MDCI, des créations exceptionnelles
Depuis 2003, MDCI est vraiment une maison de parfum à part car la qualité de chaque création s’avère exceptionnelle, il faut le dire. Je l’ai découverte il y a quelques années et, à chaque fois que j’ai mis mon nez sur l’un des parfums, je me suis dite qu’il était exceptionnel. J’ai un peu hésité à en parler de manière un peu globale car elle est onéreuse mais, vraiment, les amateurs de beaux classiques avec un petit twist original à chaque fois se doivent de la découvrir. À ce jour, la marque a sorti 24 parfums réparties dans deux collections et créées par Pierre Bourdon, Bertrand Duchaufour, Cécile Zarokian, Richard Ibanez, Francis Kurkdjian, Stephanie Bakouche, Anne-Sophie Behaghel, Patricia de Nicolai, Amandine Clerc-Marie, Jeanne-Marie Faugier, Nathalie Feisthauer et Irene Farmachidi. J’en ai retenu cinq qui m’ont vraiment enthousiasmé et je pense qu’il fallait que je joue les passeurs. Je vous emmène donc dans l’univers ultra raffiné de MDCI et son interprétation très artistique de la parfumerie de niche.
Pour la collection Peintres et Parfumeurs de MDCI, Nathalie Feisthauer ainventé le très boisé « L’Homme Aux Gants » en 2019 inspiré du tableau du Titien. La marque le décrit ainsi : « Une eau de parfum empreinte de sérénité et d’une virilité apaisée, qui sonne juste avec la mélancolie qui émane du modèle saisi dans un moment d’interrogation songeuse, rendu d’une manière étonnamment moderne pour un patricien vénitien saisi ici en 1523. Une eau de parfum qui par la noix muscade, la vanille et le patchouli est une invitation au voyage au départ de la Sérénissime, mais aussi une invitation à la réflexion, au sacré, par le benjoin, les muscs et les notes boisées qui traduisent la nostalgie du temps qui passe ». Son envolée de noix de muscade m’a immédiatement séduit et le coeur très étonnant de cypriol et d’hédione ma un peu dérouté. Le fond boisé avec une très belle qualité de cèdre et de gaïac, un patchouli terreux, un benjoin spirituel, des muscs et de la vanille relevés d’une note de oud est du plus bel effet sur ma peau. Je l’ai testé hier et il m’en reste quelque chose de vraiment agréable et assez facile à porter. Il me séduit sans doute un peu moins que « Cuir Cavalier » mais je l’aime bien également. Il me fait un peu sortir de ma zone de confort et, s’il a des moments abruptes dans son évolution, il est très élégant et fini arrondi par la vanille et la fève tonka. C’est une très belle création qui nous emmène sur les traces des marchands d’épices du XVIème siècle. Je l’ai finalement bien aimé.
« Claude Marchal forme pour l'occasion un duo de choc avec Bertrand Duchaufour et nous livre un chypre aux échos "cuirés". Parfum de sillage, il poudre délicatement sur la peau et renoue avec la grande tradition des chypres avec une petite patine "à la Duchaufour" de fruits confits, et un fond.... d'une rare complexité pour un 10/10 en tenue » tels sont les mots de la fan pour décrire « Chypre Palatin » créé pour la collection classique de MDCI en 2012 et que j’avais très envie de réessayer. La qualité est tout à fait flagrante et je dois dire que dès l’envolée, je suis séduit par ce chypré foisonnant et classique à la fois. Alors bien sûr, c’est un parfum qui semble fait pour moi. Il me semble d’ailleurs que je l’avais déjà évoqué. Après une envolée à la fois verte avec des notes de galbanum et d’aldéhydes associées à la lavande, la clémentine, la jacinthe un peu amère, le thym et la facette cuirée du ciste, le coeur de prune fleuri de gardénia, de jasmin, de rose et d’un iris légèrement poudré me charme et me donne envie d’y revenir. Le fond est tout aussi complexe avec des notes baumées qui viennent jouer avec la mousse de chêne et l’immortelle mais aussi avec le styrax, la vanille et le benjoin puis un accord castoreum. Je dois dire que j’aime la complexité un peu à l’ancienne de ce parfum. On est très loin des formules épurées qui me plaisent souvent. Là, on pourrait fumer une cigarette avec Marlene Dietrich ou parler avec Colette. Ce parfum est une véritable merveille il faut bien le dire. Je peux très bien parler de coup de coeur et je le porterai vraiment facilement. C’est un énorme coup de coeur. Pour moi, et je pèse mes mots, « Chypre Palatin » est l’un des plus beaux parfums de la marque mais il est aussi emblématique d’une parfumerie fascinante qui nourrit ma passion depuis tant d’années.
Je ne suis pas toujours très attiré par le travail de Francis Kurkdjian mais j’ai été irrémédiablement attiré par « Enlèvement au Sérail » qu’il a créé pour la la collection classique de MDCI en 2006. En effet, il porte le nom d’un des opéras de Mozart que je préfère alors cela a éveillé ma curiosité sans aucune réserve. Il faut dire qu’il coche toutes les cases. Dès l’envolée, l’ylang-ylang, rafraîchi par la bergamote et la mandarine, la douceur et l’élégance de la création est palpable mais c’est lorsqu’il évolue vers ce magnifique coeur de tubéreuse, de rose et de jasmin qu’il m’accroche tout à fait. Le fond de patchouli, de vétiver, de vanille et de santal lui donne presque quelque chose de néo-chypré qui ne pouvait que me séduire. « Ce fleuri oriental délibérément « rétro », un des premiers succès de la marque, est à nouveau disponible. Un parfum sophistiqué et complexe qui évolue tout au long de la journée, révélant différentes facettes du parfum au fur et à mesure que les notes s’estompent et se mélangent. Il se transforme en un bouquet floral doux et sensuel, avant de laisser place à des notes de fond chaleureuses et réconfortantes. Le parfumeur a ajouté une petite touche qui le rend subtilement, légèrement plus frais et plus jeune, mais Il a gardé toute sa puissance, sa profondeur, et un « velouté » rares de nos jours ». Délicieusement rétro et confortable, il me séduit et, je pèse mes mots, je trouve qu’il est à ce jour, le chef-d’oeuvre de Francis Kurkdjian. « Enlèvement au Sérail » tient mieux que bien ses promesses. C’est une merveille !

(le flacon portrait)
Il est bien rare que Patricia de Nicolaï crée des parfums pour d’autres marques aussi ma curiosité a été piquée lorsque j’ai vu qu’elle avait composé « Le Rivage des Syrtes » pour la collection classique de MDCI en 2009 et je n’ai pas été déçu car ce parfum est juste une merveille. « Les essences naturelles de grande qualité apportent une grande élégance et un sillage particulièrement raffiné à Rivages des Syrtes. Les essences d'orange douce, d'ananas et de galbanum d'Iran, sont peu à peu rejoints par la tubéreuse, l'ylang ylang, l'encens et l'absolue de fleur d'oranger. En fond, comme pour illustrer l'idée d'un long voyage vers des rivages lointains, un musc très fin, la vanille de Madagascar se marient à un rare et précieux ambre-gris qui donne à ce doux poème olfactif un caractère bien particulier ». Le départ m’accroche tout de suite avec le côté amer de l’orange, juteux et doux de l’ananas et vert du galbanum. Le coer de fleur d’oranger arrondi et enrichi par la tubéreuse et l’ylang-ylang rafraichis les notes un peu encens qui lui donnent sa personnalité. Le fond ambré et musqué s’avère comme « enveloppé » d’une vanille opulente et tendre. Patricia de Nicolaï est une virtuose. On ne la lui fait pas ! Elle sait inventer et réinventer des styles classiques à l’infini et, vraiment, je suis content d’avoir une dose d’essai de ce floral magnifique et réjouissant. Il plaira peut-être un peu plus aux femmes mais je me dis que je pourrais tout à fait le porter.
Créé par Irène Farmachidi en 2021 pour la collection Peintres et Parfumeurs, « L’Élégant » n’est pas forcément pour moi mais, vraiment, je le trouve superbement pensé et réaliser. « Ce magnifique portrait de Mr. Sériziat peint par son ami Jacques Louis David en 1795 a inspiré à Irène Farmachidi cette fragrance complexe et raffinée. Une création audacieuse qui reflète toute l'élégance et le caractère affirmée du modèle. La peinture originale peut être admirée au Louvres à Paris, à coté du portrait de sa femme, aussi réalisé par David ». Le départ, âpre, étonnant, pas forcément agréable, d’encens, de poivre noir, de safran et de cardamome m’a tout d’abord dérangé mais, très vite, le coeur, très original de santal, de miel pour une touche gourmande, d’iris qui apporte une belle élégance, de davana qui l’adoucit, est épicé par le cumin, la noix de muscade et la cannelle mais c’est le fond, intense, complexe et « cocon » qui me plait le plus. Autour des muscs blancs et de cashmeran, la fève tonka, le ciste et la myrrhe assurent une vraie force au parfum qui est renforcé par des traces de oud. Si j’évoque « L’Élégant », je dis volontiers « précieux ». Ce parfum, qui pourrait être l’antithèse de ce que j’aime, fait partie de mes préférés dans cette collection. Il est déroutant et magnifique.
