Sandrine Videault, une étoile filante
* Article enrichi
Tout comme Mona di Orio elle a été l’élève d’Edmond Roudnitska et tout comme elle, Sandrine Videault nous a quitté prématurément. C’était en 2013 et elle n’avait que 44 ans. Talentueuse, inspirée et intellectuelle, elle a créé lors de sa bien trop courte vie, quelques parfums incontournables. Elle disait : « "L'olfaction est quelque chose de très cérébral, je me considère comme un écrivain de l’odeur ». J’ai eu tellement de plaisir en découvrant ses créations que je me devais de lui rendre hommage. Une petite marque d’admiration et de respect à une parfumeuse dont j’admire profondément le travail. Michel Berger aurait écrit « Comme un papillon à une étoile ». C’est un peu lyrique mais ça traduit assez bien ma pensée. L’amateur de parfums que je suis ne pouvait pas passer à côté du talent d’une parfumeuse qui avait choisi la Nouvelle Calédonie comme cadre de vie pour inventer des parfums. Je vais vous parler de deux fragrances, mieux de deux chefs d’oeuvre de la parfumerie indépendante hélas un peu difficiles à trouver mais c’est aussi pour ça que j’ai créé ce blog, pour vous dénicher des pépites.
Je vous ai déjà parlé de la marque Les Nez Parfums d’Auteurs dans mon article sur Isabelle Doyen. Cette marque indépendante que j’ai découvert, de manière un peu trop fugace mais efficace lors d’un passage à la boutique Théodora à Genève, a, à son catalogue, des jus uniques, très originaux et tout à fait magnifiques. « Manoumalia », créé en 2012 par Sandrine Videault est l’un de ceux-là. Pour certains amateurs de parfums, il est sans aucun doute le fleuron de la marque. Mon avis n’est pas aussi tranché car je trouve qu’il y a d’autres belles choses dans cette maison mais c’est vrai qu’il est sans aucun doute l’un des plus beaux ambrés fleuris qu’il m’ait été donné de sentir. D’une part, ce n’est pas forcément ma famille olfactive de prédilection mais, d’autre part, j’en ai découvert beaucoup. L’ouverture est complètement florale, intense, très capiteuse avec une fleur de tiaré bien présente. Le coeur de vétiver et de santal est complètement surprenant et le fond d’ylang ylang et d’ambre pose le parfum définitivement. Je suis tombé sur une dose d’essai que l’on avait du me donner de ce parfum et je le redécouvre en écrivant. Il est incroyable. D’Edmond Roudnitska, Sandrine Videault a appris à écrire un parfum à travers une formule épurée, courte, presque simple mais, de ce qui ne devrait être qu’une petite mélodie, elle a fait une symphonie. Explosion exotique et élégante de fleurs et de bois doux, « Manoumalia » est exceptionnel. Je sais qu’il est très difficile à trouver mais si vous avez la moindre occasion n’hésitez pas à le découvrir. C’est un parfum doux, suave et pourtant qui ne manque en aucun cas de caractère.
C’est après la disparition de Sandrine Videault que Saskia Havekes lance, en 2013, sa marque Grandiflora nous l’avons vu. Je vous ai déjà parlé de « Magnolia Sandrine » que la parfumeuse a créé et vous ait déjà dit à plusieurs reprises combien je trouvais qu’il était une réussite mais ce n’est pas une raison pour ne pas y revenir encore une fois dans cet hommage. Aquatique, presque salin, profond et pourtant tout en transparence, c’est un parfum unique. Je n’avais jamais rien senti de pareil. L’envolée de citron et de pamplemousse est renforcé par des notes vertes que j’ai du mal à identifier mais qui ont presque un côté herbes coupées. Le coeur, poivré et boisé est particulièrement lumineux et le fond, salé, aquatique et musqué est de toute beauté. J’aime tous les parfums de la marque je vous l’ai souvent dit et « Magnolia Sandrine » est en bonne place dans ma tête et dans mon coeur car, pour l’avoir essayé souvent, je me suis rendu compte combien il était un interprétation inspirée du magnolia, cette fleur presque aquatique et marine aimée en parfumerie et souvent utilisée sous sa facette presque jasminée. Sandrine Videault avait pris le contrepied en en donnant une lecture pétillante, rafraîchissante, comme une brise marine sous les niaoulis de sa Nouvelle Calédonie. J’ai adoré ce parfum. Si vous tombez dessus, n’hésitez pas à le sentir. C’est un chef d’oeuvre.
Je ne connais hélas pas d’autres réalisations de Sandrine Videault et je le regrette bien car ces deux-là m’ont particulièrement inspiré et séduit à la fois. Je trouve qu’elle avait un univers singulier, lumineux, jeune et particulièrement pétillant. Ces deux réalisations sont toujours dans un coin de ma tête. Elles sont, pour moi, la preuve que l’on peut créer des parfums loins des sentiers battus et pourtant tout à fait faciles à porter et dans des univers différents. Les deux sont très floraux mais si l’un est opulent, exotique, presque vénéneux, l’autre est limpide, aérien et pourtant tenace. Ah ça, elle avait du talent Sandrine Videault et, plus de sept ans après sa disparition, je suis heureux de lui rendre hommage et de parler de son travail que j’ai aimé tout de suite et qui continue de me fasciner.
Première approche d'Astrophil & Stella
En reprenant mes notes, j’ai réalisé que je n’avais pas fini d'écrire un article complet sur Astrophil et Stella, une très belle maison qui ne propose que des extraits de parfums en 50 ml à un prix raisonnable et que j’ai eu la chance de découvrir cet été à Paris chez Uni/vere parfumerie. Je n’ai certes pas tout senti mais, au travers de quatre parfums, je peux vous faire une première revue de la cette maison que ses fondateurs décrivent ainsi : « Astrophil se distingue par sa fierté, sa détermination et son esprit rêveur. Stella, quant à elle, incarne une divinité insaisissable, d'une beauté éclatante et d'une vivacité envoûtante. De leur rencontre naît un amour fusionnel, tissant les liens entre la terre et le ciel dans une étreinte enivrante, où se mêlent parfums envoûtants et enchantements ineffables ». Lancée en 2020, cette maison s’est adjointe la collaboration des parfumeurs Cécile Zarokian, Luca Maffei, Meo Fusciuni (Giuseppe Imprezzabile), Bertrand Duchaufour, Chris Maurice, Nathalie Feisthauer, Christian Provenzano, Arturetto Landi et Miguel Matos pour inventer des compositions originales, inspirées et ultra-qualitatives. J’en ai donc, comme d’habitude, choisi cinq pour illustrer mon propos. J’espère vous donner envie car, vraiment, j’ai un coup de coeur pour la marque et je crois qu’il y en a pour tous les goûts.
Le premier parfum dont j’avais envie de parler est « The Iris Way ». Créé par Luca Maffei en 2021 pour Astrophil & Stella est, comme son nom l’indique, un travail autour d’une très belle qualité d’iris. Après un départ très frais de fleurs de citronnier et d’élémi, un coeur d’iris, poudré, très profond, associé à la myrrhe puis, après une longue évolution, liée à la concentration extrait, des notes de muscs et d’ambre viennent enrichir le parfum et lui assurer une très belle tenue. « Seules les âmes nobles ont été autorisées à voir l'iris éthéré des corps célestes. Comme des yeux magiques, ils veillent sur les galaxies, et en dispersant leur poussière lumineuse, ils ont créé un mélange d'argent qui vibrait dans les cœurs les plus purs et les plus royaux, dans une harmonie enchanteresse dont le secret n'était connu que des étoiles ». Comme toujours, Luca Maffei, orfèvre de la parfumerie, s’approprie le thème avec talent. Le parfum est une véritable merveille, facetté, très bien travaillé mais il reste tout de même très classique. Pour moi, on est plus dans la parfumerie fine (ce qui n’est pas du tout un défaut) que dans une démarche d’auteur. C’est d’une interprétation d’un thème qu’il s’agit et c’est une totale réussite. « The Iris Way » rejoint, pour moi, les plus beaux parfums sur la même idée du marché. Je l’ai beaucoup aimé même s’il n’est pas le parfum de la marque que j’ai préféré. Ce n’est qu’affaire de goût car, objectivement et même un peu subjectivement, je le trouve magnifique.
Ensuite, j’ai vraiment beaucoup aimé « Paris Chéri » créé en 2021 par Nathalie Feisthauer. C’est un bijou ! « Paris Chéri vous emporte dans les rues de Montmartre, où les dernières étoiles scintillent sur la blancheur du Sacré-Cœur. La magie de l'aube perce à travers les toits de rêve de Paris. Déjà, les viennoiseries diffusent leurs arômes délicieux et séduisants le long des boulevards endormis, enveloppant la ville entière dans une étreinte matinale animée et parfumée ». Elle nous entraîne donc dans le Paris un peu cliché que l’on aime comme Proust les madeleine de sa grand-mère. Pour moi, qui ait été Parisien pendant quelques années, c’est une photographie de Doisneau transcrite en parfum et enfermée dans un flacon. Tous les codes y sont et ils sont détournés par une créatrice vraiment formidable. Jugez plutôt : après une envolée de bergamote d’Italie, de cardamome guatémaltèque, de poivre rose et de fève de cannelier, une variété de cannelle un peu différente, le coeur de cacao, de café, d’iris et d’héliotrope vient nous envelopper délicieusement. Le fond, gourmand, élégant fait la part belle à des versants fève tonka, vanille et ambrette pour venir nous entourer comme un cocon chic et addictif. « Il est cinq heures, Paris s’éveille » et il est tant d’essayer « Paris Chéri » qui est, pour moi, l’une des pépites de la marque. Attention, la concentration extrait lui confère une évolution longue. Il faut vraiment profiter de chaque étape.
« En contemplant les étoiles, visant leur scintillement, les hommes se trouvent souvent face à leur solitude et à l'éternelle distance qui les sépare. Mais dans le cœur ardent de Stella, c'est tout le contraire. Là, des explosions de danses imaginatives à la simple pensée d'Astrophil se succèdent, dans une sérénité placide où elle reflète sa propre lueur dans le miroir enchanté de la voie lactée ». Lancé en 2020, « Mellow Yellow » est le troisième parfum dont j’ai eu envie de parler. J’avais un échantillon que je n’avais jamais essayé et c’était un tort car il est magnifique. Signé Cécile Zarokia, ce parfum s’ouvre sur des notes très fusantes un peu vertes, rehaussées de citron, d’orange, de graine de carotte et de clou de girofle qui donnent une tonalité un peu vive et épicée voire un peu terreuse. Le coeur, poudré, floral, est composé autour de l’iris et de la fleur d’oranger puis le parfum se pose sur un très beau fond de bois de cachemire, de vétiver et de muscs blancs. Sur ma peau, « Mellow Yellow » est vraiment très élégant. Il est un peu éloigné de ce que je connaissais de la signature de Cécile Zarokian et ça m’a quelque peu déstabilisé mais je l’ai vraiment beaucoup aimé. Je pourrais parfaitement le porter.
Il était quand même très logique que je m’intéresse à « A Night At The Opera » signé Luca Maffei et lancé en 2021. « Les lumières vives du théâtre illuminent la scène d'une lumière dorée, reflétée par les robes élégantes et les bijoux des invités dans la salle. Dans le charme des étoiles tournoyant sous les projecteurs, un parfum raffiné émerge tel une chanson, célébrant la passion et la joie intemporelle qui découlent de ce spectacle doux et infini appelé « Bel Vivere ». », tels sont les mots de la marque pour en expliquer l’inspiration. Après des notes de tête déjà denses de ciste labanum, d’armoise et de flouve, le parfum évolue vers un coeur de cuir, de tabac, de bois de gaïac et de muscs. Le fond est un peu comme l’odeur d’une salle de spectacle vive entre velours avec une dualité entre un très beau patchouli d’Indonésie et la qualité d’un cèdre de Virginie très sec. Attention, il s’agit d’un parfum opulent, très cuiré, il ne plaira pas à tout le monde et Luca Maffei s’éloigne un peu de sa signature florale à laquelle je suis très habituée. La concentration extrait se prête à cette composition hyper évolutives. Je ne l’ai pas redécouverte mais j’en ai un souvenir très précis. J’ai simplement repris mes notes et il m’est revenu en mémoire immédiatement. Ce n’est pas forcément un parfum pour moi mais j’ai adoré le découvrir.
