gourmands qui transforment la peau en festin des sens, réorchestré par Sidonie Lancesseur. Gourmand et raffiné, 1270 traduit les arômes du cognac en tons chaleureux qui passent du doré de l'ananas à l'orange confite, et du pourpre des pruneaux et des raisins secs au roux des noisettes... Les accents torréfiés du cacao et du café, soulignés de Havane, rappellent les saveurs qui s'accordent le mieux à la dégustation. L'odeur légère de la fleur de vigne et celle plus miellée du tilleul, qui annonce un fond de miel blanc, font souffler un vent de printemps sur ce parfum aux couleurs automnales. Les facettes vanillées et fumées du bois de gaïac évoquent une flambée de sarments de vigne dans la cheminée… ». Il m’était difficile d’évoquer la note de fruits confits sans évoquer « 1270 » de Frapin créé par Sidonie Lancesseur en 2010 et remis « au goût du jour » en concentration extrait par Jérôme Épinette cette année. C’est un parfum incontournable dans la marque et je l’aime bien même si je ne peux pas du tout le porter. Il est complexe, gourmand et addictif avec son départ d’ananas, de cacao, de noisette, de prune confite, de tonka, de café, d’orange confite et de raison, son coeur de fruits confits épicés de poivre noir et renforcé par l’immortelle et le tilleul puis son fond de miel, de gaïac, de vanille et de bois précieux. En clair obscur, les parfumeurs revisitent le gourmand et lui donnant un côté carnet de voyage une fois encore. Je trouve que la note de prune confite de la version extrait est plus profonde mais il me semble que l’original est plus facile à porter. Je l’aime beaucoup. J’ai pas mal tourné autour mais je n’ai encore pas franchi le pas. Il faut que je le réessaye encore et encore pour voir si je pourrais me l’approprier.
Je me dis, en écrivant et en re-sentant ces parfums, que, finalement, j’aime bien certains gourmands quand ils ne sont pas sucrés gratuitement. J’aime beaucoup ces parfums et, si je ne les assumeraient pas forcément, je me dis que la note de fruits confits que je trouve si addictive, je la retrouve dans « Or du Sérail » de Naomi Goodsir et « Ambre Russe » de Parfum d’Empire. En tout cas, j’aime beaucoup et contre toute attente. J’espère vous avoir donné envie de découvrir ces parfums. Merci de m’avoir lu. À très bientôt.
Un parfum d'Ylang Ylang
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Ylang ylang, quel nom exotique pour une fleur ! La première fois que je l’ai lu j’étais enfant et c’était sur la couverture d’une aventure de Bob Morane et Bill Ballantine écrit par le romancier belge Henri Vernes qui nous a quitté en 2021 à l’âge de 102 ans, ce qui n’est pas rien. À l’époque, j’ai du lire « Un parfum d’ylang ylang » mais je ne me souviens plus vraiment de l’histoire. Ceci dit, lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la parfumerie, j’ai sans doute été influencé par le titre de ce livre qui m’a donné la curiosité de découvrir l’odeur de cette fleur. J’ai commencé par sentir l’huile essentielle avant de me laisser séduire par les parfums qui sont construit autour de cette matière première travaillée en majeur. Pour décrire l’odeur de l’huile essentielle, je dirai qu’elle est exactement ce que j’imagine de l’odeur des fleurs des îles lointaines et c’est sans doute ce qui m’a plu et qui m’a donné envie de sentir puis de porter des parfums dont l’ylang ylang est la composante phare. Il en existe beaucoup mais j’en ai sélectionné seulement quatre car j’en évoque souvent beaucoup. J’en ai sélectionné trois qui sont vraiment importants pour moi et m’ont souvent accompagné.
Je ne pouvais évidemment pas commencer cette revue sans évoquer l’une de mes signatures même si je l’ai un peu moins porté ces derniers temps. Je veux parler, bien évidemment de « Ylang Ylang Nosy Be » de Perris Monte Carlo créé en collaboration avec le parfumeur Jacques Fiori il me semble. Je lui ai déjà consacré un article et je ne vais pas me répéter mais, que ce soit en eau de parfum ou en extrait, je confirme qu’il est, pour moi, une vraie merveille et que je l’aime définitivement. Je le porte déjà depuis plusieurs années et je ne m’en lasse absolument pas. Certes, c’est plutôt une création pour les belles soirées d’été mais, en l’utilisant avec parcimonie, j’aime aussi l’avoir sur moi, durant les beaux jours de l’années, pour une sortie ou même pour aller travailler. Pour moi, « Ylang Ylang Nosy Be », sorti en 2014, est une création indispensable dans mon dressing parfumé. Pour le décrire à nouveau, j’ai envie de citer ce qu’en dit la marque : « Si « tropique » est un mot magique évoquant la lumière absolue mais également l'obscurité et le mystère, l'Ylang Ylang de Nosy Be est son parfum. Intense et enveloppant, l’Yang Ylang s'oxyde en libérant des notes animales inimitables. La qualité que nous avons trouvée sur cette île proche de Madagascar est sans égale en intensité : comme si la nature elle-même s'était chargée de créer un parfum où se mêlent tradition et nouveauté. Les notes de fleurs blanches, comme la Tubéreuse et le Jasmin Sambac, lui donnent un caractère voluptueux, fruité, exotique, qui séduira les personnes sensibles au côté onirique de la vie. Agrumes et Cardamome illuminent brièvement ce paysage sombre et romantique. En dernier lieu prédominent l’ambre ainsi que d'autres notes boisées et séduisantes. Et le rêve se poursuit ». L’envolée de poire, de pamplemousse et de cardamome nous emmène sur un coeur absolument parfait d’ylang-ylang rehaussé de notes de rose damascena, de jasmin sambac et de fleur d’oranger puis le parfum se pose sur un fond de vanille, de labdanum, de vétiver et de muscs. Pour ma part, j’ai une légère préférence pour l’extrait que je trouve un peu moins rond et légèrement plus naturaliste encore mais les deux versions sont une réussite. Pour moi, ce parfum est un must et il le restera.
« Le parfum intense de l'ylang Ylang, la « fleur des fleurs » aux longues feuilles effilées : douces, poudrées, florales, fortes, rayonnantes et incomparables, entourées d'un chœur de fleurs de frangipanier, Jasmin, Fleurs d'Oranger et Tiaré » Le second parfum que j’ai adopté est « Ylang Ylang » lancé en 2014 et créé par Lorenzo Villoresi. Celui-ci est beaucoup plus « botanique » et même si je crois aussi déceler une note de jasmin, il est beaucoup plus vert, plus frais que le précédent. Les notes de tête sont presque dérangeantes et « piquent le nez » mais très vite, au contact de la peau, il se développe et devient parfaitement élégant. Il s’ouvre en effet avec des note de fleur d’oranger, de jasmin que l’on retrouvera au coeur, de géranium bourbon et de néroli puis, après un moment d’évolution, viennent l’ylang-ylang et donc le jasmin sambac associés à la fleur de tiaré et à la rose. Le socle du parfum est également l’ylang-ylang mais associé avec des traces de vanille et de fève tonka. Complètement addictif, il me plait énormément et je l’ai beaucoup porté pour sortir de l’hiver et, des mois plus tard, entrer dans l’automne tant il me séduit. « Ylang Ylang » fait partie de la collection vintage de Lorenzo Villoresi et je suis passé à côté pendant longtemps avant de l’essayer et finalement de le porter. C’est une création vraiment originale. Je le trouve beaucoup moins exotique que ceux, plus opulents, vers lesquels je suis toujours tenté de me tourner. Ceci dit, lorsque je le porte, je développe une vraie addiction pour cette fragrance et j’aime le sentir et le sentir encore sur moi. « Ylang Ylang » fait partie de ces parfums atypiques qui illustrent parfaitement l’expression « parfumerie d’auteur ».
Je ne peux pas esquisser un article sur la note d’ylang-ylang sans évoquer l’un des parfums les plus épurés de la sélection. C’est grâce à Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures que j’ai découvert « Eau Moheli » créé par Olivier Pescheux en 2013 pour Diptyque et franchement, c’est une trouvaille ! « L’ylang-ylang se montre ici « grandeur nature », telle qu’elle vit et fleurit sur l’île de Moheli dans l’archipel des Comores: solaire, avec ses pétales jaunes, nichée au coeur d'une végétation luxuriante. On ne l’a jamais sentie ainsi, verte, épicée, à peine boisée, sans langueur ni opulence ». Je dois dire que je l’aime vraiment pour son naturalisme, sa délicatesse et toute la dualité entre la restitution de l’odeur de l’huile essentielle dans une concentration eau de toilette plus facile à aborder mais « Eau Moheli », ce n’est pas que ça. En effet, le départ poivre rose et gingembre nous appelle, le coeur d’ylang-ylang nous rassure et le fond de vétiver apporte un côté vraiment ultra-végétal à la composition. Olivier Pescheux a su restituer la fleur d’ylang, ses pétales avec un côté vert mais pas trop botanique, une facette joyeuse et exotique mais pas extravagante. Cette création est un vrai coup de coeur et je pense qu’il va intégrer facilement ma wishlist. Il pourrait bien être l’un des mes parfums de cet été. En tout cas, j’y pense. Je ne suis pas forcément très attiré par l’univers de Diptyque mais il y a quelques parfums qui font exception à la règle.
Il m’est absolument impossible d’évoquer l’ylang-ylang sans faire référence à celui qui, parmi tous ceux que je connais est mon préféré et qui est également la première création, en association avec Isabelle Doyen, de Camille Goutal. Il s’agit, bien évidemment de « Songes » sorti, en 2006 bien sûr chez Goutal Paris en eau de toilette et en eau de parfum (cette dernière version est, hélas, la seule qui est encore commercialisée alors que je trouvais l’eau de toilette plus facettée et moins « d’un bloc » mais ce n’est qu’une question de goût. Camille Goutal et la marque en évoquent l’inspiration : « " Je suis à l'île Maurice, sur la plage et la nuit vient tout juste de tomber sur les fleurs de frangipanier. Je ferme les yeux et je suis comme transportée par leurs effluves délicieusement solaires… ". Ce moment, Camille Goutal l'a d'abord vécu avant de le voir et le revoir, encore et encore. Elle l'a alors immortalisé en créant son tout premier parfum : Songes ». Après une très belle envolée de fleur de frangipanier et de tiaré, le coeur d’ylang-ylang et de jasmin sambac est épicé par des notes de cannelle et de cumin ce qui le rend absolument inimitable. Le fond de vanille Bourbon et de benjoin arrondit les effluves et les fixe dans mon esprit pour me le rendre absolument addictif. Pour moi, « Songes », c’est le printemps qui se fait plus chaud, l’été qui devient moins torride et la totalité de ces fleurs qui m’enveloppent. C’est aussi, comme une continuité, l’esprit Goutal rendu ultra moderne par le nez de deux parfumeuses qui savent travailler la note d’ylang-ylang comme personne. Pour moi enfin, « Songes » c’est mon parfum coup de foudre au-delà du coup de coeur.