Je n’ai évoqué qu’une petite partie des merveilles que l’on trouve chez MDCI car j’ai pu remettre mon nez dessus mais chaque création est belle. Je trouve que c’est carton plein. Certes, le prix d’achat est élevé mais il me semble que tous les parfums sont exceptionnels et je me devais d’en parler. J’en évoquerai d’autres à l’avenir je pense.
Mes carnets de voyages : Copenhague
« La ville de Copenhague est située sur la côte orientale de l'île de Seeland, mais aussi sur l'île plus petite d'Amager, laquelle se trouve face à l'Øresund, qui relie le Cattégat à la mer Baltique et sépare le Danemark de la Suède ». Je ne sais pas si mes souvenirs de Copenhague sont précis car je n’y ai passé que quelques jours à l’occasion d’une manifestation organisée sur le thème d’une autre de mes passions mais je pense que j’ai vraiment aimé la capitale de Danemark pour ses façades, la qualité de la lumière et les couleurs chatoyantes qui sont en opposition avec les « brumes du nord ». Pour moi, Copenhague, ce sont des contrastes comme dans le décor d’un conte d’Andersen. J’ai donc imaginé de la neige, recouvrant des façades réjouissantes et à la fois apaisantes et colorées. J’ai tout de suite pensé à une création d’Isabelle Doyen et Annick Goutal pour symboliser l’ambiance tout à fait unique de cette ville danoise ou tout du moins le souvenir que j’en ai gardé. Il me fallait un parfum à la fois atypique et « romantique ». « Nuit Étoilée », lancé en 2012 pour Goutal Paris m’a semblé idéal. C’est un parfum que je connais bien car je le porte et c’est vrai qu’il est vraiment froid comme le nord et chaud comme les couleurs.
« S’allonger sous les séquoias et se laisser bercer par les odeurs de bois, de mousse et de terre. Là, dans l’immensité de la nuit, c'est la liberté qui nous appelle. À côté du ruisseau que l'on devine à peine, il n’y a plus qu’à se perdre dans le ciel pour embrasser la fraîcheur douce et rassurante, le calme mystérieux et apaisé d’une nuit étoilée » et pourquoi pas au Danemark ? L’envolée de menthe poivrée et de graine d’angélique est contrebalancé par des notes d’orange douce et, au coer, on retrouve, graine de carvi, lentisque et jasmin égyptien, un mélange bien audacieux et singulier. Le fond est totalement résineux avec le sapin baumier et le pin de Sibérie. Le côté suave est assuré par la fève tonka et surtout l’immortelle. « Nuit Étoilée » est complexe, tout à fait addictif et vraiment mixte. C’est une invitation au voyage très nette. Pour moi, il s’agit vraiment d’une trouvaille. Il m’évoque le nord de l’Europe et, finalement, la très belle ville de Copenhague. Je suis vraiment très inspiré de ce rapprochement. En tout cas, j’espère que je vous aurai donné envie d’y remettre votre nez.
Majda Bekkali, un univers très étonnant
Il y a bien longtemps que je connais les flacons très atypiques, un peu comme des galets empilés l’un sur l’autre, de Majda Bekkali et j’ai parfois évoqué l’un ou l’autre des parfums mais je n’avais jamais fait de sélection pour vous la proposer. Elle compte aujourd’hui 14 parfums répartis en deux collections et qui sont, il me semble, tous disponibles, composés par Camille Chemardin, Delphine Thierry, Marie Schnirer, Bertrand Duchaufour, Dorothée Piot, Marina Jung-Allegret et Cécile Zarokian. Il me semble que Majda Bekkali est d’origine iranienne et, le moins que l’on puisse dire est que sa direction artistique est originale et que les parfums qu’elle commande ou accepte de sortir sont très atypiques. J’en ai beaucoup aimé certains et j’ai du me limiter à quatre sous peine d’être illisible tant les constructions des parfums sont denses. Je vous emmène donc dans cet univers à la fois onirique et infiniment poétique qui m’a provoqué pas mal d’émotions.
Le premier parfum, je l’ai découvert grâce à Jessica qui vient très souvent sur ce blog et je l’ai beaucoup aimé. Il s’agit de « Fusion Sacrée - Clair » créé en 2012 par Bertrand Duchaufour pour la collection Sculptures Olfactives de Majda Bekkali. « La nuit s'avance et dans son sillage gonfle l'attrait de l'ombre et de la douce léthargie. Dans la pénombre l'air exsude un parfum métaphorique suave et opulent. Certaines fleurs offrent à la nuit ce qu'elles refusent obstinément au jour. Les bruits s'estompent et se font murmures, les formes sont incertaines et les lignes se confondent ». Il est ultra complexe et j’avoue que je l’ai vraiment beaucoup aimé. Il s’ouvre sur une envolée de café, de clémentine, de rhubarbe, de bergamote, de cassis et de coriandre puis évolue vers un coeur de tubéreuse très opulente associée à la fleur d’oranger, au jasmin, à la figue, au gardénia et au clou de girofle avec un accord lait. Le parfum se pose alors sur un fond de benjoin, de patchouli, de cèdre, de musc, de vanille, de baumes divers, d’ambre gris et d’héliotrope. Je connais bien la signature de Bertrand Duchaufour et, là encore, c’est une explosion de notes. Je dois dire que j’ai adoré ce parfum sur ma peau. Il est vraiment très facetté. Je lui trouve une élégance presque vénéneuse. Je me suis vraiment demandé si je ne pourrais pas le porter. Il y a seulement quelque chose qui m’a arrêté. Il est vraiment très opulent et j’ai un peu peur de ne pas l’assumer. En tout cas, c’est vraiment un bel oriental. Il m’a énormément plu.
La note de réglisse change tout dans la formule de « Fusion Sacrée Obscur » créé par Bertrand Duchaufour pour la collection Sculptures Olfactives en 2012. Elle donne à ce parfum sombre, liquoreux et épicé, un certain pep’s. Dès le départ, on sent la complexité que va présenter cette composition avec un accord de rhum, des notes de cédrat, d’orange, de néroli et de bergamote relevées de lavande et de cardamome qui viennent s’enrichir d’un coeur ou la dualité entre la note de café très suave et de réglisse presque acidulé apporte un équilibre complété par le côté piquant du clou de girofle et de l’oeillet et nous emmène sur un fond baumé et animal avec des notes de benjoin, de vanille, de caramel, de muscs blancs, de santal, d’ambre gris, de cèdre et d’opoponax. Le parfum est très différent du précédent. Il est sombre, dense, liquoreux. Il me convient peut-être n peu moins mais j’aime énormément le sentir. C’est un grand parfum mais il est peut-être un peu trop dense pour moi.
J’avais noté tout de suite que Dorothée Piot avait créé, en 2010, « J’ai fait un rêve clair » pour la collection Sculptures Olfactives. Le départ de résine d’elemi associé au cumin et au côté vert et riche du petit grain m’a conduit très rapidement sur un coeur comme un bouquet floral de néroli, de lys, de cassis, de jasmin, d’ylang-ylang et de fleur d’oranger. L’encens en fond ne me gêne pas du tout car il est associé à la douceur des muscs, au côté profond d’un castoreum recréé, du labdanum et du papyrus puis les bois de cèdre et de gaïac soutiennent la fragrance avec une élégance absolument nette et sans aucune concession. L’univers poétique de Majda Bekkali est retranscrit avec beaucoup d’adresse par la parfumeure. C’est une création unique, singulière mais dans laquelle on retrouve à la fois l’univers de Dorothée Piot et de la marque. Je pourrais tout à fait porter ce floral lumineux et particulièrement bien construit. Il a su me séduire et me plaire.
J’ai découvert « Taluatulah » créé par Delphine Thierry pour l’Andalus Collection en 2015 récemment. Je l’ai beaucoup aimé. Il s’ouvre avec une très belle envolée de sakura à laquelle est associée des notes de cyprès et d’anis très surprenante. Le coeur est liquoreux avec un versant whisky à l’ancienne et amandes. Le fond, construit sur un accord daim poudré de vanille et de tonka est de toute beauté. J’ai vraiment aimé surtout sur la peau. Il matche merveilleusement bien sur moi. « Tulaytulah est le nom de Tolède en arabe et en hébreux. Située sur un éperon rocheux au bord de la rivière Tage, Tolède est la cité des trois cultures. Elle est célèbre pour sa tolérance religieuse: quand elle faisait partie de Al-Andalus, juifs, chrétiens et musulmans y vivaient ensemble, en paix et en harmonie.Grâce à cette coexistence (La Convivencia), la ville devint une capitale économique et culturelle radieuse. Tolède la médiévale fait perdre la tête. Églises, palais, forteresses, mosquées et synagogues, des monuments qui révèlent aux yeux du monde le raffinement et le goût de ceux qui y ont, par le passé, élu domicile ». C’est un parfum à découvrir.
Majda Bekkali est vraiment une très belle maison. Elle n’est pas, pour l’instant, distribuée chez nous à Lyon, mais, à chaque fois que je vais à Paris, je remets mon nez dessus. Elle regorge de pépites et j’aurais pu en choisir d’autres mais celles-ci me plaisaient particulièrement à l’instant T. En tout cas, j’espère vous avoir donné envie d’aller les essayer.
