Le cumin, une note à apprivoiser
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Il peut piquer un peu, déplaire aussi ou évoquer des effluves de cuisine mais force m’est de constater que le cumin, que je n’aimais pas du tout lorsque j’ai commencé à exercer un peu mon nez, est une épice que les parfumeurs aiment à utiliser. Je pense à Edmond Roudnitska pour qui il était une note de prédilection mais également à d’autres, plus près de nous comme Marc-Antoine Corticchiato, Francis Kurkdjian et, bien évidemment Jean-Claude Ellena qui l’ont mise en valeur. Je dois dire que je suis parfois un peu dubitatif lorsque je la sens en tête mais, lorsqu’elle est travaillée de belle manière, elle prend toute sa place. J’ai choisi cinq parfums dans laquelle la note est particulièrement mise en valeur et je dois dire que j’ai pris un petit plaisir presque coupable à les redécouvrir.
C’est avec « Aziyadé » créé par Marc-Antoine Corticchiato en 2008 cette note dominante. Le parfumeur décrit ainsi cette création singulière : « Oriental, épicé et fruité, Aziyadé s’ouvre sur un accord grenade détonnant puis délivre les notes liquoreuses des dattes confites, des oranges et des pruneaux. Ses épices aphrodisiaques nous plongent au cœur de nuits orientales où les larmes d’encens se mêlent aux muscs, au ciste et à la caroube. Création excessive et charnelle, Aziyadé ruisselle de sensualité ». Après une envolée d’amande douce, de prune confite, de date et de grenade associée à l’orange amère, le coeur de ce parfum est très épicé. Cannelle, cardamome, gingembre et carvi se groupent autour du cumin pour nous emmener dans un univers d’oasis dans le désert. Le fond d’encens, de ciste, de tabac et de patchouli est légèrement vanillé. Audacieux, presque étrange, « Aziyadé » n’est pas le parfum de tout le monde et je ne le trouve pas forcément facile à s’approprier pourtant je l’ai porté et j’ai bien aimé. Je m’étais vu offrir une miniature il y a quelques années. Au premier abord, j’ai cru ne jamais pouvoir le porter et pourtant j’ai trouvé qu’il ne m’allait pas si mal que ça.
Le plus célèbre parfum dans lequel la note de cumin est très présente est sans aucun doute « Femme » de Rochas. « Parfum culte créé par Marcel Rochas en 1948 pour sa femme Hélène, Femme est un hommage du grand couturier à l'absolu féminin. Son accord chypré-fruité-épicé au sillage sensuel et voluptueux fait de lui, la quintessence de la séduction au féminin ». Cet immense succès qui fit la réputation d’Edmond Roudnitska a certes été reformulé (notamment en 2013 par Olivier Cresp) durant les décennies qui ont suivi sa création mais il a toujours gardé son départ prune, cannelle, palissandre et cumin, son coeur clou de girofle, oeillet, rose et ylang ylang et son fond de mousse de chêne de patchouli et d’ambre. J’ai une certaine prédilection pour ce parfum. Je ne connais, bien évidemment que sa version la plus moderne car il a été reformulé récemment mais je me suis laissé dire qu’il avait retrouvé des accents communs avec ce qu’il était à sa création. Pour moi, il est le premier parfum de l’histoire dont l’écriture épurée rompait avec les best sellers de cette époque. Edmond Roudnitska est allé à l’essentiel tout en gardant des facettes épicées et fruitée s’harmonisant avec un chypré floral. On pourrait le croire daté mais personnellement, je le trouve très intemporel.
« Imaginé en 1951 par Edmond Roudnitska autour d’un thème hespéridé épicé floral, Eau d’Hermès est le premier parfum de la maison. Il puise son inspiration dans l’évocation d’une odeur merveilleuse et pleine de sensibilité : «L’intérieur d’un sac Hermès où flottait l’arôme d’un parfum… Une note de fine peausserie enrobée de frais effluves d’agrumes et relevée d’épices», commentait alors le compositeur. Une odeur puissante et sensuelle qui s’adresse aux hommes autant qu’aux femmes. La collection des Classiques témoigne des premières rencontres entre Hermès et le parfum. Ces intemporels racontent le patrimoine vivant de la maison, ses références, ses confidences… ». Je vous ai déjà proposé un article sur « L’Eau d’Hermès » qui est, pour moi, une merveilleuse découverte. Après une envolée de bergamote, de petit grain, de sauge et de lavande, le parfum se fait épicé avec des notes de cardamome, de cannelle et de cumin autour d’un coeur de géranium pour se poser sur un accord cuir de Russie, bouleau et mousse de chêne. Je ne vais pas développer plus car j’en ai déjà beaucoup parlé mais je me suis laissé dire que ce parfum était celui d’Edmond Roudnitska, son créateur mais aussi celui de Jean-Claude Ellena lorsqu’il travaillait pour la maison Hermès. Du coup ma transition est toute trouvée.
C’est en 2013 que Jean-Claude Ellena crée pour la collection des Hermessences, un parfum complètement atypique qu’il décrit ainsi : « «Le parfum d’une rencontre entre un homme de goût et un homme de nez. Je désirais vous inviter à la découverte des odeurs d’épices, de rhum, de parquet ciré et de bois fumé. Une forme d’évasion inspirée par l’odeur vivifiante, stimulante des côtes bretonnes. Une Hermessence corsaire.» Epice Marine offre des parfums d’épices brisées par les odeurs vivifiantes de la mer. ». C’est sur les conseil d’un autre passionné de parfums que je suis allé le découvrir il y a peu et je dois dire que c’est un peu une révolution olfactive. C’est un parfum linéaire qui allie des notes marines, du vétiver et de la mousse de chêne à des épices comme le cumin et la cardamome pour se terminer sur un fond de cannelle, de noisette et de graine de sésame. Je trouve « Épice Marine » absolument étonnant. Très souvent, dans cette collection, Jean-Claude Ellena a utilisé les épices (« Poivre Samarcande », « Paprika Brasil »…) mais jamais avec autant de singularité. Ce parfum-ci ne ressemble absolument à rien d’autre et il me transporte sur les îles bretonnes à la fin de l’été, le soir, enveloppé dans un pull en cachemire. C’est un bijou.
Le dernier parfum dont j’avais envie de vous parler, je l’ai déjà évoqué lorsque je l’ai découvert. Il s’agit de « Eau Noire » créé en 2004 par Francis Kurkdjian pour la collection privée de Christian Dior. Il faut aujourd’hui partie des Rarissimes. C’est un oriental fougère avec un départ de sauge sclarée, un coeur de lavande, de café, de cèdre et de cumin et un fond de réglisse et de violette. C’est un parfum très aromatique. La marque le décrit ainsi : « Eau Noire est l'interprétation d'un esprit smoking dans une eau du soir intense, nimbée de mystère. Une interprétation de la lavande en clair-obscur, faisant écho à l'atmosphère du château de la Colle Noire, propriété de Christian Dior située à Grasse, en Provence ». Je dois dire qu’il m’a un peu surpris. Si j’ai été très séduit par son envolée, le développement m’a vraiment dérouté et je ne peux pas dire que je le porterai. J’en salue toutefois l’originalité et la créativité. C’est un parfum qui se veut élégant mais je le trouve surtout singulier. Vous me direz que l’un n’empêche pas l’autre mais finalement, il sort un peu trop de ma bibliothèque olfactive pour me plaire vraiment.
Pour conclure je dirais qu’il m’a vraiment fallu apprivoiser la note de cumin mais que, finalement, maintenant, je l’aime assez lorsqu’elle fait partie d’une composition qui entre dans mes goûts. Je suis particulièrement fan de son duo avec la prune dans « Femme » ou de son alliance avec les hespéridés et le cuir dans « L’Eau d’Hermès ». Cette épice est également très intéressante lorsqu’elle est rafraîchie par les notes marines dans « Épice Marine ». Mon attirance récente pour le cumin prouve que mes goûts, sans changer radicalement, évoluent tout le temps. Pour ma part, je porte avec délice « L’Eau d’Hermès » et je dois dire que je n’en n’ai que des compliments.
"Beauté du Diable", un fleuron des Liquides Imaginaires
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« Vous me connaissez sans me connaitre. J’ai longtemps vécu dans des cieux traversés de lumière, avant d’y être condamnée. La nuit m’a consolée du soleil. Ainsi toujours victorieuse, je reste immortelle, jeune puisque éternelle. Je me meus à la vitesse de la pensée, mon esprit est volatile, comme l’argent que j’aime à dépenser dans des frivolités. Je transforme le matériel en immatériel. Je dissimule et bouscule le réel par mon imaginaire puissant. La nuit je mens, je charme et je dérange. Je me réjouis dans les atmosphères nocturnes, urbaines et enfumées sur les pavés humides des villes peuplées d’âmes et de cœurs à prendre. Je traverse l’obscurité avec fière allure, un Œillet rouge noué à la boutonnière. On m’invite dans les plus belles soirées, où les effluves de gin et les bouffées d’absinthe troublent les esprits humains. Ma plus belle ruse est mon parfum, empreinte odorante de mes aventures, de mes amours, de mes aveux, de mes excès. Je suis prête à vous céder mon sillage unique et sulfureux si vous m’accordez un certain baiser chargé de votre souffle chaud et de votre âme légère. Je suis un ange et pourtant on me dit démon. Seule à posséder la Beauté du Diable ».
C’est grâce à Sébastien, un vrai passionné de parfumerie, que j’ai remis mon nez dans « Beauté du Diable » créé en 2019 par Louise Turner pour la maison Liquide Imaginaires. Je reconnais qu’à sa sortie, j’étais un peu passé à côté mais je dois bien dire que j’avais eu tort car il s’agit vraiment d’un beau parfum, très original, un brin clivant, mais toujours d’une grande élégance qu’il faut sentir mais surtout essayer car il est très évolutif et il est nécessaire d’attendre vraiment les notes de fond pour avoir une impression globale de ce parfum étonnant qui oscille entre floral et liquoreux.