Une magnifique bergamote de Calabre fraîche et douche, une mandarine tendre et des notes de davana ouvrent « Fleur de Socotra ». Viennent ensuite des versants pêche, jasmin sambac, tubéreuse, ylang-ylang, vanille, bois de santal et musc ainsi qu’une petite trace de chocolat blanc. C’est un parfum d’addition ! « Fleur de Socotra s’inspire de l’île mythique de Socotra, un havre où la nature déploie sa beauté sauvage et brute. Une ode florale, lumineuse et exotique, éclatante comme une lueur précieuse dans un jardin secret. Les fleurs blanches et jaunes, vibrantes et pleines de vie, saisissent l’essence d’un monde où la pureté et la chaleur s’entrelacent avec harmonie. Audacieuse, cette fragrance fusionne la délicatesse des pétales avec des touches gourmandes et sensuelles, offrant une expérience douce et envoûtante. Elle devient ainsi une invitation à s’évader, à se perdre dans un univers où beauté et sérénité se rencontrent ». Vous l’aurez compris, c’est un grand coup de coeur et, j’irai même plus loin, il est sans doute l’un des parfums les plus réussis que j’ai pu découvrir en ce début d’année. Vraiment, il me plait et de plus en plus. En outre, sa concentration eau de parfum lui confère une très longue évolution qui me donne tout le temps d’en profiter.
Pour résumer, je dirai que l’ylang ylang, moins coûteuse que certaines autres matières premières, est une fleur énormément utilisée en parfumerie et que je pourrais citer nombre de fragrances qui sont construite autour de cette fleur qui m’évoque, allez savoir pourquoi, la chanson de Jacques Brel « Les Marquises » et l’eau un peu sauvage qui perle sur les pétales de fleurs exotiques et mystérieuses. Je me suis seulement concentré sur les trois compositions que je connais le mieux. En tout cas, c’est l’une des fleurs en parfumerie qui me séduit totalement et je porte nombre de créations dans lesquels elle est travaillée en majeur. Chacun ses marottes, l’ylang-ylang en est une pour moi.
Mes carnets de voyages : Uppsala
Il y a bien longtemps, je suis allé en Suède. J’ai beaucoup aimé ce pays et particulièrement Stockholm et Uppsala. Je crois que cette ville m’a vraiment marqué par sa tranquillité et, malgré un climat vraiment rigoureux, par la jeunesse de sa population. Il faut dire qu’elle est située près d’un fjord et abrite la plus ancienne université de Scandinavie. Elle se situe au nord de la capitale et j’y suis allé dans un but précis. Peut-être que ceux qui m’accompagnaient s’en souviennent encore. C’était le printemps mais les jours étaient courts. Il faisait froid et sec. Je trouvais que la ville était une enclave vraiment très agréable dans une nature pas facile mais très belle. J’ai souvenir, le soir, d’une ville au bord d’un fleuve, très joliment éclairée, presque romanesque. Uppsala m’évoque des parfums divers, tout d’abord celui des lilas, un peu incongrus dans ce paysage mais aussi des bouquets de soucis devant une une fenêtre devant laquelle je passais souvent. Il y avait aussi un truc comme la fourrure d’un chaton. Peut-être parce que j’en avais croisé un très beau. La lumière diffuse en journée, la dame de l’hôtel, diaphane et souriante, les petits pains à la cannelle, le thé très fort… tout cela ou presque peut bien faire un parfum. Je ne me souviens plus ce que je portais à ce moment-là mais ça pouvait bien être « Sables » d’Annick Goutal. Je me suis un peu éloigné en allant puiser dans la collection de Vilhelm Parfumerie et j’ai remis mon nez sur la dose d’essai de « Dear Polly » créé par Jérôme Épinette.
J’avais eu vrai coup de coeur également pour « Dear Polly » créé par Jérôme Épinette pour Vilhelm Parfumerie en 2015. Je crois qu’il est d’ailleurs l’un des bests de la marque et c’est vrai qu’il est ma foi bien réussi et très élégant. La marque le décrit ainsi : «Un battement de cœur : l’odeur du thé noir, infusé à la perfection, comme elle l’aime. La lumière matinale fraîche comme une bouchée de pomme. La nuit qui relâche lentement son étreinte sur les sens. Le thé noir de Ceylan réchauffe la peau tandis que le musc sensuel frémit au dessous ». Construit comme un chypré sans patchouli, c’est un parfum complexe, inédit et très addictif. Le départ de pomme et de bergamote est déjà vraiment surprenant et le coeur de thé noir de Ceylan très fort vient renforcer cette impression de bien-être total. Le fond de mousse de chêne, de muscs et d’ambre noire est particulièrement dense. Je dois dire que le côté bois ambré n’est pas ce que je préfère et je trouve que, s’il assoit le parfum, il le fait perdre un peu en subtilité. Ceci dit, j’aime beaucoup « Dear Polly » et je crois que je pourrais le porter sans aucun problème toute l’année comme j’avais pu le faire pour « Tea For Two » ces dernières années. Il est sans doute celui dont l’esprit est le plus proche.
Exquise Trouvaille : "Carnal Flower"
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Depuis quelques années, je me rends compte que j'aime finalement bien la note de tubéreuse. Au départ, je ne la pensais que très opulente, animale, presque vénéneuse. Et puis il y a eu toute une série de Parfums que j'ai bien aimé voire même que j'ai pu porter. Et j'en découvre encore très souvent. J'ai souvent parlé de la tubéreuse sur ce blog mais je pense qu'il faut peut-être que je me recentre sur un parfum emblématique. J'aurais pu opter pour "Narcotic V" qui est un très bel extrait créé par Alessandro Gualtieri pour Nasomato mais finalement j'ai choisi Carnal Flower créé par Dominique Ropion pour les Éditions de Parfums Frédéric Malle en 2005. C'est un parfum complexe est extrêmement envoûtant. De plus je trouve que c'est une interprétation vraiment très intéressante de cette fleur que le parfumeur a rendue très stylisée. Elle revêt des facettes à la fois très florales et très animales voir même gourmandes. Au premier abord je n'aimais pas du tout ce parfum. Je le trouvais trop opulent et peut-être un peu écœurant. Il m'a fallu le mettre sur ma peau pour vraiment en apprécier toutes les facettes. Il est peut-être un petit peu trop diffusif pour moi mais il n'en demeure pas moins vraiment un chef-d'œuvre. Dominique Ropion s'est éloigné du modèle très floral et presque chypré de fracas créé après-guerre par Germaine Cellier et qui est pour moi un peu la référence en la matière. Dès la vaporisation il me fait penser un peu à cette odeur tellement prenante que portent dans l'air les tubéreuses à la tombée de la nuit à Grasse mais très vite le parfum se fait sophistiqué et extrêmement différent de l'idée que je m'en faisais. Le parfum se fait tout en facettes et nous emmène dans plusieurs directions. Je trouve que c'est un floral très étonnant avec vraiment une dimension animale et cosmétique.
Dominique Ropion
La marque le décrit ainsi : « La tubéreuse est une des plus merveilleuses créations olfactives de la nature. Dominique Ropion a travaillé dix-huit mois sur cette composition pour capturer les facettes tour à tour botaniques, animales, camphrées et toujours sensuelles de la fleur charnelle. Il nous offre une composition moderne et addictive de cette odeur qui obsède le monde de la parfumerie depuis toujours ». Le parfum s’ouvre sur des notes de bergamote, d’eucalyptus, de galbanum et de melon qui lui donnent un côté presque vert qui disparaît dès que l’on arrive sur le coeur construit autour de la tubéreuse enveloppée de jasmin et d’ylang-ylang puis le fond se fait ambré et légèrement musqué. « Carnal Flower » porte très bien son nom. C’est une tubéreuse qui peut avoir une dimension animale. Sur ma peau, je le trouve très évolutif. Je regrette un peu qu’il ne conserve pas plus longtemps le côté vert et très fusant du départ. Il n’en demeure pas moins un très beau parfum que j’ai été content de redécouvrir pour écrire cet article. Il a parfaitement sa place dans la rubrique des exquises trouvailles.
Séquence nostalgie : "Il mio segreto"
Il est des parfums qui nous manquent plus que d’autres. C’est le cas de « Il mio segreto » de Olibere Parfum. Créé par Amélie Bourgeois et lancé en 2014, ce parfum est tout en légèreté et tout en transparence. En tout cas c’est ce qu’il m’évoque. Il est difficile de le caser dans une famille olfactive. Je trouve que c’est un floral épicé.Une fois passées les notes de têtes hespéridées, fraiches et presque aromatique, on arrive à un coeur entre fruit, épices et fleurs. Je reconnais bien évidemment l’ylang ylang que je connais bien et que j’aime mais également la cardamome et des notes abricotées de fleur d’osmanthus. Le fond est très baumé, sans doute du bois et du benjoin associé à une note poudrée qui me semble être soit de l’iris soit du mimosa. J’essaye de ne pas trop rechercher de pyramide olfactive pour ne me fier qu’à mes impressions mais je crois que je tombe parfois assez juste.
Amélie Bourgeois
Je ne connais pas forcément l'inspiration de « Il mio segreto » mais pour moi, c’est le long des côtes de la Méditerranée que je me promène au printemps. C’est un jour de mai avec un temps de juin. Il fait beau, le soleil nous inonde mais nous savons que la soirée sera fraîche. La facette fleurie et fruitée du parfum nous enveloppe avec une légèreté très agréable et laisse un sillage un peu épicé qui n’est pas sans caractère. J’ai découvert les parfums de cette marque il y a peu de temps et je dois dire qu’il me plaisent tous. Leur complexité autant que leur modernité me séduisent. Je leur trouve toujours un côté singulier qui est vraiment ce que j’attends d’une fragrance de niche. Lorsque j’ai « Il mio segreto » autour de moi, je n’ai aucune impression de déjà vu et encore moins de déjà senti. Si je cherchais un adjectif pour le décrire, je dirais « inédit ». Ce n’est pas la création qui m’avait le plus impressionné lorsque j’ai découvert la marque mais je dois admettre que, en le sentant autour de moi, « Il mio segreto » me séduit énormément. Il faut dire qu’il se trouve au centre de ma zone de confort et qu’il allie tout ce que j’aime, l’ylang ylang et les épices douces. La facette tantôt cuirée, tantôt abricotée de l’osmanthus ne me dérange pas du tout comme dans certains parfums que j’ai senti souvent. Je trouve que l’ensemble est d’une parfaite cohérence tout en gardant une part indéniable d’originalité. Je l'ai beaucoup porté. Il me manque déjà même si l'on peut en trouver quelques flacons.
1er mai, premiers muguets
Si je ne parle pas de muguet aujourd’hui, je ne le ferai jamais ! Avec l’arrivée du mois de mai, la petite fleur à clochettes et son parfum si particulier me font envie mais le côté solinote peut vite me lasser alors j’ai eu envie de vous parler de quatre parfums vraiment plus inventif que ce que j’avais fait pour évoquer cette fleur reconstituée et travaillée en majeur dont le côté désuet est une évidence. Je me suis attelé à remettre mon nez dans quatre créations vraiment très réussies que j’ai pu aimer dans les mois passés et d’en réalisé une sorte de compilation. En tout cas, ce sont des muguets singuliers que je vous propose, entre modernité et tradition.
Le premier parfum est une nouveauté 2025 que j’ai pu découvrir à Paris il y a quelques semaines. Il s’appelle « Where Love Belongs 22.07 » et a été créé par Julia Rodrigues pour Neydo. Elle le décrit ainsi : « Inspiré par le rêve d'un réveil dans une maison de campagne provençale aux côtés de quelqu’un que vous aimez. La délicate essence du muguet est entrelacée de notes citronnées, musquées et boisées. Imaginez des rideaux en lin flottant dans une brise légère alors que vous vous promenez dans un pré rempli de fleurs sauvages. Laissez-vous transporter dans cette scène fantaisiste, en sirotant un jus d'orange à une table rustique en bois, au milieu de ce parfum séduisant ». « Where Love Belongs 22.07 » est une très belle découverte. C’est vrai qu’il m’évoque les vacances mais aussi une certaine dose de romantisme. Le départ de bergamote, de mandarine arrondi par l’ylang-ylang est de toute beauté et nous prépare à un coeur mi-floral, avec le muguet, et mi-boisé également paré de notes d’orange presque amère. Sur touche son évolution vers un fond d’ambre gris, de santal et de muscs blancs est super belle. Je ne l’ai pas essayé sur la peau mais ma première impression est vraiment très bonne. Cette création est définitivement très belle, facile à porter et pourtant singulière. J’aime beaucoup ce parfum. Il m’a vraiment fait un effet durable. Je pourrais tout à fait le porter.
