Mes parfums préférés : "Héliotrope Blanc"
Il a été créé en 1850 par Louis-Toussaint Piver. Il a été reformulé dans le style de l’original. Il existe en lotion (autrement dit en concentration eau de Cologne) et en eau de toilette. Il est délicieusement raffiné et il coûte, suivant les points de vente, entre 9 et 28 euros. Ce parfum iconique c’est bien évidemment « Héliotrope Blanc » de LT Piver. C’est un petit plaisir vraiment pas cher. Je l’ai eu dans sa toute première version et, quand j’ai pu trouver l’eau de toilette, je me suis jeté dessus. J’adore son effluve d’amande poudrée et vanillée. Je le trouve vraiment super addictif et élégant. En dépit de son prix vraiment très bas, il est, il faut bien le dire, d’une grande élégance et d’une très belle qualité. Je l’ai déjà évoqué plusieurs fois mais je ne lui avais jamais consacré un article. À ce prix-là, pourquoi se priver ? Après une envolée d’héliotrope vraiment amandée et très persistante, le coeur de jasmin et d’ylang-ylang se fait addictif, floral dense et particulièrement agréable. Le fond, légèrement boisé (juste ce qu’il faut) et vanillé est super beau. Je le porte mais je l’utilise aussi sur mes draps ou dans mes serviettes de toilette. J’adore « Héliotrope Blanc ». Pour moi, c’est une vraie trouvaille. Son équilibre est parfait pour moi.
La version lotion en petit format
La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Au départ, les bouquets fragiles et voluptueux de jasmin et d’ylang-ylang développent une petite musique suave, reprise à l’unisson par les accents chaleureux de l’amande et de la vanille. Concocté à partir d’essences naturelles, extraites de centaines de kilos de pétales, souvent minutieusement cueillis à la main, ce cortège floral annonce l’arrivée de la grande séductrice, l’héliotrope. Les volutes de cette fleur blanche, infiniment sensuelle, enveloppent le corps d’un voile troublant, fidèle tout au long de la journée. Griserie assurée. Ce sillage intense, qui s’amplifie durant les chaudes soirées d’été, est une invitation au voyage, vers des rivages exotiques, ensoleillés. On chuchote aussi que cette fleur précieuse, qui se referme à la tombée de la nuit, porte bonheur ». Sur la peau, en tout cas sur la mienne, il se fait vite très amandé et dense mais c’est trompeur car, au bout de quelques minutes, il devient parfum de peau et très poudré avec un côté vraiment floral et lumineux. Son sillage est très limité et sa tenue aussi mais j’ai remarqué quelque chose. Si j’achète un flacon d’avance et que je le laisse un peu trainer avant de l’ouvrir, la tenue devient meilleure. En tout cas, je suis très content de l’avoir découvert. Je ne l’ai pas porté depuis très longtemps mais je le trouve particulièrement joli et je l’ai ressorti pour en profiter à nouveau.
Magalie Leroux, déjà dix ans de beaux parfums
C’est en redécouvrant la maison Première Note que je me suis rendu compte que je connaissais bien plusieurs parfums créés par Mélanie Leroux, un jeune nez comme on dit dont le travail est vraiment à suivre. Je trouve qu’elle a déjà une signature très affirmée. Je me suis donc penché très attentivement sur ce qu’elle a composé et j’ai décidé de retenir quatre parfums qui m’ont vraiment impressionné. Je me suis aperçu qu’il y avait vraiment un fil conducteur dans son travail et j’espère que je vous donnerai envie d’en savoir un peu plus à votre tour. Allez, je vous emmène avec moi dans un univers parfumé tout en élégance et en délicatesse.
Pour ce qui concerne « Première Note », j’aurais pu revenir une fois encore sur « Lys Toscana » qui est vraiment un coup de coeur mais j’ai préféré retenir une création dont je n’avais encore jamais parlé. J’ai choisi « Orange Calabria » créé donc par Mélanie Leroux et dont j’ai bien aimé l’évolution. La marque le décrit ainsi : « Orange Calabria stimule les sens. Les notes fraîches et dynamiques de deux variétés d’oranges se marient à des notes florales et menthées en cœur. Le santal, l’héliotrope et les muscs blancs offrent un fond intense et chaud à cette eau de parfum ensoleillée. Pétillante et fascinante ». Je trouve qu’il y a quelque chose de vraiment estival, bien sûr ,dans ce parfum hespéridé mais aussi de très élégant et délicat. C’est sur un duo d’orange que se base l’envolée avec des notes de bigarade italienne et d’orange douce du brésil associé au côté un peu vert du petitgrain du Paraguay. Le coeur de jasmin égyptien et de menthe indienne revêt vraiment quelque chose de très frais ce qui est renforcé par une variété très végétale de fleur d’oranger. Le parfum s’adoucit un peu sur les notes de fond avec les muscs blancs, l’héliotrope et le bois de santal. Je trouve que ce parfum, au demeurant finalement assez complexe, est une trouvaille pour un été de canicule car il, s’il n’est pas vraiment explosif, il demeure très facetté et d’un chic un peu contemporain qui me plait.
Je ne pouvais pas parler de Mélanie Leroux sans évoquer « Myrrh Casati » qu’elle a créé en 2014 pour Mona di Orio après la disparition de la parfumeure qui a donné son nom à la maison. En effet, je l’ai découvert il y a quelques mois chez Marie-Antoinette, une très agréable et pionnière parfumerie de niche située dans le Marais à Paris. J’avais résolu de sentir les créations des autres parfumeurs qui ont travaillé pour une maison que je connais très bien et j’ai trouvé l’esprit respecté. « Myrrh Casati est une ode à l'icône de la mode et de l'art Marchesa Casati : de la myrrhe noire envoûtée par des notes aigre-douces richement herbacées de réglisse, de cardamome et de safran ». C’est un parfum complexe, épicé très spirituel si j’ose dire. Il s’ouvre avec des notes de baies rouges du Péro, du poivre rose, de la cardamome, de safran pour nous emmener sur un coeur de réglisse, de benjoin, de myrrhe et d’encens puis un fond de patchouli, de cypriol et de bois de gaïac. Très franchement, alors que j’étais plus ou moins réfractaire à la vue des notes, j’ai beaucoup aimé ce parfum. Je le trouve d’une grande élégance et d’une originalité très satisfaisante. Je l’ai pris comme un exercice de style et je trouve que Mélanie Leroux n’a pas démérité car il est difficile de reprendre le flambeau après une créatrice à l’univers si affirmé. Je pourrais tout à fait porter cette création même si elle s’éloigne pas mal de mes goûts de base.
Je ne sais pas ce que devient la maison Héloïse de V que l’on trouvait vraiment facilement il y a quelques années et qui était développée par Valérie André et je le regrette car j’aimais bien plusieurs créations notamment « Héloïse » composé par Mélanie Leroux en 2017 pour la collection Voyages Lointains. Ce parfum est dédié à Héloïse de Valfons qui doit sans doute être une ancêtre de la fondatrice de la marque et probablement une voyageuse émérite car je trouve que ce parfum épicé nous entraîne sur la Route des Indes et des épices avec un départ de bergamote classique, un coeur de poivre et de cardamome et un fond d’ambre et de patchouli enveloppé de petites touches de cashmeran. Je le trouve atypique et facile à porter à la fois. J’ai beaucoup tourné autour à une époque et je le connais bien. Je m’étais toujours dit que, si je croisais sa route, j’allais peut-être chercher à le porter un peu pour être sûr qu’il pourrait me convenir. Il m’a un peu rappelé, dans son esprit, « L’Anarchiste » de Caron que j’aimais énormément et qui, aujourd’hui, n’existe plus. Je vais me pencher sur la marque et voir si l’on peut toujours trouver Héloïse de V.
Je ne me souviens plus du tout comment j’ai découvert les parfums Franck Boclet. Je suppose que c’était chez Jovoy à Paris mais j’ai plusieurs échantillons de la Fragrance Collection. Cela tombait bien car je voulais continuer de retracer le parcours de Mélanie Leroux. Parmi ceux qu’elle a créé pour la marque et la collection, j’ai retenu « Leather » que la marque décrit ainsi : « Les notes épicées du safran et du cumin côtoient en tête le citron pour un départ pétillant. En cœur le girofle vient magnifier les notes florales de la rose et du jasmin. En fond la note cuir est rehaussée par l’ambre pour lui conférer cette dimension orientale ». J’ai beaucoup aimé le côté à la fois très délicat et épicé de ce parfum qui est un cuir qui pourrait peut-être plus plaire au femmes avec son côté vraiment très élégant et facetté. Pour le décrire un peu mieux, je dirais que c’est un cuir délicat, renforcé avec des épices plutôt froides et un fond boisé très bien travaillé. Même si dans la collection, et vous n’en serez pas surpris, j’avais surtout retenu « Chypre », je trouve « Leather » vraiment très bien réalisé et supe élégant. Là encore, c’est un parfum qui a du caractère et je crois que je pourrais parfaitement le porter.
En résumé, j’aime beaucoup le travail de Mélanie Leroux. En conclusion, je dirai qu’il faut absolument se pencher dessus et aller les sentir. Je pense que vous pourriez être surpris voire séduits. Il y a un petit je-ne-sais-quoi dans ses créations qui donne envie d’y revenir et de les porter. En tout cas, si je dois opter pour un de ces quatre compositions, je sais déjà peut-être vers laquelle va ma préférence.