Louise Turner
« Beauté du Diable » s’ouvre sur des notes de gin vraiment très nettes rejointes par celles d’un citron plutôt doux et d’une orange amère qui se mêle à l’absinthe légèrement anisée et à la coriandre à la fois aromatique et épicée. Le coeur d’oeillet vient très vite, et malgré son association avec le cyprès, le géranium, l’ylang-ylang et même le clou de girofle, prend une place prépondérante dans son évolution. Je trouve que ces notes se mêlent, s’entremêlent, s’associent et se dissocient sans arrêt et mon impression, avant que le fond de vétiver et de gaïac ne fixe la fragrance, change tout le temps. « Beauté du Diable » se fait insaisissable, fascinant et parfaitement magique. J’ai adoré l’idée que je ne savais pas, avant la toute fin de son évolution, si j’allais l’aimer ou non. Je trouve que c’est un parfum à sentir qui peut soit rebuter, soit être un véritable coup de coeur mais qui, j’en suis certain, ne laissera pas indifférent.
Germaine Cellier, pionnière et unique
Elle était française et la première femme « nez » professionnel de l’histoire. Elle a travaillé, entre-autres pour Robert Piguet, Balmain, Balenciaga ou encore Nina Ricci. Il y a quelques temps, j’avais relayé un article sur cette créatrice haute en couleur et pionnière de la parfumerie moderne. Son nom, Germaine Cellier. Cigarette aux lèvres, caractère bien trempé, elle a créé des parfums dont deux sont parvenu à traverser les décennies pour venir jusqu’à nous. Née à Bordeaux en 1909, elle s’installe à Paris en 1930 pour effectuer des études de chimie et, diplômée, elle rentre chez Roure qu’elle quittera en 1943 mais où elle reviendra très rapidement. C’est après la guerre que son talent, et son inventivité un peu subversive explosent. Elle va, créer, bien sûr les deux parfums emblématiques pour Robert Piguet qui existent encore aujourd’hui, « Bandit » en 1944 et « Fracas » en 1948 mais on lui doit aussi le regretté « Vent Vert », lancé en 1947 par Pierre Balmain pour qui elle composera aussi « Elysées 64 83 » (1946), « Jolie Madame » (1953), Monsieur Balmain (1964) et « Miss Balmain » 1967. On lui doit également « La Fuite des Heures », en 1949 pour Balenciaga qui sera porté par plusieurs stars hollywoodienne ainsi que le mythique « Coeur Joie » sorti en 1946 chez Nina Ricci et que je rêve de découvrir. Germaine Cellier a eu une vie d’art et de rencontre puisqu’elle fréquentera des personnalité telles Pierre Brisson, rédacteur en chef du Figaro mais aussi l’acteur François Périer, Jean Cocteau, Bernard Blier, Maria Casarès et, bien évidemment la romancière et poétesse Louise de Vilmorin. Elle était non seulement l’une des parfumeuses les plus douées de cette parfumerie moderne qui naissait après la guerre mais aussi une femme de caractère, atypique, décidée et énergique. Je trois que cela se sent dans ses créations à la fois anticonformistes et unique en leur genre. Je connais bien « Bandit » et « Fracas » et je voulais profiter de ce petit portrait de Germaine Cellier pour en parler à nouveau.
Dès que je l’ai senti, j’ai eu un énorme coup de coeur pour « Bandit » vendu à nouveau dans sa version d’origine après une éclipse d’un an ou deux. C’est un chypre cuir avec des notes vertes tout à fait étonnant. La marque raconte : « En 1944, Robert Piguet crée une collection couture audacieuse, basée sur le concept du « Bad Boy ». Juste à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les défilés de Piguet présentaient des mannequins arborant des masques de méchants et brandissant des revolvers et des épées jouets. Le parfum accompagnant cet air de malice avant-gardiste était Bandit, une composition créée par l'icône du parfum Germaine Cellier, réputée pour ses créations audacieuses et distinctives. Bandit est un classique renommé. Germaine Cellier a utilisé des notes sombres de cuir, le vert de la mousse et des bois fumés pour donner au parfum son caractère riche et inoubliable. Accentué de galbanum verdoyant et de notes de fleur d'oranger, Bandit est certainement « l'enfant terrible » de la collection de parfums Piguet. Le jasmin et le patchouli apportent une touche exotique tandis que le cuir et la mousse de chêne forment une couronne épineuse ». Après une envolée absolument inédite d’aléhydes, de galbanum et de néroli avec des traces de bergamote vient un coeur très étonnant d’oeillet associé à un jasmin très vert et au côté poudré de la feuille de violette. Puis, le parfum se pose sur un fond tout à fait classique de mousse de chêne, de vétiver et de patchouli associé à un accord cuir. Quand je sens ce parfum ou que je le porte, je me dis qu’à l’époque, Germaine Cellier avait complètement cassé les codes. En effet, il ne faut pas oublier qu’il s’agissait d’un féminin. Il est le premier des chyprés cuir. Il y en aura d’autres mais, pour moi, il reste et restera « la » référence » de ce type de parfum, certes vintage, mais qui a encore sa place dans un vestiaire olfactif.
L’interprétation de la tubéreuse que fait Germaine Cellier dans « Fracas » n’est pas beaucoup plus sage ! Si on parle de grand floral, celui-ci en est un mais, attention, il n’est pas consensuel avec son envolée de mandarine et de bergamote, son coeur de jasmin et de tubéreuse très animal et contrebalancé, comme rafraîchi par un accord gardénia. Le fond de bois de santal et de muscs blancs (rarement utilisés dans cette concentration à cette époque), lui assurent une tenue et une « solidité » extrême. « Le joyau convoité de la collection scintillante de Piguet, Fracas, qui a changé la donne en 1948, est un pionnier de longue date. À l’époque, la légendaire parfumeur Germaine Cellier cherchait à créer un parfum qui donnerait à celui qui le porte l’impression d’être une bombe ; celui qui laisserait un effet déstabilisant sur tous ceux qui le rencontreraient. Avec des accords opulents de tubéreuse et de jasmin incomparables et inégalés, cette concoction luxuriante et crémeuse s’accroche à la peau d’une femme et la réchauffe grâce à sa chimie unique. Contrairement à de nombreuses fleurs blanches traditionnelles, Fracas est sombre et succulente. De riches accents de bois de santal et de musc délicat rehaussent l'éclat et la complexité ». Il a été couronné comme l’un des meilleurs parfums de tous les temps par la Fragrance Foundation il y a quelques années et c’est mérité. Il a envouté nombre de stars telles Juliette Gréco et d’anonymes. C’est un parfum magique, décliné aujourd’hui dans différentes versions qui lui rendent toutes hommage. Qui dit mieux ?
Je regrette bien que les autres parfums créés par Germaine Cellier soient aujourd’hui introuvables. J’ai de beaux souvenirs de « Vent Vert » original, souvent senti dans mon enfance et qui demeure, aujourd’hui, immuable dans ma bibliothèque olfactive. Je le reconnaitrais entre mille. Germaine Cellier a inventé, innové… elle a créé une parfumerie très personnelle alors qu’elle se destinait aux maisons de couture. Elle nous a quitté en 1976 à seulement 67 ans mais je suis sûr que, si elle vivait aujourd’hui, elle aurait été l’une des reines de la parfumerie de niche. En tout cas, je vous engage à aller découvrir « Bandit » et « Fracas ». Ce sont deux chefs d’oeuvre à sentir absolument.
"L'Heure Dorée", une pièce d'exception en série très limitée chez Guerlain
Il n’est pas si fréquent de pouvoir mettre mon nez sur les pièces d’exception de Guerlain. J’avais senti « Rose Bonheur » créé il y a quelques mois à l’occasion du nouvel an chinois mais je n’en n’avais pas parlé car la série était vraiment plus que limitée. C’était, comme son nom l’indiquait, un très beau travail de Delphine Jelk autour de la rose. Ces derniers jours, j’ai eu l’occasion d’essayer « L’Heure Dorée » qui est, d’hors et déjà commercialisé également pour un temps très court car il n’existe que 2095 flacons. La marque décrit ainsi cette création exceptionnelle : « Créée par Delphine Jelk, la parfumeur de la Maison, L’Heure Dorée est une création olfactive exclusive dédiée à ce rendez-vous. La fragrance s'ouvre sur des notes lumineuses et épicées de cardamome avant de révéler une rose majestueuse, alliant douceur et passion. Il est ensuite sublimé par l’opopanine, l’accord ambré légendaire de Shalimar, avec du sucre, de la noix de coco et du bois de santal. Son sillage incarne toute l'âme orientale de cette fête et transporte instantanément les sens dans un monde enchanté, tel un souffle de lumière capté dans une bouteille ». Sur ma peau, il y a vraiment plusieurs étapes. La première est une bergamote fusante qui pourrait rappeler les belles heures de « Shalimar » ou de « Habit Rouge » mais, très vite, le parfum se transforme. Tout d’abord, il je détecte des notes très gourmande, un peu comme du « Lemon curd » puis vient un côté très opoponax, vraiment très original avec des traces de vanille. Je ne connais pas les notes et ne peux que me laisser guider par mon ressenti. J’ai trouvé « L’Heure Dorée » très déstabilisant car il se développe vraiment beaucoup et, en fin d’évolution, il ne ressemble plus du tout à l’envolée. Avec cette création rarissime, Delphine Jelk détourne un peu les codes Guerlain pour affirmer un style plus personnel avec de très belles matières premières naturelles associées à un côté plus synthétique mais tout en finesse. Alors, ai-je aimé « L’Heure Dorée » ? J’ai un peu de mal à avoir un avis tranché. « Rose Bonheur » m’avait séduit facilement mais cette création-ci est vraiment moins accessible facilement. J’ai trouvé que, d’un point de vue artistique, ce parfum était une vraie réussite mais il est segmentant, il faut bien le dire. Rarement, j’avais senti, chez Guerlain de composition aussi déroutante. En tout cas, je remercie chaleureusement Jérémy et toute l’équipe du stand de la marque du Printemps de Lyon pour cet exceptionnel partage. Je vous engage à aller sentir, si vous pouvez, « L’Heure Dorée » avant qu’il ne disparaisse. C’est une expérience olfactive très intéressante.