Promenade dans mes doses d'essai
Comme chaque mois, j’ai fait quelques essais et je viens vous donner, un peu comme je le sens, mes impressions. Je me suis donc promené dans mes échantillons et j’en ai glané cinq sans vraiment choisir, comme un peu au hasard. J’ai eu envie de dire, sans trop de filtre, ce que j’en avais pensé. Parfois, je me suis un peu éloigné de mes goûts mais ce n’est pas grave. Il faut toujours tenter des expériences olfactives. J’ai essayé de ne pas trop me mettre de barrières en me disant, « on verra bien ». Je vous emmène donc au fil de mes découvertes et j’espère vraiment vous donner envie de vous forger votre propre opinion.
Créé par Cécile Zarokian, « Aqua Sextius » en 2014, « Aqua Sextus » n’est vraisemblablement pas le parfum de Jul et Mad vers lequel je serai allé instinctivement. « Ce parfum extrêmement frais séduit par la complexité de sa composition et par sa longévité. Portant le nom d’origine de la célèbre ville d’Aix-en-Provence, cette explosion de fraicheur évoquée par l’accord rafraichissant de notes hespéridés et vertes est en harmonie parfaite avec la figue, le mimosa et des subtiles fleurs blanche, le tout rappelant le souvenir d’une belle destination ensoleillée et festive. Les notes marines, l’accord eucalyptus/menthe chauffé progressivement par l’ambre gris, les bois précieux et les mousses apportent une personnalité très forte à ce parfum exquis, afin de prolonger ce sentiment extrêmement agréable… ». Je ne suis pas fou des marins et j’ai une certaine aversion pour la calone mais je ne la sens pas vraiment dans cette composition ultra complexe qui s’ouvre sur des notes de citron, de bergamote, d’orange, de citron vert et de pamplemousse puis vient un coeur aquatique avec des versants pin, figue, menthe, eucalyptus et mimosa. Je trouve le résultat assez surprenant, presque gourmand et pourtant salin. Le fond est quand même très ambroxan malgré la présence de cèdre, de labdanum qui peut parfois, et je le découvre, avoir un côté presque marin, de musc, de bois de gaïac et de mousse de chêne que je ne sens pas du tout. Je dois dire que je n’ai pas adhéré du tout mais cela ne remets pas en cause la qualité de la création. Cela m’a même donné l’envie d’écrire une revue sur la marque.
« Panorama » créé par Clément Gavarry en 2014 pour la collection classique d’Olfactive Studio est également un coup de coeur. Je l’ai redécouvert pour cet article et il m’a énormément plu. « Vert et sauvage, Panorama est le parfum d’une jungle urbaine. Un jeu d’alliances inédites dont un surprenant accord wasabi, piquant et épicé. Quand surgit la myrrhe, parmi d’autres notes résinées chaleureuses et envoûtantes, un contraste incroyable s’invite avec raffinement. Composition ample, généreuse et inattendue, Panorama ouvre l’imaginaire olfactif ». Clément Gavarry a élaboré une fragrance vraiment très étonnante, verte et particulièrement originale. L’envolée déjà est tout à fait incroyable avec des notes de wasabi, de citron, de bambou et de feuille de figuier. Il y a presque quelque chose de piquant dans ce départ et cela va se transformer avec un coeur de galbanum, de feuille de violette, d’herbe et surtout de cardamome qui renforce la fraîcheur du parfum. Le fond, plus rond se fait enveloppant avec des notes de myrrhe, de labdanum, de sapin baumier, de vanille, de musc, de patchouli et de fève tonka. Je suis vraiment content qu’Alain et Serge de la parfumerie lyonnaise Le Paravent, m’aient fait découvrir ce parfum que je trouve tout à fait magnifique et vers lequel je ne serai sans doute pas allé sans leur conseil éclairé. J’aime beaucoup « Panorama », il s’agit un très beau parfum, rare, original et pourtant facile à porter. J’ai vraiment adoré cette redécouverte. Pour moi, « Panorama » est une vraie réussite. Il pourrait être « mon » Olfactive Studio.

Décidément, 1907 est une marque qui me parle. Il n’y a rien à faire, à chaque fois que je m’y penche, je découvre une belle création. « Green Cream » créé en 2021 pour la Frag Ment Collection ne fait pas exception à la règle. La marque ne communique pas sur le nom du parfumeur mais décrit ainsi la création : « Propre, crémeux... Frais toute la journée », tout un programme ! Le départ est acidulé et épicé avec un accord rhubarbe et fraise associé au petit-grain, à l’anis et au poivre noir. Très vite se développe le coeur de muguet, d’ylang-ylang, de géranium de bois de rose et de jasmin épicé de clou de girofle et renforcé en poivre. Le fond très ambré mais tout en légèreté, se pare de cèdre, de muscs blancs, de violette et de vanille avec un léger accord framboise. C’est un floral fruité très original mais je ne suis pas complètement séduit car il y a des notes synthétiques à profusion dans son évolution et je le trouve un peu figé. Il n’en demeure pas moins très intéressant. Je crois qu’il faut vraiment sentir ce parfum car il est super intéressant. Le porter sera plus difficile. Il demeure assez clivant voire segmentant. Cela ne me dérange pas bien au contraire. En tout cas, j’ai bien aimé l’idée et il est vrai que la réalisation est belle. Là encore, il va me falloir écrire une revue sur la marque car je commence à connaitre pas mal de ses créations.

Créé par Pierre Guillaume pour Phaedon en 2019, « Ciel Immobile » est une curieuse création abstraite. « Île sacrée d’Apollon, Delos eut un rayonnement économique et religieux à son apogée au VIème siècle avant J.C. Depuis longtemps inhabitée, Delos est aujourdhui une terre aride, gardée par ses célèbres lionnes en marbre blanc de Naxos. La végétation y est peu variée. Le visiteur qui y débarque est vite interpellé par le parfum unique des fleurs de câpriers qui pousse jusqu’aux pieds des figuiers et qui règne discrètement sur l’atmosphère minérale des lieux. Ici le temps s’est figé en un ciel immobile saturé d’azur, prisonnier pour toujours des liens de cuir chauffé d’un soleil ardent ». La marque parle d’un départ de fleurs de câpres, une matière que je n’avais jamais sentie en parfumerie et que je suis bien incapable d’appréhender ou de décrire. Je dirais qu’il y a quelque chose de floral vert assez joli et plutôt profond mais il m’est difficile d’être plus préis. Le coeur de figuier me semble plutôt un peu boisé et végétal puis le fond de cuir donne une cohérence à la fragrance. J’ai bien aimé ce parfum qui sort vraiment des sentiers battus. En tout cas, il est très singulier. Je pense que je pourrais le porter sans aucun problème.

Je ne peux pas dire que je sois un amoureux des parfums gourmand et je suis donc resté un peu hermétique aux créations de la maison Jousset. Elles sont très bien réalisées mais ce n’est simplement pas mon histoire. Pourtant, dans chaque marque, on trouve au moins un parfum qui fait appel à l’émotion. C’est le cas de « African Queen » créé en 2020 pour la collection blanche par Jimmy Bodin. J’ai attiré par le nom qui m’a rappelé, bien évidemment le film avec Katharine Hepburn et Humphrey Bogart. « Le parfum "African Queen" de Jousset Parfums est une fragrance florale et suave qui évoque une image de sophistication et de mystère. En tête, les notes d'amande, de chocolat noir et de citron créent une ouverture sucrée et légèrement acidulée, qui s'entremêle avec des notes de rose de Bulgarie et de jasmin au cœur de la composition, ajoutant ainsi une touche florale et suave à l’ensemble. Le fond de la composition est riche et suave, avec des notes de fève de tonka et de patchouli qui créent une ambiance sophistiquée et mystérieuse. Portez ce parfum pour vous envelopper dans une aura suave et sophistiquée, qui ne manquera pas de vous faire remarquer et de susciter l'admiration de ceux qui vous entourent. "African Queen" est un parfum idéal pour les soirées chics ou les occasions spéciales où vous voulez vous sentir élégant et séduisant tout en restant fidèle à votre personnalité suave et mystérieuse ». Dès l’envolée, je sens l’amande, le chocolat noir et le citron qui donnent sur ma peau, vraiment, un côté bois de réglisse. L’alchimie est très étonnante. Le coeur de rose de Bulgarie et de jasmin me plait beaucoup aussi et le côté rond arrive seulement en fond avec une fève tonka presque cuirée et un patchouli très discret qui assure une incroyable tenue au parfum. Franchement, j’ai bien aimé « African Queen ». Je pourrais tout à fait le porter. C’est un coup de coeur inattendu.
Je suis très content de ma sélection « au hasard » car j’ai mis sur peau des parfums que je n’aurais sans doute pas choisi au premier abord. Je remercie toutes les équipes du Paravent à Lyon, de Jovoy et de Sens Unique à Paris qui m’ont aidé pour cet article en m’entraînant sur des pistes que e n’aurais pas exploité de moi-même. Cela m’a permis de faire de belles découvertes. J’espère vous donner envie de tester ses parfums.
Les molécules de synthèse : L'Ethyl Maltol
Depuis quelques années, les notes rondes, gourmandes, voire alimentaires et parfois même très sucrées sont à la mode. Bien sûr, lorsque l’on pense à ces parfums, une molécule revient en boucle, il s’agit de l’ethyl-maltol mise au point par Firmenich. Elle a vu le jour en 1969 et n’a pas vraiment d’équivalent dans la nature. Sa formule originale évoque une odeur de fruits cuits et de caramel mais certaines variantes tirent vers la praline et même vers la barbe à papa. Le premier parfum à vraiment utiliser cette molécule est « Angel » créé par Olivier Cresp et Yves de Chiris en 1992. On l’aime ou on le déteste mais il va révolutionner la parfumerie. Je ne suis pas tellement amateur de ces notes sucrées de praline ou de caramel mais vous me demandez souvent une sélection, j’ai pas mal renâclé mais j’étais bien parti ce matin alors j’ai décidé de vous trouver une sélection de quatre parfums gourmands qui font la part belle à l’ethyl-maltol sous ses différentes facettes.