Mon coup de coeur, qui fera sans doute partie de mes prochains achats est indéniablement « Shanghaï 1930 », créé par Arturetto Landi en 2023. « Dans les années 30, Shanghai se démarquait comme une ville hors du commun, un véritable melting-pot de cultures, d'ethnies, d'individus et de courants politiques. Un parfum floral / oriental riche et distingué, aux notes profondes, enivrantes et veloutées. En tête, un accord frais de thé vert Earl Grey se marie harmonieusement avec la tubéreuse narcotique, offrant une élégance envoûtante et un subtil éclat oriental ». Il fait partie de ce que j’appelle « les parfums Agatha Christie » tant la romancière globe-trotter aurait pu le faire porter à l’un de ses personnage imaginés lors de ses voyages au bout du monde. Glamour en diable, il s’ouvre sur des notes de bergamote, de thé vert, de prune, de mangue, de cannelle et de fleur violette qui nous emmène sur un coeur magnifique de tubéreuse, de champaca, de magnolia, d’ylang-ylang et d’orchidée pour le côté un peu ambré. Le fond de myrrhe, de santal, de muscs blancs, de fève tonka et de vanille m’enveloppe totalement. Bien sûr, mon goût pour la tubéreuse est flattée mais, vraiment, cette fois, je me sens tout à fait conquis par l’originalité de ce parfum sophistiqué, certes un peu rétro mais, finalement, très actuel. Si le glamour pouvait être androgyne, « Shanghaï 1930 » serait son parfum. Je le trouve aussi beau sur une peau féminine que masculine. Non seulement je pourrais le porter mais je vais le faire !
Vous l’aurez compris, j’ai un coup de coeur pour la marque. Elle est belle, fine, élégante, les parfums tiennent très bien sans s’avérer, à quelques exceptions près, trop imposants, le prix est en rapport avec la qualité donc c’est carton plein. Je trouve qu’Astrophil & Stella est vraiment une maison à découvrir. Je ne connais pas toutes les créations mais je vais m’y pencher encore plus et j’essayerai de vous en parler à nouveau car si ce que je n’ai pas senti est à la même hauteur, il y aurai une suite à cet article.
* Attention, j’ai déjà parlé de deux des parfums de cette revue et les paragraphes sont un peu une compil de ce que j’avais déjà écrit.
Le freesia, tout en délicatesse
Il y a peu de temps que j’arrive à vraiment isoler la note de freesia pourtant, je savais que j’aimais bien. Elle vient souvent en support d’autres matières premières pour leur donner un côté lumineux, presque fruité et quasiment exotique. Attention, le freesia est une fleur muette et elle est soit reconstituée grâce à une combinaison d’autres notes ou simplement recréée en laboratoire ou grâce à la technique du headspace (je consacrerai peut-être un article à ce procédé) et je trouve que le résultat est souvent très proche de ce que je sens lorsque j’ai un bouquet de freesias à proximité. J’ai choisi quatre parfums dans lesquels la note de freesia est très présente pour essayer d’illustrer mon propos. J’espère que je vous donnerai envie de les découvrir.
« Pur, lumineux & séduisant. Un départ musc frais, suivi d'un cœur floral enveloppant, rehaussé par un final ambré "peau nue » ». Dans la maison Art Meets Art, « Like A Virgin » créé par Alberto Morillas en 2017 met vraiment en avant la note de freesia. J’ai redécouvert ce parfum il y a quelques semaines. J’étais un peu passé à côté lorsque j’ai connu la marque et je trouve que, finalement, c’est une réussite. Alberto Morillas explique : « Je suis un fan du travail de Madonna, de sa manière de se réinventer constamment. Pour "Like A Virgin", j'ai tenté de capturer qui elle était à ce moment de sa carrière, l'énergie propre à cette chanson, à toute cette époque ». Le parfumeur a un peu modifié le classique de la pyramide olfactive puisque la composition s’ouvre sur des notes de muscs associées à un accord aquatique très « humide ». Le coeur de freesia vient enrichir ce départ et je le trouve très significatif même si la note est associée à la rose et à la pivoine qui renforcent le côté floral.
« Ofresia » créé par Olivia Giacobetti en 1999 avait été supprimé à cause de la règlementation mais il est revenu, à peine modifié, sur le marché. « Promenade surprenante dans un jardin de la côte normande. Au cœur d'un merveilleux fouillis végétal, un freesia blanc. L'eau de toilette Ofrésia joue sur les contrastes olfactifs : la fraîcheur et la délicatesse de la fleur s’encanaillent d’un poivre noir diablement épicé ». La marque décrit l’inspiration du parfum : « Un jardin sur la côte normande, un freesia au milieu d'un merveilleux fouillis végétal. Ofrésia joue sur les contrastes olfactifs : la fraîcheur et la délicatesse de la fleur s’encanaillent d’un poivre noir diablement épicé. Le freesia est une « fleur muette », cela signifie qu’on ne peut pas extraire d’huile essentielle et il faut donc reproduire son parfum à partir d’autres matières premières ». J’ai toujours aimé ce parfum singulier, tout en transparence et en légèreté. Sa concentration eau de toilette lui confère quelque chose de très facetté. Pour ma part, « Ofresia » est l’un rares Diptyque que j’aime porter et pas seulement sentir. Son retour est une bonne nouvelle pour moi. Je l’ai trouvé assez conforme à l’original avec cette note omniprésente de freesia. Il sera à réessayer d’ici octobre ou novembre.
« English Pear & Freesia » a été créé pour Jo Malone London par Christine Nagel en 2010. Je ne peux pas dire que ce soit mon parfum préféré dans la marque mais on identifie bien la note de freesia. En outre, je trouve qu’avec la fin de l’été, il fait plus envie. Après un départ de poire William dont les notes sont extraites avec un procédé dont la marque détient le brevet, le coeur de freesia, très délicat, garde un côté fruité mais se pare de notes florales très caractéristique puis le parfum se pose sur un fond de patchouli juste présent pour assurer une certaine tenue. Je ne le sens pas vraiment. « L'essence de l'automne. La fraîcheur sensuelle de la poire mûre à point est enveloppée d'un bouquet de freesias blancs et adoucie par un fond d'ambre, de patchouli et de bois doré et succulent ». Comme je le disais, je ne pourrais pas porter « English Pear & Freesia », je le trouve un peu trop « jeune » pour moi. Je le préfèrerai en parfum d’ambiance. Ceci dit, c’est une jolie création qui reste, malgré tout, dans l’air du temps et qui demeure l’un des bests de la marque.
En 2010, Jérôme Épinette a utilisé le freesia dès les notes de tête avec le cylcamen et la rhubarbe pour l’envolée « La Tulipe » de Byredo. Ensuite vient un accord tulipe au coeur qui se pose sur un fond de bois blonds et de vétiver. « Le parfum La Tulipe saisit l’esprit de cet intrigant symbole du printemps, fleur timide non odorante, qui éclot à la fin de l'hiver. Cette fleur est mise en valeur par une composition de rhubarbe, cyclamen et de freesia, que le bois blond et le vétiver complètent à leur tour ». Quand j’ai découvert la marque, j’ai eu un vrai coup de coeur pour cette création sans doute en partie grâce à la note de freesia. Je l’ai essayé et j’ai bien aimé le côté floral vert et frais mais je m’en suis assez vite lassé. C’est une création assez agréable mais je la trouve fort peu évolutive. Elle est jolie mais je ne suis pas certain que j’aimerais la porter. Je crois que j’aimerais l’avoir autour de moi durant un temps donné mais ce n’est pas assez un coup de coeur pour franchir le cap.

Le freesia reconstitué donne une note plus florale et fruité que d’autres fleurs blanches comme, par exemple le jasmin. Il confère un côté délicat à tous les parfums dans lesquels il est travaillé en majeur. J’ai mis longtemps à isoler cette note que je mélangeais avec d’autres accents floraux. C’est un accord que j’aime bien finalement. En tout cas, je la reconnais dès que je la sens maintenant
Pierre Guillaume Paris a 20 ans
« C’est au cœur du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne, dans ses propres ateliers, que Pierre Guillaume élabore une parfumerie contemporaine et éclectique en toute indépendance créative et financière ». Au commencement, il y avait un jeune homme à la fois créatif, ambitieux et au caractère bien trempé. Puis est venu un parfum inspiré de la cave à cigares de son père. « Cozé 02 » était né. Alors, il a fallu le lancer sur le marché et Pierre Guillaume, c’est son nom, a lancé sa première maison en développant ses initiales puisqu’elle var s’appeler Parfumerie Générale et qu’elle naitra deux ans après sa première création de nez autodidacte. Les premiers balbutiements, je peux en parler car, il y a déjà près de vingt ans, Pierre Guillaume venait expliquer ses créations aux clients certains samedis après-midi à L’Atelier Parfumé qui fut son premier point de vente à Lyon. J’ai eu l’occasion de le rencontrer dès cette époque. Puis, il y a eu des tribulations. Un changement de distribution chez nous puisque, de L’Atelier Parfumé, la marque a été représentée à la Mûre Favorite… De nombreuses créations lancées sur le marché, plusieurs marques…
La première marque : Parfumerie Générale
« Contraction de “C’est Osé”, le nom de code qui figure sur la petite étiquette du premier parfum assemblé par Pierre Guillaume. Une pyramide olfactive tronquée, pour cette première création élaborée autour de l’huile essentielle de Chanvre Indien (Canapa Sativa Seed Oil). La complexité olfactive de cette nouvelle extraction, méritait une construction originale et audacieuse capable de mettre en relief toutes les facettes de cet ingrédient rare et précieux. En lieu et place de la note de tête, le Chanvre Indien déconcertant et captivant annonce un jus riche et chaleureux. Son cœur est vibrant d’épices et de bois précieux : poivre, piment et café fusionnent et flamboient en prémices à la sensualité du bois d’ébène, la douceur gourmande et envoûtante du chocolat et de l’infusion de gousses de vanille Bourbon ». Lancé en 2002, ce parfum à la fois empreint de classicisme et d’originalité m’a toujours séduit. Pierre Guillaume a regroupé deux familles olfactives en inventant ce chypre cuiré et tabac sombre et lumineux à la fois.
Cozé 02
Le parfumeur parle d’une construction bancale car ce parfum n’a pas de notes de tête. On entre directement dans un coeur de chanvre indien, de café et de chocolat pour se poser sur un fond patchouli, bois d’ébène et tabac rehaussé de mousse de chêne. « Cozé O2 » surprend, rassure, enveloppe. C’est indéniablement un parfum inspirant et inspiré qui prend sa place. Je lui trouve une indéniable élégance et, même plus. Il a quelque chose d’une modernité incarnée ancrée dans une solide tradition du parfum à la française. Je l’imagine tout à fait subversif à la fin des années 40, dans la tendance à l’époque du flower power seventies ou encore sombre et new wave. Il devient intemporel, moderne dans la décennie actuelle. « Cozé 02 » n’est pas prêt d’être démodé !
Pierre Guillaume, productif et dynamique, s’est un peu éparpiller avant de se recentrer sur une seule marque qui portera son nom sans fard ni faux paravents. Des compositions que je connaissais comme, par exemple, « Bois de Copaïba » ont disparu. En regroupant ses créations sous le label Pierre Guillaume Paris, le parfumeur créateur a lancé plusieurs univers. Tout d’abord la Collection Numéraire (la plus importante en terme de créations), la Black Collection, la Collection Croisière, la Confidential, La Contemplation (beaucoup plus onéreuse), le trio Lumières d’Agrumes, La Rhapsodie (qui n’existe plus) et enfin la White Collection. Pierre Guillaume dirige également une autre petite marque, Phaedon, mais c’est une autre histoire. Un best seller va voir le jour en 2016. Son nom "Le Musc et la Peau 4.1". Le parfumeur en inventera une version extrait de parfum en 2024. je ne ne peux pas dire que j'adhère à cette composition que je trouve très consensuelle et qui, enfin à ce que je peux en sentir, ne se démarque pas vraiment des autres parfums musqués que j'avais pu découvrir avant mais, aux vues de son succès, je pense que j'ai du rater quelque chose. Je serai beaucoup plus attiré par des créations davantage segmentantes comme, par exemple, "Animal Mondain" ou encore "Tubéreuse Couture 17".
"Le Musc et la Peau", l'un des bests de la marque. "La journaliste Sarah Bouasse écrira : “Le Musc & La Peau de Pierre Guillaume, cela sent nous mais… en mieux !”. Idée Géniale".