L'accord "fougère" dans tous ses états
La famille des fougères doit son nom à la « Fougère Royale » créée en 1882 par le parfumeur Paul Parquet pour la maison Houbigant et dont une forme assez proche de l’originale existe toujours et, j’ose le dire, n’a pas pris une ride. C’est une composition assez complexe à la fois aromatique avec des notes de lavande, de sauge, de Bergamote mais aussi de fleurs (oeillet, orchidée, rose, géranium et héliotrope) et un fond de bois et de mousse de chêne. Cette dénomination désigne un accord généralement réalisé avec des notes lavandées, boisées, mousse de chêne, coumarine et bergamote. Orientaux ou uniquement aromatiques, les parfums de cette famille olfactive sont traditionnellement, en tout cas culturellement, destiné aux hommes mais nous allons voir que les codes du marketing peuvent être oubliés très facilement que, lorsque l’on est attiré par ces fragrance, elles peuvent vite devenir complètement mixtes. Je ne suis pas spécialement familier de cette famille de parfums si l’on excepte certaines créations dont la dominante est vraiment la lavande et dont j’ai déjà parlé tels « Pour un Homme » de Caron ou encore « Mouchoir de Monsieur" de Guerlain par exemple. Travaillé de manière boisée, complètement aromatique, orientale ou encore florale, l’accord « fougère » peut prendre des formes diverses et variées. Je vais essayer d’en explorer quelques unes mais le sujet est vaste alors il est bien probable que vous croisiez à nouveau des parfums de cette famille olfactive ça et là dans d’autres articles.
J’ai envie de revenir sur « El », créé par Rodrigo Flores-Roux pour Arquiste, dont j’ai parlé il y a quelques mois et qui est, à mon sens, une fougère animale enfermée dans un flacon noir et supposée être la quintessence du raffinement masculin avec une pointe d’excentricité. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Décembre 1978, Armando's Le Club, Acapulco, Mexique. Soirée branchée à Acapulco. La fête bat son plein sur la piste. Dans le feu de l'action, il lui sourit de manière appuyée, et du regard, l'invite à sortir sur la plage pour un bain de minuit. Il déboutonne sa chemise, découvrant ainsi sa peau bronzée émanant l'odeur virile de son Eau de Cologne. Chargée de patchouli, mousse de chêne et d'élégantes notes boisées, cet arôme révèle une forte présence masculine au soleil, intensifiée par l'excitation de la nuit ». L’envolée de laurier de Grèce qui se mêle au côté très aromatique de la sauge sclarée, du romarin du Maroc est soutenu par le géranium d’Égypte. Le coeur de cardamome, de feuille de cannelier, d’eau de brou et de miel de sarrasin est, il faut bien le dire, pas très facile, très animal et cela se confirme avec ce fond chypré de patchouli associé à un magnifique absolu de mousse de chêne enveloppé de castoréum, de civette contrebalancé par une recréation de l’accord fougère. Personnellement, et même si je le trouve qualitatif et très réussi, je sais que « El » n’est absolument pas pour moi. C’est un parfum certes élégant mais segmentant et particulièrement original. Il faut impérativement l’essayer et l’achat à l’aveugle est plus que jamais à proscrire. Il est audacieux et s’adresse aux hommes et pourquoi pas aux femmes, qui transgressent les règles et les conventions. Ce n’est pas un masculin sage et il ne faut pas avoir que ce parfum. Il est assez hors norme.
En 2017, après une communication sur les réseaux sociaux très habile consistant à montrer le flacon rouge flamboyant dans de nombreuses situations alors que le parfum n’avait pas encore été lancé, suscitant ainsi la curiosité du public, la maison Creed lance « Viking » créé par Olivier Creed. Je dois bien avouer que j’étais comme les autres et que j’avais très envie de découvrir cette toute nouvelle fragrance. Le départ, très classique, de poivre rose (que l’on retrouve à tous les étages de la pyramide olfactive), de citron et de bergamote ouvre sur un parfum somme toute très classique du genre avec un coeur de rose et de menthe et un fond de lavande, mousse de chêne et vétiver. Il dégage une certaine fraîcheur tout en restant un peu arrondi par une note omniprésente de bois de santal. Je dois admettre que je n’ai pas vraiment accroché à ce parfum consensuel et, de toute évidence, destiné à plaire à un plus grand nombre. Je crois que, sans égaler « Aventus », il rencontre un certain succès et qu’il fait partie des très bonnes ventes de la maison. Sans doute en attendais-je beaucoup et ai-je été déçu quand je l’ai découvert mais je l’ai senti à nouveau il n’y a pas très longtemps et je me suis dit que, dans le style, il était tout de même assez réussi même si, je l’admets tout à fait, il ne me conviendrait pas du tout je le sais.
« Une fougère du XXIème siècle qui possède la sophistication des pièces sur mesure, à l’image de celles réalisées par les meilleurs artisans de la Haute Couture ». Contre toute attente, « Fougère Émeraude » est, à ce jour et même s’il faut que je fasse plus d’essais, mon coup de coeur absolu alors que je suis très éloigné de ma zone de confort. Créé par Florence Fouillet-Dubois en 2016 c’est une fougère pas comme les autres construite autour d’un coeur de tubéreuse poudré par le mimosa après un départ de lavande absolument magnifique et avant d’arriver sur un fond de fève tonka enveloppant. J’ai été plus qu’impressionné par ce parfum alors que l’accord fougère et moi, c’est un peu « je t’aime, moi non plus ». J’ai adoré ce parfum. Pour moi, il est abouti, original et vraiment très beau et facile à porter grâce à son côté à la fois floral et animal. J’ai un énorme coup de coeur pour « Fougère Émeraude » alors que je serais peut-être passé à côté en tant normal. Parfois la rencontre devient conversation et je suis certain que c’est ce qui se passerait entre cette création et moi. J’ai adoré… vraiment.
Voilà, il n’est pas très facile pour moi de parler de cette famille olfactive car, d’une part elle est vaste et prend des formes parfois inattendues et aussi parce ce n’est pas celle que je connais le mieux. Pourtant, plus je m’y intéresse, plus je trouve qu’on y trouve de jolies pépites et que, si les parfums sont souvent estampillés masculins, ils peuvent très bien renforcer une certaine élégance chez des femmes audacieuses et soucieuses de casser des codes un peu désuets. On l’associe, bien sûr aux eaux de toilettes de barber shops mais la famille est beaucoup plus large. Je remarque que les marques mainstream essayent, depuis un an ou deux, de proposer des parfums fougères à une clientèle féminine. Je pense par exemple à « Libre » d’Yves Saint-Laurent ou « Mon Guerlain » par exemple. Les fougères n’en n’ont donc pas fini de nous surprendre et peut-être, qui sait, de nous plaire. C’est un univers olfactif très large à explorer.
"Le Crépuscule", premier opus de Parfumeur Fauve
Manon Arnaud, fondatrice de la marque et créatrice du parfum
Si je vous dit Parfumeur Fauve, vous allez me répondre que vous ne connaissez pas et c’est bien normal puisque la marque sort « Le Crépuscule », sa toute première création. Manon Arnaud, fondatrice de la maison et créatrice de ce parfum est dijonnaise et c’est grâce à mon amie Nathalie des Ateliers du Parfumeurs que j’ai découvert ce parfum « local ». J’ai un attachement tout particulier pour la capitale des Ducs de Bourgogne alors vous pensez bien que j’ai eu très envie de mettre mon nez sur cette composition dont Manon, très gentiment, m’a envoyé une dose d’essai. Je l’ai porté et j’ai tout de suite eu envie de faire un retour sur mon blog car, vraiment, il m’a beaucoup plu. « Le Crépuscule » est sombre, profond, rond et enveloppant. Il fait froid alors que je le porte et, honnêtement, il est idéal pour ce genre de temps. La note de prune, compotée, presque confite, intense et ronde se mêle à un café torréfié, très dark et à un accord cuir chargé de musc que je pourrais qualifier de musc tonkin, un peu animal et très profond ce qui est renforcé par un très beau patchouli. Heureusement, ce côté presque « cuit » et confit se fait plus sec et plus doux tout au long de son évolution. J’aime beaucoup les notes de fond sur ma peau. Le parfum est dark, « très niche », assez clivant. Il ne plaira pas à tout le monde et je dois dire qu’il pourrait me déranger mais, au-contraire, allez savoir pourquoi, il est, pour moi, vraiment addictif.
