Passion Parfums

On le sait, Theodoros Kalotinis s’amuse beaucoup à créer des parfums gourmands et je n’ai pas été étonné de découvrir, à la parfumerie Univere à Paris, qui distribue la marque en France en exclusivité, quatre nouveaux extraits de parfums sur ce thème. Je suis toujours un peu frileux avec ce genre de création mais, je dois bien le dire, c’est une réussite. Je crois profondément que quand on aime se lancer des défis, on va au bout du délire. C’est le cas de ce parfumeur grec que je trouve super doué. J’ai donc senti ces quatre parfums très concentrés et je dois bien vous révéler qu’ils ont su me plaire. Je ne sais pas si j’aimerais les porter mais, vraiment, le réalisme des créations et fait qu’ils soient tous très portables m’a intrigué.

Le premier que j’ai eu l’occasion de découvrir est le plus stylisé. Il s’agit de « Marzipan Gourmand », un travail autour du massepain, un dessert à base de pâte d’amande un peu solide. Pour l’illustrer, le parfumeur a décidé de créer une composition évoquant une amande boisée : « L’amande dans sa forme la plus tendre et gourmande. Une pâte d’amande douce mêlée à la texture caramélisée de guimauves grillées. Marzipan Gourmand fond sur la peau comme un dessert irrésistible, dévoilant des notes sucrées, tendres et sensuelles. Un parfum ultra gourmand, empreint de douceur, de nostalgie et de magie ». Je trouve qu’il y a trois facettes dans ce parfum, l’une est vraiment un bois sec, l’autre une guimauve un peu fleur d’oranger et, enfin, l’amande s’impose presque en solinote. J’ai été impressionné par l’élégance de cette création car, je m’attendais à une « grosse machine » et bien pas du tout, je me suis retrouvé avec un parfum très androgyne, élégant et vraiment réussi. Je pense qu’il est celui que je pourrais le plus facilement porter. J’ai beaucoup aimé le style assez inédit car il ne se rapproche d’aucune amande, d’aucun héliotrope que je connais.

« Inspiré du Japon et du rituel sacré du thé matcha, Matcha Ice Cream est né. Un parfum où la douceur de la vanille rencontre la fraîcheur du matcha, relevé par un zeste de citron vert pétillant et vivifiant. Imaginez une crème glacée au matcha fondante, mêlée à la vanille et servie dans un cône croustillant. Sur la peau, il dévoile des notes sucrées, crémeuses et croquantes, tout en gardant la fraîcheur vive du matcha et du citron vert. Un voyage olfactif unique, frais et gourmand à la fois, qui bouscule les codes du genre ». J’aime le goût du matcha, son côté vert et amer hors je me demandais ce que ça pouvait donner vu par Theodoros Kalotinis et je n’ai pas été déçu. Vraiment le thé brut est présent et même renforcé par un citron très zesté et frais puis il s’adoucit de vanille et d’un accord cône gaufré qui rappelle vraiment une glace dévorée un après-midi d’été. Le réalisme de « Matcha Ice Cream » m’a ravi et intrigué à la fois. Je ne sais pas si je pourrais porter ce parfum car il est quand même un peu gourmand pour mon goût mais je le trouve hyper bien travaillé et réussi.

« Peach Macaron » est mon préféré car, même s’il est vraiment très doux, je pourrais tout à fait le porter. « Inspiré par Paris et ses pâtisseries irrésistibles, Peach Macaron voit le jour. Un parfum où la pêche juteuse prend vie, mêlée à du sucre caramélisé, de la vanille douce et un macaron tout juste sorti du four. Fondant sur la peau, il libère une vague de gourmandise, de fraîcheur et d’élégance. Un parfum intense et réaliste, qui séduit dès la première inspiration. Un seul mot vient à l’esprit : oh là là ». On a vraiment l’impression de mordre dans un macaron avec cette pêche juteuse et des notes de vanille. Je dois le dire, je l’ai trouvé à la fois hyper régressif et addictif. Il était en rupture de stock et je comprends très bien pourquoi. Vraiment Theodoros Kalotinis est virtuose pour ce genre de création. Si cette pêche est peut-être un peu suave pour moi, je pense que je l’essayerai un peu plus. On ne sait jamais…

Le plus réaliste est vraiment « Tiramisu » qui reproduit vraiment la texture du mascapone et du biscuit avec des note de café, de cacao, de sucre et même de marsala. Je trouve que la vanille et le café donnent vraiment une facette pâtisserie. « Dans un monde où le luxe se ressent et le goût touche l’âme, Tiramisu est né. Surnommé le « roi des gourmands », il capture le célèbre dessert italien dans un parfum qui réinvente l’art de la parfumerie. Cacao riche, sucre délicat, biscuits savoiardi croquants, mascarpone onctueux, espresso intense et vin Marsala composent une symphonie olfactive mémorable. Après de nombreux essais, Theodoros Kalotinis signe une création immersive, où chaque note évoque le plaisir et le souvenir. Tiramisu : un parfum qui séduit, enveloppe et marque les esprits ». Je trouve que le parfumeur a su, en fragrance, recréer ce dessert que j’aime manger. Je ne suis pas très attiré par les notes de café en parfumerie mais le réalisme de celle-ci est formidable. Je ne pourrais pas m’approprier « Tiramisu » car ce n’est pas ce que j’aime porter mais je suis impressionné.

Les extraits de parfums gourmands lancés par le parfumeur cette année sont vraiment très bien travaillé. Je suis loin de mes goûts mais j’ai adoré les découvrir. En tout cas, il faut vraiment les essayer. Aucun achat à l’aveugle n’est possible. Je trouve que les parfums gourmands, composés par certains créateurs, réussissent le tour de force de rester élégants. Ça me surprend de plus en plus.

J’ai eu la chance de découvrir les deux premiers parfums de Castel, une toute nouvelle marque qui voit le jour en 2025. Nejla Dsiri Barbir, qui a composé les parfums, explique en quelques mots la démarche de cette nouvelle maison qui voit le jour : « L’essence d’un parfum réside dans sa capacité à évoquer des souvenirs et des émotions, à raconter des récits à travers des accords qui s’unissent harmonieusement. De la richesse de notre histoire naissent des créations atypiques, apportant une élégance délicate et transformant chaque instant en un moment de grâce ». Les créations sont proposées en concentration extrait et je les ai trouvés très différents l’un de l’autre. Je vais essayer de vous en parler de mon mieux. En tout cas, je peux vous donner mon ressenti devant cette marque qui, il me semble, est composée de deux parfums très luxueux, dans la démarche. Je ne comprends pas tellement bien l’inspiration entre l’univers « royal » de la marque la modernité des jus mais pourquoi pas ? Allez, je vous emmène dans cet univers tout neuf.

« Délectation » est le premier parfum que j’ai découvert il s’agit d’un travail autour du cuir assez sophistiqué avec une envolée de bergamote et d’orange arrondie par un versant caramel qui nous conduit sur un coeur de rose, de jasmin, légèrement poudré par l’iris et la violette et parsemé de notes d’ananas. Le fond de vétiver et de vanille s’enveloppe d’un accord oud et cuir. « Les notes florales de rose, de jasmin, d’iris et de violette se mêlent subtilement aux accents fruités de l’ananas, où chaque fleur et fruit est soigneusement cultivé pour offrir le meilleur de la nature.  Ces arômes enivrants rappellent les soirées fastueuses, où chaque invité savourait la beauté et la délicatesse des mets offerts. Dans les recoins les plus secrets du château, les accords profonds de vétiver et de oud se dévoilent, ajoutant une touche boisée et mystérieuse à cette composition raffinée.  La vanille veloutée et le cuir subtil confèrent une élégance intemporelle, enveloppant vos sens dans une étreinte douce et sophistiquée ». Très honnêtement, je n’ai pas vraiment fait le lien entre ce parfum qui m’a semblé très moderne et les soirées royales qui pourrait nous entraîner dans un univers un peu suranné. Je n’ai pas tellement aimé le départ que j’ai trouvé un peu commun mais, au fur et à mesure de l’évolution, je me suis rendu compte que je devais revoir drastiquement ma copie. « Délectation » est un cuir légèrement frais, rond, très nuancé et original. Vraiment Nejla Dsiri Barbir réinvente le style et le rend très accessible même à ceux qui pourraient être effrayés par le cuir. J’ai trouvé, finalement, ce parfum très intéressant. Il n’est peut-être pas très indiqué pour l’été quoi que je n’en sois pas sûr. Il compte une petite note un peu fraîche qui pourrait encore une fois me faire changer d’avis.

Avec « Orchard », Nejla Dsiri Barbir me rassure un peu plus dès la vaporisation. « Les premières notes pétillantes d’orange et de pamplemousse, accompagnées de géranium aromatique, éveillent vos sens dès l’aube, évoquant les allées bordées d’agrumes illuminées par le levé du soleil. L’harmonie florale de roses, jasmin et ylang-ylang se mêle aux arômes fruités de coco, framboise, pêche, fraise et de poire, suscitant un cœur opulent et gourmand, rappelant les banquets royaux et les cueillettes somptueuses ». Beaucoup plus estival, beaucoup plus pétillant mais peu-être un peu moins flamboyant, « Orchard » s’avère plus classique avec un départ très travaillé d’orange, de pamplemousse un peu amer et de géranium légèrement mentholé qui s’enrichit d’un coeur très floral fruité de rose, de jasmin, d’ylang-ylang, mais aussi de coco, de framboise, de fraise, de poire et d’abricot un peu enveloppé de notes amandées et même iodées qui se pose sur un fond boisé, ambré, musqué et vanillé. On parlerait aujourd’hui d’un floriental très réussi. Très franchement, j’ai bien aimé « Orchard ». C’est un floral fruité un peu vanillé très foisonnant et un peu sophistiqué. Peut-être plaira-t-il plus aux femmes mais je crois que je pourrais tout à fait le porter. Je l’ai trouvé frais, rond sans excès, assez ciselé et surtout résolument contemporain sans pour autant être trop segmentant. La parfumeuse renoue un peu avec un style plus foisonnant comme dans les créations de Sophia Grojsman ou d’Édouard Fléchier. En tout cas, « Orchard » est très joli, très facile à porter. Je lui souhaite vraiment le succès qu’il mérite.