J’ai aussi pensé à « Immoral » lancé et créé en 2021 par Paul Émilien car, sur le papier, il avait tout pour me plaire. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Ce parfum captivant a rassemblé un panier entier de fruits et de baies. La maracuja exotique est associée à la pêche caramélisée. La poire au miel se marie aux feuilles épicées de cassis et à la framboise juteuse. Le panier de fruits au cœur laisse place à des notes florales douces. En notes de fond, la vanille épicée, le patchouli robuste et l'héliotrope enivrant confèrent à la composition une profondeur mystérieuse. Le musc séducteur et le santal crémeux apportent de la sensualité au sillage. Le summum de la joie et du plaisir ! ». Je l’ai donc choisi en second et posé sur ma peau. Il m’a énormément surpris et même dérouté. Je ne m’attendais pas du tout à ça car, avec sa construction un peu néo-chyprée, je le pensais complètement dans mes goûts hors, il est complexe, inattendu et beaucoup plus clivant que je pensais. Après une envolée très solaire de fruits de la passion, de framboise, de pêche, de cassis et de poire entouré d’un accord sable vient un coeur de muguet presque incongru et pourtant élégant puis un fond puissant de patchouli légèrement arrondi par les muscs, le bois de santal, l’héliotrope et la vanille. Imposant, puissant, « Immoral » est sans doute le parfum qui m’a finalement, le moins attiré, non pas par manque de qualité ou d’originalité mais, tout simplement parce qu’il ne me provoque pas les émotions que je recherchais en lui et m’entraîne un peu loin de mes goûts habituels. Je le réessayerai plusieurs fois afin de l’apprivoiser car, je ne comprends pas pourquoi je suis lui suis moins sensible qu’à certains autres. Il n’en reste pas moins extrêmement bien réussi et je pense qu’il plaira plus aux hommes, à ceux qui, dynamiques portent un costume-cravate.
« Don't Get Me Wrong Baby Yes I Do » d’État Libre d’Orange est un parfum parfait pour le mois de mai. Lancé en 2016, ce gourmand floral est une vraie petite merveille un peu moins connue que certaines créations de la marque. Après un départ de muguet et d’une poire contrebalancée par une note d’aldéhyde, il ne cesse de s’enrichir avec son coeur de pivoine, de jasmin et de fleur d’oranger avec un accord de guimauve et il est soutenu par un fond de muscs blancs très propres, de bois de cèdre et surtout d’un absolu de cacao qui lui donne une incroyable singularité. Voilà un muguet moderne. Je trouve que c’est le parfum de printemps par excellence. En effet, j’aime beaucoup le côté très floral et les notes gourmandes sont travaillées avec énormément de délicatesse. Il n’y a jamais de côté fruits rouges artificiels ou sucre écoeurant. Je regrette que la marque ne communique pas sur le parfumeur qui l’a composé car vraiment je trouve que c’est un jus très original et, en même temps, absolument impeccable. En le sentant autour de moi et sur mon poignet, je me rends compte qu’il est parfaitement addictif. Comme tout parfum dans lesquels l’accord muguet est utilisé en majeur, il est plutôt connoté féminin mais je trouve qu’il pourrait très bien convenir à un homme un peu audacieux et avant-gardiste. S’il a une identité très marquée, il est également très facile à porter. Le petit twist gourmand est loin d’être excessif et je supporte très bien. La tenue est absolument suffisante et je trouve que le sillage aussi. Je l’essaye depuis deux jours et je dois dire que vraiment, il me plait bien. On ne peut pas tout porter mais je pourrais franchir le pas pour celui-ci. C’est un parfum tout en réconfort et en énergie. Je trouve qu’il dégage quelque chose de réjouissant et de positif.
Créé par Paul Vacher pour Le Galion en 1948, « Lily of The Valley » a été réinterprété par Domitille Michalon Bertier en 2020. « A l’instar des fameuses désespoir du peintre, on aurait pu la nommer désespoir du parfumeur : le muguet. Fleur gracile, synonyme de fraîcheur et de naturalité, d’apparence innocente elle est pourtant rétive à la culture et à l’extraction et, depuis plus d’un siècle, met les parfumeurs au défi de recréer son insaisissable parfum. Défi relevé en 1948 par Paul Vacher, et transcendé aujourd’hui par l’art de Domitille Michalon-Bertier. Le coup de maître ! Un muguet 2020 recomposé pour une beauté sans artifices. Une transfiguration du muguet, floral vert et vertigineux ». C’est un solinote ou presque avec un départ de muguet, un coeur de rose et un fond d’ambroxan. Certes, il est vraiment printanier mais c’est un muguet frais et pourtant un peu enveloppant presque à l’anglaise. Je ne peux pas dire que je pourrais le porter car il revêt un côté complètement floral et un peu vintage mais j’adore le sentir. En tout cas, j’ai un vrai coup de coeur pour son évolution d’un point de vue réalisation. Il est un peu discret dans la collection mais il faut le découvrir absolument.
Je le disais en introduction, j’ai voulu mettre en avant des muguets atypiques pour ce début de mai. Je n’avais pas envie, à une exception près, d’aller dans les classiques car je vous en ai déjà beaucoup parlé et j’ai pris beaucoup de plaisir à cette sélection. J’aime la note de muguet. Bien sûr, je l’aime verte et florale comme dans « Ceci N’Est Pas Un Flacon Bleu1/2 » de Histoires de Parfums ou encore dans « Synthetic Nature » aux Éditions de Parfums Frédéric Malle mais il existe bien d’autres illustrations et l’idée était de vous donner envie de cette fleur à clochettes emblématiques dans des compositions plus complexes et plus modernes. J’espère que vous aurez envie d’y mettre votre nez.
"L'Iris de Fath", une pièce d'exception
J’ai senti, il y a quelques temps déjà, lors d’un passage à la parfumerie Sens Unique de Paris, « L’Iris de Fath », une pièce de collection en série limitée éditée par la maison Jacques Fath et composée par Patrice Revillard en 2018. Plus récemment, j’ai remis mon nez dessus lors d’un passage chez Jovoy, toujours dans la capitale. Il s’agit-là d’un parfum d’exception vendu uniquement dans un flacon en cristal de 30 ml avec un cabochon émérite donc sans vaporisateur. Son prix est de 1470 euro donc très loin de mon budget mais je suis heureux d’avoir pu le découvrir et de vous en parler aujourd’hui car je ne l’avais jamais fait. Il est une réinterprétation de « L’Iris Gris », le parfum mythique lancé en 1947 par la maison de couture et créé par le nez Vincent Roubert.
La marque explique : « Il est des parfums iconiques qui ont marqué leur temps à jamais : l’Iris Gris, de Jacques Fath et de son parfumeur Vincent Roubert fait partie de ceux-là. Lancé en 1947, il est le parfum le plus cher au monde de par sa composition. Un accord d’Iris, le "diamant" de la parfumerie utilisé à une concentration jamais égalée et de Pêche duveteuse. Il prend le statut de mythe lorsqu’en 1954, sa production s’arrête. Intemporel, il demeure au fil des ans unique, souvent copié mais jamais égalé. Il était pourtant impensable que ce précieux héritage reste à jamais enfoui. Sous l’égide de la Directrice de Création Rania Naim, les Parfums Jacques Fath, ont lancé un concours international de parfumeurs afin de reproduire le plus fidèlement possible ce grand parfum. Le mythe renaît aujourd’hui, grâce à l’écriture à quatre mains de deux jeunes talents, choisis à l’unanimité par un comité d’experts : Patrice Revillard, Parfumeur et Yohan Cervi, Directeur de Création de Maelström. Telle une chrysalide se transformant en papillon, il devient « L’Iris de Fath ». Le seul, l’unique, toujours surdosé en iris avec son accord gourmand de pêche duveteuse, avec qui il forme un cœur chargé d’émotions ».

Le parfumeur Vincent Roubert

Patrice Revillard
J’avoue que j’ai vraiment été impressionné par cette création lorsque je l’ai découverte et également quand j’ai pu remettre mon nez dessus. La finesse de la composition, la concentration impressionnante et l’élégance épurée d’un jus unique m’ont particulièrement frappé. Il s’agit-là d’une interprétation presque néo-chyprée de la note d’iris et le parfum s’ouvre sur des notes de pêche très duveteuse, rafraîchies par néroli, la bergamote et le petit-grain. Puis vient le coeur, profond, poudré et floral d’iris, en absolu et en beurre, très concentré, de violette, de jasmin et d’oeillet. Je ne l’ai pas posé sur ma peau mais, déjà sur la touche, on sent et on ressent la richesse de la composition. Le fond de vétiver, de musc, de mousse de chêne et de bois de santal se fait luxueux, discret, laissant à l’iris toute la place et lui donnant presque un côté solinote alors qu’il s’agit d’une composition complexe. J’ai beaucoup aimé avoir le privilège de mettre mon nez sur cette pièce d’exception. Je lui reconnais un côté addictif et très chic. Pour moi, en revanche, le résultat est vraiment à la hauteur des attentes de la maison. En 2023, la maison Jacques Fath confie à Patrice Revillard le soin de créer une eau de parfum, certes également onéreuse, mais peut-être plus accessible pour les amateurs. On retrouve l’esprit de l’extrait mais il s’avère, finalement, dans évolution, radicalement différent, plus « gras », plus terreux, plus violette et avec un fond où la fève tonka prend nettement le dessus. Il en résulte quelque chose de moins « pur » et la création ne m’a pas provoqué d’émotion. C’est ainsi. Je ne l’explique pas, je rends compte.
Le basilic, une note aromatique et singulière
* Article modifié
On ne parle que très rarement du basilic en parfumerie et pourtant cette plante aromatique est très souvent associée à d’autres notes pour donner un résultat un peu vert très facettée. Je m’en suis rendu-compte cet été en découvrant « Eau de Basilic Pourpre », la nouvelle eau d’Hermès composée par Christine Nagel. Je dois dire que j’ai trouvé qu’il apportait un twist très joli et très agréable sans jamais être trop aromatique ni trop entêtant. J’ai décidé donc, d’aller remettre mon nez dans quatre créations dans lesquelles cette jolie note est bien présente. Je vous emmène donc sur les traces du beau basilic, celui qui rehausse le charme des créations des parfumeurs.