Manon explique ainsi son inspiration : « Depuis l'âge de 5 ans, je sens de manière spontanée tout ce qui est autour de moi. Je ne m'en rendais pas compte, mais j'ai ainsi répertorié des centaines d'odeurs en mémoire! Parfumeur Fauve est le fruit d'une longue introspection et réflexion sur la vie. J'ai attendu d'avoir 36 ans pour me lancer, j'ose enfin partager avec le public mon univers créatif débordant! Pour la gamme Acte I: Résurrection, j'ai voulu exprimer en parfums, l'essence même de ce qu'est ma définition de la vie humaine, sous différents prismes, ou phases de vie. J'ai utilisé tout le savoir accumulé de mon ancienne vie d'ostéopathe, et j'ai traduit histoire/émotion en odeurs. C'est très étonnant! Je ne prédis pas de parfum à l'avance, j'ai plutôt l'histoire, et en adaptant l'histoire en odeurs, le parfum naît… C'est une expérience émouvante comme la naissance d'un enfant ». Vous l’aurez compris, « Le Crépuscule » est le premier opus d’une collection qui s’intitulera Acte I : Résurrection et gageons qu’il y aura d’autres belles choses à venir chez Parfumeur Fauve.
Pour conclure, je dirais que Manon Arnaud démarre fort avec un parfum très abouti, sophistiqué tout en gardant le côté un peu « roots » d’une première création et je ne peux que m’en réjouir. En tout cas, je remercie vraiment la fondatrice et nez de Fauve Parfumeur de m’associer à ce lancement ainsi que Nathalie, des Ateliers du parfumeur à Dijon pour me l’avoir fait connaitre. C’est une belle, belle, belle découverte. Manon Arnaud démarre sa marque avec talent et, si son moyen d’expression est la création parfumée, je n’ai aucun doute, Parfumeur Fauve sera une marque à suivre pendant les prochaines années. En revanche, j’ai une petite mise en garde pour celles et ceux qui le découvriront, « Le Crépuscule » évolue énormément et il faut vraiment le poser sur peau pour que chaque versant puisse se développer. Le parfum est très différent à l’envolée et une fois posé sur la peau. Vraiment, je suis très emballé par ce premier opus et cela me donne envie qu’il y ait une suite !
Amandes et héliotropes
* Article entièrement réécrit
Douce, amère, poudrée, l’amande semble une note qui, depuis quelques temps, inspire les parfumeurs. De « Beautiful Day » de Castelbajac à « Comète » de Chanel en passant par plusieurs versions de « L’Homme Idéal » de Guerlain ou encore l’emblématique « Héliotrope Blanc » de LT Piver, elle nous réconforte, nous enveloppe et parfois même nous rend addict. Qu’elle soit obtenue par des molécules de synthèse ou par la fleur d’héliotrope, elle me plait beaucoup. On ne peut pas utiliser le fruit sec directement donc outre cette fleur et son dérivé vanillé, l’héliotropine, elle peut venir du noyau d’abricot distillé pour obtenir le benzaldéhyde qui renforce le côté plus « végétal » ou encore la fève tonka travaillée sur le versant coumarine. J’avais déjà écrit, au début de ce blog, un article appelé « Amandes et héliotropes » mais je me suis rendu-compte que la plupart des parfums que j’ai évoqué n’existent plus. J’ai donc décidé de le réécrire entièrement en actualisant mes exemples alors, d’héliotropes plus poudrées à amande franchement amère, quel sera votre préférée parmi les créations que j’ai sélectionné ? J’espère que nous échangerons sur le sujet.
Il y a plusieurs années, à l’occasion d’une soirée conférence avec Luc et Sophie Gabriel, je me suis vu offrir une miniature de "Pure eVe" créé par Céline Ellena Nezen et lancé en 2011 pour The Different Company. « Je suis sans artifices, un parfum élégant et confortable. Je vous enveloppe de mon sillage de velours, une caresse délicieuse, tel un vêtement de coton blanc, intemporel et raffiné. Je suis un parfum de peau. Mon parfumeur a utilisé une des plus belle qualité de Musc pour recréer cette sensation de la soie glissant sur les courbes de votre corps. Soutenu par le Bois de Cèdre, mon sillage se fait alors plus rond et floral avec la Fleur de Lin, et enfin se délecte de douceur avec le gourmand Calisson. Je suis un contraste olfactif, vertueux et transgressif. Mes notes pures d’Aldéhydes et Rose Blanche cachent gourmandise et intensité. Je suis un luxe purement sensuel, je suis Pure eVe, Just Pure ». Je m’étais dit, "avec un nom pareil, il ne sera pas pour moi et je ne pourrai pas le porter"... et pourtant immédiatement, je me suis laissé entrainer dans ce lait d'amandes, douces ou amères, comme les calissons d'Aix, dans cette création ronde, enveloppante, comme un cocon qui me rappelait l'enfance et les odeurs de frangipane. Je me suis retrouvé projeté dans le passé, dans une époque où, déjà, les effluves d’une amande douce et suave titillaient mes narines. Dès l’envolée de benzaldéhyde, je suis séduit et le coeur de lin, de rose et de mimosa, légèrement floral et très poudré me ravi. Lorsque le parfum se pose sur un fond construit autour d’un accord amande, avec des muscs blancs et du ois de cèdre, il continue son action de bien être. Sans être réellement gourmand c’est est un parfum délicieux, envoutant, addictif, qui, pendant l'hiver où je l'ai porté, m'a procuré une sensation de bien-être et une assurance : "Pure eVe" était absolument pour moi. Je ne sais pas si je le porterai à nouveau car il y a tant de choses que j'aime et je l'ai adoré. Je trouve que c’est le parfum cocon par excellence. Récemment, grâce à Stéphanie, qui vient souvent sur ce blog et que je remercie, j’ai eu l’occasion de reporter ce parfum et, vraiment, je l’aime énormément. Il m’enveloppe et me réconforte quand il fait froid.
« Une fragrance contemporaine émerge, jeune et spontanée, capturant l'essence même de la simplicité avec une touche de gourmandise irrésistible. C'est une composition olfactive qui transcende les tendances, évoquant la jeunesse insouciante et la spontanéité joyeuse. Les notes gourmandes s'entrelacent de manière délectable, créant une expérience olfactive aussi savoureuse qu'irrésistible. Chaque vaporisation révèle une douceur enivrante qui transporte vers un monde où la tendance se marie harmonieusement à la simplicité, créant ainsi une fragrance délicieusement moderne ». J’ai un vrai coup de coeur pour « Almond », une création de Philippine Courtière lancée 2019 par la marque Widian. J’ai pu l’essayer lors de mon dernier passage à Paris et il a nourri mon goût d’une amande ronde, douce comme un cocon et particulièrement réussie. C’est une vraie exquise trouvaille. Je me suis senti complètement enveloppé par ce parfum tout en douceur. J’étais complètement passé à côté et je le regrette bien car il pourrait tout à fait m’accompagner. Je me suis dit tout de suite que je me voyais porter ce parfum à la fois un soir au restaurant pour un dîner agréable et détendu mais aussi au coin du feu, tout au nord de l’Écosse, alors que tout est gelé dehors. La note d’amande en tête est une vraie merveille et elle se conjugue avec le côté rond de la prune et de la framboise et duveteux de la pêche. Le tout est rendu très original par le poivre rose et la noix de coco qui se zeste de mandarine. Le coeur de tubéreuse, de fleur d’oranger, de violette, d’orchidée de chèvrefeuille donne un côté plus frais mais très vite, le parfum se pose sur un fond de patchouli arrondi et baumé par le benjoin et la vanille et poudré par les muscs blancs. « Almond » est vraiment un parfum élégant et d’une grande complexité. De Widian, je ne connaissais que « London » que j’aime beaucoup mais je me dis que la marque est à explorer. En tout cas, les deux parfums que j’ai pu découvrir lors d’un séjour à Paris sont magnifiques. Je suis très content d’avoir eu l’idée de les essayer.
Créé en 1998 par Christopher Sheldrake pour Serge Lutens, « Rahat Loukoum » m’a toujours beaucoup plu même si, dans le style amandé, j’ai toujours privilégié « Louve » dont je vous parle sans arrêt. J’avais envie de remettre mon nez dessus et il m’en restait quelques gouttes dans un « vapo tout noir » car il était, avant d’être une exclu boutique dans la collection des Flacons de Table, sorti sous cette forme. Avec ce parfum, on plonge dans une amande gourmande assumée. « De ces délicats pastels translucides, parfumés à la rose, la menthe, l'amande ou la pistache, Serge Lutens a conservé la splendeur du nom. Voluptueuse, suave, cette soie gourmande fardée de sucre glace invite à un rêve oisif sur coussins d'or et de brocart. "En Turc, dans le texte, traduisez : Caresse du palais. C’est une amande, elle écoule en nous sa douceur sur le Bosphore, au soleil couchant ». Rose, notes amandées, notes fruitées et vanille, cela peut paraitre « too much » mais, je dois l’admettre, le côté totalement régressif de cette composition m’a séduit. Je ne pourrais pas la porter tout le temps mais, j’ai pris plaisir à me parfumer avec de temps à autre. En tout cas, je me suis fait plaisir à le poser sur ma peau après toutes ces années. Certes, il ne détrône pas « Louve » pour moi qui reste peut-être mon parfum de Serge Lutens préféré mais, pour varier, je voulais parler d’une création excessivement excessive que j’ai toujours beaucoup aimée. Christopher Sheldrake n’est tombé dans aucun écueil et je lui tire, il faut le dire, mon chapeau car une telle formule aurait pu nous entraîner vers une certaine vulgarité et ce n’est absolument pas le cas.
