Les Goutal disparus - 4ème partie
« Myrrhe Ardente » a été créé par Isabelle Doyen et Camille Goutal en 2007 et il me semble que je l’ai vu longtemps en boutique. Je l’avais essayé à sa sortie sans grande conviction l’ingrédient mis en avant n’est pas vraiment ce que je préfère mais je dois admettre que j’aurais pu le porter. C’est un parfum qui m’a marqué et dont j’ai un souvenir extrêmement précis. Il existait dans le flacon féminin comme dans le masculin. Il s’ouvrait sur une note très résineuse d’essence de myrrhe puis le parfum évoluait sur un coeur de cire d’abeille et de gaïac puis, au bout d’un long moment, on retrouvait la myrrhe en fond avec des notes de benjoin et de fève tonka. Il avait quelque chose de très « papier d’Arménie ». Je ne crois pas qu’on puisse encore en trouver des flacons et c’est dommage car j’aurais bien remis mon nez dedans. « Un parfum qui ‘se répand en fumée voluptueuse’, mêlant la myrrhe, le bois de gaïac et les notes miellées de la cire d’abeille. Pour femmes ou pour hommes. Une fragrance précieuse et lascive dans la collection ‘Les Orientalistes’. Myrrhe Ardente est un hommage à la myrrhe, associant le résinoïde aux notes suaves et l’essence aux notes plus fusantes. Un parfum évocateur d’images d’Orient : harems, odalisques, fumées de narguilé et autres rêveries exotiques… Myrrhe Ardente peut être porté seul ou superposé avec une autre fragrance de la collection ‘Les Orientalistes’ » telle en est la description et je trouve que ça fait envie.
Bien sûr, il a existé dans la collection des Cologne et mais il avait d’abord été créé par Camille Goutal et Isabelle Doyen en 2003. Je parle du solinote « Néroli » qui a sans doute servi de base à la création de Mathieu Nardin « Le Temps des Rêves ». Il avait ses adeptes mais je dois dire qu’il n’était pas vraiment mon solinote préféré. Il faut dire que je ne suis pas tellement client du néroli. Il n’en demeurait pas moins un très beau parfum. Il était assez linéaire avec des notes de néroli et de fleur d’oranger rendues un peu vertes et végétale par le cyprès et le petit-grain et poudré par le fond de cèdre. Je me souviens peut-être plus précisément de la version Cologne. Elle avait une certaine fraîcheur et je le trouvais, là encore, très réaliste.
Créé en 2002 par Isabelle Doyen et Camille Goutal, « Quel Amour » avait ses adeptes et pourtant il a été également discontinué. Je pense qu’on peut éventuellement en trouver quelques flacons sur internet ou dans des boutiques indépendantes qui distribuent la marque. « Quel Amour! est un parfum Composée par Camille Goutal, ce parfum est un souvenir émouvant de retrouvailles avec son fiancé. De retour d'un voyage en Australie, de la rue jusqu'à son appartement, tout son univers était tapissé de pivoines. Dès qu'elle a vu son fiancé, elle s'est exclamée : « Quel Amour ! ». La famille olfactive de parfum Quel Amour ! est fruité-fleuri. Une joyeuse interprétation de la fleur de pivoine, toute ébouriffée, dont Camille admire la magie de la floraison ». Construit autour de la pivoine, je le trouvais quand même vraiment féminin lorsque je l’ai découvert. J’ai absolument voulu l’essayer lorsque j’ai su qu’il allait être discontinué. Il n’était pas pour moi mais je l’aimais bien.
Je n’étais pas du tout près à l’époque, à porter « Tubéreuse » créé en 1984 par Isabelle Doyen et Annick Goutal. Je le trouvais « trop féminin » et je suppose que je ne penserais pas la même chose aujourd’hui. Il faisait partie des solinotes que j’ai toujours apprécié dans la marque. « Magie de la tubéreuse de Grasse, pure et royale, pour un femme mystérieuse, ensorcelante, aux étranges pouvoirs de séduction ». Je m’en souviens très bien et je pense qu’il m’évoquait les champs de tubéreuses à la tombée de la nuit. Il était opulent, très élégant et en même temps complètement réaliste. Envoûtant, vraiment solinote, ce parfum était le seul que j’ai pu découvrir et qui avait tellement de pureté qu’il pouvait en être dérangeant. Il s’adressait vraiment aux amateurs de cette fleur presque vénéneuse et que j’ai appris à aimer.
Je n’ai jamais porté « Vent de Folie » créé en 2014 par Camille Goutal et Isabelle Doyen mais j’ai énormément tourné autour et je sais qu’il avait ses adeptes. Il est encore trouvable si j’ose dire et c’est pourquoi j’ai envie de l’évoquer même brièvement. « Parfum vaporeux et fusant, Vent de Folie s’ouvre sur des notes d’orange sanguine et d’hédione (molécule à l’odeur jasminée fraîche). En cœur, le cassis apporte sa vivacité au géranium, une fleur aux facettes de rose. Le tout se marie à la framboise. Le fond mêle cèdre et muscs blancs. Hommage à ‘l’audace un peu folle des femmes au goût sûr’, Vent de Folie est une création de la marque Annick Goutal. Les créatrices, Camille Goutal et Isabelle Doyen, ont imaginé la liberté et l’élégance d’une jeune femme déambulant dans les avenues de New York. La fragrance est présentée dans le flacon signature godron, paré d’un ruban ivoire et surmonté d’un cabochon doré ». Après l’envolée d’hédione et d’orange sanguine très juteuse, le parfum nous emmenait sur un coeur fruité de framboise et de groseille noire enveloppées par le côté presque mentholé du géranium. En général, je déteste la note de framboise mais force m’est de constater que, chez Goutal, elle reste élégante. Le fond était très muscs blancs et cèdre. Je le trouvais à la fois frais, original et très élégant. Il n’avait pas vraiment de côté « girly » qui aurait pu me déranger. Je l’ai toujours bien aimé.
À suivre...
Calice Becker de parfums en parfums
C’est en découvrant « Indigo Smoke », le tout nouveau parfum d’Arquiste que je me suis rendu compte que je n’avais jamais fait de portrait parfumé de sa créatrice Calice Becker. En effet, c’est une parfumeure importante et créative qui a signé, à ce jour, plus de 120 compositions. J’ai décidé de m’y pencher et j’en ai redécouvert pas mal et j’en ai, comme toujours, choisi quatre qui sont très différentes et qui, je pense, donnent un spectre assez large des différentes facettes de sa signature. J’ai voulu vraiment trouver un biais pour choisir les quatre parfums qui m’ont le plus impressionnés parmi tout ce qu’elle a créé. Bien sûr, je me suis aussi laissé guider par mes goûts et vous me pardonnerez ma subjectivité. En tout cas, je vous emmène dans l’ univers parfumé de Calice Becker et j’espère que nous échangerons sur son travail.
Plusieurs parfums de By Kilian ont étés créés par Calice Becker et, même si je n’adhère pas vraiment à l’esprit de la marque que je trouve un peu trop bling-bling pour mon goût, je ne peux que saluer l’inventivité qu’elle a déployé pour cette marque. Mon parfum préféré, peut-être l’un des rares que je pourrais porter est « Liaison Dangereuse » qu’elle a composé en 2007. C’est un chypré fruité à l’ancienne comme je les aime. En effet, il est basé sur l’accord classique, bergamote, coeur fruité et floral et fond mousse de chêne entre-autres. Issu de la collection des Fleurs Narcotiques, il s’ouvre sur une bergamote douce, se poursuit sur un coeur de rose et de prune puis se fond avec un socle mousse et vanille. Il a donc tout pour me plaire. « La relation monte en puissance lorsque l'absolu de bourgeons de cassis apporte sa marque. Son caractère pourpre intense s'entremêle à l'hédonisme d'une essence de graine d'ambrette, cultivée dans la torpeur d'un sol tropical pour évoquer des nuits de passion torride. Absolu de vanille et mousse verte suspendent le parfum en vol dans une autre dimension, comme pour taire le secret le plus longtemps possible ». Inspiré largement de grands parfums d’Edmond Roudnitska comme « Femme » de Rochas ou encore « Diorama », « Liaison Dangereuse » présente le côté plus moderne, plus rond et liquoreux d’une prune un peu confite associé à une rose opulente et presque truffée intégrée dans un accord chypre semi-classique. Je l’aime beaucoup et son évolution sur la peau me réjouit. Deux bémols à la clé sont quand même à signaler : tout d’abord il est difficile à trouver sur les stands Kilian, je pense qu’il vaut mieux se rendre à la boutique de la rue Cambon, d’autre part, son prix est quand même un peu surévalué. Ceci dit, c’est un très beau parfum et il me plairait bien.
« À la fois frais, mielleux et chaleureux, The Musc est un subtil mélange d’odeurs envoûtantes. Il s’ouvre sur du gingembre rouge du Laos et du lavandin grosso naturel de France. Associée à une note pure de musc nirvanolide, la cire d’abeille naturelle certifiée développement durable apporte une douceur crémeuse au cœur. Le bois de santal naturel d’Australie vient ponctuer cet alliage avec des tons chauds et boisés ». Parfois, je suis complètement anosmique aux muscs blancs mais tel n’est pas le cas lorsque je mets mon nez sur « The Musc » créé par Calice Becker pour Essential Parfums en 2018. Je ne suis pas un adepte des parfums musqués en général mais j’aime beaucoup celui-ci. Il est très élégant, réconfortant et c’est un cocon. Avec un départ de gingembre rouge et de lavandin, il s’ouvre sur des notes très élégantes et inédite puis, le coeur de musc et de cire d’abeille nous enveloppe avec pas mal d’élégance qui est renforcée par un fond de musc nirvanolide et de bois de santal un peu lacté. « The Musc » n’est probablement pas complètement un parfum pour moi. Je le trouve vraiment très « propre » mais il n’en demeure pas moins réussi et extrêmement facile à porter. J’aime bien l’idée mais il faudrait que je puisse le porter sur une durée plus longue pour vraiment me rendre compte. Comme ça, je le trouve à la fois réconfortant et facile à porter ce qui n’est pas si mal.
Il est difficile d’évoquer le travail de Calice Becker sans évoquer « Caftan » qu’elle a créé pour Le Vestiaire des Parfums de la maison Yves Saint-Laurent en 2015 et qui remporte un grand succès. « D’une couleur intense et d’une coupe ample et fluide, le caftan convoque l’Orient. Monsieur Yves Saint Laurent découvre le caftan lors de ses séjours à Marrakech et le réinterprète avec sa propre signature et sa modernité. Il l’imagine en tenue habillée décontractée, alternative aux tenues du soir classiques. Une toile fluide d’Encens brodée de Benjoin opulent. Une convocation de l’Orient entre couleurs intenses et chaleur suave ». Je n’ai pas trouvé de pyramide olfactive très convaincante mais j’ai les grandes lignes du développement. Après une envolée de poivre rose et d’orange, le parfum évolue vers un coeur de benjoin, d’encens, d’épices et de styrax pour se poser sur un fond musqué avec les notes cuirée du ciste. Je dois dire que je n’aime pas vraiment ce parfum. La note d’encens est, sur ma peau, vraiment très présente et elle a tendance à me déranger. En revanche, je comprends l’engouement des amateurs de ce genre de composition car, dans le genre, il est très bien réalisé et très facetté. Pour ma part, je passe un peu mon tour et je vais lui préférer des créations plus florales ou plus légères. Reste que « Caftan » est une réussite. En tout cas, il faut sentir « Caftan » pour se faire une idée.
Lorsque j’ai découvert « Ambre Eccentrico » dans la collection Armani Privé, je l’ai trouvé vraiment « efficace ». Créé par Calice Becker en 2015, il est puissant, bien construit, en un mot, impeccable ! « Toucher l’intangible. Avec Ambre Eccentrico, Giorgio Armani donne forme à l’éphémère en créant un parfum unisexe tangible et direct. Des matières premières naturelles d’exception, provenant du Laos et du Venezuela, immergent les sens dans un nuage de séduction. - Un parfum ambré enveloppé de benjoin fumé, de vanille addictive et de patchouli mystérieux. Sans notes de tête ni de cœur, il impose immédiatement son charisme. Réduisant sa structure à ses éléments les plus chauds et les plus essentiels, il renforce l’attraction des parfums de luxe en créant un cocon voluptueux qui provoque une réaction viscérale captivante ». Dès l’envolée de cannelle et de prune, je ne peux qu’être séduit puis, le coeur de résine et d’absolu de tonka torréfié et de ciste le rend dense et profond et, lorsqu’il se pose sur une très belle vanille naturelle, un benjoin très finement travaillé et un patchouli vraiment qualitatif, je me dis qu’il est impeccablement bien construit. Je ne l’ai pas réessayé pour écrire l’article mais j’en ai un souvenir vraiment très précis et, lorsque je l’ai essayé sous l’impulsion du très compétent et chaleureux vendeur du stand du Printemps Haussmann, je l’ai aimé et je ne l’ai jamais oublié. Il ne détrône pas, pour moi, « Ambre Russe » de Parfum d’Empire, mais il est vraiment très beau.