Bien évidemment, il me faut commencer par « le » classique de Jo Malone que la parfumeure a créé pour sa marque éponyme en 1999 et qui reste, encore aujourd’hui, l’un des bests de la marque. J’ai porté « Lime Basil & Mandarin ». Sa légèreté, sa fraîcheur et et ses multiples petites facettes en font un compagnon vraiment agréable même au plus chaud de l’été et je dois dire que je ne me suis pas privé pour m’en asperger. La marque le décrit ainsi : « Notre parfum signature. Le basilic poivré et le thym blanc donnent un effet inattendu au parfum des citrons verts, porté par la brise des Caraïbes. Un classique contemporain ». Avec son départ de mandarine et de citron vert très doux, il est d’emblée réconfortant. Le coeur citronné est enveloppé d’un très singulier basilic qui révèle une touche complètement aromatique, transportant l’esprit Cologne au Royaume Unis et le fond d’ambre un peu cuiré lui assure sa tenue. Pour moi, « Lime Basil & Mandarin » est vraiment un incontournable de la parfumerie et je comprends tout à fait son succès. Je ne suis pas très branché par les hespéridés ni les esprits Cologne mais Jo Malone, par cette création et plusieurs autres, m’a réconcilié avec cette famille olfactive qui, avant cette découverte, ne me provoquait pas vraiment d’émotions. Pour moi, « Lime Basil & Mandarin » est à la fois une vraie création que l’on peut utiliser seule mais aussi en superposition avec d’autres références de la marque. Pour ma part, je l’associais avec « Dark Amber & Ginger Lily » par exemple.
Le basilic associé au vétiver est toujours du plus bel effet et c’est le cas dans « The Majestic Vetiver » créé en 2020 par Anne-Sophie Behaghel et Amélie Bourgeois pour la collection Art Déco d’Alewandre.J que j’ai pu découvrir grâce à Florence de la boutique Arcane Majeur à Vichy. « Majestic Vétiver ravive la douceur de vivre et l'énergie créatrice de la French Riviera. C'est notamment dans cet écrin méditerranéen que le récit de Gatsby s'est écrit, et que les premiers parfums chyprés sont apparus. Comme un souffle de Belle Epoque, Majestic Vétiver délivre un doux parfum de vetiver boisé teinté d'une brise aromatique ». Le parfum s’ouvre sur une envolée de cardamome et de basilic qui contrebalancent d’une manière un peu « pep’s » l’amertume du pamplemousse puis le coeur de feuilles de coriandre vient adoucir encore la fragrance qui se pose sur un fond de vétiver avec de petites touches de oud, de cuir et de labdanum. C’est un parfum de dandy qui plaira peut-être un peu plus aux hommes. Il se révèle d’une vraie élégance et déploie vraiment une effluve qui a du caractère. Le basilic évite le côté convenu que pourrait avoir le parfum en lui donnant cet accent à la fois vert et un peu pétillant qui compense le côté un peu terreux et animal du vétiver et du oud. Pour moi, « The Majestic Vetiver » est vraiment l’un des plus beaux parfums non seulement de la collection mais aussi de la marque.
J’ai bien souvent parlé de « Agua Nativa » créé par Michel Roudnitska pour Parfumeurs du Monde en 2016 car vraiment je l’aime alors qu’il me sort irrémédiablement de mes goûts habituels. C’est un boisé aromatique certes mais il a quelque chose de complètement addictif et vraiment il ne ressemble à rien d’autre. Étant donné que la palette du parfumeur est restreinte par la contrainte du tout naturel, il a utilisé nombre de matières premières pour inventer un parfum complètement inédit. Le départ est déjà complexe avec une note de menthe fraîche auréolée d’orange, d’un basilic très vert et très présent mais aussi du côté solaire de l’ylang-ylang et de l’amertume du pamplemousse. Le coeur est organisé autour d’une note de piment et de géranium qui vient renforcer encore le côté basilic. On y retrouve aussi le côté très épicé du clou de girofle et de la cannelle ainsi qu’un socle très original de petit-grain et de palo santo puis arrivent les notes de fond. C’est un patchouli et un vétiver très légers qui se parent d’une vraie vanille naturelle. L’ensemble est vraiment très beau, très addictif et Michel Roudnitska le décrit ainsi : « Agua Nativa est conçue comme un parfum « cérémoniel » utilisé dans les rituels de guérison par les indiens Shipibos d’Amazonie. Il m’a été inspiré par les plantes sacrées de la forêt Amazonienne utilisées par ce peuple. Cette fragrance aurait le pouvoir de vous aider à rencontrer votre âme sœur… ». J’aime énormément ce parfum à la fois ethnique et chamanique. Il est d’une rare complexité et je vous engage vraiment à le découvrir si un flacon vous tombe devant les yeux car, qu’on l’aime ou non, il est vraiment unique.
Je voudrais finir avec un parfum qui m’a vraiment beaucoup impressionné et qui a été créé par Bertrand Duchaufour en 2015 pour The Different Company et dont, il me semble, je n’avais jamais parlé. « I Miss Violet » est luxueux, complexe, sophistiqué et la note de basilic en tête vient contrebalancer le côté poudré de la feuille de violette e de l’ambrette. On y retrouve aussi des notes de mandarine, de rhum, de noix de muscade et un accord de champagne puis arrive le coeur dans lequel l’association iris-violette est entouré de la facette abricotée et cuirée de l’osmanthus et d’un bouquet floral et poudré d’ylang-ylang, de cyclamen et de mimosa avant de se poser sur un fond très dense de cuir, de bois d’acajou, de musc, de vanille et d’ambre gris. Bertand Duchaufour a choisi une concentration à la limite de l’extrait de parfum pour cette création qu’il décrit ainsi : « Une fleur, une odeur, une couleur, un prénom ayant inspiré des générations d'amoureux...Elle tiendrait son nom de la prêtresse grecque Io, séduite et enlevée par Zeus. Pour se faire pardonner, il fit pousser tout autour d'elle un somptueux parterre de violettes... I miss Violet ou Violette me manque, évoque l'attachement et les notes principales du parfum, incarnation contemporaine d'un amour secret ». Il a su, notamment grâce à la note de basilic et à l’osmanthus, réinventer l’association iris et violette et lui donne une effluve sophistiquée et d’une grande élégance. « I Miss Violet » est un parfum un peu onéreux, très dense et très bien vu mais il n’est, c’est vrai, pas pour tout le monde. Je ne suis pas certain de pouvoir le porter même si j’adore le sentir.
Basilic franc et aromatique ou basilic facette d’autres matières premières… J’ai essayé de vous décrire mes impressions face à des parfums très différents les uns des autres et je vous engage à aller y mettre vous-même votre nez afin de vous faire une idée. Pour moi, le basilic est un plus notable dans une formule et vraiment j’aime beaucoup.
Nouveautés Avril
Avril est toujours un mois de sorties et, comme chaque année, quelques marques, très attendues sur leurs nouveautés, l’ont choisi pour leur lancement. J’ai eu le privilège de découvrir, un peu avant la date, certaines de ces créations et je dois dire que je ne suis absolument pas déçu. C’est un plaisir de se dire que les parfumeurs ne sont jamais en manque d’inspiration alors, de beaux classiques en compositions clivantes, voire même déroutantes, je me suis fait plaisir grâce à tous ceux qui, à Lyon, font vivre la parfumerie, que ce soit dans les boutiques de marques, les grands magasins ou les endroits indépendants, plus confidentiels (ou non d’ailleurs) et je remercie chacun d’eux pour une collaboration qui me permet de tenir mon blog. Sans leur bienveillance et leur curiosité, je ne pourrais pas.
« La maison de parfums britannique Penhaligon's enrichit sa célèbre collection Portraits avec le lancement de Fortuitous Finley. À l'instar des autres portraits olfactifs de la série, ce parfum raconte l'histoire d'un personnage mystérieux issu d'un cercle aristocratique excentrique. Finley est l'amant énigmatique de Lady Blanche, et son parfum est empreint de secret, de séduction et de danger. Selon la mythologie de la Collection Portraits, Finley est l'amant insaisissable de Lady Blanche. Son parfum capture sa double nature : innocence et tentation, hasard et fatalité. C'est un parfum pour ceux qui aiment repousser les limites de l’interdit ». Le premier parfum des sorties d’avril que j’ai pu sentir est « Fortuitous Finley », le nouveau personnage de la « famille » des Portraits de Penhaligon’s créé par Caroline Dumur. Comme son flacon orné d’une tête de cheval peut l’indiquer, il s’agit de l’évocation d’un cuir de cavalier mais travaillé tout en douceur avec même une certaine rondeur.Le départ est épicé avec le poivre noir et la cardamome mais, très vite, le coeur de matcha, de pistache un peu salée et de violette se fait plus rond, entre notes légèrement poudrées et un peu vertes. Le fond de racine d’iris et de patchouli entoure un accord « cuir blanc ». Le résultat, il faut bien le dire, est du plus bel effet. J’ai découvert ce parfum avec quelques semaines d’avance et, vraiment, il m’a pas mal séduit. Je pense qu’il ne ressemble pas aux autres « membres » de cette « famille » aristocratique anglaise dont nous suivons la chronique depuis déjà quelques années. En tout cas, je suis assez séduit par cette composition à la fois réconfortante et originale. C’est une très belle réussite.

Quand j’ai découvert « Eve », la nouveauté de Stéphanie de Bruijn 2024, j’ignorais qu’allait sortir « Fantasia » et c’est grâce à une autre Stéphanie, qui lit et commente régulièrement ce blog, que j’ai découvert ce parfum. Il intègrera donc ma sélection de nouveautés d’avril 2025 et j’en parlerai avec quelques mois de retard. Il s’agit d’un floral et je dirai d’un grand floral. Je dois dire que je suis passablement sous le charme. Après un départ vraiment vif de bergamote d’Italie, de galbanum, de romarin, de menthe poivrée et de lavande, vient un coeur, plus rond, avec le gardénia qui s’entoure des notes solaire de l’ylang-ylang, la verdeur de la leur d’oranger et les effluves poudrés de la rose. Le fond de santal, de vanille et de musc blanc ne vient jamais alourdir la composition mais lui permet une très très belle tenue. Pour le flacon, Stéphanie de Bruijn a collaboré avec l’artiste Nicolas Ouchenir. J’avoue être très séduit par ce parfum. Il est d’une rare finesse et d’une élégance tout à fait comme on l’attend de cette si belle maison française. Vraiment, Stéphanie de Bruijn a su réinventer le floral solaire et estival en lui insufflant une fraîcheur et un côté vert que je trouve tout à fait adapté aux mois d’étés. Je pense que ce parfum aura sa place dans mon top 20 car, vraiment, c’est un coup de coeur. Une « fantaisie » peut être mais une réussite sûrement.

Que ce soit pour Nasomatto ou Orto Parisi, comme c’est le cas cette fois-ci, le lancement d’un parfum créé par le nez italien Alessandro Gualtieri est toujours un évènement car nous savons que nous serons surpris. Je dois dire que, cette fois encore, j’ai été dérouté. « Risvelium », le nouveau Orto Parisi était très attendu par les aficionados a même un peu tardé à venir. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Risvelium n'est pas un parfum de peau conventionnel. C'est une interprétation audacieuse et singulière, une signature olfactive comme seul Orto Parisi sait les créer. Ce parfum indescriptible est une expérience à vivre, une révélation qui éveille l'extraordinaire en chacun ». Comme je le disais, j’ai eu beaucoup de mal, en le découvrant avec Serge, Alain et Enzo à la parfumerie lyonnaise Le Paravent, à décortiquer une pyramide olfactive. Il faut dire que la marque ne divulgue pas grand-chose. Sur le site de la boutique, tous trois ont reconnu, en tête, des notes vertes, du citron et de la cannelle, en coeur de l’encens, du patchouli et des notes aquatiques et en fond, des bois ambrés et du cuir. Je l’ai essayé sur la peau, il m’a semblé aussi déceler quelque chose comme du pamplemousse… Enfin, nous ne serons pas tous d’accord. Sur un autre site, j’ai relevé un départ bergamote et pamplemousse, un coeur ananas et cassis et un fond bois ambrés et muscs. Tout est possible. Alessandro Gualtieri est un parfumeur « diabolique », il ne livre rien et nous surprend toujours. En tout cas, ce nouvel extrait de parfum est doté d’une évolution longue et surprenante, d’une tenue et d’un sillage imposants et d’une vrai singularité. On parle de parfumerie de niche très segmentante, clivante et, une fois encore Alessandro Gualtieri réussit son pari. Pour ma part, j’ai adoré l’envolée, douce amère, un peu minérale mais, au cours de l’évolution, je suis de moins en moins séduit. Le fond de bois ambrés et les notes froides, sans doute d’encens, ne me parlent pas. Il n’en demeure pas moins que « Risvelium » est une création notable à découvrir quand on aime une parfumerie un peu subversive et différente.