J’aime beaucoup les créations de James Heeley pour sa marque éponyme, ce n’est pas un scoop. À une certaine époque, j’avais une prédilection pour « L’Amandière » qui avait été lancé en 2011 en concentration extrait mais j’avais été un peu déçu lorsqu’il a été reformulé en eau de parfum il y a quelques années. Je voulais une amande fraîche et florale or j’ai quand même décidé de réessayer cette version. « Un portrait du printemps Songe d’un verger d’antan au moment où la lumière matinale passe à travers les amandiers. Dans cet écrin verdoyant étourdi de rosée, c’est l’éclosion simultanée de milliers de fleurs … ». Après une envolée de menthe et d’amande amère, le coeur très floral et miellé de jacinthe et de rose prend toute sa place et s’adoucit encore avec la fleur de tilleul. Les notes de fond sont principalement musquées. Il y a presque un côté muguet ou lilas avec des notes amandées. Je dois dire que j’ai aimé remettre mon nez dans ce parfum même si je continue de préférer l’extrait et de le trouver plus conforme à mes goûts et plus profond. « L’Amandière » reste quand même un beau parfum et j’ai presque pris envie de le porter à nouveau même dans cette version moins profonde et peut-être moins facettée. En tout cas, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une très belle création printanière et basée sur la dualité des notes amandées et florales. Je ne porte pas ce parfum mais je l’aime beaucoup. Je pense que je franchirai le pas un de ces jours. Il est vraiment réjouissant. Pour moi, c’est un parfum joyeux et réussi. Je suis complètement sous le charme lorsque je laisse évoluer le contenu de mon échantillon sur la peau.
Vous l’aurez compris, j’aime beaucoup les amandes et héliotropes et je me suis fait plaisir à retourner sentir ces parfums et les essayer. Je suis sûr que beaucoup d’entre-vous aiment ces notes. En tout cas, je serais content d’échanger sur le sujet et d’aller découvrir vos suggestion car j’ai une prédilection pour ce genre de parfum. Je dois dire que les trouve addictifs et très « cocons ». En tout cas, cet article méritait non pas d’être remis au goût du jour, mais réécrit entièrement. C’est chose faite.
Mes parfums préférés : "Cape Wrath"
C’était un coup de coeur lorsque je l’ai découvert il y a quelques temps mais, maintenant qu’il m’a été offert, je peux bien ranger « Cape Wrath » créé par Euan McCall pour la toute nouvelle collection Force Majeur de Beaufort London, la maison britannique si atypique fondée par Leo Crabtree, ancien batteur du groupe The Prodigy et artiste jusqu’au bout des tatouages ! Avec ce parfum, la marque nous entraîne dans un univers complexe, presque sauvage et immense du nord du Royaume Unis : « Nommé d'après la zone côtière accidentée située à l'extrémité nord-ouest de la Grande-Bretagne, Cape Wrath s'inspire de ce paysage marin sauvage et dangereux. Ce point de repère éloigné, nommé d'après le vieux mot nordique signifiant « tournant », est utilisé depuis des siècles par les marins pour naviguer en toute sécurité sur les côtes britanniques, mais ses eaux dangereuses ont emporté d'innombrables navires ». Le nord-ouest de l’Ecosse, si cher au parfumeur, est une contrée un peu sauvage, souvent battue par les vents et je dois dire qu’avec « Cape Wrath », l’un des caps les plus au nord du Royaume Unis voit vraiment son atmosphère retranscrite dans un parfum.
Leo Crabtree, fondateur de Beaufort London
Avec un départ de poivre rose, de résine d’élémi, de galbanum et de racine d’angélique, Euan McCall nous fait entrer dans un accord très épicé et vert qui, je trouve, m’emmène dans les Highlands un peu sauvages de ce nord-ouest. Le coeur de géranium et d’encens est associé à un accord mastic que je n’arrive pas à percevoir. Pour moi, il a quelque chose de légèrement mentholé mais floral qui s’enrichit d’un fond d’ambre gris, de vétiver, d’ambrette qui sont enveloppés de notes d’algues un peu iodées et surtout d’un très bel absolu de mousse de chêne qui renforce un côté plus naturaliste que réellement onirique. Sur ma peau, la toute fin de l’évolution est à la fois épicée, délicatement iodée et surtout très mousse de chêne. Je trouve « Cape Wrath » vraiment très inclassable. C’est un parfum que je pourrais presque qualifier de néo-chypré et pourtant, je n’arrive pas complètement à l’associer à l’idée que je me fais de cette orientation. En tout cas, il est, pour moi et sur ma peau, totalement addictif. Je me dis que, en dépit de leur côté très étrange et clivant, les parfums des collections de Beaufort me correspondent vraiment bien. « Cape Wrath » est un premier pas dans cette nouvelle collection et, vraiment, je l’aime déjà beaucoup.
MDCI, des créations exceptionnelles
Depuis 2003, MDCI est vraiment une maison de parfum à part car la qualité de chaque création s’avère exceptionnelle, il faut le dire. Je l’ai découverte il y a quelques années et, à chaque fois que j’ai mis mon nez sur l’un des parfums, je me suis dite qu’il était exceptionnel. J’ai un peu hésité à en parler de manière un peu globale car elle est onéreuse mais, vraiment, les amateurs de beaux classiques avec un petit twist original à chaque fois se doivent de la découvrir. À ce jour, la marque a sorti 24 parfums réparties dans deux collections et créées par Pierre Bourdon, Bertrand Duchaufour, Cécile Zarokian, Richard Ibanez, Francis Kurkdjian, Stephanie Bakouche, Anne-Sophie Behaghel, Patricia de Nicolai, Amandine Clerc-Marie, Jeanne-Marie Faugier, Nathalie Feisthauer et Irene Farmachidi. J’en ai retenu cinq qui m’ont vraiment enthousiasmé et je pense qu’il fallait que je joue les passeurs. Je vous emmène donc dans l’univers ultra raffiné de MDCI et son interprétation très artistique de la parfumerie de niche.
Pour la collection Peintres et Parfumeurs de MDCI, Nathalie Feisthauer ainventé le très boisé « L’Homme Aux Gants » en 2019 inspiré du tableau du Titien. La marque le décrit ainsi : « Une eau de parfum empreinte de sérénité et d’une virilité apaisée, qui sonne juste avec la mélancolie qui émane du modèle saisi dans un moment d’interrogation songeuse, rendu d’une manière étonnamment moderne pour un patricien vénitien saisi ici en 1523. Une eau de parfum qui par la noix muscade, la vanille et le patchouli est une invitation au voyage au départ de la Sérénissime, mais aussi une invitation à la réflexion, au sacré, par le benjoin, les muscs et les notes boisées qui traduisent la nostalgie du temps qui passe ». Son envolée de noix de muscade m’a immédiatement séduit et le coeur très étonnant de cypriol et d’hédione ma un peu dérouté. Le fond boisé avec une très belle qualité de cèdre et de gaïac, un patchouli terreux, un benjoin spirituel, des muscs et de la vanille relevés d’une note de oud est du plus bel effet sur ma peau. Je l’ai testé hier et il m’en reste quelque chose de vraiment agréable et assez facile à porter. Il me séduit sans doute un peu moins que « Cuir Cavalier » mais je l’aime bien également. Il me fait un peu sortir de ma zone de confort et, s’il a des moments abruptes dans son évolution, il est très élégant et fini arrondi par la vanille et la fève tonka. C’est une très belle création qui nous emmène sur les traces des marchands d’épices du XVIème siècle. Je l’ai finalement bien aimé.
« Claude Marchal forme pour l'occasion un duo de choc avec Bertrand Duchaufour et nous livre un chypre aux échos "cuirés". Parfum de sillage, il poudre délicatement sur la peau et renoue avec la grande tradition des chypres avec une petite patine "à la Duchaufour" de fruits confits, et un fond.... d'une rare complexité pour un 10/10 en tenue » tels sont les mots de la fan pour décrire « Chypre Palatin » créé pour la collection classique de MDCI en 2012 et que j’avais très envie de réessayer. La qualité est tout à fait flagrante et je dois dire que dès l’envolée, je suis séduit par ce chypré foisonnant et classique à la fois. Alors bien sûr, c’est un parfum qui semble fait pour moi. Il me semble d’ailleurs que je l’avais déjà évoqué. Après une envolée à la fois verte avec des notes de galbanum et d’aldéhydes associées à la lavande, la clémentine, la jacinthe un peu amère, le thym et la facette cuirée du ciste, le coeur de prune fleuri de gardénia, de jasmin, de rose et d’un iris légèrement poudré me charme et me donne envie d’y revenir. Le fond est tout aussi complexe avec des notes baumées qui viennent jouer avec la mousse de chêne et l’immortelle mais aussi avec le styrax, la vanille et le benjoin puis un accord castoreum. Je dois dire que j’aime la complexité un peu à l’ancienne de ce parfum. On est très loin des formules épurées qui me plaisent souvent. Là, on pourrait fumer une cigarette avec Marlene Dietrich ou parler avec Colette. Ce parfum est une véritable merveille il faut bien le dire. Je peux très bien parler de coup de coeur et je le porterai vraiment facilement. C’est un énorme coup de coeur. Pour moi, et je pèse mes mots, « Chypre Palatin » est l’un des plus beaux parfums de la marque mais il est aussi emblématique d’une parfumerie fascinante qui nourrit ma passion depuis tant d’années.
Je ne suis pas toujours très attiré par le travail de Francis Kurkdjian mais j’ai été irrémédiablement attiré par « Enlèvement au Sérail » qu’il a créé pour la la collection classique de MDCI en 2006. En effet, il porte le nom d’un des opéras de Mozart que je préfère alors cela a éveillé ma curiosité sans aucune réserve. Il faut dire qu’il coche toutes les cases. Dès l’envolée, l’ylang-ylang, rafraîchi par la bergamote et la mandarine, la douceur et l’élégance de la création est palpable mais c’est lorsqu’il évolue vers ce magnifique coeur de tubéreuse, de rose et de jasmin qu’il m’accroche tout à fait. Le fond de patchouli, de vétiver, de vanille et de santal lui donne presque quelque chose de néo-chypré qui ne pouvait que me séduire. « Ce fleuri oriental délibérément « rétro », un des premiers succès de la marque, est à nouveau disponible. Un parfum sophistiqué et complexe qui évolue tout au long de la journée, révélant différentes facettes du parfum au fur et à mesure que les notes s’estompent et se mélangent. Il se transforme en un bouquet floral doux et sensuel, avant de laisser place à des notes de fond chaleureuses et réconfortantes. Le parfumeur a ajouté une petite touche qui le rend subtilement, légèrement plus frais et plus jeune, mais Il a gardé toute sa puissance, sa profondeur, et un « velouté » rares de nos jours ». Délicieusement rétro et confortable, il me séduit et, je pèse mes mots, je trouve qu’il est à ce jour, le chef-d’oeuvre de Francis Kurkdjian. « Enlèvement au Sérail » tient mieux que bien ses promesses. C’est une merveille !

