Passion Parfums

 

 

Elle était une femme libre et en avance sur un XIXème siècle empesé par des mentalités lourdes. Elle n’était pas une femme qui écrit mais un écrivain. George Sand a inspiré les auteurs, les musiciens et les cinéastes. Il m’a paru évident qu’elle donne envie à des parfumeurs d’imaginer les effluves dont elles devait s’entourer que ce soit lorsqu’elle vivait avec ses enfants quai Malaquais dans le sixième arrondissement de Paris ou dans sa maison du Berry près de Châteauroux où la Bonne Dame de Nohant s’est retirée pour écrire ses derniers romans en compagnie de Frédéric Chopin.

Il existe, à ma connaissance, quatre parfums inspirés de l’univers à la fois androgyne et un peu sulfureux de cette écrivaine hors norme. Le premier, celui que je porte depuis déjà pas mal d’année a été créé par Nicolas de Barry et Jean-François Laporte pour Maître Parfumeur et Gantier en 1988. Chypré, intense avec une ouverture fraîche de bergamote et de citron, il nous entraîne sur un coeur d’ambre et de rose puis se pose sur un fond musqué construit autour d’un patchouli précieux. En 2003, Nicolas de Barry récupèrera sa formule et la modifiera légèrement avec le concours d’Eddy Blanchet pour le ressortir dans sa propre marque. C’est cette version que je porte et que j’aime particulièrement. Je trouve que « George Sand » est l’un des plus beaux chypres du marché. Intense, envoûtant, il m’entraîne plutôt dans l’appartement d’Aurore Dupin, baronne Dudevant au coeur du Quartier Latin alors qu’elle écrivait des nuits entières avec Alfred de Musset en fumant des cigares où lorsqu’elle sortait, habillée en homme au bras de l’actrice Marie Dorval. Je trouve que « George Sand » est beau, sulfureux, à la fois moderne et tout à fait ancré dans le XIXème siècle tel que l’a voulu Nicolas de Barry. C’est une transposition de l’atmosphère du Paris de cette époque et il me l’évoque à chaque fois que je le porte. J’adore ce parfum. Il est unique et je trouve que c’est une vraie réussite. Il est mon préféré de ce que je connais de la collection des parfums historiques de Nicolas de Barry. Je pense que je le porterai aussi longtemps que je le pourrais.

Le flacon de "George Sand" à l'époque de Maître Parfumeur et Gantier

 

Le flacon actuel

 

 

C’est une George Sand que j’imagine plutôt à Nohant écoutant distraitement Chopin « parler la langue des anges » qui a pu inspirer Anaïs Biguine pour créer « George » en 2012 pour sa très belle marque Jardins d’Écrivains. C’est une fragrance plus aromatique et baumée qui pourrait sortir tout droit du jardin de la propriété d’Aurore et qui se mêlerait à l’odeur des cigares fumés par la maîtresse de maison. L’ouverture de néroli et de bergamote est très poudrée et amandée par une fleur d’héliotrope très présente. Le coeur de tabac et de café lui donne quelque chose de très original. Le fond de sel, de muscs blanc et de myrrhe donne encore une facette différente au parfum. J’ai adoré vraiment l’essayer. Il est très original et ne ressemble à rien d’autre. Je trouve que « George » est une vraie réussite comme la plupart des parfums créés par Anaïs Biguine que je connais. Elle nous entraîne dans son si bel univers littéraire et olfactif. La tenue et le sillage sont excellents. Je n’ai pas encore franchi le pas mais je pense que je pourrais facilement porter « George ». C’est un parfum à la fois original et quand même réconfortant. Je lui trouve beaucoup de charme. George Sand était une enfant du siècle et, de ce fait, elle était très originale et novatrice dans ses choix de vie et sans doute aussi dans ses goûts en matière de parfum. Je pense qu’elle aurait bien pu porter « George ».

 

Dans la collection des Characters (Personnages en français dans le texte), mon préféré est sans aucun doute, et je pense que ce n’est pas un hasard, « 1804 George Sand » (on y revient toujours). Décidément, l’écrivaine avant-gardiste et éternelle amoureuse n’en n’a pas fini d’inspirer les parfumeurs. Après avoir découvert les fragrances que lui ont dédié Nicolas de Barry pour sa collection des Parfums Historiques et Anaïs Biguine pour sa marque Jardins d’Écrivain, j’ai été séduit par cette création d’Histoire de Parfums créée en 2001. La marque la décrit de la manière suivante : « C’est sous le pseudonyme androgyne de « George Sand », que l’on connait cet écrivain géniale. Amoureuse passionnée et figure engagée, elle incarne la première femme moderne. Pour ses héritières contemporaines, un parfum à son image, généreux et sensuel » et c’est une interprétation toute différente de l’univers de l’auteure de « Histoire de ma vie » ou de « Lélia » qui est donnée. L’envolée est assez exotique avec des notes de fleur de tiaré, de pêche de corse, et d’Ananas hawaïen qui est prépondérant, le coeur se fait épicé et construite autour du jasmin indien et opulent, du muguet et de la rose marocaine capiteuse avec des accents épicés de noix de muscade et de clou de girofle sur un fond de santal, de patchouli et de vanille soutenue par une résine de benjoin et poudré de muscs blancs. En règle générale, je n’aime pas trop les parfums fruités et il est vrai que cette fragrance ne m’évoque pas forcément l’univers de George Sand mais je dois bien dire qu’elle m’a plu énormément et que je pourrais sans doute la porter facilement plutôt en été le temps d’une soirée un peu chic tout en restant chaleureuse. Il est, pour moi, une gros coup de coeur.

 

"Un parfum floral extraordinaire, ayant appartenu au 19ème siècle à George Sand et recrée par Dominique Ropion. Une senteur inédite, enivrante de rose Turque, la damascena, la plus noble, odorante et luxueuse de toutes les roses.  S’y mêlent comme pour renforcer encore son pouvoir de séduction un patchouli terreux, boisé, hautement sensuel et aussi l’iris aux accents poudrés et raffinés, l’ylang ylang floral et capiteux, le vétiver, une essence cuirée fumée au tempérament de feu". Je connaissais donc déjà trois parfums dédiés à Aurore Dupin, Baronne Dudevant. Pour « Les Nuits », inspirée d’une nuit chaude d’été dans la maison de Nohant, Annick Le Guérer a pu se procurer un fond de flacon de voyage ayant appartenu à l’écrivaine et qui a servi de base à la formule imaginée par Dominique Ropion. Alors là, je peux parler vraiment de coup de coeur ! Construit autour de l’une des plus belles roses Damascena que j’ai senti dans ma vie, ce parfum s’enrichit d’une formidable qualité d’iris, d’un patchouli terreux et profond, d’un ylang-ylang lumineux, d’un vétiver terreux et d’un accord cuiré légèrement fumé et très ambré. En principe, je ne suis pas vraiment un fan des ambrés fleuris mais Dominique Ropion a vraiment créé un parfum qui me réconcilie complètement avec ce style de fragrance. L’équilibre entre les notes poudrées, presque cosmétique de l’iris, l’opulence et la finesse de cette rose veloutée et le fond cuir et patchouli est une véritable merveille pour moi. Je parle parfois de chef-d’oeuvre en parfumerie et force m’est de constater qu’avec « Les Nuits », c’est ce qu’a réalisé Dominique Ropion. Vraiment, je suis emballé par ce parfum à la fois d’un classicisme étudié et d’une richesse impressionnante. Sur ma peau, il est extraordinaire et vraiment, je me suis fait plaisir quand je l’ai essayé.

 

 

 

Je pense que l'écrivaine romantique n'en n'a pas fini d'inspirer les parfumeurs. Libre, talentueuse, flamboyante, George Sand, est l'un des personnages majeurs de la littérature du XIXème siècle. Pour le coup, je trouve sa personnalité atypique, controversée mais fédératrice aussi passionnante que ses romans. Je crois qu'elle fait partie de mes auteurs favoris depuis l'enfance et je ne peux m'empêcher d'être très content que les parfumeurs lui rendent hommage. En tout cas, les quatre parfums que j'ai trouvé sont très différents et chacun pourra y retrouver "sa" facette de George Sand.

 

 

 

Il y a quelques mois, j’ai lu que Bertrand Duchaufour lançait sa propre marque et j’avoue que je brûlais de découvrir les six créations composées pour ce lancement. Nichée dans la rue des Francs-Bourgeois, face aux magnifique bâtiment des Archives Nationales, la boutique parisienne de L’Entropiste vient donc d’ouvrir ses portes. Minimaliste, élégante, elle laisse toute sa place au parfum. Je ne vais pas revenir sur ce que je pense du travail de Bertrand Duchaufour mais, même si je n’ai pas une âme de fan, je ne peux qu’admirer sa créativité, son inventivité et ce sens de l’esthétique parfumée qui fait de chacune de ses composition un parfum unique et bien souvent inattendu. Je ne compte plus le nombre de ses créations que j’ai eu la chance de porter ou que je porte encore aujourd’hui. Je ne pouvais pas passer à côté. C’est Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures qui m’a proposer d’aller découvrir ces nouvelles merveilles avec elle et nous avons étés royalement bien reçus pas Laetitia qui nous a présenté toute la collection. Je ne vais pas parler des six parfums car je ne veux pas que cet article soit trop long mais je me suis laissé guider par mes émotions pour extraire les trois qui m’ont le plus attiré. J’aurais aussi pu évoquer les trois autres mais je préfère restreindre un peu mon champ de narration pour que vous puissiez vraiment vous rendre compte de ce qui m’a le plus séduit.

« Sur ses lèvres, un goût acidulé, un goût de litchi. Son corps lascif, outrageusement recouvert de poudre de riz est étendu à même le tatami… ». Le premier parfum qui m’a vraiment impressionné est « Blanc Sada ». Inspiré d’une geisha célèbre qui lui sonne son nom, cette création de Bertrand Duchaufour m’a particulièrement impressionné par son côté régressif et le réalisme de la note poudre de riz que j’ai pu connaitre dans mon enfance et que j’ai toujours cherché à retrouver en parfumerie. Bien sûr, il y a dans ce parfum quelque chose de cosmétique, d’irisé avec des notes de paille qui lui donnent un côté presque vert par moment, Bertrand Duchaufour décrit sa création comme « une ode à la sensualité » mais quand je le sens, je m’éloigne un peu de l’inspiration initiale pour rechercher ma propre émotion et, pour moi, il y a comme quelque chose de l’enfance, des premiers souvenirs olfactifs, comme ce poudrier des élégantes du XXème siècle pour qui la soie et le maquillage étaient importants et revêtaient des odeurs de poudre de riz, de rouge à lèvres qui restaient parfois sur un foulard posé sur le dossier d’une chaise. « Blanc Sada » est intensément intemporel et j’ai été séduit pour ce qui est, pour moi, comme un retour au source même si je comprends parfaitement l’inspiration du parfumeur.