Première Note, en toute simplicité
Qu’est-ce que Première Note ? Il s’agit d’une marque française née en 2015 et dont les parfums ont étés composés par Mélanie Leroux, Karine Dubreuil-Sereni, Jérôme di Marino et Maïa Lernout. Son fondateur, Hervé Josserand décrit ainsi sa démarche : « Notre ambition en créant Première Note était de revenir aux valeurs essentielles de la Haute Parfumerie : des matières premières simples et nobles, des fragrances chics et intemporelles, des flacons luxueux et sobres. Notre objectif est de répondre à une demande de plus en plus marquée pour une catégorie de parfums de niche accessibles. Nous avons créé des parfums très qualitatifs, esthétiques et accessibles pour une large clientèle qui aime des créations authentiques et exclusives ». Il en résulte 17 créations réparties en deux collections Les Jardins Magiques et les Élixirs Orientaux. J’avais découvert la marque il y a déjà quelques années au Printemps Haussmann mais c’est surtout depuis son arrivée à Lyon à la boutique Parfums et Papilles, dans le 8ème arrondissement, que j’ai pu redécouvrir chaque création. Je remercie d’ailleurs Cathy pour sa collaboration et pour m’avoir accompagné dans cette démarche avec son goût et sa passion. J’ai choisi quatre parfums qui m’ont particulièrement séduit mais les deux collections sont vraiment très belles et méritent d’être découvertes.
Créé en 2018 pour la collection Jardins magiques, « Pera Malta » est sans doute le plus naturaliste et le plus atypique des parfums de cette série. La marque le décrit ainsi : « Une ballade entre poiriers, freesia et magnolia. Une eau de parfum juteuse, délicate et enveloppante. Le croquant de la poire, sa rondeur suave, la fraîcheur de ses feuilles, les senteurs gorgées du soleil méditerranéen… Plongez au cœur de ce jardin suspendu ». C’est un vrai floral fruité, bien construit avec une envolée fraîche et douce à la fois sans doute de bergamote, un coeur de freesia, de poire et de magnolia et un fond de muscs blancs. Je trouve l’évolution très belle entre notes vraiment pétillantes, suaves, aquatiques et florales. C’est un parfum parfaitement lisible, assez original et qui pourrait être vraiment un classique s’il était plus diffusé car il s’avère à la fois élégant, réconfortant, rafraîchissant et plein d’énergie. J’étais un peu passé à côté quand j’ai découvert la marque. C’est une création toute en simplicité, épurée et vraiment très agréable à trouver et à retrouver. Il n’est pas tout à fait mon coup de coeur mais je l’ai quand même bien aimé et je le réessayerai volontiers.
Avec « Lys Toscana » créé par Mélanie Leroux, je confirme vraiment mon coup de coeur car vraiment, lorsque je l’avait redécouvert il y a quelques mois, il m’avait séduit. Pour moi, il surpasse même « Mimosa Austral » dont je vous reparlerai sans doute dans quelques temps. Il s’ouvre sur une très belle bergamote d’Italie pour nous conduire sur un coeur très chic et frais de fleur d’oranger tunisienne qui domine un bouquet floral qui reproduit la facette fraîche du lys qui n’est pas forcément évidente au premier abord. Je le trouve à la fois minéral et floral. En tout cas, j’ai à nouveau eu une attirance pour ce parfum que la marque décrit ainsi : « Un accord floral inspiré d’une promenade dans la campagne toscane. Envoûtant et subtilement sensuel. Dans la vapeur de la campagne toscane, le lys règne dans ces espaces où eau, pierre et fleurs s’entremêlent. Errer dans ces recoins, c’est chercher la pépite plantée incarnée ici par le lys. La note est suave et douce. Florale, blanche et intense, elle se découvre subtilement sensuelle ». Ce floral frais et net me plait, il pourrait bien m’accompagner cet été.
Avec la collection Élixirs Orientaux, j’ai été surpris car mon attirance va vers deux parfums qui, sur le papier, avaient tout pour me déplaire. Et pourtant… Le premier, « Tasman Santal » créé par Jérôme di Marino en 2017 est décrit par ces mots : « Un accord enveloppant autour d’un santal épicé, chaud et intense inspiré par la savane australienne. Aux confins de l’Australie les forêts de bois de santal aux tonalités douces, onctueuses et lactées fascinent. La note dégage une odeur de velouté, chaleureuse, voire légèrement animale, juste envoûtante ». C’est vrai que c’est une invitation au voyage et, curieusement, le côté très crémeux du santal ne me dérange absolument pas car il est complètement contrebalancé par la douceur fraîche d’une très belle bergamote en tête et un coeur de benjoin résineux et particulièrement bien pensé. Linéaire, très épuré, ce parfum va à l’essentiel et cela lui donne un chic assez étonnant. En général, la facette lactée du santal me rebute et là, à l’instar de « Santal 33 » que l’on peu trouver dans la collection classique de la marque Le Labo, il me réconcilie parfaitement avec cette note. Je ne sais pas si je suis prêt à le porter mais j’ai beaucoup aimé le redécouvrir.
Mon choix de cette sélection le plus improbable est sans aucun conteste « Himalayan Oud » créé en 2015 par Jérôme di Marino pour cette collection Élixirs Orientaux. « Au cœur des mystères de l’Orient. L’oud précieux de l’Himalaya, nimbé de notes épicées et d’encens. Au loin résonne l’écho d’un gong Tibétain accompagné de cuivres graves, lents. Forêts, pinèdes et prairies se succèdent au pied de la « demeure des neiges », l’Himalaya. Dans un sillage de fauve et d’encens, le bois d’oud dévoile ici tous les mystères de l’Orient. Dominantes, ses facettes puissantes et animales percutent ». En général, je n’aime pas la note de oud du tout surtout quand elle est animale mais la qualité de la matière première utilisée n’est sans doute pas pour rien dans mon ressenti. En effet, le parfumeur a enveloppé cette très belle qualité de oud de l’Himalaya de notes épicées de safran et de cumin qui lui donnent une certaine fraîcheur et une grande élégance. Je trouve que « Himalayan Oud » allie le côté très « ethnique » que j’aime vraiment en parfumerie avec une finesse tout à fait inédite. Très franchement, et contre toute attente, je pourrais parfaitement le porter.
Il ne faut jamais dire jamais. En effet, si j’ai complètement adhéré à la collection des Jardins Magiques, j’étais un peu plus réticent à celle des Élixirs orientaux mais je dois bien dire que les parfums de cette sélection qui m’ont le plus séduit étaient ceux qui auraient du ne pas me plaire sur le papier, en tout cas si je lisais la pyramide olfactive. Contrairement à mon habitude, je me suis laissé porter par le santal et le oud alors que ce sont, en principe, des matières premières qui me rebutent un peu. En tout cas, la qualité des créations et la simplicité de la démarche a su m’appeler et je remettrai, à l’avenir, plus facilement mon nez dans les créations de Première Note.
"Jasmin Bonheur", le nouvel opus de L'Art et la Matière
« Jasmin Bonheur dévoile un jasmin haut en couleurs, teinté de nuances joyeuses – l’orangé radieux de la note abricot, le violet vibrant de l’iris poudré, le rose tendre de la rose - dans une édition limitée d’art, inspirée par la palette éclatante d’Henri Matisse. Peintre du bonheur par essence, maître sublime des couleurs, Henri Matisse est l’un de plus grands génies de l’art du XXème siècle. Guerlain collabore avec Maison Matisse - fondée par Jean-Matthieu Matisse, l'un des arrière-petits-fils du peintre - pour célébrer l'art du bonheur. Inspirée de l’œuvre « Les Mille et une Nuits » d’Henri Matisse, la précieuse édition Maison Matisse de Jasmin Bonheur transforme la plaque de son capot et l’écrin de son parfum en parures. Une édition limitée à 1000 pièces dans le monde ». Tels sont les mots de la maison Guerlain pour décrire « Jasmin Bonheur », la toute nouvelle collection de Delphine Jelk pour la collection L’Art et la Matière. Je suis allé en parfumerie pour le sentir voire même l’essayer. Je dois dire que je suis toujours attentif aux nouveaux parfums de Delphine Jelk qui prend de plus en plus d’importance chez Guerlain et qui, ces dernières années, a signé pas mal de nouveautés. J’avais été assez impressionné par les oud qu’elle avait composé en collaboration avec Thierry Wasser alors que c’est loin d’être ma matière première de prédilection.
Delphine Jelk
Ce parfum est présenté par la marque comme un floral fruité et il s’ouvre sur la bergamote traditionnelle de la marque associée à des notes d’abricot puis vient un coeur de jasmin, rose et fleur d’oranger assez classique associé à une discrète note d’iris. Je n’ai pas vraiment identifié le fond et pour moi, c’est plutôt un floral pure et assez linéaire mais ce n’est que ma perception. Très honnêtement, je n’ai pas vraiment accroché. J’aime bien les parfums où le jasmin est travaillé en majeur et là je suis complètement resté sur ma faim. Je trouve la construction très classique, la création sentie et re-sentie des dizaines de fois en parfumerie et je ne discerne même pas la qualité supérieure des matières premières utilisées. Je suis assez clients des jasmins en parfumerie. J’ai beaucoup porté « Jasmin de Pays » créé par Jean-Claude Ellena pour Perris, « Madagascan Jasmine », composé par Michel Roudnitska pour Grandiflora et bien d’autre or celui-ci ne retient que très peu mon attention. En outre, j’ai déjà un peu de mal à comprendre comment se justifie le prix exorbitant des parfums de la collection L’Art et la Matière et là, sincèrement, c’est encore plus le cas. Pour moi, « Jasmin Bonheur » est assez joli mais il ne se démarque pas vraiment de ce que j’avais déjà senti. C’est donc une impression en demi-teinte mais, encore une fois, c’est mon ressenti. Cela n’a absolument pas valeur de critique.
Fredrik Dalman, la nouvelle âme de Mona di Orio
J’ai pas mal hésité à écrire cet article car je suis tellement attaché aux créations de la regrettée Nathalie di Orio alias Mona pour sa maison éponyme que j’ai un peu considéré le fait de m’intéresser aux créations lancées après sa disparition comme un infidélité mais je crois qu’il faut que je laisse quand même une place au travail de Fredrik Dalman qui a repris le flambeau après un court passage de Mélanie Leroux le temps d’un parfum. Il a créé quatre parfums pour la collection classique ainsi que toute celle que je ne connais pas et qui s’appelle The Alinea Collection. Je vais donc me concentrer sur les quatre premiers. On ne sait pas grand-chose de son parcours sinon qu’il a vraiment apporté sa signature, à la fois différente de celle de la fondatrice de la marque et suffisamment originale pour prendre le relai et plaire aux amateurs de Mona di Orio. J’avais déjà évoqué « Dõjima » qui est mon préféré mais, grâce à Antonio, de la parfumerie parisienne Marie-Antoinette, j’avais pu découvrir ces parfums il y a quelques mois et j’ai décidé d’y repenser pour vous décrire le mieux possible mes impressions.