(le flacon portrait)
Il est bien rare que Patricia de Nicolaï crée des parfums pour d’autres marques aussi ma curiosité a été piquée lorsque j’ai vu qu’elle avait composé « Le Rivage des Syrtes » pour la collection classique de MDCI en 2009 et je n’ai pas été déçu car ce parfum est juste une merveille. « Les essences naturelles de grande qualité apportent une grande élégance et un sillage particulièrement raffiné à Rivages des Syrtes. Les essences d'orange douce, d'ananas et de galbanum d'Iran, sont peu à peu rejoints par la tubéreuse, l'ylang ylang, l'encens et l'absolue de fleur d'oranger. En fond, comme pour illustrer l'idée d'un long voyage vers des rivages lointains, un musc très fin, la vanille de Madagascar se marient à un rare et précieux ambre-gris qui donne à ce doux poème olfactif un caractère bien particulier ». Le départ m’accroche tout de suite avec le côté amer de l’orange, juteux et doux de l’ananas et vert du galbanum. Le coer de fleur d’oranger arrondi et enrichi par la tubéreuse et l’ylang-ylang rafraichis les notes un peu encens qui lui donnent sa personnalité. Le fond ambré et musqué s’avère comme « enveloppé » d’une vanille opulente et tendre. Patricia de Nicolaï est une virtuose. On ne la lui fait pas ! Elle sait inventer et réinventer des styles classiques à l’infini et, vraiment, je suis content d’avoir une dose d’essai de ce floral magnifique et réjouissant. Il plaira peut-être un peu plus aux femmes mais je me dis que je pourrais tout à fait le porter.
Créé par Irène Farmachidi en 2021 pour la collection Peintres et Parfumeurs, « L’Élégant » n’est pas forcément pour moi mais, vraiment, je le trouve superbement pensé et réaliser. « Ce magnifique portrait de Mr. Sériziat peint par son ami Jacques Louis David en 1795 a inspiré à Irène Farmachidi cette fragrance complexe et raffinée. Une création audacieuse qui reflète toute l'élégance et le caractère affirmée du modèle. La peinture originale peut être admirée au Louvres à Paris, à coté du portrait de sa femme, aussi réalisé par David ». Le départ, âpre, étonnant, pas forcément agréable, d’encens, de poivre noir, de safran et de cardamome m’a tout d’abord dérangé mais, très vite, le coeur, très original de santal, de miel pour une touche gourmande, d’iris qui apporte une belle élégance, de davana qui l’adoucit, est épicé par le cumin, la noix de muscade et la cannelle mais c’est le fond, intense, complexe et « cocon » qui me plait le plus. Autour des muscs blancs et de cashmeran, la fève tonka, le ciste et la myrrhe assurent une vraie force au parfum qui est renforcé par des traces de oud. Si j’évoque « L’Élégant », je dis volontiers « précieux ». Ce parfum, qui pourrait être l’antithèse de ce que j’aime, fait partie de mes préférés dans cette collection. Il est déroutant et magnifique.
Je n’ai évoqué qu’une petite partie des merveilles que l’on trouve chez MDCI car j’ai pu remettre mon nez dessus mais chaque création est belle. Je trouve que c’est carton plein. Certes, le prix d’achat est élevé mais il me semble que tous les parfums sont exceptionnels et je me devais d’en parler. J’en évoquerai d’autres à l’avenir je pense.
Mes carnets de voyages : Copenhague
« La ville de Copenhague est située sur la côte orientale de l'île de Seeland, mais aussi sur l'île plus petite d'Amager, laquelle se trouve face à l'Øresund, qui relie le Cattégat à la mer Baltique et sépare le Danemark de la Suède ». Je ne sais pas si mes souvenirs de Copenhague sont précis car je n’y ai passé que quelques jours à l’occasion d’une manifestation organisée sur le thème d’une autre de mes passions mais je pense que j’ai vraiment aimé la capitale de Danemark pour ses façades, la qualité de la lumière et les couleurs chatoyantes qui sont en opposition avec les « brumes du nord ». Pour moi, Copenhague, ce sont des contrastes comme dans le décor d’un conte d’Andersen. J’ai donc imaginé de la neige, recouvrant des façades réjouissantes et à la fois apaisantes et colorées. J’ai tout de suite pensé à une création d’Isabelle Doyen et Annick Goutal pour symboliser l’ambiance tout à fait unique de cette ville danoise ou tout du moins le souvenir que j’en ai gardé. Il me fallait un parfum à la fois atypique et « romantique ». « Nuit Étoilée », lancé en 2012 pour Goutal Paris m’a semblé idéal. C’est un parfum que je connais bien car je le porte et c’est vrai qu’il est vraiment froid comme le nord et chaud comme les couleurs.
« S’allonger sous les séquoias et se laisser bercer par les odeurs de bois, de mousse et de terre. Là, dans l’immensité de la nuit, c'est la liberté qui nous appelle. À côté du ruisseau que l'on devine à peine, il n’y a plus qu’à se perdre dans le ciel pour embrasser la fraîcheur douce et rassurante, le calme mystérieux et apaisé d’une nuit étoilée » et pourquoi pas au Danemark ? L’envolée de menthe poivrée et de graine d’angélique est contrebalancé par des notes d’orange douce et, au coer, on retrouve, graine de carvi, lentisque et jasmin égyptien, un mélange bien audacieux et singulier. Le fond est totalement résineux avec le sapin baumier et le pin de Sibérie. Le côté suave est assuré par la fève tonka et surtout l’immortelle. « Nuit Étoilée » est complexe, tout à fait addictif et vraiment mixte. C’est une invitation au voyage très nette. Pour moi, il s’agit vraiment d’une trouvaille. Il m’évoque le nord de l’Europe et, finalement, la très belle ville de Copenhague. Je suis vraiment très inspiré de ce rapprochement. En tout cas, j’espère que je vous aurai donné envie d’y remettre votre nez.
Majda Bekkali, un univers très étonnant
Il y a bien longtemps que je connais les flacons très atypiques, un peu comme des galets empilés l’un sur l’autre, de Majda Bekkali et j’ai parfois évoqué l’un ou l’autre des parfums mais je n’avais jamais fait de sélection pour vous la proposer. Elle compte aujourd’hui 14 parfums répartis en deux collections et qui sont, il me semble, tous disponibles, composés par Camille Chemardin, Delphine Thierry, Marie Schnirer, Bertrand Duchaufour, Dorothée Piot, Marina Jung-Allegret et Cécile Zarokian. Il me semble que Majda Bekkali est d’origine iranienne et, le moins que l’on puisse dire est que sa direction artistique est originale et que les parfums qu’elle commande ou accepte de sortir sont très atypiques. J’en ai beaucoup aimé certains et j’ai du me limiter à quatre sous peine d’être illisible tant les constructions des parfums sont denses. Je vous emmène donc dans cet univers à la fois onirique et infiniment poétique qui m’a provoqué pas mal d’émotions.
Le premier parfum, je l’ai découvert grâce à Jessica qui vient très souvent sur ce blog et je l’ai beaucoup aimé. Il s’agit de « Fusion Sacrée - Clair » créé en 2012 par Bertrand Duchaufour pour la collection Sculptures Olfactives de Majda Bekkali. « La nuit s'avance et dans son sillage gonfle l'attrait de l'ombre et de la douce léthargie. Dans la pénombre l'air exsude un parfum métaphorique suave et opulent. Certaines fleurs offrent à la nuit ce qu'elles refusent obstinément au jour. Les bruits s'estompent et se font murmures, les formes sont incertaines et les lignes se confondent ». Il est ultra complexe et j’avoue que je l’ai vraiment beaucoup aimé. Il s’ouvre sur une envolée de café, de clémentine, de rhubarbe, de bergamote, de cassis et de coriandre puis évolue vers un coeur de tubéreuse très opulente associée à la fleur d’oranger, au jasmin, à la figue, au gardénia et au clou de girofle avec un accord lait. Le parfum se pose alors sur un fond de benjoin, de patchouli, de cèdre, de musc, de vanille, de baumes divers, d’ambre gris et d’héliotrope. Je connais bien la signature de Bertrand Duchaufour et, là encore, c’est une explosion de notes. Je dois dire que j’ai adoré ce parfum sur ma peau. Il est vraiment très facetté. Je lui trouve une élégance presque vénéneuse. Je me suis vraiment demandé si je ne pourrais pas le porter. Il y a seulement quelque chose qui m’a arrêté. Il est vraiment très opulent et j’ai un peu peur de ne pas l’assumer. En tout cas, c’est vraiment un bel oriental. Il m’a énormément plu.