 

 

 

« Jodhpur à l‘aube. Les traits tirés par une nuit éreintante de voyage, je descends du bus alors que les lueurs du jour commencent à poindre. Il fait gris et bleu sur la ville, mes yeux cernés s’émerveillent. Un vendeur de chaï me tend une tasse. Sa saveur insolite et son odeur suave se mêlent à celles de myriades de fleurs étalées tout le long d’un marché en train de s’ouvrir… Une caresse à l’âme ». Mon coup de coeur va indéniablement vers « Jodhpur 6AM ». Il est vrai que la tubéreuse est l’une des notes que je préfère en parfumerie et cette manière de la traiter, totalement inédite, ne pouvait que me séduire absolument. J’ai d’ailleurs demandé à être parfumé avec cette création et j’ai pu vivre avec. En parler m’est donc assez facile. La fleur, qui peut revêtir parfois un côté floral capiteux ou animal, est imaginée d’une manière très différente, je sens un côté fruité et, bien évidemment épicé qui détourne quelque peu des accents parfois médicinaux ou trop charnels. Elle est mêlée au gingembre mais surtout à la cardamome avec un côté thé… comme un chaï réconfortant entre la chaleur et les épices désaltérantes. Sur ma peau, le côté très floral ressort bien et le parfum se fait léger, presque évanescent et je lui trouve même quelque chose de pétillant. J’ai beaucoup aimé « Jodhpur 6PM » comme oeuvre artistique mais aussi comme fragrance à porter. Si je devais me décider pour l’une des créations de la marque, ce serait celle-ci.

 

 

« Dorian ne se pose pas de questions. Il se nourrit de son seul ennui face à sa vie éternelle, ni désir, ni plaisir ne suscite en lui d'élan intérieur. Il broie un noir au-delà duquel rien ne s’imagine. Ses débauches ne suffisent plus pour ressentir le moindre plaisir. Il se sait immortel et pourtant… ». J’ai gardé le plus clivant pour la fin. N’oublions pas que nous sommes dans un monde où les codes sont un peu malmenés. Ambré, cendré, liquoreux et pimenté, « Dorian Spleen » s’inspire du caractère complexe et du dandysme de Dorian Gray, le héros d’Oscar Wilde qui, grâce à de mauvaises actions, veut conserver la beauté éternelle de son portrait. Il en résulte un parfum très fumé, un brin liquoreux avec des notes presque cendrées relevées par le piment. Pour mon nez, habitué à des parfums comme « Bois d’Acèse » ou encore « Vi et Armis » de Beaufort London, « Dorian Spleen » n’est pas aussi extravagant. Je le trouve juste très réussi tout en restant pas forcément facile à porter. Il est vraiment ce que l’on attend d’un parfum d’auteur : segmentant, original et parfaitement inédit. Pour moi, il a un côté whisky bu installé dans un fauteuil près d’une cheminée. Je sais, ça a l’air un peu convenu mais le parfum ne l’est pas. Il s’avère très singulier et ne sera pas reçu de la même manière par toutes celles et ceux qui le découvriront. Nous étions trois à explorer l’univers de L’Entropiste et nous ne l’avons pas reçu de la même manière.

 

 

J’aurais pu évoquer aussi « Semence Douce » et son évolution absolument incroyable (d’ailleurs, il n’est pas dit que je ne le fasse pas dans un prochain article), ou encore « Dawn Whisper » ou « Altamura » mais ils ne m’ont peut-être pas touché de la même manière et c’est normal. J’ai hâte de connaitre, à tête reposée, les impressions de Marion car découvrir la collection ensemble était vraiment très stimulant. Nos goûts s’éloignent pour se rejoindre parfois et la confrontation de deux sensibilités est toujours passionnante. Je voudrais particulièrement remercier Laetitia qui a su nous faire vivre les parfums de la marque comme une conteuse, avec ce qu’elle en savait mais aussi son propre ressenti. La visite de la boutique L’Entropiste était un vrai moment de partage de passion et, vraiment, c’est pour ce genre de moment que j’aime tellement animer ce blog.

« Des tempêtes aux océans, des aurores boréales aux horizons sans fin, chaque création Phenom nous plonge dans un univers où la nature dévoile sa puissance brute et sa sérénité infinie. C’est l’audace de repousser les limites, de défier les codes pour offrir une expérience profonde, intense et inoubliable. Chaque fragrance devient une quête, une exploration pour ceux qui ne se contentent pas de l’ordinaire, pour ceux qui vivent pleinement, sans jamais faire de compromis ». Lancée en 2024, la maison française Phenom compte à présent six créations réalisées par Chris Maurice et Nathalie Feisthauer. Je l’ai découverte intégralement et j’ai un coup de coeur assez global pour tous les parfums proposés même si mes préférences m’emmènent peut-être plus pour l’un d’entre-eux. J’ai découvert cette maison chez Univere Parfumerie qui distribue la marque à Paris en exclusivité et je remercie Anissa qui a su nous les faire découvrir alors qu’elle devait recevoir d’autres clients et que cela ne devait pas être facile. Pour moi, nous voilà vraiment dans ce que n’aurait jamais du cesser d’être la parfumerie de niche, une maison inventive mais avec des créations tout à fait portables même comme des parfums signature. L’expression artistique rejoint donc la beauté et la qualité avec ces six extraits de parfums qui sont autant d’invitations au voyage. J’en ai choisi quatre car je ne veux pas que l’article soit trop long mais je les ai tous aimés. Il est possible que j’y revienne d’ailleurs dans d’autres articles.

Je n’arrête pas de dire que j’en ai assez des gourmands et des notes de cerise et pourtant, j’ai complètement accroché avec « Rouge Burlat » composé par Chris Maurice tant il est élégant et réussi. « Rouge Burlat est un parfum qui capture la richesse et la fraîcheur de la cerise burlat, dans toute sa profondeur et sa vivacité. Ce parfum évoque une douceur raffinée, où la cerise juteuse se mêle à des touches gourmandes, créant une expérience olfactive à la fois douce et intrigante. Sa richesse fruitée enveloppe les sens d’un plaisir doux et sucré, tout en laissant une empreinte mémorable ». C’est un parfum riche, foisonnant, qui rappelle peut-être un peu le style de Sophia Grojsman. Il est fruité, addictif, sans être trop gourmand et, merveille, il ne m’écoeure jamais. La qualité des matières premières et la recherche artistique est vraiment manifeste avec un départ de bergamote, d’orange et même de poire, un coeur de rose, d’abricot, de cerise et même de poire suave comme juteuse, un coeur de rose, d’abricot, de cerise, bien évidemment, et que je trouve très addictif. Puis, en toute fin d’évolution, on sent comme des notes de pêche et de caramel associées à la mousse de chêne et au côté très cuir et rond de la fève tonka qui révèle un côté presque poudré. Je trouve qu’il y a quelque chose d’un peu chypré fruité dans la construction de ce parfum tout en délicatesse. Vraiment, « Rouge Burlat », contre toute attente, m’a séduit… et complètement !

 

 

Je suis un peu accro à la note de datte et c’est ce qui m’a attiré dans la pyramide olfactive lorsque j’ai voulu sentir « Ouragan » qui, pourtant, est assez éloigné de mes goûts sur le principe : « Ouragan est une force olfactive, une tempête qui déploie sa puissance brute avec une audace inouïe. Ce parfum, à la fois sauvage et captivant, incarne l’intensité de la nature dans sa forme la plus pure, fusionnant sensualité animale et énergie indomptable. Il envoûte, fascine, laissant derrière lui une empreinte magnétique, une trace de feu et de liberté ». Je n’ai pas regretté car j’ai vraiment trouvé la très longue évolution de cet extrait de parfum fascinante. Chris Maurice, qui l’a composé, a vraiment trouvé des associations de notes tout à fait inédites, en tout cas pour moi. Notez plutôt, vous retrouvez, dansa la composition de cette création, des notes de safran, de datte, e noix de muscade, d’ylang-ylang, de jasmin, de cuir, d’ambre et de bois de santal associées à un très beau oud du Laos et à la baie de gurjum mais également un versant violette très persistant. L’originalité de « Ouragan » n’est pas à démontrer, il faut l’essayer car il est purement et simplement magnifique. Je ne sais pas si je pourrais le porter mais je le trouve incroyable.

 

 

 

« Crème de Santal est un nuage de lait, une vague de douceur et d’élégance qui enveloppe l’âme dans une chaleur réconfortante. Sa texture crémeuse et lactée caresse la peau, apportant un bien-être absolu, tel un cocon apaisant. La richesse boisée du santal se déploie avec subtilité, ajoutant une profondeur chaleureuse et raffinée. Sophistiquée et pleine de douceur, cette fragrance devient un refuge de bonheur, une invitation à la sérénité où chaque instant se fait pur et réconfortant ». Je ne suis pas très amateur de bois de santal mais je me suis laissé convaincre par Anissa d’essayer « Crème de Santal » et je ne l’ai pas regretté. L’interprétation de ce bois qui comporte pourtant des notes crémeuses puisque renforcée par un accord de lait chaud, est hyper équilibrée. On y retrouve des notes d’ambrette, de safran de rhum pour un petit côté liquoreux, de santal, de musc un peu animal, de jasmin et de vanille. Il en résulte un parfum étonnant, inattendu et très addictif sans jamais être écoeurant. C’est une surprise et une bonne ! Il m’éloigne de mes goûts et me prouve que l’on peut non seulement être surpris en parfumerie mais aussi s’étonner soi-même de son ressenti.

 

 

Une magnifique bergamote de Calabre fraîche et douche, une mandarine tendre et des notes de davana ouvrent « Fleur de Socotra ». Viennent ensuite des versants pêche, jasmin sambac, tubéreuse, ylang-ylang, vanille, bois de santal et musc ainsi qu’une petite trace de chocolat blanc. C’est un parfum d’addition ! « Fleur de Socotra s’inspire de l’île mythique de Socotra, un havre où la nature déploie sa beauté sauvage et brute. Une ode florale, lumineuse et exotique, éclatante comme une lueur précieuse dans un jardin secret. Les fleurs blanches et jaunes, vibrantes et pleines de vie, saisissent l’essence d’un monde où la pureté et la chaleur s’entrelacent avec harmonie. Audacieuse, cette fragrance fusionne la délicatesse des pétales avec des touches gourmandes et sensuelles, offrant une expérience douce et envoûtante. Elle devient ainsi une invitation à s’évader, à se perdre dans un univers où beauté et sérénité se rencontrent ». Vous l’aurez compris, c’est un grand coup de coeur et, j’irai même plus loin, je pense que ce parfum fera l’objet d’un achat dans les prochains mois. Certes, il correspond parfaitement à mes goûts mais je le trouve très différent des fleuris tropicaux que j’aime habituellement.