Le travail de Calice Becker est vraiment très éclectique et tout ce que j’ai senti est d’une précision technique absolument terrible. Le versant artistique est présent aussi. Je préfère sa signature dans les beaux classiques et c’est pourquoi j’ai choisi ces quatre-là. Je trouve qu’elle a un talent particulier pour imprimer sa personnalité sur les grands iconiques de la parfumerie et les rendre modernes. C’est une parfumeure prolixe et expérimenté. Une valeur sûre !
Futurs classiques ?
Si je ne comprends pas toujours très bien le succès de certains parfums dits « de niche » (car les parfums de chaîne « déguisés » en parfums de niche sont nombreux à mon sens), il en est qui déclenchent l’engouement du public qui ne m’étonnent nullement aussi ai-je vraiment compris pourquoi des créations tels « Mûre et Musc » de l’Artisan Parfumeur, « Petite Chérie » de Goutal, « Cuir Ottoman » de Parfum d’Empire ou encore, par exemple, « Lime Basil & Mandarine » sont devenus des incontournables. C’est tout simplement parce qu’ils sont réussis et qu’ils ont rencontré leur public comme on dit. Bien évidemment, il est difficile de comparer les créations de maisons vraiment indépendantes à celles qui ont étés rachetés par des groupes financiers qui leur offrent plus d’ouverture et de diffusion, en bref, plus de moyens, et pourtant, j’ai décidé de choisir deux parfums de maisons de niche et deux autres issues de marques affiliées à un groupe et qui, il me semble bien, devenir les classiques alternatifs des prochaines années.
La toute première création qui allie beaucoup d’originalité à un côté très facile à porter et qui mériterait bien rencontrer un public plus rare est issu de la très belle collection This Is Not A Blue Bottle de Histoires de Parfums et il s’agit bien évidemment du « 1.2 » créé en 2017 par Luca Maffei. Certes, j’enfonce un peu des portes ouvertes mais il me fallait débuter ma sélection par quelque chose que je porte et je l’aime depuis déjà longtemps. Je l’avais découvert à Dijon lors d’un week-end et, depuis, il fait partie de mes incontournables. De plus, je pense qu’il fait partie de ceux qui font l’unanimité autour de moi. J’ai discuté, il y a peu avec des propriétaires de parfumeries qui distribuent la marque et, vraiment, ils m’ont confirmé qu’il suffisait de le faire essayer pour voir qu’il plaisait. C’est un floral, doux, un peu miellé, enveloppant qui s’ouvre sur des notes de lierre et de baies roses pour nous emmener sur un coeur printanier, solaire et rond de muguet, lilas et ylang-ylang puis se poser sur un fond de muscs blancs, de vanille et de bois de santal. « Ceci est une explosion, une diffraction de la lumière révélant ses couleurs. Des éclats de lierre, Lilas et muguet illuminent gaiement une voie lactée de santal et musc blanc. Ceci est le parfum de la Lumière ». Ce qui frappe lorsqu’on le pose sur la peau, c’est le côté à la fois évident et pourtant presque évident de son évolution. Il est beau de bout en bout, depuis sa vaporisation jusqu’à l’enrichissement des notes de fond. Pour moi, alors que les premiers rayons du soleil de printemps se font sentir, il revient comme une éternelle bonne idée. Je l’aime beaucoup et je suis persuadé qu’il peut devenir, pour beaucoup, un incontournable d’autant qu’il plaira autant aux hommes qu’aux femmes.
« Le parfum envoûtant et suave d'une espionne ottomane qui se disait fille de Maharajah ». Nombre sont les amateurs, surtout les femmes bien évidemment, qui sont complètement nostalgique de parfums classiques massacrés par de multiples reformulations. Je pense à de grands ambrés fleuris poudrés qui ne sont plus, hélas, que l’ombre d’eux-mêmes tels, par exemple « Shalimar » qui n’a plus rien de commun avec les versions qui ont fait leur succès. Pendant longtemps, on m’a demandé quelle pourrait être une alternative que je ne trouvais pas. J’ai pensé bien évidemment à de grands Creed comme « Fleurs de Bulgarie » ou « Vanisia » mais ils n’existent plus puis, un jour, au détour de tests en parfumerie, je suis tombé sur « Kismet » créé par Thomas Fontaine pour Lubin en 2016 et qui est son interprétation d’une ancienne création de la marque dont il avait pu analyser quelques gouttes. Tout d’abord, il y a la légende : « La belle espionne ottomane avait ri du petit flacon de parfum en cristal créé à son intention. Il figurait un éléphant chamarré, allusion aux vers de Valmiki, le poète du Ramayana. Spirituelle et polyglotte, Kismet cultivait le mystère sur ses origines. Elle régna quelques temps sur les soirées parisiennes des Années Folles, puis s’éclipsa un jour pour ne jamais reparaitre. On ne conserva que le souvenir de son sillage enivrant, celui du parfum que Lubin avait créé pour elle ». Après une envolée de petit-grain, de citron et de bergamote le coeur de rose centifolia et de patchouli, poudré, dense, enveloppant, se développe sur la peau et se renforce des accents presque cuirés de l’opoponax et du labdanum arrondi par la vanille. « Kismet » n’est pas un beau parfum, c’est un grand parfum qui surpasse tous les grands ambrés fleuris orientaux des marques de luxe. Pour moi, il mériterait bien sa place au panthéon de cette famille olfactive même s’il plaira plus aux femmes, je le trouve très beau sur une peau masculine.
Chaque marque « historique » autrefois indépendante et aujourd’hui affiliées à des groupes possède son ou ses « classiques ». C’est le cas bien évidemment de L’Artisan Parfumeur. J’avoue que je n’ai aucun recul sur « Soleil de Provence », créé en 2022 par Daphné Bugey mais je le trouve tellement réussi que je ne vois pas comment il pourrait ne pas rencontrer le succès mais cela n’engage que moi. La parfumeure a réussi le tour de force de réalisé un mimosa frais et solaire qui ne soit absolument pas poudré. C’est presque un cas d’école en parfumerie. « Signée par le Maitre Parfumeur Daphné Bugey, la fragrance s'exprime tout d'abord comme un hommage à la fleur de mimosa et son éclatante couleur jaune que l'on retrouve le long de la route qui s'étire de Bormes-les-Mimosas à Grasse. Le soleil est au plein coeur de la fragrance avec la fleur solaire d'ylang ylang et la chaleur émanant des notes baumées de benjoin et de vanille. Un parfum joyeux au plus près de la matière, qui embrasse la douceur de vivre du sud ». Le départ de citron très zesté est fugace mais vraiment pétillant et il accroche le nez tout de suite en se mêlant à une note un peu florale qui nous conduit sur le très beau coeur de mimosa et d’ylang-ylang, ultra lumineux puis sur un fond de benjoin résineux qui n’est présent que pour soutenir la fragrance. Sur ma peau, le côté très floral prend le pas et il faut bien le dire, il est superbe. Il conserve sa fraîcheur tout en se développant d’une manière solaire. Ce n’est pas un « parfum de vacances », il peut être portée une grande partie de l’année et là, je me fais plaisir en utilisant les quelques gouttes que je possède. Je pourrais tout à fait me l’approprier. J’ai adoré sentir ce parfum en décembre à sa sortie et je l’aime encore plus avec les beaux jours. J’espère qu’il va rencontrer un grand succès.
Les Éditions de Parfums Frédéric Malle recèlent plusieurs parfums qui sont devenus des classiques. Je pense bien évidemment au très sophistiqué « Portrait of a Lady » ou encore à « Musc Ravageur ». Pour ma part, je suis plus attiré par des créations peut-être un peu plus confidentielles comme « Le Parfum de Thérèse », « En Passant », « Noir Épices » et, plus récemment, « Synthetic Jungle » qui a été l’un de mes coups de coeur. Je dois bien admettre qu’ils sont trop clivants pour devenir de vrais classiques de la parfumerie mais il est l’une des créations de Jean-Claude Ellena qui finira, je le pense par rencontrer un large public. En effet, « Rose & Cuir » que le parfumeur a créé en 2019 aligne vraiment toutes la qualités que je pense indispensables pour qu’un beau parfum devienne un grand parfum. Épuré et opulent à la fois il est décrit ainsi : « Le parfum Rose et Cuir nous révèle une simplicité unique imaginée par Jean-Claude Ellena. La beauté florale amenée par la rose accompagnée par le cassis et le géranium nous plonge dans un univers minimaliste. Le cuir amène mystère sur ce monde et complète cette fragrance qui nous séduit avec subtilité ». Après cette très belle envolée de rose de Grasse très chère à Jean-Claude Ellena, le coeur de bourgeon de cassis, de géranium et de poivre noir vient « corser » la fragrance et nous emmener jusqu’un fond de cèdre de l’Atlas, de vétiver Bourbon et de cuir. C’est un parfum duel entre notes florales et cuir doux. Pour moi, c’est une parfaite réussite. Il est suffisamment original pour être « niche » mais il demeure facile à porter donc, sans aucun doute, c’est carton plein et le parfum pourrait devenir un classique.
Il en existe plein d’autres bien évidemment mais je voulais réaliser un exercice de style autour de quatre créations uniquement. J’espère que mon article vous a plus et qu’il vous aura donné envie d’utiliser votre nez. Je suis très content d’avoir découvert ces parfums. J’espère vraiment que ce sera très agréable pour vous de les découvrir et de les essayer.
Promenade dans mes doses d'essai
Une fois par mois, je vous rends compte des essais effectués grâce à mes échantillons. J’ai choisi quatre parfums très différents les uns des autres et je dois dire que j’ai fait de belles trouvailles. En tout cas, je me suis fait plaisir à aller très en dehors de mes goûts et je ne le regrette pas du tout. Je suis complètement séduit par certains, rebutés par d’autres et les derniers me laissent indifférent. C’est notre ressenti face à la parfumerie. Comme toujours, mes avis ne sont pas des critiques, ils traduisent vraiment notre ressenti.
Le premier parfum que j’ai testé dans cette série est un féminin de Lalique qui a pour nom prometteur « Electric Purple » et qui est contenu, comme toujours, dans un très beau flacon. Créé en 2018 par Nathalie Lorson, ce parfum est un chypre fruité ultra moderne qui m’a bien plu. « Un contraste éclatant de couleurs saturées. Éclairée par un trait de pamplemousse amer, une gerbe de menthe et de feuilles de Violette tourne au vert fluo. Sur ce fond verdoyant, l’accord boysenberry, croisement de mûre et de framboise, est si réaliste qu’on croirait goûter cette baie pourpre, à la saveur captée par une technique de pointe, le NaturePrint®. Boostée par le Musc, ce jus électrique se pose sur un lit de mousse et de patchouli. Une relecture insolente et contemporaine du chypre fruité ! ». C’est un parfum âpre, presque brusque, qui bouscule mes narines avec une envolée de pamplemousse, de menthe et de feuilles de violette très amère et presque aromatique qui nous emmène sur un coeur fruité de cassis et d’armoise qui lui confère un côté vert avant de se poser le le traditionnel fond de mousse et de patchouli. Avec une formule très courte et épurée, Nathalie Lorson donne une lecture vraiment très moderne du chypre fruité et lui conférant quelque chose de sec, de presque tranchant accentué par les molécules de synthèse. L’évolution est d’une grande fraîcheur sur ma peau. Je pourrais porter ce parfum dont j’apprécie les facettes mais il me déroute. Il est présenté comme un féminin mais, pour moi, il est très androgyne et il a quelque chose de presque masculin. En tout cas, il est très réussi et j’ai bien aimé l’essayer.