La note de réglisse change tout dans la formule de « Fusion Sacrée Obscur » créé par Bertrand Duchaufour pour la collection Sculptures Olfactives en 2012. Elle donne à ce parfum sombre, liquoreux et épicé, un certain pep’s. Dès le départ, on sent la complexité que va présenter cette composition avec un accord de rhum, des notes de cédrat, d’orange, de néroli et de bergamote relevées de lavande et de cardamome qui viennent s’enrichir d’un coeur ou la dualité entre la note de café très suave et de réglisse presque acidulé apporte un équilibre complété par le côté piquant du clou de girofle et de l’oeillet et nous emmène sur un fond baumé et animal avec des notes de benjoin, de vanille, de caramel, de muscs blancs, de santal, d’ambre gris, de cèdre et d’opoponax. Le parfum est très différent du précédent. Il est sombre, dense, liquoreux. Il me convient peut-être n peu moins mais j’aime énormément le sentir. C’est un grand parfum mais il est peut-être un peu trop dense pour moi.
J’avais noté tout de suite que Dorothée Piot avait créé, en 2010, « J’ai fait un rêve clair » pour la collection Sculptures Olfactives. Le départ de résine d’elemi associé au cumin et au côté vert et riche du petit grain m’a conduit très rapidement sur un coeur comme un bouquet floral de néroli, de lys, de cassis, de jasmin, d’ylang-ylang et de fleur d’oranger. L’encens en fond ne me gêne pas du tout car il est associé à la douceur des muscs, au côté profond d’un castoreum recréé, du labdanum et du papyrus puis les bois de cèdre et de gaïac soutiennent la fragrance avec une élégance absolument nette et sans aucune concession. L’univers poétique de Majda Bekkali est retranscrit avec beaucoup d’adresse par la parfumeure. C’est une création unique, singulière mais dans laquelle on retrouve à la fois l’univers de Dorothée Piot et de la marque. Je pourrais tout à fait porter ce floral lumineux et particulièrement bien construit. Il a su me séduire et me plaire.
J’ai découvert « Tulaytulah » créé par Delphine Thierry pour l’Andalus Collection en 2015 récemment. Je l’ai beaucoup aimé. Il s’ouvre avec une très belle envolée de sakura à laquelle est associée des notes de cyprès et d’anis très surprenante. Le coeur est liquoreux avec un versant whisky à l’ancienne et amandes. Le fond, construit sur un accord daim poudré de vanille et de tonka est de toute beauté. J’ai vraiment aimé surtout sur la peau. Il matche merveilleusement bien sur moi. « Tulaytulah est le nom de Tolède en arabe et en hébreux. Située sur un éperon rocheux au bord de la rivière Tage, Tolède est la cité des trois cultures. Elle est célèbre pour sa tolérance religieuse: quand elle faisait partie de Al-Andalus, juifs, chrétiens et musulmans y vivaient ensemble, en paix et en harmonie.Grâce à cette coexistence (La Convivencia), la ville devint une capitale économique et culturelle radieuse. Tolède la médiévale fait perdre la tête. Églises, palais, forteresses, mosquées et synagogues, des monuments qui révèlent aux yeux du monde le raffinement et le goût de ceux qui y ont, par le passé, élu domicile ». C’est un parfum à découvrir.
Majda Bekkali est vraiment une très belle maison. Elle n’est pas, pour l’instant, distribuée chez nous à Lyon, mais, à chaque fois que je vais à Paris, je remets mon nez dessus. Elle regorge de pépites et j’aurais pu en choisir d’autres mais celles-ci me plaisaient particulièrement à l’instant T. En tout cas, j’espère vous avoir donné envie d’aller les essayer.
Promenade dans mes doses d'essai
Comme chaque mois, j’ai fait quelques essais et je viens vous donner, un peu comme je le sens, mes impressions. Je me suis donc promené dans mes échantillons et j’en ai glané cinq sans vraiment choisir, comme un peu au hasard. J’ai eu envie de dire, sans trop de filtre, ce que j’en avais pensé. Parfois, je me suis un peu éloigné de mes goûts mais ce n’est pas grave. Il faut toujours tenter des expériences olfactives. J’ai essayé de ne pas trop me mettre de barrières en me disant, « on verra bien ». Je vous emmène donc au fil de mes découvertes et j’espère vraiment vous donner envie de vous forger votre propre opinion.
Créé par Cécile Zarokian, « Aqua Sextius » en 2014, « Aqua Sextus » n’est vraisemblablement pas le parfum de Jul et Mad vers lequel je serai allé instinctivement. « Ce parfum extrêmement frais séduit par la complexité de sa composition et par sa longévité. Portant le nom d’origine de la célèbre ville d’Aix-en-Provence, cette explosion de fraicheur évoquée par l’accord rafraichissant de notes hespéridés et vertes est en harmonie parfaite avec la figue, le mimosa et des subtiles fleurs blanche, le tout rappelant le souvenir d’une belle destination ensoleillée et festive. Les notes marines, l’accord eucalyptus/menthe chauffé progressivement par l’ambre gris, les bois précieux et les mousses apportent une personnalité très forte à ce parfum exquis, afin de prolonger ce sentiment extrêmement agréable… ». Je ne suis pas fou des marins et j’ai une certaine aversion pour la calone mais je ne la sens pas vraiment dans cette composition ultra complexe qui s’ouvre sur des notes de citron, de bergamote, d’orange, de citron vert et de pamplemousse puis vient un coeur aquatique avec des versants pin, figue, menthe, eucalyptus et mimosa. Je trouve le résultat assez surprenant, presque gourmand et pourtant salin. Le fond est quand même très ambroxan malgré la présence de cèdre, de labdanum qui peut parfois, et je le découvre, avoir un côté presque marin, de musc, de bois de gaïac et de mousse de chêne que je ne sens pas du tout. Je dois dire que je n’ai pas adhéré du tout mais cela ne remets pas en cause la qualité de la création. Cela m’a même donné l’envie d’écrire une revue sur la marque.
« Panorama » créé par Clément Gavarry en 2014 pour la collection classique d’Olfactive Studio est également un coup de coeur. Je l’ai redécouvert pour cet article et il m’a énormément plu. « Vert et sauvage, Panorama est le parfum d’une jungle urbaine. Un jeu d’alliances inédites dont un surprenant accord wasabi, piquant et épicé. Quand surgit la myrrhe, parmi d’autres notes résinées chaleureuses et envoûtantes, un contraste incroyable s’invite avec raffinement. Composition ample, généreuse et inattendue, Panorama ouvre l’imaginaire olfactif ». Clément Gavarry a élaboré une fragrance vraiment très étonnante, verte et particulièrement originale. L’envolée déjà est tout à fait incroyable avec des notes de wasabi, de citron, de bambou et de feuille de figuier. Il y a presque quelque chose de piquant dans ce départ et cela va se transformer avec un coeur de galbanum, de feuille de violette, d’herbe et surtout de cardamome qui renforce la fraîcheur du parfum. Le fond, plus rond se fait enveloppant avec des notes de myrrhe, de labdanum, de sapin baumier, de vanille, de musc, de patchouli et de fève tonka. Je suis vraiment content qu’Alain et Serge de la parfumerie lyonnaise Le Paravent, m’aient fait découvrir ce parfum que je trouve tout à fait magnifique et vers lequel je ne serai sans doute pas allé sans leur conseil éclairé. J’aime beaucoup « Panorama », il s’agit un très beau parfum, rare, original et pourtant facile à porter. J’ai vraiment adoré cette redécouverte. Pour moi, « Panorama » est une vraie réussite. Il pourrait être « mon » Olfactive Studio.

Décidément, 1907 est une marque qui me parle. Il n’y a rien à faire, à chaque fois que je m’y penche, je découvre une belle création. « Green Cream » créé en 2021 pour la Frag Ment Collection ne fait pas exception à la règle. La marque ne communique pas sur le nom du parfumeur mais décrit ainsi la création : « Propre, crémeux... Frais toute la journée », tout un programme ! Le départ est acidulé et épicé avec un accord rhubarbe et fraise associé au petit-grain, à l’anis et au poivre noir. Très vite se développe le coeur de muguet, d’ylang-ylang, de géranium de bois de rose et de jasmin épicé de clou de girofle et renforcé en poivre. Le fond très ambré mais tout en légèreté, se pare de cèdre, de muscs blancs, de violette et de vanille avec un léger accord framboise. C’est un floral fruité très original mais je ne suis pas complètement séduit car il y a des notes synthétiques à profusion dans son évolution et je le trouve un peu figé. Il n’en demeure pas moins très intéressant. Je crois qu’il faut vraiment sentir ce parfum car il est super intéressant. Le porter sera plus difficile. Il demeure assez clivant voire segmentant. Cela ne me dérange pas bien au contraire. En tout cas, j’ai bien aimé l’idée et il est vrai que la réalisation est belle. Là encore, il va me falloir écrire une revue sur la marque car je commence à connaitre pas mal de ses créations.

Créé par Pierre Guillaume pour Phaedon en 2019, « Ciel Immobile » est une curieuse création abstraite. « Île sacrée d’Apollon, Delos eut un rayonnement économique et religieux à son apogée au VIème siècle avant J.C. Depuis longtemps inhabitée, Delos est aujourdhui une terre aride, gardée par ses célèbres lionnes en marbre blanc de Naxos. La végétation y est peu variée. Le visiteur qui y débarque est vite interpellé par le parfum unique des fleurs de câpriers qui pousse jusqu’aux pieds des figuiers et qui règne discrètement sur l’atmosphère minérale des lieux. Ici le temps s’est figé en un ciel immobile saturé d’azur, prisonnier pour toujours des liens de cuir chauffé d’un soleil ardent ». La marque parle d’un départ de fleurs de câpres, une matière que je n’avais jamais sentie en parfumerie et que je suis bien incapable d’appréhender ou de décrire. Je dirais qu’il y a quelque chose de floral vert assez joli et plutôt profond mais il m’est difficile d’être plus préis. Le coeur de figuier me semble plutôt un peu boisé et végétal puis le fond de cuir donne une cohérence à la fragrance. J’ai bien aimé ce parfum qui sort vraiment des sentiers battus. En tout cas, il est très singulier. Je pense que je pourrais le porter sans aucun problème.