Le premier parfum que je trouve à la fois très gourmand et élégant est « Noir Exquis » créé en 2015 par Bertrand Duchaufour. La marque le décrit ainsi : « Un rendez-vous imprévu dans une pâtisserie. Gâteaux et confiseries définissent cette gourmandise, des notes de marrons glacés, d'orange confite et de sirop d'érable liées à l'arôme addictif du café. Un moment sensoriel, partagé à deux, dans un cadre romantique inattendu ». Il allie, via les molécules de synthèse que j’évoquais, des notes de marron glacé et de sirop d’érable qui se mêlent au café, à la fleur d’oranger, à la vanille, au bois d ‘ébène, à la fève tonka, au santal et à la fleur d’héliotrope pour créer un parfum vraiment très rond, enveloppant, avec, c’est vrai un côté sucré presque « pâtisserie » qui peut-être très dérangeant pour certains et attractif pour d’autres. Pour ma part, j’avoue ne pas être fou de « Noir Épices » mais je trouve qu’avec un peu d’objectivité, ce qui est très difficile en parfumerie, il est très bien construit et, dans son style, il devient un classique année après année ce qui n’est pas si mal. Il est l’un des quelques parfums de l’époque Bertrand Duchaufour à être encore vendu par la marque. Je l’ai re-senti pour cet article et j’ai trouvé qu’il y avait vraiment sa place même si je ne pourrais pas le porter.

Dans le genre réussi, j’ai aussi en tête le désormais très apprécié « Jardins de Misfah » créé par Jérôme di Marino en 2019 pour Une Nuit Nomade. Je l’ai redécouvert à la sortie de l’extrait il y a quelques mois. Il m’a rappelé Caroline et Ma Belle Parfumerie à Dijon où nous avons passé de très bons moments. J’avais beaucoup tourné autour de ce parfume et j’en possède logiquement plusieurs échantillons. J’ai donc pu le réessayer tout à mon aise. Le parfumeur le décrit par ces mots : « Jardins de Misfah s'est inspiré de la friandise orientale emblématique, "Omanis Sweet". Ce délicieux dessert, utilisé pour les célébrations telles que la naissance et le mariage, est composé de dattes, d'amandes, d'eau de rose et d'épices. J'ai réinterprété cette friandise et le plaisir qu'elle procure dans un parfum des plus raffinés et précieux ». Ce parfum fait vraiment partie des rares gourmands que je pourrais porter car les notes suaves sont contrebalancées et, il faut bien le dire, équilibrées par les épices et notamment ces notes de tête de cardamome et de noix muscade que j’aime vraiment et qui donnent un certain rebond à un coeur de datte et de rose vraiment inspiré. Le fond d’amande et de safran est à la fois déroutant et vraiment agréable à porter. En réessayant ce parfum, je me suis rendu compte que j’aimais vraiment les notes douces et enveloppantes quand elles ne sont pas trop agressives. Je pourrais tout à fait porter ce parfum même si je lui préfère la version extrait que je trouve plus dark. Sur ma peau, il prend plein de petites facettes différentes comme je les aimes mais c’est vrai que je suis vraiment fan de « Farah » de Brécourt qui est une variation sur le même thème et il faut faire des choix.

Il est difficile d’évoquer les parfums gourmands que je trouve réussis sans parler de « Bake » créé par Olivier Cresp pour Akro en 2023. C’est avec Marion, formatrice pour la marque, je l’avais découvert « Bake » en avant-première en 2023 quelques jours avant sa sortie. Olivier Cresp le décrit ainsi : « C'est un shot de citron combiné à un sucre vanillé. Quand je le sens, je me transporte dans ma pâtisserie préférée à Londres ». J’avais été à la fois très étonné et un peu attiré par ce parfum qui me fait sortir totalement de mes goûts habituels avec son envolée complètement folle de citron et de rhum, son coeur de praliné adouci encore par un accord de crème chantilly et son fond de vanille et de sucre brun. « Bake » est plus que gourmand, il est sucré, même acidulé. Sur ma peau, la note de citron, fusante, presque tranchante, peine à s’adoucir avec les notes rondes, très rondes et je ne m’en plains pas car, l’effet est, je l’admets, une vraie réussite. Vraiment, ce parfum me déroute. Je ne suis pas très fan des gourmands mais je dois admettre que « Bake » fait partie des exceptions. Il est tellement bien construit et il matche tellement bien avec ma peau que ça me surprend complètement.

« Une fragrance unisexe qui fond sur la peau de la même manière qu'un délicieux cube de chocolat fond dans la bouche.Elle vous rappellera des pralinés de chocolat luxueux richement saupoudrés de cacao. Découvrez la tentation la plus voluptueuse qui répond au nom de Velvet Chocolate… ». Le parfumeur grec Theodoros Kalotinis est quand même un champion pour les parfums gourmand. Vraiment il a du talent et je trouve que l’équilibre, le plus souvent est tout à fait respecté. Il a créé « Velvet Chocolate » en 2022. J’ai découvert ce parfum à la boutique parisienne Uni/vere et je dois dire qu’il ma fait sortir de ma zone de confort comme on dit. On y retrouve des notes de chocolat et de vanille très aromatique et le parfum est poudré par la fève de cacao et la tonka. Bien sûr, il faut aimer ce type de créations mais l’ethyl-maltol n’et pas « too much », le parfum est comme sur un fil, il ne tombe jamais ni dans l’amertume ni dans la gourmandise facile. Vraiment, j’ai beaucoup aimé cette création comme, d’ailleurs, plusieurs autres de cette petite marque sans prétention mais fort agréable à découvrir et à porter.

J’ai décidé de m’arrêter là mais j’aurais pu citer aussi des créations de Jousset, New Notes et d’autres maisons dont on parle pas mal. Je ne voulais pas vous noyer sous les infos mais plutôt évoquer quatre parfums très différents dans lesquels la molécule d’ethyl-maltol avait bien trouvé son utilité. Les quatre créations dont j’ai parlé, je les ai portées vraiment afin de les ressentir plus que les re-sentir. Je crois que je me suis quand même amusé avec ce sujet sur lequel je procrastinait beaucoup. Finalement, je n’ai plus peur du grand méchant gourmand même si ce n’est pas mon orientation olfactive préférée.
"Five O'Clock Gingembre", une heureuse reformulation
À sa sortie en 2008, j’étais tombé sous le charme de « Five O’Clock Gingembre » créé par Christopher Sheldrake pour Serge Lutens. "Un gingembre confit à déguster uniquement à l’heure du thé, en Angleterre, dans de la porcelaine noire de Wedgwood. For connoisseurs only… very chic ! "Un thé à Buckingham Palace. Autour du gingembre confit, c’est un cérémonial. Il sert en nous le vif-argent qu’est l’imagination en gants blancs."Serge Lutens". C’était un parfum très épicé, frais, presque pétillant, linéaire avec un trio de notes, la bergamote, les épices et un gingembre comme râpé dans un poudrier. La reformulation effectuée par la marque dans les années 2015 m’avait éloigné de ce parfum. Il était devenu plus rond, gourmand, presque sucré et sa fraîcheur élégante avait disparu. Ça m’avait déçu beaucoup et je ne l’avais plus senti pendant plusieurs années. C’est un peu le propre de la déception. Je m’étais concentré sur plusieurs autres parfums de la marque.

Christopher Sheldrake
Récemment, j’ai remis mon nez sur plusieurs créations de Christopher Sheldrake pour Serge Lutens et j’ai découvert qu’au moins trois ou quatre avaient étés reformulées à nouveau et c’est le cas de « Five O’Clock Gingembre ». Je le retrouve comme à ses débuts. Il est redevenu plus sec, plus frais, plus épicé comme acidulé et il m’a vraiment beaucoup plu. Il est redevenu comme je l’aime. « Five o'clock au gingembre, un parfum epicé, remarquable et chic » tout simplement. Il est fort probable que je le porte à nouveau dans l’avenir tellement cette nouvelle version a su me séduire et provoquer en moi des émotions. Je l’ai essayé sur la peau, la tenue a l’air très bonne. Pour moi, « Five o’Clock Gingembre » nouvelle génération, c’est carton plein !
Majouri, un univers oriental mais pas que
Fondée en 2019, la maison Majouri est toute jeune et pourtant, j’ai presque l’impression qu’elle existe dans le paysage depuis plus longtemps tant ses beaux flacons et ses créations impeccables traduisent à la fois une certaine virtuosité et aussi une identité très nette. Trois collections, 23 parfums à ce jour, créées par Christian Vermorel, Amandine Clerc-Marie, Cyrill Roland, Serge Majoullier, Philippine Courtière, Wessel-Jan Kos, Marie-Patricia Hurel, Sophie Truitard, Jennifer Jambon, Remi Barbier et Laure Santantoni. Il y a déjà plusieurs mois que je voulais consacrer un article à la marque mais j’ai plus de facilité à le faire depuis qu’elle est distribuée à Lyon à la boutique Evok car j’y ai accès facilement. J’ai choisi quatre parfums que je trouve emblématique du style Majouri, dans les trois collections. J’espère vous donner envie d’aller découvrir cette marque dont le rapport qualité-prix, il faut le dire, est plutôt satisfaisant.