Globalement, c’est un très joli début que les premières créations de la marque Castel qui vient de naître. Je me suis fait très plaisir à les découvrir. Je pense qu’il faut y revenir encore et toujours pour se les approprier mais c’est le propre de la parfumerie d’auteurs. Je ne connaissais pas le nom de Nejla Dsir Barbir mais, vraiment, j’aime son style et la faculté qu’elle a de passer du moderne au classique et du classique au moderne tout en douceur. Je trouve que Castel est une maison à suivre. J’ai hâte d’avoir des retours et, en tout cas, je lui souhaite longue et belle vie !

« 1 - Extrait de bouquet composé des plus belles fleurs. Notes d’aldéhydes et de mousse boisée s’inspirant de la parfumerie française des années 1930. 2 - Bal nocturne, à Paris. 3 - Voiles parfumés et enivrants. Les robes sont sublimées. 4 - Vintage chic. 5 - Un jour à Londres, quelqu’un a dit : This is so French ! »Je ne peux pas dire que je suis très attiré par BDK. Pour moi, il s’agit d’une marque très utile pour passer de la parfumerie grand public à des maisons plus segmentantes. Je crois que le genre de créations quelle propose sont vraiment indispensable à l’offre mais, peut-être suis-je un peu blasé, je m’ennuie un peu à quelques exceptions près comme « Nuit de Sable » ou encore « Rouge Smoking » dans sa version originale. J’étais passé complètement à côté de « French Bouquet » lancé en 2020 et créé par Amélie Bourgeois. C’est grâce à Emmanuelle, qui vient sur ce blog depuis le début que j’ai pu non seulement remettre mon nez dessus mais aussi porter cette composition sophistiquée, qui est, à mon sens, un néo-chypré faussement vintage et extrêmement bien construit. Pour moi, il plaira peut-être plus volontiers aux femmes mais je l’ai porté et j’ai bien aimé. Alors est-ce une « Exquise Trouvaille » ou un coup de coeur passager, je ne le sais pas encore. Cependant, je pense qu’il faut que je vous en parle maintenant à fin de ne pas trop diluer mes impressions.

Amélie Bourgeois

Le départ est construit autour de l’aldéhyde C12, de la coriandre et de la bergamote puis le coeur floral s’installe avec la rose du Maroc, le jasmin sambac et la fleur d’oranger de Tunisie. Jusque-là, rien de plus classique mais c’est le fond que je trouve surprenant. Après une évolution relativement courte, viennent des notes de labdanum d’Espagne, de tabac de Cuba qui peut sembler un peu incongru mais qui, finalement, fait sens avec les vétiver d’Haïti, la violette, le patchouli d’Indonésie, le santal et la fève tonka, décidément très présente dans les parfums que je découvre ou redécouvre cette année. Le côté sous-bois de la mousse de chêne n’est pas présent mais il est remplacé, finalement, assez bien par cette note vraiment tabac et fève tonka. J’ai porté ce parfum et je me suis senti projeté dans le Hollywood des années 30, entre films expressionnistes en noir et blanc et stars sophistiquées mais c’est comme si elles avaient rencontré les icônes punk des années 70. Légèrement décadent peut-être mais surtout très recherché, « French Bouquet », est pour moi, dans la lignée des chypres que j’aime comme « The Afternoon of A Faun » d’État Libre d’Orange qui aurait rencontré un peu vite « Mitsouko » de Guerlain. J’ai bien aimé ce parfum même si j’en possède d’autres dans le même esprit. Pour moi, il est facile à s’approprier et bigrement réussi.

Comme chaque mois, j’ai plongé mon nez dans mes doses d’essai pour porter quatre parfums très différents que je connais plus ou moins bien et je vais vous en parler. Je suis toujours très content de consacrer du temps à cette rubrique qui vous plait, je le sais, beaucoup. Parfois, je choisis les échantillons « au petit bonheur », donc un peu par hasard et, à d’autres moments, j’essaye de constituer une session cohérente ou inattendue de manière plutôt volontaire. Ce mois-ci, j’ai opté pour la première solution. Je me suis laissé porter par mes envies. Alors aurai-je un coup de coeur ? Vous le saurez en lisant la conclusion de cet article mais, avant tout, j’ai eu envie de vous parler de mon ressenti et j’espère que cela va vous intéresser.

Il y avait longtemps que je voulais essayer « Décou-Vert » créé par David Maruitte pour la collection classique de la marque italienne Laboratorio Olfattivo en 2012 et j’en ai eu l’occasion. J’ai même pu le porter complètement. « Décou-Vert est une vraie découverte, créée pour rassembler trois différents types de parfums: les parfums floraux, les parfums aux véritables notes végétales et les parfums "vert". Si vous fermez les yeux, vous pouvez voir les fleurs de Magnolia qui inondent le Jardin du Luxembourg... Vous êtes complètement enivrés par les effluves des fleuristes parisiens, par leurs sourires, par les surprises constantes qu’autant Décou-vert que Paris sont capables de vous offrir ». Dès l’envolée, je me suis senti au coeur de mes goûts habituels avec ce parfum vert, très fusant et pourtant doux. L’envolée de muguet et de notes vertes (probablement de galbanum) nous emmène sur un coeur floral de toute beauté ou l’on retrouve, de manière extrêmement cohérente, le magnolia travaillé d’une manière un peu aquatique, le lilas et le jasmin. Après une évolution assez rapide, le parfum se pose sur un fond de muscs blancs, d’accords boisés assez légers et la marque évoque le pollen de magnolia. J’ai vraiment beaucoup aimé ce parfum. Je l’ai trouvé complètement dans ma zone de confort comme on dit. Il est frais et pourtant floral, très élégant, un peu « mouillé ». Il m’a rappelé l’esprit de « Vacances » de Jean Patou que j’aimais beaucoup, avec, tout de même une petite dimension italienne très intéressante. Je parle peu de Laboratorio Olfattivo et j’ai tort. C’est une très belle maison abordable. « Décou-Vert » est, avec plusieurs des Cologne réalisées par Jean-Claude Ellena, mon préféré. Je le sais maintenant. C’est un véritable coup de coeur et je pourrais tout à fait le porter.

« Une escapade sur le bleu profond de l’océan. La caresse du vent sur le visage, des notes marines qui flottent dans l’air, une sensation de liberté et sentiment d’extase. Curaçao Bay est un voyage vers les horizons lointains. A l’infusion naturelle d’Ambre Gris, rare, s’ajoutent des notes iodées qui font de ce parfum une composition authentique, océanique et chaude ». Ces derniers temps, j’entends plusieurs d’entre-vous parler de « Curaçao Bay », créé par Cécile Zarokian pour Jacques Fath en 2015. Ce n’est pas une découverte. Je l’avais déjà essayé il y a quelques années et, si j’avais assez aimé, il n’avait pas été, bien loin de là, mon coup de coeur dans la marque même s’il cochait toutes les cases. Il allie un départ de citron, de mandarine, de petit grain de bigarade, d’orange et de notes vertes à un coeur de fleur de frangipanier et de cassis parsemé de notes marines puis à un fond de muscs, d’ambre gris et de notes boisées. Sur ma peau, il est vrai que c’est un trio de notes, celles, salines, de la calone qui pourraient me déranger mais qui passent plutôt bien avec la fleur de frangipanier et les agrumes. C’est un solaire un peu marin et il est vrai que Cécile Zarokian l’a rendu plus singulier que ce à quoi je m’attendais. En revanche, sur ma peau, s’il est joli comme tout, il ne me provoque pas franchement d’émotion et je n’ai pas spécialement envie de le porter. Je ne saurais pas dire pourquoi car rien ne me dérange. C’est juste que je n’arrive pas à en retenir l’effluve. Il ne matche pas complètement et je le regrette car je le trouve vraiment très réussi si je veux avoir une once d’objectivité.

J’ai eu l’occasion de redécouvrir tous les opus de L’Atelier Parfum. J’en ai d’ailleurs écrit une revue assez complète je pense. C’est à dessein que je n’avais pas parlé de « Burning for Oud » composé par Alexis Dadier pour l’Opus 2 en 2022. « Dans la pénombre d’un salon feutré, un fauteuil de cuir moelleux appelle à la détente. Sur la table basse, l'ambre d'un whisky millésimé capte la lueur du feu qui crépite. Un parfum d’Orient flotte dans l'air, enveloppant la pièce d'un silence presque mystique. Un pur moment de plaisir, rien que pour soi ». Ce parfum n’avait rien pour me plaire et pourtant, il allie le côté ethnique d’un « Macassar » de Rochas hélas discontinué à l’idée très élégante d’un club anglais. C’est un peu la rencontre de l’Orient avec l’Occident dans ce parfum ethnique et pourtant ultra-élégant. Le départ est très épicé avec un accord ambré associé au poivre rose et au gingembre. Au coeur le patchouli et le cèdre de l’Himalaya jouent avec un safran très dense qui confère une complexité à la composition. Le fond de papyrus, d’encens et de rhum est d’un rare équilibre. Je ne sais pas du tout si je pourrais porter ce parfum mais j’ai beaucoup aimé le découvrir. Je l’ai trouvé singulier et très intéressant. En outre, il est vendu, pour une composition aussi complète et qualitative, à un prix plutôt attractif. J’ai beaucoup aimé ce parfum. Il m’a séduit d’un point de vue artistique. Je sais reconnaitre que mes goûts s’en éloignent mais j’aime bien le sentir.

