Passion Parfums

Le patchouli comme note dominante... et pourquoi pas ? J'ai essayé "Patchouli Nosy Be" de Perris Monte Carlo. Je dois dire que si le départ est assez classique, je porte maintenant, alors qu'il est sur ma peau depuis une petite heure, un patchouli plutôt éloigné de ceux que j'avais déjà testé ou que je connaissais. Ici pas de vanilline qui écrase la plante, pas non plus de côté herbacé. C'est un patchouli plutôt boisé, sec, terriblement élégant et très éloigné de l'idée que je me fais des essences très sucrées des classiques de ce genre parfum. J'ai l'impression d'une promenade dans le sous-bois un peu fleuri d'une île exotique et très éloignée, voire même un peu rêvée. Une sensation de bien être m'envahit. C'est une belle réussite et encore, je ne l'essaye qu'en eau de parfum... Je suppose qu'à l'instar des autres créations, l'extrait est encore plus subtil, encore plus élégant... en un mot, encore plus réussi ! Une bien belle création que ce "Patchouli Nosy Be" qui est une invitation au voyage au coeur des belles matières.

Une envolée de citron assez vive, un coeur de de patchouli associé au cacao amer si cher à Gian Luca Perris et à un santal tout doux et un fond de vanille très aromatique conjugué avec le labdanum et les muscs blancs, tel est "Patchouli "Nosy Be". Avec un procédé unique de culture et d'extraction, la maison Perris Monte Carlo réinvente le parfum apparemment solinote ou, tout du moins, dans lequel le patchouli est travaillé en majeur. Je dois dire que je trouve le résultat particulièrement réussi. " À Nosy Be, à 8 milles au nord-ouest de Madagascar, des senteurs envoûtantes imprègnent l'air de l'île, qui s'annonce au voyageur avec le parfum intense des fleurs d'Ylang Ylang. C'est à l'ombre de cette plante protectrice que commence la merveilleuse histoire du Patchouli à Nosy Be. Cultivé en Inde, en Malaisie et en Birmanie, le Patchouli fleurit dans les sous-bois et redoute le soleil. Il s’est parfaitement acclimaté dans l’épaisse végétation de Nosy Be, notamment grâce aux cultivateurs qui aiment et respectent leur terre. La nature a su les récompenser : le Patchouli de Nosy Be est tout simplement fabuleux, avec des notes de Cacao Amer et de Santal.  Premiers à avoir créé une formule autour de cette essence, nous sommes heureux de partager avec tous, à travers cette fragrance, le bonheur d'un lieu unique au monde".  C'est un parfum en finesse, en douceur, sans aucune agressivité qui nous emmène dans des contrées exotiques avec un petit côté ethnique qui confine à l'élégance. J'ai un vrai coup de coeur pour "Patchouli Nosy Be". Je l'avais découvert lors d'une conférence avec Gian Luca il y a quelques années et je le retrouve aujourd'hui sur ma peau avec un très grand plaisir.