 

 

 

J’ai vraiment une attirance pour Phenom. J’espère que la marque va bien marcher et qu’elle trouvera son public. Pour les parisiens, le mieux est d’aller la découvrir chez Univere Parfumerie et, pour les autres, il faudra patienter un petit peu mais, vraiment, la qualité des parfums nous a tous séduit (nous étions trois à découvrir la marque car j’étais en compagnie de Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures) et je crois quelle a fait l’unanimité. Je trouve que, avec toutes les sorties, de telles découvertes sont toujours passionnantes et nous permettent de n’être jamais blasés.

 

 

J’avais envie de remettre mon nez sur « Armonia », qui avait été mon coup de coeur de la collection Artefacts d’Anatole Lebreton l’an dernier et, grâce à Nicolas de la parfumerie Odorem à Lyon, qui distribue cette marque à la fois si singulière et si fascinante, j’ai pu non seulement le réessayer mais aussi échanger sur nos impressions de manière tout à fait passionnantes. J’aime l’iris et l’idée d’un parfum aussi original autour de cette matière première éveille plus de la curiosité, vraiment un intérêt galopant. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « XVème siècle, Florence, la Renaissance italienne. Sous l’influence des idées humanistes, qui ont pour objectif d’élever l’être humain, un nouveau style artistique voit le jour. Il prend pour modèle et cherche à représenter la Nature, visible et sensible. Cette nouvelle vision s’accompagne d’innovations techniques essentielles : l'inclusion de la perspective et la recherche de la justesse, de l’harmonie des proportions. Leonardo Da Vinci invente le sfumato, le fondu des couleurs qui donne au sujet des contours imprécis et une texture lisse. Les mouvements des corps appellent les mouvements de l’âme… Ce travail sur l'harmonie, la juste proportion, les notes qui s'enchaînent et se fondent avec fluidité, cette recherche d'accord, c'est aussi celle du parfumeur » et je trouve que cette description de la démarche artistique est, pour le moins évocatrice.

La parfumerie lyonnaise Odorem, au coeur du deuxième arrondissement.

À l’envolée, les notes d’ambrette presque à mi-chemin entre un côté peau et un versant fruité se renforce d’un styrax dont la qualité me semble évidence. Puis vient ce coeur absolument étonnant d’iris bien sûr, mais aussi de cuir avec des notes de safran qui en renforcent la profondeur. Le fond, plus rond mais toujours un peu cuir, se compose de fève tonka, de vanille et surtout, une fois encore d’un patchouli magnifiquement travaillé. « Armonia » porte bien son nom. En effet, Anatole Lebreton a su, tout en gardant la singularité de ses créations, créer un extrait de parfum vraiment différent de ce que j’avais senti. Au premier abord, j’ai eu envie de le rapprocher de compositions que je connaissais déjà mais, en le posant sur ma peau d’une manière plus systématique, j’ai découvert un parfum très facetté, très « insaisissable » et passionnant à porter. De plus, la tenue est absolument longue et, pour un parfum à dominante d’iris, ce n’est pas gagné. Le sillage s’avère aussi assez important je pense même si je ne suis pas la meilleure personne pour en parler car c’était moi qui le portait. En tout cas, c’est carton plein ! Vraiment, bravo à Nicolas et Benoît d’Odorem d’avoir chois cette marque, qui est, pour moi, l’illustration de ce qu’était la parfumerie de niche à l’origine et de nous l’avoir amenée à Lyon. Elle est à découvrir absolument !

 

Geza Shoën

 

« Ormonde Woman » créé en 2002 et « Ormonde Man » en 2004, sont les deux emblématique de la maison britannique Ormonde Jayne et ils ont tous les deux composés par Geza Schoën. C’est un peu grâce à plusieurs d’entre-vous, je les ai redécouverts récemment et j’avais envie de faire un article sur le parallélisme de ces deux compositions qui ne se rejoignent jamais sans pour autant s’éloigner. Ils sont une interprétation vraiment brillante des aromatiques à l’anglaise et j’avais envie d’en parler sur mon blog car je n’ai pas vraiment exploré ces fondements de la marque. Allez, on traverse le Channel, je vous emmène !

« Ormonde Woman marque le début du voyage olfactif de Linda à la recherche d'essences rares et uniques et sa rencontre avec la cigüe, ingrédient rare dans le monde des parfums. Ormonde Woman, a été créé sur les notes uniques de l'essence de cigüe noire. L'essence de cigüe noire fusionne avec les notes florales de jasmin et de violette absolue pour donner la vie à la fragrance la plus séduisante et hypnotique jamais présentée ». Le moins que l’on puisse dire est que Linda Piklington, la fondatrice de la marque n’a pas vraiment cherché la facilité. Jugez plutôt : un départ herbacé et épicé par la cardamome et la coriandre nous emmène sur un coeur de cigüe, de pin et de jasmin avant de se poser sur un fond de violette, de santal, de cèdre et de vétiver soutenu par un accord ambré. Je ne suis pas certain que la cigüe ait été, avant cela, beaucoup travaillée en majeur en parfumerie et pourtant c’est une note absolument étonnante. « Ormonde Woman » réuni vraiment toutes les qualités d’un aromatique sans jamais tomber dans les clichés. Je lui trouve un chic fou comme si on se promenait en veste matelassée luxueuse dans la campagne anglaise. Il est élégant sans faire preuve de sophistication et je comprends qu’il puisse devenir une signature. La marque le décrit comme très féminin mais moi, je ne sais pas, je lui trouve un côté plutôt androgyne. Ceci it, il existe un « Ormonde Man » alors…

 

 

« Ormonde Man est résultat de la combinaison parfaite de cigüe noire et du oudh. Ormonde Jayne a été la première maison de parfums dans le monde occidental à utiliser l'huile essentielle de oudh et de cigüe. Complexe et plein de caractère, charmant et mystique, Ormonde Man s’ouvre avec des notes boisées rendues uniques par leur combinaison avec l'huile essentiel de oudh ». Vous l’aurez compris, « Ormonde Man » est une variation autour du même thème qui s’avère être vraiment un parfum différent. Le oud est présent dès le départ et s’ajoute à la bergamote, la coriandre, la baie de genévrier, la cardamome et le poivre rose. On devine déjà que le parfum aura du caractère. Le coeur de cigüe et de pin est toujours là et le fond, très masculin en effet, même s’il peut tout à fait plaire aux femmes, de vétiver, de muscs, de cèdre et de santal lui assure une tenue et pas mal de projection. Le sillage est vraiment imposant et je ne peux pas dire que ce soit ce que je préfère. Il est élégant également mais, pour moi, il est un peu trop « costaud », moins « anglais ». Du coup, je sais en apprécier la qualité mais je ne pourrais absolument pas le porter. En tout cas, Geza Schoën a su inventer une variation qui apporte vraiment quelque chose de nouveau.

 

J’ai bien aimé les deux parfums, je ne vais pas dire le contraire mais je trouve quand même que « Ormonde Woman » est plus facile à porter. Ils sont très onéreux et il faut être sûr de son coup. Je ne suis pas certain de pouvoir me les approprier mais, artistiquement parlant, j’aime beaucoup l’idée et je comprends qu’ils soient emblématiques.

 

 

« New Notes est un voyage sensoriel qui fusionne la nature et l'art, l'éthique et l'esthétique. Un nouvel ensemble de fragrances contemporaines, audacieuses et conscientes. Le parfum du présent. Les notes, retravaillées et réfractées, traduites et mélangées, parcourent des accords divergents et des assonances éclectiques, pour créer une alchimie perturbatrice, riche en nuances et en contrastes, d'une élégance non conventionnelle ». Je n’attendais pas grand-chose de la maison New Notes, je dois bien l’avouer. Cette maison, très italienne, est née en 2022 et elle me semblait un peu trop axée sur les notes gourmandes. J’ai quand même voulu la découvrir chez Univere à Paris qui l’a fait venir en France et j’ai demandé à Anissa de m’orienter pour que je puisse un peu l’apprécier. C’est vrai qu’il s’agit maintenant d’une bonne surprise car j’ai beaucoup aimé les créations dans leur ensemble. Je ferai l’impasse sur « Cocktail Maracuja » car tout le monde l’évoque mais j’en ai choisi quatre qui me touchent pas mal. J’espère vous donner envie d’aller les découvrir. Qui sait, trouver celui qui pourra vous accompagner.

Nous avons commencé par la nouveauté 2025, « Latte Pistachio ». Je m’attendais à quelque chose de très sucré et lacté qui allait me déplaire et bien il n’en n’a rien été. « Plongez dans la douceur irrésistible de Latte Pistachio. Ce parfum gourmand associe la chaleur réconfortante d’un lait mousseux à la saveur délicieusement riche de la pistache. Un nuage crémeux, une touche d’onctuosité, et ce goût addictif de pistache… Chaque vaporisation évoque un instant de pur plaisir, comme un dessert fondant que l’on déguste sans modération ». En fait, j’ai trouvé la composition vraiment très équilibrée. Elle est vraiment superbement réalisée et évite tous les écueils : trop gourmand, trop sucré… Il s’ouvre avec des notes de pistache, de citron, d’orange mais aussi de sel et nous conduit sur un coeur de lait qui aurait du me déplaire fortement mais se retrouve équilibré par les épices, la coriandre et la cardamome. Le fond de santal, ‘d’ambre et de musc et la concentration extrait en font une vraie réussite. Je ne le porterais pas mais il est vraiment joli et réussi avec cette pointe d’originalité que l’on demande à un parfum d’auteur.

« Le vertige infini de la fleur d'osmanthus déclenche une vague émotionnelle entre contrastes et affinités avec des notes sucrées et épicées, chaudes et délicieusement fruitées, dans un mélange fortement narcotique, au-delà du floral... ». Créé par Erik Minati en 2022, « Osmanto Shock fait vraiment partie de mes préférés. C’est un floral fruité très très réussi, tout en finesse et en délicatesse qui oscille entre hommage à la parfumerie fine vintage et réelle modernité avec son départ de pêche, de bergamote, d’orange, de mandarine t de poivre rose, son coeur d’osmanthus avec ses différentes facettes, associées au jasmin, à la rose et à l’ylang-ylang avec des traces de cardamome. Le fond, très fève tonka et ambrette est soutenu par le patchouli et la vanille. Vraiment le résultat est du plus bel effet. J’ai beaucoup aimé ce parfum alors que, de prime abord, il m’est apparu comme très réussi.