J’ai essayé, je crois, pour la première fois « Sun Bleached » créé par Jérôme di Marino pour Une Nuit Nomade en 2021. Le parfumeur en explique l’inspiration : « A Oman, j'ai été émerveillé par l'image d'une lumière radiante blanchissant du linge blanc suspendu au soleil. Les 'Dishdashas', vêtements traditionnels protégeant les hommes du désert de la chaleur. Cette odeur de propreté, chauffée par le vent de sable, m'a inspiré la création de 'Sun Bleached', une fragrance lumineuse et pleine de contrastes ». Comme ça, sur le papier, la pyramide est assez simple avec un départ de bergamote et de cardamome avec le côté enveloppant de l’ambrette, un coeur très fleurs blanches et un fond de muscs blancs, de myrrhe, de vanille et de santal et je ne savais pas trop à quoi m’attendre or, quand je l’ai posé sur ma peau, j’ai trouvé qu’il y avait quelque chose de très doux sans être doucereux. Ce qui m’a frappé, c’est l’équilibre entre les notes épicées fraîches, presque froides, le versant floral et un fond musqué et légèrement rond. Nous n’abordons pas le parfum de plage comme d’habitude et pourquoi pas ? Le parfum est ultra moderne, très subtil et, en même temps vraiment délicat et facile à porter. Il n’est peut-être pas réellement un coup de coeur mais, je dois bien le dire, j’ai bien aimé cette composition toute en facettes et un élégance.

Alors ai-je eu un coup de coeur ou non ? Clairement, j’ai préféré « Décou-Vert ». Je pourrais tout à fait me l’approprier. C’est un vrai beau parfum d’été. J’ai aimé les autres mais je ne sais pas si je pourrais vraiment les porter. En fait, je me suis projeté avec celui-ci et j’ai un peu oublié le reste de mes essais même s’il s’agit, c’est vrai de très belles créations.

Il y a déjà longtemps, j’ai beaucoup porté « Sel de Vétiver », créé par Céline Ellena Nezen pour The Different Company en 2006. La marque a arrêté ce parfum mais ressort quelques flacons en éditions limitée comme elle l’avait fait pour « Rose Poivrée » et « Bois d’Iris ». Pour ma part, c’est Stéphanie R qui m’a permis de remettre mon nez sur cette pépite de la parfumerie ainsi décrite par la marque : « Je suis une image fugace, aperçue un jour de pluie trop rare, quelque part en Afrique, bercée par le son de incantations vaudou et le mystère des danseurs qui s’abandonnent, jusqu’à épuisement… Je suis inspiré d’un Vétiver d’exception, que ma parfumeuse a frotté délicatement entre ses doigts, laissant échapper un parfum amer sec. Tantôt brûlant, je vous rappelle aussi l’odeur de la pluie qui tombe, le sillage musqué des madras colorés et celui des épices. Je suis une harmonie salée et douce à la fois, sensuelle et fraîche, celle de la peau après un bain de mer. Je suis un parfum qui n’en fait qu’à sa tête et à votre peau, une sensation de sec mouillé envoûtant, d’une fausse simplicité qui s’offre à vos papilles olfactives. Je suis Sel de Vétiver ». Je suis très amateur des premiers parfums de The Different Company (des nouveaux aussi très souvent d’ailleurs) et je trouve qu’il s’agit d’une marque un peu sous-évaluée. « Sel de Vétiver » est, pour moi, l’une des plus belles création autour de cette matière première emblématique et je suis très nostalgique de l’effet qu’il produit sur moi.

Céline Ellena

C’est un parfum d’exception, élégant, très addictif. Il m’emmène dans une soirée des années folles à Long Island, près de New York, sur les traces du Jay Gatsby de Fiztgerald. Je l’imagine porté par des hommes en costumes blancs et panama ou par des femmes dansant le charleston avec un bonnet perlé. Je ne sais pas pourquoi il m’évoque ce genre de scène mais il m’a toujours fait penser à ça. Je l’aime dès l’envolée de cardamome et de pamplemousse à la fois un peu amère et acidulée. Le vétiver d’Haïti vient, au coeur, se mêler au géranium légèrement mentholé et à la livèche, une plante herbacée rappelant un peu le céleri. Puis, le fond d’iris et d’ylang-ylang « assois » le parfum si j’ose dire en délivrant des effluves de sel de mer. C’est un parfum de vacances, étonnant, très original mais pas seulement. Pour moi, il est la quintessence de la finesse et de l’élégance en parfumerie. J’ai beaucoup porté ce parfum dans les années 2008 et 2009. Je crois que j’ai reçu énormément de compliments alors que je le pensais très discret. Je regrette vraiment que la marque ait supprimé ce parfum. Je crois qu’il contenait une matière aujourd’hui interdite en France. C’est dommage. En tout cas, j’ai apprécié de pouvoir, même de manière éphémère, le porter car je suis un peu nostalgique de cette grande époque de The Different Company et des parfums que la marque proposait. J’en évoquerai sans doute d’autres prochainement.

*Article entièrement réécrit

Depuis que je l'ai découverte il y a longtemps maintenant je suis émerveillé par les créations de la maison Floris London. Je connaissais bien évidemment la boutique sur Jermyn Street à Londres mais je n'avais jamais vraiment senti les parfums. C’est donc en France que j’ai réussi à aborder cette marque « So British » et à m’y intéresser de très près. Très anglophile depuis toujours, l’idée de porter l’une des marques anciennes et indépendante de la parfumerie britannique me faisait très envie. J’ai eu la chance d’avoir accès à la presque totalité de la collection et je me suis rendu compte que les eaux de toilettes étaient très abordables en terme de prix et d’un classicisme élégant qui les rendaient très faciles à porter. Après quelques temps de réflexion, j’ai donc acquis ma première fragrance chez Floris.

Je n’ai pris aucun risque en choisissant l’emblématique « N°89 » lancé en 1951 et qui fut, le parfum de Sir Ian Fleming, auteur des James Bond. « L’orange et la bergamote mélangées avec la lavande et le néroli donnent à N° 89 son aspect classique d’eau de Cologne. Réchauffé par une touche épicée de noix de muscade, le cœur floral est souligné par un accord boisé dominant de bois de santal, bois de cèdre et vétiver dans cette fragrance emblématique des gentlemen anglais ». C’est un aromatique un peu fleuri, très complexe, dans lequel la lavande rencontre des notes d’ylang ylang et de géranium rehaussés par la traditionnelle bergamote qui persiste lorsque le parfum se développe sur la peau. Le « N°89 » est une véritable création. Aujourd’hui, si je ne le porte plus vraiment, j’ai toujours l’occasion de le sentir. J’ai toujours aimé le côté un peu suranné de ce parfum absolument incroyable qui a su traverser les décennies sans vraiment changer. Il est une valeur sûre. Vraiment, il faut le découvrir. Dans le style vintage, il est, à mon sens, à l’instar de « Blenheim Bouquet » de Penhaligon’s, il est un incontournable de la parfumerie traditionnelle anglaise.

« Mon » Floris est surtout « Chypress » depuis sa sortie en 2017. Il s’agit d’un chypre comme son nom l’indique mais travaillé plutôt de manière très contemporaine, notamment en ce qui concerne les notes de fond. « Tissé de zestes de bergamote pétillants, enveloppés de fleurs d'oranger crémeuses et d'un musc chaleureux et enveloppant, ce parfum est une déclaration d'être. Il illumine la ville du matin au soir. Voici votre signature. Inimitable et captivant, un chypre floral raffiné pour une nouvelle ère. Opulent et énigmatique, il est là pour les bons comme pour les mauvais moments. Une part de vous-même, une constante dans un monde en constante évolution ». Après une envolée réjouissante, ce parfum, réalisée sous l’égide d’Edward Bodeham, le directeur artistique, est une vraie pépite. Il explique : « Ce parfum a été créé pour incarner la beauté et l'élégance discrète. L'éclat de la rose, de la bergamote et de la fleur d'oranger contraste avec les notes profondes, riches et tenaces du patchouli, de l'ambre et du musc. Une combinaison captivante qui exprime l'aspiration, le charisme et la sophistication de celle qui porte Floris ». L’envolée de bergamote associée au citron, à la fleur d’oranger et au néroli peut sembler très classique ainsi que le coeur très floral de jasmin, de rose, d’osmanthus très abricoté et d’ylang ylang qui demeure de toute beauté. C’est le fond que je trouve assez singulier car le patchouli n’y est pas associé à la mousse de chêne mais à la vanille, à des muscs blancs et à un accord ambré. « Chypress » est donc plus rond qu’un chypré habituel. Je ne l’ai pas porté depuis un petit moment mais le fait d’avoir remis mon nez dessus m’a donné envie tant il est élégant et particulièrement réussi.

L’un de mes cous de coeur va à « Elite », sorti en 1980 et qui est à mi-chemin entre aromatique fougère et cuir. Son côté élégant, fumé mais, également frais et aérien me séduit. La marque le décrit ainsi : « Inspiré par la Lotion Elite de 1851 : une fragrance verte et fraîche avec un riche caractère boisé résineux évoluant avec de l'ambre, des muscs et une pointe de cuir à la base ». Attention, contrairement au « N°89 », il peut être un peu clivant. Je le trouve très difficile à décrire car il est aux confins d’une fougère, d’un aromatique et d’un cuir. Il s’ouvre sur des notes de bergamote, de citron, de baies de genièvre et de pamplemousse rehaussé de petit grain très présent. Le coeur, est une association de sapin baumier, de laurier et de lavande qui nous conduits sur un fond composé de notes ambrées et cuirées, soutenues par le patchouli, le cèdre et le vétiver. Je pense que « Elite » plaira sans doute davantage aux hommes mais pourquoi ne rejoindrait-il pas des peaux féminines ? Il n’y a pas de règle. Pour moi, cette composition se situe entre classicisme et originalité. Il ne ressemble à rien d’autre que j’ai pu sentir. Je le trouve addictif et pourtant, parfois, il me dérangerait presque. C’est peut-être pour cela que je ne le porte plus vraiment mais il est quand même incroyable.