Le créateur s’avère prolixe et ambitieux. Ses univers son souvent très sensitives, sensuelles voire même sexuelles. Je pense, entre-autres à « Querelle » par exemple. Il sort, depuis de nombreuses années, plusieurs parfums par ans dans différentes collections. Des boutiques ont étés ouvertes à Paris, Lyon et Belgrade. Les collections comptent plus de 100 parfums. Le dernier, « Dishad 17.1 » est sorti en septembre dans la collection numéraire. Il s’agit d’un travail autour de la pistache et de la tubéreuse. À l’occasion des vingt ans de la maison, Pierre Guillaume a imaginé un cuir de Russie moderne enfermé dans un très beau flacon fushia, violet et or. Je l’ai découvert en avant-première mais je ne vais pas trop en parler ici car il ne sortira que le premier novembre. Pour ce qui est de mon expérience avec la marque, je n’ai, finalement, porté qu’un seul parfum, « L’Eau de Circé », un chypré floral avec des notes de prune et de lilas… tout ce que j’aime ! La signature du parfumeur, si je la trouve créative et intéressante, est peut-être un peu éloignée de mes goûts même s’il y a des exceptions. Ceci dit, aujourd’hui, au bout de 20 ans, Pierre Guillaume est un nom qui compte en parfumerie et j’ai trouvé intéressant de me pencher sur plusieurs de ses créations et de revenir sur un parcours parfois chaotique mais toujours dans la création. Pierre Guillaume Paris a vingt ans… Bon anniversaire !
Maison Rebatchi, l'histoire d'une passion
*Article enrichi
C’est l’histoire d’une Maison de parfums qui aurait pu commencer comme tant d’autres par
« Il était une fois un parfumeur ou un fils de parfumeur… ».
Il quelques années, j’ai découvert la très belle collection de Maison Rebatchi. Pour chaque fragrance, le fondateur de la marque a donné carte blanche à un parfumeur de talent afin de mettre en exergue une ou des matières premières nobles et rares. Il en résulte sept créations plus belles les unes que les autres. Mohamed Rebatchi a lancé sa maison d’édition de parfums en 2018 et son postulat est de mettre la créativité et la matière première en valeur. Pour ce faire, à l’instar de Frédéric Malle, il a voulu que le nom de chaque parfumeur figure sur le flacon. Il s’est entouré de Karine Chevallier, Alienor Massenet, Bertrand Duchaufour, Karine Dubreuil, Maurice Roucel et Randa Hammami afin de lancer une collection pleine de surprises et d’élégance.
Qui est Mohamed Rebatchi ?
Jeune, franco-algérien, Mohamed Rebatchi est un passionné. Il a grandi dans une ville populaire de banlieue au nord de Paris et il s’est, très tôt, intéressé à la parfumerie d’auteurs. Sa sensibilité et son acuité à apprendre le parfum, à le mettre en corrélation avec ses impression lui donnent toute les qualités d’un formidable directeur artistique. Il s’est entouré de parfumeurs dont il connaissait le talent mais également avec lesquels il avait des affinités humaines. Cette symbiose entre tous est particulièrement évidente lorsque l’on découvre les jus qui sont une parfaite interprétations des rêveries de Mohamed par ceux qui savent les mettre en odeur. Le pari était risqué et il est parfaitement réussi. Je dois dire que je suis tout autant séduit par la démarche artistique que par les créations en elles-même et que j’admire profondément l’audace de Mohamed Rebatchi qui, en dépit de son jeune âge, s’est lancé dans l’aventure artistique avec professionnalisme et inspiration.
Les créations :
Elles sont au nombre de sept (mais je n’en connais que six) et, étant donné que je possède des doses d’essai de chacune de celles que j’ai découvertes, je me suis dit que, même si mon article sera un peu plus long que d’habitude, j’allais essayer de les décortiquer pour vous. C’est au Printemps Haussmann que j’ai découvert cette marque et je remercie vraiment la vendeuse du rayon qui a pris, dans un premier temps, le temps de me présenter chaque parfum.
Créé par Karine Chevallier et lancé en 2018, « Bois d’Enfant » est un travail délicat autour de la rose. Elle le présente de la manière suivante : « L’évocation d’une promenade en Vendée, dans la forêt de Saint Hilaire de Riez, où Mohamed Rebatchi, enfant, passait tous ses étés. À l’ombre de la forêt, la fraîcheur salée épicée de l’essence de baies roses, est soulevée par une touche d’essence de rose qui finit par se confondre avec le sombre absolue de rose de mai. Dans un coup de vent, la clarté revient portée par une note de freesia qui répond à la bergamote en tête. L’iris trace une verticale florale boisée vers la note des pins maritimes, balayés par la brise, gorgés de sève chauffée par le soleil prenant tour à tour des accents d’encens et de fir balsam ». Ce point de départ de la collection est une rose presque iodée, saline qui m’a particulièrement surpris. On y retrouve un départ très frais de poivre rose et de bergamote et, au coeur, la rose et les notes florales sont conjuguées avec les aiguilles de pin, le cèdre et une touche d’encens. Le fond musqué et vanillé est presque nacré et fruité car il est relevé par une note de mûre. CE parfum est une parfaite réminiscence de l’enfance de plusieurs d’entre-nous. J’ai été très surpris et très séduit par son évolution. Il faut vraiment l’essayer car il réserve, après un départ un peu classique, des surprises sur la peau de chacun.

Vous le savez, j’aime beaucoup de travail d’Aliénor Massenet pour Memo et, plus récemment, pour l’Artisan Parfumeur et Penhaligon’s. Il était évident que j’aurais envie de découvrir « Cuir Tassili » qu’elle a créé en 2018 pour Maison Rebatchi et qu’elle présente de la manière suivante : « Pour rendre hommage aux origines de Mohamed Rebatchi je me suis inspirée d’un réveil le matin dans le désert de Tassili, territoire traditionnel des Touaregs Ajjer ou Touaregs de l'Ouest, au sud-est de l’Algérie. Après une nuit passée sous une tente, on décèle l’odeur du thé et celle du cherbet, cette citronnade algérienne, ou encore l’odeur des selles de cuir des dromadaires. Une invitation au voyage ». Le départ de Romarin et de graine de carotte m’a immédiatement séduit et, même si la note d’encens me dérange un peu, le coeur de thé, de sauge sclarée et de violette est absolument magnifique. Le fond cuir de Russie, ambre et patchouli est très classique. Comme très souvent, Aliénor Massenet a su travailler un cuiré aromatique, fleuri et déroutant à la fois sur le papier. Sur ma peau, il se fond, se fait classique, élégant et un peu animal à la fois. Les amateurs des Leathers de Memo, ne vous y trompez pas, c’est un travail tout à fait différent, plus intimiste, plus personnel il me semble. En tout cas, c’est une belle réussite.
Bertrand Duchaufour s’est attelé en 2018 à créer « Feu Patchouli » qui, comme son nom l’indique, est un chypré moderne. Il le présente de la manière suivante : « Un bois puissant mâtiné d’effluves chyprées où le patchouli domine. Une symphonie magnifique tout en vibration dans laquelle les épices girofle, cannelle, poivre noir, baie rose sonnent comme des cuivres éclatants. Le parfum est riche, dense, intense, sombre et aussi mystérieux qu’enivrant ». Complexe, presque étonnant avec un départ d’orange douce du Brésil et de notes aldéhydées construit autour d’une bergamote très présente et d’un absolu de cassis surprenant, le jus évolue vers un coeur de géranium, d’absinthe et d’épices qui apporte au parfum une modernité indéniable. Le fond de patchouli et mousse de chêne est associé au bois flotté et aux muscs blancs avec une note de vanille et de caramel. « Feu Patchouli » est un chypre très élégant mais aussi un peu « ethnique », unique et original. Certes, c’est ma zone de confort mais j’avoue que si je dois choisir un parfum de la collection ce pourrait bien être celui-ci. Sur ma peau, il est absolument sublime.
J’aime beaucoup « Rose Rebatchi » créé par Randa Hammami en 2019 même si je reconnais qu’il me serait difficile de le porter. C’est une rose solinote mais pas que. Elle est épicée dès les notes de tête par des notes de poivre rose et de safran et fruitée par un accent de framboise et de Granny Smith. Le coeur de rose de Damas et de Rose de Turquie est très opulent et poudré par la racine d’iris puis les muscs blancs. Le fond d’ambre gris et de bois lui donne un côté très profond. Randa Hammani le décrit ainsi : « Un bois puissant mâtiné d’effluves chyprées où le patchouli domine. Une symphonie magnifique tout en vibration dans laquelle les épices girofle, cannelle, poivre noir, baie rose sonnent comme des cuivres éclatants. Le parfum est riche, dense, intense, sombre et aussi mystérieux qu’enivrant ». Si cette rose boisée et intense n’est pas pour moi, je reconnais que j’aime beaucoup la sentir. C’est un parfum cocon, très enveloppant, très « confortable » tout en restant suffisamment original pour tenir une bonne place dans cette belle collection.
La rencontre de Mohamed Rebatchi avec Maurice Roucel a été très fructueuse car elle a donné deux parfums pour le moins réussis. Le premier est sorti en 2018 et il s’agit de « Joyeux Osmanthe » que le parfumeur présente de la manière suivante : « Afin de moderniser la tubéreuse et sa facette quelque peu désuète, je l’ai mélangée avec d’autres fleurs qui ont des notes tout aussi crémeuses. J’en ai fait un bouquet avec des fleurs d’osmanthus aux notes gustatives abricotées. Ensemble, elles donnent un floral opulent. Viennent ensuite des notes fraîches de chèvrefeuille et des notes vertes sur un fond ambré boisé musqué pour apporter de la texture en fond du parfum ». Sur le papier, cette création n’a rien pour me plaire. Je n’aime pas forcément la facette abricotée de l’osmanthus et que je suis toujours un peu rebuté par la tubéreuse et pourtant j’ai bien aimé « Joyeux Osmanthe » même s’il n’est pas forcément pour moi. L’envolée à la fois fruitée, épicée par la cannelle et verte lui donne une certaine fraîcheur. Le coeur de fleurs donne finalement un côté rond et presque cuiré à l’osmanthus et le fond, de cashmeran et d’ambre est poudré par les muscs blancs. Je ne dis pas que je le porterai mais vraiment je suis content de l’avoir découvert car il ne ressemble à rien d’autre.
J’avoue ne pas être très attiré par « Musc Ravageur » que Maurice Roucel avait créé pour les éditions de parfum Frédéric Malle que j’ai pourtant porté mais qui ne correspond plus trop à mes goûts. Aussi étais-je un peu « gringrin » pour découvrir « Musc Panache » qu’il a composé pour Maison Rebatchi et dont il parle ainsi : « Loin d’un érotisme assumé, ce parfum est tout de même doté d’une écriture sensuelle. Sous les contours d’une cologne relevée d’épices, j’ai voulu que se dévoile un coeur d’iris délicatement posé sur une overdose de muscs qui lui apportent de la rondeur. En fond, une trame boisée plutôt transparente de vétiver et de cèdre se mêle à une note ambrée de vanille et fève tonka ». Ceci dit, j’ai été un peu surpris par le départ très hespéridé et épicé par la cardamome. Le coeur d’iris et de chèvrefeuille est très délicat et le fond ambré et musqué gagne en profondeur grâce à une très belle qualité de vétiver d’Haïti et de fève tonka. Franchement, c’est une jolie surprise et je pense l’essayer un peu mieux dès que j’en aurai l’occasion.
Je sais que Maison Rebatchi est encore une marque un peu confidentielle mais elle est de plus en plus distribuée, si vous croisez ces flacons à la fois classiques et élégants, n’hésitez pas à la découvrir. C’est une très belle maison toute en créativité et en chic. Je suis séduit et j’avais envie de le partager avec vous.
PH Fragrance, une petite maison éco-responsable à découvrir
C’est dans la boutique lyonnaise Ecocentric qui propose des produits de soin plutôt à tendance bio et éco-responsables et maintenant quelques marques de parfums comme Nissaba, Olibanum ou encore Art Meets Art que j’ai découvert PH Fragrances, une marque lancée en 2018 et qui propose des créations basées surtout sur l’association de deux matières premières dominantes et réalisées par Marypierre Julien, Yann Vasnier, Quentin Bisch et Nisrine Bouazzaoui Grillié. Je suis donc allé essayer ceux qui étaient à ma disposition et j’ai pu en retenir quatre. Je les ai trouvées très jolies et bien réalisées. Je vous emmène donc sur les traces de cette maison en grande partie naturelle et plutôt bien imaginée.