Je le connais depuis longtemps, je l’avais même redécouvert il y a quelques mois lors de ma revue complète sur Goutal Paris mais j’ai réessayé « Nuit Étoilée » et je dois dire que je l’aime particulièrement. Créé par Camille Goutal et Isabelle Doyen en 2012, il est, si j’ose dire, « très Goutal » et je pourrais tout à fait me l’approprier. « S’allonger sous les séquoias et se laisser bercer par les odeurs de bois, de mousse et de terre. Là, dans l’immensité de la nuit, c'est la liberté qui nous appelle. À côté du ruisseau que l'on devine à peine, il n’y a plus qu’à se perdre dans le ciel pour embrasser la fraîcheur douce et rassurante, le calme mystérieux et apaisé d’une nuit étoilée ». Il s’ouvre sur des notes de menthe poivrée, de graine d’angélique et d’orange puis le coeur de jasmin d’Égypte et rehaussé de lentisque et de carvi. Le fond, absolument magnifique, mêle le sapin baumier et l’immortelle. Je lui trouve même un côté un peu réglisse. Sur ma peau, il matche magnifiquement. C’est un parfum en clair obscur comme le laisse deviner son nom. Pour moi, il symbolise les vacances et je ne saurais pas dire pourquoi. Je lui trouve aussi un petit côté élégant « à l’anglaise ». Sa concentration eau de parfum ne nuit absolument pas. « Nuit Étoilée » me convient très bien et pourtant, c’est un Goutal sur lequel je ne m’étais jamais vraiment penché. J’ai un vrai coup de coeur pour ce parfum que je trouve d’une rare élégance.
Je n’avais pas essayé « La Chasse aux Papillons » dans ses deux versions depuis très longtemps. J’en connais la globalité mais je ne me souviens pas avoir tenté de les mettre sur ma peau. Voilà qui est chose faite. Toutes les deux ont étés créées par Anne Flipo en 1999 et je n’imaginais pas à quel point c’était un vrai best de la marque. « La Chasse aux Papillons est un souvenir d'enfance inspiré par les jeux de chasses aux papillons sous un ciel d’été. Signé par le Maitre Parfumeur Anne Flipo, le parfum s'ouvre sur une fraicheur épicée de bergamote, de fleurs de citronnier et de baies roses. Le coeur est un bouquet floral composé de fleur d'oranger, de jasmin et de tilleul, délicieusement envoûtant et solaire. La gaze des ailes de papillons et les filets fins font écho à la nature délicate de ce parfum. Le résultat, doux, lumineux et pur, est un écho à l'innocence bucolique des jours d’été ». Telle est la description de l’eau de toilette qui s’oppose un peu à celle de l’extrême : « La Chasse Aux Papillons Extrême s'empare du dernier souffle chaleureux d'un jour d'été. Le crépuscule se peint sur les ciels bleus et le jour se transforme en or. Dans cet instant parfait où le jour devient la nuit, l'air est inondé par l'odeur de fleurs blanches ensoleillées. La lumière est velouteuse et séduisante. L'humeur est audacieuse et mystérieuse. Un sillage épicé et voluptueux de jasmin voltige dans l'air avec les derniers papillons de la journée ». La trame est la même mais, en ce qui concerne l’eau de toilette, l’évolution est uniquement florale et linéaire avec une ouverture de fleur d’oranger, un coeur de fleurs blanches dominé par le jasmin et le tilleul et un fond légèrement boisée alors que dans l’extrême, en concentration eau de parfum, le jasmin est quand même renforcé par des notes de safran et de poivre rose en tête ainsi que de tubéreuse et d’ylang-ylang en coeur. Je trouve que ce sont deux créations un peu différentes mais qui, loin de s’opposer, se complètent. J’ai aimé essayer les deux. Je crois que, sur ma peau, l’extrême est plus joli, moins volatile mais je connais plusieurs personnes qui portent l’eau de toilette et qui se l’approprient mieux que moi. Je trouve que « La Chasse aux Papillons » dans ses deux versions s’adressent aux amateurs de fleuris mais aussi à celles et ceux qui cherchent des parfums agréables, faciles, sans prise de tête. Pour moi ce sont deux des belles réussites de la marque.

Je trouve que la marque de Sonia Constant, Ella K, est très qualitative et recèle de très beaux parfums. Je l’ai évoquée souvent mais j’avais envie de réessayer « Reflet sur L’Okavango » que la parfumeure a créé en 2019. « L’Okavango, au Botswana, ce « fleuve qui n’atteint jamais la mer » donne à la région l’aspect d’un arbre couché sur le sable dont les innombrables racines tracent un labyrinthe aquatique redessiné quotidiennement par les caprices de l’eau. Sur les berges de ces nombreux cours d’eau pousse une végétation déployant toutes sortes de senteurs. Du papyrus à l’acacia en passant par les sycomores, cette flore est une source inépuisable d’inspiration qui nourrit l’imaginaire sans jamais le rassasier ». J’ai plusieurs fois parlé de ce parfum car je pense que je l’aime bien et que je pourrais le porter. Il s’ouvre sur une envolée de papyrus très végétal puis arrive un coeur à la fois floral et poudré avec de l’acacia et de l’iris et s’enrichit d’un fond de musc et de notes vertes. Sur ma peau, force m’est d’admettre, même si cela m’ennuie, qu’il ne matche pas comme ça avait été le cas de « Mélodie de L’Altaï ». Sur les autres ils sont magnifiques mais sur moi, il y a une note, qui pourtant n’est pas commune aux deux parfums, qui me dérange et je suis obligé de me dire que « ma peau n’en veut pas ». Je voulais le réessayer une fois encore pour voir si cela serait toujours le cas ou non. Il n’en reste pas moins que cette création, comme une invitation au voyage, nous emmène dans un pays dont la plupart d’entre-nous ne sait rien. Il est atypique, différent, surprenant et je pense qu’il faut vraiment l’essayer.
Je ne sais pas si c’est parce que nous avons en ce moment un mois de février relativement clément mais j’ai beaucoup aimé mettre mon nez dans des parfums plutôt moins enveloppant que ce que je porte au quotidien. J’aime bien l’idée de parfums pour chaque saison et je me prépare sans doute inconsciemment au printemps qui ne devrait plus tarder.
De si beaux bouquets floraux
J’avais envie de revenir sur de grands floraux que l’on peut trouver en parfumerie, dans des marques diverses et variées, à des prix très différents les uns des autres et dont on parle finalement assez peu. J’ai remis mon nez dans certains et j’ai un souvenir précis pour les autres. En tout cas, j’ai beaucoup aimé écrire cet article. Je suis venu aux floraux avec « Datura Noir » de Serge Lutens à l’époque et, finalement, j’aime bien cette famille olfactive. J’ai essayé d’en retenir cinq qui me plaisent particulièrement et dont j’ai peu ou pas parlé et de vous donner mes impressions. J’espère que cet article donnera envie de sentir non seulement aux amateurs de parfums fleuris mais aussi aux autres, les curieux qui veulent découvrir autre chose. Allez, je vous emmène dans des bouquets construits aux senteurs remarquables.
« Derrière la fraîcheur de la jacinthe et la douceur du chèvrefeuille, il y a un amour et une tendresse qui fleurissent avec le temps. Plus qu'un lys entêtant et charmeur, un bouquet bien plus grand : des lys blancs, comme ceux offerts, chaque semaine, par un mari à sa femme… comme tous ceux qu’Annick Goutal reçut de son Grand Amour pendant plus de dix-huit ans ». Lorsque je pense à des grands floraux, le premier qui me vient à l’esprit est invariablement « Grand Amour » créé en 1996 par Isabelle Doyen sous l’impulsion d’Annick Goutal et qui, je trouve, résume bien l’idée que je me fais d’un énorme bouquet aux senteurs mêlées et pourtant harmonieuses. Après la fraîcheur verte du bourgeon de cassie et de galbanum à l’envolée, le coeur de lys blanc, de jacinthe et de chèvrefeuille vient envelopper celle (ou celui pourquoi pas) qui le porte, d’un merveilleux voile floral. Le fond de vanille, d’ambre et de santal est juste présent ce qu’il faut pour soutenir la fragrance. Pour moi, « Grand Amour » est le parfum romantique par excellence. C’est un grand floral, un grand parfum, probablement l’un de plus beaux sur le marché selon mes goûts. Il n’est pas facile à porter, il faut l’assumer et je trouve qu’il est, et c’est une contradiction, un féminin avec un grand F. Sur une peau masculine, enfin sur la mienne, il est juste envoûtant comme j’aime. C’est une merveilleuse création qu’il faut absolument découvrir.
« Émilie est un délicieux parfum floral qui marie rose, jasmin et violette sur fond de santal et d’ambre …». Je ne parle pas souvent de Fragonard car je me perds un peu dans les multiples références de la marque mais, lorsque j’ai visité l’usine à Grasse, j’ai été impressionné par le savoir faire des parfumeurs et des techniciens. C’est pour cela que j’ai passé sur ma peau la petite lingette échantillon de « Émilie » dont je me souvenais longtemps après l’avoir découvert et je n’ai pas été déçu. Il existe en deux concentration, la première est une eau de toilette très facettée et très aérienne, la seconde est un extrait du même style mais avec plus de densité et une présence plus nette de certaines fleurs. Il s’ouvre sur des notes de fleur d’oranger, de bergamote et de citron et on sait déjà que l’on entre dans un beau classique. Le coeur de rose, de muguet, de jasmin et de violette est superbement équilibré pour donner un bouquet blanc et mauve très élégant et profond soutenu par un fond de santal, d’ambre et de musc. Dans la version eau de toilette, la violette est très mise en avant et dans le parfum, c’est plutôt la rose qui ressort. Je trouve que « Émilie » est un très beau féminin et j’aime beaucoup la dimension un peu classique de son évolution. Vraiment c’est un magnifique bouquet qui peut être soit léger soit très dense selon la concentration.
« Créé en 1912, Quelques Fleurs a été le premier véritable bouquet multi-floral jamais créé. Plus, de 250 matières premières différentes et plus de 15 000 fleurs sont nécessaires pour créer une once de parfum. Créé pour un vrai cœur royal, Quelques Fleurs Royale capture l'explosion des fleurs avec son accord oriental luxuriant ». Si je n’ai jamais été un adepte de « Quelques Fleurs » l’original d’Houbigant, je suis vraiment très attiré, et depuis longtemps, par l’un des plus beaux parfums de la marque. En effet, lorsque j’ai découvert la reformulation de « Quelques Fleurs Royales » pour la collection privée, j’ai été très impressionné et j’ai eu envie de re-sentir l’eau de parfum déjà vendue en boutique et lancée en 2004. Ceci dit, je préfère la haute concentration lancée en 2018 dans la collection privée. C’est un parfum complexe comme cela se faisait au début du XXème siècle avec une envolée de cassis et de pamplemousse, un coeur de tubéreuse, de rose, de violette et de jasmin enveloppé d’une note de cire d’abeille et posé sur un socle de musc, de vanille, de cèdre et de santal. C’est un bouquet, une explosion de fleurs avec une petite note fruitée et une rose qui prend le pas sur l’association des autres. J’ai adoré le sentir en eau de parfum sur l’une de mes amies à laquelle il convient merveilleusement bien. Je pense que la concentration sortie dans la collection privée. J’ai une vraie attirance pour ce parfum même si je ne me vois pas le porter. En revanche, je le trouve tout à fait utilisable pour un homme. Il reste que c’est un chef-d’oeuvre et qu’il faut absolument l’avoir au moins senti.
Comment évoquer les grands floraux sans parler d’Isabey ? J’aurais pu choisir n’importe laquelle des créations ou parler une fois de plus de « Gardénia » mais j’ai pris une autre option. En effet, je trouve que l’on n’évoque que très rarement « Fleur Nocturne » qui est une réinterprétation d’un parfum des années vingt revu et corrigé par Jean Jacques en 2009. « Inspiré par l'univers de cristal peint, de fleurs et d’améthyste nocturne de 1925, le parfumeur Jean Jacques a créé un bouquet floral extraordinairement riche: Jasmin, Magnolia et Gardénia. Les notes fruitées qui reposent sur un fond puissant créant ainsi un sillage d'une élégance et d’une sensualité intense ». Après une envolée de mandarine, d’abricot et de pêche associée à un bouquet de fleurs blanches, le coeur est « très Isabey » avec un gardénia et un jasmin omniprésent puis le parfum évolue vers un fond patchouli et vanille qui est là pour soutenir la fragrance et lui assurer sa longévité sans jamais la rendre entêtante. C’est un floral opulent, puissant, avec une vraie identité. Pour moi, « Fleur Nocturne » est sans doute, avec « Gardénia », l’un des plus beaux floraux du marché et, je dois bien le dire, je le trouve tout à fait intemporel même s’il est largement inspiré d’une formule de 1925.