Globalement, j’ai bien aimé ce que j’ai découvert parmi les 23 parfums de la maison de parfums Majouri mais je me suis arrêté sur la collection Jour et particulièrement sur « Jour 11 » créé par Cyril Rolland en 2019 pour la collection Jour. Il s’agit certes d’un oriental mais je l’ai trouvé particulièrement moderne et atypique. « Jour 11 nous plonge dans l’univers olfactif du parfumeur Cyril Roland qui offre une version moderne d’un oriental épicé. Ce parfum pour homme et pour femme riche en ingrédients précieux nous transporte dans un monde parfumé aux multiples facettes. En tête, des notes vibrantes et épicées de pamplemousse chinois, de baies de genièvre et de safran font rayonner la fragrance. La violette noire en cœur se mêle à des touches de cuir et ajoute de la sensualité à la composition. Son fond chaud et enveloppant de cashmeran et vétiver laisse sur la peau un voile absolument addictif ». Élégant, facile à porter et, en même temps, sans concession, ce parfum m’a beaucoup troublé car il me réconcilie vraiment avec le safran qui s’associe au pamplemousse à l’envolée pour nous emmener sur un coeur très atypique de baies de genièvre, de violette et de cuir puis sur un fond de vétiver pris au piège d’un cashmeran comme un cocon. Je ne sens pas du tout la note de framboise qui est mentionnée par la marque et tant mieux car je pense que cela aurait gâché mon plaisir. Un oriental que je pourrais porter, c’est rare (quoi que de moins un moins), à l’instar de « Cuir Andalou », il me faudra retourner l’essayer quand le temps s’y prêtera mieux.
Dans la collection Genesis, j’ai choisi « 1982 » créé en 2019 par Christian Vermorel. « 1982, une eau de parfum pour homme et pour femme à la composition radieuse et enivrante, entre fraicheur et sensualité. Une entrée pétillante de mandarine jaune et de citron vient heurter les notes épicées de poivre noir et de coriandre. En cœur, le clou de girofle et le gingembre se mêlent à la fleur d’ylang ylang et à la fleur d’orris pour un sillage plus intense et envoûtant. Des notes de musc, de vétiver et de cèdre viennent souligner et adoucir le fond offrant une fragrance profonde et enveloppante ». J’aurais pu opter pour plusieurs créations mais celle-ci est vraiment celle que je préfère. Dès l’envolée de citron et de mandarine épicée de coriandre et de poivre noir, le coeur d’ylang-ylang et d’iris, poudré, doux, est rehaussé de notes de clou de girofle et de gingembre ce qui lui donne une originalité et une vraie singularité. Le fond est aussi surprenant puisqu’organisé autour du vétiver et de la sauge sclarée, il est soutenu par des muscs blancs et une note de bois de cèdre très bien travaillée (en tout cas pour ma peau) qui me donne envie. J’ai posé « 1982 » sur ma peau et, je dois le dire, son développement matche parfaitement. En tout cas, je ne suis pas du tout certain qu’un jour je ne caquerai pas.
C’est la collection Quest que j’ai préféré et j’ai choisi deux créations absolument séduisante. La première est « Bohemian Tea » bien évidemment. Créé en 2023, ce parfum est vraiment très joli. « Un souffle de thé vert empreint de vitalité. Une immersion sensorielle qui fait voyager les esprits à travers les époques, les cultures, les continents. Profondément levantin avec un accord éblouissant de thé vert, Bohemian Tea voyage vers le Sud de l’Europe avec ses notes de bergamote et mandarine, mariées à un iris poudré. Fleur d'oranger d'Afrique du Nord et cardamome du Guatemala s’associent ensuite dans cette infusion mondaine, pour terminer sur un accord boisé de gaïac et de cèdre très amérindien ». J’aime beaucoup l’envolée de bergamote et de mandarine rafraîchie par la cardamome. Ce n’est que bien après la vaporisation que vient un coeur de thé vert très vif mais poudré par des notes d’iris ce qui lui donne un côté très surprenant. Les notes de fleur d’oranger lui donnent un côté encore plus vert. En fond, des notes boisées, comme le cèdre et le bois de gaïac, posent le parfum qui se poudre un peu plus avec les muscs blancs. Il y a quelque chose de très réjouissant dans ce parfum, plutôt estampillé été, qui est une alternative à ce que l’on connait. Vraiment, j’accroche bien. Je pourrais le porter.
« Charming Tuberose est une eau de parfum puissante et opulente à la tenue exceptionnelle. Un bouquet floral moderne sublimé par la séduisante et mystérieuse tubéreuse. La fragrance s’ouvre sur un léger voile de noix de coco et de cannelle, puis laisse place à son cœur floral de Jasmin, de tubéreuse et de gardénia qui offre à la composition une allure élégante et lumineuse. La vanille et le vétiver en notes de fond apportent confort et douceur à la composition ». Je termine ma sélection par « Charming Tuberose », créé par Rémi Barbier en 2019 pour la collection Quest. Vous allez me dire que c’est tout ce que j’aime et vous aurez raison. L’envolée douce et enveloppante de noix de coco et de cannelle m’accroche dès la vaporisation et le coeur de tubéreuse, de jasmin et de gardénia se développe dans un côté solaire, voire exotique qui se pose sur le fond de vétiver et de vanille. Je suis au centre de mes goûts, je l’admets bien volontiers. Le parfum est beau, bien travaillé, pas forcément original mais il me parle et je pourrais le porter sans la moindre hésitation. C’est un vrai beau solaire tropical comme je les aime, avec beaucoup de nuances et un côté tout à fait jubilatoire lorsqu’on aime ce genre de parfum.
J’aime bien la marque, c’est vrai, et je ne suis pas ultra-objectif mais je trouve qu’elle demeure qualitative et abordable. En tout cas, vraiment, il faut aller la découvrir. Elle est belle, les flacons font envie et il y a quelque chose de jeune et de facile dans les créations tout en gardant un esprit niche très net si j’ose le cliché. En tout cas, je me suis fait plaisir à redécouvrir la marque.
Mes carnets de voyage : Venise
Je ne sais pas si je connais bien Venise mais j’y suis allé plusieurs fois et j’ai arpenté les rue, les pavés, emprunté le vaporetto, roulé en train le long de la lagune. La dernière fois, j’ai vu la ville romantique par excellence sous la neige ! Il était bien normal qu’elle figure dans cette série de carnets de voyages. J’ai beaucoup hésité sur parfum qui m’évoque cette cité de carte postale. J’ai tout d’abord pensé à une création de Merchant of Venice, une marque dont l’inspiration est typique mais je ne les maîtrise pas forcément très bien et j’ai pensé qu’il serait assez amusant de parler de ce que je portais lors de mon dernier voyage en Italie. Je m’en souviens parfaitement. Il s’agit de « Louve » de Serge Lutens. Cela me permet d’écrire un vrai article personnel et peut-être moins symbolique que les autres. Créé en 2007, cette création de Christopher Sheldrake m’a énormément accompagné et je l’aime toujours autant. Non, son côté « colle Cléopâtre » pour ceux qui ont la référence, ne me dérange nullement. « Louve, un parfum énigmatique, maternel et pur ». Le parfumeur a réussi à inventer une composition autour de l’amande amère qui n’est jamais linéaire car son évolution est toujours surprenante.
« Mythologique depuis la nuit des temps, la louve conserve ici un mystère se teintant d’une amertume amandée. Recluse au sommet de son château de neige, singulière, blanche, elle demeure une énigme ». Le côté très enveloppant de « Louve » se mêle à des notes presque gourmandes mais surtout très addictives. Sa « colonne vertébrale » se résume, selon la marque à trois notes, l’amande, la rose et le jasmin mais le parfum s’avère tendre et complexe. Personnellement, je l’associe à tout ce que j’aime et j’aime Venise. Je me revois dans ces rues, avec mon chien, tentant de faire des achats, m’asseyant dans un beau café. Vraiment, la fascination que l’on peut avoir pour la ville s’harmonise très bien avec le versant addictif de « Louve ». J’ai adoré ce séjour, certes court et presque solitaire mais je trouvais que mes promenades fonctionnaient très bien avec le cocon que représentait « Louve » pour moi. Mon regret est vraiment qu’aujourd’hui on ne le trouve plus que dans la collection des flacons de table. Ainsi s’en va la vie !
Jul et Mad, le chic parisien
Julien Blanchard et Madalina Stoïca-Blanchard, les fondateurs de la marque
Je connais Jul et Mad depuis déjà quelques années mais, je ne sais pas pourquoi, je n’avais jamais consacré de revue à cette marque que, pourtant, j’aime bien et dont les créations élégantes sont faites pour être découvertes, portées et dont plusieurs peuvent tout à fait devenir des signatures. Aujourd’hui, Jul et Mad a sorti 21 parfums créés par Dorothée Piot, Cécile Zarokian, Luca Maffei, Stephanie Bakouche et Sidonie Lancesseur répartis en quatre collections et dont la plupart sont encore disponibles. J’en ai gardé quatre que j’aime particulièrement. Je me suis fait très plaisir à réessayer ces parfums « so chic » et à me balader dans un univers que je trouve romantique et souvent citadin. Je m’imagine bien assis sur un banc du parc Montsouris lors d’un séjour à Paris avec autour de moi une création de Jul et Mad. Beaucoup de fausse simplicité et de vraie inventivité, n’est-ce pas ce que je préfère dans une marque ?