« Gardénia & Jasmin de Cachemire s’ouvre sur des notes de Jasmin intensément voluptueuses se mélangeant harmonieusement aux fleurs de Gardénia. Le Gardénia apporte au cœur de la fragrance des accords crémeux et délicats qui enchanteront le cœur des femmes. L’Alchimie parfaite s’exprime à travers ce parfum ». « Gardénia & Jasmin de Cachemire », créé par Marypierre Julien en 2018 est probablement la création que j’ai préférée au premier abord mais il faut dire que je suis plutôt attiré par la note de gardénia. Dans cette proposition, la note est très bien reconstituée. Le parfum s’ouvre sur une très belle bergamote italienne associée à des notes de baies roses et de pêche vigne duveteuse et juteuse à la fois puis vient un coeur constitué de notes florales et aromatiques avec du jasmin sambac et de la fleur d’oranger soutenues par un genêt également italien. Le fond se fait un peu cuiré et oriental avec des versants ciste d’Espagne, de baume du Pérou et de vanille. Sur ma peau, le développement s’est avéré un peu trop d’un bloc et linéraire. Globalement, j’ai bien aimé ce parfum mais il lui a manqué ce petit je-ne-sais-quoi qui fait la différence et me donne envie d’y revenir.
Créé en 2018 par Yann Vasnier, « Tubéreuse & Ylang de Pashmina » m’a également beaucoup plu. Il faut dire que c’est un solaire et que, cette année, c’est ce qui m’a le plus attiré. Avec un départ d’orange amère, de gingembre, de bergamote et de baies roses, l’envolée sonne qualitative. La très belle tubéreuse joue, au coeur avec un très bel absolu de jasmin associée à des feuilles de girofle de Madagascar. Le fond d’ylang-ylang, de vanille, de benjoin du Laos et de santal est très beau. « Tubéreuse & Ylang de Pashmina est une fragrance singulière, offrant en cœur des notes de tubéreuse et de Jasmin suaves qui apportent beaucoup d’élégance à la création. On y découvre un fond mêlé de notes Ylang Ylang rehaussé de notes d’encens qui enrobent le parfum de toute sa chaleur orientale ». Le résultat est très harmonieux et, après un départ très « huiles essentielles » un peu à la manière de « Odor 93 » de Meo Fusciuni, le parfum se calme et se fait tout doux. La tubéreuse peut avoir, associée au jasmin, quelque chose d’un peu médicinal durant un temps très court de l’évolution mais le fond est très beau. Hélas, sur ma peau, la tenue est un peu limitée. Je pourrais tout de même porter ce parfum que je trouve très réussi.
« Iris & Musc de Liberty » a également été signé en 2018 par Yann Vasnier et il s’agit indéniablement d’un floral poudré. « Iris & Musc de Liberty est un parfum construit autour d’un accord Irisé et Jasminé, qui fait tourner les têtes par son sillage si envoûtant. La fraicheur de l’Iris texturée se mêle harmonieusement à la douceur des notes musquées et de la tonka pour un véritable délice des sens ». Le départ est un peu surprenant avec l’amertume du genièvre associée à la douceur florale du freesia. Le coeur d’iris et de feuille de violette est résolument poudré et ultra-classique mais il lui manquerait peut-être, pour mon goût, une certaine rondeur. Cette petite frustration se corrige un peu avec le fond un peu torréfié et musqué adouci par la fève tonka. « Iris é Musc de Liberty » est sans doute le parfum le plus élégant de la sélection mais je le trouve également très classique… peut-être trop. Il manque un peu de complexité et cela lui donne quelque chose de « déjà senti » que je trouve un peu décevant. Il est très jolie mais ce n’est pas un coup de coeur.
Avec « Mistral & Fleur de Vichy » lancé également en 2018, Nisrine Bouazzaoui signe, à mon sens, le parfum le plus original de la collection. « Un parfum élégant qui s’ouvre en tête sur des notes fraîches citrus suivi par un cœur de notes marines pour un effet « splash » acidulé et qui s’épanouissent sur un fond ambré ». Notez plutôt : après un départ de cédrat italien très fusant et associé à des notes de citron et à des molécules de calone qui restent quand même, et heureusement, assez discrètes, vient un coeur aromatique de sauge sclarée, associé au muguet et à la coriandre puis un fond très identifiable de mousse de chêne, de styrax et d’ambre. Beaucoup moins naturaliste et plus stylisé que les précédents, ce floral marin m’a, je dois le dire, un peu dérouté. Je crains habituellement la note de calone et ce parfum-ci ne m’a pas rebuté. Les notes florales et ambrées avec le côté bois-cuir du styrax est, à mon sens, très inventif. Je ne suis pas certain que je pourrais le porter. Les notes marines m’effrayent toujours un peu même si j’ai trouvé que l’ensemble était quand même bien vu et original.
J’ai assez aimé la collection PH Fragrances mais je suis un peu resté sur ma faim. La plupart des parfums sont qualitatifs et jolis mais la tenue s’avère, sur moi, un peu courte. Je l’ai un peu regretté. Ceci dit, j’admets que j’ai pris du plaisir à découvrir tous les parfums de cette maison dont on ne parle pas vraiment. Je voulais vous faire un compte-rendu et j’espère vous donner envie d’aller découvrir ces créations.
Inspiration équestre ou parfums de cavaliers ?
De tous temps, l’équitation sous toutes ses formes ont inspiré les parfumeurs. Certains d’entre-eux comme Jean-Paul Guerlain en son temps ou, plus près de nous Marc-Antoine Corticchiato, ont étés ou non eux-même cavaliers émérites. Le plus curieux est le rendu que cela peut donner en parfumerie et les différences d’univers. Cet article m’a été inspiré par Jessica qui vient lire mon blog depuis le début et qui s’est remise à monter à cheval adulte après une éclipse de 20 ans. Alors, bien sûr, lorsqu’on pense odeurs autour de cheval, on peut imaginer des effluves de cuir, des notes animales et d’herbe coupée mais j’élargirai avec des côtés sombres comme le goudron de Norvège ou aromatique d’huile de laurier, des substances utilisées pour les soins et l’entretient des sabots. Alors, du pas au galop, j’avais envie de vous emmener, sans étriers, dans l’univers des créations inspirées par le cheval ou l’équitation à travers des parfums que je trouve très emblématiques du « style équestre ».
Le premier qui me vient à l’esprit vient, évidemment, de chez Hermès et qui porte le nom évocateur de « Galop ». Il est contenu dans un magnifique flacon tout à fait « dans le thème ». « Signé par le parfumeur d'Hermès Christine Nagel en 2016, Galop d'Hermès s'inspire de l'univers équestre et incarne la liberté en mouvement : Chez Hermès, j'ai découvert toute la féminité du cuir. J'ai composé Galop d'Hermès comme un tableau avec deux matières emblématiques d'Hermès et de la parfumerie : le cuir et la rose ». Ce parfum est, contre toute attente, un féminin et pourtant je pense qu’il pourrait tout à fait séduire les hommes. C’est un rose et cuir très finement travaillé mais sans sophistication excessive. Pour ma part, j’ai un peu de mal avec l’évolution de ce parfum car la note de safran, très animale, résiste à tout sur ma peau. Elle éclipse un peu le coeur de rose et d’osmanthus et le fond, assez propre, de muscs blancs et de cuir. Christine Nagel considère « Galop » comme l’une de ses premières créations majeures chez Hermès et il est vrai que, si segmentant soit-il, il a su rencontrer son public. Il n’est pas le parfum grand public de la marque que je préfère mais je raffole du flacon que je trouve positivement magnifique.
Il y, dans l’oeuvre de Marc-Antoine Corticchiato, surtout pour Parfum d’Empire, une inspiration équestre indéniable. Je pourrais vous parler des la conjugaison des notes gourmandes, de l’iris et du cuir dans « Equistrius » (qui était aussi le nom d’un de ses chevaux de saut d’obstacle mais je ne le trouve pas tellement évocateur. Je préfère me concentrer sur le très onéreux « Ruade » que je n’aime pas tellement mais dans lequel, outre son nom, on sent l’inspiration équestre évidente. Sorti l’an dernier, en 2023, il constitue un pari risqué car il ne s’adresse absolument pas à l’habituelle clientèle de la marque et la qualité des matières premières est incroyable. Le parfumeur explique : « J’ai découvert le oud il y a une trentaine d’années. A l’époque c’était un de mes amis chercheurs - brillant analyste des matières premières naturelles - qui m’en avait envoyé une petite fiole accompagnée de sa complexe fiche analytique et d’un petit mot manuscrit me disant qu’il était persuadé que cette note terriblement animale devrait me plaire. Effectivement ! Des années après, j’ai voulu travailler ce oud pour un de mes parfums. Je savais exactement comment je voulais l’utiliser. Mais très vite, on a commencé à le voir revendiqué partout et j’ai préféré mettre de côté ce projet qui me tenait à cœur. Pourtant, malgré la déferlante, on sent rarement le oud au naturel : la parfumerie occidentale s’est approprié la note avec des reconstitutions souvent collantes et écœurantes, en la castrant de la brillance de ses effets cuirés et de son envol très animalisé. La noblesse du oud me rappelle celle de quelques compagnons de route : Equistrius, Salomon, Santeano, Harissa, Dingo, Quoachem, Harold, Iris du Ronceray... et tant d'autres. Les chevaux ont toujours fait partie de ma vie. En me soutenant pendant la traversée des jours les plus sombres, ils m'ont plusieurs fois sauvé » et je n’ai pas grand-chose à rajouter si ce n’est que le côté très animal de ce parfum, de ces notes de oud, de narcisse, de foin, d’ambre gris et de muscs est un peu trop pour moi. J’aime l’idée artistique de la composition de ce parfum mais je ne pourrais pas le porter malgré la qualité du oud que je trouve majestueuse.
Marc-Antoine Corticchiato
« Une composition noire aux notes animales, Corpus Equus rend hommage à la nature noble et sauvage d’un étalon arabe, à son tempérament de feu. Être intrépide et fougueux à l’allure élégante, il fend le vent, laissant derrière lui une odeur de terre, foulée par son galop, mêlée au cuir chaud de sa selle qui frotte sur son dos ». Naomi Goodsir est également cavalière et je cois qu’elle est fascinée par l’indépendance et l’énergie du pur-sang arabe. Il me semble que l’on avait échangé sur le sujet lorsque nous nous étions rencontrés. C’est une jeune femme pas très grande, mince et sportive et le gabarit, un peu dans le même style de cette race de chevaux très prisée mais pas toujours pratique pour pratiquer une équitation de loisirs voire même sportive, je me suis dit qu’elle correspondait bien à son caractère enjoué et passionné et à son gabarit. Cela ne m’a donc pas surpris. En 2021, elle a confié à Bertrand Duchaufour, la composition d’un parfum sombre, goudronné, très inspiré du monde équestre. J’en parlais en introduction mais ce parfum, très cuir, m’évoque aussi le goudron de Norvège, un produit, comme un vernis, utilisé pour durcir la fourchette, soit le dessous du sabot du cheval, pour éviter qu’elle ne devienne molle et perméable. Pardon pour ce petit détail qui peut paraître hors-sujet mais je trouve qu’il faut préciser. Ce parfum s’ouvre directement sur les notes de coeur, une rose cachée, profonde, presque noire qui s pose sur un fond très profond de bois fumés, d’essence de bouleau, de cèdre, d’encens, de muscs, de patchouli et d’ambre. Pour moi, cette création de Bertrand Duchaufour est un peu double. Certes, il y a le côté animal qui rappelle l’univers équestre mais il y a aussi un côté sombre, goudronné, presque épicé et fumé. J’adore sentir ce parfum. Il est un coup de coeur olfactif. Cependant, je n’arrive pas à le porter. Il est surpuissant et je ne vois pas trop dans quelle circonstance me l’approprier. Il n’en n’est pas moins que je le considère comme un chef-d’oeuvre et que je ressens le vent qui attrape le visage lors d’un galop un peu rapide. Il est, à mon sens, une parfaite réussite.
Créé par Francesca Bianchi en 2019 pour Beaufort London, « The Black Knigh » m’évoque aussi l’équitation. Ce « Chevalier Noir » est à la fois animal et franchement inspiré de l’odeur d’une sellerie parfaitement entretenue. Avec « The Black Knight », Francesca Bianchi revisite une construction à la fois chyprée et cuirée. « The Black Knight est un parfum de cuir pour hommes et femmes. Le capitaine de la Renaissance Giovanni Dalle Bande Nere, ainsi que sa loyauté, son style de vie spartiate et son engagement moral ont inspiré cette création. Imaginez l'odeur d'un camp militaire : la douceur des arbustes sauvages, la fumée d'un feu de camp, l'odeur des punaises de cheval en cuir. Une rose poudrée – symbolisant sa maîtresse secrète – arrondit un cœur intense de vétiver, grand protagoniste de ce parfum ». Le parfum s’ouvre sur des notes d’armoise et de carvi puis vient un coeur de miel, de cire d’abeille, de rose bulgare, de narcisse et de beurre d’iris qui lui confère un côté très rond et enveloppant avec un versant très cuir, puis le fond de mousse de chêne et de patchouli est renforcé par les notes boisées du cèdre et l’opulence un peu végétale du patchouli. Francesca Bianchi exploite la facette très cuirée du narcisse tout en l’associant à un iris poudré et floral à la fois et à une très belle rose de Bulgarie qui lui confère une élégance particulièrement étonnante. « The Black Knight » est un vrai beau cuir. Il est même une parfaite réussite qui pourrait bien devenir un classique du genre. Francesca Bianchi donne une interprétation contemporaine d’un parfum à la pyramide olfactive bouleversée, voire même hybride et « The Black Knight » est déjà iconique.