Le cinquième et dernier parfum de ma sélection est aussi très « romantique » mais il demeure résolument moderne. Il s’agit de « Duo des Fleurs » créé pr Euan McCall pour la marque franco-japonaise Senyokô en 2019. Je dois dire qu’il est, pour moi, un vrai coup de coeur et il m’a permis de mettre le nez sur le travail de ce parfumeur écossais dont le talent n’est pas à démontrer. Je remercie chaleureusement Fabien de Yuuminoki de me l’avoir fait découvrir car, je n’ai pas peur de le dire, c’est un chef-d’oeuvre sur lequel je n’aurais pas forcément mis mon nez de moi-même. « Sous la danse canopée où le jasmin blanc se mêle à la rose rouge… Échappez-vous avec moi, j’entends Sarasvatī apostropher au loin ! Une chaotique aventure de fin de siècle au terme du XIXème: deux amants s’échappent de l'Empire britannique des Indes. Le Duo des Fleurs, qui représentait la genèse de la tragédie, devient la source de félicité » et je dois dire que j’entends, lorsque je le sens, les voix de Lakmé et Malika dans l’opéra français de Léo Delibes qui est sans doute l’une des oeuvres que je préfère. Il s’ouvre sur des notes de rose centifolia associées à un absolu de jasmin sambac, ainsi qu’à des notes de davana et de feuilles de datura. Le coeur, construit autour d’huile et de pétales de rose ainsi que de bourgeons de jasmin nous conduit sur un fond de santal et de muscs divers. Ce parfum est très opulent, presque trop pour moi, mais il est comme une invitation à une promenade au milieu des fleurs exotiques dont l’agencement est diablement agréable. Je pourrais le porter sans problème et je ne le trouve pas aussi féminin que ça.
Il existe nombre de floraux magnifiques mais j’avais envie de parler de ces cinq là. J’ai une merveilleuse impression à chaque fois que je remets mon nez dans les parfums. Il y a bien quelque chose à en dire, la preuve, et à en faire : les porter !
Les Goutal disparus - 3ème partie
Créé en 1981 par Annick Goutal, « L’Eau de Lavande » fait partie des parfums que je n’ai pas vraiment connu mais j’ai trouvé quelques infos qui font envie. C’était une lavande épicée avec un fond de fève tonka et de vanille. Je l’imagine très Cologne, aromatique et épicée. Peut-être qu’il aurait pu me plaire. Je n’ai trouvé que peu d’informations sur cette création mais je dois dire que je suis curieux alors, si quelqu’un l’a senti, je suis preneur de renseignements.
Quand j’ai eu l’occasion de remettre mon nez dans « L’Eau du Ciel » lors de sa réédition en série limitée, je me suis rendu-compte qu’il était parfaitement iconique. Créé en 1985 par Annick Goutal, c’est une fragrance miellée et florale qui me plaisait beaucoup mais que je n’aurais peut-âtre pas eu envie de porter. « Mélodie de senteurs tendres, l'Eau du Ciel se compose de tilleul, de bois de rose du Brésil, de violette et d'iris. Le néroli et la fleur d'oranger viennent enrichir cette eau de toilette fine et délicate. L'Eau du Ciel évoque la nature, une grange à foin chauffée par le soleil, un champ de violettes... Aérienne et naturelle, l'Eau du Ciel séduit avant tout celles qui n'ont jamais tout à fait quitté les verts paradis de l’enfance… ». Il est vraiment iconique avec son départ miellé de néroli et de tilleul, son coeur de fleur d’oranger et de feuille de violette et son fond de bois de rose poudré par l’iris. Quand je l’ai redécouvert, j’ai un peu regretté de ne pas l’avoir porté. Peut-être un jour, si je tombe sur un flacon de la réédition, je me laisserais bien tenter. Je ne sais pas s’il était ressorti en eau de parfums ou dans sa version eau de toilette en 2015.
Créé en 2000 par Isabelle Doyen, « L’Eau du Fier » était vraiment l’un des parfums que j’ai vraiment adoré porter et j’en ai parlé souvent. « On découvre dans ce parfum un arrangement de notes "thé de Chine" mêlées aux odeurs extraordinaires des vaisseaux anciens qui ramenaient tous les trésors cachés d'Orient (clous de girofle, écorces de bouleau fumées, orange bigarade, osmanthus, fleur de sel.) L'Eau du Fier fut imaginée par Annick Goutal sur les rivage du Fier, cours d'eau de l'île de Ré, à la demande de son mari, musicien-voyageur épris d'horizons lointains ». Après un départ de bigarade et de menthe, le coeur de thé lapsang, de sel de mer et d’osmanthus était vraiment rehaussé d’une overdose de clou de girofle avant de se poser sur un fond de cuir de Russie (bouleau et mousse de chêne). « L’Eau du Fier » était à la fois goudronné comme un cuir à l’ancienne et rendu très moderne grâce à l’omniprésence du clou de girofle. J’ai adoré ce parfum. Je l’ai porté longtemps puis, subitement, il a disparu des boutiques. J’ai remis mon nez dedans il n’y a pas longtemps. Je pense que je l’ai vraiment aimé et qu’il me manque beaucoup. Il avait le côté nuancé de la maison et, également une facette cuirée dense et animale. Pour moi, il était l’équilibre parfait.
Créé en 1981, « Folavril » a été longtemps un iconique de la marque et je ne comprends vraiment pas qu’il ait disparu car j’imaginais qu’il avait une large clientèle. Il avait été inventé tout au début de la marque par Annick Goutal et, vraiment, je l’aimais beaucoup. « Le velouté de la mangue, l'exotisme du jasmin, la séduction de la fleur de boronia et le piquant de la feuille de tomate se marient pour une fragrance aux senteurs fraîches et exotiques. Folavril fut la première fragrance créée par Annick Goutal. Son nom reprend celui de la boutique d'antiquités dans laquelle Annick Goutal travailla à ses débuts. Un parfum à porter en été. Des senteurs fraîches et exotiques pour rêver de voyages et de liberté ». Il s’ouvrait sur des notes juteuses et vertes de mangue puis le coeur aromatique et floral de feuilles de tomate et de boronia me plaisaient vraiment et, lorsqu’il se posait sur un coeur de jasmin magique, il me séduisait. « Folavril » avait le côté exotique d’une invitation au voyage et c’est, je crois, le premier parfum estampillé féminin que j’ai porté dans la marque. Il était absolument incroyable. Je l’aimais beaucoup pour son côté frais et légèrement fruité avec le côté aromatique de la feuille de tomate. Voilà un parfum qui me manque. J’espère qu’un jour il reviendra même en version limitée.
À suivre...
Jo Malone : Blossom 2023
Comme chaque printemps elle revient… La collection Blossom 2023 de Jo Malone est arrivée et je dois dire que, si je suis un peu déçu qu’il n’y ait pas de nouveauté, j’ai adoré remettre mon nez dans les quatre fragrances que la marque a réédité. Je les connais assez bien et je vais pouvoir vous faire ce petit rappel facilement. En tout cas, les flacons sont plaisants, ils existes en 50 et 100 ml et ils peuvent bien nous accompagner vers les beaux jours. Si je suis toujours plus attiré par la Brit Collection, je suis toujours content de voir revenir la Blossom car elle annonce une espèce de renouveau, le printemps et la floraison. Quatre parfums fleuris, légers comme aquarelles ou petites plumes, ils sont très bien travaillés et il est vrai que Pénélope, de notre boutique lyonnaise, a su, nous les faire découvrir avec toute la finesse qui la caractérise.
« Une nouvelle saison balaie la ville tandis que de minuscules fleurs blanches se rassemblent en grappes sur des conifères touffus, remplissant l'air d'un parfum joyeux. Les notes d'abricot succulentes et de daim doux de cette fleur fruitée rencontrent la fleur d'oranger lumineuse et le bois de cachemire voluptueux ». Créé par Marie Salamagne, « Osmanthus » est vraiment le plus aérien, je trouve de la collection. Il est aussi celui qui, peut-être, en ce printemps 2023, me séduit le plus. En effet, la parfumeuse a exploité non seulement la facette florale de cette petite fleur chinoise mais aussi le côté très abricoté, fruité et addictif car légèrement miellé qu’elle exhale. J’aime énormément l’osmanthus. C’est une matière première qui offre de multiples possibilités. Celle proposée par Marie Salamagne, avec son départ de petitgrain un peu amer et frais et son fond de bois de cachemire très « cocon » est particulièrement délicate et bien imaginée. J’aime beaucoup « Osmanthus ». C’est un coup de coeur. En revanche, c’est un parfum léger dont il faut accepter le côté volatil. Personnellement, ça ne me dérange pas. Bonne excuse pour se reparfumer au cours de la journée !
« Le printemps s'éveille, tout comme les fleurs de nashi. Emblème de pureté, ces fleurs blanches et mouchetées se regroupent le long des branches arquées de l'arbre, qui deviendront bientôt des poires succulentes. Avec les pétales de roses, le parfum fruité et espiègle de cette fleur radieuse est adouci par le musc blanc ». Lors de ses premières éditions, je n’avais pas tellement été séduit par « Nashi » créé par Fabrice Pellegrin et je dois dire qu’il m’a vraiment fallu le redécouvrir pour en apprécier toute la subtilité. Tout d’abord, il y a l’envolée qui est comme un vent de fraîcheur citronné et zesté qui s’harmonise parfaitement avec le travail autour de la fleur de nashi et non du fruit qui est une petite poire exotique. Là, le parfumeur a vraiment travaillé le côté « blossom » comme le veut le cahier des charges et il est vrai que l’originalité est là. C’est un parfum pep’s, dynamisant, énergisant et qui ne fait que se poser sur le fond poudré et propre des muscs blancs. Vraiment, j’ai redécouvert « Nashi » avec un nez différent et je l’ai trouvé complètement réussi. C’est un petit bijou qui vient tout de suite compléter cette très belle collection. Le rééditer est vraiment une très bonne idée.
« Le printemps arrive avec des arbres aux fleurs étincelantes qui embaument l'air dans les parcs de la ville de Shanghai : le magnolia étoilé est en fleur. Leurs pétales vifs et immaculés brillent sur des feuilles de magnolia émeraude et un fond de bois de santal doux et crémeux ». « Star Magnolia » est le parfum le plus sophistiqué de la collection. Il s’ouvre également sur de très belles notes citronnées puis le magnolia, plein de fraîcheur, avec son côté hyper floral et un peu aquatique vient nous titiller le nez et là, curieusement, le bois de santal, crémeux et enveloppant vient comme socle d’une très belle fragrance vive et douce à la fois. J’ai toujours pensé que « Star Magnolia » était une réussite et je reconnais tout de suite la signature d’Anne Flipo qui a, il faut le dire, signé l’un de mes parfums préférés chez Frédéric Malle, « Synthetic Jungle ». Naturaliste, vraiment vif et réjouissant, « Star Magnolia » est quand même vraiment l’un des petits bijoux qui aurait tout à fait sa place dans la collection permanente de la marque.
« Des nénuphars radieux, le joyau de la couronne d'un étang cristallin dans un jardin secret. Ces pétales blancs dégagent un parfum floral net qui émeut et enchante. Représentant l'illumination, la fleur flottante a une fraîcheur rosée qui est renforcée par une floraison de jasmin sambac et de néroli ». Je l’ai toujours dit mais je suis complètement fan de « Waterlily » qui avait intégré la collection Blossom il y a deux ans si je ne me trompe pas. C’est une magnifique composition dans la lignée des plus beaux floraux aquatiques que je connaisse et il n’y en a pas beaucoup. Au départ il y a le néroli, issu de l’oranger amer. La note est déjà aquatique et parfaitement en accord avec le coeur de nénuphar et de jasmin puis le parfum se fait poudré et très profond avec un très beau fond de muscs blancs. Vraiment, il nous emmène sur un étang du jardin de Giverny sur les traces de Claude Monet. Impressionniste et diaboliquement naturaliste, « Waterlily » est superbe, n’ayons pas peur des mots. Pour moi, il est sans doute l’une des créations de la marque que je préfère et, à l’époque, j’avais eu un énorme coup de coeur donc je suis heureux de le voir revenir. Vraiment, il faut sentir cette composition. Elle est d’une exceptionnelle beauté et, de plus, son sillage et sa tenue sont impeccable. Que demander de plus ?