Le premier parfum signé par Fredrik Dalman en 2016 est « Bohea Bohème » qui, c’est vrai, est une belle création originale. La marque le décrit ainsi : « Résines et bois précieux accentuent le thé de Bohéa, tandis que des facettes de notes fraîches, douces et terreuses se posent sur la palette. Des accords vifs et épicés de bergamote et de poivre de Sichuan arrivent avec l'élégance poudrée de l'iris florentin et les fleurs fruitées de l'absolu d'osmanthus, comme le foin sec et les notes vertes subtiles de la surface du géranium. La chaleur du parfum s'approfondit et s'attarde alors que le thé sophistiqué est imprégné d'ambre noisette, de bourgeons de peuplier miellés et d'une infusion de baumes, de bois de chêne et de gaïac. Ce qui transpire est un parfum boisé luxueux avec un vibrato balsamique, non conventionnel et séduisant » et je trouve que c’est assez bien résumé. Le parfum s’ouvre, sans presque de notes de tête sur un thé noir et fumé presque huileux, de camomille et de genièvre fumé puis, arrive un iris pallida rehaussé de sapin baumier très résineux puis le fond, très mousse de chêne est arrondi et encore baumé par une note de cire d’abeille. Je dois dire que je sens aussi très bien la note d’osmanthus en coeur qui donne un côté à la fois cuiré et fruité. Il faut bien le dire « Bohéa Bohème » est un très joli parfum, très singulier et j’ai aimé le découvrir mais je ne suis pas du tout certain de pouvoir le porter car il y a une note, je pense issue d’une molécule de synthèse, qui me gêne un peu lors du développement sur ma peau. Il n’en demeure pas moins vraiment bien réussi et il faut le découvrir.
« Un parfum qui caresse la peau comme des gants de daim doux. Des notes d'osmanthus, de poivre de Sichuan, de bois de cèdre sont combinées avec la richesse terreuse du patchouli. Le parfum s'adoucit avec le temps, s'attardant sur une note chaude de suède laiteux gonflée par un musc précieux ». En 2017, Fredrik Dalman signe « Suède de Suède », son premier cuir qui est plutôt comme une suède, un daim, velouté et très profond mais d’une douceur absolue. Il s’ouvre sur des notes de poivre de Sichuan très discret et de feuille de fraisier puis le parfum nous entraîne sur un accord de suède que je trouve presque trop doux mais qui s’enrichit du versant cuiré de l’osmanthus puis d’un fond basé sur un accord castoréum un peu animal renforcé par du patchouli, du bois de cèdre et des muscs. Personnellement, je n’ai pas tellement adhéré à « Suède de Suède » que je trouve vraiment trop doux, presque doucereux même si je reconnais que c’est une belle création. Il y a, une note vraiment très lactée qui m’évoque un peu un travail sur le santal que je n’aime pas même si la marque ne communique pas du tout dessus. Je dois dire que « Suède de Suède » n’est vraiment pas mon préféré. Ceci dit, il est quand même remarquablement bien construit et composé de belles matières, je n’en disconviens pas. Il faut juste dire qu’il n’est pas pour moi.
« Dõjima » est, je l’ai déjà dit, vraiment mon préféré de cette série de quatre. Fredrik Dalman l’a créé également en 2017 et vraiment, il faut le dire, c’est une réussite. « Le nom dérive du Dōjima Rice Exchange fondé par Samurai en 1697 à Osaka, au Japon. Remontons à ce moment dans le temps, ayons la beauté et la sérénité d'un seul grain de riz comme armure de séduction. Dõjima se transforme en poudre en se combinant avec la chaleur de la peau et un nuage de poudre de riz entouré de jasmin et d'iris rayonne tout au long de la journée. La texture douce du riz est relevée par un ambre poudré chaud tacheté d'épices sèches et de bois sur une base de musc crémeux ». Il est indéniablement poudré, très élégant et un peu lacté alors que là, bizarrement, ça ne me dérange pas du tout. Il m’évoque un peu un thé tchaï avec son départ basé sur un accord de riz, un absolu de noix de muscade qui est une note que j’aime beaucoup en parfumerie, son coeur de graine d’ambrette, de jasmin, d’iris et de sauge sclarée et enfin son nom de labdnaum, de bois de santal et de muscs. Il est vraiment équilibré et je le trouve très proche de mes goûts. J’avais un peu peur du côté « eau de cuisson du riz » que j’ai un peu retrouvé dans certains parfums ces dernières années mais je trouve que le côté poudré rend ce parfum vraiment très élégant et original. En tout cas, il n’est pas du tout convenu et il faut vraiment l’essayer sur la peau.
Comme son nom l’indique, « Santal Nabataea », lancé en 2018 est plutôt un boisé. « Un parfum autour du bois de santal inspiré de l'ancien royaume de Nabataea et de leur capitale Petra. Un voyage olfactif illustrant l'histoire des gens, leurs vastes relations commerciales, leur savoir-faire architectural et l'environnement même dans lequel ils ont passé leur vie. La base est une ode à la plus haute qualité du bois de santal et à l'odeur d'argile du grès de couleur terre cuite dans laquelle Petra est taillée. La beauté et le romantisme de l'antiquité classique avec une approche moderne ». Le moins que l’on puisse dire est que ce parfum est vraiment très étonnant. Il s’ouvre autour d’un poivre noir très présent, d’abricot sec et de feuille de cassis ensuite vient un coeur de laurier rose et d’opoponax et enfin, le parfum se pose sur un fond basé sur un accord d’argile que je ne sens pas, de bois de santal rendu très dense par une note de café et arrondi voire amandé par la fève tonka. C’est un parfum vraiment très moderne et on est loin du bois de santal lacté ou même crémeux classique. Là, le parfum est un peu rond mais surtout il présente vraiment un côté terreux très surprenant. Je dois dire que je n’ai pas beaucoup aimé le sentir sur ma peau. Il est superbement construit, original et complexe mais il est un peu trop éloigné de mes goûts. Il porte vraiment, en revanche, la signature d’un parfumeur de talent, qui ose bousculer notre nez et, en cela, il trouve sa place dans la collection.
Sur quatre parfums, je suis séduit par deux et je pourrais en porter un ce qui n’est vraiment pas si mal. Je ne collais pas la Alinea Collection mais je trouve que, dans les classiques, il a vraiment apporté quelque chose de différent, certes, mais d’intéressant et surtout dans l’esprit de l’oeuvre olfactive qu’avait construit Nathalie di Orio alias Mona. Je regrette un peu d’ailleurs que la politique des détenteurs néerlandais de la marque soit un peu négligente par rapport à une certaine diffusion en France car je crois qu’on ne peut trouver ces parfums qu’à Toulon chez Paris Parfum dans notre pays. Il semblerait que ce soit le dernier point de vente en France. Je le déplore car je suis très attaché à Mona di Orio.
Comme un grain de café
Si j’aime sentir le café torréfié, si je bois de ce breuvage depuis quelques années alors que je suis plutôt un amateur de thé, j’ai, la plupart du temps, beaucoup de mal avec cette note en parfumerie. On m’a beaucoup demandé de faire une revue sur les créations dans laquelle le café est très présent que je préfère. À l’instar de l’accord framboise que je déteste, il m’a fallu vraiment me faire violence pour redécouvrir des créations dans laquelle la note est, sinon travaillée en majeur, au moins persistante voire omniprésente. J’en ai finalement trouvé trois dans lesquelles elle ne me dérange pas et même, j’ai trouvé l’association avec les autres notes originale et agréable.
Le premier parfum, je l’ai découvert grâce à Jessica qui vient très souvent sur ce blog et je l’ai beaucoup aimé. Il s’agit de « Fusion Sacrée - Clair » créé en 2012 par Bertrand Duchaufour pour Majda Bekkali. Il est ultra complexe et j’avoue que je l’ai vraiment beaucoup aimé. Il s’ouvre sur une envolée de café, de clémentine, de rhubarbe, de bergamote, de cassis et de coriandre puis évolue vers un coeur de tubéreuse très opulente associée à la fleur d’oranger, au jasmin, à la figue, au gardénia et au clou de girofle avec un accord lait. Le parfum se pose alors sur un fond de benjoin, de patchouli, de cèdre, de musc, de vanille, de baumes divers, d’ambre gris et d’héliotrope. Je connais bien la signature de Bertrand Duchaufour et, là encore, c’est une explosion de notes. Je dois dire que j’ai adoré ce parfum sur ma peau. Il est vraiment très facetté. Je lui trouve une élégance presque vénéneuse. Je me suis vraiment demandé si je ne pourrais pas le porter. Il y a seulement quelque chose qui m’a arrêté. Il est vraiment très opulent et j’ai un peu peur de ne pas l’assumer. En tout cas, c’est vraiment un bel oriental. Il m’a énormément plu.
« Awake » veut dire littéralement « éveillé » et c’est le nom du parfum supposé figurer l’addiction au café créé par Olivier Cresp pour Akro en 2018. « Booster chaque parcelle du métabolisme. Un résultat immédiat : énergie décuplée, attention accrue, sens stimulés. Chez soi, au comptoir, en terrasse. Seul ou a plusieurs. Le besoin express d’un expresso. Awake revisite le grain de folie du café, par un concentre d’énergie instable qui trouve sa puissance dans les senteurs amères ». Le parfum s’ouvre sur des notes de café et de citron puis nous emmène sur un coeur de cardamome puis un fond de vétiver. Là, indéniablement, la note est travaillée en majeur et je dois dire qu’il pourrait me déranger mais le fait qu’il n’y ait aucune note sucrée et que la fragrance soit adoucie par la cardamome. Je ne pourrais pas porter ce parfum qui est vraiment très réaliste mais je le trouve très bien réalisé. Il me plait bien comme expression artistique. Je le trouve très portable mais il est quand même loin de mes goûts. Ceci dit, c’est un très beau parfum qui devait être dans cette sélection.