 

« Les fleurs délicates du mimosa s'entrelacent dans une étreinte réconfortante, fusionnant avec la douceur d'un lait crémeux, pour former une symphonie veloutée qui caresse délicatement votre peau » Tel est décrit « Latte Mimosa » lancé en 2024 et que je trouve particulièrement incroyable et addictif. Pour moi, il est presque régressif car il m’évoque l’esprit d’une parfumerie qui n’existe plus. Il est vintage au plus beau sens du terme avec son envolée de mimosa et de bergamote, son coeur d’iris et d’ylang-ylang avec un côté jasminé et son fond de bois de santal, de musc et de vanille. Il a presque un côté amandé poudré que je trouve délicieusement désuet. Pour moi, « Latte Mimosa » est un parfum vraiment plein d’émotion car il me rappelle l’esprit de « Farnesiana » de Caron créé en 1947 par Michel Morsetti dans son côté cocon de poudre de mimosa amandée et presque crémeuse. Ce parfum n’existe plus. Il n’était pas le même mais l’esprit y est et le coeur bat… En fait, il me provoque la même émotion. Je serai donc encore plus subjectif que d’habitude.

 

En me faisant découvrir « Talco », créé en 2022, Anissa a, une fois de plus, cerné instinctivement mes goûts car, vraiment, j’ai beaucoup aimé. « Le toucher de la peau, douce et parfumée d'un bébé, évoque une expérience régressive et innocente. Le parfum captivant rappelle l'amour tendre et la grâce subtile d'une caresse, enveloppant chaque instant de cette douceur ineffable qui fait vibrer le cœur. C'est une ode à l'innocence et à la pureté, une symphonie olfactive qui transporte vers un monde de tendresse infinie ». Luxueux, régressif, complètement addictif, ce parfum à odeur de talc est unique et absolument fantastique. Il est construit autour d’un accord talc renforcé par des notes de bergamote, de jasmin de Damas, de rose du Maroc, d’ylang-ylang, de bois de rose, de vanille de fève tonka, de muscs blancs et de notes boisées. Je n’avais rien senti de tel depuis des années. Pour moi, « Talco », c’est un concentré d’enfance, des poudres à peau comme je les appelais. Je le trouve totalement régressif et pourtant il doit être génial à porter. La concentration extrait de parfum doit lui donner quelque chose de très long et très tendre. Vraiment, c’est une découverte !

 

Contre toute attente, j’ai vraiment aimé New Notes et son esprit « à l’italienne ». Je trouve que la marque se doit d’être conseillée comme elle me l’a été car on peut facilement passer à côté. C’est le tort que j’avais eu jusque-là. Je la trouve très qualitative et vraiment inventive. Je crois que je continuerai de l’explorer quand j’en aurai l’occasion.

 

Il est sans doute l’un des parfums que j’ai le plus porté durant des années et peut-être avec « Sables » d’Annick Goutal, l’un des premiers qui sortaient de la parfumerie grand public. Il avait disparu mais, grâce à Stéphanie qui vient souvent sur ce blog, j’ai su que quelques flacons de 50 ml étaient réapparus sur le site de la marque. Il est pour moi, le plus bel iris de tous les temps. Allez, je ne ménage pas le suspens plus longtemps, il s’agit de « Bois d’Iris » créé en 2000 par Jean-Claude Ellena pour The Different Company, la marque qu’il venait de créer. « L’iris pallida, le fastueux, celui qui recèle la plus grande richesse en molécules odoférantes, ne s’épanoit qu’en cette terre de douceur et de sécheresse rocailleuse de Toscane ». Après une envolée de bergamote et de géranium, le magnifique coeur d’iris pallida et de narcisse vient nous envelopper avec un côté presque aquatique et légèrement cuiré. Le fond de cèdre et de vétiver se fait brut et racinaire puis est adouci par les muscs blancs. « Bois d’Iris », c’est d’abord une évolution, une vraie, une belle, sur la peau. On y retrouve la signature très aquarelle de Jean-Claude Ellena. Pour moi intemporel, iconique, ce parfum est l’une des plus belles créations de la marque. « Bois d’Iris fut tracé dans les vagues des collines toscanes par Jean-Claude Ellena. Sa richesse et sa vérité olfactive tiennent au pourcentage de racines d’iris naturel, l’un des plus élevés du marché aujourd’hui, en effet, l’iris est une note que beaucoup ont cherche à imiter, mais jamais cette racine n’a connu un traitement aussi particulier ».

 

Jean-Claude Ellena

 

J’ai terminé mon dernier flacon il y a déjà longtemps et le retour sur le site de la marque, même seulement en 50 ml est une très bonne nouvelle. Tout d’abord, cela ouvre des possibilités mais aussi cela me permet d’en parler à nouveau. Pour moi, il est la quintessence du naturalisme et de l’élégance « à la Jean-Claude Ellena ». « Bois d’Iris » est épuré, tendre, floral et boisé à la fois. Son chic discret, transparent, me séduit depuis toujours. Certes, la tenue n’est pas fantastique et le sillage discret mais, vraiment, il est d’une grande beauté et, si vous croisez son chemin, il faut absolument que vous le sentiez. Il est, à mon sens, l’un des grands chefs-d’oeuvre de la parfumerie de niche au sens premier du terme. Je ne sais pas si ce retour est définitif ou s’il s’agit d’un one shot destiné à vendre des flacons oubliés. L’avenir le dira. J’espère vraiment son retour durable sur le marché. J’aime beaucoup les premiers parfums de la marque et plusieurs comme « De Bachmakov » ont hélas disparu. J'ai retrouvé un flacon "Bois d'Iris"... Il m'a été offert et, vraiment, je suis content de pouvoir le porter à nouveau. Certes, je vais l'utiliser avec un peu de parcimonie mais pas trop en espérant qu'un jour, il reviendra définitivement dans la collection Just Chic.

Depuis que j’ai découvert la marque, j’ai été impressionné par Maison Incens. Je ne remettais absolument pas en question le talent du regretté Jean-Claude Gigodot que je connaissais par ailleurs et je me demandais ce qu’allait devenir cette maison après sa disparition d’autant qu’il n’y avait pas eu de nouveautés depuis un certain temps. C’est avec Lou à la parfumerie Sens Unique à Paris que j’ai découvert cette toute neuve trilogie et je dois dire que je ne suis pas déçu, loin de là. Je peux même avouer que je suis totalement emballé par ces trois créations qui, d’après ce que j’ai compris, étaient déjà prêtes à sortir. Je vous emmène donc dans cette si belle maison pour découvrir trois compositions originales, inspirées et inspirante qui sont, véritablement, pour moi, trois coups de coeur et m’entraînent loin de ce que j’attendais.

Le premier parfum que nous avons découvert est un hommage à la belle parfumerie vintage à la française même s’il a pour nom « Santal Wagasaii ». « Santal velouté, crémeux, enveloppant, réconfortant, lumineux, éclatant comme une seconde peau. Un mélange habile de citrons éclatants, de bois précieux, d'épices sensuelles, de fleurs délicates et de muscs animaux. Une composition singulière, envoûtante, ensoleillée à porter quotidiennement sans modération ». Je ne suis pas un fou du bois de santal travaillé en majeur car, bien souvent, il peut revêtir un côté très lacté voire crémeux qui me retourne un peu la tête mais, avec cette création, ce n’est pas du tout le cas. Dès la vaporisation, j’ai su qu’il allait me plaire et, tout au long de son évolution, cela ne s’est absolument pas démenti. L’envolée est complexe, avec des notes de bergamote, de citron et de néroli très fraîches mais renforcées par un versant aromatique et un autre franchement épicé. Le coeur de fleurs blanches se poudre et s’amande avec l’iris, l’héliotrope et la rose et le résultat est du plus bel effet. Au fond, le côté un peu animal, voire ethnique, est contrebalancé par des notes de cèdre, de vanille, de foin, de cuir, de baumes, d’ambre et de muscs comme un accord complexe qui entourent un santal finalement très boisé et presque oublié. « Santal Wagasaii » m’évoque une promenade mi-printanière, mi-exotique. Il est, pour moi, assez unique. Je n’avais jamais senti cela. Il y a quelque chose de vraiment différent et de totalement singulier dans cette très belle création.

 

 

 

« Lorsque l'obscurité rencontre la lumière. Un éclat éblouissant de foudre, le temps est suspendu. Le moment de l'osmanthus est enfin arrivé. Un parfum intime et mystique, une invitation au bonheur, un moment de calme et de douceur au milieu de la tempête. Laissez-vous envoûter par les exhalaisons des agrumes, les fumées d'encens, les lumières florales et la douceur fruitée des fleurs d’osmanthus ». Le second parfum s’appelle « Osmanthus Shiborii » et, pour moi qui aime cette note, il est encore plus déroutant. Il s’ouvre avec des notes de fruits confits, de cassis et d’orange qui lui donnent d’entrée de jeu un côté doux et très vintage. Puis vient un coeur d’iris, de rose, de jasmin et d’osmanthus que je trouve résolument floral avant que le parfum ne se pose sur un fond boisé et solaire avec des traces de miel et d’encens, des notes plus fumées et animale mais surtout un côté baumé. Ah ce parfum, quelle merveille ! Il est, pour le coup, un hommage à tout ce qui a fait la parfumerie française du XXème siècle. Pour moi, il est un peu comme si « Féminité du Bois » période Shisheido, avait rencontré les anciens Caron d’Ernest Daltroff ou de Michel Morsetti. C’est une petite merveille. La surprise est ne ne pas forcément retrouver, tant il est complexe, les notes habituelles, abricotées et cuirée, de l’osmanthus si on y prête pas attention. C’est un parfum réconfortant et, pour le moins singulier. Je l’ai vraiment beaucoup aimé.

Mon coup de coeur absolu va vers le parfum qui, sur le papier, m’attirait le moins. « Une rose avec un R majuscule. Une rose piquante, toxique, addictive. Élixir précieux, peau veloutée, épices enivrantes, vents des îles, fruits interdits. Rose Umeii est à la fois douce et violente, légère et sombre, épicée et exotique. Séductrice » tel est décrit « Rose Umeii. Autour d’une colonne vertébrale de cardamome, d’absolu de jasmin, de rose, d’absolu de tubéreuse et d’ylang ylang, on retrouve une envolée fruitée, très prune épicée, assez fraiche qui nous emmène sur un coeur où les fleurs se mêlent aux épices, à l’héliotrope, à l’iris et au muguet puis vient le fond de vanille, de patchouli, de mousse et de foin. Ce chypre flamboyant, très rose-prune-ylang est un peu amandé, un peu vintage mais quand même avec quelque chose de moderne conféré par les épices. Je le porte en écrivant et il est vraiment fantastique. Pour moi, c’est plus qu’un coup de coeur. Je pourrais le porter et il ne serait pas étonnant s’il s’ajoutait à une prochaine wishlist. J’ai adoré « Rose Umeii » et j’ai même failli franchir le pas sans même l’essayer mieux, ce que je ne fais jamais. J’ai eu la chance de me voir offrir un échantillon et je vais le porter jusqu’à ce que je prenne une décision mais je me crois conquis.