Ce jour-là, nous avions passé la journée à Paris avec Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures et là, échanges, découvertes et bons moments de partages étaient, comme à chaque fois, de mise. Nous voilà donc repartis rendre visite à Daria qui était décidément de permanence chez Sens Unique, rue du roi de Sicile et qui est, décidément, ma boutique de prédilection. J’ai fait une découverte chez Jul & Mad Il s’agit de « Fugit Amor » lancé en 2017 dans la collection Les White. « Véritable chef-d'œuvre, une sensation de pur plaisir chargé d’émotion Inspirée par un des plus beaux chefs-d'œuvre d'Auguste Rodin, cette fragrance unique et intrigante combine parfaitement le contraste entre l'aspect froid, rigide, épais et puissant du marbre et sa fragilité, sa chaleur, sa finesse, dévoilées sous la caresse de l'artiste… Une œuvre parfaite, chargée d'émotions explosives, nourrissant ainsi la flamme d'un amour interdit… ». Avec ce parfum créé par Stéphanie Bakouche en 2017, je me retrouve vraiment projeté dans l’atelier du sculpteur entre la poussière de marbre, les albâtres et les accents épicés ambiants. Pour reproduire cette impression et la rendre facile à porter, la parfumeure a imaginé un départ de poivre rose, de résine d’élémi, de cardamome, de gingembre et de cannelle, un coeur d’oeillet et un fond de vétiver, de cèdre, d’ambre et de muscs. Je dois dire que le côté froid et un peu poussiéreux m’a séduit complètement. C’est un parfum magnifique, d’une grande originalité et, en même temps, malgré son identité très marquée, très facile à porter. J’ai beaucoup aimé cette création et je me suis fait très plaisir à le découvrir. Pour écrire mon article, je lai remis sur ma peau et, franchement, il est vraiment très joli. Je trouve que c’est une création très intéressante et facile à porter. À découvrir absolument !
C’est Lou, à la parfumerie Sens Unique, nichée au coeur du Marais, qui, lors de mon dernier séjour à Paris m’a fait redécouvrir compétence et réactivité qu’il m’a fait redécouvrir « Terrasse à Saint-Germain » créé par Dorothée Piot Jul et Mad en 2012 et, franchement, il a fait mouche car ce parfum va sans doute intégrer une wishlist qui n’est, heureusement, pas trop importante en ce moment. « Un parfum aussi élégant que sophistiqué. Dès la première note, une fraîcheur verte et pétillante de pamplemousse et de rhubarbe éveille les sens, rapidement soutenue par un accord floral et subtil de frésia, de fleurs de lotus et de rose, apportant au parfum une sensualité inouïe, tout en douceur. La puissance du musc ne se fait pas attendre et vient s'accorder au précieux santal et à l'envoûtant patchouli en une parfaite symbiose… ». J’ai toujours bien aimé ce parfum mais je n’avais pas vraiment eu l’idée de l’essayer hors, sur ma peau, il matche parfaitement. Le départ doux amer de pamplemousse et de mandarine se fait pétillant avec la rhubarbe puis vient ce coeur de rose, légèrement poudré et rendu à la fois floral et aquatique avec la fleur de lotus et le freesia puis le parfum se pose sur un fond de santal pas trop lacté et équilibré par des notes de muscs blancs et de santal. J’ai un vrai coup de coeur pour ce parfum. Il est si élégant qu’il m’évoque vraiment le printemps près du jardin du Luxembourg que je connais si bien. C’est mon coup de coeur de la marque. Vraiment, je l’aime beaucoup. Je tourne autour depuis un moment et, vraiment, je pense qu’un jour je me l’approprierai.
« Ode au « gentleman » moderne, ce parfum sophistiqué revisite le mythique Vétiver, réinventant, ainsi, l’image de la traditionnelle élégance et du raffinement masculins. Ses facettes mystérieuses et charmantes lui révèlent un aspect subtil et vigoureux à la fois, mais également chargé de grâce et de sensibilité ». Créé en 2022 par Luca Maffei, « Vétiver Cuir » est mon préféré dans la collection Les Essentiels. C’est une vraie valeur sûre qui s’ouvre avec des notes de bergamote et de pamplemousse un peu amères puis vient un très beau coeur d’ambre gris, de labdanum, de patchouli et de fève tonka pour le côté cuir un peu net et précis. Le fond, en clair obscur, presque doux amer mêle des notes de vétiver aux bois de gaïac et de cèdre ainsi qu’à un cashmeran qui nous enveloppe. J’ai beaucoup aimé ce parfum. Il est simple, direct… Il va droit au but ! Pour qui cherche un cuir classique chic, un peu doux, à un prix compétitif, il est une option évidente. Il faut vraiment l’essayer. C’est un petit bonheur de la parfumerie.
J’avais un échantillon de « Callisto » créé l’an dernier, en 2024, par Luca Maffei pour la Love Basics Collection et j’étais persuadé d’en avoir parlé or, apparemment, il n’en n’est rien. « Puissant, percutant et beau, comme évoqué par son nom. La dualité du mot Callisto est également exprimée dans la composition de ce parfum hors du commun; un lien entre clair et obscur, entre terre et espace. Une fragrance invitant à l’introspection. Une composition poudrée-gourmande unique, avec un caractère parfaitement unisexe ». Le départ est très aldéhydé, ce qui m’a un peu dérange surtout quand je me suis rendu compte qu’il était rendu vert avec le néroli et presque pétillant avec le poivre rouge mais, très vite, le coeur poudré et amandé d’iris, d’héliotrope et de fève tonka m’a réjoui. Certes, « Callisto » n’est pas spécialement original mais, honnêtement, quelle beauté ! Le fond vanillé et baumé avec des notes de benjoin, de patchouli et de muscs me font penser un peu à quelque chose de très désuet mais, dès que la musique avance, j’en mesure la modernité. J’avais oublié « Callisto » et c’était une erreur. Il me plait beaucoup vraiment.
Jul et Mad est une marque dont on ne parle pas tant que ça et qui, à mon sens, mériterait ne plus grande diffusion. J’ai repris les échantillons et mes notes pour écrire cette revue et je ne le regrette pas. Ma préférence va vraiment à « Terrasse à Saint-Germain ». C’’est un parfum qui me fait envie. Il est vraiment super beau sur ma peau. Je le garde ans un coin de ma tête.
Mes parfums préférés : "Fathom V"
Lorsque j’ai découvert, chez Sens Unique, rue du roi de Sicile à Paris, la marque Beaufort London, créée sous l’impulsion de Leo Crabtree, j’ai eu tout de suite un coup de coeur pour la totalité de cet univers très dark et, en même temps, très original, vous le savez. Mais le coup de foudre, je l’ai eu pour « Fathom V », créé en 2016 par Julie Marlowe et Julie Dunkley. Pour vous faire une confidence, je suis toujours très lent à me décider pour un nouveau parfum, je le sens, il retient mon attention puis je l’essaye et le réessaye pour être bien certain de le porter. Je crois profondément qu’il y a un petit processus de choix inconscient qui est toujours le même mais tel n’a pas été le cas pour « Fathom V ». Je l’ai découvert sur touche, puis sur mon poignet et j’ai demandé à l’essayer pour vivre un peu avec avant de l’acquérir mais tout de suite, j’ai été tellement séduit que j’ai brûlé les étapes et que je l’ai pris directement. Je ne l’ai jamais regretté. Il fait partie des parfums qui ont été, pour moi, une évidence.
Il tranche avec lui chyprés et les cuirés très denses des deux collections et affiche une certaine fraîcheur qui lui permet de m’accompagner à toutes les saisons. La marque le décrit ainsi : « S’inspirant largement de « La Tempête“ (dans lequel Shakespeare évoque des images de temps violent, de naufrages et d'îles magiques), le thème principal de «Fathom V» est une phrase glanée dans «Chant d`Ariel» dans la pièce. «Forme Marine» ou “Sea-Change”, que maintenant nous comprenons comme «une transformation» ou une «métamorphose» est apparue pour la première fois dans la pièce et maintenant est utilisée couramment. Le changement perpétuel de l'état de la mer - dans un flux constant entre calme et nature - est point de départ pour la marque, exploré à travers l'utilisation de matières premières apparemment contradictoires dans des concentrations “surdosées”: le sel rencontre la terre, les herbes pétillantes se mélangent avec des mousses foncées, les notes claires de fleurs rencontrent des épices noires intenses. En contrastant le dessus et le dessous, la lumière et l'ombre, nous imaginons l'état changeant de la mer: son intensité - l'attrait de ses profondeurs sombres. Un parfum pour les intrépides qui remettent en question les idées préconçues sur ce que signifie vraiment «aquatique»… ».
