Tentative de layering
Je ne suis pas très doué avec le layering qui est, pour ceux qui ne savent pas, une superposition de plusieurs parfums. En général, je ne m’y risque pas mais j’ai écouté Christine et Pélénope de la boutique Jo Malone de Lyon et j’ai décidé d’essayer d’associer « Pomegranate Noir » et « 154 Cologne» et je dois dire que j’ai trouvé le résultat absolument magnifique et d’un équilibre parfait. En fait, ces deux fragrances, qui, utilisées l’une sans l’autre sont très différentes, elles donnent, ensemble, quelque chose de très harmonieux et qui n’a rien à voir avec ce à quoi je m’attendais. Je vais tout d’abord vous présenter les deux parfums indépendamment l’un de l’autre puis je vous donnerai mes impressions lorsque je les superpose.
J’étais un peu passé à côté de « 154 Cologne » créé en 2001 par Jo Malone et j’avais eu vraiment tort. La marque décrit ainsi la fragrance : « Le numéro de rue de notre première boutique à Londres. Cette grande aventure olfactive contient des ingrédients emblématiques de la marque: mandarine, pamplemousse, lavande, basilic, noix de muscade et vétiver. Eclectique ». Le départ est hespéridé et construit autour de la mandarine et de l’orange pour arriver sur un coeur de lavande et de basilic relevé par des notes de bois de muscade. Le fond est un vétiver conjugué avec du patchouli et des muscs blancs. Je m’attendais avec un construction de cologne très classique et j’ai été particulièrement surpris par ce parfum qui est un véritable exemple du chic à l’anglaise. Je suis content que la marque ait conservé cette création qui commence un peu à dater mais que je trouve tout à fait emblématique de la parfumerie britannique. Elle aurait très bien pu sortir chez Penhaligon’s ou Floris London. À elle seule, elle est un petit bijou à découvrir absolument.
Lancé en 2005 et créé par Beverley Bayne, « Pomegranate Noir » est sans doute l’une des fragrances les plus surprenantes de la collection des Cologne. Le départ est supposé figurer une note de grenade reconstitué avec de la prune, de la rhubarbe, de la framboise et de la pastèque. Le coeur est très épicé avec des notes de clou de girofle et de poivre rose posée sur du bois de gaïac, de l’oppoponax, de la rose et du muguet. Le fond est très patchouli et musc avec des accents ambrés. Je dois dire qu’il me déroute un peu même si je le trouve très beau. « La sensualité et l’audace d’une robe rouge.Les jus couleur rubis de la grenade, de la framboise et de la prune sont corsés par le poivre rose et enlacés de Lys de Casablanca et de bois épicés.Sombre et énigmatique », tels sont les mots de la marque pour le définir. Pour moi, c’est surtout un cocon enveloppant et acidulé à la fois. Je le trouve vraiment original, très singulier et pourtant ultra facile à porter. Je suis complètement fan alors que je n’avais pas accroché sur les notes de tête. Il m’a fallu vraiment l’essayer pour l’apprécier.
Pour moi, « Pomegranate Noir » est l’une des créations les plus complexe de la collection et je n’imaginais pas du tout pouvoir l’associer à une autre. Quelle ne fut pas ma surprise alors que j’ai essayé de le superposer, en étant bien conseillé, avec « 154 Cologne » et de me rendre compte que le mariage des notes donnait quelque chose d’à la fois cuiré frais et très feuille de tabac qui ne ressemblait ni à l’une ni à l’autre des fragrances. C’est un mélange particulièrement réussi et, si je peux porter ces deux parfums indépendamment l’un de l’autre, les associer m’en constitue un troisième plus complexe et encore plus singulier. Je ne m’amuserai pas aux superpositions sauvages mais j’adore le résultat de celle-ci.
"La Dompteuse Engagée", du nouveau chez Serge Lutens
« Le Participe Passé », « La Couche du Diable », « Fils de Joie », à chaque fois que Serge Lutens sort un nouveau parfum dans la Collection Noire depuis quelques années, je n’accroche pas du tout aussi n’attendais-je pas grand-chose de « La Dompteuse Encagé » lancé cette année, en 2021 et créé par Serge Lutens et la bonne surprise est arrivée. La marque communique sur la fleur de frangipanier mais pour moi, c’est surtout une tubéreuse, fine, solaire, profonde et inattendue quoiqu’un peu cachée. Christopher Sheldrake avait déjà pas mal utilisé la tubéreuse pour de très belles créations chez Serge Lutens. Je pense à « Datura Noir » évidemment mais aussi « Fleurs d’Oranger » ou encore, bien sûr, « Tubéreuse Criminelle » qui, sauf erreur de ma part, n’existe plus. Avec « La Dompteuse Encagée », il en donne une lecture toute en délicatesse et en élégance avec un twist très moderne. Franchement, j’ai beaucoup aimé.
Serge Lutens en donne une lecture poétique : « De cette fille froide, fardée à blanc, je me dois de tout assumer. Toutefois, de cette neige redoutée car envisagée, je pressens l’avalanche. Ce qu’a vu la blancheur de la fleur ne permet pas d’augurer la fraîcheur, l’odeur de la frangipane y pallie. Subtilement amandé, à déguster à même la peau ! ».Je dois dire que, si j’ai un peu de mal à percevoir les notes amandées, je trouve que la dualité entre la fleur de frangipanier associé à de très délicates notes d’ylang ylang est vraiment très réussi et présente vraiment des accents de tubéreuse mais travaillée de manière à la fois délicate et enveloppante. S’il est présenté comme mixte, je pense qu’en d’autres circonstances, dans une autre marque, il pourrait sortir comme un beau féminin avec quelque chose en plus. Ceci dit, je dois l’admettre, je pourrais parfaitement le porter mais je me moque un peu du genre donné par certaines maisons à leurs créations.
Serge Lutens
Pour moi, vous l’aurez compris, « La Dompteuse Encagée » est une vraie réussite comme je n’en n’attendais plus depuis longtemps chez Serge Lutens. Je trouve qu’avec cette création épurée, la marque s’en va explorer un tout nouvel univers olfactif. Pour moi, ce parfum n’est pas un beau floral, c’est un grand floral. J’espère sincèrement qu’il va rencontrer son public et avoir le succès qu’il mérite. Je dois dire que je suis particulièrement séduit par le jus mais aussi par le vent de renouveau qu’il amène à la marque qui s’enlisait un peu, ces dernières années, dans des orientaux soit un peu convenus comme « La Couche du Diable » soit vraiment trop sucrés comme « Fils de Joie ». « La Dompteuse Encagée » a du caractère mais c’est une pépite de finesse, ciselée et nuancée qui me rappelle ce que j’aimais tellement chez Serge Lutens lorsque j’ai découvert la marque il y a plus de quinze ans.
Fraiche cardamome
Si elle est très souvent utilisée en parfumerie, la cardamome est rarement employée en majeur. Cependant, j’ai en tête quatre parfums dans lesquels elle est particulièrement présente dont un que l’on ne trouve pas, hélas, pour l’instant, en France mais que j’ai découvert à Londres et dont je ne peux pas ne pas parler. À la fois unique et très facettée, cette épice que j’aime particulièrement en cuisine et surtout associé à certain thés, est une très belle note, très nuancée en parfumerie. J’ai don choisi quatre parfums dans lesquels elle est très présente et que je trouve particulièrement réussis. Je suis très attiré par la cardamome et j’ai été très content de remettre mon nez dans chacune de ces créations.
Il était évident que j’allais choisir « Noir Extrême » créé en 2015 par Sonia Constant pour Tom Ford et dont l’ouverture de cardamome est significative et particulièrement élégante. Elle y est associée au safran et à la noix de muscade pour entourer des notes de néroli et de mandarine. Le coeur est construit autour d’un accord kulfi, qui est un dessert indien sucré et épicé avec des notes de fleur d’oranger, de lentisque, de rose et de jasmin et le fond ambré et vanillé est soutenu par un santal très lacté et crémeux. C’est un oriental mais il est très original et ne ressemble à rien de ce que je connaissais. C’est un parfum délicieusement addictif et particulièrement agréable à sentir. Je tourne autour depuis plusieurs mois mais je suis toujours un peu réticent à acquérir des orientaux car je ne les porte pas facilement. Ceci dit, je l’aime beaucoup et j’y reviens très souvent. La note de cardamome y est tout à fait addictive. Il est assez facile à trouver dans le rayon homme des parfumeries du sélectif mais son prix est tout de même un peu plus élevé que la normale. Ceci dit, il vaut vraiment le coup d’être découvert. C’est une très jolie fragrance originale et addictive.
Créé par Marie Salamagne en 2015, « Mimosa & Cardamom » est l’une des colognes de Jo Malone que j’aime beaucoup dans la collection classique. Je le redis mais « cologne » ne fait pas référence à la concentration qui est plus proche de l’eau de toilette. En général, celles de la maison anglaise ont une excellente tenue. La marque décrit celle-ci ainsi : « L'effluve miellée du mimosa flotte sur la cardamome fraîchement concassée. L'onctuosité de la fève tonka et du bois de santal s'entremêle à l'héliotrope poudré et la rose de Damas cueillie à l'aube. Chaleureux, sublimé, envoûtant ». Si vous suivez mon blog, vous savez que je suis très attiré par le mimosa en parfumerie par son côté poudré et amandé et associé à la cardamome en tête, et à la fève tonka en fond, on se retrouve avec un parfum à la fois poudré et amandé bien évidemment mais aussi épicé, très singulier et doté d’un fond à la fois boisé et arrondi par la fève de tonka. C’est un parfum idéal pour le printemps et je dois dire que je l’ai beaucoup apprécié lorsque je l’ai découvert. Je pourrais tout à fait me l’approprier. Je pense même que cela finira par arriver. On pourrait le penser un peu féminin mais personnellement, je le trouve très androgyne.