Je ne peux pas dire que je sois un amoureux des parfums gourmand et je suis donc resté un peu hermétique aux créations de la maison Jousset. Elles sont très bien réalisées mais ce n’est simplement pas mon histoire. Pourtant, dans chaque marque, on trouve au moins un parfum qui fait appel à l’émotion. C’est le cas de « African Queen » créé en 2020 pour la collection blanche par Jimmy Bodin. J’ai attiré par le nom qui m’a rappelé, bien évidemment le film avec Katharine Hepburn et Humphrey Bogart. « Le parfum "African Queen" de Jousset Parfums est une fragrance florale et suave qui évoque une image de sophistication et de mystère. En tête, les notes d'amande, de chocolat noir et de citron créent une ouverture sucrée et légèrement acidulée, qui s'entremêle avec des notes de rose de Bulgarie et de jasmin au cœur de la composition, ajoutant ainsi une touche florale et suave à l’ensemble. Le fond de la composition est riche et suave, avec des notes de fève de tonka et de patchouli qui créent une ambiance sophistiquée et mystérieuse. Portez ce parfum pour vous envelopper dans une aura suave et sophistiquée, qui ne manquera pas de vous faire remarquer et de susciter l'admiration de ceux qui vous entourent. "African Queen" est un parfum idéal pour les soirées chics ou les occasions spéciales où vous voulez vous sentir élégant et séduisant tout en restant fidèle à votre personnalité suave et mystérieuse ». Dès l’envolée, je sens l’amande, le chocolat noir et le citron qui donnent sur ma peau, vraiment, un côté bois de réglisse. L’alchimie est très étonnante. Le coeur de rose de Bulgarie et de jasmin me plait beaucoup aussi et le côté rond arrive seulement en fond avec une fève tonka presque cuirée et un patchouli très discret qui assure une incroyable tenue au parfum. Franchement, j’ai bien aimé « African Queen ». Je pourrais tout à fait le porter. C’est un coup de coeur inattendu.
Je suis très content de ma sélection « au hasard » car j’ai mis sur peau des parfums que je n’aurais sans doute pas choisi au premier abord. Je remercie toutes les équipes du Paravent à Lyon, de Jovoy et de Sens Unique à Paris qui m’ont aidé pour cet article en m’entraînant sur des pistes que e n’aurais pas exploité de moi-même. Cela m’a permis de faire de belles découvertes. J’espère vous donner envie de tester ses parfums.
Les molécules de synthèse : L'Ethyl Maltol
Depuis quelques années, les notes rondes, gourmandes, voire alimentaires et parfois même très sucrées sont à la mode. Bien sûr, lorsque l’on pense à ces parfums, une molécule revient en boucle, il s’agit de l’ethyl-maltol mise au point par Firmenich. Elle a vu le jour en 1969 et n’a pas vraiment d’équivalent dans la nature. Sa formule originale évoque une odeur de fruits cuits et de caramel mais certaines variantes tirent vers la praline et même vers la barbe à papa. Le premier parfum à vraiment utiliser cette molécule est « Angel » créé par Olivier Cresp et Yves de Chiris en 1992. On l’aime ou on le déteste mais il va révolutionner la parfumerie. Je ne suis pas tellement amateur de ces notes sucrées de praline ou de caramel mais vous me demandez souvent une sélection, j’ai pas mal renâclé mais j’étais bien parti ce matin alors j’ai décidé de vous trouver une sélection de quatre parfums gourmands qui font la part belle à l’ethyl-maltol sous ses différentes facettes.
Le premier parfum que je trouve à la fois très gourmand et élégant est « Noir Exquis » créé en 2015 par Bertrand Duchaufour. La marque le décrit ainsi : « Un rendez-vous imprévu dans une pâtisserie. Gâteaux et confiseries définissent cette gourmandise, des notes de marrons glacés, d'orange confite et de sirop d'érable liées à l'arôme addictif du café. Un moment sensoriel, partagé à deux, dans un cadre romantique inattendu ». Il allie, via les molécules de synthèse que j’évoquais, des notes de marron glacé et de sirop d’érable qui se mêlent au café, à la fleur d’oranger, à la vanille, au bois d ‘ébène, à la fève tonka, au santal et à la fleur d’héliotrope pour créer un parfum vraiment très rond, enveloppant, avec, c’est vrai un côté sucré presque « pâtisserie » qui peut-être très dérangeant pour certains et attractif pour d’autres. Pour ma part, j’avoue ne pas être fou de « Noir Épices » mais je trouve qu’avec un peu d’objectivité, ce qui est très difficile en parfumerie, il est très bien construit et, dans son style, il devient un classique année après année ce qui n’est pas si mal. Il est l’un des quelques parfums de l’époque Bertrand Duchaufour à être encore vendu par la marque. Je l’ai re-senti pour cet article et j’ai trouvé qu’il y avait vraiment sa place même si je ne pourrais pas le porter.

Dans le genre réussi, j’ai aussi en tête le désormais très apprécié « Jardins de Misfah » créé par Jérôme di Marino en 2019 pour Une Nuit Nomade. Je l’ai redécouvert à la sortie de l’extrait il y a quelques mois. Il m’a rappelé Caroline et Ma Belle Parfumerie à Dijon où nous avons passé de très bons moments. J’avais beaucoup tourné autour de ce parfume et j’en possède logiquement plusieurs échantillons. J’ai donc pu le réessayer tout à mon aise. Le parfumeur le décrit par ces mots : « Jardins de Misfah s'est inspiré de la friandise orientale emblématique, "Omanis Sweet". Ce délicieux dessert, utilisé pour les célébrations telles que la naissance et le mariage, est composé de dattes, d'amandes, d'eau de rose et d'épices. J'ai réinterprété cette friandise et le plaisir qu'elle procure dans un parfum des plus raffinés et précieux ». Ce parfum fait vraiment partie des rares gourmands que je pourrais porter car les notes suaves sont contrebalancées et, il faut bien le dire, équilibrées par les épices et notamment ces notes de tête de cardamome et de noix muscade que j’aime vraiment et qui donnent un certain rebond à un coeur de datte et de rose vraiment inspiré. Le fond d’amande et de safran est à la fois déroutant et vraiment agréable à porter. En réessayant ce parfum, je me suis rendu compte que j’aimais vraiment les notes douces et enveloppantes quand elles ne sont pas trop agressives. Je pourrais tout à fait porter ce parfum même si je lui préfère la version extrait que je trouve plus dark. Sur ma peau, il prend plein de petites facettes différentes comme je les aimes mais c’est vrai que je suis vraiment fan de « Farah » de Brécourt qui est une variation sur le même thème et il faut faire des choix.

Il est difficile d’évoquer les parfums gourmands que je trouve réussis sans parler de « Bake » créé par Olivier Cresp pour Akro en 2023. C’est avec Marion, formatrice pour la marque, je l’avais découvert « Bake » en avant-première en 2023 quelques jours avant sa sortie. Olivier Cresp le décrit ainsi : « C'est un shot de citron combiné à un sucre vanillé. Quand je le sens, je me transporte dans ma pâtisserie préférée à Londres ». J’avais été à la fois très étonné et un peu attiré par ce parfum qui me fait sortir totalement de mes goûts habituels avec son envolée complètement folle de citron et de rhum, son coeur de praliné adouci encore par un accord de crème chantilly et son fond de vanille et de sucre brun. « Bake » est plus que gourmand, il est sucré, même acidulé. Sur ma peau, la note de citron, fusante, presque tranchante, peine à s’adoucir avec les notes rondes, très rondes et je ne m’en plains pas car, l’effet est, je l’admets, une vraie réussite. Vraiment, ce parfum me déroute. Je ne suis pas très fan des gourmands mais je dois admettre que « Bake » fait partie des exceptions. Il est tellement bien construit et il matche tellement bien avec ma peau que ça me surprend complètement.

« Une fragrance unisexe qui fond sur la peau de la même manière qu'un délicieux cube de chocolat fond dans la bouche.Elle vous rappellera des pralinés de chocolat luxueux richement saupoudrés de cacao. Découvrez la tentation la plus voluptueuse qui répond au nom de Velvet Chocolate… ». Le parfumeur grec Theodoros Kalotinis est quand même un champion pour les parfums gourmand. Vraiment il a du talent et je trouve que l’équilibre, le plus souvent est tout à fait respecté. Il a créé « Velvet Chocolate » en 2022. J’ai découvert ce parfum à la boutique parisienne Uni/vere et je dois dire qu’il ma fait sortir de ma zone de confort comme on dit. On y retrouve des notes de chocolat et de vanille très aromatique et le parfum est poudré par la fève de cacao et la tonka. Bien sûr, il faut aimer ce type de créations mais l’ethyl-maltol n’et pas « too much », le parfum est comme sur un fil, il ne tombe jamais ni dans l’amertume ni dans la gourmandise facile. Vraiment, j’ai beaucoup aimé cette création comme, d’ailleurs, plusieurs autres de cette petite marque sans prétention mais fort agréable à découvrir et à porter.

J’ai décidé de m’arrêter là mais j’aurais pu citer aussi des créations de Jousset, New Notes et d’autres maisons dont on parle pas mal. Je ne voulais pas vous noyer sous les infos mais plutôt évoquer quatre parfums très différents dans lesquels la molécule d’ethyl-maltol avait bien trouvé son utilité. Les quatre créations dont j’ai parlé, je les ai portées vraiment afin de les ressentir plus que les re-sentir. Je crois que je me suis quand même amusé avec ce sujet sur lequel je procrastinait beaucoup. Finalement, je n’ai plus peur du grand méchant gourmand même si ce n’est pas mon orientation olfactive préférée.