Pour moi, il a surtout quelque chose de vraiment original avec une envolée à la fois très épicée par les baies de genévrier, mais aussi verte, avec le bourgeon de cassisi et presque terreuse. Le coeur est fleuri et épicé avec des notes de lys, de jasmin, d’ylang ylang et de mimosa qui donnent presque une impression de lilas salé et épicé par le thym, le gingembre, le cumin et le poivre noir. Le fond est celui d’un chypre puisqu’on y retrouve des notes de patchouli et de mousse de chêne, rendues encore plus profondes par le vétiver et relevé de sel de mer, de cèdre et d’ambre sèche. C’est un parfum complexe, unique, très frais par certaines facettes et sombre, presque boisé par d’autres. J’ai beaucoup de mal à le définir tant il est un ovni dans la parfumerie actuelle sans pour autant être difficile à porter car il se dégage de son évolution une certaine élégance addictive et troublante. Pour moi, « Fathom V » rejoint facilement le top cinq de mes parfums favoris sans aucun doute et, même si j’ai jeté mon dévolu sur deux autres créations de la marque, j’y reviens toujours avec le même plaisir.
1907, la beauté d'une parfumerie fine et moderne
« 1907 est l'année de naissance de la grand-mère d'Eva, la fondatrice ». Depuis déjà plusieurs années, j’aime beaucoup cette maison que j’ai pu découvrir surtout chez Sens Unique à Paris. J’ai parlé parfois d’un parfum ou deux mais vraiment je pense qu’en sélectionner quatre sur les deux collection existant actuellement était un projet que je suis content de mener à bien aujourd’hui. 107 est née en slovaquie, ce qui n’est déjà pas courant et c’est une maison pleine de belles et qualitatives créations. Je ne les connais pas toutes mais j’en ai essayé pas mal. Il ne m’a pas été difficile d’en choisir quatre, deux dans chaque collection. Je vais essayer de vous donner envie d’aller y mettre votre nez. Allez, je vous emmène dans un univers parfumé raffiné et délicat, juste comme j’aime. Je regrette seulement que la marque ne communique pas sur le ou les parfumeurs qui ont réalisé des compositions de cette qualité. J’aime bien remettre l’artiste au centre de son travail mais, pour cet article, je devrai m’en passer. Allez, prenons un peu l’âme slave et partons sur les trace de cette si jolie maison de parfums.
Dans la Frag Ment collection, j’ai, et ça ne vous surprendra pas, un coup de coeur pour « My Spice » lancé en 2021. « Une journée bien épicée... Matinée fraîche, journée ensoleillée, soirée détente et nuit soyeuse. Ma journée, mon épice ». Entre notes aromatiques, florales et très épicé, ce parfum m’emmène dans une évolution de toute beauté qui matche merveilleusement avec ma peau. L’envolée de gingembre, d’eucalyptus et de menthe est rendu encore plus fusant par la présence de notes de citron juteux. L’accord poire, au contraire, le fait plus doux et rétablit l’équilibre parfait. Le côté très épicé s’intensifie lorsque la composition se pare des notes de coeur de cannelle, de clou de girofle, de poivres rose et noir et de cardamome qui donnent un accent particulier à la rose et surtout à un très exotique ylang-ylang. Le fond est aussi assez complexe, construit autour du cèdre avec des versants muscs blancs, santal, vanille, patchouli, et fève tonka mais il est surtout présent pour assurer à la fragrance une très bonne longévité car le côté épicé floral perdure jusqu’à la toute fin de l’évolution. J’ai adoré « My Spice ». Je pourrais le porter très facilement. Il prendrait peut-être le relai de « Nutmeg & Ginger » qui va être discontinué chez Jo Malone. Il revêt également une fraîcheur réjouissante. Pour moi, il plaira autant aux hommes qu’aux femmes tant il est délicat et bien travaillé.
«Poudre de vanille. Adam et Eve, avant de goûter la pomme interdite. Un couple innocent, un corps, une âme. La sécurité du jardin d'Eden et l'image tentante d'un péché ... Adam et Eve. Vanille et poudre. Gouter ou ne pas goûter? Devraient-ils essayer ensemble le fruit interdit? La question provoque, l'humain est la réponse». Je ne suis pas forcément un adepte de la vanille mais j’ai essayé « Vanilla Dry », créé pour la Frag Ment Collection en 2020 et je ne l’ai pas regretté. C’est une très jolie composition lisible et qualitative. L’envolée d’orange et de mandarine est rendue un peu solaire et exotique avec la présence de l’ylang-ylang. J’aime énormément le départ ainsi que le coeur de jasmin et de muguet, très floral, avec une certaine fraîcheur. Le fond de vanille, de noix de coco, de musc et de santal lui confère un côté parfum solaire et tout à fait tropical qui continue de me séduire. J’étais un peu sur ma réserve à cause de son nom mais « Vanilla Dry » est magnifique sur ma peau. Il me convient tout à fait. Il pourrait m’accompagner un été ou deux sans la moindre réserve. Je trouve que c’est une création addictive.
Beneath The Surface Collection est plus onéreuse mais également vraiment qualitative. Je dois dire que j’ai aimé tous les parfums que l’on m’a proposé même s’il plairont peut-être plus aux femmes. Je n’ai pas de barrière (ou très peu) et j’ai découvert avec plaisir. J’ai pu réessayer, « Fatamorgana », la nouveauté de 2022 et je dois dire que je suis un peu mitigé. La marque le décrit ainsi : « Vous avez l'impression de le voir, vous semblez proche, mais l'apparence est trompeuse … » et cela était assez intrigant pour que mette mon nez dans ce parfum très étonnant voire un peu clivant. Le départ, vert et fruité de galbanum, de cassis et de mandarine rehaussé d’une pointe de cardamome m’a surpris et m’a emmené sur un coeur d’iris poudré et soutenu par un singulier bois de rose et un bouquet poudré et fleuri de jasmin et de violette. Le fond est résolument musqué et ambré avec des notes de vanille et de fève tonka. « Fatamorgana » m’a laissé un peu perplexe. Lorsque je le laisse évoluer sur ma peau, parfois je l’aime, parfois il me provoque un mouvement de recul. J’ai beaucoup de mal à me faire une opinion. Il a un côté très vintage et un autre absolument moderne. C’est un parfum déroutant pour mon nez. Je ne suis pas du tout certain que je pourrais le porter. De plus, sur ma peau, la tenue est un peu limitée. Je reconnais que c’est une vraie création avec tout ce que ça comporte et je dois dire que je suis très mitigé. Il y a une note, je pense que c’est le cassis, qui me déstabilise et qui me dérangerait presque mais le côté poudré m’attire. C’est une nouveauté qu’il faut découvrir pour vraiment se faire une opinion. Je ne saurais que trop conseiller de l’essayer sur la peau et de ne pas aller trop vite. Il n’en reste pas moins un parfum tout à fait intéressant et segmentant qui m’a beaucoup impressionné. Je crois que je ne pourrais pas porter cette « Fée Morgane » mais… Il ne faut jamais dire jamais.

Il est des parfums qui me parlent immédiatement et je remercie Renata, Victoria et Daria de la parfumerie parisienne Sens Unique de m’avoir fait découvrir et essayer tout à loisirs à l’époque e sa sortie « Lilaganza » de 1907. Je remercie aussi Jessica, lectrice assidue de ce blog pour avoir attiré mon attention sur ce parfum qui est un réel coup de coeur. C’est un floral qui a tout ce que j’aime : après un départ de Néroli, le coeur de violette et de rose légèrement poudré, enveloppe un lilas frais, presque mouillé comme lorsque les grappes de fleurs viennent d’éclore. Le fond de cèdre et de vanille lui assurent une superbe tenue et, alors que je l’ai essayé par un temps de canicule, j’en ai profité toute la journée. C’est une promenade au jardin après la pluie. La marque le décrit ainsi : « Lilas en fleurs après la pluie. Une élégance intemporelle qui vous habillera au printemps ». Lancé cette année et déjà en rupture de stock, je comprends son succès. En tout cas j’ai hâte de pouvoir le redécouvrir et, pourquoi pas, me l’approprier. En tout cas, je lui trouve une élégance réjouissante voire même jubilatoire. Je lui trouve quelque chose de parfaitement addictif mais il est vrai que j’ai une attirance à la fois pour le lilas dans la nature et pour cette note interprétée en parfumerie. Je me suis fait particulièrement plaisir en le portant et je dois dire que le sentir sur moi, dans les rues de Paris, sous un soleil un peu fort, m’a apporté une sensation de bien-être non négligeable. Je me suis fait plaisir et je l’ai gardé dans un coin de ma tête. Je vais d’ailleurs un peu tricher car je suis revenu avec plusieurs grands échantillons que je vais porter jusqu’à la dernière goutte même si je remarque que j’en ai encore. Ce parfum, il me plait. Je reconnais qu’il est onéreux mais, vraiment, c’est une merveille !
Voilà, j’aurais pu évoquer aussi « Mon Âme » et « Geneviève » que j’ai beaucoup aimé mais ce sera pour une autre fois. Les deux collections de 1907 sont vraiment intéressantes. Il faut y mettre votre nez. Elles ne sont pas beaucoup distribuées mais, vraiment, elles valent le détour. 1907, c’est la quintessence d’une parfumerie fine et délicate dans la belle tradition de e que nous aimons tous mais avec un twist très contemporain. Je suis content d’en avoir parlé un peu plus précisément.
Souvenir de rencontres : Naomi Goodsir
« Vogue Italia l’a présentée en Janvier 2015, comme l’un des « nouveaux talents » les plus prometteurs. Avec raison, faut-il croire. Naomi Goodsir n’a de cesse de semer le trouble en réinterprétant, avec une imagination débridée, des chapeaux, des sacs et autres accessoires « couture ».