J’étais complètement passé à côté de « Cardamusc » créé, en 2018, par Christine Nagel pour la collection des Hermessences et il m’a fallu aller le découvrir pour écrire mon article. Je l’ai même essayé. La parfumeuse le présente ainsi : « Un véritable manifeste olfactif. Un propos construit autour de la cardamome, cette épice froide et fusante qui se transforme et dévoile toute sa sensualité au contact des notes chaudes et enveloppantes des muscs ». La cardamome est, ici, vraiment mise en avant et il m’est impossible de décrire une pyramide olfactive tant elle est overdosée. C’est quasiment un solinote et je dois dire que je suis beaucoup plus séduit que je ne l’imaginais. Elle est soutenue par des muscs blancs qui « sentent le propres » et poudrent le parfum tout au long de son évolution. Je dois admettre que ce fond, commun à beaucoup de parfums récent, ne me plait pas tant que ça mais le côté épicé et un peu frais de la cardamome le contrebalance particulièrement bien et je suis surpris de, finalement, apprécier cet hermessence plus que je ne l’aurai cru. Je ne sais pas si je la porterai mais j’aime bien.
C’est à Londres que j’ai découvert la maison de parfumerie Angela Flanders totalement introuvable en France hélas, du moins à ma connaissance. « Artillery N°6 Patchouli Spice » fait partie des doses d’essai que j’avais glané à l’époque où j’ai découvert l’une des deux boutiques de la marque à quelques rues du British Museum si je me souviens bien. J’avais été très séduit par cet univers parfumé très classique et on m’avait offert cinq doses d’essai que j’ai beaucoup aimées. Il me restait quelques goutes de « Artillery N°6 Patchouli Spice » que la marque décrit ainsi : « Le patchouli fin est comme le bon vin, et doit mûrir pour libérer son odeur curieusement éthérée. Nous faisons mûrir tous nos patchouli pendant 3 ans avant de les utiliser. No 6 est un parfum envoûtant qui combine les notes boisées et terreuses profondes du patchouli mélangées ici avec des épices vertes, comme la cardomome et la feuille de gingembre vert qui confèrent leur fraîcheur épicée à ce mélange unique. Un parfum parfait pour ceux qui aiment le vrai parfum du patchouli ». L’ouverture est très épicée et très piquante et le coeur de cardamome adoucit le parfum qui est posé sur un fond de patchouli très ciselé. J’ai adoré ce parfum. Je ne suis, hélas, pas resté suffisamment à Londres cette fois-là pour retourner en acheter 50 ml mais il est toujours dans un coin de ma tête. Je regrette vraiment que les parfums créés par Angela Flanders ne soient pas commercialisés en France car ils sont tout en élégance et en délicatesse. Ils m’ont beaucoup séduit.
La cardamome est présente dans nombre de fragrances mais j’ai voulu sélectionner des jus dans lesquels elle est particulièrement mise en avant et ne se contente pas de faire partie d’un bouquet d’épices ou de soutenir une note florale ou boisée. J’espère y avoir réussi. En tout cas, j’ai passé pas mal de temps à faire des recherches parmi mes doses d’essai entre-autres et c’était passionnant.
Germaine Cellier, une vraie personnalité
Il y a quelques mois, j’ai relayé un article passionnant sur la première femme a avoir signé des parfums après la seconde guerre mondiale. Personnage au caractère bien trempé, Germaine Cellier avait, il faut bien le dire, du génie son travail incroyable à influencé nombre de parfumeurs. Je regrette que la plupart des parfums qu’elle a créé aient aujourd’hui disparu. J’ai évidemment entendu parler de « Vent Vert » (1947) pour Balmain, que je ne n’ai jamais senti, mais des noms comme « La Fuite des Heures » (1949) pour Balenciaga, « Coeur Joie » (1946) pour Nina Ricci ou encore « Monsieur Balmain » (1964) ne pouvaient que me faire rêver. Elle a aussi créé deux jus que je connais bien (même s’ils ont du être légèrement reformulés au cours des décennies) et que j’aime particulièrement, pour la maison Robert Piguet. Que ce soit un chypré, cuiré, tabac qui était, à l’origine destiné au femmes ou une tubéreuse, quintessence d’une élégance qui pourrait sembler désuète, il faut le dire, Germaine Cellier a signé des merveilles qui ont été le point de départ du travail de nombre de parfumeurs et qui vont influencer plusieurs générations. Retour donc sur deux pépites de la parfumerie qui sont venues jusqu’à moi.
Chypré, vert, cuiré, presque tabac, « Bandit » créé en 1944 par Germaine Cellier a été vraiment une révolution à une époque où les parfums étaient plutôt floraux ou orientaux. Une envolée d’adéhydes, de gardénia, d’ylang ylang, d’armoise et de bergamote, un coeur d’oeillet, de jasmin, de violette et de tubéreuse avec des accents de rose, un fond de patchouli et mousse de chêne bien évidemment mais aussi de vétiver, de bouleau et d’ambre, c’était osé. Le créateur suisse voulait un parfum en rupture avec tout ce qui avait été fait avant et il l’a eu. En 1944, le lancement du parfum fait grand bruit. Il a lieu lors d’un défilé où les mannequins sont habillés de noir, de pantalons très près du corps, le visage dissimulé par un loup. On reprochera à Piguet et par extension à Germaine Cellier de donner une image presque sado-masochiste à ce parfum si singulier. Il est vrai qu’un chypre vert et cuiré destinés aux femmes, c’était inhabituel (c’est le moins que l’on puisse dire) mais la parfumeuse n’avait pas peur du scandale et elle a eu bien raison. Le style de « Bandit » va influencer nombre de parfumeurs durant les décennies qui vont suivre. Il a influencé bien évidemment le parfumeur Bernard Chant pour la création de « Cabochard » pour Grès, en 1959, même s’il s’agit d’un chypre moins vert et plus floral puis, Nicolas Mamounas et Roger Pellegrino pour « Macassar » de Rochas que j’aimais beaucoup &n 1980 et, plus près de nous, les héritiers de ce parfum pourraient être « Coeur de Noir », créé en 2016 par les anglaises Julie Marlowe et Julie Dunkley ou encore « Exit the King » de Ralf Schwieger pour État Libre d’Orange. Ce parfum, originellement destiné au femme semble, aujourd’hui plus plaire aux hommes ce qui n’est pas une surprise pour moi. Avec « Bandit », Germaine Cellier a créé un style et, s’il a été retiré du catalogue pour être reformulé, j’espère qu’il ressortira dans une belle version.
On présente toujours « Fracas », créé en 1948 par Germaine Cellier comme une tubéreuse mais c’est un parfum beaucoup plus complexe qui est un véritable bijou de la parfumerie. Il a d’ailleurs obtenu le FIFI Award All of Fame en 2006 et ce n’est que justice. Il m’a toujours plu et pourtant la tubéreuse et moi, c’est un peu « je t’aime, moi non plus ». Le départ est assez duel avec des notes de pêche juteuse, de bergamote et de mandarine douces mais de fleur d’oranger et de jacinthe un peu vertes. Le coeur est construit autour de la tubéreuse, du jasmin et du gardénia avec des accents poudrés de rose, d’iris et de violette et une facette cuirée avec le narcisse et l’osmanthus. Le fond est un mélange de bois de santal, d’ambre, de mousse de chêne et de vétiver qui soutient la fragrance. C’est un vrai floral. Je dirai même un grand floral. Là, encore, Germaine Cellier s’est affranchi des modes, elle a inventé une explosion exotique, voire même vénéneuse avec une tubéreuse presque médicinale qui est, pour moi, la quintessence d’une féminité glamour et un peu surannée. Pourtant, c’est un parfum qui demeure un grand succès et sans doute le fleuron de la marque. De nombreuses personnalités comme Katharine Hepburn, la princesse Margaret ou encore, plus près de nous, Juliette Gréco, ont porté énormément « Fracas ». Je l’ai re-senti pour écrire cet article car j’ai une kyrielle de doses d’essai et je me dis qu’il n’est tout de même pas le parfum de tout le monde. Il faut avoir une sacrée personnalité pour l’assumer ! En tout cas, il est, pour moi, une véritable réussite, une pépite de la parfumerie et même plus, un exemple de la belle création à la française. Il est réapparu sur le site de Robert Piguet et a du être reformulé. J’espère qu’il est toujours aussi beau.
Pantalon, clope au bec et caractère fort, Germaine Cellier a su imprimer à ses création une personnalité avant-gardiste et indépendante. Elle a été, officiellement la première française à signer des parfums et ses formules complexes mais finalement très modernes, en font l’une des parfumeuses les plus importantes du XXème siècle. Au risque de radoter, je dirai que je regrette vraiment de n’avoir pas pu découvrir ses créations dans leur intégralité. Je vous engage, si vous en avez l’occasion, ne serait-ce que par curiosité, d’aller sentir « Bandit » et « Fracas ». Ce sont deux parfums incontournables et indémodables.
Daniela Roche Andrier, une signature très personnelle
Elle est le nez attitré de Prada et a créé de nombreux parfums pour la marque mais Daniela Roche Andrier a également travaillé pour d’autres marques aussi différentes que Guerlain et État Libre d’Orange. J’aime bien son travail et j’ai décidé de suivre son parcours à travers cinq créations qui me plaisent particulièrement. Je trouve qu’entre la France et l’Italie, elle sait toujours, avec goût, créer des parfums singuliers, pleins de personnalité qui ravissent mes narines. Je me rends compte, en écrivant cet article que je porte l’un de ces parfums et que j’en ai déjà évoqué deux autres, autant dire qu’il me fallait revenir sur les créations de ce nez de grand talent.