Décidément, je suis complètement fan de Beaufort London. En redécouvrant plusieurs parfums de la marque, je me suis dit qu’il n’y en n’avait vraiment aucun que je n’aimais pas et que j’étais complètement sous le charme de cette marque britannique, originale, artistique et extrêmement contemporaine imaginée par Leo Crabtree et dont les jus sont réalisés par les talentueuses parfumeuses britanniques Julie Marlowe et Julie Dunkley. J’ai redécouvert le premier opus de la collection « Revenants » qui « présente une collection d'impressions olfactives de personnages du passé britannique. Personnages de notre histoire dont la présence persiste, subtilement » que j’avais senti pour la première fois à Paris à la boutique Sens Unique (je remercie d’ailleurs énormément Victoria de m’avoir orienté sur cette marque qui est un énorme coup de coeur) et que j’avais essayé il y a longtemps. Je me suis fait plaisir et je me suis dit que je pourrais le porter… aussi ! « Iron Duke est un hommage à Arthur Wellesley, duc de Wellington (1769-1852). Ici, parfumeur Julie Dunkley a créé un parfum étonnamment puissant avec des profondeurs de notes animales - une apparition du célèbre cavalier, homme politique, guerrier et pionnier de la mode de l’époque. » Indéniablement cette création atypique porte la signature de la maison que je trouve reconnaissable entre toutes. Profond, intense et complètement original, c’est un parfum cuiré avec une note de feuille de tabac et de rhum et il est construit autour de la poudre à canon comme plusieurs des fragrances de la maison. Il a une facette animale mais je ne la sens pas trop. En revanche, je retrouve l’odeur du savon glycériné que l’on utilise pour entretenir les cuirs d’une sellerie. Ayant grandi dans le monde de l’équitation, je ne peux qu’être sensible à cette odeur que je n’ai pas identifiée tout de suite mais qui, maintenant que je me suis penché sur la pyramide olfactive, me paraît complètement évidente au coeur de la composition. Malgré l’inventivité et l’originalité de ce jus, je retrouve ainsi une effluve familière, liée à l’enfance et à l’adolescence que je n’avais pas sentie depuis des années. Alors « Iron Duke » est-il un parfum de cavalier ? Au premier abord, j’aurais plutôt dit un parfum de pirate mais c’est vrai que pourquoi pas. En tout cas, il n’est pas linéaire et, je me rends compte, alors que je le porte, qu’il a une évolution tout à fait extraordinaire sur ma peau. Il prend presque des accents de feuille de violette et d’agrumes perdus au milieu de notes parfois liquoreuses et souvent fumées. C’est un parfum complexe, audacieux et à ne pas mettre entre toutes les peaux car je pense qu’il n’est absolument pas consensuel. Il faut vraiment l’apprécier et adhérer à l’esprit tout à fait singulier de Beaufort London pour l’apprécier.
Voilà, il y a bien évidemment d’autres parfums qui m’évoquent le cheval et l’art équestre mais il ne me sont pas forcément venus à l’esprit en écrivant. J’espère que ce pont tracé entre art sportif, animal et parfum vous aura intéressé. En tout cas, pour ma part, j’ai pris plaisir à me replonger dans ces parfums denses et profonds qui me rappellent un animal que je connais très bien.
Exquise trouvaille : "Édition de Véronique"
En fouinant dans mes doses d’essai, je suis tombé sur une pépite qui appartient à une marque dont, je crois, je n’ai jamais parlé. Il s’agit de Mizensir fondée en Suisse par le parfumeur Alberto Morillas en 2015 et qui compte aujourd’hui une quarantaine de créations même si certaines ont été dicontinuées. À Lyon, nous n’avons accès qu’à la gamme maison donc c’est à Paris, au Printemps Haussmann que j’avais glané cet échantillon sans doute lors d’un achat. Il s’agit de « Édition de Véronique », créé par le parfumeur en 2015 comme un clin d’oeil à sa fille. « Véronique, le prénom de la fille si chérie du maître parfumeur Alberto Morillas. Ce parfum lui rend hommage, à travers un bouquet de fleurs et de muscs les plus raffinés, que le père offre en hommage à sa fille. Les essences des fleurs qui composent ce parfum sont extraites par infusion - le procédé traditionnel que seules les maisons de haute parfumerie utilisent encore. La rose centifolia est ici accompagnée par le jasmin sambac, plus orangé et moins animal que le jasmin grandiflorum. Un duo sublimé par l'iris, note étonnante à laquelle l'essence de bois de cade apporte un accent boisé et fumé. La magie de cette profusion florale est prolongée par les notes de bois ambré ainsi que par les muscs blancs, tendres et enrobants, qui sont à la fois discrets et bien présents ». Je l’ai posé sur ma peau et je dois dire que s’il s’agit d’un grand floral, plutôt féminin comme son nom l’indique, je le trouve parfaitement addictif et je pense que je pourrais le porter. C’est un parfum complexe, plein de subtilité et il se développe sans jamais tomber dans la facilité.
Les notes de têtes sont très qualitatives et absolument pas bâclées. Deux infusions florales, l’une de rose de Grasse et l’autre de jasmin sambac composent une envolée qui donne le ton et nous emmène sur un coeur très étonnant composé des notes poudrées d’un absolu d’iris associées au côté ultra sec, boisé, presque cuiré et fumé du bois de cade. Le fond de muscs blancs et de bois ambrés (que d’habitude je n’aime pas) reste très discret et les notes florales jouent avec le côté très duel du coeur. La longévité est incroyable. J’ai posé ce parfum sur mon bras il y a des heures et il est toujours là. J’ai donc décidé de me parfumer totalement pour écrire l’article et je ne le regrette pas. « L’Édition de Véronique » est un vrai floral très moderne, très étonnant, original, que l’on ne peut trouver que dans une marque d’auteur. Il ne faut pas, messieurs, que vous vous laissiez influencer par son nom car il s’avère finalement plus mixte que ce que j’avais cru au départ. Pour moi, il est confortable et facile à porter tout en ayant une vraie identité. Bon, il est un peu onéreux mais, franchement, la création est très belle et je trouve qu’il mérite son prix. Vous l’aurez compris, je pourrais me l’approprier. Il faudra que j’aille le réessayer lorsque je serai à Paris.
Immortelle... immortelle
* Article entièrement réécrit
Immortelle… immortelle
Cette fleur dégage un parfum très particulier et je dois dire que son utilisation en parfumerie me plait bien souvent. Je pense que, il y a bien des années, c’est avec « Sables » d’Annick Goutal que j’ai senti cette note pour la première fois et j’ai été immédiatement séduit par ce parfum que j’ai porté assez rapidement en alternance avec un autre plus « classique » mais je vais faire attention à ne pas digresser car je suis un peu spécialiste de ce petit travers. Revenons à cette fleur si singulière pour dire que, parfois évidente, parfois cachée, elle est l’un des composants de plusieurs parfums que j’aime. J’avais envie, sans être exhaustif, de revenir sur des parfums dans lesquels cette note absolument étonnante est travaillée en majeur.
Je ne peux effectivement pas parler d’immortelle sans revenir sur « Sables » créé en 1985 par Annick Goutal et Isabelle Doyen. « Les immortelles sauvages bordent l'horizon, la chaleur est délicieusement écrasante et le sable est brûlant. C'est l'odeur d'un été enivrant, d'un soleil de plomb sous lequel on s'abandonne, ou lors d'une sieste au bord de la mer. Annick Goutal composa Sables par plaisir de se souvenir inlassablement de ce moment de bonheur passé en Corse avec son mari ». Dès la vaporisation, on rentre dans une envolée très classique de bergamote et de mandarine mais, très vite, nous sommes emportés dans un coeur de jasmin, de poivre noir de Madacascar et de mousse de chêne puis vient le fond d’immortelle sauvage complètement overdosée et associée au santal d’Inde et à un accord ambré. Oriental, épicé, complètement unique, je me souviens d’une de ses anciennes versions en eau de toilette que j’ai pas mal porté et qui avait, il faut bien le dire, une tenue et un sillage largement suffisants pour moi. Je l’utilisais avec une certaine parcimonie et le flacon durait pas mal de temps. Bien évidemment, il a été reformulé plusieurs fois et je ne peux pas dire que j’ai vraiment adhéré à partir d’une certaine époque. Je crois que, lorsque Annick Goutal est devenu Goutal Paris (un changement de nom et de packaging qui m’ont énormément déçu), il a été reformulé une nouvelle fois et est sorti en eau de parfum et, cette fois, j’ai vraiment adhéré comme au début. Vraiment, je me fais plaisir à le retrouver et à le porter à nouveau. « Sables » est vraisemblablement l’un des parfums de ma vie. Il est là, présent sur ma peau dès que je ne sais plus quoi porter. C’est l’une de mes signatures les plus nettes.
« Je suis là et je ne suis plus là…Je suis toujours près de toi, jusqu’ à ce que l’on se rejoigne ». Il y a déjà quelques années, il a été un coup de coeur immédiat. J'ai adoré dès que je l'ai découvert. "Ubiquité" créé par Stéphanie Poulage en 2015 pour sa propre marque Poulage Parfumeur ! Je suis séduit aussi par les autres mais celui-là est dans la liste des préférés entre les préférés. Je le porterai toujours énormément au printemps lorsque le soleil nous réchauffe un peu et nous redonne un peu le moral. C'est tout un univers. Il est un peu éloigné de celui des trois autres créations de la maison.Il n'est pas convenu, original et jubilatoire avec des matières rares telles l’essence de maté du Brésil, l’absolu d’ambrette de l’Équateur et l’absolu d’immortelle de Corse. Frais mais pas que, étonnant, agréable à porter comme un petit bijou fin ou un foulard de soie (et à Lyon nous nous y connaissons). Je viens de remettre mon nez dedans et le travail autour du bois, de la fleur d'immortelle et des agrumes me plait toujours autant. Très éloigné de ce que j'ai l'habitude de porter en hiver, il est, pour moi, synonyme de renouveau. "Ubiquité", pour moi, c'est ça. Un parfum dont l'apparente simplicité n'est qu'un leurre. Il est beau et complexe. J'ai envie de le faire découvrir. Si vous avez l'occasion n'hésitez pas, c'est une petite merveille !
Par ailleurs, on ne peut pas parler d’immortelle sans évoquer le travail tout à fait « corse » de Marc-Antoine Corticchiato ! Cette note apparait, cachée ou plus évidente dans nombre de ses créations. Je citerai évidemment « Eau de Gloire » mais aussi « Fougère Bengale » et, évidemment, celui qui a été, pour moi, dès que je l’ai découvert, un véritable choc olfactif, j’ai nommé « Tabac Tabou ». Marc-Antoine Corticchiato aime tellement l’immortelle qui lui rappelle sa terre natale, qu’il en a fait un extrait dans sa dernière collection. Lancé en 2019, il s’appelle « Immortelle Corse » et, s’il est certainement complexe, il rompt avec les créations baroques de son auteur pour apparaître presque comme un solisenteur. Le parfumeur explique : « L’immortelle me fascine. Elle envahit mon coin de maquis corse, où je passe beaucoup de temps. Je voulais son éclat au solstice d’été, quand elle est gorgée de soleil. C’est un ami chef qui, sans le savoir, m’a soufflé la clé de cette composition : associer des ingrédients par couleurs. "Ça marche toujours" m'avait-il lancé. Dès que j’ai mis au point mon accord safran - abricot - citron, j’ai su que j’avais le départ de mon histoire. Comme je voulais du velouté, j’ai choisi un abricot naturel, juteux, qui apporte de surcroît une douce lumière orangée. C’est une de mes formules les plus courtes. Je voulais un impact, une évidence, tout en restant dans l’élégance ». Raffiné et chic, avec son départ d’abricot et de citron, son coeur de safran et son fond immortelle et mousse de chêne, il m’a énormément plu tout de suite. Dès sa sortie, j’ai voulu l’essayer. Comme tout extrait de parfum de cette qualité, son sillage est discret et subtil mais alors sa tenue est absolument exceptionnelle. J’en veux pour preuve mon pull et mon écharpe qui, même après avoir été lavés, sentaient encore les notes suaves de l’immortelle. J’ai beaucoup aimé mais, je vais vous faire une confidence, je préfère la note mêlée à celles de tabac, de musc et de cuir dans « Tabac Tabou » qui reste, pour moi, l’un des parfums sur le marché qui m’a le plus impressionné. « Immortelle Corse » revêt un côté un peu liquoreux qui, sur ma peau, m’entête un peu ce qui n’empêche qu’il s’agit vraiment d’une très belle création.