« La fraîcheur pétillante et acidulée de la bergamote et de la mandarine s'ouvre sur un accord vert distinctif et la délicatesse de la jacinthe. Le cœur révèle un bouquet de fleurs : jasmin, rose délicate et ylang-ylang sensuel s'entremêlent pour créer une expérience olfactive intemporelle et élégante. La fragrance résonne sur un fond d'ambre chaud, de musc velouté et de riches notes terreuses de mousse de chêne et de patchouli, créant une sensation d'élégance et de nostalgie ». On ne peut pas évoquer la parfumerie anglaise sans se pencher sur un vrai floral et c’est le cas de « Edwardian Bouquet », lancé en 1901. Je le trouve absolument magnifique et j’ai toujours eu envie de le porter. Le départ est très vert, très floral avec la bergamote, le galbanum, la jacinthe et la mandarine mais c’est surtout le coeur très solaire et un peu poudré de jasmin, de rose et d’ylang-ylang qui donne à ce chypre très classique, un côté ultra floral absolument élégant. Le fond de patchouli et de mousse de chêne se pare de notes de bois de santal très douces et profonde, d’accents très poudrés, de muscs blancs, le tout associé à un accord ambré. Même s’il est très ancien, je trouve « Edwardian Bouquet » étonnamment actuel et presque contemporain. C’est un chypré floral comme je les aime… comme je les désire. Peut-être qu’un jour, je me laisserai tenter par ce sillage « so chic ».

J’aime presque tous les parfums de la maison Floris, qu’ils soient historiques où moderne. D’ailleurs, j’ai tout à fait accroché avec « Wilde » sorti l’an dernier. Quand j’ai sélectionné quatre création pour cet article, j’ai essayé de me laisser porter sans trop me cantonner à mes goûts et pourtant j’y suis revenu. C’est comme ça et je l’assume tout à fait. Pour moi, Floris London est « la » marque de haute parfumerie anglaise. On la trouve difficilement sur le continent et c’est dommage car, vraiment, elle recèle des merveilles. Même les deux ouds qu’elle propose sont élégants ! En tout cas, j’ai été ravi de remettre mon nez sur ces parfums merveilleux et j’espère vous donner envie de les découvrir.

C’est sur une idée d’Emmanuelle, qui suit ce blog depuis le début, que nait cet article. Elle m’a, en effet, demandé, quels ont étés mes plus gros coups de coeur de ces derniers mois. Il y en a eu quelques uns et j’en ai retenu quatre dont un qui est plus un coup de foudre. Mais j’anticipe. Je vais le garder pour la fin. En fait, les engouements en parfumerie sont souvent nombreux. Je suis très attentif aux sorties mais aussi, parfois, je vais chercher parmi les parfums qui existent depuis quelques temps, voire longtemps. Ces derniers mois, j’ai surtout couru les lancements et il est vrai que j’ai été impressionné, entre-autres, par la qualité des parfums Phenom, une toute nouvelle maison qui a vu le jour début 2025 et aussi par quelques sorties de ce début d’année qui a été foisonnant il faut bien le dire. Alors qu’entendre par coup de coeur ? Des parfums qui m’ont impressionné ou ceux que j’ai envie de porter ? Ce ne sont pas toujours les mêmes. J’opterai pour la seconde solution car, tout simplement, ceux que je porte sont plus près du coup de foudre que du coup de coeur.

Je parlais de Phenom et je vais commencer par là avec « Fleur de Socotra », créé en 2025 par Chris Maurice. Il en décrit ainsi l’inspiration : « Avec Fleur de Socotra, j’ai voulu capturer l’éclat d’un bouquet solaire et exotique. L’ouverture fruitée de bergamote, mandarine et pêche apporte une lumière vibrante, avant de laisser place à un cœur opulent de jasmin sambac, tubéreuse et ylang-ylang. En fond, la vanille, le chocolat blanc et le santal enveloppent la peau d’un sillage doux et sensuel. Un hommage aux fleurs baignées de soleil, à la fois audacieux et envoûtant ». Le départ est déjà très attirant avec la douceur de la mandarine, de la pêche et de la bergamote de Calabre associée à cette note de davana si particulière. Au coeur, je me sens tout à fait dans mon élément car le jasmin sambac se marie parfaitement avec la tubéreuse et l’ylang-ylang qui est l’une de mes notes fétiche. Après une longue évolution, cet extrait de parfum se pose sur un fond plus gourmand de chocolat blanc et de vanille avec des accents de bois de santal et de muscs blancs. « Fleur de Socotra » est vraiment un parfum solaire d’un nouveau genre, plus discret, plus facetté, mais il garde le côté ylang-ylang sur ma peau en tout cas. J’ai eu un coup de coeur pour ce parfum dès que je l’ai senti. Je pense qu’il est sans conteste l’une des créations que je porte le plus cet été. Il est vraiment unique et c’est aussi ce que je cherche dans la parfumerie d’auteurs.

Parmi les sorties 2025, j’ai aussi un énorme coup de coeur pour « Daphne Bouquet », le nouveau parfum créé par Antoine Lie pour la collection British Tales de Penhaligon’s. J’en attendais beaucoup et je dois dire que je ne suis pas déçu. « Un folklore parfumé de feuilles de cassis et de pamplemousse jaillit d'un lit de mousse et de vétiver. Le thym transforme la fleur de daphné, délicatement suspendue entre le printemps et l'été, en une fleur resplendissante de laurier, de rose et de lavande». Pour moi, il s’agit plutôt d’un néo-chypré qui s’ouvre avec la beauté d’un bourgeon de cassis très « croquant », très vif qui nous entraîne sur ce coeur recomposé de daphne odora, une fleur très reconnaissable et très capiteuse puis le fond de muscs et de mousse de chêne vient compléter ce tableau pointilliste. J’ai adoré ce parfum dès que je l’ai senti. Dans mon entourage, j’ai entendu : « il est tout à fait pour toi » et c’est absolument vrai. Je crois qu’il me convient exactement. C’est assez rare pour le mentionner. En tout cas, je le porte pas mal mais je suis sûr que j’en profiterai un peu plus encore à la rentrée.

Le troisième parfum que j’ai choisi est une re-découverte. Quand je l’avais senti pour la première fois, j’étais complètement passé à côté et je me rends compte aujourd’hui qu’il m’a fallu le porter pour l’apprécier à sa juste mesure et comprendre qu’il me convenait tout à fait. Il s’agit de « 1992 Purple Night » de la maison Les Bains Guerbois. Créé en 2021 par Dominique Ropion, ce travail autour de la tubéreuse est un réel coup de coeur. « La puissance narcotique de la tubéreuse fait tourner les têtes. Elle délivre un nectar aux notes de miel et de fleurs des Iles. La mandarine, pétillante et doucement acidulée, tente de dompter les notes chaudes et terreuses du patchouli terriblement énigmatique ». Le parfum est assez simple avec une pyramide courte et diablement efficace. Le départ de mandarine est très doux et nous emmène sur ce coeur de tubéreuse indienne et de jasmin égyptien qui me prend séduit beaucoup plus sur ma peau que sur touche. Le parfum se complexifie avec un fond construit autour d’un accord tabac et daim ainsi qu’une variété plutôt douce de patchouli d’Indonésie. Quand je le porte, je le garde vraiment toute la journée et il ne m’agace jamais. C’est un signe. Je ne suis pas du tout sensible à la musique de Prince dont il est inspiré mais le côté réjouissant de la fragrance me touche énormément.

Quand on m’a dit que la prochaine création de Camille Goutal et Isabelle Doyen pour 2024 serait un bois de santal avec des notes gourmandes, j’ai pensé qu’il ne me plairait pas mais, et ce sont les bizarreries de la parfumerie, une fois qu’il a été posé sur ma peau, il m’a vraiment donné envie. J’ai attendu qu’il sorte avec une impatience totale. La formule 100% naturelle limite les possibilités du parfumeur et pourtant, Isabelle Doyen et Camille Goutal ont su, grâce à des matières premières absolument magnifiques, créer un parfum aux accents gourmands sans aucune ressemblance avec ce que je connaissais déjà. Oui, « Comme Un Gant » porte bien son nom ! « Venise… La Biennale… Au creux d’une œuvre immaculée danse la lumière. Nimbés d’un halo mystérieux, les volumes délicats en papier de soie froissée, ici transparents, là duveteux, inspirent ce sillage abstrait, boisé et pourtant radieux. Une émotion intense en nuances de blanc. Une odeur qu’on croirait toucher. Une seconde peau à porter seule… ou en duo avec un autre parfum ». Là encore le départ de cardamome et de noix de coco vient envelopper un coeur de santal et un fond de vanille et de vétiver. La qualité de la vanille est absolument exceptionnelle. Pour moi, c’est sans doute l’une des plus belles que j’ai jamais sentie. En tout cas, je me suis laissé porter par cette composition qui, sur le papier, n’avait rien pour me plaire mais que j’ai portée tout l’hiver. J’attends d’ailleurs que les températures baissent un peu pour le ressortir. Pour moi, c’est le coup de foudre de ces derniers mois.

Voilà, j’espère avoir répondu correctement à la question. Il y a du en avoir d’autres mais je ne voulais pas écrire un article exhaustif. L’expression écrite sur internet se doit de n’être pas trop longue. En tout cas, oui, je m’émerveille toujours, c’est un fait. Mon dernier coup de coeur en date est « Charade » de Sarah Baker qui aurait pu figurer dans cette liste mais peut-être écrirai-je une suite… qui sait…

 

 

 

Qu’il soit faussement solinote ou travaillé de manière plus complexe, le jasmin est une fleur incontournable en parfumerie. En écrivant cet article, je n’ai absolument pas la prétention de dresser une revue exhaustive de tous les parfums qui en contiennent mais plutôt de revoir ceux qui m’ont plu et peut-être les classer en différentes catégories. Le jasmin (particulièrement celui de Grasse qui est très différent de celui cultivé en Inde par exemple) est une matière première qui vaut de l’or et qui permet un éventail de compositions diverses et variées. J’ai cherché quatre créations que je trouve quand même emblématiques du travail des différents jasmins utilisés en parfumerie (grandiflorum, sambac ou égyptien) et j’avais l’embarras du choix. L’odeur enivrante de cette fleur blanche, avec son versant vert et un autre très animal, m’a séduit voire même un peu fasciné.