« Après avoir élaboré une gamme de bougies et une ligne de bain, voici la première eau de parfum mixte de Jardins D’Écrivains. Baptisée George, on devine aisément la source d’inspiration… Le propos étant bel et bien là, la singularité, la modernité, l’élégance et la complexité d’où une certaine approche de la métaphysique des apparences. George était ainsi, indéfinissable, homme et femme, les deux statuts lui convenaient, l’amusaient.L’eau de parfum George est destinée aux hommes et aux femmes qui s’assument. Qui aiment livrer leur âme dans le sillage d’un parfum ». Je l’ai toujours dit, j’aime beaucoup « George » créé par Anaïs Biguine en 2012 pour Jardins d’Écrivains en hommage à George Sand. C’est un parfum complexe et, encore une fois très facetté. Il a une construction très originale avec un départ de néroli et de bergamote, un coeur de tabac, de café et d’héliotrope puis un fond de myrrhe, de baume du Pérou et de musc. Sur pa peau, il se développe magnifiquement et la note de café n’est pas du tout prépondérante. Elle est juste présente comme un complément au côté tabac amandé qui me plait énormément. J’ai déjà porté « George » et il est bien probable que j’y revienne.
Je n’ai pas tellement accroché avec la Sépia Collection d’Olfactive Studio mais j’aime vraiemnt beaucoup « Chypre Shot » créé en 2018 par Bertrand Duchaufour également. Il le décrit ainsi : « Chypre Shot donne vie à un accord chypré au caractère enveloppant et mystérieux. Sur un lit de mousse au mont Taranaki, clin d’œil à la mousse de chêne au cœur de la composition, un cercle de petits cailloux volcaniques provoque un événement chromatique dans le vert et la brume dominante ». Après une envolée de bergamote, de safra et de cardamome le coeur de café, de pivoine, de thé et de poivre noir vient apporter quelque chose vraiment moderne à la construction chyprée du parfum. J’aime beaucoup ce côté inédit dans une composition à la structure classique. Le fond est aussi très original avec le labdanum et l’accord ambre liés à l’association patchouli et mousse de chêne. Je tourne beaucoup autour de ce parfum mais sa concentration extrait m’effraye un peu. J’ai peut qu’il ne soit un peu trop envahissant pour moi. J’aime énormément ce parfum pourtant. Il est vraiment très joli et très original. Décidément, la signature de Bertrand Duchaufour me plait car la sophistication de ses créations me surprend à chaque fois.
En écrivant cet article, je me suis rendu compte que, travaillée d’une certaine manière, la note de café peut me plaire. Bien sûr, dans la sélection, « George » est mon favoris car elle reste discrète mais chacun des parfums que j’ai réessayé pour cette sélection. En tout cas, j’ai adoré le challenge et, comme toujours en parfumerie, je me suis rendu compte que je pouvais être très surpris.
Trois parfums d'hiver à petit prix
Avec cet article, j’ai envie de répondre à une question qui m’a été envoyée par Diane, qui est une jeune lectrice de ce blog et avec laquelle j’échange pas mal depuis un an. Elle me demandait de citer trois beaux parfums d’hiver peu onéreux et dont le prix des 100 ml ne dépasserait pas 100 euros. J’ai relevé le défi et je me suis creusé la tête. J’ai trois propositions vraiment intéressantes et je crois que je ne me suis pas si mal débrouillé. Je vous emmène donc à la découverte ou redécouvertes de trois très belles créations pour petits budgets.
J’aurais pu citer plein de parfums de la très ancienne maison française L.T. Piver, tels, par exemple, « Héliotrope Blanc », « Cuir de Russie », « Vétiver » ou encore « Pompéia » mais c’est après avoir vu sur YouTube la dernière vidéo de Clémence CC que j’ai remis mon nez dans « Cèdre » qui est vraiment un très beau chypré un peu cuiré et un peu boisé. Très franchement, je l’ai trouvé vraiment beau et il peut tout à fait rivaliser avec les créations de grandes marques et même de la parfumerie d’auteurs pour un prix vraiment raisonnable puisqu’il est vendu, en moyenne, 62 euros pour 100 ml. Il s’ouvre sur des notes de poivre rose et de bergamote très doux et un peu piquant puis le coeur floral d’iris est rendu légèrement aromatique par la lavande et, enfin le fond mousse de chêne et patchouli est renforcé par une note de cèdre, de musc et de bois de santal. Je trouve qu’il porte assez mal son nom car il a plutôt un côté patchouli que réellement boisé. « Cèdre, un chemin forestier aux accords de cèdre, de santal et de musc égayés par les baies. Séduction ». Le mot qui me vient est sans conteste « élégance ». Je rapprocherai ce parfum, dans son esprit de « George Sand » de Nicolas de Barry. Entre bois, cuir et chypre, c’est tout ce que j’aime.
« La distillation des feuilles de patchouli nous livre un parfum boisé agrémenté en tête d'orange amère, de gingembre et de petit grain du Paraguay. Il révèle un coeur parfumé de rose, relevé de carvi soutenu de musc et de fève de tonka ». À une époque, j’étais complètement accro à « Patchouli », l’un des iconiques de Fragonard. Je l’ai porté jusqu’à épuisement si j’ose dire et il était un aimant à compliments. Certes, c’est un classique mais je le trouve particulièrement qualitatif il faut bien le dire. La création est belle, la tenue incroyable et le sillage juste ce qu’il faut. Il est vendu en moyenne 34 euros les 100 ml et, franchement, la marque pourrait être beaucoup plus gourmande compte-tenu de la qualité de ce parfum. Il s’ouvre sur une envolée très duelle de petitgrain, de gingembre enveloppé d’orange amère et, déjà, je suis complètement conquis. Le coeur de patchouli et de rose est épicé par la graine de carvi et le fond de fève tonka, de muscs blancs et de cèdre est juste magnifique. En écrivant, je me dis qu’il me ferait envie à nouveau. Il est bien possible que je me le reprenne bientôt. J’aime beaucoup « Patchouli ». Il peut tout à fait rivaliser avec les autres parfums dans la même famille que je connais.
« C'est passionnant de créer de la beauté, la sensualité et l'excitation hors de l’invisible ». Quentin Bisch. Pour finir, j’ai choisi l’originalité avec le très contemporain « Bois Impérial » créé par Quentin Bisch et lancé en 2020 pour Essential Parfums. Je sais, j’en parle beaucoup et c’est un best mais, pour moi, dans cette catégorie, il est absolument incontournable. Très transparente, la marque le décrit de manière vraiment précise : « Les feuilles d'un basilic thaï épicé fraîchement écrasées rencontrent les facettes poivrées, pétillantes du pamplemousse et de l'absolu de poivre de Timut népalais. Une combinaison brillante qui contraste parfaitement avec la signature boisée audacieuse du parfum. Une huile de vétiver haïtienne verte, riche et terreuse fait écho à Georgywood - une molécule exclusive aux puissantes tonalités de bois de cèdre. Cette association boisée vibrante est illuminée par l'aspect floral du Petalia. Le majestique Akigalawood signe vraiment le parfum. Cet ingrédient naturel exclusif est recyclé à partir du patchouli grâce à un processus biotechnologique. Son caractère boisé épicé unique est rehaussé par une riche essence de patchouli indonésienne et une note puissante et durable d’Ambrofix ». Sur ma peau, il est à la fois vraiment boisé et très épicé ce qui est tout ce que j’aime. Je suis le fil de la pyramide avec le départ de basilic, le coeur de poivre noir et le fond de patchouli associé aux plus fascinantes molécules de synthèse qui lui donnent des facettes absolument inédites. « Bois Impérial » n’est pas un beau parfum, c’est un grand parfum vendu à un prix tout à fait raisonnable (voir même plus) puisqu’il coûte, en moyenne 78 euros pour 100 ml. C’est un petit plaisir pas très cher mais vraiment c’est une réussite absolue.
Voilà, j’ai rempli ma mission. Il y a plein de créations peu onéreuses qui peuvent nous permettre d’e passer un très agréable hiver parfumé mais ces trois-là sont, pour moi, absolument incontournables. Je me suis vraiment fait plaisir à y remettre mon nez et je pourrais porter chacun d’entre-eux même si, pour l’instant, je ne me suis approprié que les deux premiers.
Retour sur "Ganymède"
Depuis sa sortie, j’ai pu constater l’extrême succès de « Ganymède » lancé en 2019, créé par Quentin Bisch et dont j’avais déjà parlé et, de ce fait, j’ai eu l’idée d’aller le réessayer. J’ai eu l’opportunité d’avoir une grande miniature et donc de pouvoir le porter tout à loisirs. Je le sens d’ailleurs autour de moi alors que j’écris. C’est vrai qu’il ne ressemble à rien d’autre et que, en même temps, il est extrêmement facile à porter ce qui est plutôt, à mon sens, une qualité surtout lorsque l’on connait l’univers extrêmement affirmé voulu par le couturier pour sa collection de parfums. La marque le décrit par ces mots : « Composé par le parfumeur Quentin Bisch, Ganymede reprend les notes cuirées-daim qui avaient fait de B683 un beau classique. Mais cette fois, elles s’émancipent des codes traditionnels pour nous emporter ailleurs, vers une élégance lumineuse et fluide. Elles s’assouplissent, gagnent en légèreté et douceur tactile au contact de la violette tandis que la mandarine apporte sa vivacité pleine et acidulée. C’est elle qui donne le ton et la verticalité de la fragrance dès l’envolée et face à elle, l’immortelle vient en contre-point relever l’accord de ses facettes tantôt minérales tantôt salées. Toute la composition joue sur les contrastes et les oppositions. Les notes se répondent dans un dialogue permanent pour dessiner une nouvelle carte olfactive sur la peau, sur le revers d’une veste » et il est vrai que je lui trouve une vraie cohérence avec « B683 » le premier opus du tandem. J’aime beaucoup l’idée des contrastes et du clair obscur et je peux constater que c’est le cas lorsque l’on porte ce parfum car l’évolution est particulièrement facettée.