Jean-Claude Gigodot nous a laissé trois parfums absolument exceptionnels qui m’ont provoqué de très belles émotions. Pour moi, Maison Incens est l’une des marques dont on parle le moins mais qui se détache par ses qualités les plus éminentes. Gageons qu’Éric Gigodot, très talentueux aussi, saura la faire vivre et continuer sur les traces de son père dont j’aime tant le travail. En tout cas, ces trois parfums sont autant de coups de coeur. Merci à Renata, Lou et toute l’équipe de Sens Unique, de promouvoir cette si belle maison.

Très étrangement, je n’avais pas encore découvert les quatre extraits de la collection Parfums Exclusifs de la marque lyonnaise Maison Laugier alors que je n’ai qu’à passer à la boutique, saluer Elodie, fondatrice de la marque que j’avais interviewé il y a quelques années. J’ai enfin, trois ans après leur sortie, été emporté par un univers assez différent de la collection des eaux de parfums que je vous avais présentée il y a déjà un certain temps. Je vais essayer de vous donner mes impressions car j’ai eu tout le loisir de sentir ces très jolies créations qui mettent vraiment un ingrédient en valeur. De plus, les créations sont présentées dans un très beau flacon vert épuré avec le beau logo de la marque. Alors, je vous emmène dans cet univers de belles matières et de twists inattendus qui leur donne ce petit supplément d’originalité qui a su me séduire très facilement.

Étienne, qui m’a fait découvrir la collection a commencé l’exploration par « Into The Musk » que la marque décrit ainsi : « Parfum relief éclos d’une couvée d’aurores à l’envolée éclatante et poivrée, l’enfant sauvage n’a rien oublié de ses premiers instants. Sous le frôlement sensuel d’une peau veloutée, se déclare la douceur charnelle d’un cuir élégamment lustré. Les approches de l’hiver allument dans son cœur un feu nouveau d’immortelle, il s’assouplit alors pour révéler la finesse d’un cuir pleine fleur gardant contre lui les marques de la vie. Le temps n’a rien écorché de son abondante crinière d’où s’exhale en fauves parfums toute la chaleur de cet accord fourrure. On pourrait voir dans sa tourmente que l’or de son pelage se teinte de mille couleurs incandescentes. Il est des parfums terribles, ayant l’expansion des choses infinies, comme le musc gris et la résine de benjoin qui chantent les transports de l’esprit et des sens. C’est avec pudeur qu’il confie une noble intrigue patchouli, entre la force et la douceur, entre la sagesse et l’audace. C’est en lui que repose l’éternel parfum du souvenir ». Je dois dire que j’ai été surtout surpris par l’évolution de ce parfum tout en douceur et en chaleur. C’est un parfum musqué, construit autour d’un accord fourrure pas trop animal et relevé de poivre noir. Le fond, baumé, de benjoin, arrondit la fragrance, la rend « confortable ». Pour moi, « Into The Musk » est un retour au source de la belle parfumerie fine qui est, il faut le dire, tout à fait intemporelle. La concentration élevée confère vraiment à cette fragrance, une évolution un peu longue mais toujours harmonieuse. Je l’ai trouvée très réussie et vraiment sa douceur est réconfortant.

Avec « Royal Iris », Maison Laugier revisite un thème cher aux parfumeur. Comme son nom l’indique, il met en valeur le précieux rhizome et nous emmène dans un univers tout en légèreté et en équilibre. Autour de l’iris, on retrouve un accord poudré et presque aquatique et la rondeur de l’ambrette. « Dans son œil gracieux, toute douceur était écrite. Fraîchement éclos, l’iris, fleur d’un instant, se devinait dissimulé dans sa chevelure blonde ambrée. Quand elle souriait, son visage tout entier reflétait une lumière mimosa, semblant venir d’ailleurs, que tous les yeux ne pouvaient s’empêcher d’admirer. Sa grâce de cachemire avait l’air d’un défi ; ses gestes étaient si simples et si justes que mettant sa noblesse en tout, quoi qu’elle fît, ses parures les plus humbles semblaient augustes. Son parfum, ce zéphyr aux nuances douces et enjôleuses, est celui de l’ivresse neuve des étreintes. Cet iris, elle savait le captiver ; elle l’illuminait et il le lui rendait bien. Au vent de ses jupons musqués, les passions se soulevaient. Les graines d’ambrette se laissaient deviner et, de leurs vagues délicates, attendrissaient tous les cœurs. Une sensation, une image, celle du délicat pompon qu’elle trempait dans sa poudre de riz dont les éclats fleuraient ses joues roses, qui lui donnait ce charme suranné. Les hommes du pays s’agenouillaient pour lui plaire, en la voyant venir ils couraient au-devant. Elle riait, sentant la ferveur de leurs prunelles puis passait son chemin, tranquille, légère. Partout où elle déambulait, c’est l’empreinte cédrée de son parfum plume qu’elle laissait. L’on disait au loin, qu’après avoir rencontré son sillage, on lui restait, pour la vie, attaché ». Le mot qui me vient lorsque je pense à cette découverte est « aérien ». Ici, l’iris n’est ni trop floral, ni trop vert, ni trop poudré. Il revêt des accents aquatiques. Étienne, qui me l’a présenté, a parlé d’iris près d’un lac et j’ai trouvé l’image particulièrement juste. Il y a un côté rosée sur les pétales et fraîcheur modérée. La tenue sur peau est très correcte pour un parfum qui semble si léger. Vraiment, « Royal Iris » est l’une des très belles créations autour de ce thème que j’aime.

« Il porte en lui les forêts d’avril où se succèdent pluie et soleil sur la sylve en perle. Lumière opale à travers les frondaisons, le rêveur flâne sous un dôme de bois clairs. Ses pas le mènent vers une entrevue merveilleuse, un contact avec sa terre natale de laquelle ses mains ne peuvent s’extraire. Il se tient alors nez à nez avec ces feuilles longilignes, étroites et luisantes, s’élevant sous le vent en d’élancées valseuses, au plus haut des cieux étrangers. Frissons d’ailes, frissons de feuilles, ce vétiver atteint d’un aquilon de baies roses fuyantes est un de ces souffles sages et purs qui laissent à l’esprit une trace indélébile. Saisi par le mariage harmonieux du gingembre, il se love dans ce parfum racine. Dans le creux de sa main habile, il dispose quelques feuilles de basilic dont les vapeurs légères montent dans l’air du soir ; la forêt s’endort ainsi dans les derniers murmures. Comme de longs échos qui au loin se confondent, les muscs blancs se rejoignent dans une ténébreuse et profonde unité. C’est dans ce champ à perte de vue, vaste comme la nuit et comme la clarté, que les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Il est des fragrances fraîches et vives comme la chair et douces comme les hautbois ». Quelle bonne idée d’avoir imaginé un vétiver frais, aromatique et même épicé ! Il s’éloigne du côté terreux, voire tourbe qui nous est beaucoup proposé dans les parfums autour du vétiver. Malgré une vraie profondeur, il y a quelques chose de vraiment frais, presque « croquant » dans ce parfum. Il faut dire que le vétiver, un peu racinaire, se pare de notes épicées et acidulées de gingembres et très vives de feuille de basilic. Le résultat, lorsque le parfum a évolué est une promenade en été dans un endroit boisé et frais. J’ai beaucoup aimé ce parfum et pourtant, je ne suis pas trop dans une période vétiver.

« Once Upon A Cardamome », le dernier parfum est aussi un vrai coup de coeur. « Souveraine, feuille épaisse puis finalement graine, elle est venue des grands espaces, portée par des essences éprises de liberté. C’est l’Inde cristallisée dans un sourire de bergamote luminescent. Teintée de thé noir, elle abrite les extraordinaires paysages du Kerala où elle se plait à sentir son corps trembler de la caresse de l’herbe haute. Empreint de sa terre natale, elle n’en est pas moins aventurière. Se laissant volontiers chavirer par la mousson, elle aime prendre sur le chemin quelques graines de cumin et des écorces de cèdre en souvenir. Rêveuse, elle aime à s’entourer de fleurs de jasmin dont elle s’enveloppe toute entière, on lui retrouve alors l’élégance des mouvements d’un sari.Selon le jour, la nuit, elle poursuit ses prodigieuses métamorphoses. C’est au crépuscule, éprise de ce cade envoûtant, qu’elle envoie ses signaux de fumée dont elle contrôle parfaitement la durée et le rythme. C’est ainsi qu’elle se dévoile, sauvage et ondoyante, et se promène aux bras des couples. Elle est femme dans son attirance. Elle est homme dans sa multiplicité ». Imaginez la colonne vertébrale d’un parfum autour d’une très belle variété de cardamome noire avec des notes de bois de cade et de thé noir et vous devinerez que je me retrouve tout près de ce que j’aime toujours. Épicé, frais et pourtant sec et fumé, ce parfum en clair obscur est vraiment « pour moi ». Je le dis sans faux fuyant. Je crois bien d’ailleurs que je pourrais craquer. Il est profond, original, un peu animal mais sans excès, sombre et pourtant éclairé par cette cardamome « fringuante ». Vraiment, je suis très attiré par cette création. Je l’ai essayée sur ma peau et, bien évidemment, le développement me plait beaucoup.

Se rendre rue Thomassin, dans le 2ème arrondissement de Lyon que je connais si bien pour entrer dans la très belle boutique de Maison Laugier est toujours réaliser une très belle expérience olfactive. Tout respire la passion d’Élodie pour cet univers de la parfumerie qu’elle connait si bien. Je voudrais la remercier chaleureusement, ainsi qu’Étienne qui a si bien su faire vivre la collection pour ces découvertes signées et singulières. Quel plaisir ! Quel chance !

 

 

C’est un peu par hasard que j’ai découvert Neydo, une toute nouvelle maison suisse née l’an en 2024, qui compte, depuis sa sortie, il y a quelques mois, neuf parfums réalisés par Bertrand Duchaufour, Julia Rodriguez Pastor, Soizic Beaucourt, Maud Chabanis et Joelle Lerioux Patris et je dois dire que, si j’ai été un peu rebuté par les flacons, j’ai un joli coup de coeur pour les créations. « Les rêves et les parfums sont faits de la même étoffe. Le nom Neydo provient d’un monastère bouddhiste de la vallée de Katmandou. À l’exemple des moines qui pratiquent le silence pour calmer l’esprit et donner plus de sens à la parole, Neydo est une marque qui encourage ses adeptes à trouver la beauté et la vérité dans le non-dit », telle est l’inspiration de la marque. J’ai bien aimé tous les parfums que j’ai pu découvrir mais il m’a fallu faire un choix et j’ai décidé d’en choisir quatre pour aborder cette marque qui, à mon sens, est très singulière et très élégante à la fois.