J’avais découvert, « Bottega Veneta pour Homme » dès sa sortie en 2013. Créé par Daniela Andrier et Antoine Maisondieu, ce parfum est à mi-chemin entre cuiré et boisé. Profond, enveloppant déjà dans sa version originale, il a été décliné en deux autres versions, plus concentrées et légèrement différentes, « Extrême » en 2015 et « Parfum » en 2017. L’envolée de pin de Sibérie et de bergamote de Calabre est relevée par des notes de baie de genièvre et nous emmène sur un fond de sapin canadien, de sauge sclarée et de piment rouge puis sur un fond très cuiré entre le ciste et un accord cuir de Russie soutenu par le patchouli. Sur moi, je ne supporte que la version originale car les deux autres sont vraiment trop intenses. Je trouve qu’il traduit assez bien le travail du cuir de la maison Bottega Veneta et est « dans l’esprit ». C’est un cuir sec, profond et un peu brut. Je dois dire que ce parfum, un peu oublié, est à redécouvrir car je crois qu’il est, somme toute, encore très facile à trouver.
« Est-ce une fantaisie passagère, une prise de bec momentanée, une brève rencontre, ou autre chose ? Est-ce que ça va durer, est-ce que ça va être éternel ? Est-ce vraiment important ? C'est maintenant, c'est ce que vous ressentez », tels sont les mots du site État Libre d’Orange pour présenter « Une Amourette Roland Mouret » créé en 2017 par Daniela Andrier avec la collaboration du couturier. Résineux, « épineux », complexe, ce parfum va séduire ou rebuter. Il est tout sauf consensuel. J’ai deux amis qui le portent et auxquels il va merveilleusement. Pour moi, il est la parfaite illustration qu’on ne peut pas donner de genre aux belles fragrances car il a des facettes que je trouve féminines et d’autres très masculines. L’envolée construite autour de la fleur d’oranger est épicée de poivre rose et de cardamome. Le coeur, très surprenant, allie pêche, iris très poudré et patchouli et nous emmène sur. Un fond d’opoponax et de bois d’akigala, très sombre et résineux, peu employé en parfumerie, enveloppé d’un très bel absolu de vanille travaillé de manière très boisée et aromatique. Daniela Andrier a créé deux autres parfums que j’aime beaucoup pour État Libre d’Orange, « I’m a Trash les Fleurs du Déchet » et « She Was an Anomaly » mais je crois que le plus singulier reste « Une Amourette Roland Mouret ».
Je l’évoque souvent car je l’aime beaucoup mais je ne pouvais pas faire une revue sur Daniela Andrier sans parler de « Angélique Noire » qu’elle a créé pour la collection L’Art et la Matière de Guerlain en 2005. Cette variation autour de l’angélique, travaillée de manière à la fois poivrée et suave m’a séduit alors que je ne suis pas très attiré par les autres créations de la collection. C’est une angélique confite, gourmande, comme celle que je grignotais avec délice quand j’étais petit. Au départ, elle est très verte et croquante et associée à des notes de poire très profondes et de poivre rose puis, après un passage sur un coeur de jasmin et de carvi, elle revient, vanillée et boisée avec des accents de cèdre. Ce parfum est vraiment une merveille. Je ne suis que très rarement attiré par les gourmands mais vraiment « Angélique Noire » fait exception à la règle. Je lui ai même consacré un article complet il y a quelques temps. Je trouve qu’il n’est pas forcément très mis en avant lorsque l’on entend parler de L’Art et la Matière et c’est dommage car c’est une pépite. Je ne sais pas si je pourrais le porter mais j’adore le sentir.
Daniela Andrier a réalisé toutes les infusions de Prada mais celle que je préfère est sans aucun doute « Infusion de Vétiver » lancée en 2010. La marque décrit ce parfum en quelques mots : « Frais, épicé et boisé, articulé autour d’une touche imposante de vétiver. Confrontation élégante entre tradition et modernité réinterprétée avec poésie, Vétiver évoque un vert très tendre » et je trouve que tout est dit. Attention, ce n’est pas. Un solinote et, même si le vétiver est présent à tous les étages de la pyramide olfactive, il est associé, à l’envolée, à l’estragon, au coeur au poivre et au fond au gingembre. Pétillant, boisé, frais et pourtant bien présent, c’est une création toute en transparence, toute en subtilité. Son sillage est assez correct durant les premières heures tout comme sa tenue mais tous deux s’estompent assez vite sur ma peau et c’est ce qui m’a toujours retenu de le porter car, vraiment, je trouve qu’il fait partie des rares beaux vétivers que l’on peut trouver dans le circuit sélectif et qu’il est relativement facile à trouver. Loin derrière « Infusion d’Iris » ou « Infusion d’Oeillet », il n’est que rarement évoqué dans des articles ou des blogs et je trouve que c’est dommage car c’est un très joli parfum.
« Je serai à vôtre heure au grand château de jade, là-bas à Marienbad… » chantait Barbara et « Marienbad », créé pour la collection des Olfactories en 2015 est vraiment mon coup de coeur parmi les créations de Daniela Andrier. Ambré sec, boisé et cuiré, il est, pour moi, le seul parfum de cette série que j’ai envie de porter. La marque le décrit ainsi : « Un hôtel suspendu dans le temps, où se rejoignent l’Orient et l’Occident. Résurgence d’un empire élégant en passe de disparaître. Un épais livre en cuir. Un café noir aux accents d’épices. Une vue sur le Danube et le souvenir s’efface... Marienbad est le parfum d’un autre monde. Baroque et opulent. Romantique et raffiné ». Je trouve que le story telling est un peu pompeux car, pour moi, il est d’abord un beau classique avec un départ de bergamote, un coeur de prune et de rose et un fond construit autour de l’ambre, du cuir et de l’encens avec des touches de patchouli et de racine d’iris. Cuiré, sec, très élégant, c’est un parfum pour début d’hiver un peu clément car il est n’est pas, à mon sens, assez opulent pour nous réchauffer durant les jours froids. J’ai eu la chance de faire un peu plus que l’essayer et je l’ai beaucoup porté au début du mois de décembre puis je l’ai un peu oublié. Je le redécouvre depuis quelques semaines et vraiment je l’aime beaucoup.
En écrivant cet article, je me rends compte que, globalement, j’aime bien la signature de Daniela Andrier et que pas mal de ses créations me séduisent. J’aurai pu en trouver d’autres que je connais bien mais j’ai choisi de faire une sélection éclectique comme pour montrer les nuances de sa palette de parfumeur. Je trouve que l’on reconnait assez facilement son travail et cette promenade dans ses compositions a été, ma foi, très agréable.
Les stars et leur parfum : Années 40, Mae West et "Femme"
Les années 40 ont été particulièrement douloureuses pour le monde car, durant la première moitié, les pays d’occident ont été confrontés à la guerre. Le style de cette période est naturellement un peu austère et j’ai choisi une actrice à contre-courant de cette tendance car Mae West était tout sauf « dans la mode ». Elle avait été une star immense dans les années 30 mais son style humoristique et provocateur commença à marquer le pas dès le début de la décennie suivante. Pourtant, femme libre et engagée, un peu hors du temps et de l’espace, elle était restée une icône. Elle avait été souvent habillée par le couturier français Marcel Rochas et a été l’égérie de son premier parfum, « Femme » sorti en 1944 et qui a été le parfum de sa vie. J’ai même lu que le flacon tout en courbes de cette très belle création avait été inspiré de la silhouette de la star. Je connais moins le parcours de Mae West que celui des autres stars des années 40 mais sa personnalité de femme libre et force m’est de constater qu’elle a inventé un style de glamour qui n’appartenait qu’à elle, mêlant provocation et humour.
Notes biographiques :
Mary Jane West dite Mae West est née à Brooklyn, alors un quartier populaire de New York en 1893 d’un père boxeur puis policier et d’une mère mannequin et créatrice de corsets juive bavaroise. Très rapidement elle a fait des apparitions dans des spectacles et des films sans pour autant devenir une enfant star au sens propre du terme. C’est au début des années trente, après quelques démêlées avec la justice en raison de la liberté de son écriture et de son soutien à la communauté homosexuelle affichée, qu’elle devient très rapidement une star avec le film « Nuit après nuit » d’Archie Mayo qui lui apporte une notoriété tant attendue. S’en suivront des films dont elle écrira les scénarios tels « Je ne suis pas un ange », « Ce n’est pas un péché » ou encore « Annie du Klondike ». Engagée à la Paramount, elle va vite être un des fleurons du studio. Son style provocateur mais finement ciselé, ce qui lui a évité bien souvent la censure. Crue, avant-gardiste et souvent très anti-conformiste, Mae West a été vraiment une star hors norme. Son physique était très particulier, petite, ronde, elle était souvent sanglée dans des corsets qui lui donnaient une silhouette totalement improbable perchée sur des talons de 20 cm. J’ai eu l’occasion de voir quelques films de la grande époque de Mae West et je dois dire que je les ai trouvés vraiment très drôles. Son humour a d’ailleurs influencé d’autres actrices underground telles Cassandra Petersen alias Elvira Mistress of Dark. Après sa carrière au cinéma, au milieu des années 40, Mae West quittera Hollywood pour se produire dans nombre de revues musicales et contribuera au succès de la danse shimmy. Elle sera connue, par la suite pour ses aventures sulfureuses avec de jeunes hommes en inventant en quelque sorte, la cougar avant la date. Un peu oubliée, elle devra attendre 1970 pour que le réalisateur Michael Sarne fasse appel à elle pour un rôle sur mesure dans son film « Myra Breckinridge ». Le scénario est très bancal et en dépit d’une distribution intéressante, il n’aura aucun succès et fut considéré comme l’un des plus mauvais films de la décennie. Mae West s’en moquait. Elle se préoccupait seulement d’apparaître dans des scène chantées, perruquée et surmaquillée, entourée de jeunes danseurs. Ses rapport avec Raquel Welch qui tenait le rôle principal s’avérèrent très difficile puisqu’elle refusait d’apparaître sur les mêmes plans qu’elle prétextant que la jeunesse de sa partenaire gênerait la suite de sa carrière. Elle avait à l’époque 77 ans. À la même époque, la photographe Diane Arbus réalise plusieurs clichés de la star vieillissante. En 1977, le réalisateur Ken Hughes lui confie le rôle principal de son film « Sextette » aux côtés du jeune Timothy Dalton. Ce sera sa dernière apparition. Elle mourra trois ans plus tard, en 1980 à Los Angeles.