« Avec une énergie décuplée par le désir irrépressible de liberté, Eau Folle projette généreusement et en désordre toute la vivacité d’un bouquet d’aromates bienfaisants aux facettes épicées, vertes et herbacées. Toniques et stimulantes, les notes de tête montent en puissance avant de passer le relais à un socle de bois humides et diffusifs qui en prolongent la fraîcheur. Le tout dans une concentration jamais vue pour cette famille olfactive : 25% ! », tels sont les mots de Nicolas Chabaud, qui a remis la maison Le Galion, créée par le Prince Murat et dirigée très longtemps par le parfumeur Paul Vacher au goût du jour, de la toute nouvelle création de la marque au nom évocateur, « Eau Folle », créée, et c’est une première, par Julien Rasquinet. Au départ, les notes de basilic, de feuille de violette et d’absinthe apportent à ce parfum un fusant et déjà une complexité assez rare dans cette famille olfactive. Le coeur de gingembre, de lavandin, de romarin et de géranium est clairement très aromatique mais le fond de cèdre, de vétiver et de résine oliban stabilise la fragrance. Julien Rasquinet réussit le tour de force de vraiment réinterpréter le thème de la fougère en utilisant seulement une partie de l’idée originale et en l’adaptant avec un côté herbe coupée, très vert, et une fraîcheur faussement vintage qui nous entraine dans une élégance plus audacieuse que je ne l’aurais cru en lisant le descriptif. Pour moi, « Eau Folle », avec cette concentration exceptionnelle, s’éloigne de la famille des esprits Cologne et même des fougères. C’est un parfum hybride, entre tradition et modernité. Pour ma part, je ne sais pas si je porterais cette création mais je la trouve plus qu’intéressante. Elle me ramène un peu dans mes années collège en m’évoquant des parfums comme « Drakkar Noir » de Guy Laroche ou « Minotaure » de Paloma Picasso. J’aime beaucoup « Eau Folle », c’est un parfum vintage avec une touche de modernité. Enfin une fougère qui réjouit mon nez !
« Impadia évoque ce moment précieux de la journée où Paris devient tableau abstrait, symphonie colorée. Le ciel parisien se pare d’une nuance infinie de rose orangé, propre à révéler la beauté mêlée de la ville et de la nature. De l’éclat du matin à la douceur du soir, les premiers et les derniers rayons du soleil subliment les architectures de béton et les jardins parisiens. Une journée d'une splendeur impériale, où chaque allure rime avec élégance et majesté » tels sont les mots de David Benedek pour évoquer « Impadia », la nouveauté de la collection parisienne de BDK créée par Jordi Fernandez. À l’envolée, je sens très bien la mandarine, la bergamote et la poire, un peu moins l’olibanum et le gingembre car, très vite, un coeur de rose bulgare, parsemé de fleur d’oranger vient s’imposer. Enfin, le parfum se pose sur un socle vanillé, avec des notes de sanal, de baume du Pérou, d’akigalawood, de musc ainsi que de praline. L’ensemble me ait l’effet, il faut le dire, d’une rose confite, presque glacée au sucre comme les pâtes d’amande posées sur certains gâteaux. Je lui trouve d’ailleurs un côté alimentaire. Je n’ai pas vraiment accroché avec « Impadia ». Je l’ai trouvé peu original, peut-être même trop évident. En revanche, il sera idéal pour celles et ceux qui, sortit des parfums plus grands public et amateurs de rose, voudront accéder à une création un peu différente et relativement addictive.
Un départ de framboise, un coeur d’hédione et de rose et un fond construit, à grand renfort d’ethyl maltol autour d’un accord crème, pop corn, riz et vanilline, tel est « Kurky » le tout nouveau parfum de Francis Kurkdjian pour sa maison éponyme. « Kurky, le surnom affectueux de Francis Kurkdjian dans son enfance, incarne un désir insatiable de liberté et d’émerveillement. Ce parfum est une invitation à retrouver l’innocence et la joie des jours insouciants, où chaque instant était une découverte sucrée et lumineuse. Inspiré par les plaisirs simples et régressifs de l’enfance, Kurky célèbre la spontanéité, le rire et la gourmandise, tout en y apportant une touche de sophistication et de modernité. Dès les premières notes, la framboise éclatante apporte une fraîcheur fruitée et acidulée, comme une friandise que l’on croque avec délice. En cœur, la rose veloutée dévoile une élégance intemporelle, équilibrant la composition avec délicatesse. Puis, le fond révèle un mélange addictif et réconfortant de musc blanc et de vanille, sublimé par l’ethyl maltol et une surprenante touche de pop-corn caramélisé, qui laisse un sillage à la fois enveloppant et irrésistiblement gourmand. Kurky est un parfum vibrant, plein de vie et de malice, qui célèbre l’éternelle jeunesse du cœur ». Ai-je besoin de vous dire ce que j’en ai pensé ? Il m’a évoqué un paquet de bonbons crémeux et acidulés. Pour moi, tout dans ce parfum « sent » la synthèse. Je pense que c’est une volonté affirmée. Je ne perçois ni l’hédione ni la rose. Pour moi, seul l’ethyl maltol domine la formule. Vraiment, ce n’est pas mon truc. Je passe mon chemin mais je suis certain que ce parfum hyper acidulé et hyper sucré va plaire. C’est, je l’avoue, trop pour moi.

J’ai eu aussi l’occasion de découvrir « Buongiorno », la nouvelle Cologne d’Acqua di Parma et je l’ai trouvée intéressante. « Élaboré via un processus de co-distillation, où s’accordent les caractères distincts des essences de petitgrain et de basilic, Buongiorno offre une symphonie olfactive d’une fraîcheur vivifiante et d’une chaleur réconfortante. L’eau de parfum s’ouvre sur des notes de tête lumineuses et énergisantes, où se marie un mélange de notes d’agrumes, aromatiques et vertes. Le citron, la menthe verte et le romarin s’entremêlent dans la co-distillation unique de basilic et de petitgrain pour créer une première impression captivante et rafraîchissante. Au fur et à mesure que le parfum se dévoile, les notes de cœur révèlent un mariage gourmand de lavande et d’accord de feuilles de mandarine, ajoutant une touche d’élégance florale. Le parfum nous emmène ensuite vers des notes de fond profondes, où les feuilles de cèdre, l’accord d’ambre et l’accord de muscs blancs s’unissent pour offrir une base intense et puissante ». Frais mais pas commun, ce parfum s’ouvre sur des notes de citron, de petit grain, de basilic, de menthe verte et de plusieurs agrumes. Le coeur de feuilles de mandarines est très à propos pour prolonger cette sensation « verte » et le fond de muscs blancs, de cèdre et d’ambre lui donnent un côté très agréable et une durée longue. Le sillage sera modéré mais la tenue vraiment bonne sur ma peau. J’ai bien aimé « Buongiorno ». Il sort un peu de l’ordinaire et son côté aromatique et naturalise me plait pas mal.

« C'est une lumière blanche dans l'obscurité. Une clarté mystérieuse irradiant une clairière nocturne. La caresse de la lune sur un champ de pétales tubéreux et immaculés reflétant l'éclat de l'étoile tel un miroir. C'est une étoile, Aldebaran, l'une des plus brillantes du ciel ; la deuxième étoile de la constellation florale imaginée par le créateur Marc-Antoine Barrois et son complice, le parfumeur Quentin Bisch ». « Aldebaran » est donc une étoile… Mais « Aldebaran » est aussi le nom de la nouvelle création de Quentin Bisch pour le couturier de Marc-Antoine Barrois. Après « Tilia », un travail autour du tilleul et de l’héliotrope sorti l’an dernier qui a rencontré le succès que l’on sait, c’est la tubéreuse qui est à l’honneur. Vous connaissez mon goût pour cette fleur narcotique et, même si le secret était bien gardé, j’avais comme deviné que ce serait le prochain pari du tandem Quentin Bisch-Marc-Antoine Barrois et j’en attendais énormément. Le parfum est sorti et je n’ai pas du tout été déçu. Il est riche, facetté, un peu inédit quand même. Le départ d’absolu de tubéreuse est déjà ne surprise et nous emmène sur un coeur de paprika et de maté se mêle à un fond de fève tonka. Pour moi, il n’y a pas vraiment de pyramide, les notes s’en vont et s’en viennent lorsque l’on porte le parfum. C’est un clair-obscur, tantôt hyper lumineux, tantôt sombre et mystérieux. Quentin Bisch s’éloigne de plus en plus des fragrances abstraites des débuts de la marque pour accentuer encore le côté impressionniste, voire pointilliste d’une fragrance étonnante, très dense, très tenace et doté d’un sillage important mais peut-être moins prenant que les précédent car le parfum, en tout cas sur ma peau, revêt une certaine fraîcheur surtout au fond. Après des phases camphrées, herbacés, presque « champignon », le bouquet floral épicé qui entoure la tubéreuse se fait « translucide » (je ne trouve pas d’autre mot) et épuré. Les notes de fond de ce vrai floral très contemporain et pourtant plus naturaliste que les créations précédentes, me séduit complètement. Il faut que je porte un peu plus « Aldebaran » pour savoir si je pourrais me l’approprier mais ce qui est certain c’est qu’il fera partie de mon top 2025.

La deuxième nouveauté chez Acqua di Parma est une réinterprétation de la « Colonia » originale bien connue des amateurs de la marque qui s’appelle « Colonia Il Profumo » et s’éloigne un peu de l’inspiration de départ tout en en respectant les codes. « Une réinterprétation contemporaine de notre précieuse fragrance emblématique sous la forme d’une Eau de Parfum sophistiquée qui exalte le caractère vibrant et ensoleillé de nos agrumes signature grâce à un mélange raffiné d'ylang-ylang et de patchouli. Interprétation contemporaine et plus intense du tout premier parfum de la Maison, l'emblématique Colonia lancé en 1916, Colonia Il Profumo capture la vitalité d’une Italie baignée de soleil grâce à un mélange raffiné d'ylang-ylang et de patchouli, qui renforce et prolonge les notes d'agrumes de cette fragrance ». J’ai bien aimé cette version qui fait la part belle aux agrumes et aux fleurs et dont la tenue est assez impressionnante. Le départ de bergamote assez douce est contrebalancé par des notes plus amères du pamplemousse et du petit grain de bigarade ainsi que d’orange sanguine mais c’est le coeur qui m’a vraiment bien plu. Il se fait solaire avec l’ylang-ylang tout en restant vert aromatique avec le romarin et la feuille d’oranger. Le fond, qui est quand même présent, se fait très boisé et racinaire. Le patchouli et le vétiver soutiennent cette fragrance dont, je le répète, je suis étonné de la tenue. J’ai bien aimé « Colonia Il Profumo ». Je trouve que c’est une jolie réussite. Maintenant peut-être que le résultat est un peu trop classique pour que je m’y arrête. Je me dis qu’il faut que je l’essaye mieux.