« Aux confins du monde, dans le jardin des Dieux, partir en quête d’un trésor caché. Dans la végétation mystérieuse, s’enivrer de senteurs magnétiques : fleurs enchanteresses, bois odorants, plantes mystiques, exaltés par la chaleur d’un soleil divin. Et découvrir enfin, au creux d’une source, un précieux liquide aux reflets ambrés : l’élixir d’immortalité ». J’étais vraiment très content lorsque j’ai vu que « L’Eau des Immortels » allait sortir, en 2023, dans la marque Voyages Imaginaires. Je l’avais découvert très en avant-première et je n’attendais qu’une chose : pouvoir me l’offrir. Un parfum en forme d’hommage de la part de Camille Goutal à sa mère, imaginé avec Isabelle Doyen et composé uniquement avec des matières naturelles, tel était le postulat et quelle réussite ! C’était un challenge et elles se sont vraiment attelées. C’est une création très en douceur ou la note d’immortelle, chaude et naturaliste, se fait vanillée et poudrée, ce qui la contrebalance complètement. Le départ de bergamote et de badiane est absolument magnifique et pourtant cette dernière note ne fait pas partie de ce que je préfère. Au cœur le jasmin viens adoucir les notes d’amyris et d’immortelle puis lorsque les parfums se pose, les notes baumées viennent au contact de la vanille et de la fève tonka. "L'eau des Immortelles" se fait doux et poudré. L’évolution est vraiment surprenante. Lorsque j’ai découvert ce parfum je me suis dit qu’il faudrait que je fasse un choix entre cette nouvelle création et « Sables ». Il n’en n’a rien été car j’aime beaucoup les deux. Me voici donc balancé entre l'un et l’autre à me dire que ce sont les deux immortelles que j’aime sur le marché. Je pense que je ne me déciderai jamais entre les deux tant ils sont diamétralement opposés. Il est en lice pour être élu meilleur parfum de niche d’une marque indépendante pour les prochains FIFI Awards. Je croise les doigts pour qu’il soit choisi.

Vous l’aurez compris, l’immortelle me plait beaucoup et elle permet aux parfumeurs d’inventer des fragrances très diverses, très variées, très singulières ou plus classiques mais qui, toujours vont titiller mes narines et toucher mon coeur. Il existes pleins de parfums dans lesquels l’immortelle est travaillée en majeur mais je dois dire que ces quatre-là sont vraiment mes préférés et je les trouve parfaits pour illustrer mon propos. Il y a quelque chose, chez moi, de viscéralement attaché à cette note, sans doute à cause ou grâce à « Sables » et je vais toujours déceler cette note dans un parfum comme, par exemple, dans « Cuir Velours » créé par Julien Rasquinet pour Naomi Goodsir mais cela est une autre histoire… En tout cas, l’immortelle est, pour moi, vraiment immortelle !
Arquiste, trois nouveautés et une rencontre avec Carlos Huber
Fondée en 2012 par Carlos Huber, d’origine mexicaine et vivant à New York, la maison Arquiste est inspirée par les goûts et les voyages de cet architecte de formation qui a confié à des parfumeurs de talent la réalisation en parfums de ses ressentis personnel. Aujourd’hui, la marque compte 16 parfums dont certains, reformulés après l’interdiction de certaines matières par l’Ifra ont mis du temps à ressortir mais cela fera l’objet d’un autre article. En bref, la marque est très peu distribuée en France, ce qui un peu la volonté de son Carlos Huber. Représentée par Different Latitude, elle a été implantée par David Frossard il y a déjà longtemps au Paravent à Lyon bien avant que la boutique devienne l’une des plus importantes hors Paris. Il était donc naturel que Carlos Huber, lors d’une tournée en Europe, vienne présenter les trois nouveautés de 2024 « en personne ». Je remercie Serge et Alain, qui nous reçoivent au Paravent, chaque fois que nous nous y rendons, avec compétence, bienveillance et, avec le temps, amitié. Ils m’ont donc invité à participer à un cocktail rencontre avec Carlos Huber et j’avais envie de vous parler à la fois de la rencontre et des nouveautés.
Carlos Huber nous a donc présenté lest trois parfums qui sortaient cette semaine mais aussi les bests de la maison dont je vous ai sans doute déjà parlé, « Architect Club » et « Anima Dulcis ». C’est un homme pétillant et très facile d’accès qui a répondu chaleureusement à nos questions en partageant ses goûts, ses expériences avec beaucoup de facilité autour d’une coupe de champagne et d’un buffet délicieux. Nous étions entre passionnés. Je voudrais faire un clin d’oeil à Neil Jacquet, qui lance son nouveau parfum dont je vous parlerai dans les nouveautés d’octobre et avec qui j’ai toujours beaucoup de plaisir à échanger ainsi que les lecteurs de mon blog qui étaient présents et avec qui je suis toujours très content de discuter en direct. Mais, après cette petite digression, revenons à Carlos Huber. Il nous a donc emmené en voyage dans trois destinations et trois époques avec des parfums construits, complexes et que je n’aurais peut-être pas eu l’occasion de sentir immédiatement si nous ne les avions pas à Lyon, disponibles et à notre portée.
« Août 1508, île de Lopud, mer Adriatique. Lopud est une île verdoyante, bordée de figuiers et d'oliviers luxuriants. Depuis le port, parsemé de villas en pierre de la Renaissance, l'odeur des figues et des olives écrasées est si forte que la brise marine salée la transporte au-delà, vers les forêts de pins méditerranéens et de cyprès. Au-dessus, d'anciennes chapelles surplombant le port, telles des sentinelles, sont envahies de thym sauvage, de fenouil et de romarin. L'ensemble du paysage est un paradis aromatique de figues vertes, d'aiguilles de pin séchées, d'herbes sauvages et du parfum subtil de noisette de l'huile d’olive ». Direction donc les bords de l’Adriatique, la Croatie plus sauvage de que ce qu’elle est aujourd’hui et laissons-nous emporter par ce parfum créé par Rodritgo Flores-Roux, en toute amitié avec Carlos Huber. « Imaginez une île ensoleillée de l'Adriatique, un petit port avec des maisons en pierre et des figuiers et des oliveraies, entouré de collines verdoyantes de pins méditerranéens, de rangées de cyprès et d'herbes sauvages. Une fenêtre sur un paysage toujours vert et aromatique de figues adriatiques, d'aiguilles de pin séchées, de romarin sauvage, de thym et du parfum subtil de noisette de l'huile d’olive ». Tel est l'inspiration de "A Grove By The Sea". L’envolée de feuille de figuier, d’olive noire, de fleur de sel et de clémentine a tout de suite retenu mon attention et j’ai été séduit par la fraîcheur et la rondeur de ce parfum résolument vert, aromatique et même, dans une certaine mesure, résineux. Le coeur, bâti autour d’un accord d’huile d’olive, revêt des versants figue mure, presque suave mais contrebalancée par le thym et le romarin qui accentuent encore le côté aromatique. Le fond, presque résineux, s’articule entre notes d’aiguilles de pin, de cyprès méditerranéen et d’argile rouge. Le résultat est un mélange de parfum très figue, comme on en trouve sur le marché mais qui oscille entre notes aromatiques, résineuses et salées. Sur ma peau, il matche vraiment très bien et il a été mon préféré des trois.

« Septembre 1757, Casino Venier, Venise. Dans une ruelle cachée au cœur de Venise se trouve un petit ridotto , un appartement secret pour les relations intimes. Une porte en palissandre s'ouvre sur une pièce aux couleurs pastel, rose poudré, vert pâle et blanc perle. Suspendues dans un nuage parfumé de violette, de rose et d'iris, des sculptures en stuc de nuages mousseux, de guirlandes délicates et d'angelots malicieux semblent danser dans la douce lueur des bougies. Au milieu de ce havre sensoriel, les accords d'une mandoline émanent mystérieusement de derrière un mur, le musicien étant caché des regards indiscrets. La mélodie subtile de fond s'entremêle aux conversations feutrées et aux rires partagés de deux amoureux, les enveloppant dans l'enchantement de leur rencontre clandestine ». Cette fois, à travers « Venice Rococo », toujours composé par Rodrigo Flores-Roux, Arquiste nous emmène au XVIIIème siècle, à Venise, en plein carnaval, là où tout est permis, avec cette évocation peut-être un peu coquine des fêtes complètement folles, des masques et des perruques poudrées. « Un floral poudré et coquet qui capture la décadence de la Venise du XVIIIe siècle, ses intérieurs rococo et ses aventures clandestines. Violette noire, rose poudrée et camomille nichées sur une base incroyablement douce d'iris poussiéreux et d'ambre subtil et animal ». Le départ est vraiment très rétro avec des notes de camomille, d’eau de rose, d’aubépine et d’aldéhydes puis vient, en coeur, ce que la marque appelle un accord poudré à la Maréchale et qui m’évoque les effluves d’un poudrier très ancien et avec des notes de violette noire et de fleur d’oranger mais mêlées au cumin qui rappelle le côté animal de la peau. Le fond, entre accord ambré, iris, civette reconstituée, et jasmin, se fait franchement baroque et, c’est vrai, un peu décalé. Ce parfum est une merveille n’en doutons pas. C’est une fausse poudre de riz sage. Il faut vraiment le mettre sur ma peau. Il y avait longtemps que je n’avais pas mis mon nez dans un tel parfum. Je suis vraiment content qu’il existe même si je ne suis pas certain de pouvoir le porter.

« Décembre 810, Cordoue, Al-Andalus / Sefarad, Espagne. À l’âge d’or d’Al-Andalus, les confiseurs fabriquaient du massepain aux amandes d’une délicatesse sans pareille. Le secret résidait dans les échanges chuchotés entre les cuisines maures et espagnoles, transformant les recettes à base de farine d’amande, de sucre, de safran et de fleur d’oranger en un art. Non loin de là, dans les rues animées de Cordoue, des artisans qualifiés façonnaient le cuir en merveilles exquises. Ainsi, le parfum velouté du massepain se mêlait au cuir de chêne de Cordoue, leur artisanat constituant un pont symbolique entre les cultures et les traditions, prouvant que même dans le creuset d’une domination diversifiée, les plus douces symphonies pouvaient émerger de traditions communes ». Si j’en reconnais la qualité, j’ai été, c’est vrai, peut-être un peu moins sensible à « Almond Suede » composé par Calice Becker alors que, sur le papier, il était sans doute le parfum qui aurait du le plus me plaire. « Almond suede de la maison Arquiste est un parfum gourmand addictif et sophistiqué, qui marie pâte d'amande et cuir suédé, inspiré de l'Andalousie médiévale, de la ville de Cordoue et des bonbons aux amandes. Un incontournable pour les amateurs de gourmandise ». C’est un parfum ultra complexe avec une pyramide olfactive très étonnante puisqu’après l’envolée très addictive de poivre rose, de bergamote et d’huile d’amande amère associée à un absolu de nid d’abeille vient un coeur de ciste espagnol complété, en coeur par des notes de néroli, de safran et de fleur d’oranger puis, en fond, de sucre candi, de vanille absolue, de goudron de pin, le tout enveloppé d’un accord daim. Il en reste, sur ma peau, un parfum cuiré, bien qu’un peu gourmand, dans le fond très classique. J’ai été moins séduit que par les deux précédents mais, il faut le dire, il est très efficace et trouvera, j’en suis certain, son public.

Serge et Alain nous ont offert des doses d’essai de chacun des parfums ce qui m’a permis de faire ce compte-rendu très détaillé car je les ai porté chacun à leur tour sur la peau. Arquiste est une très très belle maison et je suis content de l’avoir découvert. Bien sûr, il est difficile de détrôner « Aleksandr » que j’aime énormément et qui est un très beau cuir de Russie associé à la violette mais ces trois créations, à l’instar des autres, sont réalisées de manière inspirée et soignée. Cela leur confère une très belle qualité et peut-être que l’une d’elle pourrait vous donner envie. Je vous laisse donc les découvrir.