Mae West dans les années 30
Marcel Rochas et Mae West dans les années 40
Mae West photographiée par Diane Arbus
Mae West et « Femme » de Rochas :
En 1944, Marcel Rochas confie à Edmond Roudnitska la réalisation d’un parfum qui fera leur renommée à tous les deux dans ce domaine dès sa sortie en 1945. Le couturier avait habillé plusieurs stars hollywoodiennes telles Carole Lombard, Marlene Dietrich et évidemment Mae West pour laquelle il créera une guêpière de chantilly noire. Plusieurs sources indiquent que le flacon dessiné par Albert Gosset et Marcel Rochas s’inspirait des courbes de l’actrice et que la dentelle noire de la boite rappelle la fameuse guêpière. Un autre flacon de luxe en cristal numéroté sera signé Marc Lalique. Les lecteurs de mon blog connaissent mon attachement à « Femme » qui a été un parfum avant-gardiste, chypré, fruité et épicé. C’est une fragrance totalement séductrice et addictive que j’aime énormément. À cette époque, Edmond Roudnitska avait encore une prédilection pour les formules très complexe mais le départ de prune, de pêche et de cannelle associées à la bergamote est reconnaissable immédiatement. Le coeur de clou de girofle, d’ylang ylang, de rose, d’iris et de jasmin nous conduit sur un fond de mousse de chêne et de patchouli reposant sur un accord cuir et ambre. L’originalité de « Femme » est la note de cumin associé à la prune et à la rose qui est présente tout au long de l’évolution du parfum. J’ai eu l’occasion de sentir l’original il y a quelques années mais je connais mieux, bien évidemment la dernière reformulation effectuée en 2013 par Olivier Cresp. « Femme » a été souvent reformulé au cours des décennies mais je trouve que la toute dernière est une vraie réussite car elle reprend les codes du parfum originel tout en le modernisant. L’original de cette fragrance se trouve, en version extrait, je pense, à l’Osmothèque de Versailles. Pour bien des cinéphiles et des perfumistas, « Femme » est associé à jamais à l’image de Mae West et, pour la petite histoire, elle l’aurait porté jusqu’à sa disparition en 1980.
L'actuel flacon de "Femme"
Un peu de genièvre...
Les baies de genièvre ou les extraits boisés de genévrier sont pas mal utilisés en parfumerie et je dois dire que j’aime particulièrement les facettes qu’ils peuvent donner à une création notamment quand ils sont mis en valeur. Quand j’ai voulu faire cette revue, j’ai trouvé tout de suite de quels parfums j’allais vous parler. J’en ai sélectionné cinq que je trouve très parlants et emblématiques. Je ne suis pas allé. Les créations sélectionnées sont assez assez luxueuses et assez singulières. Je pense qu’elles dénotent une envie de sortir un peu des sentiers battus lorsque l’on a envie de se les approprier. Personnellement, tous les jus m’ont séduit et je me suis laissé guider par mes goûts sans vraiment me poser de questions.
Le premier parfum qui m’est venu à l’esprit est « Juniper Sling » créé pour Penhaligon’s par Olivier Cresp en 2011 et que j’aime particulièrement. La marque le décrit ainsi : « Quelqu'un pour un gin ? Un éclat de fraîcheur de genièvre. Taquineries entre angélique et poivre noir, épices chaudes et cuir. Cette eau de toilette est un cocktail complexe. Mieux vaut en faire un double ! ». L’envolée de baies de genièvre est associée au croquant de l’angélique et à l’amertume d’une orange confite épicée de cannelle avant d’arriver sur un coeur de cuir poivré et poudré par la racine d’iris rehaussé de cardamome pour se poser sur un fond de vétiver, de cerise et d’ambre. « Juniper Sling » fait partie des parfums de Penhaligon’s que j’aime depuis longtemps. C’est le chic à l’anglaise vu par un parfumeur français et je trouve que la réunion des deux est particulièrement agréable à sentir et surtout à porter. Je tourne autour depuis très longtemps et nul doute que je finirai par franchir le pas. Entre fraîcheur et et accents enveloppants, c’est une pépite, une de plus et je trouve qu’on est dans une Angleterre rêvée entre pubs et côtes de Cornouailles. Parfum de citadin londonien ? Fragrance de gentleman farmer ? Et bien « Juniper Sling » allie les deux avec simplicité et singularité à la fois. Pour moi, il est l’un des plus beaux parfums utilisant en majeur la baie de genièvre. Je l’aime énormément.
Je ne parle jamais beaucoup des parfums Sisley et c’est un tort car l’« Eau du Soir » rentre parfaitement dans ma sélection. Créée par Hubert et Isabelle d’Ornano en collaboration avec Jeannine Mongin, ce parfum emblématique de la maison est sorti en 1990 et je trouve qu’il est parfaitement indémodable. Le mot des parfumeurs : « Intemporelle, ambrée, enveloppante. L'Eau du Soir évoque une promenade dans les jardins de l’Alcazar de Séville en Espagne. À la tombée du jour, lorsque la fleur de seringa exhale son parfum. Une eau de parfum raffinée, contrastée, alliant la fraicheur d'un départ hespéridé à la sensualité d'un cœur floral souligné par une élégante signature chyprée. Dès les premiers instants, c’est le coup de foudre entre la Mandarine et le Pamplemousse gorgé de soleil. L’absolu de Rose intense et le Jasmin délicat répondent avec audace aux notes envoûtantes de Seringa et d’Ylang-Ylang. En touches finales : les notes de fond d’Ambre et de Patchouli viennent embrasser les notes florales et fruitées dans un sillage résolument élégant ». L’envolée d’agrumes entre amertume du pamplemousse et douceur de la mandarine nous conduit sur un coeur de poivre, d’iris, d’ylang ylang, de rose, d’oeillet et de seringua entre-autres fleurs rehaussé d’une très belle qualité d’essence de genévrier pour nous conduire sur un fond mousse de chêne et patchouli légèrement musqué et ambré. C’est un chypre sans bergamote mais avec toutes les qualités de ce style de parfum. Je pense que l’ « Eau du Soir » a été tout de suite un classique et avec raison. Incontournable et indémodable, il est l’essence même de ce que j’aime dans un parfum.
Je n’ai découvert que tardivement « Black Cedarwood & Juniper » (anciennement « London Rain Black Cedarwood & Juniper ») créé par Christine Nagel et lancé en 2014. En effet, c’est il y a quelques mois que j’ai eu le coup de foudre pour ce parfum qui, hélas, est destiné à être discontinué mais j’ai décidé de revenir dessus quand même car je l’aime beaucoup. Il est supposé figurer les rues de Londres après un orage et c’est vrai qu’il y a de ça. Comme à son habitude, Christine Nagel a fait mouche. La marque décrit ce jus ainsi : « Minuit sous la pluie. La séduction des notes charnelles du cumin et des feuilles de piment. La profondeur du bois de cèdre. L'humidité de la mousse. Moderne et urbain ». L’envolée d’épices notamment de cumin et de piment rouge est très dense, très chaude et le coeur de genièvre rafraîchit la fragrance et lui donne quelque chose de vert et d’enveloppant grâce à une association avec l’accord midnight Musk. Le fond de cèdre un peu « crayeux » et presque poudré complète la singularité de cette création finalement « très Jo Malone ». Pour moi, il est l’équilibre parfait d’un parfum très contemporain et très avant-gardiste. Peut-être trop car il ne semble pas avoir vraiment rencontré son public. Personnellement, depuis que je l’ai, je le porte beaucoup et il est probable que je le rachète avant qu’il disparaisse. Je lui trouve quelque chose d’assez unique et de tout à fait addictif.
Vous allez me dire que je parle beaucoup de « Sycomore », créé par Jacques Polge en 2008 tout en reprenant une idée qu’Ernest Beaux avait soumis à Chanel dans les années 30, mais j’ai vraiment un coup de coeur pour ce parfum construit autour du vétiver avec des notes de tabac, de cyprès, de baies de genièvre, de bois de santal, d’épices et de violette. Chanel le présente par ces quelques mots : « Nommé selon un arbre immense, Sycomore évoque la noblesse de l’automne. Construit autour du vétiver, il laisse une empreinte rassurante et légèrement épicée ». Je lui trouve une certaine fraîcheur et une construction d’un rare équilibre. Sur la peau, le jus est très très élégant et je le trouve vraiment parfait. Je remercie chaleureusement Manon de la chaine YouTube Ma Note de Coeur (lien au bas de l’article) de me l’avoir recommandé et Sébastien du stand Chanel du Printemps de Lyon de me l’avoir fait essayer car c’est une très très belle trouvaille et je pense que je pourrais le porter très facilement à l’inter-saison. Il est à la fois idéal et singulier. Oui, c’est encore un coup de coeur dans la très belle collection des exclusifs de Chanel.