Évidemment, le premier parfum qui m’est venu à l’esprit est « Jasmin de Pays » créé en 2019 par Jean-Claude Ellena pour la Collection de Grasse de Perris Monte Carlo et dont il exprime ainsi l’inspiration : « J’ai pour le jasmin une dévotion qui me vient de mon enfance à Grasse. Enfant, à l’aube je cueillais une à une entre le pouce, l’index et le majeur, la fleur de jasmin d’un blanc transparent de porcelaine, son odeur tendre, verte et légère m’enivrait. Vers midi, les derniers pétales de craie blanche embaumaient une odeur chaude de fleur d’oranger. Les fleurs oubliées et jaunies exhalaient le soir venu des senteurs fauves, animales et profondes. Si son odeur variait au rythme de la journée, son caractère ne changeait pas. Il y avait dans cette prise de conscience, œuvre de la nature, suffisamment d’informations pour penser autrement le parfum et jouer avec ses éléments existants et varier les effets, afin que le parfum soit unique et demeure éternellement jasmin ». Dès le départ, le jasmin grandiflorum de Grasse prend toute sa place et c’est une ode à cette fleur à la fois animale et un peu verte qui s’accompagne de clou de girofle, d’une note que je dirais amandée et de muscs blancs. J’ai pas mal porté ce parfum et je le connais bien. J’avais eu la chance de le découvrir un peu avant sa sortie. Pour moi, il demeure une ode à l’une des fleurs reines de Grasse. Je dois dire qu’il m’a beaucoup séduit. À mon sens, il est l’un des plus beaux « faux solinotes » du marché. Jean-Claude Ellena est un virtuose et ce n’est pas nouveau. Il ne pouvait que transcender cette fleur blanche emblématique. Sur ma peau, il est assez envahissant à la vaporisation puis il se fond un peu et devient plus proche. Vraiment, je l’aime beaucoup.

J’ai hésité à vous parler de « Madagascan Jasmine » créé en 2015 pour la marque australienne Grandiflora car il est extrêmement difficile à trouver en Europe. Nous l’avons eu pendant quelques années à Lyon et je l’ai beaucoup porté. Peut-être que quelques uns d’entre-vous le connaissent. Il a été composé par Michel Roudnitska et allie également le jasmin grandiflorum de Grasse avec un accord vert et gentiane presque amer. Il n’a pas la rondeur du précédent mais peut-être est-il encore : « Le jasmin de Madagascar est un parfum unique et sophistiqué. Connu comme fleur nuptiale dans l'hémisphère nord, il est l'une des fleurs préférées de la grotte Grandiflora ». Pour moi, il est sans doute le plus approchant de la fleur avant distillation. Cette recréation du parfumeur s’est voulue très spirituelle sans être mystique. Quand il nous l’avait présentée en conférence, Michel Roudnitska m’avait vraiment donné envie de le porter et il est vrai que j’ai toujours beaucoup aimé son travail. J’ai vraiment adoré porter ce parfum qui a été « mon jasmin » et m’a probablement donné envie de cette note. Je n’ai jamais retrouvé d’autre création dans lequel, même si elle revêt une certaine sophistication, le côté épuré ressort autant. Il a un versant vert et très vif et un autre presque aquatique qui met en valeur la note de jasmin travaillée de manière florale et non pas sur sa facette animale et indolée qui peut parfois me déranger.

Le plus opulent et le plus sophistiqué des parfums que j’ai choisi de retenir dans cette sélection est un peu étonnant car, selon les peaux, ressort la rose, la tubéreuse ou, et c’est le cas sur moi, le jasmin. Il s’agit de « 3 Fleurs » composé en 2009 par Marc-Antoine Corticchiato pour la collection classique de sa maison Parfum d’Empire. « 3 Fleurs raconte une histoire tissée avec les fils de l’amour tel qu’on le conçoit dans les grandes civilisations. Les larmes de sève verte du galbanum, une menthe croquante, une qualité de rose renversante, la blancheur diaphane d’un jasmin sophistiqué et le caractère sauvage de la tubéreuse… Un vrai floral, tout en pétales, renforcé par un cocktail de muscs blancs. Construit comme un bijou élégant. La peau l’aspire. C’est une promesse tenue… ». Très honnêtement, il m’a fallu apprivoiser ce parfum très opulent, pas facile, particulièrement segmentant. Après un départ de rose, de menthe et d’ylang ylang de toute beauté, la tubéreuse, le jasmin, la rose parsemées de notes de géranium et d’iris viennent prendre une place importante, avec un sillage très large et complexe qui fait que chacune des trois fleurs mises en vedettes se répondent, se cachent et reviennent. C’est un parfum floral mais également charnel et animal qui renforce en fond, avec des muscs recréés par la chimie et les fleurs. Cette composition, l’une des rares résolument florales de son auteur, n’est pas facile. Je pense même que j’ai été, quand je l’ai découvert, un peu dérangé par l’opulence de son sillage et surtout, sur ma peau, par l’omniprésence d’un jasmin que je pense plutôt exotique que grassois. En tout cas, j’ai appris à l’apprivoiser et je dois dire que, maintenant, je trouve qu’il fait partie non pas des belles créations de Marc-Antoine Corticchiato mais de ses grands parfums.

Cette année, je porte la création la plus solaire de ma sélection. Je dois dire que c’est un coup de coeur. Il s’agit de « Jasmine of Athens » créé par Theodoros Kalotinis pour sa maison éponyme en 2021. La marque le décrit ainsi : « Pour créer cette fragrance, Jasmine Of Athens, Theodoros Kalotinis s'est laissé inspirer lors de ses déambulations dans les ruelles d'Athènes. Là, lors d'une journée ensoleillée, le jasmin a suscité une danse enjouée avec son cœur. En cueillant une fleur du buisson de jasmin, il s'est dirigé vers l'Acropole. Là-haut, une brise caressait délicatement ses émotions, et une sensation de liberté l'envahissait. Soudain, le besoin de graver dans son esprit ces notes uniques, celles qui invitent chaque personne à explorer ses rêves les plus profonds, s'est fait sentir. Une explosion authentique de fraîcheur et d'énergie s'exprime à travers des accords de vanille, conférant à la fragrance une délicate sensation poudrée, avec la présence affirmée de l'absolu de jasmin et de la fleur de tiaré. Jasmine Of Athens vient séduire chacun avec son parfum exceptionnel ». Pour ce faire, le parfumeur a allié le jasmin déjà floral, presque crémeux et solaire de son pays avec la fleur de tiaré que je trouve particulièrement bien travaillée. Bien sûr, vous me direz que je suis un peu hors-sujet car elle prend, avec la vanille, beaucoup de place, mais je trouve que le jeu de ces trois matières premières qui peuvent sembler un peu antinomiques, est du plus bel effet. Sur moi, ce parfum, c’est ma peau baignée de soleil… mais sans soleil. Le jasmin et la fleur de tiaré associées à cette vanille légèrement épicée donne quelque chose d’exotique comme une invitation au voyage. J’aime vraiment énormément ce parfum. Il m’accompagne beaucoup cet été.

J’ai eu envie d’aller explorer quatre créations très différentes pour parler de « sa majesté le jasmin », fleur emblématique de la parfumerie. J’aurais pu citer de très belles créations telles « Jasmin et Cigarette » d’État Libre d’Orange, « Jasmine OD » de Heeley ou encore le sublime « À La Nuit » de Serge Lutens, j’en passe et de très beaux mais j’ai préféré me concentrer sur des compositions que je connais vraiment bien. J’espère nous partagerons d’autres idées de jasmins plus ou moins travaillés. En tout cas, si j’en porte moins aujourd’hui, je suis toujours content d’y remettre mon nez. Le jasmin, qu’il soit de Grasse, d’Inde, d’Égypte ou d’ailleurs, offre de nombreuses perspectives car chaque variété donne des notes vraiment différentes. Le sujet est inépuisable.

Il y avais déjà quelques mois que j’ai découvert les parfums Marylise Mirabelli, une marque née en 2022 et qui compte, à ce jour trois extraits vendus en flacons de 30 ml et composés par Camille Chenardin et Ella Chiche. C'est grâce à Mounir de la parfumerie Rue de la Beauté d'Honfleur que j'ai eu envie de remettre mon nez dessus et je ne l'ai pas regretté. Les trois extraits sont très beaux. que Je dois dire que je trouve le rapport qualité-prix vraiment excellent et que je j’ai eu énormément de plaisir à les découvrir. Je vous ferai sans doute une revue de ces trois compositions plus tard mais, pour l’heure, je voudrais vous parler d’un coup de coeur que j’ai eu lorsque j’ai découvert « Dianesque » créé par Elia Chiche en 2022 et que la marque décrit ainsi : « Dianesque est le parfum audacieux par excellence, une fragrance florale épicée inoubliable. Sa composition unique dégage une fraîcheur poudrée, rehaussée d'une pointe d'épice chaude avec le cumin, et un fond de cuir lui procurant ce caractère "Rock Vintage" si particulier. Une violette légèrement sucrée, alliée à des baies roses et des effluves aux notes fumées, créent l'atmosphère inédite des abords d'un concert mythique. Son coeur floral poudré d'iris et d'héliotrope, et la fraîcheur des fleurs blanches lui confère un sillage aérien, lentement enveloppé des notes de vanille brute qui ajoutent des touches plus rondes, et s'associent au vétiver, au cuir et aux muscs blancs pour un sillage cuiré sexy. Un parfum de caractère qui ne laissera personne indifférent ». Il est présenté comme un grand féminin mais qu’à cela ne tienne, je l’ai posé sur ma peau lorsque j’en ai eu une dose d’essai et je dois bien admettre qu’il m’a séduit complètement.

Elia Chiche

« Déterminée à séduire, cette beauté fatale mets toutes les chances de son côté. Le son de ses talons résonne et son parfum enivrant se mêle aux senteurs de la nuit. Entre fraîcheur délicate et douceur poudrée, elle n'hésitera pas à surprendre par son côté épicé », tels sont les mots de la créatrice pour évoquer l’inspiration, Diana Ross, de cette composition sophistiquée, qui plaira peut-être un peu plus aux femmes mais que je pourrais tout à fait porter. L’envolée est déjà très étonnante avec le côté pétillant du poivre rose opposé à une note fumée très prononcée (en tout cas sur moi) et à la feuille de violette, terreuse, poudrée et légèrement verte. Vient ensuite un accord de fleurs fraîches un peu vert et vif qui est contrebalancé par des notes amandées d’héliotrope et poudrée d’iris avec un côté très animal et épicé apporté par le cumin. Le fond de vanille (très qualitative), de vétiver, de muscs blancs et de cuir en fait un parfum ultra-atypique. Il ne plaira pas à tout le monde mais, vraiment, j’ai adoré le porter. Il est bien probable qu’il intègre un jour ma petite liste d’achats en prévision. En tout cas, il m’a plu et au-delà de ce que j’attendais. J’ai vraiment un plaisir non dissimulé à a vous parler de cette maison vraiment confidentielle mais très intéressante que j’ai découverte récemment et particulièrement de cette création d’Elia. Chiche dont j’aime de plus en plus le travail.