Artefacs, la nouvelle collection d'Anatole Lebreton
Lorsque nous avions rencontrés Anatole Lebreton à la parfumerie Odorem à Lyon, il nous avait annoncé le lancement d’une nouvelle collection de trois extraits de parfums. Elle a pour nom Artefacs (n.m. 1 : Fait artificiel désignant une transformation artistique. 2 : « Art de faire ». 3 : Idée ou objet façonné par l’être humain des temps et civilisations passées). J’avais eu la chance, il y a plusieurs mois, de découvrir et même d’essayer ces trois compositions et je trouve que, maintenant, qu’elles vont être lancées, je peux vous donner mes impressions. J’ai donc repris les notes que j’avais pu prendre à l’époque et j’en ai tiré cet article qui, je l’espère, vous donnera envie de les découvrir et, pourquoi pas, de les porter. En tout cas, j’aime énormément l’idée de ces parfums inspirés des anciennes civilisations. Sur les trois, j’en ai vraiment aimé deux et le troisième m’est plus difficile. C’est ainsi. Le ressenti en parfumerie n’est que subjectivité.
« Grèce antique. La définition du moment opportun. L’intuition instantanée et prophétique ». Le premier parfum que j’ai découvert m’a beaucoup plu. Il a pour nom « Kairos » et ses trois notes principales sont l’amande, la fleur d’oranger et la vanille. C’est un ambré fleuri assez joyeux, facile à aborder et pourtant il présente une belle singularité. Je l’ai mis sur la peau et j’ai trouvé que cette composition était vraiment une réussite. Anatole Lebreton a inventé un parfum à la fois ethnique et vraiment élégant. Le sillage a l’air plutôt modéré mais la tenue est excellente. L’évolution révèle une fleur d’oranger un peu ambrée, très amandée et vanillée. Ce parfum m’a évoqué plusieurs créations de Lutens au début de la marque. Elle serait comme un composite. Pour moi, « Kairos » évoque des vacances lumineuses, non loin de la mer et, en fermant les yeux, lorsque je la sens, je suis vraiment sous le charme.
« Florence pendant la Renaissance. La théorie de la juste mesure et de la parfaite proportion». Lorsque j’ai senti, sur ma peau, « Armonia m’a énormément séduit. Je lui trouve une parenté avec « Iris Cendré » de Naomi Goodsir même si ce n’est pas le même parfum du tout. Le côté poudré de l’iris se pare de notes plus boisées et cuirées. Le chic un peu étonnant et moderne qu’il exhale quand il se développe me ravit. Il est sans doute mon parfum préféré de cette collection qui débute. Je ne connais pas vraiment la pyramide mais je trouve que la dualité entre l’iris, les notes boisées et cuirées se mêlent pour dégager un parfum très singulier, puissant, doté d’une très bonne tenue. Je trouve que la haute concentration apporte beaucoup de profondeur à cette fragrance. Elle est ma préférée des trois. Je pense que je pourrais tout à fait la porter.
« Ancienne Mésopotamie. Il y a 5000 ans. La géniale invention de l’écriture, aubaine pour le parfumeur et sa formule ». Ce troisième parfum, « Uruk » est très surprenant. Il est le plus original de cette nouvelle collection puisqu’il mêle des notes de cuir, de ciste labdanum, d’encens et de noix de muscade. Je dois dire que ce parfum est celui qui m’a le plus surpris voire même dérouté dans cette nouvelle collection. Il est dense, d’un bloc, très puissant et original à la fois mais je ne pourrais pas le porter. Il se développe bien sur ma peau mais il a quelque chose de dérangeant, en tout cas pour moi. Je lui reconnais bien évidemment des qualités mais il n’est clairement pas pour moi. Il a quelque chose d’à la fois intrigant et de difficile. Il me rappelle un peu l’esprit du parfum « Le Dieu Bleu » d’Astier de Vilatte sans pour autant lui ressembler.
La collection Artefacs fait ses premières armes et j’ai été ravi de la découvrir un peu avant tout le monde. Anatole Lebreton va explorer des univers différents par rapport à ce qu’il fait pour la collection éponyme. Il faut quand même que je le dise, je crois que je préfère les création de cet artiste autodidacte pour sa collection classique d'eaux de parfums. J'ai d'ailleurs un joli coup de coeur pour "Caribe Kiss" qui était la sortie de cette année. Ceci dit, il faut découvrir Artefacs. C'est un tout autre univers qui va du plus consensuel au plus clivant. Rien que cela est passionnant.
Trois extraits pour Une Nuit Nomade
La collection Legends de Une nuit Nomade a enfin vu le jour. Il s’agit de trois extraits composés par le parfumeur Jérôme di Marino. Décidément, cette haute concentration inspire les maisons de parfums cette année. II y en a déjà eu et il y en aura encore ! Ceux de la marque sont particulièrement réussis, force m’est de le constater. Ils ont un coût, 260 euros les 100 ml mais, compte-tenu des créations et de la concentration, je trouve que, s’ils sont onéreux, il y a plus exorbitant. Ce sont plutôt des orientaux, des invitations au voyage oniriques et très qualitatives. Alors m’y suis-je retrouvé ? Ai-je eu un ou des coups de coeur ? Vous le saurez en lisant ce compte-rendu d’essais alors je vous emmène dans des contrées rêvées et exotiques grâce au talent de Jérôme di Marino.
J’aime bien la version eau de parfum de « Jardins de Misfah » mais ce n’est pas la création de la marque que je préfère. Je n’attendais donc pas tellement grand-chose de cette nouvelle interprétation pourtant je crois qu’il est celui que je pourrais porter et qui est issu de cette collection. « Il était très tôt lorsqu'elle entra à Misfah. Le village s'est réveillé en douceur au son de l'eau qui serpentait sauvagement le long de milliers de canaux d'irrigation, les falajs. Avec ses mains couvertes de symboles inconnus, elle toucha doucement les arbres, les bourgeons et les jeunes fruits. La nature a commencé à bruisser. Grenades, abricots, figues et amandes mûries. Les roses s'ouvrirent dans un kaléidoscope de couleurs brillantes. Les palmiers pliaient sous le poids de leurs dattes arrogantes. A son passage, Misfah s'est transformée en un village extraordinaire. Une corne d'abondance à ciel ouvert, où chaque respiration était l'occasion de découvrir une nouvelle senteur. Jardins de Misfah Extrait est un Jardins de Misfah réinventé. Dans cette version plus douce et plus profonde, abondance ne veut pas dire excès. Au cœur d'une roseraie unique, les senteurs des dattes, du miel et des amandes aiguisent l'appétit et l’envie ». Dans cette version, Jérôme di Marino a « corsé » un peu le propos de l’original en lui adjoignant des notes plus dark. La datte est également plus présente ainsi que le versant amandé. Le parfum est peut-être moins gourmand que la lecture du thème qui a rencontré le succès que l’on sait mais je le trouve vraiment facetté. Pour moi, c’est une réussite car il oscille entre gourmandise orientale et mystères d’un jardin un peu rêvé. Les notes florales sont également plus présentes. Chaque stade de la longue évolution est plaisante. Plus singulier que « Jardins de Misfah » que nous connaissons, il gagne à être essayé car il demeure facile à porter et séduisant.
J’ai sans doute été moins attiré par les notes de framboise, d’iris, de safran, de papyrus et de myrrh qui composent « Silver Saffron ». Il faut dire qu’il m’éloigne un peu de mes goûts. Attention, cela ne signifie pas que je ne le trouve pas aussi réussi mais simplement, il me crée moins d’émotion. Le côté peut-être un peu plus « facile » et plus masculin, du coup moins androgyne, est aussi un frein. « Le crépuscule était tombé. Les chevaux hennissaient de fatigue. Il était temps d'arrêter. Les hommes virent un lieu de repos ; leurs corps étaient épuisés et poussiéreux. L'ombre des montagnes du Cachemire dominait la grande plaine aux herbes basses. L'empereur Alexandre, casque à la main, brandit son épée devant la foule. La lune apparaissait et disparaissait, son visage en feu. Il projetait une teinte argentée sur le tranchant de la lame, illuminant toute la plaine d’un rayon aveuglant. Tôt le lendemain matin, les hommes n’en croyaient pas leurs yeux. Le sol était recouvert d’une couche violette. Des millions de fleurs de safran étaient apparues en une nuit. Face à un tel miracle, l’empereur Alexandre fit appel à ses conseillers. Les signes n'étaient pas favorables. Les klaxons sonnèrent la retraite. Les hommes ont dégagé la plaine en quelques heures. La paix et le calme ont été rétablis. Audacieusement fruité du litchi et de la framboise, il libère toute la force des facettes épicées et cuirées du safran et de l'iris et l'intensité fumée du papyrus ». Le fait que j’accroche moins ne signifie pas que le parfum ne soit pas réussi. Il est très bien construit. Le mot qui me vient est « impeccable ». Peut-être que je le trouve un peu trop sage mais il demeure élégant et facile à aborder. Il sera idéal pour commencer à apprécier les très belles matières premières.
« Estrella de la Mañana » est le plus original de la collection. Je le dis d’emblée, il faut l’essayer sur peau car, sur touche, l’évolution se bloque et il est difficile d’atteindre les notes de fond dans leur ensemble. « Les côtes montagneuses de l'Est du Mexique se fondaient dans le voile chaud et humide de la fin de l'été. À Veracruz, la fille du roi Tenitzi III, d'une beauté dévastatrice surnommée Estrella de la Mañana, courait à travers les plaines. Elle rencontra le regard d'un jeune garçon avec des bois – le Prince Cerf. Ils n'échangèrent que quelques mots mais la magie de l'amour s’opéra. Lorsque le roi Tentizi III apprit cette romance, il devint aveugle de rage. Il envoya ses prêtres après eux. Le ciel s'assombrit. Il décida que les âmes de Morning Star et du Prince Cerf seraient sacrifiées pour calmer la colère des Dieux. Les larmes de leur sang donnèrent naissance à un petit arbuste. Les branches s'entrelaçaient comme des amants dans leur dernière étreinte. Des fleurs en forme d'étoile couvraient tout l'arbre. Quelques jours plus tard, de nombreuses pousses sortaient de terre et les premiers brins de vanille noire se balançaient au vent, murmurant le parfum des amants disparus. «Estrella de la Mañana» est une gousse de vanille noire dont le cœur est coupé et consommé dans le foyer brûlant d'une cheminée. La fumée du bois et la poudre de cacao noir se marient à la rondeur de la vanille ». Le côté très goudronné et dark du bois de bouleau est artistiquement contrebalancé par des notes poudrées et suaves de vanille, de cacao et de benjoin. Sur ma peau, en toute fin d’évolution, les côté fumé chic ressort. Vraiment, ce parfum, en concentration extrait (ce qui n’est pas négligeable dans le développement), a su magnifiquement conquérir mon entourage immédiat. Il est donc sorti maintenant et j’espère qu’il rencontrera son public.
Pour finir, je dirai que j’ai beaucoup aimé ces extraits. La collection est équilibrée et très bien faite. Jérôme di Marino est un parfumeur que je trouve de plus en plus à l’aise dans toutes les familles olfactives. Dans ces créations, il utilise toutes les facettes de la longue évolution dans un parfum très sophistiqué. Ces extraits de parfums font vraiment à découvrir. En plus, je trouve que le packaging est très beau et qu’il cible vraiment une jeune génération en quête de sensations et d’originalité olfactives.
Isabelle Doyen, un talent exceptionnel
* Article modifié
J’ai déjà largement évoqué le talent d’Isabelle Doyen sur ce blog mais j’ai jugé que son parcours méritait bien un article à part entière non seulement parce que j’ai porté plusieurs de ses créations mais aussi parce que je suis vraiment très sensible à sa vision de la parfumerie. Elle a été du temps d’Annick Goutal et même après sa disparition le nez attitré de la maison et, grâce à « Nuit de Bakélite » pour Naomi Goodsir, elle a révélé en moi l’envie de porter un parfum avec la tubéreuse en note dominante. De plus, j’ai découvert, l’an dernier alors que nous étions en Suisse, deux très beaux jus qu’elle a créé pour la marque Les Nez et que j’ai encore bien en tête. Je vais essayer de ne pas radoter car j’ai évoqué son travail à plusieurs reprises mais j’ai décidé de faire une petite promenade dans ses créations, enfin dans celles que dont je n’ai encore pas parlé.