« Quelques fleurs d’angélique piquées d’une touche de baies de genièvre, poivre rose, et bergamote. La vibration claire du cèdre, et la tendresse du musc blanc. Des nuances de mauve et de gris, un peu délavées, et rendues floues par la pluie. Un tableau couvert de rosée, fragile. Une aquarelle à la fraîcheur épicée » tel sont les mots de Frédéric Malle pour décrire « Angéliques sous la Pluie » créé par Jean-Claude Ellena et lancé en 2000. Il reprend la dualité entre l’angélique suave et croquante et le côté un peu piquant de l’essence de baie de genièvre associée au poivre et à la coriandre sur un fond de musc et de cèdre. C’est un jus très élégant, très étonnant, d’une très grande délicatesse et il est, sans aucun doute, l’un de ceux que je préfère dans les Éditions de Parfum Frédéric Malle. Tout en finesse et en élégance sur fond de naturalisme, ce parfum est une merveille de créativité et de légèreté. Attention, il faut aimer le style très « aquarelle » de Jean-Claude Ellena car je trouve que, lorsque l’on sent « Angéliques sous la Pluie » on identifie immédiatement son style. Le sillage est très discret et la tenue un peu limitée mais le jus est tellement beau et porte tellement bien son nom que je suis prêt à accepter de devoir me reparfumer dans la journée si, d’aventure, je me mets à le porter.
Voilà pour mes coups de coeur « au genièvre ». J’espère vous avoir donné envie et je pense que j’en aurai d’autres à l’avenir. Je suis certain que cette note, si merveilleusement travaillée en parfumerie va rejoindre celles que j’aime et dont j’ai déjà parlé dans d’autres articles. En tout cas, je suis heureux de ces trouvailles et je vais en explorer d’autres c’est certain.
Trois nouveaux masculins chez l'Occitane
Il est assez rare que je m’arrête dans une boutique L’Occitane en Provence et je crois que j’ai tort car, à chaque fois, je fais des découvertes non négligeables. Récemment, j’ai été attiré, dans la vitrine par trois flacons des nouveaux masculins de la marque et j’ai eu envie de les découvrir. Tout d’abord, je dois dire que j’ai été agréablement surpris à la fois par la créativité des parfumeurs qui les ont réalisés et par leur prix qui est tout à fait raisonnable car il est de 75 euros pour 75 ml. Certes, ils sont plutôt tournés vers une belle saison qui s’annonce mais j’ai eu envie de faire un rapide focus pour vous les présenter. Je vous en reparlerai peut-être un peu plus si j’ai l’occasion de les essayer un peu plus précisément mais voilà ma première impression :
Le premier que l’on m’a fait découvrir (je pense que j’aurai terminé par celui-là d’ailleurs) est « Karité Corsé » qui est un duo entre des notes amandées et très irisées. Je dois dire que j’ai beaucoup aimé. C’est un parfum enveloppant, poudré, un peu à la manière d’une ancienne version de « Dior Homme » que j’avais senti il y a quelques années mais avec plus de délicatesse et moins d’opulence. Sur ma peau, l’évolution est assez linéaire. Je sens vraiment le départ très iris qui s’arrondit avec des notes d’amande grillées et, sans doute, de vétiver. La marque l’évoque ainsi : « Une Amande de Karité torréfiée sous les rayons du soleil africain. Alliée à la facette ambrée de la sauge sclarée française et à la note chaleureuse et sensuelle de l'iris de Méditerranée » et en explique l’inspiration par la dualité qui existe en chaque homme. C’est un peu une formule toute faite mais je trouve que ça résume assez bien l’impression qu’il dégage. J’avoue que je n’ai pas du tout senti les notes de sauge sclarée mais je pense qu’il faut vraiment l’essayer. C’est un parfum chaud, ensoleillé et poudré à la fois. Je l’ai trouvé assez lumineux et il m’a bien plu.
« Un champs d'Oliviers Centenaires après la pluie, allié à la facette verte de la Violette française et à la note mentholée de l'Eucalyptus de Méditerranée », telle est la description de « Olivier Ondé » qui m’a ensuite été présenté. Je dois dire que j’ai été un peu moins séduit par celui-ci que j’ai trouvé un peu trop aromatique et boisé pour mon goût. Il n’en demeure pas moins assez agréable avec un départ très frais, très dans l’esprit de la maison (en tout cas de ce que j’en connais) et, si je pense avoir été peut-être influencé par le vert de son flacon, je l’ai trouvé vraiment très « botanique » même si, quand arrivent les notes de feuille de violette, il acquiert une certaine originalité que je n’attendais pas au départ. Hélas, je trouve l’impression fugace. La facette eucalyptus reprend tout de suite le dessus et le parfum devient, finalement, un peu plus convenu. Il est moins dans mes goûts mais je dois reconnaitre que c’est une belle alternative aux parfums boisés et aromatiques très « standards » du circuit sélectif et il mérite, vu son prix et, je pense, la qualité de ses matières premières, que les amateurs de ce genre de fragrance s’y penchent.
Un aromatique fougère avec des notes salines, il fallait y penser et c’est ainsi que m’est apparu « Bois Flotté » que j’ai découvert ensuite. La marque l’évoque de cette manière : « Un bois flotté emporté par le vent, gravé du sel de Méditerranée et finalement projeté par les vagues sur les côtes provençales. Allié à la facette rafraichissante du romarin français et aux notes aquatique d'algue rouge ». Le départ est très bergamote et, je pense, lavande mais très vite le romarin prend le dessus ainsi que les notes marines. Je dois dire que cette fragrance m’a vraiment évoqué les côtes de la Méditerranée que je connais très bien et les promenades au printemps alors que la végétation commence à se réveiller. Je ne suis pas certain que je pourrais porter ce parfum mais, d’une part, je lui trouve une certaine originalité et d’autre part, je le verrais bien comme parfum d’ambiance ou encore le vaporiser sur des draps propres. Je le trouve peut-être un peu léger pour le porter toute la journée mais j’ai bien aimé. Je lui ai trouvé quelque chose d’agréable et de très « printanier ». En tout cas, c’est une jolie création.
En résumé, et encore une fois mon avis n’a absolument pas valeur de critique, je dirai que j’ai assez aimé cette découverte. Ce sont trois eaux de parfum sans prétention mais avec une certaine originalité et je les ai trouvées particulièrement bien vues pour plaire peut-être plus à une jeune génération. En tout cas « Karité Corsé » m’a bien séduit et je pense que je pourrais le porter facilement. Je ne sais pas si je franchirai le pas car on ne peut pas tout acquérir mais ce sont trois petites créations très sympas à découvrir.
Mes parfums préférés : "Chypre 21"
Si vous lisez ce blog, vous savez que j’ai une certaine prédilection pour l’accord chypré ainsi que pour le travail tout en finesse et en élégance de James Heeley, créateur britannique installé à Paris et dont les deux collections recèlent de très jolies créations. Il était donc logique que je m’intéresse, un jour ou l’autre à « Chypre 21 » qu’il a créé en 2015. Je l’avais toujours bien aimé mais pas vraiment essayé et je me le suis vu offrir. Je dois dire que c’est un très gros coup de coeur. Entre chypre classique et moderne, il présente un équilibre aussi formidable que celui utilisé dans sa composition. Avec talent et goût, il donne un coup de jeune au chypré tel qu’on a l’habitude de le sentir dans les maisons de luxe à la française. Est-ce un twist « à l’anglaise », je ne sais pas mais je suis totalement sous le charme.
« Une ode au chic parisien
Dès le debut du 20ème siècle, l'accord Chypre devient le parfum français par excellence. Chypre 21 est une création en phase avec le 21ème siècle. Les ingrédients principaux: bergamote, rose, patchouli et mousse de chêne ont été retravaillés pour créer un parfum contemporain et unisexe. Tout comme le chypre classique, l'accord est parfaitement équilibré: aucune note ne domine sur une autre. Le résultat est un sillage chic et un peu nostalgique, qui raconte un Paris tel qu’ont dû le connaître Jackie Onassis, Grace Kelly, ainsi que le Duc et la Duchesse de Windsor », tels sont les mots du créateur pour définir ce jus d’une grande élégance. Ce parfum, comme un hommage à une famille olfactive qui a passionné les parfumeurs de toutes les générations, est, sous couvert d’un classicisme un peu faussé, d’une belle modernité. Je l’ai porté très récemment et je l’ai tout de suite adoré.
Au départ de bergamote, James Heeley a adjoint le petit grain qui renforce une finesse que l’on découvre dès la pulvérisation. Le coeur est construit autour d’une discrète rose de Bulgarie avec des accents de néroli et de safran et nous emmène sur un fond classique de patchouli et de mousse de chêne arrondi par le bois de santal et poudré par une note de musc qui le différencie complètement des autres chypres que je porte habituellement. L’impression globale est tour à tour acidulée, douce puis presque « râpeuse » avant de devenir enveloppante et d’un grand naturalisme. Si le sillage est tout en discrétion, la tenue est tout à fait suffisante. C’est un parfum tout en délicatesse et en légèreté ce qui contraste avec ce que je connais de cette famille olfactive (qui devient vraiment mon style de prédilection année après année) et je trouve que le créateur a su vraiment réinventer le genre avec un talent qui ne me surprend pas tant je trouve que ses parfums sont toujours une très belle réussite.
Je pense que je vais me faire plaisir en portant, été comme hiver, printemps comme automne, ce parfum qui est un vrai coup de coeur (je me répète mais vraiment j’aime beaucoup) et qui pourrait devenir l’un de ceux que je vais attraper le matin, sans vraiment réfléchir pour qu’il m’accompagne toute la journée. « Chypre 21 » est vraiment une petite merveille, pépite de la parfumerie d’auteur qui fait du bien.