Vous l’aurez compris, je suis quand même très séduit par la collection Blossom de 2023 même si je regrette bien sûr qu’elle ne comporte pas de nouveauté. En tout cas, il faut parfois revenir sur certains parfums pour les apprécier encore plus et c’est le cas. Je voudrais vraiment dire, une fois de plus, que se rendre en boutique pour les découvrir en compagnie d’une ou d’un spécialiste de la marque est absolument indispensable.
Les Goutal disparus - 2ème partie
« Le Mimosa d’Annick Goutal s’ouvre sur l’anis et l’iris de Florence, deux notes vertes qui rehaussent les facettes naturelles de la fleur de mimosa. Au cœur, une pêche gorgée de soleil enveloppe le mimosa de ses rondeurs fruitées. En fond, des effluves de muscs blancs se mélangent à une légère trame boisée de santal. Dans le sillage coloré d’un bouquet de mimosa. Après de nombreuses créations autour de la rose, Annick Goutal choisit de rendre hommage à une des fleurs de cœur des parfumeurs : le mimosa. Clin d’œil à l’esprit des années 80 par son look, ce soliflore aux notes fruitées dévoile un univers vif et pétillant. Une fragrance ensoleillée qui semble arriver tout droit de Grasse, ville emblématique du parfum… ». S’il faisait partie des soliflores, j’ai toujours trouvé que « Le Mimosa » créé par Camille Goutal et Isabelle Doyen était bien plus complexe que les autres parfums de la série. Quand je vois la pyramide olfactive, je me dis qu’il n’était vraiment pas banal avec son envolée d’anis et d’iris, son coeur de mimosa et de pêche puis son fond de santal et de muscs blancs. Je le trouvais vraiment frais et poudré mais aussi légèrement animal et particulièrement étonnant dans son évolution. Je n’ai jamais franchi le pas car on ne peut pas tout porter mais je l’ai essayé très souvent. Alors c’est vrai que c’est tout ce que j’aime. Il y a eu des jours où il m’a vraiment fait envie mais je lui ai préféré, allez savoir pourquoi, à la même époque, un autre parfum de la marque, et qui n’existe plus… Je vous laisse deviner lequel.
J’ai bien évidemment connu « Les Nuits d’Hadrien » et « Bois d’Hadrien » qui ont étés, je pense, plutôt des variations sur le thème de « L’Eau d’Hadrien ». Créé en 2003 par Camille Goutal et Isabelle Doyen est un peu plus Chypré vert avec une envolée d’armoise, de mandarines jaunes et vertes et de bergamote vient un coeur de cèdre, de cyprès, de basilic et de cumin très surprenant. Il me plaisait beaucoup y compris lorsqu’il se posait sur un fond vanille, patchouli, muscs blancs et ambre. La marque le décrivait ainsi : « Aux arômes hespéridés et fusants de l’Eau d’Hadrien, s’ajoutent des notes plus chaleureuses et orientales comme l’ylang des Comores, le bois de santal et la vanille. La fragrance semble ainsi flamboyer en se réchauffant progressivement sur la peau. Inspirée par une promenade nocturne en Méditerranée, voici une nouvelle interprétation orientale et troublante du célèbre parfum ‘L’Eau D’Hadrien’. Au commencement était l’Eau d’Hadrien, une fragrance originale et racée au charme savoureux. Plus de vingt ans après, un nouveau chapitre s’écrit. La nuit succède au jour, avec ce parfum énigmatique aux accents d’Italie ». Créé par Camille Goutal en 2017, « Bois d’Hadrien » a eu une vie un peu limitée mais il est vrai qu’il était aussi plus consensuel. Il a été discontinué récemment mais je pense qu’on peut encore en trouver quelques flacons. C’est un un parfum très vert et boisé avec une envolée de citron vert, de pin, et de cyprès puis le coeur de notes boisées et de sapin baumier arrivent pour que le parfum finisse sur des notes de lierre épicées. J’en possède une petite miniature et je peux en parler facilement alors que je ne l’ai pas porté. Il est très joli, élégant et classique. Je ne crois pas que j’ai trop le feeling avec mais il a existé et je le trouvais facile à porter.
Il fallait en garder un et la marque a préféré « Mandragore Pourpre » à « Mandragore » créé en 2009 par Isabelle Doyen et Camille Goutal. C’est un parfum que j’ai porté un peu. Il avait été lancé aussi dans les deux flacons. « Un philtre moderne inspiré de recettes de magie. La mandragore est une plante étonnante. Ses racines ont des formes étranges et le végétal a des propriétés narcotiques. Autrefois, on l’utilisait en sorcellerie, convaincue de ses pouvoirs… Ainsi s’appelle le nouveau parfum d’Annick Goutal, créé par la parfumeuse maison Isabelle Doyen en collaboration avec Camille Goutal. Un mixte créatif et mystérieux dans un flacon violet et or ». Plus frais que la version « pourpre », « Mandragore » était un parfum assez aromatique et épicé. Après l’envolée de bergamote et de poivre noir, le coeur de badiane et de menthe était un océan de fraîcheur puis, le fond boisé de buis et épicé de gingembre soutenait la fragrance. Je ne sais pas ce que sent la mandragore mais j’ai toujours trouvé ce parfum à la fois pep’s et mystérieux. J’aimais bien « Mandragore » mais je crois que je préfère quand même « Mandragore Pourpre ».
« Mon Parfum Chéri », créé par Isabelle Doyen et Camille Goutal en 2009 a été, il faut le dire, vraiment « mon » Goutal comme « Sables » pendant des années et, lorsqu’il a disparu du catalogue, il m’a énormément manqué. J’ai été ravi qu’il ressorte en édition limitée pour les 40 ans de la maison en 2021. J’adore ce parfum littéralement. C’est un chypre fruité sans bergamote et sans mousse de chêne avec un départ liquoreux mais un peu frais de prune, un coeur de violette et d’iris enveloppé d’une note d’héliotropine et de patchouli qui lui donne un socle vraiment très élégant tels les plus grands chyprés prune du marché. J’ai fait du stock et je peux encore le porter. « Mon Parfum Chéri par Camille est construit autour d’un patchouli d’Indonésie. Cette fragrance chyprée-fruitée dévoile une prune liquoreuse mêlée à des effets poudrés et épicés. Au fil de la fragrance, on découvre également l’association de la violette et de l’iris avec l’héliotropine.. Un hommage d’une fille à sa mère Au commencement de cette fragrance, il y a une petite concrète ayant appartenu à Colette qui avait été offerte à Annick Goutal. Cette senteur boisée obsède Camille et lui rappelle les films hollywoodiens des années 40, le satin affriolant, la dentelle raffinée et… l’image de sa mère s’apprêtant à sortir. Comme un joli retour des choses, Camille rend hommage à sa mère avec Mon Parfum Chéri Par Camille, treize ans après qu’Annick Goutal lui a dédié ‘Petite Chérie’ ». Présenté comme un féminin, il a pourtant su me séduire instantanément. J’espère qu’un jour, il réintègrera la collection un jour.
À suivre...
Hedonik, l'autre face de Francesca Bianchi
Hedonik est la seconde maison dont la créatrice Francesca Bianchi a composé les parfums et l’univers est assez différent de sa marque éponyme même si on y retrouve sa signature toute en séduction et en sensualité même si les notes animales sont un peu moins présentes. Grâce à Fabien de Yuuminoki (sur Instagram et Facebook), j’ai eu la chance de tester les deux créations que compte pour l’instant la marque qui a été fondée en 2021 et je dois dire que je suis séduit et impressionné par ce que j’ai pu poser sur ma peau. Je pense même que la nouveauté 2023 figurera en bonne place dans mon top au moins de décembre.
Le premier parfum que j’ai découvert est dont sorti en 2021 et il porte le nom tout à fait provocateur de « Divine Perversion ». « Francesca a dédié ce parfum à la note cuir, cette matière étant l'élément central d'Hedonik – ainsi qu'une de ses notes préférées. Le cuir est, en effet, crucial dans cette composition, se démarquant de l'ouverture au sillage. Francesca aime jouer avec les contradictions, elle a donc utilisé des notes sucrées, fruitées, caramel d'un côté, et des notes cuirées et ambrées intenses de l'autre en contraste. Elle aime aussi utiliser des notes animales, qui ajoutent de l'intensité, un sens de l'humanité et de la chair, qui rendent le parfum irrésistiblement sensuel ». Le parfum s’ouvre sur une envolée de framboise et de poivre noir. Je le rappelle mais, en général, je 0 déteste la note synthétique de framboise et, heureusement, elle s’envole assez vite car apparait un coeur de rose, d’iris avec une pointe de caramel puis un fond d’ambre, de cuir et de bois. C’est un parfum gourmand, très élégant et jamais cheap ce qui mérite d’être mentionné. J’aime beaucoup le développement qui m’évoque un peu celui des parfums oniriques que je pourrais imaginer sur des personnages imaginaires. Je ne sais pas si je pourrais le porter mais j’ai adoré l’essayer. C’est un parfum de séduction et de charme, chic sans choc et très addictif. Il faut absolument l’essayer sur peau.
« Obsessive Devotion : le nom incarne mes sentiments et mon admiration envers un ingrédient puissant de la parfumerie, l'absolu de Champaca. C'est une pensée obsessionnelle qui a guidé la création de ce parfum. Le cuir est l'une des autres notes et obsession personnelle, ainsi que la signature de cette ligne de parfums de la marque. Le parfum tourne autour du Champaca, enrichi par d'autres notes sensuelles comme l'Ylang Ylang et le Poivre Rose, apprivoisé par une légère note de pêche, sur une base sensuelle mais sophistiquée avec du Cuir et du Patchouli crémeux, et un mélange boisé fumé mais doux » explique Francesca Bianchi. Je suis complètement séduit par cette nouveauté 2023. C’est un parfum chypré (comme par hasard) et je le trouve d’un chic absolu. Le départ de bergamote douce contrebalancée par l’amertume du pamplemousse qui nous conduit sur un coeur absolument fantastique de pêche, de poivre rose, d’ylang-ylang et d’absolu de champaca qui est une sorte de magnolia indien beaucoup plus opulent après un certain temps, le parfum s’enrichit d’un fond d’iris, de cuir fumé, de bois de santal et de l’association patchouli et mousse de chêne. J’ai posé le parfum sur ma peau et je le trouve absolument incroyable. Il se développe sans jamais être lourd malgré la concentration extrait. Pour moi, il est d’une délicatesse qui montre une autre facette du talent de Francesca Bianchi. Vraiment je suis séduit par ce parfum, je pourrais tout à fait le porter.
Je suis vraiment très séduit par les deux créations de Hedonik et, si l’on reconnait bien la signature de Francesca Bianchi, son travail est très différent de celui de sa marque éponyme. Je dois dire que les deux extraits de parfums sont peut-être plus accessible ce qui ne les empêche pas d’être magnifiquement réalisés. En tout cas, « Obsessive Devotion » est, pour moi, un très gros coup de coeur et j’ai hâte de sentir les prochaines créations de la parfumeure pour cette marque.
Et si je changeais de style ?
Parfois, lorsque je sens des parfums que j’ai porté il y a longtemps et que je trouvais originaux, je me rends compte que, par rapport à mes goûts, je les trouve maintenant très classiques. C’est le cas, par exemple, de « Man » de Rochas ou encore de « Hannae Mori » pour homme voire même de « Minotaure » de Paloma Picasso. Je ne suis pas capable de dire si ce sont mes goûts qui se sont affinés ou encore si les formules ont étés modifiées et peut-être même standardisées. En tout cas, je suis toujours, je pense, à la recherche de créations inédites qui me surprennent et me provoquent des émotions. Parfois, je me dis que je vais me blaser et que je me contenterai d’un ou deux parfums qui me suivent le plus souvent mais, bizarrement, la curiosité et la volonté de m’emballer ressort toujours. Je crois, d’ailleurs, que je pourrais porter aujourd’hui des compositions issues de toutes les familles olfactives même si je n’ai peut-être pas vraiment trouvé mon boisé, mon boisé résineux ou ma fougère qu’elle soit orientale ou aromatique, enfin si on excepte « Pour Un Homme de Caron » que j’ai pas mal porté sous plusieurs de ses concentrations. J’ai donc décidé de sélectionné quelques parfums qui, dans ces familles qui me font un peu reculer parfois, me séduisent.