Dérivé de « Mandragore », créé en 2009 et lancé la même année, « Mandragore Pourpre » est, pour moi, l’une des très grandes réussites de la collaboration d’Isabelle Doyen et d’Annick Goutal. Complètement mixte, ce boisé épicé, mystérieux et original renoue vraiment avec l’esprit de la maison tel qu’il était du temps de sa créatrice. En général, je ne suis pas fan de la myrrhe et de l’encens mais je dois bien admettre que travaillées ainsi, avec des notes de tête de badiane, de menthe et de bergamote et au coeur le côté aromatique du romarin associé à des notes d’ambre et de poivre noir, le mariage est particulièrement heureux. Le fond de benjoin et de patchouli est curieusement (et formidablement) poudré par une fleur d’héliotrope bien présente (et bien plaisante) et l’ensemble, complexe, mystérieux, ne ressemble à rien d’autre. « Mandragore Pourpre », tout comme « Sables », fait partie des « ovnis » de la parfumerie dont Isabelle Doyen est vraiment l’incarnation.
En 2015, à sa sortie, j’ai eu un vrai coup de coeur pour cette incarnation d’une île au sud de la Corée. « L’Île au Thé » est vraiment une invitation au voyage. Camille Goutal et Isabelle Doyen ont vraiment finement ciselé ce parfum autour du thé et des agrumes. L’ouverture est résolument agrumes et, au coeur, le thé noir, le thé vert et la fleur d’osmanthus se mêlent à la fleur de mandarinier peu employée en parfumerie. Le tout est tenu par des muscs blancs frais et poudrés. J’ai adoré « l’Île au Thé » qui est un peu différents des parfums « typiquement Goutal » que j’apprécie d’habitude mais je l’aime beaucoup et je trouve qu’il pourrait être un compagnon d’été tout à fait formidable. Je regrette un peu que la tenue soit limitée mais j’aime beaucoup la création tout de même.
Je n’ai pas senti toutes les créations de la marque Les Nez lors de notre passage à Genève mais il y en a deux, dont une créée par Isabelle Doyen, qui m’ont beaucoup plu. Le premier est « Turtle Vetiver Back » qui est un travail autour des notes poudrées de la violette, du mimosa et des muscs blancs sur un fond de vétiver. Jamais je n’avais senti de parfum comme celui-ci. J’ai trouvé vraiment étonnant et magnifique cette création d’apparence simple mais finalement très singulière et chic. Voilà un parfum que j’aimerais porter. Il me plait beaucoup et je le trouve à la fois faussement simple et vraiment sophistiqué. Je trouve qu’on y retrouve la signature d’Isabelle Doyen immédiatement et je vois qu’elle a pu avoir accès à de belles matières sans restrictions pour cette si belle création.
Associer la note de coco en tête au gardénia et à la tubéreuse en coeur sur un fond de vanille et en faire quelque chose de très beau et de très facile à porter, il fallait y arriver et je trouve qu’Isabelle Doyen et Camille Goutal ont parfaitement réussi à ce que ce parfum, solaire, construit et parfaitement élégant se développe avec beaucoup de chic sur la peau. Je le sais car je l’ai essayé et j’en ai profité durant plusieurs heures. Plutôt estampillé féminin, il m’a quand même plu et je pourrais le porter très facilement. La marque le décrit ainsi : « Voilà un parfum qui a du sex-appeal à revendre et qui assume sa folle sensualité. On se retournerai sur son passage avec ses effluves de corps mouillé, bronzé, chauffé à blanc au soleil. Il donne le charisme insensé d'une James Bond Girl ... ou même de Bond lui-même! On s'imagine en robe longue du soir audacieusement décolletée ... ou en smoking à une table de jeu, aimanté, captivé! On s'imagine même que l'été peut se prolonger à longueur d'année... ». Il n’est jamais entêtant, jamais too much. C’est un très beau parfum solaire et très chic. Il m’évoque une soirée entre amis au bord de la Méditerranée. Il fait partie de mes coups de coeur de la collection mais il y en a tellement...
Le travail d’Isabelle Doyen me plait beaucoup et, lorsque je sens les parfums Voyages Imaginaires qu'elle crée avec Camille Goutal, j'aime de plus en plus. J’espère aussi qu’elle va créer d’autres parfums également pour d’autres maisons afin d’avoir un angle un peu différent comme elle l’a fait pour « Nuit de Bakélite ». Je trouve que ce parfum est une révélation pour moi ainsi que je l’expliquais. J’avais déjà largement loué le travail de cette parfumeuse hors norme mais j’ai pensé que je pouvais encore développer tant j’aime son travail.
Harold & Maude, une toute jeune marque française
C’est en 2023 qu’est née, sous l’impulsion de Christian Paindavoine qui vient de la parfumerie de luxe, la très jolie maison Harold et Maude sans faire référence au célèbre film de Hal Ashby mais sur une histoire imaginée par la marque : « La légende raconte que dans les années 50, Harold et Maude s’étaient installés à Paris. Ils avaient alors une vingtaine d’années. C’est dans cette ville de lumière et d’inspiration qu’ils ne se seraient plus quittés, et que leur vie d’amour et de passion tumultueuse se serait consacrée avant tout aux parfums qu’ils créèrent même pour plusieurs maisons au travers de leur studio de création…. Que cette histoire d’amour soit le témoignage d’une époque, ou qu’elle fut simplement sortie de l’imagination, elle est aujourd’hui l’âme et l’inspiration de la nouvelle Maison Harold & Maude. Comme l’héritage d’une vision entre avant-gardisme et tradition, l’empreinte d’une éternelle promesse d’exaltation ! ». Aujourd’hui, elle propose deux collection, l’une plutôt féminine et l’autre plutôt masculine. J’ai essayé les sept parfums déjà disponibles et créés par Nejla Barbir à qui l’on doit en partie « Dune » de Dior entre-autres. J’ai choisi deux parfums féminins et deux parfums masculins qui m’ont beaucoup plu pour vous donner mon ressenti qui sera, comme toujours, très subjectif. Partons donc sur les traces d’Harold et Maude et de ce joli univers à la fois original et relativement facile à s’approprier.
J’ai beaucoup aimé « Délicieusement Pétillante » dans la collections Les Heures Délicieuses. Comme son nom l’indique, il s’adressera plutôt aux femmes même si, enfin à mon sens, il est très facile à porter pour un homme. C’est un floral fruité très réussi, avec des notes musquées. « Un vent de fraîcheur dans une eau de parfum riche et délicate, où se côtoient les notes vertes et pétillantes du citron de Sicile et de l’irrésistible bourgeon de cassis. En son cœur, c’est un délicieux jardin de plaisir où les effluves de roses et de jasmin, se marient curieusement aux saveurs fruitées de l’ananas et de la poire. Le fond sensuel, richement boisé de cèdre et de santal, s’enrichit d’un irrésistible duo d’ambre et de musc où s’est invitée la note impertinente du cuir ». Le départ de poire m’a fait penser à d’autres floraux fruités que j’aime et, dès la vaporisation, je me suis senti « dans mon élément ». Sur ma peau, la douceur du versant suave de la poire, et de la rose s’oppose au côté très vif du citron et du bourgeon de cassis. J’ai beaucoup aimé l’esprit qui, même si le parfum est très différent, peut rappeler un peu celui, très printanier de « Petite Chérie » d’Annick Goutal. Il y a dans « Délicieusement Pétillante » quelque chose de la belle parfumerie fine à la française remise au goût du jour et Nejla Barbir a réussi le tour de force de donner à la fois de la fraîcheur et de l’élégance à ce floral fruité hyper réussi. Il fait partie indéniablement de mes coups de coeur.
Dans la collection Les Heures Délicieuses, j’ai eu un autre coup de coeur évident. Il s’agit de « Délicieusement Sensuelle ». C’est un parfum très floral avec des notes vanillées et épicées. On peut parler aujourd’hui de « floriental ». Le terme est un peu galvaudé mais je trouve qu’il illustre vraiment la beauté totale de cette composition lumineuse dans laquelle, le jasmin, la rose, et le fleur d’oranger jouent avec un très jolie tubéreuse. « Un parfum charnel, addictif, à porter à fleur de peau. Son cœur floral, chaud et voluptueux composé de la rose de Turquie, du jasmin d’Egypte, de la fleur d’oranger et de la capiteuse tubéreuse d’Inde, se renforce des notes épicées de cannelle et de safran, puis de l’encens, sombre et ensorcelant. Le fond est un moment sublime, lorsque l’irrésistible absolu de vanille se magnifie par les accords de bois et de musc ! ». Le coeur très cannelle et safran me plait beaucoup bizarrement. En revanche, j’aime bien le fond vanillé qui met en valeur les notes florales très harmonieuses. Il s’agit-là d’un féminin mais je pourrais absolument me l’approprier. « Délicieusement Sensuelle » est un parfum solaire et vraiment très finement réalisé. Je pense que cette composition est ma préférée dans la marque à ce jour.
« Un parfum unisexe et lumineux ! L’anis délicieusement vert et épicé, se marie à la tangerine et la bergamote. Puis, au cœur du parfum, l’iris, puissant et raffiné, bouscule les effluves de la rose, du jasmin, et de la fleur d’oranger. L’étonnante cardamome pimente généreusement la composition que la noix de coco enchante de ses notes exotiques dans un cocktail détonnant! La note finale se prolonge d’une empreinte sensuelle, composée de bois précieux, d’ambre et de cuir. Un extraordinaire parfum de peau ! ». « Divinement Audacieux » est sans doute le parfum le plus original de la collection Moments Pour Lui. La marque le présente plutôt comme mixte malgré le fait qu’il soit intégré dans une série plutôt masculine et il est vrai qu’il peut bien plaire autant aux femmes qu’aux hommes. En tout cas, il est très joli à mon sens et je le trouve vraiment singulier. Il revêt des facettes très épicées voire même pimentées et la note de cardamome est bien présente. Il faut le dire, « Divinement Audacieux », s’il n’est pas mon préféré dans l’absolu, est sans doute le parfum de la marque qui matche le mieux avec ma peau. Ça ne se décide pas, ça s’impose de soi-même. La noix de coco, le côté exotique associé au piment et à la cardamome se fait vraiment très chic et retient mon attention. C’est un très bel essai pour moi. Je pourrais tout à fait porter cette composition que je trouve vraiment hors concours.
Sur le papier, le parfum qui ressortait de la collection Moments Pour Lui était « Follement Romantique » et c’est vrai qu’il est super qualitatif, il faut bien le dire. « Une composition éclatante de fraicheur et de sensualité ! La note de tête est délicieusement pétillante au travers de ses touches d’agrumes fraîches et toniques. Le somptueux cœur fleuri est divinement rehaussé par les notes poivrées du puissant gingembre. Le fond richement boisé d’oud, de patchouli indien et de vétiver haïtien, se prolonge sur un sillage sensuel d’ambre et de musc. ». Le départ, très agrumes se sauve très vite en laissant apparaitre un coeur de gingembre puis un fond de patchouli et de vétiver avec des notes d’ambre et de muscs blancs parsemées de traces de oud. Ciselé est le mot qui me vient lorsque je pense à ce parfum absolument réussi il faut le dire. Pour moi, il est assez peu romantique mais tout dépend de ce que l’on met derrière cet adjectif. Je trouve que la réalisation de Nejla Barbir est d’une rare élégance. Le fond patchouli et vétiver s’avère très beau mais, pour moi, il lui manque soit un côté très sec ou, au contraire, plus rond. Je suis peut-être un plus partagé avec ce parfum que lorsque j’ai essayé le précédent. Je le trouve très réussi et qualitatif mais il est peut-être un peu moins « mon histoire ».
Globalement, j’ai bien aimé Harold & Maude. Je trouve qu’il y beaucoup de petites pépites dans la marque et un fil conducteur très net qui apporte une cohérence. La signature de Nejla Barbir est très séduisante et cela m’a donné envie de découvrir ce qu’elle a créé pour d’autres marques. Je ne m’y étais jamais penché et je me rends compte que je devrais… à suivre. En tout cas, la marque est assez peu distribuée encore mais je trouve qu’elle a beaucoup d’intérêt. Les parfums sont super faciles à porter tout en ayant une jolie identité. Le seul bémol peut résider dans les noms choisis. Je les trouve un peu trop segmentants. C’est dommage mais ce n’est qu’un détail. La concentration est très correcte et permet une bonne tenue et un sillage raisonnable, les flacons sont sobres et cela me plait. C’est donc quelque chose de très positif qui s’est imposé à moi lorsque j’ai découvert cette jeune maison.