Un extrait de parfum qui s’ouvre sur des notes d’amande, s’enrichit d’un coeur de son de blé, de fleur d’amandier et de vanille Bourbon puis qui se pose sur un fond de benjoin et de cèdre, ne pouvait que me séduire. Tel est la pyramide olfactive de « Chemin d’Amande » créé par Jérôme di Marino pour Une Nuit Nomade. « Chemin d'Amande est une invitation à la rêverie, un extrait de parfum qui transporte les sens dans un paysage ensoleillé du sud du Portugal, où les amandiers en fleurs embaument l'air. C'est un parfum doux et réconfortant, idéale pour les amoureux des parfums poudrés et amandés ». Je dois dire que, si le parfum n’est peut-être pas la plus originale des sorties de ce mois, il s’agit sans aucun doute de l’une des plus addictives, en tout cas pour moi. Je l’ai senti, essayé sur peau et je dois bien dire que je suis complètement accro aux notes de tête et de coeur. Je n’ai pas arrêté d’y revenir. En revanche, le fond un peu résineux et boisé me plait moins. C’est un extrait de parfum très concentré donc il se développe lentement. Je suis complètement sous le charme pendant longtemps mais je regrette un peu que le côté très amandé des notes de tête s’estompe, sur ma peau, un peu trop lorsqu’arrive le fond du parfum. Cela étant dit, il est très réussi, troublant et « confortable » à la fois. C’est, à mon sens, une réussite.
J’ai également découvert la nouveauté (en tout cas pour nous car celui-ci est sorti en 2024) de Headspace. Le premier est donc « Cèdre » créé par Julien Rasquinet et je crois que je n’avais jamais senti de boisé aussi solinote même s’il allie des cèdres de l’Atlas et de Virginie avec de la noix de muscade, de cumin, de vanille ainsi que de molécules d’amermor et de tobacarol. « Une volée de bois sec s’envole en volutes. Avivés par le chatoiement de la muscade et du cumin avant de rencontrer un headspace de flamme dans un crépitement ambré et vanillé. Un boisé moderne et sans fioriture qui met à l’honneur deux variété de cèdre : Atlas pour les facettes résineuses et cuirées et Virginie pour les facettes sèches et épicées ». Pour ma part, si je discerne très bien ce que la marque entend par « bois sec », j’ai un peu de mal à trouver d’autres notes que ces deux cèdres qui se répondent. Julien Rasquinet s’est un peu éloigné de ses compositions très sophistiqué pour créer, et je pense que c’est une volonté, quelque chose de très monolitique et linéaire qui ravira les amateurs de boisés. Je dois l’admettre, il est très éloigné de mes goûts et je n’ai pas vraiment accroché. Cela ne signifie pas que je ne sais pas reconnaitre qu’il est très bien fait et hyper qualitatif mais, simplement, je crois que je ne porte pas facilement les boisés. C’est ainsi.
« Transformer chaque jour en une nouvelle aventure. Donner du sens aux jours plutôt que de les compter. Mais avant de plonger dans l'action du quotidien, un rituel immuable s'impose : une halte au comptoir. Le percolateur gronde et libère un nuage de vapeur. Ce moment suspendu offre une parenthèse précieuse, un gobelet chaud entre les mains renfermant un nectar vert et onctueux » tels sont les mots de la marque Obvious pour décrire sa dernière création, « Milk & Matcha » qui s’ouvre sur des notes d’huile de gingembre, de coeur de clémentine et d’huile de mandarine. Je dois dire que je ne sens pas trop l’envolée et que je suis très vite dans le notes de coeur de matcha, d’absolu de fleur d’oranger et d’huile de maté puis dans un fond vanillé, certes très naturel, poudré par la fève tonka et l’huile de baume du Pérou. Ce parfum, créé par Maebh McCurtin est vraiment très réaliste. On dirait vraiment un matcha latte un peu sucré, très enveloppant et un rien addictif. Je le trouve réussi mais je dois dire que je ne sais pas si j’aimerais le porter… Je me demande si je ne préfèrerais pas le boire. Non, je plaisante mais vous avez compris mon ressenti. Je le trouve légèrement trop gourmand pour moi mais c’est virtuose d’avoir créé un parfum aussi réaliste autour du matcha. Je salue la performance !

Le mois d’avril compte, bien évidemment, des sorties attendues et j’ai fait de jolies découvertes. Je ne suis pas du tout déçu. J’ai beaucoup aimé « Fortuitous Finley » mais aussi « Aldebaran » que je trouve à la fois clivant et vraiment réussi. Je ne sais pas si je pourrais les porter mais j’ai aimé les découvrir. En tout cas, ils tiennent leurs promesses. Je suis un peu plus mesuré en ce qui concerne « Risvelium ». Si j’aime beaucoup l’envolée, je suis moins fan du fond. C’est aussi le cas pour « Chemin d’Amande » (même si globalement, je le trouve très joli) et pour « Milk & Matcha ». Cet article me prouve, une fois encore, comme s’il en était besoin, qu’il n’y a rien de plus subjectif que notre ressenti devant les découvertes parfumées.
Björk & Berries, une jolie maison venue des brumes du nord
C’est grâce à l’équipe de la boutique Ecocentric, nichée dans le très beau cloître de l’ancien Hôtel-Dieu de Lyon que j’ai pu découvrir Bjork and Berries, littéralement Bouleau et Baies (tout un programme), une maison, comme son nom l’indique, suédoise, qui propose du soin mais aussi une gamme de 11 eaux de parfums présentés dans des flacons épurés et que, personnellement, je trouve agréables à manipuler et à regarder. Je me suis laissé dire que le parfumeur qui se cache derrière ces création est Jérôme Épinette qui, nous le savons, a pas mal travaillé pour des marques suédoises comme Byredo ou Vilhelm Parfumerie. La marque est née en 2015 et je trouve qu’elle apporte quelque chose d’assez naturaliste mais quand même original qui complète bien l’offre que nous avons à Lyon et, par extension, en France en général. J’ai eu un peu de mal sélectionner quatre parfums comme je le fais dans la plupart des revues car je trouve que toutes les fragrances que j’ai pu découvrir présentent un intérêt. Je me suis donc montré extrêmement subjectif pour en extraire mes préférées qui comptent, bien sûr, mon coup de coeur dans la marque à ce jour. Allez, je vous emmène dans une Suède très olfactive et quand même un peu onirique.
La première création qui m’a séduit porte le nom énigmatique de « Never Spring » et a été lancée dès 2016. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Never Spring est un parfum inspiré par l'envie du printemps qui semble ne jamais arriver. Son parfum vert et frais, aux notes de citron et de bois de cèdre, évoque l'attente du réveillon ». Le parfum s’ouvre avec une envolée très agréable de citron assez fusant, très frais mais adouci avec un accord mûre et pêche un peu duveteux mais tout de même frais. Le coeur est à la fois très floral avec le jasmin et le cyclamen mais aussi un peu boisé et vert que je trouve particulièrement bien vu. Le fond de cèdre se fait assez doux avec des notes de muscs blancs et un accord ambré que je trouve assez ciste. J’aime beaucoup la toute fin de l’évolution. Je la trouve vraiment très intéressante car elle change de ce qu’on attend d’un floral vert. « Never Spring » est vraiment très intéressant de bout en bout et je trouve sa construction à la fois singulière et très facile à porter. Pour moi, c’est donc carton plein !

Je ne suis pas fou de la rose travaillée en majeur et pourtant j’ai aussi beaucoup aimé « Ros », ainsi décrit par la marque : « L'hommage de Björk et Berries à la fleur emblématique s'inspire de la beauté indomptée de la nature sauvage. Ce parfum capture l'essence de la rose nordique sauvage et terreuse, bien loin des parfums de rose romantiques conventionnel ». Le départ de freesia, de magnolia et de lavande est pour le moins étonnant mais, très vite, la rose centifolia, qui sait rester fraîche comme souvent dans les compositions qui la mettent en avant se fait douce avec les muscs. Au fond, le cashmeran et l’ambroxan la font tenir mais le beurre d’iris lui donne quelque chose de vraiment délicat et légèrement terreux que je trouve inédit. Là encore, les notes de fond sont vraiment étonnantes. Nous sommes assez loin des roses solinotes, fraîches, poudrées ou épicées que l’on connait bien en parfumerie. Il y a comme un twist inédit qui m’a fait m’arrêter sur ce parfum que je trouve ultra réussi.
« Fjällsjö », que je ne sais ni traduire ni prononcer, est sorti en 2020 et, vraiment, il m’a impressionné. « Fjällsjö est un parfum propre et aqueux qui rappelle la peau savonneuse après une baignade dans un lac de montagne limpide et profond des « fjällen » – les montagnes suédoises. Il vous transporte en été, lorsque le sol verdit et que les ombres du ciel dessinent un paysage flou sur le lac bleu, sans vent ». Là, je suis en plein dans mes goûts avec ce parfum doux et aquatique qui s’ouvre sur un accord de coton, des notes d’ambrette et de freesia pour nous emmener sur un coeur de magnolia et de nénuphar. Le fond musqué, tout doux avec un accord ambré lui assure, je pense, une excellente tenue. J’aime vraiment ce genre de créations, en transparence et en légèreté. Elles m’évoquent un printemps qui tend vers l’été mais en gardant la fraîcheur du matin. Pour moi, il est dans la lignée de « Un Matin d’Orage » de Goutal en EDT ou encore « Pluie sur Ha-Long » d’Ella K. C’est un floral vert et aquatique avec tout ce que ça comporte de fraîcheur et d’élégance.

« Le parfum du ciel violet célèbre le changement de saison, source d'émotions euphorisantes, tandis qu'une lumière rose dessine des silhouettes à l'horizon. Respirer l'air frais en arpentant les rues illuminées de nuit sans savoir où elles nous mèneront. Une nuit de Stockholm en juin est éternelle ». Je parlais de coup de coeur et j’ai senti sur ma main, durant toute la journée, « Violet Sky » qui date de 2023, et qui est, vraiment mon préféré. Tout d’abord, je le trouve original avec son envolée de feuille de tabac, son coeur de prune (on y revient quand même tout le temps), de labdanum et de mûre, très tendre et son fond poudré de fève tonka soutenue par le cèdre. Chic, original et pourtant facile à s’approprier, tel est, à mon sens, « Violet Sky ». J’ai vraiment beaucoup aimé son développement sur moi. Il matche magnifiquement avec ma peau et je pourrais le porter sans aucun problème, peut-être même toute l’année. Je le trouve vraiment beau et élégant. Je vais essayer de le porter plus complètement et je vous en parlerai à nouveau je pense très prochainement. Je suis allé à Stockholm il y a longtemps et ce parfum m’a vraiment évoqué cette ville et mon ressenti. C’est un parfum émotion à sentir absolument.

« Björk and Berries est né d'un petit projet local dans le nord de la Suède, avec la volonté de préserver la magie de notre nature, sa beauté, ses parfums et ses vertus thérapeutiques. Nous sommes allés cueillir à la main des feuilles et des baies dans les bois afin de capturer l'essence de la flore suédoise dans notre premier parfum naturel, jetant ainsi les bases de ce que Björk and Berries est aujourd’hui ». J’ai gardé, pour la conclusion de cet article, la petite présentation de la marque car je crois qu’elle définit très bien ce qu’elle est : une maison incarnée, délicate et toute en douceur. J’ai été séduit par l’univers simple, épuré et parfois même naturaliste d’une maison qu’il faut découvrir.