Lorsque j’ai découvert Essential Parfums, il y a quelques années, « Bois Impérial », composé par Quentin Bisch en 2020, n’existait pas encore et, lorsque j’en ai entendu parler, je n’en n’attendait rien ou pas grand chose puis je l’ai découvert et essayé. Il est vrai qu’il a des qualités tout à fait étonnantes. Tout d’abord, je le crois portable en toute saison et complètement mixte. Ensuite, il a une originalité et une tenue que je trouve vraiment rare dans la famille des boisés. Il revêt des notes épicées qui s’harmonisent magnifiquement avec le bois d’akigala qui en est l’une des composantes principales. Enfin, il y a son prix. Actuellement, « Bois Impérial » est vendu 78 euros pour 100 ml et je me suis dit que je ne prenais pas vraiment de risque en le choisissant comme l’un de mes rares parfums boisés. Il est d’ailleurs fort probable que je franchisse le pas un jour ou l’autre. Dans cette famille, je vais chercher plutôt un boisé épicé et il m’a semblé, l’an dernier, lorsque j’ai essayé à sa sortie « Poivre Noir » créé par Christopher Sheldrake pour Serge Lutens, qu’il serait une bonne entrée en matière. En effet, il a un côté « pep’s », quelque chose de vraiment estival et de frais avec un fond boisé qui le maintient « en place » si j’ose dire et, lorsque je l’ai essayé, je l’ai vraiment beaucoup aimé. Je le trouve à la fois sec et épicé, tout comme j’aime. En outre, je pense qu’il vient occuper, sur le marché, une place qui était un peu vacante depuis le retrait de « Poivre Piquant » créé par Bertrand Duchaufour pour L’Artisan Parfumeur par exemple. Je me suis un peu retourné sur les boisés que j’avais porté dans le passé. Il n’y en a pas eu tant que ça mais j’aimais beaucoup « Black Cedarwood & Juniper » créé par Christine Nagel pour Jo Malone mais qui n’existe plus. Je dirais que j’aurais une préférence pour les parfums boisés soit très frais voire épicés soit plus fumés. J’aimais beaucoup par exemple, « Peau de Pierre » créé par Daphné Bugey pour Starck Parfums qui était un peu les deux mais que je peine à retrouver en boutique aujourd’hui même si je sais que la marque est encore commercialisée. Pour conclure, je me suis rendu compte que j’avais porté ou que je pourrais porter quand même quelques parfums boisés qui sont encore sur le marché mais qu’il fallait vraiment qu’il se singularisent.
Pour ce qui est des résineux, mon approche est beaucoup plus timide. En effet, j’approche cette sous-famille olfactive des boisés avec pas mal de réserve. Certes, il y en a que je peux aimer sentir mais, de là à les porter, il y a un pas que je n’ai pas encore franchi. L’an dernier, j’ai pas mal tourné autour d’ « Indochine 25 » créé par Pierre Guillaume pour sa Collection Numéraire mais, finalement, j’ai trouvé que l’évolution était plus musquée et cosmétique qu’à l’image de ce départ très résine. J’ai aussi essayé « Wazamba » qui est, il faut bien le dire, l’un des fleurons de Parfum d’Empire. Créé par Marc-Antoine Corticchiato en 2009, ce parfum est l’un des plus incroyables des deux collections. « Un boisé résineux où vibrent les mystères du sacré. De toute éternité, les hommes ont envoyé des messages parfumés aux dieux. Wazamba concentre, dans ses notes empreintes de spiritualité, les résines et les bois précieux brûlés dans les rituels de différentes cultures : l’encens de Somalie aux profondes vibrations, la myrrhe du Kenya, l’opopanax d’Ethiopie, le santal d’Inde et le cyprès du Maroc… Wazamba invite à un parcours initiatique hors du temps… pour se réconcilier avec soi-même ». Il est sans doute l’un des parfums préférés de beaucoup de fans de la marque et il est vrai qu’il est superbe mais, il faut bien le dire, je ne pourrais absolument pas le porter. Il est beaucoup trop dense et capiteux pour moi même si j’adore le sentir. J’aimerais bien découvrir un jour un parfum réellement résineux qui me convienne. Bien évidemment, il reste « Fille en Aiguilles » créé par Christopher Sheldrake pour Serge Lutens mais son prix, dans la collection Gratte-Ciel est devenu, pour moi, clairement prohibitif. De plus, de l’avis de deux spécialistes de ce parfum, il a été reformulé et je ne suis pas certain que la note fumée me convienne. Alors, si je devais, en désespoir de cause, me tourner vers un parfum résineux que je connais, je pense que j’opterai pour « Hermann À Mes côtés Me Paraissait Une Ombre » créé par Quentin Bisch pour État Libre d’Orange en 2015 et que j’aime toujours bien avec son côté facile à porter. En revanche, s’il ne me déplait pas, je ne suis pas entièrement convaincu. Je pense que je n’ai pas encore trouvé « mon » parfum résineux.
Je suis tout aussi dubitatif en ce qui concerne les fougères. Bien évidemment, je pourrais me reprendre un flacon de « Pour Un Homme De Caron » en eau de toilette qui est une valeur sûre même si la dernière reformulation ne me convainc pas forcément. J’avais aussi un peu regardé, il y a quelques années vers « K » en eau de toilette. Créé par Daphné Bugey et Nathalie Lorson, je trouvais qu’il se démarquait un peu avec cette note de piment qui me plait beaucoup mais je m’en suis détourné car la tenue est vraiment trop courte sur ma peau. J’avais également mis mon nez sur « Fougère Royale » d’Houbigant, un petit retour au sources qui aurait pu me plaire. La reformulation en 2010 de Rodrigo Flores-Roux est assez belle mais je dois dire que je la trouve vraiment trop classique. L’accord fougère est un peu difficile pour moi qu’il soit associé à des notes aromatiques ou plus orientales. Je n’ai pas, là encore, vraiment trouvé « ma » fougère, sauf peut-être "Etruscan Water" de Francesca Bianchi mais il faudrait que je le réessayer. Je crois que je pourrais en porter plusieurs mais elles ne me satisfont pas complètement. Je dois dire que c’est sans doute la famille olfactive qui me rebute le plus. J’en ai porté quelques unes, « Amber & Lavender » de Jo Malone qui existe toujours dans la collection Archives ou encore « Royal Scottish Lavender » de Creed qui a disparu corps et biens. Bien évidemment, il me reste « Original English Lavender » de Yardley mais sa tenue est très limitée et la fragrance est vraiment solinote. Je pense que, tout comme pour les résineux, je n’ai pas vraiment trouvé. J’ai adoré « English Fern » chez Penhaligon’s mais il a disparu aussi et, finalement, le parfum qui se rapproche le plus de cette famille et que je porte est « Blenheim Bouquet » mais il s’agit plus d’un esprit Cologne.
Je dois dire que je ne suis pas complètement convaincu. Je suis beaucoup plus à l’aise avec les chyprés et les cuirs. Ceci dit, quand on s’intéresse à la parfumerie, il est toujours agréable de s’éloigner de ses goûts pour explorer de nouveaux univers olfactifs. Changer de famille est toujours une nouvelle aventure.
Exquise Trouvaille : "Thé Darbouka"
Je ne peux pas dire que j’avais eu un coup de coeur total lorsque j’ai découvert L’Orchestre Parfum. Je pense que j’avais bien aimé la plupart des créations mais de là à y revenir encore et encore, ce n’était pas vraiment le cas. J’ai eu l’occasion, lors d’un week-end à Dijon, aux Ateliers du Parfumeur qui distribue la marque, de remettre mon nez sur toute la collection. Jusqu’alors, mon préféré était « Cuir Kora » mais finalement, c’est sur « Thé Darbouka », créé en 2017 par Anne-Sophie Behaghel et Amélie Bourgeois que je me suis arrêté et j’ai découvert que je le trouvais vraiment très addictif. C’est un parfum oriental un peu gourmand et épicé mais sans jamais d’excès et toujours en élégance avec un départ de bergamote, de cumin et de baies roses, un coeur d’immortelle et de genièvre et un fond de fruits confits, de oud, de styrax et de fève de cacao. C’est un parfum tout en finesse, tout en chic et, s’il invite au voyage, il est également très facile à porter et on a envie d’y revenir. Il est associé par la marque à un morceau de musique interprété par Nicolas Leroy et que je trouve très déroutant, avec beaucoup de réverbération et de percussions. Je trouve qu’il y a presque une dimension spirituelle.
« Sahara. Désert de dunes. Lever du jour rythmé par le claquement nomade d’une darbouka. Un thé imaginaire. Insaisissable, gourmand et épicé ». Il faut dire que la darbouka est un instrument de percussion faisant parte de la famille des membraphones originaire d’un monde arabo-musulman et qui daterait de 1100 avant JC. La darbouka fait partie des percussions mentionnées dans l’instrumentarium des Troyens de Berlioz. Je trouve que le son et le parfum sont assez en résonance. Il y a quelque chose de mystérieux et d’intemporel dans cette création addictive et d’une élégance presque subversive. Il m’a emmené en voyage et je n’ai pas vraiment sur pourquoi mais j’ai eu envie de le sentir et de le re-sentir sans arrêt. Je l’ai essayé et je pourrais parfaitement le porter régulièrement tant en hiver qu’en automne ou au printemps car il n’est jamais entêtant ni jamais trop lourd. « Thé Darbouka » est donc, à ce jour, mon coup de coeur de la collection de L’Orchestre Parfum.
Les Goutal disparus - 1ère partie
Si vous suivez mon blog, vous avez pu vous rendre compte que j’étais, depuis toujours, très client des parfums Annick Goutal. J’ai acheté mon premier il y a de très nombreuses années et, depuis, je suis fidèle à la marque. Bien sûr, j’ai fait la tête quand le groupe coréen qui la détient a changé le nom, les flacons, les boites et, plus récemment, j’ai été très contrarié par la fermeture de la boutique de la rue de Castiglione et, bien sûr, encore plus, celle de Lyon. Je m’en suis déjà expliqué. Je suis triste et nostalgique. C’est aussi pour cela que j’ai eu envie de consacrer un article aux parfums supprimés par la marque au cours des années, que j’ai porté ou non et qui manquent aujourd’hui. Peut-être, au cours de vos pérégrinations parfumées, tomberez vous sur un ancien flacon de l’un d’entre-eux. Il faut absolument aller y mettre votre nez. Voici donc l’article en cinq parties :
Créé par Annick Goutal en 1983 et inspiré par sa fille, « L’Eau de Camille » a été mon parfum d’été pendant de très nombreuses années. Puis il a disparu. Je pense que s’il existait encore, je le porterais toujours car je ne m’en suis jamais lassé. Il me reste un fond de flacon que je n’ose pas beaucoup vaporiser. C’était un parfum résolument vert, peut-être précurseur de « Un Matin d’Orage » en eau de toilette qui a, pour moi, pris le relai ou encore du « Chèvrefeuille ». Il s’ouvre d’ailleurs avec cette note florale et naturaliste qui nous conduit sur ce très beau coeur, à l’anglaise, de seringa pour se poser sur un fond vert de lierre et de troène. Je suis en train de remettre mon nez dans le bouchon et tant de souvenir de vacances, de beauté et de fraîcheur me reviennent en mémoire. Quand je parle des parfums qui me manquent, celui-ci en fait vraiment partie. La marque le décrivait ainsi et tout est dit : « Verte comme un jardin de lierre, vive comme le matin. Un rêve de nature où seringua, chèvrefeuille et troène se mêlent à l'herbe fraîche. Inspirée par sa fille Camille, Annick Goutal a retranscrit dans cette fragrance toute l'innocence et la fraîcheur de la nature ».
Le lys était très cher à Annick Goutal et je l’adore dans « Grand Amour ». En 2003, Isabelle Doyen et Camille Goutal ont créé un parfum que j’avais un peu oublié mais dont je possédait un échantillon. Il s’agit de « Des Lys ». Là encore, l’accord lys est travaillé à la manière « Goutal » avec une certaine simplicité puisqu’il est très soliflore malgré une note verte de lierre qui enveloppe l’accord d’un côté vert renforcé par le bourgeon de cassis pour la facette un peu « croquante ». Je l’ai remis sur ma peau et c’est un « lys d’été » qui est ici interprété avec un côté vraiment très floral mais aussi un certain pep’s. Je le rapprocherai de « Lys 41 » créé par Daphné Bugey pour Le Labo. C’est un floral blanc très lumineux. Je ne savais plus vraiment comment il était et je suis très content de le sentir sur ma main à nouveau.