En premier, j’ai choisi d’explorer « Wood Haze 01.11 » créé par Bertrand Duchaufour qui en explique ainsi la démarche artistique : « Inspiré par le rêve d'une histoire d’amour parfaite et de bonheur ultime. Imaginez-vous dans l’atelier d’un artiste, entouré du doux parfum du bois flotté sculpté et des pages vieillies. À l’instant suivant, vous êtes enveloppé dans les bras de votre amoureux, ressentant la douce caresse sur votre peau et le réconfort d’une étreinte. Un mélange de notes boisées, ambrées, épicées et poudrées vous invite à vous plonger dans ce parfum intime, évoquant des souvenirs précieux ». Comme ça, sur le papier, je ne serai pas allé de moi-même sentir ce travail autour du palo santo que j’aurais peut-être trouvé un peu trop « ethnique » et brut mais il m’a été très bien conseillé et c’est vrai qu’il m’a plu car, après une envolée de safran et de coriandre que je n’ai pas trop appréciée, le coeur boisé de palo santo et de santal est venu, original, voire même très agréable et, lorsqu’il s’enrichit de ce fond de mousse et d’amyris, je me dis que je peux aimer parfois des parfums « sans fleurs », ce qui ne me paraissait pas envisageable lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la parfumerie d’auteurs. Certes, « Wood Haze 01.11 » n’est pas celui que je choisirais pour le porter car il s’éloigne un peu trop de mes goûts mais, je l’avoue, je l’ai trouvé vraiment très beau.

 

 

« Inspiré par le rêve d’un monde à l’envers. Un mélange de senteurs d’agrumes mélangées à des notes aquatiques, aériennes et verdoyantes crée un paysage surréaliste où le ciel est inversé et où un vaste océan bleu vous entoure. Des bateaux transparents dérivent à côté, et l’odeur revigorante des citronniers imaginaires stimule vos sens, offrant une évasion palpitante et inspirante vers un royaume onirique ». Également créé par Bertrand Duchaufour, « Alien Fruit 30.03 » est, à mon sens, le parfum le plus créatif de la collection. Il ne ressemble absolument à rien d’autre et je dois dire que je le trouve vraiment incroyable ! Notez plutôt, un départ de yuzu, de grenade et de groseille à la fois fusant et particulièrement acidulé, un coeur de cyclamen et de goyave puis un fond ambré et musqué confèrent à cette composition quelque chose d’assez unique. Je la trouve à la fois fraîche et très élégante. Pour moi, c’est une invitation à un voyage dont je ne connaitrais pas la destination. Floral, hespéridé, fruité, ambré, il est complètement aux frontières de plusieurs familles olfactives. Bertrand Duchaufour évite les écueils d’un « parfum d’été » un peu convenu. J’ai vraiment aimé.

 

Créé par Julia Rodriguez, « Where Love Belongs 22.07 » est aussi une très belle découverte : « Inspiré par le rêve du réveil dans une maison de campagne provençale aux côtés de quelqu’un que vous aimez. La délicate essence du muguet est entrelacée de notes citronnées, musquées et boisées. Imaginez des rideaux en lin flottant dans une brise légère alors que vous vous promenez dans un pré rempli de fleurs sauvages. Laissez-vous transporter dans cette scène fantaisiste, sirotant du jus d’orange à une table en bois rustique au milieu du parfum envoûtant ». C’est vrai qu’il m’évoque les vacances mais aussi une certaine dose de romantisme. Le départ de bergamote, de mandarine arrondi par l’ylang-ylang est de toute beauté et nous prépare à un coeur mi-floral, avec le muguet, et mi-boisé également paré de notes d’orange presque amère. Sur touche son évolution vers un fond d’ambre gris, de santal et de muscs blancs est super belle. Je ne l’ai pas essayé sur la peau mais ma première impression est vraiment très bonne. Cette création est définitivement très belle, facile à porter et pourtant singulière. J’aime beaucoup ce parfum. Il m’a vraiment fait un effet durable. Je pourrais tout à fait le porter.

 

« Mossland 12.09 » est indéniablement un coup de coeur et pourtant, il m’éloigne de mes goûts habituels. Créé, une nouvelle fois, par Bertrand Duchaufour, il ne ressemble à rien de ce que j’ai pu essayer car je l’ai porté déjà. Le parfumeur explique : « Inspiré par le rêve d’une odyssée dans une jungle moussue. Imaginez-vous volant à travers les nuages, descendant dans une forêt luxuriante où se déploie l’interplay des notes boisées, de fougère, de chypre et épicées. Le parfum onirique d’une aventure en forêt vous invite à vous envelopper dans une mousse cristalline et à savourer la sève laiteuse des fougères et des fleurs ». C’est un chypre épicé, très original qui plaira peut-être plus aux hommes mais je connais des femmes à qui il conviendrait très bien. Après une envolée épicée de cyprès, de baies de genièvre et de poivre rose, le coeur de clou de girofle soutenu par le cèdre me séduit complètement mais ce sont les notes de fond que je préfère. L’association de la mousse de chêne avec l’ambre gris et le vétiver peut avoir l’air classique mais, chargée de toutes les notes glanées pendant l’évolution, c’est une vraiment une merveille. Voilà un parfum qui me sort complètement de mes goûts habituels et m’entraîne sur des chemins que je ne connais pas et que j’aime. C’est un grand coup de coeur.

 

Il ne faut jamais s’arrêter au flacon et c’est vrai que Neydo est une très jolie nouvelle maison de parfumerie. Je trouve que le rapport qualité-prix est plus que correct et j’ai aimé toute la collection. J’aurais pu vous parler des autres et il n’est pas dit que je ne le fasse pas dans l’avenir. C’est un coup de coeur et je remercie Josquin et Amine de la boutique Jovoy Paris, pour cette géniale découverte. Vraiment, je suis séduit !

 

 

« Jersey Guernesey, pourquoi vous êtes-vous un jour séparées » avait écrit la romancière Françoise Mallet-Joris comme texte de chanson pour sa compagne Marie-Paule Belle. J’ai eu la chance de visiter, il y a bien longtemps ces îles, patries de l’inspecteur Bergerac, incarné à l’écran par John Nettles avant qu’il ne devienne le Barnaby de Caroline Graham. C’est donc dans un univers à la fois britannique et insulaire que je vous emmène. Paysage un peu sauvages, vents forts, littoraux romanesques et pubs « à l’anglaise », c’est ainsi que je me souviens de Jersey et Guernesey. Nous avons pris le bateau. Le temps était clément. Le soleil apparaissait et nous réchauffait parfois. Il y avait un verre de rhum le soir au milieu des odeurs de menthe et d’herbes aromatiques qui se mêlaient aux embruns. Le parfum qui m’est venu pour évoquer ces deux îles soeurs est sans aucun doute celui, très surprenant qu’a créé, en 2012, Marc-Antoine Corticchiato pour Frapin. « Speak easy, « parlez doucement », c’étaient les mots chuchotés aux clients des bars clandestins en Amérique. Et puisqu’aujourd’hui le plaisir interdit n’est plus l’alcool, mais le tabac, c’est à cette famille olfactive rare qu’appartient cette création de Marc-Antoine Corticchiato. Rafraîchi par un accord mojito (rhum, menthe et limette), ce tabac blond d’une grande suavité s’enrichit d’accents liquoreux (immortelle) et des facettes foin et amande du liatris odorant et de la fève tonka. Un cuir oriental onctueux, richement ambré, intensifie cette palette fauve ».

 

Les matières premières, en grande partie naturelles, sont luxueuse puisqu’on retrouve, à l’envolée, un extrait de rhum de la Martinique, une très belle essence de davana d’Inde qui donne un côté un peu aquatique, de l’orange douce d’Italie et du citron vert brésilien. Le tout exhale une certaine fraîcheur qui se confirme avec un coeur de menthe fraîche de Russie et de géranium d’Égypte. En revanche, les notes de fond s’avèrent liquoreuses et cuirées comme dans un pub de Jersey où l’on pourrait écouter du rock. On y retrouve des notes de ciste labdanum mais aussi de styrax, de tabac, d’immortelle et de fève tonka travaillée à la manière des parfums dans lesquels elle est là pour intensifier le côté plus cuir que poudré. C’est une composition qui commence dans la fraîcheur et se pose avec un côté chaud, enveloppant et très liquoreux. Il m’évoque tout à fait une soirée de début de l’âge adulte, avec des amis que j’aimais beaucoup, un peu d’amour et beaucoup d’exaltation de me trouver sur l’une de ces îles mythiques. En tout cas, je l’ai redécouvert pour écrire mon article et, franchement, je suis complètement convaincu de mon choix. Je pourrais tout à fait porter « Speakeasy ». Il est vraiment trop beau.

Je suis en vacances donc je me suis avancé sur les nouveauté d’autant que février, comme janvier, est toujours un peu calme. Par contre, attention, j’ai senti des choses qui sortent en mars et il va y avoir du grain à moudre. Mais j’anticipe. J’ai fais de jolies découvertes e je dois dire que je me suis amusé à essayer ce que j’ai découvert. Il y a deux parfums qui sont sortis depuis un moment mais que je n’avais pas pu découvrir donc cet article remet les choses en place et je me sens moins en retard ! Allez, je vous emmène dans les nouvelles créations. On est partis.

« Une célébration de la nature sauvage, de la beauté préservée, et de l’arôme sublime de la vanille, qui se déploie comme un poème dans l’air. "Sambava" est une ode à la puissance et à la délicatesse de la nature, un voyage sensoriel vers un paradis verdoyant et secret ». Je ne connais pas bien la maison Noème mais j’ai eu l’occasion de découvrir la nouveauté, « Vanille de Sambava », créé par Emna Doghri et je dois dire que j’ai trouvé qu’il s’agissait d’un très joli parfum, plein de nuances et de chic. L’envolée de bergamote, de pomme, de noix de coco, d’orange et de poivre rose est très séduisante. Ensuite vient un coeur très épicé et rond de cannelle, de noix de muscade qui entoure le côté un peu rose et frais de la pivoine, le versant chocolat très chaud et iris un peu poudré et légèrement terreux. Le fond de vanille givrée est réchauffé par le rhum et la fève tonka. « Vanille de Sambava » n’est pas un parfum pour moi mais je l’ai trouvé très qualitatif et particulièrement bien réussi. Les matières sont vraiment belles et Emna Doghri ne cède pas aux tendances. Elle réalise là une vanille très étonnante, naturaliste et facettée. Vraiment, c’est une très jolie découverte.