C’est avec un certain plaisir que j’ai découvert, au hasard de mes petites quêtes parfumées, une marque française qui soigne autant ses jus que son packaging. Il s’agit de Mad et Len créé en 2007 par Sandra Fuzier et Alexandre Piffaut et qui ont voulu réinventer le style des apothicaires du début du XXème siècle en proposant des parfums pour soi mais aussi des pots pourris « rechargeables » et de très belles bougies dans un packaging noir, sobre et chic. J’ai bien aimé le concept mais je vais me concentrer sur quatre des créations « pour soi » que j’ai pu essayer. Je dois dire que je suis vraiment très surpris par l’évolution de ces parfums. Alors coup de coeur ou simple curiosité, je ne pourrais le dire mais je vous emmène dans l’univers noir sur noir de Mad et Len.

Alexandre Piffaut, créateur des fragrances

« Le choc entre les fragrances et les couleurs crée un indescriptible, un inattendu parfum dans lequel réapparait l'arôme brut du crayon de craie usé par le charpentier ». Sorti en 2010, « Graphite » existe aussi en version pot pourris et je dois dire qu’il coche toutes les cases pour moi. L’ouverture me fait penser à de l’encre et du papier soutenu par le côté propre et poudré des muscs blancs. Le coeur est résolument camphré et très baumé, relevé d’essence de pin et le fond est un cuir de Russie plutôt habituel. « Graphite » est, de ceux que j’ai découvert, le plus classique. Il a un côté résineux et j’ai déjà senti ce genre de fragrances sur certains de mes amis mais, il faut le dire, je trouve que le parfum est bien réalisé et les amoureux de boisés résineux et un peu aromatiques seront, je le pense, facilement attirés par cette fragrance très contemporaine et profonde. Pour ma part, il me fait un peu trop sortir de mes goûts habituels et je ne suis pas certain que je pourrais le porter mais je reconnais qu’il s’agit d’une composition intéressante, complexe, presque minérale. Je l’ai trouvé très intéressante et à découvrir absolument.

Mon deuxième choix, totalement arbitraire, est « Sous Les Confettis » sorti en 2024 car je trouve qu’il nous fait « traverser le fleuve » entre l’univers très sombre du premier et celui, beaucoup plus joyeux du second. « Échos de carnaval, dans l’ombre de la nuit. Là, l’incertitude en pure joie se métamorphose, séduite. Dans ce rêve, plus de frontières, juste une lumière à effleurer. Déferlante de confettis, en un arc-en-ciel de couleurs, embrasé. L’air vibre d’une essence en fête, sous un murmure de douceur, encensé. Chaleur du benjoin, échos des résines, rythmique boisée, Tissant le rêve et le réel, dans un éclat de souffles colorés ». Entre Papier d’Arménie et notes gourmande, cette composition est, il faut bien le dire, vraiment « festive ». L’inspiration en est limpide, surtout à l’envolée, avec des notes suaves et presque caramélisés. En évoluant, le parfum se fait un peu moins rond mais beaucoup plus baumé ce qui n’est pas déplaisant, bien au-contraire. Pour moi, avec cette création, la marque rentre un peu dans l’air du temps sans pour autant fuir ce qui fait son identité. Je ne suis pas très attiré par le départ de « Sous Les Confettis » mais j’aime bien son évolution sur ma peau. Peut-être qu’il n’est pas exactement un coup de coeur mais je le trouve original et plaisant, ce qui n’est pas si mal.

J’avais envie de parler de « la » rose de la collection qui a pour nom « Apocalipstick » et qui est sortie en 2020. « Rose Néon sur du macadam,Incision de rose, de lavande et de Camphre sur de l'asphalte chaud ». Très oxydés, les pétales de roses se parent d’un accent métallique pour évoluer vers un parfum vraiment très clivant, voire parfois dérangeant. On parle de rose, d’asphalte… L’univers est sombre et la lavande vient, curieusement, avec ses accents aromatiques, rendre le parfum assez métallique. Je suis très impressionné par le parti-pris des parfumeurs pour sortir, sur le marché, une fragrance difficile, que ce soit dans ses notes de têtes ou tout au long de son évolution. Il y a une vraie démarche artistique, très intéressante mais, ne nous leurrons pas, « Apocalipstick » est un parfum surprenant, presque « importable » pour la plupart des nez. Je ne pense pas qu’il constitue une vente importante mais je sens beaucoup de créations et il a réussi à me dérouter complètement. Franchement, il est difficile mais j’aime l’idée qu’il ne soit pas le parfum de tout le monde. C’est une rose urbaine, plus que contemporaine, très sombre et le côté aromatique se confond avec le style métallique du parfum. Il est à sentir absolument.

Parce qu’il fallait faire un choix, j’ai opté pour « Paname » lancé en 2010 mais il est probable que je parlerai, à l’avenir, d’autres essais que j’ai pu faire pendant cette session redécouverte. Je trouvais ce parfum vraiment emblématique du style de la marque et, je dois le dire, je l’aime bien. « Cachemire et noeud papillon, l'homme dans la foule, le flâneur passionné, chez lui sur les boulevards et dans les cafés, porte un air étrange de Paris, Paname ». C’est un cuir doux, presque suède, très aromatique, un rien soyeux. Je trouve que les parfumeurs se sont vraiment penché sur ce qui fait le charme des cafés parisiens et que nous n’avons pas ailleurs. Le parfum est comme certains établissements, « dans son jus », sans aucun jeu de mot. Le côté vraiment contemporain se cache derrière des notes parfois désuètes. Je le trouve très agréable à porter. Il m’évoque le chic parisien avec un petit côté un peu sulfureux voire subversif quand même. « Paname », est un peu comme son nom, élégant et gouailleur. En tout cas, il m’a bien plu.

Depuis 2007, Alexandre Piffaut et Sandra Fuzier ont lancé nombre de fragrances dont certaines ont étés discontinuées. J’ai vu qu’il y avait eu un cuir de Russie dont la pyramide olfactive m’intriguait. Pour l’heure, elle propose 12 eaux de parfums, ce qui n’est déjà pas si mal. Je trouve que la marque est extrêmement segmentante. Beaucoup de parfums pourront rebuter ou fasciner. Voilà ce que j’appelle de la parfumerie d’auteurs. En tout cas, c’est un retour que je suis content de faire. J’ai même pu découvrir la nouveauté, « Humus », dont je vous parlerai dans mon article sur les sorties découvertes en juillet et en août de cette année. J’ai préféré consacrer cette revue à d’autres parfums pour pouvoir vous proposer une sélection un peu plus large. Je ne sais pas si j’ai vraiment eu un coup de coeur mais je me suis fait plaisir à découvrir cette collection, un peu dark, très originale et bien vue. J’avais déjà senti quelques parfums mais là, j’ai pu tout redécouvrir d’un coup et j’ai trouvé que la marque, bien que confidentielle, était vraiment un univers à part dans lequel se plonger.

* Article modifié

L’un des rares fruits (hormis les agrumes) à être utilisé en parfumerie sous une forme naturelle est le cassis. Enfin, c’est surtout son bourgeon qui est exploité. J’ai eu l’occasion de sentir l’odeur âcre de la matière première une fois qu’elle a subi des transformations pour devenir un absolu et, le moins que l’on puisse dire, c’est que son odeur n’est pas agréable. Pourtant, associée à d’autres matières premières, synthétiques où naturelle, le bourgeon retrouve l’odeur un peu acidulée de la baie de cassis telle qu’on peut la trouver dans la nature ou encore dans les sorbets ou les confitures. Je trouve que c’est une effluve caractéristique. Je pensais ne pas vraiment connaitre de parfum dont la note dominante est le cassis mais c’est en regardant la vidéo sur le sujet de Clotilde, de la chaine YouTube Iris Factice que j’ai découvert que, finalement, j’aimais bien cette note et surtout qu’elle offrait des tas de possibilités. J’ai donc choisi cinq créations dans lesquelles, le cassis est bien présent mais également dans lesquelles il est travaillé de très différentes manières.

Comment parler de cassis sans revenir sur cette « Eau de Charlotte » créée par Annick Goutal en 1982 et qui reste, à mon sens, l’une des plus belles fragrances du genre. Je l’ai re-sentie hier et j’ai trouvé, comme toujours, que l’association acidulée de ce précieux petit bourgeon avec la bergamote et le lys au départ qui viennent se mêler aux notes poudrées du mimosa et gourmandes de la vanille et de la fève de cacao en font un parfum délicieux, addictif et tout à fait singulier. « La gourmandise, un vilain défaut ? Oh oui, mais quel délice… Et ce n’est pas Charlotte qui dirait le contraire ! C’est en pensant à elle et aux barres de chocolat, aux tartines et à la confiture de cassis dont elle se délectait au goûter, qu’Annick Goutal créa Eau de Charlotte, l’un des premiers parfums gourmands de l’histoire de la parfumerie ». Cette « Eau de Charlotte » a, hélas, été reformulée et la version de Goutal Paris est légèrement différente de celle dont je me souvenais et que j’aimais beaucoup mais elle reste vraiment un joli parfum. Je trouve que la note de cassis apporte à ce jus la fraîcheur et un côté presque pétillant qui lui feraient vraiment défaut dans le cas contraire. Lorsqu’elle a appris la parfumerie à Grasse, Annick Goutal a su inventer ce genre de parfum complètement à contre-courant avec ce qui se faisait à l’époque puis, en s’adjoignant l’aide d’Isabelle Doyen, ses créations se sont faites de plus en plus riches et, tout en restant épurées, leurs signatures conjuguées ont vraiment lancé un style.