Les matières premières utilisées sont absolument justes et efficaces. En effet, le parfum s’ouvre sur une essence de mandarine d’Italie très présente, des accents de safran et d’une molécule appelée orpur que j’ai un peu de mal à définir mais qui a un côté salin je trouve puis nous arrivons, ensuite, mais avec un peu de patience, sur un coeur à la fois poudré par la feuille de violette et cuirée par un très bel absolu d’osmanthus de Chine. Au fond, Quentin Bisch a travaillé l’akigalawood qui lui est si cher et que l’on retrouve en overdose dans le désormais best de Essential Parfums, « Bois Impérial ». Il est associé à un absolu d’immortelle qui développe sur ma peau une facette épicée, un peu curry. Très franchement, je comprends tout à fait le succès de « Ganymède » et aussi le prix de la Fragrance Foundation France qui l’a couronné meilleur parfum d’une marque de niche indépendante en 2020. C’est une création sophistiquée et aboutie, tout à fait contemporaine et vraiment atypique. Elle représente, pour moi, un bon exemple de ce que devrait plus souvent être la parfumerie de niche aujourd’hui. Le porterais-je ou non ? La réponse à cette question m’est difficile. Il me plait beaucoup mais il ne serait pas une priorité dans mes choix. En effet, aussi beau soit-il, il est peut-être un peu trop éloigné de mes goûts originels et, même si je sais m’en écarter parfois, je suis un peu dubitatif sur le fait d’avoir en ma possession un flacon de 100 ml. Ceci dit, c’est très personnel et ça n’enlève rien à la qualité et à l’originalité de « Ganymède ». Il a ses adeptes et c’est tout à fait compréhensible.
Quentin Bisch et Marc-Antoine Barrois
"Indigo Smoke" d'Arquiste, ma première nouveauté de 2023
Le mois de janvier commence doucement en ce qui concerne les sorties mais j’ai pu en découvrir une qui m’a, il faut le dire, vraiment plu, d’autres moins. Je trouve qu’il y a un peu de tout comme d’habitude. J’ai été bon élève et j’ai pris le temps d’essayer. J’espère vraiment que je vous donnerai envie de faire des découvertes. En tout cas, je vais essayer de vous transcrire par des mots mon ressenti pour "Indigo Smoke" d'Arquiste. Allez, c’est parti :
« Évoquant le fumage traditionnel des feuilles de thé dans la Chine ancienne, Indigo Smoke est un paysage aromatique de rivières serpentines étroites, de montagnes bleues et de temples remplis d'encens condensés dans une formule complexe de thé noir, de notes boisées et d'encens. Riche, sophistiqué et durable. Avec des notes de thé lapsang souchong, de mandarine, d'abricot, de bois de gaïac, d'encens et de goudron de pin ». « Indigo Smoke » est le nouvel opus de la très belle maison Arquiste et il a été créé par Calice Becker qui, je trouve, a bien su cerner l’élégance et l’originalité. Il faut le dire, c’est un vraie réussite. La construction est assez simple et il s’ouvre sur une envolée de bergamote, d’orange, de mandarine enveloppé d’un accord lapsang souchong et de vétiver,. Au coeur, ,autour d’un accord abricot, l’incongruité de la fleur de cassie s’harmonise parfaitement avec la graine de carotte et le bois de gaïac. Après un long développement, le parfum se pose sur un fond de maté, de cèdre, de pin et d’encens. Je trouve que « Indigo Smoke » est vraiment la quintessence d’une certaine élégance. C’est un parfum que je qualifierai de très « couture ». En effet, il est parfaitement abstrait et ne reproduit pas les odeurs que l’on peut connaitre. Il est singulier mais parfaitement facile à porter. C’est un peu le T-shirt blanc et le jean. Il peut faire très décontracté comme très habillé suivant le look auquel on l’associe. Pour moi, c’est carton plein.
Promenade en parfumerie
J’ai la chance de pouvoir me rendre en parfumerie souvent et de faire des découvertes. Nous avons, à Lyon, une offre très importante maintenant et il m’est assez facile, lorsque j’ai un moment de libre, d’aller mettre mon nez sur des fragrances qui m’intriguent. Parfois même je peux essayer. J’ai retenu quatre parfums sentis ou essayés récemment et qui m’ont pas mal impressionné. Je vais vous donner mes impressions qui, comme toujours, n’ont pas valeur de critique vous le savez bien.
« Wisdom Univers, inspiré du chiffre 3, représente,Jupiter, l'air et le feu. Une aura florale s’ouvre à vous avec la fusion de l’iris et du jasmin. L'ambre et la vanille s'associent, quant à elles, pour renforcer la sensualité de ce sillage. Une ode à l’abondance qui détonne au travers des notes poudrées. Ici, l'air amplifie le feu exaltant notre expression et notre créativité ». Il y a quelques mois, lorsque j’ai découvert la maison Spiritum, je suis un peu passé à côté du « N°3 Wisdom Univers » que je viens de redécouvrir sur une amie. Jonathan Dufour, le fondateur de la marque a en effet choisi ce parfum créé par Philippe Paparella-Paris que je trouve vraiment très réussi. Cet « univers de sagesse » est un floral à la fois ambré et boisé qui s’ouvre sur une envolée très élégante de davana, de rose et de safran pour se poser sur une fleur d’oranger très enrichies par le côté poudré de l’iris et floral opulent du jasmin au coeur puis se renforcer avec un fond d’ambre, de benjoin, d’héliotrope et de vanille enveloppé de petites touches d’oud. Je dois dire qu’il faut vraiment essayer ce parfum sur la peau et le laisser vivre un peu longtemps pour en évaluer toutes les facettes et surtout les apprécier. Le mot qui me vient le plus naturellement est certainement « exotique » et le morceau de musique, une fois encore, le « Duo des fleurs » extrait de « Lakmé », le très bel opéra français de Léo Delibes. C’est un parfum opulent, flamboyant et floral. Il ne m’évoque pas vraiment la sagesse mais il faut bien dire qu’il est quasiment impossible d’avoir tous le même ressenti. En tout cas, à la réflexion, je lui trouve une élégance u peu subversive. La marque n’est vraiment pas pour moi mais il est vrai que « Widsom Univers » est un peu une exception. Je pourrais tout à fait le porter en petites touches, avec parcimonie. Sorti en 2022, il peut encore être considéré comme une nouveauté. En tout cas, je le redis, c’est un parfum à essayer vraiment sur peau car, si versatile soit-il, il y a quelque chose de très facetté et qui prend toute son ampleur sur soi. Spiritum est quand même très éloigné de mes univers olfactifs mais, comme souvent, dans une marque qui ne correspond pas à mes goûts, je trouve au moins un parfum qui va me plaire et tout à fait me séduire. C’est le cas de « Widsom Univers ».
Je n’avais pas tellement accroché avec « Odisiaque N°6 » créé par Nathalie Feisthauer pour Sous Le Manteau en 2021 et j’ai eu envie d’y remettre mon nez. La marque le décrit ainsi : « Odisiaque tire son inspiration d’une formule d’aphrodisiaque écrite au XVIIIème siècle par Jean-Claude-Adrien Helvétius, grand médecin de Louis XV et de Marie Leczinska et membre de l’Académie Royale des Sciences. La particularité de cette formule tient à une matière première tout à fait inédite: la cascarille. Cette écorce séchée aux notes épicées, reconnue depuis des siècles pour ses vertus thérapeutiques, dégage lorsqu’on la brûle un parfum agréable et musqué. Peu revendiquée dans la parfumerie moderne, cette matière rare donne à notre philtre d’amour toute son originalité ». Je dois dire que ce parfum me déroute. Il s’ouvre sur des notes de bergamote, de gingembre, de cannelle et de résine d’élémi puis le coeur de géranium est rehaussé d’une note de cascarille, utilisée plutôt en médecine phytothérapique. Je ne suis absolument pas capable de vous en décrire l’odeur mais je sais qu’en parfumerie, je n’avais senti cette note que dans « Magie Noire » de Lancôme. Je suis très surpris par le coeur de « Odisiaque N°6 » et, lorsque le parfum se pose sur un fond opulent de fève tonka, de vétiver et de tabac, il ne se calme pas vraiment bien au contraire. Il reste étonnant et presque flamboyant. Je ne pourrais absolument pas porter ce parfum à la fois rond et aromatique. Il me déroute et j’en comprends la qualité et l’originalité mais il n’est clairement pas pour moi.
Dans la collection des Eaux Sanguines des Liquides Imaginaires, j’avais eu un vrai coup de coeur pour « Bloody Wood » alors que je n’accroche pas toujours avec la marque. J’ai donc eu envie de découvrir « Dom Rosa » créé par Sonia Constant en 2013. La marque le décrit ainsi : « Le parfum du sang de la rose sacrifiée pour la beauté du vin. Un rituel historique champenois. Fleur de la passion, son effervescence laisse place à un charme romantique et enivrant. L’effervescence fraîche de l’attaque laisse place au charme envoûtant de la rose légèrement enfumée d’encens. Le fond boisé l’enrichit de son puissant contraste. Un parfum de saveurs ». Je dois dire que c’est un vrai coup de coeur une fois encore. C’est un parfum qui m’a surpris et dont j’ai aimé tous les stades de l’évolution. Il s’ouvre sur un accord champagne très net auquel est associé le côté vineux de la poire et très amer du pamplemousse. Il a presque un côté pétillant. Il peut dérouter mais, très vite, le très fin coeur de rose et de clou de girofle vient prendre le relai. Je trouve ce travail vraiment très chic et très doux à la fois. Pour moi, « Dom Rosa » a, dès les notes de coeur, vraiment un côté facetté et contrasté avec l’encens, le bois de gaïac, le cèdre et le vétiver en fond. Sur ma peau, la note de champagne et la rose légèrement épicée sont prépondérantes et le résultat est finalement assez velouté et profond. Il me plait vraiment beaucoup et je pourrais tout à fait le porter. À l’instar de « Bloody Wood », il est singulier mais il correspond pas mal à mes goûts. J’aime bien la note de champagne en parfumerie et associée à la rose et si bien travaillé, c’est carton plein !