 

 

 

Avec « Rosa Verde », la nouvelle Acqua Allegoria de Guerlain, Delphine Jelk m’a réjoui, je dois bien le dire. En fait, je trouve que ce parfum arrive un peu tôt mais, vraiment, il est très réussi. « Rosa Verde capture l’effet feel-good d’un plongeon, un jour d’été. La fraîcheur aquatique et fusante du concombre évoque le frisson vivifiant de la peau qui s’immerge dans l’eau. La caresse de la rose se déploie bientôt, comme la vague de bien-être qui gagne le corps sous la surface de l’eau. Un duo floral vert vibrant, teinté d’une note craquante de poire et arrondi par un accord muscs blancs ». Les notes de concombre et de rose, sur ma peau, donnent quelque chose de minéral sans excès, je lui trouve aussi un fond un peu poudré, très élégant et propre. Je pense qu’il me faudra réessayer « Rosa Verde » en été mais il pourrait bien me plaire. J’aime beaucoup son côté très tendre et même un peu froid qui est contrebalancé par les muscs blancs. Ma première impression est excellente.

J’avais entendu parler depuis des mois de « Afternoon Delight » créé par Carlos Benaïm. Il aurait d être une nouveauté 2024 mais ce sera une découverte 2025. « L'eau de toilette Afternoon Delight capture un moment d'indulgence et vous transporte dans un café parisien où l'arôme enivrant des madeleines chaudes flotte dans l'air. Ce parfum gourmand, ambré, doux mais léger, évoque des moments de bonheur et d'évasion. Il se mêle aux notes crémeuses et boisées du bois de santal et à la gourmandise de la gousse de vanille de Madagascar. Toutes ces notes capturent le souvenir d'un moment pour soi ». L’envolée est supposée être à base d’essence d’amande amère qui nous conduirait sur un coeur construit autour d’un accord madeleine et c’est vrai qu’il y a de ça pour se poser sur n fond de santal. Très honnêtement, j’ai détesté ce parfum. Je l’ai trouvé très synthétique et il m’a rappelé l’odeur d’une crème dessert très connue à la vanille. Franchement, je ne me vois pas porter ça. Je passe mon tour. Il est rare que je sois aussi négatif mais vraiment je ne comprends pas l’intérêt de « Afternoon Delight ».

 

J’ai également découvert « Colonia Il Profumo » d’Acqua di Parma qui vient de sortir. « Une réinterprétation contemporaine de notre précieuse fragrance emblématique sous la forme d’une Eau de Parfum sophistiquée qui exalte le caractère vibrant et ensoleillé de nos agrumes signature grâce à un mélange raffiné d’ylang-ylang et de patchouli ». Cette recréation dans une version plus chyprée et plus intense m’a relativement plu. Le départ est assez classique avec une bergamote assez douce contrebalancée par l’amertume du pamplemousse et de l’orange sanguine et le côté un peu vert du petitgrain. Le coeur de romarin est quand même assez originale car il est associé à un ylang-ylang très joliment travaillé et un absolu de feuilles d’oranger. Le fond de vétiver et de patchouli assurent une certaine tenue. J’ai trouvé la création assez classique mais avec un petit twist pas mal. En tout cas, c’est une réussite pour celles et ceux qui cherchent un esprit Cologne un peu différent de ce que l’on sent habituellement. En revanche, je trouve que le rapport qualité-prix n’est pas fabuleux. Cela m’arrêterait assez vite si j’avais des velléités de le porter. C’est dommage.

 

 

 

Je suis loin d’être un adepte des Parfums de Marly mais, à chaque sortie, comme j’y ai accès facilement, j’essayer. J’avais d’ailleurs bien aimé « Palatine » l’an dernier. J’ai donc tenté le coup de « Valaya Exclusif » créé par Quentin Bisch. « Une fragrance au luxe raffiné mais à l’aura intense, qui encapsule l’élégance féminine, pour ces esthètes contemporaines qui veulent et obtiennent tout. Valaya Exclusif, une création florale boisée unique mais universelle, révèle la sensualité d'une amande douce, la légèreté des fleurs blanches transparentes et la force des bois blancs crémeux. Sublimé par des notes poudrées, le parfum diffuse une chaleur envoûtante et procure une sensation de douceur veloutée qui enveloppe délicatement la peau ». Sur le papier, il avait tout pour me plaire. Une envolée d’amande douce, de bergamote et de mandarine, un coeur de fleur d’oranger, de fleurs blanches avec un côté poudré qui nous emmène sur un fond de bois de santal, d’akigalawood, d’ambroxan et de vanille. Il aurait pu me plaire mais vraiment je n’ai pas aimé du tout. Tout d’abord, dès l’ouverture, je ne sens que les bois ambrés et, tout au long de ce que je pourrais appeler l’évolution, cela ne fait que s’intensifier. Très synthétique, sans nuance, c’est une grosse machine et, franchement, je trouve le prix exorbitant. Je passe donc mon chemin mais sans doute trouvera-t’il son public.

 

 

 

 

 

J’ai toujours plutôt aimé la collection extraordinaire de Van Cleef & Arpels et j’ai découvert, avec quelques jours d’avance, « Moonlight Cherry », la nouveauté réalisée par Sidonie Lancesseur. « Moonlight Cherry présente une cerise « aussi noble qu'audacieuse », accompagnée de notes d'amande amère, de rhum, de café noir, de muscs blancs et de vanille ». J’aime beaucoup le départ, très amande amère avec un accord rhum un peu liquoreux puis vient le coeur qui oscille entre café torréfié et cerise. Après une évolution, contre toute attente, assez élégante, le fond de muscs blancs et de vanille assure une belle tenue et un côté assez luxueux à une fragrance très « dans l’air du temps » mais bien réalisée. Pour moi, il s’agit d’une cerise très amandée et ambrée. Je ne suis pas du tout certain que je pourrais porter cette nouveauté et peut-être qu’elle me séduit moins que d’autres parfums de la marque comme « Musc de Soie » ou « Patchouli Blanc » mais j’ai bien aimé. C’est une variation autour d’un thème que nous connaissons très bien maintenant quand nous nous intéressons de près à la parfumerie car, depuis « La Petite Robe Noire » de Guerlain et quelques autres, elle est très présente dans de nombreuses maisons. En tout cas, « Moonlight Cherry » est, pour les amateurs, une option jolie et élégante.

 

 

 

 

Il y avait déjà plusieurs mois que je voulais découvrir « Mali Nadu » créé par Ilias Ermenidis pour Nissaba mais, à Lyon, nous avons eu du retard donc voilà pourquoi je ne vous en parle qu’aujourd’hui. Le fondateur de la marque en exprime ainsi l’inspiration : « Malli Nadu c’est un souvenir de voyage ; c’est un parfum que j’ai créé pour faire vivre la beauté de l’Inde et des fleurs, à ma femme. La façon dont je l’ai créé m’évoque l’amour. C’est un parfum amoureux, optimiste, joyeux. Si vous parlez de l’Inde, le premier mot qui me vient à l’esprit c’est la gaité, le mariage, le jasmin, la tubéreuse, les couleurs, le beau et le joyeux. Tous les ingrédients principaux du Tamil Nadu sont présents. Le jasmin sambac, à la fois fruité et vert. Le davana, une matière première entre le fruité, l’herbacé et le floral. Et bien sûr la richesse, la profondeur, du vétiver Inde, surtout quand on le combine en duo avec le santal, ce sont toutes les matières premières que j’aime en fait. Ici j’ai voulu traduire ce terroir de l‘Inde, faire passer le message de l’authenticité, et cette émotion des fleurs ». J’ai beaucoup aimé cette composition très naturaliste. J’identifie de plus en plus le davana surtout en tête. Elle se mêle à l’orange et à la mandarine pour un côté un peu doux-amer qui n’est pas pour me déplaire. Le coeur de tubéreuse et de jasmin se fait solaire, floral, presque épicé et la note d’hédione lui donne une profondeur assez étonnante. Je ne sens, en revanche, pas tellement les notes de de fond de vétiver, de cèdre et de santal. Pour moi, tout au long de son évolution, « Malli Nadu » est très très floral avec un côté presque épicé et un peu vert. L’équilibre est très joli et, sur la peau, il y a quelque chose de tendre, pas trop animal, il s’inspire d’un territoire de l’Inde et je crois qu’il m’emmène un peu en voyage même si la tenue est un peu limitée.

 

 

 

 

J’ai aussi pu mettre mon nez sur le nouvel opus de la collection numéraire de Pierre Guillaume qui porte le nom évocateur de « 20.2 Église de Velours » et qui traduit l’univers d’un atelier de maison de couture. « Un vibrato de soie sauvage, une vapeur d’encens, la myrrhe, un velours de muscs. Église de Velours est une caresse d’encens. La résine d’oliban, méditative et mystique est détournée de sa nature purement atmosphérique : elle se fait épidermique, charnelle et veloutée. Fidèle au style PG, Église de Velours est le sujet d’une conversation silencieuse entre l’âme et la peau ». Je l’ai trouvé vraiment très stylisé entre notes de résine oliban, pas très présentes sur ma peau, de myrrhe contrebalancées par ce bois d’hinoki que j’avais découvert dans l’une des dernières sorties de Jo Malone et que j’ai bien du mal à décrire. Pierre Guillaume parle de velours de musc mais, pour moi, les notes qui restent sont surtout propres et poudrées. L’ensemble est original mais je ne peux pas dire que je suis tellement sensible à cette création. Peut-être que le versant résineux me dérange un peu. Je ne saurais pas le dire. Ceci dit, j’ai trouvé « 20.2 Église de Velours » très singulier et je suis content de l’avoir découvert. Au niveau tenue, je trouve qu’il résiste bien même si le sillage (très suffisant pour moi) me semble assez discret. C’est un parfum à découvrir ne serait-ce que pour l’expérience olfactive. Il n’entre pas trop dans mes goûts mais les amateurs d’encens et de myrrhe s’y retrouveront sûrement.

 

 

 

 

 

Mon coup de coeur est « Rosa Verde ». J’aime beaucoup vraiment. J’ai aussi beaucoup aimé aussi « Malli Nada ». Je trouve que l’année commence bien et je crois que la suite va être intéressante. Je pense que je vais découvrir des choses pendant les vacances. Je vous raconterai !