Les stars et leurs parfums : Années 30, Marlene Dietrich et "Joy"
Les années trente voient l’arrivée du cinéma parlant et, des deux côtés de l’Atlantique, de nouveaux visages deviennent célèbres. Hollywood recherche toujours des talents et cherche à appauvrir en quelque sorte les cinémas européens. C’est ainsi que de nombreux acteurs et réalisateurs embarqueront pour réussir en Californie. C’est le cas de Marlene Dietrich et de son réalisateur fétiche Josef von Sternberg. Ils sont connus en Allemagne d’où ils sont originaires et leur premier film ensemble sera parlant. Il s’agit de « L’Ange Bleu » qui va sortir en 1930 et qui sera tourné en allemand et en anglais. Marlene Dietrich n’est pas encore la créature stylisée que le réalisateur va faire d’elle dans les films qui suivront mais une jolie petite blonde un peu rondelette et effrontée, dotée d’un fort caractère. Il faudra attendre « Morocco », tourné à Hollywood quelques mois plus tard et surtout « Shanghaï Express » en 1932 pour voir apparaître la Marlene dont l’image est présente à notre esprit encore aujourd’hui. Symbole de la femme inaccessible, elle écrira, depuis sa retraite parisienne, ses mémoires, « Marlene D par Marlene Dietrich » qui sortiront chez Grasset en 1984 et ou elle évoque son rapport à l’image ainsi que le parfum qui ne la quittera pas toute sa vie durant.
Notes biographiques :
Maria Magdalene Dietrich, dite Marlene est née à Schöneberg tout près de Berlin en 1901 dans une famille très bourgeoise. Son père mourra à la guerre de 14-18 et sa mère se remariera. Très tôt elle va danser et chanter dans les cabarets berlinois des années 20. Son audace et sa personnalité en feront vite une petite vedette. Elle a étudié la musique et la comédie ce qui lui permet d’avoir plusieurs cordes à son arc et notamment de jouer et de chanter dans la toute première version enregistrée de « L’Opéra de Quat’Sous » de Berthold Brecht sur une musique de Kurt Weil. Elle va, ensuite tourner plusieurs films muets dans lesquels elle aura des rôles de plus en plus importants mais qu’elle passera sous silence par la suite affirmant avoir débuté dans « L’Ange Bleu » en 1930. Quelques mois plus tard, elle embarque pour Hollywood où elle est engagée par la Paramount qui cherchait une actrice européenne pour concurrencer Greta Garbo, l’une des grandes stars de la MGM. Durant une décennie, elle va incarner des personnages sophistiqués aux looks très travaillés, dans des films de son réalisateur de prédilection, Josef von Sternberg mais aussi, par la suite, sous la direction de la fine fleur des cinéastes de l’époque. Côté vie privée, Marlene Dietrich restera mariée toute sa vie, même après leur séparation, avec le metteur en scène de théâtre berlinois Rudolf Sieber avec lequel elle aura une fille Maria qui l’accompagnera depuis son plus jeune âge et tout au long de sa carrière. Outre sa célèbre histoire d’amour avec l’acteur français Jean Gabin, on lui prête plusieurs liaisons notamment avec l’écrivain Ernest Hemingway, le poète Erich Maria Remarque ou le comédien Yul Brynner. Dans les années 40, elle prend la nationalité américaine et s’engage auprès de l’armée des États Unis pour soutenir les G.I. dans la guerre contre l’Allemagne. Son engagement et son courage lui vaudront plusieurs médailles dont la Légion d’Honneur. Sa carrière au cinéma marque un peu le pas avec quelques films dans les années 40 puis 50 dont seuls ceux tournés avec Billy Wilder et Alfred Hitchcock sont vraiment notable. Parallèlement à cela, elle entame une carrière de chanteuse, tout d’abord, au début des années 50, à Las Vegas puis, durant 25 ans, dans le monde entier. Dans les années 60, elle quitte les États Unis pour s’installer au 12 de l’Avenue Montaigne à Paris qui sera son camp de base jusqu’à la fin de sa vie. Usée par les excès et les problèmes de santé, c’est dans cet appartement qu’elle va se retirer en 1976 et où elle va vivre de plus en plus recluse et s’y enfermer pendant plus de dix ans jusqu’à sa mort en 1992 alors même que le Festival de Cannes avait choisi son image pour son affiche annuelle.
Marlene Dietrich sur scène
Marlene Dietrich et le parfum :
Outre sa très longue carrière, son talent de comédienne et sa présence sur scène, Marlene Dietrich a voué, tout au long de sa vie, un culte à son image, ne laissant rien au hasard ni au cinéma, ni sur scène, ni même dans la vie. Elle a été habillée par les plus grands couturiers notamment Dior, Chanel, Balenciaga pour qui elle avait une nette préférence mais aussi Elsa Schiaparelli et même Hermès dont elle porté les célèbres carrés tout au long de sa vie. Son image et sa popularité était tels qu’on lui a demandé d’être l’une des premières égéries d’un parfum, « Le Tabac Blond » de Caron, dès les années trente.
En ce qui concerne sa vie personnelle, Marlene est restée fidèle à un parfum toute sa vie et elle le révèle dans ses mémoires. Il s’agit de « Joy », créé par Henry Almeras en 1930 pour Jean Patou et qui lui avait été offert alors qu’elle était une bonne cliente de la maison de couture. Longtemps considéré comme le parfum le plus cher du monde eu égard au nombre impressionnant de matières premières précieuses et naturelles utilisées, il a remporté un grand succès durant des décennies. C’est un travail autour de la rose de bulgarie, la rose de mai et le jasmin de Grasse. S’il a disparu depuis quelques mois, j’ai eu l’occasion de sentir sa plus récente version en concentration eau de toilette ainsi qu’en eau de parfum et j’imagine ce qu’il devait être en extrait. C’était un explosion de fleurs travaillées avec à la fois une certaine délicatesse et une indéniable opulence. Lorsque l’on sentait « Joy », qu’on l’aime ou non, force nous était de constater que c’était une très belle composition ancrée dans son époque mais qui, curieusement, avait traversé les décennies sans prendre une ride. Pour moi, il symbolisait l’élégance stylisée des années trente et le chic des grandes maisons de coutures à la française. Je trouve qu’il était assez peu compatible avec le style parfois androgyne à la ville que cultivait Marlene Dietrich qui fut l’une des premières à porter des costumes d’homme et, par extension, des pantalons. Ceci dit, il correspondait aussi à l’époque où le parfum était déjà un accessoire de mode et, même l’actrice était plus attaché à un style, elle avait du céder à ces sirènes et l’avait adopté définitivement. D’autres comédiennes mondialement célèbres portaient d’ailleurs « Joy », je pense à Katharine Hepburn ou à Vivien Leigh par exemple. Il a vraiment remporté un très grand succès tout à fait mérité à mon sens. Je regrette que le rachat de la maison Jean Patou il y a quelques mois ait provoqué la disparition des parfums car il y en avait de fort beaux mais cela est une autre histoire.
"Joy" de Jean Patou
Exquise trouvaille : "Iris Rebelle"
J’étais, jusqu’à l’an dernier, un peu passé à côté de « Iris Rebelle », lancé en 2018 par Atelier Cologne et j’avoue que je l’ai redécouvert avec beaucoup de plaisir ces dernières semaines. Utiliser la note d’iris en majeur n’est pas forcément original mais j’avoue que je ne m’en lasse pas tant elle ouvre des possibilités. Poudré, terreux, cuiré ou flamboyant, le précieux rhizome peut être utilisé de bien de belles manières et Atelier Cologne l’avait déjà mis en avant dans « Silver Iris » en 2013 que j’avais beaucoup aimé. Avec « Iris Rebelle », la maison en donne une lecture très différente, plus fraîche, plus pétillante et je dois dire que je suis très attiré par son côté lumineux.
« Son parfum pour femme et pour homme est délicat mais reflète un caractère fort et déterminé. Il ajoute également une touche d'élégance à votre personnalité. Iris, ce nom tiré du latin iridos souligne que cette fleur s'apparente à un arc-en-ciel, c’est-à-dire un lien coloré entre le ciel et la terre… Ce parfum floral créé par Atelier Cologne est l'une des matières premières les plus précieuses du monde des parfums. Parmi ses ingrédients principaux, hormis l'iris citons la fleur d'oranger du Maroc et le bois de gaïac d'Amérique centrale qui confèrent à ce parfum une note olfactive chaleureuse. Que commence alors un merveilleux ballet des sens … » tels sont les mots utilisés par la marque pour décrire la finesse de cette création qui, c’est vrai, est une vraie interprétation dynamique de cette note poudrée.
Le départ est très frais et épicé avec des notes de bergamote de Calabre et de fleur d’orange. Le coeur d’iris se fait poudré associé à la rose centifolia puis aromatique avec une note de lavande et le fond renforce le côté enveloppant car il est construit autour des muscs blancs, renforcés par une très belle qualité de bois de gaïac d’Amérique Centrale et de patchouli. Lorsque je regarde la pyramide olfactive livrée par la marque je me dis qu’on est presque dans une construction chyprée sans mousse de chêne alors que, lorsque j’ai découvert le jus, j’ai eu plutôt l’impression d’un iris floral et hespéridé. Comme quoi, le ressenti est différent pour chaque personne.
La marque présente la concentration comme une cologne absolue qui est un terme que j’ai un peu de mal à comprendre comme ça. En regardant des interviewes des fondateurs de la marque, je crois qu’ils apparentent cela à un extrait de parfum mais je dois dire que je trouve que la tenue des créations de la maison est, au moins sur ma peau, très limitée. Il faut accepter de se reparfumer plusieurs fois au cours de la journée. En tout cas, pour revenir à « Iris Rebelle », si je ne l’avais pas remarqué au premier abord, force m’est de constater que c’est une très belle manière de travailler cette note en majeur. Je regrette un peu que la marque ne communique pas sur le parfumeur qui l’a réalisé car c’est un bien joli travail.
La noix de muscade, une note que j'aime particulièrement
J’aime bien la noix de muscade en cuisine mais c’est surtout une de mes notes de prédilection en parfumerie. Discrète ou plus présente, elle apporte aux fragrances dans lesquelles elle est présente une petite touche atypique et chic. J’ai découvert cette addiction en portant l’un de mes parfums préférés sur lequel je vais revenir. Je trouve que c’est une note tout à fait unique qui donne quelque chose de clair obscur complètement unique. Elle peut être utilisée dans des créations très épicées, associées à la cannelle, au gingembre ou à d’autres matières premières mais aussi dans des orientaux auxquels elle donne une vraie personnalité différenciante et je crois que je vais la remarquer tout de suite.