La version extrait

« En 1960, la maison Dior demande à Paul Vacher de composer le premier cuir Dior, Diorling. En hommage à cette création de Paul Vacher, qui s’était déjà illustré dans cette famille olfactive en 1931  par la composition de Scandal de Lanvin considéré comme l’un un des plus grands cuirs de la parfumerie moderne, et à son Esprit visionnaire et talentueux, Le Galion propose aujourd’hui Cuir, une création originale sur le thème du cuir, s’ouvrant sur un départ hespéridé de bergamote et d’élémi, et construit autour du lys blanc de l’ambre gris, des muscs et du santal ». Le Galion est une marque historique sur laquelle on peut compter pour trouver des classiques beaux, très bien reformulés, élégants et qualitatif. Avec « Cuir » qui prend, parfois des accents chyprés, Vanina Murraciole a réinterprété, en 2015, l’un des chefs-d’oeuvre de Paul Vacher et avec quel brio ! Vraiment, je redécouvre ce parfum en le portant puisqu’on me l’a offert et c’était une bonne idée. Il s’ouvre sur des notes de bergamote et de résine d’élémi qui lui donne un versant un peu vert puis vient un coeur très suède avec l’association d’un accord cuir et castoréum reconstitué associé à la noix de muscade et enveloppé du côté suave du lys. Le fond, très musqué, est aussi enrichi de vanille et de santal tout en laissant « la vedette » à la mousse de chêne. Pour moi « Cuir » est vraiment chypré à l’ancienne comme j’aime. Certes, il n’y a pas de patchouli dans la pyramide mais l’accord est parfaitement conforme. « Paul Vacher s’y connaissait en cuir : au début des années 60, Christian Dior lui commande un parfum féminin, conquérant et altier. Le parfumeur lui compose ce qui deviendra Diorling, un chypre cuiré. Plus tôt dans sa carrière, il a aussi co-créé Scandal de Lanvin, un grand cuir sombre. En hommage à ces monuments du vingtième siècle, Le Galion crée Cuir, à l’élégance robuste, oscillant entre féminité émancipée et masculinité démonstrative »

 

Vanina Murraciole

 

Pour insister sur l’élégance, Vanina Murraciole » explique : « L’accord cuir prend beaucoup de place, renforcé par l’ambre gris et le santal. Le lys et le musc apportent des inflexions plus douces pour évoquer un certain raffinement, signature de la marque ». Je trouve que la présence de résine d’elemi fait un peu le parfum. Dans « Cuir », elle est essentielle pour lui conférer cette singularité qui fait que je me suis attardé sur cette composition. En fait, il faut vraiment la porter. Côté tenue, il faut admettre que le parti pris du Galion est quand même, une certaine légèreté dans une majorité e ses créations. Le sillage est assez modéré. Je parlerai plutôt de parfum de peau comme on dit. J’ai redécouvert ce parfum avec des températures froides et je pense que je le porterai plus volontiers au printemps mais surtout en automne. Son côté très vintage qui pourrait me déranger est contrebalancé par la présence de la résine d’élémi qui lui donne un versant curieusement contemporain. « Cuir » est sans aucun doute l’une des compositions de Vanina Murraciole qui me convient le mieux. Dans cette double famille olfactive, il est parfait et c’est un refuge pour les jours où je n’ai absolument pas envie d’extravagance même s’il présente une certaine singularité.

Comme chaque moi, je vous propose cette rubrique qui, je le sais, vous plait bien. Il s’agit d’un compte-rendu de mes derniers essais. J’en ai sélectionné quatre mais je n’en n’ai pas effectué beaucoup plus car, il faut le dire, j’ai pas mal bougé et n’ai pas trop eu le temps de m’y mettre comme à certaines périodes. Ceci dit, j’ai eu des surprises, bonnes et mauvaises, comme toujours. Allez, je ne bavarde pas plus, je vous emmène avec moi dans cette petite promenade parfumée.

« Aux premiers frimas hivernaux, je me peins en vert; verte est la chanson du bûcheron sur la falaise ». Découvert grâce à Fabien de Yuuminoki que je ne remercierai jamais assez de son talent pour dénicher des parfums peu connus mais qui valent vraiment le coup, « Migration de l’Arbre », créé en 2018 par Euan McCall pour la marque franco-japonaise Senyoko est plus qu’un parfum, c’est une respiration. Je m’explique, il se fond avec la peau tellement facilement, tellement parfaitement que je peux en ressentir chaque note dominante et les dissocier. Je pense que la concentration extrait de parfum y est pour beaucoup mais il faut noter la qualité de la composition et des matières premières qui ne sont pas du tout négligeables. « Migration de L'Arbre raconte l'amitié entre un oiseau et un arbre. Ce parfum est une méditation sur les relations entre la terre et les animaux, l'espace et le temps; la sérénité et la loyauté, la promesse et l’éternité ». Complexe, pas forcément dans ma « zone de confort », ce parfum est une merveille d’inventivité, de tenue et de chic. Après une envolée de sauge sclarée, de bois de genévrier, de pamplemousse et de yuzu que j’ai un peu de mal à saisi vient la résine d’elemi et les notes de lentisques adoucies et fumées à la fois par un coeur de bois de gaïac, de magnolia pour le côté un peu floral et fruité, de grenade et d’osmanthus qui donne un léger versant cuiré. Le fond, à la fois boisé, salin et animal est une vraie ode à l’ambre gris rehaussé de tabac, de notes d’algues, de vétiver, de patchouli, de sapin baumier, de cèdre et de chêne. J’avais beaucoup aimé la marque, il faut bien le dire mais c’est vrai que je n’avais peut-être pas retenu « Migration de l’Arbre » dans mes préférés. C’est chose faite. C’est un coup de coeur.