Singulière citronnelle
* Article modifié
C’est une plante odorante. On dit d’elle éloigne les insecte, elle est beaucoup utilisée en cuisine dans les cultures asiatiques et vraiment son odeur est agréable pourtant la citronnelle est assez peu utilisée en parfumerie. J’aime beaucoup cette note d’ailleurs j’ai toujours chez moi un petit flacon d’huile essentielle. De plus en plus audacieux de libre, certains parfumeurs l’utilisent, souvent en note de tête. J’ai cherché et j’ai trouvé quatre parfums dans lesquels on l’identifie clairement. Je dois dire qu’à chaque fois, je suis très attiré par l’envolée même si, parfois, le développement est vraiment loin de mes goûts, j’ai pris énormément de plaisir à prospecter pour chercher quatre compositions dans lesquelles il me plait particulièrement.
Créé par Alexandra Carlin pour J.U.S. en 2018, « Gingerlise » est le premier parfum qui m’est venu à l’esprit car je trouve que l’on sent très distinctement la note de citronnelle tout au long de son évolution. Elle met en valeur le jasmin et je trouve que la dualité entre les deux est du plus bel effet. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Une explosion rafraichissante d’agrumes annonce le début des festivités auxquelles se joint un gingembre zesté aux accents de citron et de verveine. Peu à peu, la racine d’angélique renforce la facette terreuse du gingembre, les agrumes laissent place à un lit de d’ambre et de muscs qui fait durer le plaisir d’un coucher de soleil sur l’île rouge. La terre et le ciel enfin réunis ». Pour le décrire, je dirai que c’est un esprit Cologne très frais avec des notes à la fois vertes de racine d’angélique, agrumes avec la bergamote douce rendue plus dense par la citronnelle et épicée avec le gingembre bleu. Pour moi, la note caractéristique de citronnelle se marie avec délice et enrobe vraiment bien le gingembre et la bergamote. L’angélique donne de la texture au parfum. Sa tenue est très bonne sur ma peau ce qui est rare pour ce type de parfum et je dois dire que j’aime particulièrement son développement. Je pourrais tout à fait me l’approprier.
Lancé en 2014 et créé par Amélie Bourgeois et Anne-Sophie Behaghel pour la collection Les Humeurs des Liquides Imaginaires, « Melancolia » est un parfum que j’ai du re-sentir pour pouvoir en parler. « Melancolia fait partie de la Trilogie des Humeurs. Aristote se demandait pourquoi charmais-je les hommes d'exception. Pour quelle raison ma bile noire, ma douce mélancolie avait-elle touché les philosophes, les poètes, les artistes ou même des héros tel Hercule. Je suis la reine d'un pays pluvieux cher à Baudelaire. Je suis l'état d'âme qui fait de moi une "mélodie sacrée". Un liquide qui se disait "umor". Je suis votre humeur, bonne ou mauvaise. Je trouble votre esprit de visions de folie comme de génie. Mon parfum transcende la nostalgie et sublime le spleen. Je suis l'eau de l'esprit, Melancolia ». Pour moi, la note de citronnelle, dès l’envolée, est particulièrement parlante et elle est rendue plus « explosive » par sa dualité avec la menthe. Le coeur de ce parfum est à la fois aromatique avec une note de laurier qui vient adoucir ce départ tonitruant et épicée avec la cardamome et le gingembre puis le parfum se pose sur un fond de muscs blancs. Je dois dire que je trouve « Melancolia » vraiment très étonnant. La note de citronnelle me semble familière mais le laurier, omniprésent, ne me plait pas vraiment. Je reconnais que le parfum est très bien construit, très original mais je le trouve un peu trop aromatique pour mon goût. Il est, en revanche, à découvrir absolument, car son côté artistique est évident.
J’avais déjà évoqué « Lukomorie » il y a quelques mois lors de la sortie de la trilogie Dream dont il fait partie dans la maison Carner Barcelona mais je n’avais pas identifié la note de citronnelle d’une manière aussi tranchée. Ce parfum est, en réalité sorti en 2020 mais nous ne l’avons eu en France que récemment. « Un parfum qui évoque l'innocence de l'enfance et qui nous la fait revivre à travers ses douces notes de caramel, de sucre et de mûre ». Le top note est très travaillé et l’amertume du pamplemousse est enrobé de la note si caractéristique de citronnelle mais aussi de poivre rose et de bergamote puis le coeur fruité et floral de mûre et de rose fait son apparition avant que le parfum ne se pose sur un socle de muscs, d’ambrette et de patchouli. C’est un floral fruité avec un petit côté presque chypré. J’avoue que j’avais bien aimé « Marbella » dans cette collection et que j’étais un peu passé à côté de « Lukomorie ». Il est intéressant et il est vrai que le coeur floral et fruité très doux est contrebalancé par cette ouverture de pamplemousse et de citronnelle. Je dois dire que je ne pourrais pas porter ce parfum mais, même chose, je lui reconnais une intéressante évolution. J’ai un peu bataillé à l’essayer car, sur ma peau, la note de mûre est vraiment prépondérante.
Pour finir, je voulais évoquer « Morning in Tipasa 7.2 » créé par Pierre Guillaume pour sa collection numéraire en 2021 et à côté duquel j’étais complètement passé. Je dois dire que j’ai adoré le découvrir. Le parfumeur en décrit ainsi l’inspiration : « Noces à Tipasa (1938) d’Albert Camus est un de mes textes préférés : L’auteur y dépeint de manière vibrante l’été, les rites de la jeunesse à Tipasa, avec ses ruines romaines et la mer en contrebas, exaltant la nature et la beauté des corps sous le soleil. “Possession de l’onde”… les mots de Camus résonnent dans ma tête de parfumeur et mon esprit divague parmi les vestiges éparpillés entre mer et montagne, répertoriant la flore algérienne : bergamotiers, citronnelle sauvage, menthe poivrée, pins de Méditerranée et jujubiers dans la campagne “noire de soleil”. Plonger dans l’eau depuis les rochers, un matin à Tipasa… ». J’aime beaucoup l’association entre la citronnelle sauvage très présente, la menthe poivrée, le pin de Méditerranée, la bergamote et le miel de jujubier. Je trouve que c’est un parfum à la fois très frais et complexe. Il a quelque chose de très addictif comme une explosion à la fois aquatique et hespéridée. La citronnelle est vraiment un plus car elle donne un côté un peu cire miellée au parfum que je trouve particulièrement réussi. Je pourrais tout à fait porter ce parfum un été de canicule mais pas seulement. C’est, pour moi, une vraie réussite.
La citronnelle apporte vraiment un côté texturé et frais à la fois aux parfums. C’est le fil conducteur. Je trouve qu’elle pourrait être plus souvent mise en valeur car vraiment c’est un ingrédient qui donne une belle originalité aux créations dans lesquels il est présent. Sur les quatre parfums que j’ai redécouvert, je pourrais en porter deux ce qui n’est quand même pas mal.
Mystérieux bois de cade
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Il est l’un des ingrédients méconnus de beaux parfums cuirés, prenant le relai du bouleau et de la mousse de chêne, il peut aussi se faire doux, chamanique, rond ou très sec. Je parle du bois de cade, ingrédient mystérieux, bois résistant issu de plusieurs variétés de genévriers ce qui lui confère une note un peu épicée et aromatique. En cherchant un peu, je me suis rendu compte que ce bois un peu goudronné et son côté opulent et fumé lui permet d’être utilisé dans des dilutions très importantes ce qui favorise l’expression olfactive de ses différentes facettes. J’ai mis très longtemps à tirer le fil d’Ariane entre les parfums que j’aime et qui ont un fond de bois de cade mais, en travaillant un peu, en portant plusieurs d’entre-eux, j’ai réussi à identifier ce bois dont l’odeur rappelle celle du palo santo (sur lequel je reviendrai dans un prochain article) ou du bois de citronnier. Tout dépend de la manière dont il est travaillé. J’ai sélectionné cinq parfums très différents et que je connais bien dans lesquels le bois de cade est utilisé, sinon en majeur, au moins en support de la fragrance. Je vais tenter de trouver un biais pour rapprocher ces créations qui sont très différentes les unes des autres. En introduction, je veux évoquer « Cuir » créé par Mona Di Orio pour la collection Les Nombres d’Or de sa marque éponyme en 2010 et qui, hélas, n'existe plus. C’était un parfum sec, voire même très sec avec une note cuirée fumée et épicée vraiment inédite. La marque le décrivait ainsi : « À cheval sur la ligne entre biker et sac Birkin, le cuir est presque charnel dans sa profondeur. En ces jours de parfums anodins, c'est une promenade bienvenue du côté sauvage qui serait merveilleuse pour un homme. Sur une femme ? Une seule façon de le dire : Cuir est impitoyablement chic ». Je dois dire qu’avec son départ de cardamome et d’absinthe, soutenu par un accord cuir en coeur et un fond d’opoponax et de bois de cade très épicé, presque aromatique dans lequel ressortait une note de vétiver et cet accord castoreum un peu animal qui le rendait encore plus complexe. Ce parfum, était une merveille ! En fait, il est tellement différent des autres cuirs du marchés que je le trouve inclassable. Les multiples facettes se mêlent et s’entremêlaient et son évolution sur la peau était magnifique… en tout cas sur la mienne. J’aimais son côté vraiment atypique et je pense qu’il restera l’un des cuirs de ma vie et il m'a donné le goût de ce bois de cade dont j'ai envie de vous parler.
Pour Naomi Goodsir, c’est, en 2012, c’est Julien Rasquinet qui s’y colle avec le très beau « Bois d’Ascèse » décrit ainsi par la marque : « Une fumée enveloppante et rassurante. Notes de tabac et de whisky soutenues par la cannelle, l’ambre et le ciste labdanum. La mousse de chêne, ainsi que le bois de cade fumé, presque brûlé, prolongent l’encens de Somalie avec puissance et élégance ». LE départ est assez frais mais déjà profond avec le côté un peu vert de l’angélique contrebalancé par la douceur d’une mandarine italienne très fine et profonde. Ensuite vient le coeur de tabac blond fumé par un encens brûlé et arrondi par une note de whisky mais c’est avec un fond musqué, construit autour de la mousse de chêne et du bois de cade que le parfum se fait, comme un feu de bois autour duquel on se réunirait et dont la fumée imprégnerait nos vêtements et notre peau. C’est un très beau parfum mais il est clivant. Personnellement, il matche merveilleusement bien sur ma peau et je pourrais tout à fait le porter. Il a une drôle d’élégance, facettée, très contemporaine mais subtile. Vraiment, il me plait beaucoup.
« J'ai beaucoup imaginé La Castiglione déambuler la nuit entre la place Vendôme et le Louvre » explique Anaïs Biguine pour expliquer son inspiration lorsqu’elle a créé, en 2015, un parfum éponyme pour Les Cocottes de Paris. J’ai toujours beaucoup aimé cette fragrance et je comprends maintenant ce qui fait son originalité. « Cette créature nocturne presque vampirique surgit sur la scène mondaine où elle apporte un parfum de nouveauté. À la lueur des candélabres, l’eau de parfum La Castiglione évoque un émoi luxurieux et fuligineux. Un patchouli ensorcelant, un copahu lubidineux, un cade élégant et un ambre gris caressant. Un parfum au panache ténébreux ». Dès l’envolée, le parfum est dense avec cette note verte et boisée d’armoise vraiment très reconnaissable et elle est rehaussée par un cédrat presque pétillant. Le coeur de bois de cade est sec, profond, épicé et s’harmonise complètement avec le patchouli et le réglisse avec lequel il est travaillé. Ce n’est qu’en toute fin d’évolution que le parfum aux accents parfois un peu mystérieux s’enrichit des facettes multiples de l’ambre gris posé sur le côté résineux du styrax et de la myrrhe. Sur ma peau, « La Castiglione » se fait androgyne, fascinant, absolument sec et épicé comme j’aime. Vraiment, c’est un parfum que je pourrais m’approprier.