Je sais que j’en ai parlé il n’y a pas longtemps mais je trouve que « Cupidon », créé par Stéphanie de Bruijn pour sa marque éponyme en 2012 a tout à fait sa place dans cette sélection : « Un parfum intense et fruité; une fragrance espiègle et malicieuse comme une ode au jeu amoureux. Tel le dieu de l’amour, il est frais et pétillant. Il vous fera croquer une pomme encore plus gourmande dans son voile de cassis avec un zeste joyeux de pamplemousse et de mandarine. Il vous fera la cour dans son jardin verdoyant de roses et de jasmins, et vous réchauffera le cœur sur ses accords de santal et de musc ». Le départ est très fruité et super original avec la note acidulée du cassis associée à l’amertume du pamplemousse ainsi qu’à la douceur de la mandarine et de la pomme. Le coeur de jasmin et de rose revêt quelque chose d’herbacé que je trouve d’une très grande élégance. Le musc et le santal installent la fragrance. Je me suis très bien adapté au côté ultra fruité de ce parfum très étonnant. Pour moi, il y a quelque chose d’addictif dans cette composition chic. Je trouve que le bourgeon de cassis fait partie de sa singularité.

« Bukhara incarne un raffinement somptueux. La pêche succulente et le cassis ouvrent ce parfum, évoquant des images d'oasis séduisantes. En son cœur, Bukhara exhale un bouquet envoûtant de tubéreuse, d'absolu de jasmin et de fleur d'oranger, évoquant un attrait gracieux. La partie sèche se déploie sur une base sensuelle de bois de santal, de bois de cèdre, de vanille et d'Oudh, enveloppant le porteur d'une étreinte chaleureuse. Bukhara est un parfum exquis et indulgent, exceptionnellement bon pour ceux qui désirent le summum des expériences de la vie ». Quand je l’ai découvert à sa sortie, j’ai eu un vrai coup de coeur pour « Bukhara » créé pour la collection La Route de La Soie d’Ormonde Jayne par Linda Pilkington en 2024. Je trouve qu’il fait la part belle au cassis dès l’envolée et la note, un peu acidulée, est adoucie par la bergamote et la pêche. Le parfum évolue et nous emmène sur un coeur très floral de tubéreuse légèrement animale soutenue par le jasmin et la fleur d’oranger puis vient, un fond de santal, de vanille, de cèdre assortis d’un accord oud et d’un autre plus ambré. Certes, ce parfum-là est un peu convenu mais, sur ma peau, il matche très bien et la note plutôt croquante du cassis vient contrebalancé un côté que j’aurais peut-être trouvé trop suave. En tout cas, j’ai adoré « Bukhara » et il avait parfaitement sa place au coeur de cette sélection;

J’ai gardé, non pas le meilleur car ce serait arbitraire, mais mon préféré pour la fin. Je l’ai dit dans un article sur mes découvertes durant cette période difficile, « Sublime Balkiss », créé en 2008 par Céline Ellena Nezen a été vraiment une très belle surprise. Je ne le connaissais pas vraiment et je ne m’attendais pas à cela. Elle en exprime ainsi l’inspiration : « J'ai découvert avec fascination ces femmes du cinéma américain noir et blanc des années 40, indifférentes et terriblement élégantes, qui dégageaient un parfum mystérieux, complexe et pudique. A la même époque, je découvrais l'Irlande. Ce fût un choc olfactif : l'odeur de la pluie, plus fraîche et douce que celle qui s'abat sur les terres de Provence, l'odeur du vent, minéral et cependant velouté, celle délicate de la bruyère à peine sucrée. Un pays de feu sous la lande humide... L'hiver dernier, j'ai retrouvé ces sensations et au fil des lignes le sujet prit forme : un Chypre. Porter ce parfum pour moi, c'était une sensation nouvelle, oser ce plaisir personnel. Et le nom est venu, par surprise, celui de la reine de Saba, une femme belle, accomplie et mystérieuse, dont on ne sait rien ou si peu, mais qui bien des siècles plus tard, nous fascine encore. Sublime car envoûtante, Balkiss car insaisissable et émouvante ». Chypré moderne, floral à fruité à la fois, il associe un départ de bergamote et de violette à un coeur de jacinthe, de rose et de cassis pour aller vers un fond de patchouli, de bruyère qui remplace la traditionnelle mousse de chêne et de fève amère de cacao vraiment surprenante. Pour moi, ce parfum est un parfait exemple d’équilibre et d’élégance tout en gardant une singularité qui ne le fait ressembler à rien d’autre. En le citant à nouveau, je pourrais radoter mais tant pis. Il est parfaitement à sa place en tête de ce top cassis car, vraiment, il me plait énormément et j’irai jusqu’à dire que c’est le seul de ma sélection qui me ferait sans doute franchir le pas pour prolonger l’été en septembre.

Nous l’avons vu ensemble, le cassis est une note vraiment riche et intéressante qui peut, soit, en solinote, ce qui est plus rare,  nous donner de l’énergie, soit équilibrer une composition plus complexe. Je suis très content de m’être penché sur ce petit bourgeon.

Son nom ne vous dit peut-être rien et pourtant Jean Kerléo était une figure de la parfumerie française depuis des décennies. Il a travaillé très longtemps pour Helena Rubinstein puis Jean Patou et on lui doit, entre-autres des parfums comme « 1000 » et « Sublime ». Il a été président de la société française des parfumeurs de 1976 à 1979 dont il est resté président d’honneur. Il a aussi aussi été le fondateur de l’Osmothèque de Versailles en 1990, poste qu’il occupera jusqu’en 2008. Il vient de nous quitter, le 23 juillet dernier à l’âge de 93 ans. Je voulais lui rendre hommage car il aura marqué la parfumerie.

J’ai donc également eu l’occasion de redécouvrir l’Opus 4 de L’Atelier Parfum dont le sous-titre est Skin Sensations. Tout un programme ! Il comporte quatre créations dont l’inspiration est la suivante : « A chaque cœur ses émotions, à chaque peau ses Muscs. Le Musc est ici la clé d’un monde tout en sensualités, il en révèle et explore toutes les nuances. Opus 4 : Skin Sensations encapsule notre conviction que la peau a ses propres envies sensorielles, instincts et intuitions ». Ces créations sont donc toutes en douceurs, au plus près de la peau et leur densité se fait vraiment variable suivant les fragrances. Alors, ai-je adhéré ? Quels sont mes préférés ? Je vais vous raconter tout ça mais, avant cela, je voudrais remercier Andrea et toute l’équipe de la toute récente boutique lyonnaise pour me permettre d’avoir facilement accès à toutes les créations afin que je puisse essayer et vraiment écrire de manière précise.

« Des baies sauvages éclaboussent de délicates pétales de rose et des Muscs réconfortants pour un moment de joie intense ». Créé par Karine Vinchon-Spehner, « Berry Shiver » est le premier parfum que j’ai pu tester et je dois dire qu’il m’a bien plu car il reprend un thème qui m’est cher, celui des floraux, fruités et musqués tels, bien évidemment « Mûre et Musc » créé par Jean Laporte pour L’Artisan Parfumeur qui a été le premier d’une belle série pleine de plaisir et d’élégance.Ce parfum-là est beaucoup plus confidentiel dans le sens où son sillage s’avère très modéré mais sa tenue, plus que correcte, perdure au cours de la journée. L’envolée est à la fois fraîche et douce avec la douceur de la bergamote et de la mandarine rehaussée d’une très pétillante cardamome. Le coeur apparaît assez rapidement et les notes florales, pas tellement poudrées, de la rose se fond avec un accord fruits rouges plutôt frais que gourmand et un jasmin légèrement animal que je trouve du plus bel effet sur la peau. La tenue du parfum est assurée par la présence d’un fond de muscs blancs, de bois de santal et de patchouli avec le rappel fruité du cassis. J’ai beaucoup aimé ce premier parfum. Il n’est pas le plus original de l’Opus 4 mais il est super bien réalisé, efficace et je ne doute absolument pas qu’il rencontre son public.

Toujours créé par Karine Vinchon-Spehner, « Woodylicious » est le parfum le plus « dans l’air du temps » de l’Opus 4. Il s’ouvre avec des notes gourmandes et épicées de rhum, de poivre et de marron glacé qui nous entraine sur un coeur de fleur d’oranger et de rose assez étonnant qui m’a presque dérangé. Puis vient le fond de muscs blancs, de patchouli, de bois de santal, de vanille et de mousse. La créatrice explique : « J’ai imaginé des bois chauds (patchouli) et crémeux (santal) se mêlant aux muscs à travers un glaçage gourmand de marrons légèrement imbibés de rhum. Ce musc boisé, sensuel, chaud et addictif nous enveloppe d'une délicatesse à laquelle nous succombons volontiers ». Il n’est pas le plus facile pour moi, je l’avoue volontiers car je le trouve quand même assez lacté voire crémeux. Je ne peux pas dire que c’est ce que je préfère en parfumerie mais il est très bien réalisé et je lui trouve quand même du charme .

« Je voulais capturer la sensation que l'on éprouve en dégustant une poire légèrement croquante : un moment à la fois gourmand, frais et réconfortant. J'ai construit ma fragrance autour d'une poire juteuse, associée en son cœur à un accord floral éclatant et texturé, avec une base musquée très enveloppante », tels sont les mots de Sidonie Lancesseur pour décrire l’inspiration qui l’a animée lors de la création de « Peartopia » qui sera, j’en suis certain, « la star » de l’Opus 4 ». Il faut dire que le départ de poire et d’ambrette est vraiment très beau et singulier. Il a flatté mon nez tout de suite et le coeur de magnolia et d’iris n’a eu de cesse que de confirmer mon impression. En essayant ce parfum superficiellement, je n’étais pas loin du coup de coeur mais, je le regrette, je n’ai pas du tout aimé le fond car l’ambroxan « dévore » les notes de cèdre et de muscs blancs. Je ne suis pas du tout client de ce genre de notes de fond. Les bois ambrés ont tendance, s’ils font tenir le parfums, à me déranger. « Peartropia » ne fait pas exception à la lettre. Je suis certain que le côté aquatique de la poire et du magnolia vont plaire mais, en ce qui me concerne, je passe mon tour.