Créé en 2004 par Isabelle Doyen et Camille Goutal, « Le Jasmin » était, il faut bien le dire, une merveille absolue et je me souviens parfaitement de son évolution étonnante, voire même bluffante. À l’époque, la marque le décrivait ainsi : « La nouvelle création de la maison Goutal est un soliflore jasmin aux arômes délicats, à la fois pétillant et envoûtant. Il met en scène les fleurs de Jasmin Sambac, réputé pour sa saveur fraîcheur et suave. Une pointe de magnolia et quelques touches de gingembre habillent la fragrance de lumière. Une balade printanière au charme gracieux et sensuel. Un éphémère en hommage à la fleur des fleurs. Le jasmin était une des fleurs préférées d’Annick Goutal. On retrouve d’ailleurs son parfum sensuel et mystérieux dans de nombreuses compositions de la marque. Pour le printemps 2004, Camille Goutal et Isabelle Doyen lui consacrent un parfum, sobrement baptisé ‘Le Jasmin’. Après le succès des soliflores précédents (Le Muguet, La Violette, Le Chèvrefeuille), cette nouvelle édition limitée saura, sans nul doute, combler le cœur des amoureuses des fleurs et des romantiques ». Il m’évoquait tout à fait ce jasmin que je peux sentir pendant sa floraison, par la fenêtre de la cuisine chez mes parents avec son départ floral et frais, son coeur dans lequel il s’enrichissait du côté aquatique du magnolia et épicé du gingembre avant d’exploser comme le jasmin sambac du fond, jamais boisé, toujours floral mais légèrement animal. J’aime beaucoup les solinotes jasmin mais alors celui-ci, il faisait partie de mon top 3. C’était une merveille absolue. J’avais encore un échantillon et je le porte en écrivant. Quelle plaisir !
Lancé en 2001 et créé par Camille Goutal et Isabelle Doyen, « Le Muguet » faisait partie des solinotes et je crois qu’il n’y a pas une fois où je suis allé à la boutique et où je n’ai pas demandé à le sentir tant qu’il a existé. Il est vrai que j’ai un goût pour les parfums qui recréent cette fleur muette même si je n’arrive pas à les porter et celui-ci faisait partie des très beaux. La note était associée à une rose poudrée et à un baume de benjoin en fond. Je le trouvais vraiment merveilleux. « Un soliflore muguet soutenu par un soupçon de rose et de benjoin. Le Muguet fait référence au brin de muguet que l'on offre partout en France, le jour du premier mai, pour souhaiter chance et bonheur.Il évoque les délices des beaux jours revenus, la délicatesse des petites clochettes du muguet, les nuances vertes du printemps épanoui, soutenues de notes légèrement plus chaudes annonçant l'été à venir ». Pour moi, « Le Muguet » était une réussite absolue et je l’ai vraiment beaucoup aimé.
À suivre...
Deux nouveautés chez Maison Matine
Depuis que j’ai découvert Maison Matine, j’ai un joli coup de coeur pour cette maison vive, jeune très dynamique qui présente des créations à la fois agréables, originales et faciles à porter pour un prix plus que raisonnable. La marque tape fort en ce mois de février 2023 en sortant, en même temps, deux nouveautés que j’ai eu la chance de découvrir. Comme toujours, je les ai trouvées réjouissantes, bien faites, avec toute la fraîcheur et la singularité de la marque. Je vais essayer de vous donner envie d’aller y mettre votre nez.
« Découvrez votre îlot paradisiaque. Une fragrance fraîche et pétillante. Arashi No Umi est un monde utopique, entouré par la mer et tous ses mystères ». Avec un départ de pomme verte (assez chère à la marque je pense), de freesia et de pêche, le parfum nous donne envie dès la vaporisation et la fraîcheur opulente de l’envolée s’équilibre merveilleusement avec un coeur de rose damascena, d’ylang-ylang et de jasmin puis la fragrance se corse avec un fond de musc et de cèdre. Je trouve que le parfum est un équilibre parfait entre trois familles de notes qui se répondent, s’éloignent, se rejoignent pour conférer à « Arashi No Umi », créé par Bérénice Watteau et contenu dans un très joli flacon illustré par Nakamura Kyoto. En tout cas, pour moi, ce parfum m’a beaucoup plu et je pense que, à l’instar de toutes les créations de la marque, je pourrais parfaitement le porter.
J’adore le nom du deuxième parfum. « Tu Te Calmes », toujours créé par Bérénice Watteau et contenu dans un très ludique flacon illustré par Mathilde Pureseigle. « Embarquez pour une quête vers l’infini. Une fragrance audacieuse et paradoxale. Tu Te Calmes raconte l’histoire d’un voyageur trop enthousiaste, qui cherche à explorer l’espace et ses recoins ». Après une envolée de cardamome du Guatemala, de néroli et d’huile de citron sfuma qui donne déjà un côté très contemporain et frais à la vaporisation. Le coeur est plus classique avec la feuille de figuier et le petitgrain de bigarade. Le fond, de musc, de bois de cèdre de Virginie et de vétiver d’Haïti est élégant, très sage et particulièrement bien réalisé mais il me touche moi. Je le trouve peut-être un peu « trop calme ». Je pense qu’il faut vraiment le mettre sur la peau pour en sentir toutes les nuances.
J’ai bien aimé ces deux nouveautés très peu onéreuses et, à la fois, modernes et originales. J’aime beaucoup cette ambiance tonique, épurée et impeccable comme à chaque fois. J’aime beaucoup « Arashi No Umi ». J’espère vous avoir donné envie d’aller y mettre votre nez. En tout cas, à moi ils m’ont plu. Je les trouve très bien vus, très bien pensés et très bien imaginés.
Dix parfums disparus de L'Artisan Parfumeur
Depuis sa fondation par Jean Laporte, en 1978, L’Artisan Parfumeur a vu naitre (à ce jour) 122 créations et plusieurs collections. Bien évidemment, au cours des années, pas mal de parfums, qu’ils fussent emblématiques ou non, ont disparu du catalogue. Comme je l’ai déjà fait, j’ai eu envie de revenir sur ces parfums, aujourd’hui disparus et que j’aimais beaucoup. Je me suis limité à ceux que je connaissais bien car sinon, j’aurais du faire de trop longs articles. J’en ai donc sélectionné 10 (ceux que je connaissais le mieux) et je vais essayer de faire appel à mes souvenirs (pour certains plus récents ce sera facile) ou de remettre mon nez dans ceux que je peux encore sentir car j’en possède un flacon ou des échantillons et d’ouvrir une petite séquence nostalgie au pays des mes parfums préférés disparus de la marque.
La collection Classique :
Le premier parfum auquel j’ai pensé était pourtant, je le pense, un succès et d’ailleurs je connais beaucoup de personnes qui en sont nostalgiques. Il s’agit de « L’Eau de L’Artisan » créé par Olivia Giacobetti en 1993. C’était une explosion à la fois de notes hespéridées, d’épices et de plantes aromatiques. Je me souviens parfaitement de la première fois où j’ai plongé mon nez dedans. C’était à la Parfumerie Zola à Lyon et Noëlle, qui la tenait depuis plus de trois décennies à l’époque, venait de le vendre. J’ai donc demandé à la sentir et il est vrai que j’ai compris pourquoi il avait vraiment ses adeptes. La marque le décrivait ainsi : « Un départ de notes citronnées (verveine de Grasse, citron d’Italie). Un cœur aromatique (feuilles de menthe poivrée et basilic anisé), vert (feuilles de violette et galbanum) et légèrement fleuri. En fond, la fraîcheur provient de notes boisées humides (mousse d’arbre, bois de genévrier), de foin, de flouve et de notes marines aériennes et légères. Une eau limpide et lumineuse à la fraîcheur tenace. Aérienne, hespéridée, boisée, l’Eau de l’Artisan évolue sur la peau au fil des heures… Comme les effluves de la campagne au coeur de l’été, de la fraîcheur vive de l’aurore à la brume embaumée du crépuscule. Un parfum d’air, de feuilles, d’herbe et de soleil, pour hommes comme pour femmes ». Il s’ouvrait sur une envolée de citron et de verveine qui nous conduisait sur un coeur de basilic, de menthe poivrée, de feuilles de violette et de galbanum à la fois vert, poudré et très aromatique puis le fond de foin, d’herbe Vernal sucrée, de mousse et de bois de genévrier lui apportait une belle tenue. Je ne sais pas si j’aurais porté « L’Eau de L’Artisan » mais j’en connaissais très bien les notes et mon souvenir est intact. J’ai toujours trouvé que c’était une très belle alternative aux esprits Cologne pendant l’été.
« Thé Pour Un Été », créé par Olivia Giacobetti en 1995 a été mon premier parfum de la marque. Je l’ai beaucoup porté et j’ai été désolé lorsqu’il a été supprimé. « Un accord thé au jasmin. Frais, paré de glaçons et d'une feuille de menthe. Une eau de toilette rafraîchissante comme un grand verre de thé glacé. Thé pour un Eté, c’est l’histoire d’un voyage en Chine du Nord, d’une halte dans une maison de thé. Une eau rafraîchissante comme on déguste un thé glacé au cœur de l’été. Un parfum de plaisir, de sérénité, pour femme comme pour homme ». J’ai toujours aimé la note de thé en parfumerie autant que j’aime le boire en infusion. Certes, c’était un classique frais et estival avec un départ de menthe poivrée, de bergamote et de citron relativement classique puis le coeur de jasmin, de thé vert, de maté non torréfié et d’osmanthus donnait un côté un peu abricoté et très frais avant de se poser sur un socle d’hinoki qui est une note un peu verte que j’aime beaucoup et que j’ai pu sentir dans d’autres parfums qui s’enveloppait des muscs blancs au côté propre et poudré. « Thé Pour Un Été » était vraiment un parfum facile à porter et complètement rafraîchissant. Je me souviens que j’avais commencé par 50 ml qui avaient étés vite terminés tant je le portais. Il était, pour moi, une très facile entrée en matière dans la marque et je le regrette pas mal même si j’ai, depuis découvert des parfums à base de thé, d’osmanthus et de muscs blancs que j’aime beaucoup aussi.
Depuis quelques années, il est supprimé, puis il revient, puis il disparait à nouveau et c’est dommage car il est sans aucun doute le parfum de la collection classique que j’ai le plus porté. Il s’agit bien évidemment, et je l’ai pas mal évoqué déjà, de « Tea for Two » créé par Olivia Giacobetti en 2000. C’est un lapsang souchong épicé, rond et très enveloppant avec un départ de thé fumé, de badiane et de différentes épices froides, un coeur de cannelle et de gingembre et un fond de vanille, de miel et de bois de gaïac. « Cette invitation à la gourmandise commence par une annonce fusante d'épices fraîches et d'une graine d'anis vert. Lorsque le coeur chaud s'annonce, ce sont les vapeurs du thé fumé associées au gingembre et à la cannelle qui se font enveloppantes et précèdent une douceur miellée et légèrement vanillée. En fond, c'est donc l'harmonie de notes douces avec le miel, la vanille et le bois de gaïac. Tea for Two est une invitation pour deux dans les volutes d'un thé fumé, épicé et gourmand, à goûter à même la peau ». Je le trouve à la fois addictif et d’une certaine élégance. Il a presque un côté « thé de Noël » en version fumée. J’aime beaucoup ce parfum et, étant donné qu’il m’en reste un peu, j’ai pu le porter avant d’écrire. Pour moi, c’est un parfum d’un équilibre parfait. Je le trouve vraiment agréable à porter et pourtant il est très original et pourrait devenir très facilement clivant. J’ai adoré « Tea For Two » et je regrette vraiment que la marque ait décidé de le supprimer à nouveau. Je le comprends car il ne devait peut-être pas être l’une des plus grosses ventes, mais je trouve cela dommage.
« Piment Brûlant » créé Bertrand Duchaufour en 2002 faisait partie d’une trilogie qui comptait aussi « Safran Troublant » et « Poivre Piquant » (qui rencontrait d’ailleurs un certain succès) mais il était mon préféré. Je le trouvais « ethnique » avec un départ de clou de girofle et de pavot, un coeur de chocolat et de piment et un fond de muscs blancs entourés d’un accord d’ambre et d’une touche de vanille. « Un cocktail séducteur autour d'un piment mexicain chaud et puissant. Une note de chocolat battu apporte sa rondeur crémeuse à l'ensemble, caressé d'une touche de pavot et d’ambre. Piment Brûlant, la séduction enflammée des épices Piment Brûlant est un élixir enflammé que les hommes et les femmes se partageront avec délice. Il est lancé conjointement avec Poivre Piquant et Safran Troublant, une collection parfumée pour mettre du piquant dans la séduction. La fragrance est inspirée de la recette d'un empereur aztèque du 16è siècle. La chaleur du piment est ainsi renforcée par la suavité d'une note de chocolat ». Je le rapprocherai, mais en plus vif, à « Cacao Aztèque » de Perris et il était normal qu’il me parle. Son côté pimenté me plaisait beaucoup et se fondait merveilleusement avec ma peau. J’ai adoré ce parfum mais, à l’époque où je l’ai découvert, je n’étais peut-être pas assez audacieux pour le porter vraiment. Je me suis souvent fait parfumer avec mais je n’ai pas franchi le pas. Il était vraiment somptueux et je crois que, maintenant, je pourrais facilement me l’approprier.