Il m’est absolument impossible de parler de la note de bois de cade sans évoquer l’un de mes parfums récurrents. Il s’agit bien évidemment de « Ambre Russe » que je porte depuis déjà longtemps. C’est une fragrance remonte-moral. Créé pour sa marque Parfum d’Empire en 2003 par Marc-Antoine Corticchiato, ce parfum est une vraie réussite pour moi. Il allie tout ce que j’aime quand il fait froid et même que je n’arrive pas à me réchauffer. Il a un côté festif et flamboyant qui a su me séduire alors qu’il se trouve très éloigné de mon univers parfumé. « Elixir opulent, fatal comme l’âme slave. Cet élixir intense où la pureté de l’ambre gris est exaltée par les épices vibrantes, les effluves du thé russe et les fumées sacrées de l’encens, nous entraîne dans les fastes de la Russie des derniers tsars. Ambre Russe, sillage des passionnés ». Le départ est très pétillant avec un accord vodka et champagne que je trouve vraiment très intéressant puis le parfum se charge d’un coeur vraiment cuiré avec des notes de thé, de bois de cade très épicé, de coriandre, de bouleau très sombre et de cannelle lumineuse avant de se poser sur un fond ambré et musqué avec des traces d’encens. Pour moi, ce parfum oscille entre ambré et cuiré. Il est vraiment « mon parfum bonne humeur ». Je le trouve vraiment agréable à porter quand j’ai un coup de mou. Durant les quelques jours où il a fait froid, je l’ai ressorti avec plaisir.
J’aurais pu en choisir d’autres mais j’ai finalement opté pour « Cuioium » créé en 2021 par Alessandro Gualtieri pour sa marque Orto Parisi. Comme toujours, le parfumeur explique un peu l’inspiration mais ne communique pas sur les notes. Il m’a fallu vraiment faire des recherches précises et le re-sentir plein de fois pour identifier la note de cade dans ce parfum doté d’un très fort caractère. « Inspiré par la seule paire de chaussures en cuir fabriquées à la main de Vincenzo Parisi, le grand père du grand parfumeur Alessandro Gualtieri, et comme un pas vers l’avenir, Cuoium est un parfum qui témoigne de l’amour et du respect de l’héritage du cuir. Une vision d’un monde moderne qui reste en contact avec ses traditions païennes - en préservant les origines et en permettant au mystère de jouer un rôle dans la vie de chacun. Ce parfum est un hommage au courage et à la volonté d’aller de l’avant, de réparer au lieu de remplacer, et de prendre soin de l’héritage ». Alors certes, il est moins clivant que les autres parfums de la marque mais je le trouve vraiment net et cuir sec. La concentration extrait de parfum lui apporte un côté ultra facetté et même si elle n’est divulgué que sous le manteau, la note de cade est belle et bien présente et reconnaissable. Elle donne à la composition ce petit truc en plus qui fait qu’on s’y arrête. « Cuioium » est vraiment le seul parfum de la marque que je pourrais porter. Il est est légèrement subversif mais vraiment élégant.
Avec « Buio », qu’il a créé pour sa maison Meo Fusciuni, Giuseppe Imprezzabile me fait vraiment plaisir. J’aime beaucoup la note de bois de cade et elle est présente, en majeur dans ce parfum sombre, sec et fumé. Une concentration extrait pour un parfum à l’évolution longue, parfois un peu déroutante mais aux notes de fond absolument magnifiques, en tout cas dans mes goûts, entre un versant cuir, un autre bois sec et un troisième fumé. Le parfumeur en explique ainsi l’inspiration : « Buio Extrait de Parfum a été conçu, créé et assemblé en écoutant à chaque étape les albums Empty de Nils Frahm et Ende Neu d'Einstürzende Neubauten. Il y avait des jours où mon esprit vagabondait, flottant lentement à travers les pensées et les souvenirs, pour ensuite être englouti par le temps et devenir prisonnier des événements. Le premier accord de ce parfum est né de la rencontre de l'huile de cade, des graines de carotte, d'un encens enveloppant, de Cashmeran et de Suederal. Dans ce mélange est né le courage de transformer le cours de mes pensées, de mon existence, de ma vie. Pendant ce temps, alors que ce parfum prenait forme, je lisais des textes sur le Shinto et j'écoutais Nils Frahm. Chaque matière première a été pesée avec le soin nécessaire, comme s'il s'agissait de mots vitaux à choisir pour raconter quelque chose de significatif de ma vie à quelqu'un ; c'était mon histoire, mon chemin, enveloppé d'obscurité ». Le bois de cade est associé à la graine de carotte, à l’encens, à l’osmanthus pour le côté cuir, à la pivoine que je ne sens pas vraiment, au ciste, au vétiver, patchouli, au cèdre et au santal enveloppé par un accord ambre, muscs et cuir. Le cashmeran, en traces lui donne un côté vraiment addictif. Pour moi, il est du niveau, et je pèse mes mots, de « Cuir » de Mona di Orio que j’ai tant porté et tant aimé.
Je suis content de nous avoir entraîné dans le sillage du bois de cade et de ses mystères. On est loin de l’odeur de la baie de genièvre et pourtant, il y a quelque chose de commun. C’est une une version sombre, goudronnée, profonde et presque obscure qui donne aux parfums dans lesquels la note est travaillée en majeur quelque chose de vraiment très étonnant voire addictif.
Randa Hammami, toute en délicatesse
Créatrice pour la maison de composition Symrise entre-autres, née d’un père syrien et d’une mère française, Randa Hammami invente des parfums très signés. J’ai eu la chance de découvrir « Rose Prana » qu’elle avait créé pour Anima Vinci, la marque de Nathalie Vinciguerra qui, hélas, n’existe plus, et j’avais vraiment adoré. J’ai donc eu envie de me promener dans ses créations pour lui consacrer un petit portrait à travers ses compositions. J’ai fait le choix de vous parler de parfums qui ont vraiment su me toucher sans trop me demander si je pourrais les porter. La finesse du travail des notes me ravit et, lorsque j’ai remis mon nez, j’ai eu envie de parler de ce que je découvrais ou redécouvrait. J’ai choisi quatre créations que je trouve assez emblématique d’un style à la fois élégant et surtout réjouissant. J’espère que je vous donnerai envie d’aller les sentir. Vous pourriez bien avoir une idée pour un futur achat.
Le premier parfum qui me vient est « Rose Rebatchi » que Randa Hammami a créé en 2018 pour Maison Rebatchi comme son nom l’indique car j’en possède un format voyage et que je peux le porter. « L’essence de la rose Damascena et l’absolue de rose de Turquie dans un écrin de poudre d’iris et de muscs blancs, sont mêlés délicatement à des notes veloutées de pêche, au croquant de la pomme et aux piquants de la baie rose et de « l’or rouge », le fameux safran. Les muscs blancs viennent se mêler dans le fond à des notes boisées chaudes (santal, ambre gris), et vibrantes du bois de cèdre ». L’envolée de baies roses s’harmonise parfaitement avec les accords de framboise, de pêche et de pomme rehaussée par le safran et nous sommes entrainés sur un très beau coeur, très aérien, de roses de Damas et de Turquie, adoucies et poudrées par le beurre d’iris. Le fond de muscs blancs, de santal, d’ambre gris renforcé par un accord cuir. J’aime beaucoup le côté très délicat de cette rose faussement solinote, très qualitative, très intéressante. J’avais déjà aimé ce travail signé dans « Rose Prana » et je retrouve, bien que le parfum soit très différent, une tonalité commune que j’aime particulièrement.
En 2009, Randa Hammami avait déjà créé un parfum très abouti avec « Orchidée Vanille » pour la Collection Extraordinaire de Van Cleef & Arpels. « Orchidée Vanille fait l’éloge de la gousse la plus généreuse de la parfumerie : la vanille planifolia. Cette orchidée grimpante donne ici naissance à une poésie florale envoûtante ». La parfumeuse donne une lecture de cette vanille florale que je trouve vraiment intéressante avec un coeur d’amande amère et de rose de Bulgarie poudré par la violette. Le fond, superbe, construit autour d’un absolu de vanille très qualitatif, de cèdre et de fève tonka. J’aime beaucoup cette interprétation de la vanille, un peu naturaliste, un peu orientale et presque ambrée mais qui garde une certaine finesse et un peu de légèreté. Je trouve que « Orchidée Vanille est l’une des belles réussites de cette collection dont je parle, c’est vrai, assez. rarement. J’ai beaucoup aimé me rendre au Printemps de Lyon pour redécouvrir cette création.
Avec « Luban » qu’elle a créé pour Widian en 2023, Randa Hammami va explorer complètement autre chose. Une foison de notes qui peuvent sembler complètement antinomiques le composent. Jugez plutôt : il s’ouvre sur des notes de cardamome, de poivre rose et de bergamote autour d’un accord fraise puis s’enrichit d’un très beau coeur de gardénia et de rose pour se poser sur un fond très sophistiqué de oud, de tonka, de cèdre, de santal, de vanille, d’ambre et de musc. C’est un oriental ambré très complexe. Je ne l’ai pas senti depuis longtemps mais je m’en souviens parfaitement. « Luban, qui signifie encens en français, est un parfum fleuri-oriental qui encadre les profondeurs de cet ingrédient séduisant et intense avec une ouverture fruitée ludique et un final boisé chaleureux et persistent ». Je trouve ce parfum vraiment très difficile à aborder tant il est foisonnant et s’éloigne de la signature très aérienne de Randa Hammami. C’est un poème parfumé qui nous emmène en voyage vers un pays du Moyen-Orient imaginaire. Je ne pourrais pas le porter mais je lui reconnais une qualité extrême et un côté intriguant.
Avec « Vahina », créé en collaboration avec Sylvaine Delacourte pour sa marque éponyme en 2018, Randa Hammami donne encore une nouvelle interprétation de la vanille. « Fleurs, fruits, vanille, c'est l'opulence de l'exotisme. Un parfum joyeux et rayonnant qui nous fait partir vers la Polynésie, ambiance Yukulélé ! ». Je ne pouvais qu’aimer ce parfum solaire qui m’invite à un voyage de l’autre côté de la terre ! Après un départ très classique de bergamote, de mandarine, de petit-grain et de néroli vient ce coeur de jasmin, de fleur d’oranger, d’osmanthus et d’aubépine que je trouve assez singulier et qui met en valeur très bien le côté poudré et presque floral de la vanille et de la fève tonka en fond. Je crois que ce parfum n’existe plus mais je l’aimais bien. Il faut dire que c’est un vrai solaire, avec tous les codes qui m’attirent et me troublent comme les effluves que l’on sent lorsqu’on part en vacances un peu loin Je ne sais pas ce que deviendra la maison Sylvaine Delacourte mais j’aime bien « Vahina ». Je crois que j’aurais pu le porter assez facilement. Il reviendra peut-être.
Randa Hammami donne sa sensibilité toute en nuances à ses créations. Je trouve son univers très limpide et très clair. J’aime beaucoup certains côtés naturalistes et d’autres, plus en sophistication et un éclectisme plutôt réjouissant. En tout cas, j’aime beaucoup ces univers très jolis, très attirants et voire même parfois irrésistibles.