 

Quand, en 2018, Cécile Zarokian signe « Remember Me » pour la marque Jovoy, elle me provoque l’envie d’un parfum de la maison. J’aime vraiment bien cette composition qui, c’est vrai, est complètement dans mes goûts avec un départ de cardamome, de citron et de bergamote, un coeur magnifique de fleur de frangipanier, de thé et de gingembre puis un fond délicatement vanillé soutenu par un cèdre très sec qui s’adoucit au fur et à mesure de l’évolution. « Imaginez des volutes de fleurs de frangipaniers qui viennent vous chatouiller le nez tout en dégustant un thé très épicé enrichit de lait et d'une montagnes de sucre. Mon tout fait un très grand floral gourmand, véritable signature originale qui fait de vous une personne mémorable ». Je ne sais pas vraiment si j’avais repéré ce parfum lorsque j’ai découvert la marque mais là, en le réessayant, je me dis que, vraiment, je pourrais porter « Remember Me ». Pour moi, la marque est assez sage et je ne m’y suis pas complètement retrouvé même si je trouve l’ensemble des créations impeccable mais il va falloir vraiment que j’approfondisse la question car « Remember Me » est un petit bijou. C’est un modèle d’équilibre. En tout cas, il me va comme un gant ce qui n’est déjà pas si mal.

 

J’aime beaucoup, vous le savez, le travail de Nathalie Feisthauer et, disons-le, depuis le debut de la marque, « Murmure des Dieux », lancé en 2016, fait partie de mes préférés. Voilà un floral comme je les aime. Je me suis fait un plaisir infini à le porter à nouveau ce que je n’avais pas fait depuis très longtemps. Heureusement, je possédais plusieurs doses d’essai car j’ai pu, sur deux jours, l’essayer et le réessayer. « Murmure des dieux capture un moment de bonheur et de sérénité. Travaillé autour de la précieuse absolue frangipanier, le parfum incarne un souvenir heureux à Bali, et met en avant cette fleur solaire et sacrée. Associée aux muscs réconfortants et à la vanille sensuelle, « Murmure des Dieux » est un Feel good parfumé » explique la créatrice. Décidément le froid me donne des envies de parfums solaires ! Dès les premières notes de tête de bergamote et d’ylang-ylang, je suis séduit sans aucun doute puis le coeur de fleur de frangipanier et d’élémi puis le fond vanillé et ambré avec des notes de benjoin et de muscs blancs. Vraiment, je suis pile dans mes goûts et quel plaisir ! Vraiment, Nathalie Feisthauer réinvente le style pour rendre ce parfum encore plus agréable à porter. Il n’est pas le plus clivant de la marque mais, vraiment, il est magnifiquement réalisé et il me correspond tout à fait. Je ne sais pas s’il sera « mon » Une Nuit Nomade mais, vraiment, j’ai pris du plaisir à le réessayer.