C’est avec « Noir Épices » créé en 2000 par Michel Roudnitska pour les Éditions de Parfum Frédéric Malle que j’ai découvert que j’aimais beaucoup la note de muscade. Je porte ce parfum depuis déjà plusieurs années et je ne m’en lasse pas. Il ne ressemble à rien d’autre. Je l’ai déjà évoqué souvent mais il est vraiment parmi les créations que je préfère à la fois dans la marque mais aussi dans toute la parfumerie contemporaine. Créé à l’origine comme « un grand féminin pour des brunes élégantes », il s’est avéré devenir non seulement adopté par des blondes puisque Catherine Deneuve, l’une des plus emblématiques l’a porté, mais surtout, il est, contrairement à ce qu’attendait Michel Roudnitska, par autant d’hommes que de femmes. C’est un « unisexe sans le savoir ». Pour ma part, il a été un coup de foudre intense et ça ne s’est jamais démenti. Frédéric Malle, qui a l’art de « raconter » les parfums, l’a décrit ainsi : « Un parfum composé comme une toile de Rothko, où couche après couche, les textures et les couleurs deviennent de plus en plus sombres, profondes, et mystérieuses. Un bouquet d’épices qui repose sur une base crépusculaire de bois de santal et de patchouli. Un départ d’orange et de géranium provoque un léger clair-obscur et ajoute une vibration supplémentaire à ce tableau abstrait ». Après un départ d’orange amère et de géranium, les épices explosent et on retrouve, autour de la noix de muscade, le clou de girofle, la cannelle et le poivre blanc pour évoluer sur un fond de santal mais surtout de patchouli. C’est une merveille d’originalité, de sensualité et de classe. Pour moi, et je pèse mes mots, « Noir Épices » est sans doute en bonne place des dix plus beaux parfums que j’ai pu découvrir.
C’est un mythe à n’en pas douter. « Habanita » est décrit ainsi par la maison Molinard : « Véritable icône de la parfumerie, Habanita révolutionne les codes en 1921, en s'imposant comme le premier parfum oriental de l'histoire. Hier audace suprême, sa pointe de vétiver jusqu'alors réservée aux hommes séduit alors les femmes, en quête de liberté. Aujourd'hui parfum mythique, sa signature olfactive évolue à fleur de peau, déployant un sillage floral, boisé, poudré, infiniment sensuel, d'une richesse sans pareil ». C’est seulement en 2012 que la marque le lance en eau de parfum et livre sa version la plus facile à trouver. C’est un parfum oriental d’une grande complexité avec un départ de géranium, de lentisque et de petit grain, un coeur de noix de muscade, de vétiver de jasmin et de rose et un fond d’ambre, de santal de Mysore et de mousse de chêne. La pyramide est loin d’être exhaustive car j’y détecte également des notes de mimosa, d’ylang ylang et d’héliotrope et un fond vanillé et même de patchouli et de musc presque animal. Je n’ai pas connu la version parfum et l’ancienne eau de toilette mais je dois dire que « Habanita » tel que je l’ai découvert est sans aucun doute l’une des créations les plus complexes et intemporelles que j’ai pu sentir dans le circuit sélectif. Clivant, opulent et doté d’une très grande personnalité, il ne plaira pas à tout le monde. Pour ma part, je le trouve un peu difficile d’accès mais il est vrai que je ne suis pas fou des parfums orientaux et que je préfère des créations plus épurées et qui auraient un esprit un peu plus contemporain. Il reste un incontournable et une fort belle recréation.
« A l’Orient de l’Orient s’élève le suprême Orient… sur une carte secrète et tatouée dans l’imaginaire, en des jardins suspendus… A l’heure où la nuit poursuit le jour, tournent des roses désinvoltes dans le sillage de fleurs blanches délicates. Confites dans un sirop de gousses de vanille sombres, de pêches blanches juteuses et de noix de coco à la chair douce, leur chanson se mêle aux fumées rauques du patchouli » tels sont les mots de Stéphanie Poulage pour décrire sa création, « Suprême Orient », qu’elle a lancé dans sa marque Poulage Parfumeur, en 2015. Pour ce jus, elle a utilisé de très belles et rares matières premières, jugez plutôt, une essence de roses turques, un absolu de jasmin sambac indient, un beurre d’iris naturel, un absolu de vanille de Madagascar, un absolu de cacao, un absolu de gingembre de Chine et, nous y voilà, une magnifique essence de noix de muscade de Ceylan. Lorsque j’ai découvert ce parfum, il y a quelques années, la première chose que je me suis dit c’est qu’il ne ressemblait à rien d’autre. Ensuite m’est venu l’idée qu’il était l’un des rares orientaux sur le marché que je pourrais porter. Je l’aime énormément et je pense qu’un jour, je franchirai le pas. Je le trouve vraiment original. Il n’a ni le côté convenu des orientaux ultra vanillés, ni la lourdeur des bois d’oud si en vogue depuis une dizaine d’années. Stéphanie Poulage a réussi le tour de force de créer un oriental tout en transparence, en nuances, en facettes et en élégance discrète. Oui, en re-sentant ce parfum pour écrire mon article, je me dis que je pourrais le porter avec un grand plaisir.
Il n’est désormais trouvable que sur le site de la marque en ligne et peut-être dans les boutiques parisiennes et je le regrette. « Nutmeg & Ginger » a été le tout premier parfum créé par Jo Malone pour sa marque en 1990 et je l’ai toujours beaucoup aimé. C’est une symphonie d’épices construit, comme son nom l’indique, autour du gingembre et de la noix de muscade avec un fond de bois de santal et de cèdre. La marque le décrit ainsi : « Le premier parfum de Jo Malone London. Le bois de santal et le bois de cèdre sont relevés avec de la noix de muscade et du gingembre vif. Inattendu et addictif ». Désormais presque collector, il m’avait séduit dès la première pression et je crois que c’est le premier que j’ai découvert lorsque les boutiques sont arrivées dans la capitale. J’ai toujours trouvé ce parfum d’une extraordinaire finesse et d’une grande élégance. J’ai été particulièrement séduit par la délicatesse dont cette « apprentie sorcière » de la parfumerie a fait preuve en le créant. C’est un parfum résolument moderne, très « londonien » (ceux qui ont sillonné cette ville me comprendront) qui regroupe toute l’attirance des anglais pour les épices et les parfums transparents et élégants. Attention, nous ne sommes pas dans une grande opulence mais plutôt dans un une création pointilliste qui, par petites touches, nous rappelle qu’il est présent. En écrivant, je fais appel à mes souvenirs et je me dis que j’aurais bien envie de « Nutmeg & Ginger ». Je n’achète pas sur internet mais peut-être, qui sait, lors d’un prochain séjour à Paris…
J’aurais pu aussi citer « Soir de Lune » de Sisley mais je ne l’avais pas trop en tête même si je sais que je l’aime bien. Je suis vraiment amateur de la note de muscade et je dois dire que ces quatre parfums sont quand même, dans mon univers olfactif, incontournables. J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire cet article qui me tenait à coeur depuis très longtemps. J’ai envie de continuer ma « route des épices » en parfumerie commencée, il y a quelques mois, avec le gingembre… Alors quel sera la prochaine que je vais explorer ? Je ne sais pas encore mais j’ai quelques idées.
Les stars et leurs parfums : Années 20, Gloria Swanson et "Narcisse Noir"
C’est sur une idée de Jérôme, un ami et lecteur de mon blog que j’ai décidé d’inaugurer une nouvelle série d’article. Durant chaque décennie, des stars de cinéma, de théâtre et plus tard de télévision a marqué son époque. Après Sarah Bernhardt dans les années 10 pour qui Jacques Guerlain avait créé un parfum, j’ai décidé d’en choisir une par dizaine et de faire des recherches afin d’associer chaque vedette à son parfum de prédilection. Pour certaines, comme pour Gloria Swanson qui personnifiera les années 20, ce ne sera pas difficile alors que pour d’autre, ça me demandera plus de recherches et d’efforts. Mais n’anticipons pas, commençons… par le commencement.
Notes biographiques :
Gloria Swanson est née le 27 mars 1899 à Chicago et elle a été, sans aucun doute, avec Mary Pickford, Greta Garbo et Pola Negri, l’une des plus grandes stars du cinéma muet des années 20 en enchainant le tournage, de très nombreux films entre 1915 et 1929. Sa carrière connu un énorme creux après l’insuccès de « Queen Kelly » réalisé par Erich von Stroheim. Si elle tourna un peu dans les années trente et quarante, il lui faudra attendre de se laisser convaincre d’incarner Norma Desmond dans le film de Billy Wilder, « Sunset Boulevard » en 1950 pour renouer avec le succès. Elle y incarnait avec beaucoup de recul, une ancienne star du muet oubliée et sombrant peu à peu dans la folie. Pour la petite histoire, elle y avait pour partenaire un certain Erich von Stroheim. Le succès du film ne relança curieusement pas sa carrière et elle dut se contenter d’apparition dans quelques films et téléfilms jusqu’à ce qu’on lui propose d’incarner son propre rôle dans « 747 en Péril », un film catastrophe, en 1974. Après avoir été la star incontestée de la Paramount, et avoir été nommée trois fois aux Oscars, Gloria Swanson a mené une vie mondaine en côtoyant la jet set du monde entier. Elle s’est mariée six fois dont, en troisième noces avec le marquis Henry de la Falaise et a eu deux filles et a adopté, un fils. Elle est morte à New York le 4 avril 1983. Elle avait 84 ans.