Créé en 2010 par David Seth Moltz pour DS «& Durga, « Burning Barber Shop » est un parfum aromatique et, pour le coup, je le trouve vraiment très masculin (il est rare que je dise cela) et très élégant. Il est vraiment très frais en tête avec des notes de menthe et de citron vert puis le coeur de lavande et de rose de Turquie vient apporter à l’accord fougère quelque chose d’opulent et de très facetté. Le fond est à la fois fumé et vanillé avec le côté poudré d’un accord foin. La marque le décrit ainsi : « Ce parfum est une visite dans un salon de barbier à l'ancienne avec une association aromatique classique - lavande, pin, menthe, roses, vanille - et une touche moderne unique : la fumée dévastatrice. Lors de l’incendie qui ravagea le salon de barbier Curling Bros. à Westlake, New York, en 1891, tout brûla : les lotions de rasage avec leur senteurs de menthe verte, de citron vert, de vanille et de lavande. Une bouteille à moitié pleine fut retrouvée, carbonisée. En voici le parfum. Le parfum d'une fougère qui a traversé le feu ». C’est un parfum vraiment très évident, franc et marqué. En même temps, je trouve qu’il est vraiment très original sur la peau. Il m’a pas mal étonné. Je me suis laissé convaincre alors qu’il ne me plaisait pas au départ. Je ne sais pas du tout si je pourrais le porter mais je lui trouve quelque chose d’assez addictif. Il m’a impressionné et je comprends qu’il soit l’un des best sellers de la marque.
Il est toujours plaisant de faire des découvertes. Chacun des quatre parfums que j’ai pu redécouvrir présente pas mal d’intérêt mais mon coup de coeur de la collection va à « Dom Rosa » qui est vraiment un petit bijou. Je l’ai réessayé complètement sur ma peau et j’ai beaucoup aimé ce parfum. Il a vraiment une évolution qui me plait. Les trois autres sont beaux, bien réalisés mais ils entrent moins dans mes goûts. En tout cas, j’ai adoré l’expérience et je récidiverai.
Ojar, huiles ou eaux de parfums ?
Ojar n’est pas nécessairement une marque pour moi car les parfums sont tous plutôt orientaux mais je sais en reconnaitre à la fois la qualité et la beauté. J’avais été impressionné par les huiles parfumées et, lors de mon dernier séjour à Paris, j’ai pu mettre mon nez sur la toute nouvelle collection des eaux de parfum. Je remercie d’ailleurs chaleureusement Daria de la boutique Sens Unique pour ce partage car, instinctivement, je ne serais peut-être pas vraiment allé vers ces créations. Ojar est une toute jeune maison puisqu’elle a été fondée en 2021. Les parfums sont composés par Jordi Fernández, Dalia Izem, Nanako Ogi et Michel Girard. Je trouve que tout est particulièrement qualitatif, des jus (huiles ou eaux de parfums) aux flacons. J’ai choisi quatre eaux de parfums (qui existent je pense également en huile) qui m’ont particulièrement impressionné. J’espère que je vous donnerai envie de mettre votre nez sur cet univers assez magnifique il faut bien le dire.
Le premier parfum que dont j’ai choisi de vous parler est « Wood Whisper » créé en 2021 en huile et en 2022 en eau de parfum par Jordi Fernandez. Dès l’envolée, on entre dans un accord violette et rose un peu poudré, arrondi par la prune. Je ne peux pas vraiment dire que j’ai senti de notes de tête mais le coeur est opulent et particulièrement dense puis le bois de santal vient adoucir encore la fragrance ce qui se renforce avec un fond de cashmeran, de vanille, d’ambre gris et de musc. « Wood Whisper » est un vrai oriental boisé, franc et net. La marque le décrit ainsi : « Le parfum puissant et envoûtant du bois de santal, nuancé par des tons de prune mûre, de violette et d'ambre, adoucissant l'odeur boisée piquante avec des notes gourmandes - c'est exactement le "murmure d'un arbre" qui raconte à un voyageur aléatoire la paix et la joie, à propos du bonheur de la vie et chaleur du soleil, sur chaque matin et chaque soir, sur ce qui s'est passé et ce qui sera. Et qu'après vous il y aura un souvenir - un cuir boisé, plein d'ambre blanc et gris, de musc et de vanille ». Dans les deux versions, l’amplitude du sillage est impressionnante. Je dois dire que je ne l’assumerais pas facilement même si je lui trouve un côté addictif. J’irai peut-être plutôt vers la version alcoolique que je trouve plus facile d’abord si je devais me décider à le porter. Ceci dit, il est très éloigné de mes goûts et, sur la peau, il faut dire que, si beau soit-il, je ne suis pas certain de le supporter toute une journée.
Toujours composé par Jordi Fernandez, « Ciel d’Orage » n’est pas du tout pour moi mais il est tellement explosif que je ne peux qu’être impressionné. La marque le décrit ainsi : « Ciel d'Orage est le Oud fumé. C'est l'interprétation d'une robe noire élégante et pointue ou d’un smoking. Le parfumeur a utilisé beaucoup de matières nobles qui donnent une signature distinctive et statutaire à la fragrance ». Dès le départ, c’est une tornade avec des notes de safran, d’armoise et de pin puis le coeur de rose, de patchouli et de vétiver, hyper opulent, vient se poser sur la peau et le côté clivant du parfum est net. Le fond de bois de gaïac, de santal, de daim et de styrax enveloppent un oud animal mais pas inélégant. Il est un oriental moderne et parfait pour les amateurs. Il a, sur ma peau, un côté vraiment très fumé qui ne me déplait pas mais il faut bien dire, qu’une fois encore, c’est un parfum au fort tempérament qu’il faut vraiment assumer. Pour ma part, il demeure trop oriental, trop oud, trop envahissant mais, il faut le dire, je le trouve quand même vraiment réussi. Je me demande si quelques gouttes de l’huile ne pourraient pas, occasionnellement et contre toute attente, me plaire. Attention, c’est un parfum costaud, il ne conviendra qu’à des personnalités vraiment affirmées.
Créé par Dalia Izem, « Épine du Désert » avait été l’une de mes huiles parfumées et je l’aime beaucoup également en eau de parfum. « Ce parfum est une interprétation de la Rose du Désert, une combinaison d'huile de rose pure avec du safran et du cuir, belle par sa simplicité. Epine du Désert est un hommage au Mukhalat, un mélange traditionnel du Moyen-Orient de fleurs et d'épices, mais avec sa propre approche innovante. Nous entendons si souvent "s'arrêter et sentir les roses", dans le sens - ne vous précipitez pas, ne faites pas d'actes irréfléchis, profitez du moment et la décision viendra d'elle-même. Ce parfum est une solution idéale pour ceux qui ne veulent se précipiter nulle part, mais seulement profiter de la beauté, l'absorber, en faire partie ». Il s’agit évidemment d’une rose absolument épicée et pimentée qui n’a pas le côté un peu piquant et floral de l’oeillet que je n’aime pas mais qui est franchement boisée et poivrée. Le départ est nettement safran et piment puis le coeur de rose velouté et de jasmin vient calmer la fragrance qui se pose sur des notes de bois de santal. J’aime beaucoup le côté très boisé de cette rose et je trouve que, dans mon souvenir, l’huile était très facettée. La version eau de parfum l’est un peu moins mais elle n’en demeure pas moins vraiment belle. C’est une magnifique rose orientale et je dois dire que je lui trouve une certaine originalité. Son sillage est un peu moindre que les deux précédents ce qui ne me dérange pas du tout bien au contraire.
Je n’aime pas trop le oud mais je dois bien dire que la version eau de parfum de « Infusion Velours » créé par Jordi Fernandez me plait. Comme quoi, il ne faut jamais dire jamais. Je ne l’avais pas remarqué en huile mais là, je dois bien dire que c’est une merveille de chic et de douceur avec toute la force du oud tout de même. Le oud apparait dès l’envolée avec des notes de cannelle, de poivre noir, de mûre et même de framboise puis le coeur est franchement encens et cannelle avant que le parfum ne se pose sur un fond de cèdre et de patchouli. Comme ça, il a tout pour ne pas me plaire et pourtant son côté soyeux me séduit complètement. Comme quoi, il ne faut jamais dire jamais. « Oud juteux, intense mais éclatant, des résines en contre-accord de fruits rouges. Infusion Velours s'inspire du tissu velours. Opulent et riche, si on devait donner une couleur ce serait le violet. Un accord Oud de fruits rouges qui traduit à merveille ce parfum puissant et charnel » et je trouve que tout est dit dans cette évocation. Je me surprends à penser que je pourrais porter ce parfum alors qu’il est l’anti-thèse de ce que j’aime en général. Je dois dire que je me surprends encore et tant mieux.
Que ce soient les huiles ou les eaux de parfums, vraiment je dois dire que toutes les créations de Ojar sont impeccablement réalisées. J’ai adoré plonger mon nez dans cet univers qui n’est absolument pas supposé me plaire. Si vous êtes à la recherche de très beaux orientaux, il faut absolument mettre votre nez dans cette marque que je trouve vraiment très réussie. En tout cas, de mon point de vue, les huiles et les eaux de parfums sont assez différentes. Il faudrait vraiment tout essayer mais je n’en n’ai pas encore eu l’occasion. Il est probable que je vous reparlerai de Ojar.