 

J’ai voulu réessayer mon coup de coeur dans la marque. Il a été lancé en 2021 et il s’appelle « Dark Vinyl Musk ». Le directeur artistique de la marque l’évoque ainsi : « Dark Vinyl Musk de la ligne de parfums Bohoboco est la quintessence de la vie - l'odeur jazzy du vinyle noir et le parfum du musc enveloppant se combinent pour créer une métaphore des moments beaux et difficiles, des hauts et des bas qui nous construisent. Le parfum contient de l'encens hypnotique et des notes balsamiques enveloppantes qui nous protègent et nous emmènent vers des moments spéciaux et excitants. Des notes de cuir intenses montrent le côté sombre du monde, et le parfum magnétisant de la rose montre son côté lumineux. Cette composition symbolise l'expérience et l'espoir que le changement est inscrit dans notre vie, et qu'au final, on renaît toujours en tant que nouveau vous - un nouveau jour arrive et une nouvelle année - le début de quelque chose d'inconnu et d'excitant - comme l'hypnose tourbillonnante de la vie ». Ce sont peut-être des mots un peu poétiques et abstraits pour décrire l’impression qu’il provoque mais je crois que je comprends ce qu’il veut exprimer. Pour moi, le parfum est une parfaite osmoses entres notes naturelles de violette et de rose en tête qui donnent un côté poudré et synthétiques en coeur avec une molécule à la fois verte et presque ambrée. L’évolution est assez longue mais le fond très cuiré et ambré avec un côté labdanum est du plus bel effet sur ma peau. Je trouve qu’il porte très bien son nom. « Dark Vinyl Musk » est à la fois clair, obscur, très stylisé et parfaitement contemporain. Il matche très bien sur ma peau et je pourrais tout à fait me l’approprier mais une chose me bloque : son sillage que je trouve vraiment énorme. Je pense qu’il arriverait peut-être à être difficile à supporter à la fin de la journée d’autant que la concentration extrait lui assure une longévité infinie.

 

Voilà, globalement, j’ai aimé les quatre parfums que j’ai pu essayer. En tout cas, ce sont de belles créations assez peu consensuelles et toujours hyper bien réalisées. En tout cas, j’espère que je vous donnerai envie de les sentir, de les essayer et, pourquoi pas, de les porter. N’hésitez pas à me faire un retour. Je serai content d’échanger sur le sujet.

L'an dernier, avec l’arrivée des premières eaux de parfums et la collaboration avec Céline et Jean-Claude Ellena, j’ai commencé à vraiment m'intéresser à la marque lyonnaise 100BON. Les fragrances devenaient plus complexes, plus élaborées et leur tenue s’avérait bien meilleure. Chez nous, à Lyon, la marque est facilement accessible et j’ai pu sentir et essayer tout à loisirs les nouveautés 2024 qui sont des parfums boisés. Il y en a plusieurs mais j’ai sélectionné les quatre que je trouve les plus réussis et aussi les plus emblématiques. La marque a fait appel à d’autres parfumeurs seniors pour la composition et c’est vrai qu’il y a quelque chose de très attractif dans le résultat même si les parfums boisés ne sont pas vraiment dans mes goûts. En plus, le rapport qualité prix est très bon donc allons nous promener dans ces bois réalistes et oniriques au fil de l’inspiration des parfumeurs. Je me suis rendu à la boutique de la rue Saint-Hélène, dans le deuxième arrondissement de Lyon et j'ai rencontré Sarah qui m'a présenté la collection avec beaucoup de gentillesse et de compétence. J'ai retenu trois parfums qui m'ont vraiment bien séduit. Allez, je vous emmène à leur découverte.

Une fois n’est pas coutume et je vais commencer par mon coup de coeur de cette nouvelle série. Il s’agit de « Bois Oriental & Ylang » créé en par Karine Vinchon-Spehner. « L'exotisme et la richesse du parfum de la fleur d'Ylang-Ylang cultivée par les populations locales. Une aventure olfactive qu'on ne rencontre que peu dans une vie. Un mariage entre deux points du monde : l'orient et les tropiques ». Il est le plus floral mais aussi le plus épicé des quatre et je le trouve vraiment très joli. Le départ est vif et frais avec des notes de safran, de noix de muscade, de cardamome et de davana. C’est surtout la noix de muscade, sensuelle et presque pétillante qui donne le ton et nous emmène sur un cour de tubéreuse et d’ylang avec des traces de labdanum et d’encens puis vient le fameux fond boisé construit avec des notes de papyrus, de cèdre de l’Atlas, de baume de Tolu et de patchouli. Sur ma peau, le patchouli se fait floral et ressort vraiment bien. Ce parfum, très facetté, fonctionne parfaitement. Pour moi, il est celui que je pourrais m’approprier le plus facilement C’est une très jolie création, simple mais pas commune. Elle demande à être réessayée.