En ce moment, j’évoque beaucoup « Traversée du Bosphore » créé par Bertrand Duchaufour en 2010 car je l’ai beaucoup porté et je crois que c’est un parfum qui me manque. Je l’ai toujours trouvé très double, un peu gourmand mais aussi poudré. Il s’ouvrait avec des notes fumées, du safran et un versant pomme très bien vu puis nous arrivions sur un coeur floral, avec une rose très présente, un accord tulipe et des pointes de pistache puis se posait sur un fond de muscs blancs et de cuir. J’avais mis un moment à l’apprivoiser puis j’ai fini par le trouver addictif. La marque le décrivait ainsi : « La tête de Traversée du Bosphore dévoile les notes fruitées, fumées et épicées de la chicha à la pomme associée au safran. Le cœur mélange les notes fleuries et vertes de la tulipe et de la rose aux notes grillées et fruitées de la pistache. Le sillage se révèle cuiré et musqué. Un voyage cuiré-gourmand à Istanbul. L’Artisan Parfumeur dévoile une fragrance mixte qui invite à la découverte de la Turquie. La fragrance a pris le nom du fleuve séparant l’Europe de l’Asie. Traversée du Bosphore est née du voyage et des balades envoûtantes de Bertrand Duchaufour dans les rues d’Istanbul. La fragrance révèle les notes de chicha à la pomme des fumeurs de narguilé… mais aussi des jardins odorants de tulipes et de roses de la ville. L’arrivée au marché dévoile l’arôme des épices qui se poursuit par celui du cuir de la rue des tanneurs. Traversée du Bosphore est une invitation à l’évasion par les sens ». Je crois qu’en fermant les yeux, j’aurais pu deviner que c’était une création de Bertrand Duchaufour. Sa complexité et son évolution sur la peau (en tout cas sur la mienne) était vraiment très envoûtante. Il était peut-être un peu extravagant pour moi mais je le regrette quand même. J’aimais vraiment bien le porter.
L’un des derniers parfums arrêtés par la marque est « Nuit de Tubéreuse » créé par Bertrand Duchaufour en 2010 et je ne peux m’empêcher de penser que c’est bien dommage car c’était une interprétation très belle et très facile à porter de cette fleur un peu narcotique et presque vénéneuse dont j’apprends, année après année, à devenir un adepte. « Dès le départ de la fragrance, la tubéreuse se fait sentir. Alliée à d’autres notes florales, elle se fait capiteuse, presque terreuse. Quelques notes d’agrumes et d’épices (principalement la baie rose) viennent apporter de la lumière. Le parfum possède également des tonalités vertes assez présentes : celui-ci revendique des notes de poivron vert, d’angélique et de mangue. Plus douce dans son évolution, cette tubéreuse s’éclaircit de bois suaves, de muscs et de baumes. Fleur d’interdit… Avec Nuit de Tubéreuse, L’Artisan Parfumeur a souhaité rendre hommage à l’une des fleurs les plus emblématiques de la parfumerie. La tubéreuse se dévoile ici dans une création parée de notes vertes, épicées, boisées et légèrement baumées. Puissant en tête mais avec une certaine douceur par la suite, Nuit de Tubéreuse suggère selon la marque ‘le parfum d’une nuit secrète à Paris’. Pour celles qui aiment le parfum capiteux de la tubéreuse, L’Artisan Parfumeur a souhaité créer ‘un parfum de peau secret et narcotique’, avec des facettes lumineuses et d’autres plus voluptueuses ». Complexe et lisible à la fois, le parfum s’ouvrait sur des notes de clou de girofle, de cannelle, de poivre noir, de baies roses et d’agrumes et arrivait le coeur floral et légèrement vert de fleur d’oranger, de genet, de tubéreuse, d’ylang-ylang, d’angélique et de manque puis le parfum se posait sur un fond de benjoin, de santal, de palissandre, de styrax et de muscs blancs. Je trouve que l’équilibre de « Nuit de Tubéreuse » était parfait. En dépit de sa complexité, j’ai toujours pensé que c’était un parfum les plus faciles à porter dans lesquels cette fleur se retrouvait travaillée en majeur. Il gardait une certaine fraîcheur malgré tous les versants multiples et les notes parfaitement maîtrisées. J’ai toujours aimé ce parfum et je regrette qu’il ait disparu.
Dans la série des suppressions récentes, il est un parfum que j’ai beaucoup aimé et qui n’aura pas, hélas, rencontré son public. Créé en 2019 par Céline Ellena Nezen, « Bana Banana » est déjà retiré du catalogue même si l’on peut encore en trouver des flacons. Personnellement, j’ai trouvé que c’était un très beau parfum malgré un départ, style banane Haribo, un peu difficile. Le développement était superbe. J’ai encore un peu l’occasion de le porter et je me fais vraiment plaisir tant le côté jasminé est élégant et enveloppant. « Une Banane Ambrée, composition baroque, rare et généreuse : le mariage d’une guirlande de jasmin et d’un bouquet de bananes confites ». Après ce curieux départ de fleur de bananier (ou babafigue) vraiment sucré et qui semble totalement artificiel, vient un coeur rond et floral de jasmin que je trouve d’une beauté incroyable et qui se pose sur un fond ambré et fève tonka légèrement poudré. Je suis loin d’être un amateur des parfums fruités et ambrés mais celui-ci, avec cette note de jasmin enveloppante, complètement folle et très atypique, me plaisait énormément. Je l’ai d’ailleurs pas mal porter et je vais récidiver tant que j’en aurai en ma possession. Fort heureusement, lorsque je l’ai découvert, je suis passé au-dessus de ces notes de tête un peu dérangeantes et j’ai attendu que le parfum se fasse beau, intense, profond, floral et différent. Il était vraiment original. Il va me manquer beaucoup. C’était une merveilleuse création, peut-être un peu « trop niche » pour ce que la marque veut pour sa collection classique. J’espère qu’il reviendra un jour quand même. Avec la marque, on ne sait jamais.
La Botanique (ex Natura Fabularis) :
J’avais adoré, lors de la sortie de la collection Natura Fabularis (devenue La Botanique) absolument tous les parfums de la série et, après beaucoup de tergiversations, j’avais opté pour « Violaceum 2 » créé par Daphné Bugey 2016 et que je trouvais vraiment très original. Lorsque j’ai su qu’il allait être supprimé, j’avais d’ailleurs fait du stock. Je le porte encore autant que je peux et je ne m’en suis jamais lassé. C’était un parfum onirique construit autour de la violette. « Violaceum 2 est une eau de parfum chyprée. Violaceum décrit la fragilité de la nature et le passage du temps. Il symbolise la rencontre de l'art floral et de la gastronomie à travers deux nouveaux accords : carotte-safran et cuir-violette ». La construction est assez étonnante et la marque communiquait assez peu sur la pyramide olfactive. Il s’ouvrait sur des notes de safran et de graine de carotte puis arrivait un coeur de feuilles de violette et d’iris et, enfin, un fond mousse de chêne et sans doute patchouli qui lui donne ce côté un peu cuir de Russie mais pas complètement. Je n’avais jamais pensé à ce parfum comme à un chypre car, il faut le dire, il n’y a pas de notes hespéridées et encore moins de bergamote en tête mais en lisant la description pour écrire et en le sentant sur ma main, cela me parait évident. Pour moi, il est profondément addictif, très naturaliste et, en même temps, il m’emmène dans un jardin qui n’existe pas et où les fleurs pourraient parler et où les jardiniers pourraient être des cartes à jouer. Vous l’avez deviné, « Violaceum 2 » me faisait absolument penser au Pays des Merveilles d’Alice et à tout l’univers étonnant de Lewis Carroll. Je ne saurais pas dire pourquoi mais, à chaque fois que je le sens, l’impression revient encore et toujours. J’aimais beaucoup ce parfume et je le regretterai mais j’ai encore de quoi me parfumer pour un certain temps alors tout va bien.
Quand cette collection créée par Daphné Bugey est sortie en 2016, je n’ai pas pu m’empêcher de penser « encore une collection privée ! » mais quand je l’ai découverte, j’ai été immadiatement sous le charme de cette nature étonnante, rêvée et sortie tout droit de l’imagination de la parfumeuse. C’est comme si elle avait stylisé les odeurs naturelles. C’était le cas également dans « Glacialis Terra 18 » qui a été mon deuxième coup de coeur et qui a été, hélas, supprimé alors que les ventes commençaient à décoller. C’était une explosion de fraîcheur comme lorsque l’on marche dans un sous-bois sur un sol glacé, entouré d’arbres givrés. En été, même lorsqu’il faisait très chaud, il tenait et il était formidable. Il faut dire que c’était une haute concentration. « 18 Glacialis Terra est un parfum Aromatique Vert pour homme et femme. Un arôme mis en valeur par un bouquet de notes parfumées fraîches, vertes et aquatiques qui apporteront une sensation parfumée naturelle, fraîche et rafraîchissante. En l'examinant de plus près une fois appliqué, vous remarquerez une qualité persistante de notes aromatiques, sèches et douces parfumées plus douces qui cachent une essence de sentiments équilibrants, agréables et optimistes ». Comme toujours la marque communiquait assez peu sur la pyramide olfactive mais j’ai trouvé quelques éléments. Après un départ d’absinthe, le coeur de notes vertes de galbanum nous conduisait jusqu’à un très beau fond de vétiver. Nous voici encore dans une nature froide, glacée mais jamais désolée dont nous pourrions rêver surtout par temps de canicule. J’ai énormément porté « Glacialis Terra 18 » et je continue même si j’économise un peu mon stock. Bien sûr, j’aime les parfums lancées après l’arrêt de celui-ci mais je pense que je serai longtemps nostalgique.
Les Paysages :
Parmi les parfums qui n’ont pas rencontré leur public, il y a « Mont de Narcisse » créé par Anne Flipo en 2018 dans la collection des paysages. Je dois dire que je l’aimais bien. Il a été supprimé pour faire place à « Soleil de Provence » que j’aime énormément également et auquel je souhaite plein de succès. C’était un cuir gourmand, magnifiquement addictif qui, après une envolée de bergamote, de cardamome et de poivre rose nous emmenait sur le coeur déjà cuiré et poudré construit autour du narcisse et de l’osmanthus rehaussé de sauge sclarée puis, le fond de prune, d’immortelle, de vanille et de cuir posait la fragrance pour lui donner vraiment un côté seconde peau. J’ai beaucoup aimé les notes facettées du narcisse et de l’osmanthus conjuguées. « L’image est immédiate et d’une immense clarté : un narcisse au coin du feu, entre les accents végétaux indomptés et les notes plus sombres d’un cuir profond ». Peut-être n’était-il pas à sa place dans la collection des paysages, peut-être aussi n’est-il pas arrivé au bon moment dans la marque, toujours est-il qu’il n’a pas vraiment plu et pourtant c’était un très beau parfum, très bien construit, original voire même un peu baroque. « Mont de Narcisse » était un cuir rond et profond qui aurait plus eu sa place dans la collection classique. Qui sait, peut-être reviendra-t’il sous un autre nom, avec un autre packaging, plus adaptés. En tout cas je le souhaite car il mérite d’avoir du succès et d’être essayé par les amateurs de ce genre de création. En tout cas, je le regretterai même si, encore une fois, je trouve que « Soleil de Provence » est plus adapté à la collection et qu’il est une véritable réussite.
Il y a eu beaucoup de parfums supprimés et plus encore depuis le rachat de L’Artisan Parfumeur par un groupe espagnol. Je le déplore quand même pas mal car certains me manquent. J’ai décidé de me limiter à dix mais il y en a bien plus évidemment. J’espère n’avoir été ni trop long ni trop nostalgique mais j’avais envie, depuis longtemps, d’écrire cet article comme je l’ai fait pour Goutal. Si ce genre de sujet vous plait, surtout dites-le moi car je pourrais ainsi me pencher sur les disparus d’une autre marque.