Promenade dans mes doses d'essai
Il y avait un certain temps que je n’avais pas joué les cobayes et j’ai décidé de me plonger dans mes échantillons. Exceptionnellement, j’ai essayé trois parfums, en ai réessayé trois et je vais donner mes impressions sur tous. J’ai choisi des parfums très différents les uns des autres. Je ne vais pas rallonger l’introduction car vous aurez de quoi lire. Alors coups de coeur ? Déceptions ? Voilà la réponse :
Depuis que j’ai remis mon nez dans quelques créations de la marque Jul et Mad, j’avais envie de remettre sur ma peau « Terrasse à Saint-Germain » que j’avais beaucoup aimé. C’est donc par cette création de Dorothée Piot sorti en 2012 dans la collection classique que je commencerai. Il revêt dès l’envolée de pamplemousse, de mandarine et de rhubarbe quelque chose de très « pep’s » qui m’accroche facilement puis vient sur ma peau, un coeur de rose, de freesia et surtout de lotus très aqueux. Au bout d’un temps finalement assez rapide, le parfum se pose sur un fond santal pas trop crémeux, patchouli et muscs blancs très propres. « Un parfum aussi élégant que sophistiqué. Dès la première note, une fraîcheur verte et pétillante de pamplemousse et de rhubarbe éveille les sens, rapidement soutenue par un accord floral et subtil de frésia, de fleurs de lotus et de rose, apportant au parfum une sensualité inouïe, tout en douceur. La puissance du musc ne se fait pas attendre et vient s'accorder au précieux santal et à l'envoûtant patchouli en une parfaite symbiose » tels sont les mots de la marque pour décrire ce parfum qui m’évoque plutôt l’été. Il me plait beaucoup et j’en comprends parfaitement l’inspiration. En tout cas, je pourrais le porter sans aucun problème. Un seul bémol toutefois, malgré la qualité du parfum, la tenue sur ma peau est assez limitée. Il n’est donc qu’un demi-coup de coeur mais il n’en reste pas moins une très belle création.
J’étais un peu passé à côté de « Rose Ardoise » créé en 2022 par Céline Perdriel pour Atelier Materi aussi, comme j’en entendais pas mal parler, j’ai remis mon nez dedans. La créatrice le décrit ainsi : « L'interprétation d'une rose urbaine et contemporaine qui éclot au milieu d'un sol en béton. Un parfum qui brouille les pistes entre féminin et masculin » et je trouve que c’est assez bien résumé. Comme presque toujours dans la marque, j’ai beaucoup aimé l’ouverture de noix de muscade et de poivre noir qui rend le coeur de deux roses différentes assez joli avec une note de sauge qui l’adoucit mais je suis moins fan du fond du parfum. L’ambroxan prend le pas sur le cuir et le vétiver annoncé par la marque. L’ensemble est assez épicé et un peu minéral avec un côté ambré mais, pour ma part, et sur ma peau, il a un côté à la fois plat et métallique qui ne me convainc pas complètement. Je ne suis pas très amateur de l’évolution et j’avoue que c’est un peu une déception car l’envolée me laissait espérer un total coup de coeur. Il m’a fallu me rendre à l’évidence, « Rose Ardoise » n’est pas pour moi et pas vraiment pour ma peau. Il n’en demeure pas moins que l’idée m’a plue et que ce parfum m’a donné envie d’essayer des roses plus épicées et poivrées.
Je dois dire que j’attendais vraiment beaucoup de « Fumoir » lancé par Arte Profumi en 2013. Sur le papier, il avait tout pour me plaire. Un départ de tabac, de rose et de cumin, un coeur de bouleau et de poivre noir et un fond cuir et ambre. La marque le décrit ainsi : « Discours d'hommes, dans des salles réservées, revêtues de bois, de cuir et de velours, parmi des nuages de fumées » et il est vrai que la note de tabac en tête pourrait m’évoquer cela même si je trouve le parfum vraiment très mixte. Je ne peux pas dire que je ne l’ai pas aimé car il est impeccablement construit et il dégage quelque chose d’à la fois élégant et très luxueux. C’est un cuir de Russie avec un côté dark, goudronné et même animal avec un twist cumin et tabac. Finalement et après l’avoir essayé à deux reprises, je dirai qu’il est très classique voire vintage. Je ne dirais pas qu’il ne m’a pas plu bien au contraire. C’est une très belle création mais j’ai déjà senti, voire même porté ce genre de parfum et il ne m’a pas vraiment surpris. Bien évidemment, il entre dans mes goûts même si l’hiver que nous vivons ne s’y prête pas vraiment mais je trouve qu’il manque un peu de la fantaisie que j’espérais trouver.
« Être enlacé par les volutes d’un parfum mystérieux avant même de voir les tiges volubiles du Chèvrefeuille grimpant qui s’enroulent tout du long d’un treillage. Se sentir irrésistiblement attiré par ces fleurs qui libèrent la fraîcheur de notes citronnées. Dans les profondeurs des corolles, recueillir quelques gouttes de nectar fruité et la rosée suave de pétales de Jasmin et de Fleur d’Oranger », tels sont les mots de Domaine Privé pour décrire « Chèvrefeuille » que j’avais très envie de tester. Il s’ouvre sur des notes de mandarine et de citron vert très douces enveloppées d’une jacinthe un peu suave puis le coeur, très floral avec un bouquet de chèvrefeuille, de jasmin et de fleur d’oranger rendu encore plus profond par une note de prune fraîche que j’aime beaucoup. Le fond est baumé et construit autour du benjoin et des muscs blancs. L’ensemble est un très beau parfum d’été très agréable, un peu addictif, comme une brume rafraîchissante et élégante vers laquelle je reviens sans cesse. J’aime la dualité entre le côté très floral du chèvrefeuille qui est dominant et de la prune ronde et profonde. Vraiment, c’est un joli parfum que je pourrais tout à fait porter. Il m’a beaucoup plu et je pense porter l’échantillon en entier en le gardant dans un coin de ma tête.
Lancé en 2019, « Purple Leather » est l’un des fleurons de la marque Roos & Roos et j’avais envie de l’essayer. Le départ est absolument magnifique avec une douce bergamote rehaussée de cardamome et de cannelle puis le coeur s’avère être un accord cuir avec des notes de safran et de cyprès. Jusque-là, j’ai beaucoup aimé le parfum mais c’est le fond qui m’a dérangé. L’alliance d’un santal crémeux associé aux notes animales du oud et camphrées du patchouli m’a vraiment dérangé. La marque le décrit ainsi : « La cardamome ouvre la fragrance par sa fraicheur, illuminée par la bergamote et réchauffée par la cannelle. L’idée forte du parfum, le cuir, s’annonce en majesté avec le safran et le cyprès. Puis le Oud, associé au patchouli, au cèdre et au santal prolonge la chaleur enveloppante ». C’est un parfum lisible, très facile à comprendre mais je dois dire que les notes de fond, si bien travaillées soient-elles, ont, pour moi, un côté vraiment difficile. Je n’ai pas aimé ce parfum mais il n’en demeure pas moins très qualitatif et mon avis n’a rien d’une critique, il ne traduit que mon ressenti face à cette composition.
« Claude Marchal forme pour l'occasion un duo de choc avec Bertrand Duchaufour et nous livre un chypre aux échos "cuirés". Parfum de sillage, il poudre délicatement sur la peau et renoue avec la grande tradition des chypres avec une petite patine "à la Duchaufour" de fruits confits, et un fond.... d'une rare complexité pour un 10/10 en tenue » tels sont les mots de la fan pour décrire « Chypre Palatin » créé pour MDCI en 2012 et que j’avais très envie de réessayer. La qualité est tout à fait flagrante et je dois dire que dès l’envolée, je suis séduit par ce chypré foisonnant et classique à la fois. Alors bien sûr, c’est un parfum qui semble fait pour moi. Il me semble d’ailleurs que je l’avais déjà évoqué. Après une envolée à la fois verte avec des notes de galbanum et d’aldéhydes associées à la lavande, la clémentine, la jacinthe un peu amère, le thym et la facette cuirée du ciste, le coeur de prune fleuri de gardénia, de jasmin, de rose et d’un iris légèrement poudré me charme et me donne envie d’y revenir. Le fond est tout aussi complexe avec des notes baumées qui viennent jouer avec la mousse de chêne et l’immortelle mais aussi avec le styrax, la vanille et le benjoin puis un accord castoreum. Je dois dire que j’aime la complexité un peu à l’ancienne de ce parfum. On est très loin des formules épurées qui me plaisent souvent. Là, on pourrait fumer une cigarette avec Marlene Dietrich ou parler avec Colette. Ce parfum est une véritable merveille il faut bien le dire. Je peux très bien parler de coup de coeur et je le porterai vraiment facilement notamment lors d’une soirée un peu habillée.
Il est toujours passionnant d’essayer des parfums qui, sur le papiers peuvent nous plaire et de découvrir que l’on en aime certains mais pas d’autres. J’ai fait des tentatives ciblées. Je me suis fait très plaisir et j’ai fait de très belles découvertes. J’espère vous avoir donné envie en tout cas.
Exquise trouvaille: "Soleil de Provence"
Quand je l’ai senti pour la première fois en décembre, j’ai eu un vrai coup de coeur pour « Soleil de Provence », le nouveau parfum lancé par L’Artisan Parfumeur pour sa collection des Paysages. Avec moi, le mimosa, c’est tout ou rien mais, si je n’aime pas trop l’odeur de la fleur dans la nature, elle m’évoque tout de même les vacances et la côte d’azur. En parfumerie, je ne peux pas dire que ce soit à chaque fois que j’adhère. Je suis très fan de « Mimosa & Cardamom » de Jo Malone et j’ai été un inconditionnel de « Farnesiana » de Caron qui a, hélas, disparu comme toutes les merveilles de la marque ou presque après le rachat survenu il y a quelques années. En revanche, j’étais beaucoup moins attiré par « Mimosa pour Moi » de l’Artisan Parfumeur avait lancé en 1992 et qui était, pour moi, pas assez frais et un peu trop boisé. Tout cela n’est qu’une affaire de goût. Lorsque j’ai su que « Mont de Narcisse » disparaissait au profit de « Soleil de Provence », j’ai été dubitatif sur ce lancement. En revanche, lorsque je me suis rendu-compte que c’était Daphné Bugey, dont j’aime généralement beaucoup le travail, cela a attiré mon attention et je suis allé l’essayer. Les premières semaines, il n’était pas très facile à trouver dans un premier temps mais j’ai tout de suite eu envie de l’essayer et j’ai fini par avoir un testeur entre les mains. J’en avais déjà parlé un peu en décembre mais, maintenant que, grâce à Léa et Juana de la boutique lyonnaise, j’ai pu vraiment l’essayer sur ma peau comme sur mon écharpe et mon sentiment d’addiction s’est développé.