 

 

 

« Bois de Mangrove » créé par Margaux Le Paih Guérin est, à mon sens, le parfum le plus luxueux de la collection tout d’abord grâce aux ingrédients utilisés mais aussi parce que la composition est riche, pleine et sophistiquée. « Le Bois de Mangrove, un ingrédient rare et protégé, comme pièce centrale de cette collection. Nous avons donné corps et vie à cette matière première brute, intégrée dans un parfum pour la première fois ». Le départ d’ananas est vraiment du plus bel effet et donne envie de poser ce parfum aromatique et boisé sur la peau. Il évolue vers un coeur très original de laurier, poudré par l’iris et rehaussé par une touche de lavande vraiment très bien travaillée. Le fond est sombre, sec, fumé et presque cuir. Le bois de Mangrove est associé à l’essence de cade que j’aime beaucoup en parfumerie, au cèdre de Virginie et il est adouci par des muscs blancs que je peine à sentir. « Bois de Mangrove » n’est indéniablement pas pour moi mais je le trouve quand même assez intéressant. Il faut le mettre sur peau car, sur la touche, il n’exprime pas du tout ses facettes.

 

 

 

Plus classique, beaucoup plus facile d’accès, « Ébène et Ambre » créé par Serge de Olivera a tout pour devenir un succès. Il est bien fait, efficace, élégant et quand même un peu ethnique. C’est un tour de force. Le départ frais, le coeur de vétiver très racinaire et le fond clair obscur de muscs blancs, de patchouli associé à un accord ébène est très réussi. Il a ses facettes sombres et ses versants lumineux. C’est carton plein ! « Les notes de Vétiver, Patchouli et Ciste upcyclés comme des classiques de la parfumerie : indémodables, mais cette fois-ci en une version singulière, moderne et durable ». Très franchement, il est le plus consensuel de ma sélection et ce n’est pas forcément un défaut. Je le trouve beau, bien réalisé, impeccable mais, c’est vrai que, pour moi, il lui manque un petit quelque chose, une dose de folie. C’est un boisé un peu sage, qui me rappelle un peu les parfums de Miller et Bertaux que j’ai complètement perdu de vue mais dont il faudra bien que je parle un jour.

 

 

 

Je suis content, même si je suis sorti radicalement de ma zone de confort, d’avoir exploré cette collection d’eaux de parfums boisés. Tout d’abord, sans chauvinisme aucun, cela me permet de parler d’une petite maison lyonnaise et ce n’est pas si mal. De plus, je ne peux qu’approuver la démarche éthique de la marque. D’ailleurs, elle se professionnalise, collabore avec des parfumeurs séniors, change son réseau de distribution. Petit à petit, elle évolue et vraiment très bien à mon sens. Suite au prochain épisode.

C’est cet été, à Paris, en plein coeur du Marais, dans la parfumerie Sens Unique, que j’ai découvert For Them, plus qu’une marque de parfums, un concept assez original de parfums que l’on peut porter en solo ou en duo. Vous me direz que le layering « prémédité » existait déjà dans des marques comme Jo Malone ou encore Etro mais cette maison-là, pousse l’expérience un peu plus loin en créant, dans chaque composition, qu’elle soit portée seule ou associée, une parfaite adéquation. Je trouve que le travail des parfumeur est assez original et je me demande si je ne préfèrerais pas porter chaque création individuellement. Je ne sais pas si mon introduction est vraiment cohérente mais je vais partir avec vous à la découverte des différentes fragrances de For Them. J’espère vous donner envie d’aller les découvrir car, objectivement (ou plutôt subjectivement), j’ai beaucoup aimé l’idée comme les compositions simples, mais originales et efficaces.