Signer une différence, une allure, une attitude.
Si vous croisez Naomi Goodsir, il est impossible qu'elle passe inaperçue. La modiste et designer australienne a une élégance unique et un charme raffiné. Son histoire est connectée à "ce je ne sais quoi" qui signe une allure tranchée. Elle est connue pour ses chapeaux terriblement « couture », qui accompagnent un mouvement, un port de tête altier, rebelle, parfois rock, souvent punk, mais toujours chic. Depuis plus de 10 ans, à la main et en respectant tout le savoir-faire de la chapellerie, elle conçoit et façonne des pièces uniques, privilégiant de belles matières issues d’Entreprises du Patrimoine Vivant (EPV), comme un hommage à des savoir-faire ancestraux. De l’English National Opera à la collaboration avec de nombreux créateurs de mode, Naomi Goodsir a décidé de tracer sa propre route, en France.
Le cuir et les peausseries exotiques, tel le crocodile australien, sont des matières que Naomi aime travailler, tant sous la forme de chapeaux, de sacs et d’accessoires variés, comme un rappel à ses origines australiennes. La légendaire, Lidewij Edelkoort, ne s’est pas trompée, lorsqu’en Juin 2013, à l’occasion de la Biennale de la Mode d’Arnhem (Pays-Bas), elle sélectionnait l’un des sacs de la créatrice, pour l’exposition « Fetishism in Fashion ». Ses fragrances d’exception, concoctées avec Renaud Coutaudier, représentent une extension naturelle de cet univers à part ».
En 2019, j’ai été invité à faire la connaissance, lors d’une soirée à Lyon, avec Naomi Goodsir et son compagnon Renaud Coutaudier et je dois dire que j’en garde vraiment un excellent souvenir. C’était très informel et étaient surtout conviés les amateurs de la collection. Je porte « Nuit de Bakélite » depuis déjà un certain temps ainsi que « Cuir Velours » et « Iris Cendré » et j’ai du goût pour « Bois d’Ascèse » et « Or du Sérail » (« Corpus Equus » n’existait pas alors) et j’étais désireux de rencontrer la très élégante fondatrice de la marque. J’ai donc accepté avec plaisir l’invitation. C’est donc autour d’un verre que nous avons échangé. Modiste, artiste, Naomi Goodsir est australienne et elle est dotée d’une personnalité à la fois presque loufoque, attachante et joyeuse. C’est une jeune femme très passionnée et passionnante. Elle a collaboré avec des couturiers et aussi le Royal British Opera. C’est une femme de talent et de goûts. Quand on sent les parfums, que l’on sait quels parfumeurs ont collaboré avec elle (Isabelle Doyen, Julien Rasquinet et Bertrand Duchaufour), on ne doute pas de son audace. Elle a su, en une petite dizaine d’année, avec une collection courte et tout à fait fascinante, renouveler la parfumerie d’auteurs. Je ne pouvais pas ne pas la trouver intéressante en tant que personne et je dois dire que ça a été le cas.
Humainement, Naomi est chaleureuse, pleine d’une énergie communicative et il faut préciser que nous avons passé une excellente soirée entre passionnés. Son associé et compagnon, Renaud, est également passionnant. Il a la tête sur les épaules et il sait canaliser sa passion pour ne pas partir dans tous les sens. Je pense que c’est un tandem qui fonctionne très bien et dans le même sens. Vraiment, j’ai adoré cette belle rencontre. Nous avons beaucoup échangé sur « Nuit de Bakélite » que j’ai appris à apprivoiser alors que je ne l’aimais pas quand je l’ai découvert. Il est vrai que l’envolée est un peu surprenante mais je sais son évolution sur ma peau et je le porte énormément maintenant. Il m’a appris à aimer la tubéreuse et à l’adopter même au sein d’autres compositions. J’espère n’avoir pas trop accaparé Naomi et Renaud au cours de cette soirée très informelle et chaleureuse. J’espère sincèrement les revoir car le contact a été formidable. À l’époque, « Corpus Equus » était en développement et je ne doute pas qu’il ait rencontré son public. J’espère qu’il y aura d’autres créations dingues pour venir s’ajouter à la collection qui existe déjà. Je souhaite aussi que Naomi et Renaud reviennent nous faire un petit coucou à Lyon car ils ont su séduire l’assistance avec brio.
Séquence nostalgie : "Cuir"
Nathalie di Orio alias Mona di Orio (1969-2011) était une créatrice de génie. Elle nous a quitté il y a déjà dix ans et, c’est à travers l’une de ses merveilleuses créations dans la collection Les Nombres d’Or que j’ai décidé de lui rendre hommage. Elle est partie bien jeune mais elle a pu non seulement créer des parfums magnifiques mais surtout, et je le dis toujours, ériger une oeuvre d’art olfactive à travers ses fragrances. Deux collections, les Eaux de Parfums qui ont été en partie discontinuées et les Nombres d’Or constituent un parcours olfactif hors du commun pour le perfumistas. Mona avait fait ses classes avec le maître, père de la parfumerie moderne, Edmond Roudnitska à Cabris dans le sud de la France mais elle a su très vite s’affirmer et imposer sa propre signature, son exigence dans le choix des matières premières naturelles et synthétique et tout simplement son talent et sa créativité. Je suis complètement amateur de son travail et j’ai porté plusieurs de ses créations y compris certaines qui n’existent plus aujourd’hui. J’en profite pour remercier chaleureusement sa maman, Bernadette qui m’a permis de découvrir des parfums aujourd’hui disparus et même de pouvoir les porter. J’ai pour Mona di Orio une admiration immense et je me dois de dire que je suis vraiment sous le charme à chaque fois que je mets mon nez dans l’un des jus qu’elle a inventé. Avec « Carnation » qui a été, pour moi, l’un des plus beaux parfums du marché, elle a réussi à me réconcilier avec l’oeillet qui demeure, en principe, une matière première que je n’aime pas, avec « Musc » elle m’a enveloppé d’un voile poudré et chaleureux qui me réconforte au plus profond de l’hiver. J’ai eu également l’occasion de porter « Vétyver », « Ambre » et « Vanille » qui sont trois autres créations de la collection des Nombres d’Or que j’ai particulièrement aimé ainsi que « Amyitis », un boisé irisé et épicé sublime et « Oiro », une tubéreuse ultra moderne. Ces deux parfums n’existent plus mais il m’en reste quelques gouttes que je remets sous mon nez régulièrement. J’avais consacré à Mona di Orio un article au tout début de l’écriture de ce blog et j’ai parlé bien souvent de ses créations dans la rubrique Mes Parfums Préférés ou dans d’autres articles mais je voulais revenir, encore une fois en forme d’hommage, sur une des créations que j’aime depuis longtemps et qui appartient également aux Nombres d’Or. Il s’agit de « Cuir » qui avait été lancé en 2010 et qui existe encore, dans sa formule d’origine, dans un packaging revisité. Hélas, les points de vente s’amenuisent en France et il devient difficile à trouver mais j’ai pu y remettre récemment mon nez grâce à Antonio de la parfumerie Marie-Antoinette à Paris que je remercie chaleureusement.
Après une envolée de cardamome et d’absinthe, le parfum se développe avec des notes de cuir renforcées par la résine d’opoponax et d’un accord castoreum puis les notes de fond sont renforcées par du vétiver d’une très belle qualité. La marque le décrit ainsi : « À cheval sur la frontière entre le motard et le sac Birkin, le cuir est presque charnel dans sa profondeur. En ces temps d'odeurs anodines et de mode sans saveur, c'est une promenade fort bienvenue du côté sauvage qui serait merveilleuse pour un homme ou sur une femme . Une seule façon de le dire : Cuir est impitoyablement chic ». Pour moi, il est unique. Il ne ressemble pas du tout à un cuir de Russie goudronné ou à une création plus ronde obtenue par des notes d’osmanthus ou encore de ciste labdanum. Il est profond tout en restant discret et presque « translucide ». Subtilité est le maître mot. À mille lieux des cuirs d’Hermès ou de L.T. Piver, ce parfum est sec mais enveloppant et l’apport du bois de cade lui donne ce côté totalement singulier qui m’a séduit dès que je l’ai senti. Quand il a commencé à être dur à trouver, j’ai cherché sans succès un parfum qui puisse, sinon lui ressembler, au moins rester dans cet esprit-là. Cela m’a permis d’autres coups de coeur comme « Cuir Velours » créé par Julien Rasquinet pour Naomi Goodsir et dont je parle souvent mais ce n’est pas encore ça. Je suis complètement fan de « Cuir » de Mona di Orio et je le porterai aussi longtemps que je pourrais. Je sais que maintenant la société est basée en Hollande et qu’elle mise beaucoup sur l’ouverture d’une boutique en nom propre à Amsterdam mais je regrette vraiment que ces parfums n’aient pas plus de visibilité en France. Certes, certains ont subi des reformulations un peu décevantes mais « Cuir » fait partie de ceux que je retrouve complètement lorsque je le sens sur ma peau. C’est un second épiderme, sans concession, sans aucun compromis mais avec une élégance difficile à égaler. Vous l’aurez compris, il est le cuiré de mes rêves et il le restera, je pense, bien longtemps. « Cuir » avait plus que sa place dans ma séquence nostalgie. C’était une merveille et j’enrage que la marque n’existe plus. J’ai du stock mais, vraiment, je suis triste qu’un tel parfum ne soit plus commercialisé.