Après le départ de Jean Jacques, recruté par Ariane de Rohtschild après le rachat de la maison Caron en 2018, et qui est devenu, depuis, le bras droit d’Olivier Cresp chez Chanel, je ne savais pas vraiment qui allait reprendre cette place vacante mais, cette fois, l’annonce est officielle : Louise Turner, à qui j’avais déjà consacré un portrait, est le nom annoncé mais sous une autre forme. La maison Caron, dans sa communication, une collaboration avec Givaudan. Je ne sais pas vraiment quelles en sont les modalité mais la formulation m’a un peu surpris, je dois bien l’avouer. La marque explique : « Louise Turner à la tête des créations olfactives de la Maison Inspirée par la générosité de la nature, Louise Turner puise son imagination dans ses souvenirs d’enfance, notamment les jardins anglais du Kent. Elle crée des parfums « qui racontent une histoire inédite, donnent envie d’être portés, et touchent ceux qui les portent ». Réputée pour sa faculté à ciseler les notes florales et pour son style qui mêle technicité et audace créative, elle considère le parfum comme un moyen d’exprimer ses souvenirs et de retranscrire ses émotions les plus profondes ».

Jusqu’à Présent, Louise Turner, a créé des parfums très différents, certains très mainstream, j’imagine avec des briefs précis, et d’autres pour lesquels elle a du avoir plus de liberté. Pour le grand public, elle a travaillé pour Azzaro, Caroline Herrera, Cerruti, Chloé (on lui doit le très beau « Magnolia Alba » dans la collection privée), Mugler, Coach, Dior ou encore Hugo Boss. En ce qui concerne la parfumerie plus confidentielle, elle a participé à plusieurs collections privées comme celles de Dries Van Notte, Martin Margiela ou Tom Ford. Côté parfumerie indépendante, elle a composé « La Beauté du Diable » et « Blanche Bête » pour Liquides Imaginaires ainsi que quelques créations pour Ex Nihilo ainsi qu’une très belle collection chez Jo Malone en 2019. Je m’y étais pas mal penché pour faire une sélection mais je n’ai pas vraiment cerné encore réellement sa signature.

Je dois dire que je reste prudent. J’étais très enthousiaste lorsque la maison avait engagé Jean Jacques car ses créations pour Isabey étaient vraiment magnifique mais j’avoue que, finalement, j’ai été déçu par le côté conventionnel et presque cheap qu’a voulu, par son truchement, la maison Caron et le groupe Rothschild. Je ne forme donc pas trop d’espoir dans cette nouvelle nomination même si Louise Turner semble enthousiaste et si je ne remets pas du tout en doute la très belle qualité de son travail passé et, effectivement, sur les notes florales. Je dois dire que j’attends la première création avec un mélange de curiosité et de circonspection. Wait and see !

* Article enrichi

Il peut piquer un peu, déplaire aussi ou évoquer des effluves de cuisine mais force m’est de constater que le cumin, que je n’aimais pas du tout lorsque j’ai commencé à exercer un peu mon nez, est une épice que les parfumeurs aiment à utiliser. Je pense à Edmond Roudnitska pour qui il était une note de prédilection mais également à d’autres, plus près de nous comme Marc-Antoine Corticchiato, Francis Kurkdjian et, bien évidemment Jean-Claude Ellena qui l’ont mise en valeur. Je dois dire que je suis parfois un peu dubitatif lorsque je la sens en tête mais, lorsqu’elle est travaillée de belle manière, elle prend toute sa place. J’ai choisi cinq parfums dans laquelle la note est particulièrement mise en valeur et je dois dire que j’ai pris un petit plaisir presque coupable à les redécouvrir.

C’est avec « Aziyadé » créé par Marc-Antoine Corticchiato en 2008 cette note dominante. Le parfumeur décrit ainsi cette création singulière : « Oriental, épicé et fruité, Aziyadé s’ouvre sur un accord grenade détonnant puis délivre les notes liquoreuses des dattes confites, des oranges et des pruneaux. Ses épices aphrodisiaques nous plongent au cœur de nuits orientales où les larmes d’encens se mêlent aux muscs, au ciste et à la caroube. Création excessive et charnelle, Aziyadé ruisselle de sensualité ». Après une envolée d’amande douce, de prune confite, de date et de grenade associée à l’orange amère, le coeur de ce parfum est très épicé. Cannelle, cardamome, gingembre et carvi se groupent autour du cumin pour nous emmener dans un univers d’oasis dans le désert. Le fond d’encens, de ciste, de tabac et de patchouli est légèrement vanillé. Audacieux, presque étrange, « Aziyadé » n’est pas le parfum de tout le monde et je ne le trouve pas forcément facile à s’approprier pourtant je l’ai porté et j’ai bien aimé. Je m’étais vu offrir une miniature il y a quelques années. Au premier abord, j’ai cru ne jamais pouvoir le porter et pourtant j’ai trouvé qu’il ne m’allait pas si mal que ça.

Le plus célèbre parfum dans lequel la note de cumin est très présente est sans aucun doute « Femme » de Rochas. « Parfum culte créé par Marcel Rochas en 1948 pour sa femme Hélène, Femme est un hommage du grand couturier à l'absolu féminin. Son accord chypré-fruité-épicé au sillage sensuel et voluptueux fait de lui, la quintessence de la séduction au féminin ». Cet immense succès qui fit la réputation d’Edmond Roudnitska a certes été reformulé (notamment en 2013 par Olivier Cresp) durant les décennies qui ont suivi sa création mais il a toujours gardé son départ prune, cannelle, palissandre et cumin, son coeur clou de girofle, oeillet, rose et ylang ylang et son fond de mousse de chêne de patchouli et d’ambre. J’ai une certaine prédilection pour ce parfum. Je ne connais, bien évidemment que sa version la plus moderne car il a été reformulé récemment mais je me suis laissé dire qu’il avait retrouvé des accents communs avec ce qu’il était à sa création. Pour moi, il est le premier parfum de l’histoire dont l’écriture épurée rompait avec les best sellers de cette époque. Edmond Roudnitska est allé à l’essentiel tout en gardant des facettes épicées et fruitée s’harmonisant avec un chypré floral. On pourrait le croire daté mais personnellement, je le trouve très intemporel.

 

« Imaginé en 1951 par Edmond Roudnitska autour d’un thème hespéridé épicé floral, Eau d’Hermès est le premier parfum de la maison. Il puise son inspiration dans l’évocation d’une odeur merveilleuse et pleine de sensibilité : «L’intérieur d’un sac Hermès où flottait l’arôme d’un parfum… Une note de fine peausserie enrobée de frais effluves d’agrumes et relevée d’épices», commentait alors le compositeur. Une odeur puissante et sensuelle qui s’adresse aux hommes autant qu’aux femmes. La collection des Classiques témoigne des premières rencontres entre Hermès et le parfum. Ces intemporels racontent le patrimoine vivant de la maison, ses références, ses confidences… ». Je vous ai déjà proposé un article sur « L’Eau d’Hermès » qui est, pour moi, une merveilleuse découverte. Après une envolée de bergamote, de petit grain, de sauge et de lavande, le parfum se fait épicé avec des notes de cardamome, de cannelle et de cumin autour d’un coeur de géranium pour se poser sur un accord cuir de Russie, bouleau et mousse de chêne. Je ne vais pas développer plus car j’en ai déjà beaucoup parlé mais je me suis laissé dire que ce parfum était celui d’Edmond Roudnitska, son créateur mais aussi celui de Jean-Claude Ellena lorsqu’il travaillait pour la maison Hermès. Du coup ma transition est toute trouvée.

C’est en 2013 que Jean-Claude Ellena crée pour la collection des Hermessences, un parfum complètement atypique qu’il décrit ainsi : « «Le parfum d’une rencontre entre un homme de goût et un homme de nez. Je désirais vous inviter à la découverte des odeurs d’épices, de rhum, de parquet ciré et de bois fumé. Une forme d’évasion inspirée par l’odeur vivifiante, stimulante des côtes bretonnes. Une Hermessence corsaire.» Epice Marine offre des parfums d’épices brisées par les odeurs vivifiantes de la mer. ». C’est sur les conseil d’un autre passionné de parfums que je suis allé le découvrir il y a peu et je dois dire que c’est un peu une révolution olfactive. C’est un parfum linéaire qui allie des notes marines, du vétiver et de la mousse de chêne à des épices comme le cumin et la cardamome pour se terminer sur un fond de cannelle, de noisette et de graine de sésame. Je trouve « Épice Marine » absolument étonnant. Très souvent, dans cette collection, Jean-Claude Ellena a utilisé les épices (« Poivre Samarcande », « Paprika Brasil »…) mais jamais avec autant de singularité. Ce parfum-ci ne ressemble absolument à rien d’autre et il me transporte sur les îles bretonnes à la fin de l’été, le soir, enveloppé dans un pull en cachemire. C’est un bijou.

Le dernier parfum dont j’avais envie de vous parler, je l’ai déjà évoqué lorsque je l’ai découvert. Il s’agit de « Eau Noire » créé en 2004 par Francis Kurkdjian pour la collection privée de Christian Dior. Il faut aujourd’hui partie des Rarissimes. C’est un oriental fougère avec un départ de sauge sclarée, un coeur de lavande, de café, de cèdre et de cumin et un fond de réglisse et de violette. C’est un parfum très aromatique. La marque le décrit ainsi : « Eau Noire est l'interprétation d'un esprit smoking dans une eau du soir intense, nimbée de mystère. Une interprétation de la lavande en clair-obscur, faisant écho à l'atmosphère du château de la Colle Noire, propriété de Christian Dior située à Grasse, en Provence ». Je dois dire qu’il m’a un peu surpris. Si j’ai été très séduit par son envolée, le développement m’a vraiment dérouté et je ne peux pas dire que je le porterai. J’en salue toutefois l’originalité et la créativité. C’est un parfum qui se veut élégant mais je le trouve surtout singulier. Vous me direz que l’un n’empêche pas l’autre mais finalement, il sort un peu trop de ma bibliothèque olfactive pour me plaire vraiment.

Pour conclure je dirais qu’il m’a vraiment fallu apprivoiser la note de cumin mais que, finalement, maintenant, je l’aime assez lorsqu’elle fait partie d’une composition qui entre dans mes goûts. Je suis particulièrement fan de son duo avec la prune dans « Femme » ou de son alliance avec les hespéridés et le cuir dans « L’Eau d’Hermès ». Cette épice est également très intéressante lorsqu’elle est rafraîchie par les notes marines dans « Épice Marine ». Mon attirance récente pour le cumin prouve que mes goûts, sans changer radicalement, évoluent tout le temps. Pour ma part, je porte avec délice « L’Eau d’Hermès » et je dois dire que je n’en n’ai que des compliments.