La marque le décrit ainsi : « Inspiré par les paysages inondés de lumière de la Provence, Soleil de Provence s'affirme comme un sourire chaleureux à la fraîcheur pétillante. Signée par le Maitre Parfumeur Daphné Bugey, la fragrance s'exprime tout d'abord comme un hommage à la fleur de mimosa et son éclatante couleur jaune que l'on retrouve le long de la route qui s'étire de Bormes-les-Mimosas à Grasse. Le soleil est au plein coeur de la fragrance avec la fleur solaire d'ylang ylang et la chaleur émanant des notes baumées de benjoin et de vanille. Un parfum joyeux au plus près de la matière, qui embrasse la douceur de vivre du sud » et je trouve que c’est assez bien mesuré. Il s’ouvre très simplement sur une note complètement citronnée, fraîche, fusante et particulièrement agréable qui m’évoque un été chaud et je pense qu’il pourrait être un précieux allié de cette saison estivale. Puis le coeur floral vient enrichir vraiment le parfum qui se fait solaire et légèrement poudré avec le mimosa et l’ylang-ylang puis la fragrance, très enlevée et dynamique se pose sur un fond baumé de benjoin que j’identifie super bien. Sur ma peau, il matche vraiment très bien et je l’aime aussi sur les cols de mes pulls mais je ne le trouve pas forcément adapté à la saison. Je me vois plus le porter en mai ou juin. En tout cas, c’est un merveilleux coup de coeur. Je commence, finalement, plutôt bien l’année. Je remercie Léa et Juana de m’avoir permis de l’essayer vraiment bien.
Jacques Cavallier-Belletrud, avant et pendant Louis Vuitton
Depuis 2016 et le lancement de la première collection, Jacques Cavallier-Belletrud est le parfumeur attitré de la maison Louis Vuitton mais il faut dire qu’il est aussi et surtout un parfumeur inspiré et expérimenté. Je ne lui avais encore jamais consacré de portrait parfumé mais je me suis dit qu’il fallait que je remette mon nez dans ses créations, fort nombreuses au demeurant, pour pouvoir en parler. Je suis loin d’avoir tout senti mais j’en ai retenu quatre, comme d’habitude, que je trouve assez emblématique de sa signature, de son style. J’ai eu l’occasion de voir en vidéo une conférence qu’il a donné avec Jean-Claude Ellena et ça m’a donné envie de me pencher sur son travail. Je vous emmène donc sur les traces de Jacques Cavallier-Belletrud et je vais essayer de vous donner, une fois encore, envie de découvrir, de sentir et, pourquoi pas de vous enthousiasmer.
Pour commencer, je ne pouvais pas passer à côté de « L’Eau d’Issey » que Jacques Cavallier-Belletrud a créé pour Issey Miyake en 1992 car il est devenu vraiment iconique et, il faut bien le dire, il est resté assez unique. Il s’ouvre sur une note marine de calone plutôt très synthétique qui ne me plait pas beaucoup mais très vite, elle s’enrichit de ce coeur de lys, de cyclamen, de pivoine et de freesia que je trouve vraiment étonnant puis le fond miellé et muscs blancs se poudre avec la feuille de violette. Pour moi, c’est un parfum rare dans le circuit sélectif car il a une vraie identité et il ne ressemble à rien d’autre. La marque le décrit ainsi : « Laissez-vous transporter par L’Eau d’Issey, un parfum floral et sensuel, florilège subtil de fleurs gorgées de soleil. Quand les fleurs rencontrent le soleil : exaltez vos sens avec une fragrance éternelle et élégante mêlant une facette solaire et un cœur floral aquatique au sillage boisé. Au travers de chacune de ses créations, Issey Miyake cultive l’essentiel, une approche minimaliste où chaque élément choisi a son importance. Pour L'Eau d’Issey, Issey Miyake a imaginé un flacon qui transcende les époques et les tendances, une silhouette épurée et élancée, dont les lignes évoquent une goutte en suspension. Le capot en métal, coiffé d’une sphère, raconte un souvenir personnel du créateur : la pleine lune dressée au sommet de la tour Eiffel, une nuit à Paris » et je trouve que c’est très révélateur ». J’aime beaucoup le côté très original de l’évolution. J’ai toujours aimé ce parfum et je trouve que c’est un peu le chef-d’oeuvre du parfumeur même si c’est quand même grandiloquent.
Pour une fois, je vous emmène dans la collection Replica de Maison Martin Margiela. Je ne suis pas toujours très séduit par les parfums que je connais mais je dois dire que je le serai assez par « Springtime in a Park » que Jacques Cavallier-Belletrud a créé en 2019. La marque le décrit ainsi : « L'eau de toilette Replica Springtime in a Park capture le souvenir délicat et lumineux de l'éclosion des fleurs. La douce lumière et l'atmosphère florale fraîche d'un après-midi de printemps romantique passé dans un parc où des fleurs éclosent de partout, évoquant l'appel de la nature. Le parfum des fleurs qui bourgeonnent est recréé par la Maison avec un accord de jasmin et de muguet, et la sensation joyeuse du printemps est recréée par un accord de poire qui apporte une touche florale et fruitée ». En principe, je n’aime pas trop les floraux fruités car ils sont souvent assez peu élégants et, il faut bien le dire, vraiment too much. Ce n’est pas le cas de ce parfum autour du jasmin, d’un accord de muguet et de poire que je trouve, sinon original, au moins très bien réalisé. C’est un parfum simple, presque simpliste, mais très agréable à porter et à sentir. Pour résumer, je dirai qu’il est bien dans sa case et que l’on sent le talent et la maîtrise du parfumeur. Je le trouvais très révélateur de son style et je me devais de commencer par là.
À ce jour, Jacques Cavallier-Belletrud a créé 32 parfums pour Bvlgari et il m’était quand même difficile de passer à côté. Je ne sais pas si « L’Eau Parfumée au Thé Noir » qu’il a créé en 2003 existe toujours mais je l’aime beaucoup et je ne vais pas me gêner pour en parler ! C’est un parfum profond, et il a un départ très intense sur ma peau. Sur le papier, je suis un peu mitigé car il semble très linéaire. C’est un thé noir de Chine un peu fumé avec des notes de patchouli et de oud. Il est ultra-classique mais je trouve que les petites notes de rose rajoutent un côté suave et élégant à son évolution. Pour moi, la dilution, qui est, il faut le dire, très importante, ajoute de la finesse au parfum même si on perd un peu, au cours de l’évolution, de sillage et de tenue, il se transforme en seconde peau. Pour moi, il est à mi-chemin entre le thé et le tabac avec une feuille de patchouli incongrue qui renforce le côté un peu oriental. J’aime beaucoup ce parfum. Je trouve qu’il est un peu atypique dans cette collection de Bvlgari. Je ne sais pas si je pourrais le porter souvent mais son petit côté fumé me plait bien.
Je l’ai souvent dit, exception faite de « Dans la Peau » que Jacques Cavallier-Belletrud avait créé en 2016 mais qui a été discontinué, je suis plutôt hermétique à son travail pour Louis Vuitton. Je trouve les collections un peu surfaites et les parfums ne me parlent pas tellement. Peu d’originalité, un prix prohibitif mais, c’est vrai, une très belle présentation. Je ne pouvais pas passer trop à côté pour écrire ce portrait parfumé aussi me suis-je penché sur les échantillons que je possédais mais je ne suis pas retourné tout sentir en boutique. J’ai donc opté pour « Imagination » que la marque décrit ainsi : « L’imagination. Elle est la clé de toutes les audaces, de tous les succès, le moteur des créatifs qui donnent vie aux rêves les plus fous. Une énergie immatérielle qui se nourrit du voyage, de ces expériences qui forgent un nouvel état d’esprit. Elle guide depuis toujours le travail de Jacques Cavallier Belletrud. À travers une surdose d’Ambrox, véritable or blanc de la parfumerie, le Maître Parfumeur réinvente l’accord ambré pour exprimer une masculinité sensuelle et contemporaine. Les contrastes se déploient au contact des agrumes les plus nobles et du thé noir de Chine extrait au Co2, une matière magique qui porte en elle l’âme du voyage. Avec Imagination, l’esprit s’élève, s’évade, pour parcourir et conquérir les chemins de la liberté ». C’est un parfum linéaire autour d’un thé noir chinois, d’une belle qualité de bergamote et de néroli rehaussé de gingembre et de cannelle sur un fond d’ambrox et de cèdre. Je dois dire que c’est un beau parfum, élégant, super luxueux mais je trouve que la tenue sur ma peau est un peu légère. J’aime bien la fragrance mais son prix est, pour moi, complètement prohibitif donc je ne l’achèterai pas mais je le trouve vraiment beau.
On ne va pas se mentir, je ne suis pas très sensible de prime abord à la signature de Jacques Cavallier-Belletrud et il a été, pour moi, très passionnant de passer outre mes idées préconçues pour aller sentir, essayer et apprécier quelques-unes de ses créations. J’ai eu de belles surprises et, même si je n’ai pas vraiment de coup de coeur, je suis content d’avoir voulu mettre mon nez dans ses créations et de survoler (c’est le mot) son oeuvre très importante. Jacques Cavallier-Belletrud est un parfumeur talentueux, prolifique et son travail est éclectique. Je me suis fait plaisir et j’espère vous avoir donné envie.