Gloria Swanson dans "Sunset Boulevard" de Billy Wilder en 1950
Gloria Swanson et le parfum :
L’actrice était une grande amoureuse du luxe et de la parfumerie française, si elle a été habillée par les plus grands couturiers des deux côtés de l’Atlantique, elle est restée, toute sa vie, fidèle à un parfum que je connais bien. Il s’agit de « Narcisse Noir » de Caron créé par Ernest Daltroff en 1911. Elle l’a adopté pratiquement à sa sortie et a contribué à sa popularité. De nombreuses légendes entourent la passion de Gloria Swanson pour son parfum de prédilection. On dit qu’elle en faisait vaporiser dans les couloirs de la Paramount avant son arrivée, comme pour l’annoncer, durant toutes les années 20. La marque a d’ailleurs utilisé son nom sur son site pour le story telling de ce parfum : « Ce parfum audacieux créé en 1911 par Ernest Daltroff et rendu mythique par Gloria Swanson dans le film Sunset Boulevard, pousse à l’extrême la personnalité intrinsèquement duelle de la fleur d’oranger. Sa douceur immaculée cohabite avec des notes ténébreuses, à la séduction fatale, qu’accentuent la richesse d’un Santal voluptueux. Grand classique de Caron, cette fleur ambivalente sème un trouble intemporel » en commettant une petite erreur. En effet, « Narcisse Noir » était le parfum personnel de l’actrice et non de son personnage dans « Sunset Boulevard ». En effet, dans le film, son partenaire William Holden dit, en voix off, « Je pouvais sentir son parfum de tubéreuse » ou quelque chose comme ça. Il n’y a pas de tubéreuse dans « Narcisse Noir ». Il semblerait, cependant, que l’on aperçoive un flacon dans une des scènes mais j’ai vu le film plusieurs fois et je n’ai pas réussi à trouver cette image. Reste que, pour les perfumistas et les cinéphiles, Gloria Swanson reste intimement liée à « Narcisse Noir » de Caron qui, même s’il a été décliné en eau de toilette puis en eau de parfum, s’il a été sans doute reformulé au fil des décennies, existe toujours. Jaime beaucoup ce parfum que je porte de temps à autre. C’est un grand parfum et j’espère qu’il survivra encore longtemps.
"Narcisse Noir" de Caron
Premier contact avec les nouveaux Parfums d'Orsay
Les origines de la maison Parfums d’Orsay remontent à 1830 et a été créée par Alfred d’Orsay qui compose plusieurs parfums pour sa maîtresse, Lady Blessington. Il faudra attendre 1902 pour qu’un groupe d’investisseurs reprenne la marque auprès des héritiers et la lancent réellement. Par la suite, outre « Chevalier d’Orsay » créé en 1911 et « Tilleul » en 1915 décliné en « Tilleul pour la Nuit » en 2012, la marque créera de nombreuses fragrances un peu moins emblématique. Je pourrais citer « Le Dandy » en 1925 ou encore « La Dandy » etn 1973 ou encore « L’Intrigante » en 2010. Parmi les parfumeurs ayant collaboré avec la marque au fil des années, on retrouve Yves Tanguy ou encore Olivia Giacobetti. En 1919, la maison d’Orsay est rachetée par un collectif de passionnés qui va, pour l’heure, faire table rase des anciennes créations pour lancer dix nouveautés que j’ai eu la chance de découvrir. Comme toujours, j’en ai sélectionné quelques unes afin d’illustrer mon propos. Je dois dire que je trouve les créations, dans leur ensemble, très jolies quoiqu’un peu classiques peut-être. La marque a donc, de nouvelles fragrances, de nouveaux flacons, une nouvelle image… elle va bien. J’espère que je vous donnerai envie de la découvrir.
La toute première création que j’ai découvert est « S.C Quelque chose dans l’air », un floral, vert, musqué et poudré qui m’a beaucoup plu. Le départ de magnolia est très aquatique et se marie très bien avec des notes de fruits jaunes et de mandarine pour évoluer sur un coeur fleuri absolument délicat avec des accents de rose, de jasmin, de lys et, plus rare, d’arnica pour finir sur un fond musqué et renforcé par des notes de cuir et de santal. La marque en parle ainsi : « Prenons « Quelque chose dans l’air », sa fraîcheur et ses touches de magnolia lumineuses qui disent candeur, douceur, golden hour. Elles nous entraînent irrépressiblement vers celui ou celle qui le porte, et nous baissons la garde, car c’est bien connu, jamais gant de velours n’a révélé main de fer. À moins que ? ». Pour ma part, je lui ai trouvé quelque chose de jubilatoire dès l’envolée et mon impression s’est confirmée. J’ai beaucoup aimé la dualité entre le côte fruits jaunes et l’abondance de fleurs en coeur. Je crois que c’est l’un de mes coups de coeur. En tout cas, c’est celui que j’ai le plus envie d’essayer.
« Générateur puissant de zones d’ombres dans nos identités. C’est que : vétiver et iris pour une fois associés viennent saper ces fondements qu’on croyait assurés. Si je mêle l’ultra-masculin à l’ultra-féminin, alors qu’est-ce que je deviens ? Dois-je craindre de m’attirer moi-même, laissant de côté le genre humain ? On se croit baroudeur mal rasé, navigatrice en solitaire l’instant d’après » tel est décrit « A.R Les Ombres Fantastiques ». Le départ m’a presque rappelé « Blenheim Bouquet » de Penhaligon’s avec une envolée de bergamote et de cardamome mais le coeur d’iris et de cyclamen, ultra poudré, est bien différent et lorsque le parfum se pose sur un fond construit autour des muscs blancs et du bois de santal avec des touches de vétiver d’Haïti et d’une variété de cèdre de Virginie presque crayeuse, le côté ultra poudré se renforce encore et encore. Je dois dire que mon impression est assez éloignée de la description qu’en donne la maison Parfums d’Orsay. Pour moi, c’est un poudré élégant, profond, absolument facetté que j’ai vraiment beaucoup aimé.
Un peu moins classique, plus original, tel est « A.N Acte d’Amour Furtif » qui est décrit de la manière suivante : « Vous n’êtes pas prêts et c’est son but, Acte d’amour furtif est une d’impulsion. Une vague cumin, iris, boisée, la déferlante ourlée du parfum de l’instinct. Quelque chose qui dépasse la raison, les inhibitions et les qu’en dira-t-on. Et vous voilà, avec un(e) inconnu(e) et le meilleur alibi du monde : mon parfum était là, pas moi ». Le départ est assez intrigant avec une envolée de poivre noir et de bergamote, le coeur m’a tout de suite plu avec la dualité entre l’iris poudré et le cumin à la fois épicé et presque cuiré et le fond de bois ambré et de cèdre pose la fragrance. C’est une très belle création, sans doute la plus originale que j’ai pu découvrir. Je dois dire que je pourrais tout à fait le porter. C’est un épicé poudré ce qui n’est pas si fréquent. Il m’a tout de suite séduit mais il faut vraiment que j’essaye de le porter pour voir s’il me séduit autant sur moi que sur la touche ou le poignet.
Résineux, fumé, « T.J Il n’y a pas de Bien ni de Mal » m’a tout de suite interpellé avec un départ très encens, un coeur de notes fumés et de résines et un fond mêlant oud, ciste labdanum, patchouli et vanille, c’est un oriental atypique décrit ainsi : « « Il n’y a pas de bien ni de mal »: Danger d’encens, mystique résineuse, quelques notes de vanille pour rappeler qu’on peut quand même revenir de son côté obscur. Effets secondaires : jubilation ; désinhibition ; pouvoir charismatique ; sentiment de toute- puissance, domination du monde libre. Si ces symptômes persistent, consultez votre parfumeur ». Vous l’aurez compris, ce n’est pas un parfum pour moi même si je trouve qu’il est assez surprenant, entre chypre et oriental. La facette patchouli du fond me plait beaucoup mais les accents très résineux sont un peu étonnants et capiteux pour moi. Je ne pourrais pas le porter. Il m’a semblé trop opulent. C’est une création « dans l’air du temps » et une fragrance hivernale à coup sûr. Je ne suis pas forcément fan mais on ne peut pas tout aimer. Cela ne m’empêche pas de penser qu’il est parfaitement réalisé.
Sur le papier, « J.R J’ai l’Air de ce que je Suis » aurait du être mon préféré et c’est vrai qu’il est super beau. La marque le décrit ainsi : « « J’ai l’air de ce que je suis » ne se dévoile qu’à ceux qui osent s’approcher. Il incite à l’échange de vive voix, en aparté. Simple, frais, discret. Hespéridé, ténu, boisé. On ne le verra pas prêt à tout pour séduire. On ne le verra prêt à tout pour faire rire. Il a cette forme de retenue qui ne va pas avec son époque. Reposant, pour changer. » C’est un vrai fleuri comme je les aime avec un départ épicé et hespéridé puisqu’on y retrouve la clémentine, le pamplemousse twistées par la cardamome, le coeur est un duo d’iris et de lilas et le fond de santal cuiré par une note de narcisse est absolument magnifique. C’est presque un floral cuiré même si cette famille olfactive est vraiment une pure invention. Je suis séduit par sa délicatesse et son côté facetté. Je me suis vraiment fait plaisir à le découvrir. Je pense que je pourrais le porter sans aucun problème même s’il ne m’éloigne pas du tout de ma zone de confort. C’est une pépite.
Il me reste à essayer un peu plus quatre des cinq parfums que j’ai découvert et voir celui ou ceux avec lesquels qui matchent le plus mes mes premières impressions sont globalement très positives et j’ai très envie de découvrir les autres créations de la marque. Il y en a dix et je n’en n’ai senti que sept. Je commençais à saturer. Vu qu’ils sont accessible très facilement chez nous, j’y reviendrai avec plaisir. La nouvelle maison Parfums d’Orsay est vraiment à découvrir. Elle réserve de belles surprises et une collection de délicieux classiques.