Décidément, je me rends compte que j’aime beaucoup la signature olfactive de Serge de Olivera qui a signé « Carnal Bliss ». « Ce parfum est une boule de confort et de pureté. Un effet de Lin et d'Aldéhyde pour évoquer la propreté de nos lessives et adoucissants, mais travaillé ici avec une grande finesse et puissance. Pour la partie "confort de la peau" des muscs, j'ai opté pour un accord de Peau, Héliotrope, Blé et Iris accompagné de Bois de Santal pour un effet chaud et lacté réconfortant. Les muscs sont en très grande quantité pour un sillage magique qui nous transporte dans un monde de blanc immaculé ». C’est le parfum le plus complexe et le plus élégant de l’Opus 4, en tout cas c’est que je ressens en l’essayant. Il est sur ma peau pendant que j’écris et les notes de tête de citron, de freesia et de bergamote sont rendues presque stylisées par la présence d’aldéhydes. Le coeur, complexe pour ne pas dire compliqué d’iris, d’héliotrope, de blé et de jasmin sambac est à la fois floral, animal et poudré. Je le trouve d’une très grande sensualité qui est vite équilibrée par un fond de muscs blancs, de santal, de vanille, de cashmeran et de papyrus. La marque parle d’ambroxan mais je le sens vraiment très loin et il ne me dérange pas. « Carnal Bliss » est vraiment le parfum qui me plait le plus dans la gamme. Il est doux, enveloppant, un peu amandé et très réconfortant. C’est un joli cocon un peu original. Vraiment, je pense que je pourrais le porter. Il est vraiment très réussi. Enfin, tout du moins, il me plait beaucoup. Le ressenti en parfumerie reste subjectif et il fait partie de mes coups de coeur.

Avec des prix relativement raisonnables, L’Atelier Parfum est une marque sur laquelle il faut se pencher. Très franchement, les créations, assez identifiables sont très bien réalisées. En tout cas, elles sont faciles à aimer et à s’approprier. Opus 4 ne fait pas exception à la règle. J’ai donc fait le tour des parfums nés avant juillet 2025. J’ai eu la chance d’être guidé vraiment bien par Jonathan, Andrea ainsi que toute l’équipe de notre boutique lyonnaise. C’était une expérience oflactive tranquille, sans aucune saturation. Je suis vraiment content d’avoir tout découvert globalement même s’il m’a fallu revenir sur certains parfums pour mieux les apprécier. Je me suis dit que la marque proposait vraiment, encore une fois, à un prix raisonnable. Il y aura des nouveautés avant la fin de l’année, je ne manquerai pas de vous en parler.

Avec l’ouverture de la boutique lyonnaise de L’Atelier Parfum, j’ai pu vraiment mettre mon nez dans la troisième collection de la marque. L’Opus 3 s’intitule Shots of Nature et est composé de quatre fragrances plutôt fraîches et printanières qui sont sorties en 2023. Cette collection compte quatre créations donc je vais vous en faire une revue complète avec mes ressentis, j’ai beaucoup aimé le côté faussement naturaliste des créations. Je dis « faussement » car elles sont vraiment abouties et très travaillées. Les jus ne sont ni simples ni simplistes. Comme les autres opus de la marque, ils ont étés composés par Alice Le Berre, Dorothée Piot, Sidonie Lancesseur, Karine Vinchon Spehner, Alexis Dadier, Michel Almairac et Serge de Oliveira. Je vous emmène donc dans la nature… Je devrais plutôt dire « les » natures car il en est de différentes. Je n’ai pas tout aimé mais j’ai trouvé que chaque création avait son intérêt alors je n’ai fait l’impasse sur rien. Je suis subjectif et je tiens compte de mes goûts bien sûr, ce qui ne m’empêche pas de reconnaitre plein de qualités à des créations que je ne pourrais pas porter.

Le premier parfum que j’ai essayé est « Salty Wood » créé par Serge de Olivera et dont la marque donne l’inspiration : « Quelque part en bord de mer, là où les souvenirs d’été passés se révèlent à la lueur de l’eau cristalline. Ici, là, aujourd’hui comme hier, les embruns y rencontrent le souffle léger du vent dans une harmonie parfaite. Doucement, tel des bois flottés, les corps se laissent aller, porter, au lointain, là où terre et ciel ne font qu’un. L’espace d’un instant, pour toujours peut-être, le temps semble s’être arrêté ; seule lui subsiste l’envie irrépressible de plonger tête la première dans ce parfum salé de sérénité ». Je l’ai ressenti vraiment comme un concept plutôt synthétique ce qui n’est pas forcément un défaut mais cela m’a un peu dérouté. Il s’ouvre avec un accord vraiment ozonique qui m’a surpris et presque déplu puis vient un coeur très boisé. J’identifie le cèdre et peut-être et un bois plus sombre en fond avec la persistance d’une note salée. Je dois dire que j’ai été soulagé de ne pas sentir trop la calone que je redoutais. Si cette molécule est présente dans le parfum, curieusement, elle ne me dérange pas. « Salty Wood » est, à mon sens, assez original dans sa conception mais je ne peux pas dire que j’ai adhéré vraiment. Il est quand même assez éloigné de mes goûts. Il exhale une certaine fraîcheur et une modernité qui, je pense, peuvent plaire aux amateurs de marins un peu différents de ce qu’on trouve sur le marché.

« Un plongeon volontiers vers l’inconnu et votre futur alors que vous vous laissez aller à une échappée spontanée dans le bleu de l’océan. Au large, loin des soucis quotidiens, vous vous sentez libre. De rêver, d’espérer, d’être. L’odeur lointaine des citronniers vous parvient. Sorte d’éveil parfait des sens qui manquait à ce moment d’évasion ensoleillé ». « Hot Splash » créé par Karine Vinchon Spehner est sans doute la composition qui m’a le plus dérouté. Le départ est vert, un peu épicé. La marque parle de petit grain de citronnier et de gingembre mais c’est surtout le coeur que je trouve très étonnant avec un côté fleurs blanches et exotiques, peut-être de l’ylang-ylang ou de la fleur de frangipanier qui seraient mêlées du côté très aromatique de lavande. Le fond, est sur ma peau, un peu cuiré mais pas sombre. J’imagine peut-être des notes de bois ou de vétiver un peu racinaire. Il est, assez joli dans son développement mais ce n’est pas vraiment mon coup de coeur car la dualité des fleurs et de la lavande me dérangerait presque à certains moment. En revanche, je reconnais, bien volontiers, si je peux être un peu objectif, qu’il s’agit vraiment d’une jolie création originale et assez inédite. Peut-être le ressentirez-vous différemment mais il faut vraiment le mettre sur peau. Pour moi, un achat à l’aveugle est, comme toujours, exclu.

« Green Crush », composé par Sidonie Lancesseur est, nettement, mon coup de coeur de la collection mais ce n’est pas étonnant. J’aime les parfums verts et celui-ci m’évoque franchement l’été. « Aux heures les plus matinales de l’été, lorsque le soleil n’a pas encore tout à fait atteint son zénith, le végétal s’exprime. Librement, majestueusement. Il est une véritable bouffée de vert pur. De celles qui vous vivifient et vous enivrent jusqu’à plus soif, de celles qui vous procurent une sensation de bien-être comme nul autre pareil alors même que vous en froissez les feuilles, en humez la fraîcheur éternelle ». Tout y est, le cédrat, la menthe et le basilic en tête pour un côté complètement vert, un coeur aromatique de verveine un peu fruité par le bourgeon de cassis et un fond musqué pour conserver la fraîcheur avec des notes boisées pour la tenue. Quand je pense à « Green Crush », le mot qui me vient est « agréable ». En tout cas, il l’est pour mon nez. Il ne remplacerait peut-être pas, pour moi, un « Malamata » de Roos & Ross ou encore un « Synthetic Jungle » des Éditions de Parfums Frédéric Malle mais il est absolument réussi et j’aime beaucoup son évolution sur ma peau. Pour moi, « Green Crush » est vraiment réjouissant. J’aime ce genre de création et je reste complètement dans ma zone de confort. Il fait vraiment partie de mes coups de coeur dans la marque.

Avec « Cypress Shadow », créé par Alexis Dadier, je vous emmène dans une promenade au coeur d’une forêt de conifères. Aromatique et résineux, on passe d’effluves presque gin tonic avec des baies de genévrier très présentes et des notes agrumes et poivre à un coeur résineux, boisé et vert très prononcé pour arriver sur le fond, comme un tronc de bois qui tient les branches d’aiguilles de pin solidement sur la peau. « Fermez les yeux et humez le rêve italien. Arrivé à destination : Sienne, Toscane. À l’ombre de colonnades infinies de cyprès s’érigeant si haut dans le ciel qu’elles en viendraient presque à toucher l’unique nuage qui s’y aventure, vous faites l’expérience d’un instant de sérénité sans pareil. Un moment hors du temps, de tout, où seule compte la communion avec l’horizon. C’est un rêve éveillé qui se propose à vous : une promenade éternelle dans ce que l’Italie fait de plus emblématique ». Vous l’aurez compris, je ne suis pas vraiment très attiré de prime abord par « Cypress Shadow », non pas qu’il ne soit pas délicieusement réussi mais parce que c’est le genre de parfum que j’adorerais en ambiance mais pas sur moi. C’est complètement personnel car il est très très bien fait et même un peu original dans le style. Il m’évoque un côté complètement naturaliste un peu régressif que j’aime sentir mais pas forcément porter.

J’aime bien cet Opus 3 à sentir. Je trouve que chaque parfum est super bien fait et très agréable à découvrir et à essayer mais le seul que je pourrais vraiment porter est « Green Crush » parce qu’il me correspond plus. Ceci dit, il ne détrône quand même pas « White Mirage » dont je vous ai parlé à plusieurs reprises et qui fait partie de l’Opus 2. Il reste, pour l’instant, mon coup de coeur dans la marque car il se place exactement au coeur de mes goûts. En revanche, je vous conseille vraiment d’aller découvrir les créations d’Opus 3. Le prix est, comme toujours, juste et relativement raisonnable et les créations sont jolies. Parfois nous n’avons pas besoin de plus.