« For Them 1 » est ainsi décrit par la marque : « Une vague d'agrumes qui reflue, laissant place à une mousse saline ». Le départ de mandarine verte, de pamplemousse et de yuzu se pare d’un coeur vraiment aromatique et presque salé de romarin et d’origan arrondi par des notes de benjoin et de cacao presque grillé. J’aime beaucoup le fond de bois de cachemire et de daim qui vient apporter quelque chose d’à la fois confortable et un peu animal. Ce premier parfum, tout seul, est particulièrement frais et pourtant enveloppant. Je vais reprendre les explications de la marque pour vous indiquer les différentes superpositions et leurs effets :

1+2 = l'effet cacao du poivre grillé apparaît

1+3 = bouquet de jasmin aromatique et acidulé

1+4 = une promenade matinale dans un jardin

1+5 = une cerise acidulée sur du pain beurré

1+6 = une note de thé au laurier apparaît

« For Them 2 » fait partie de mes préférés car je le trouve à la fois épicé et solaire avec son envolée de cardamome, de poivre noir et de noix de coco, son coeur de figue, d’élémi, d’amyris et son fond de bois de santal, de cèdre et de muscs blancs. « La nervosité du poivre blanc, adoucie par un musc coco ». Je l’ai essayé sur ma peau et je trouve que les notes de coco épicées sont du plus bel effet. Bien sûr, on peut ajouter une valeur par des layerings mais, honnêtement, je le trouve assez original pour pouvoir le porter tout seul. Il m’évoque assez un exotisme un peu inédit. Il est vrai que j’aime bien ce genre de créations mais là, je me suis quand même laissé surprendre. Pour moi, « For Them 2 » est sans doute le parfum le plus original de la collection. Pour ce qui est des superpositions, la marque explique :

2+1 = l'effet cacao du poivre grillé apparaît

2+3 = jasmin sur un nuage

2+4 = monoï à la rhubarbe

2+5 = les contraires s'attirent : un clair-obscur devenu parfum

2+6 = gourmandise au carré, l'entrée d'une pâtisserie

« For Them 3 » est peut-être la création qui m’a le moins surpris car il explore toutes les facettes du jasmin comme un faux solinote très riche. « La douceur florale du jasmin, enveloppée par le cuir animal ». Le départ de bergamote, de cardamome et de noix de muscade m’a emballé mais le coeur de jasmins grandiflorum et sambac m’a moins séduit. Je l’ai trouvé vraiment très animal. Cette impression se confirme avec un fond orcanox et bois de cachemire que je ne trouve, finalement, pas si enveloppant. La formule est courte et la dualité entre notes animales et florale peut-être un peu entêtante. Peut-être que je préfèrerai, pour le coup, « For Them 3 » associé à un autre parfum de la gamme. La marque exprime ainsi les impressions ressenties au fil des superpositions :

3+1 = bouquet de jasmin aromatique et acidulé

3+2 = jasmin sur un nuage

3+4 = l’effet de peler un pamplemousse

3+5 = un lichen fleuri, un chypré blanchi

3+6 = gâteau éponge au jasmin

Photo Sens Unique Paris

« For Them 4 » est plus clivant. « Une note aromatique mentholée, stupéfiée par une bouffée acidulée de rhubarbe ». Le départ, un accord de chanvre associé à des notes de fenouil, d’aneth et de lentisque m’a complètement dérouté. Les notes florales du coeur mêlées à la vanille est rond mais reste presque mentholé. Le fond, tout doux, de bois de cachemire en aplat donne un parfum sans vraiment de relief, comme une toile abstraite. Pour être honnête, alors que sur le papier, j’aurais du détester, j’ai bien accroché avec « For Them 4 ». Je pourrais le porter tout seul ou en superposition. En tout cas, il a le mérite d’être vraiment original quoiqu’un peu synthétique. Je trouve que la marque prend vraiment des risques et ça me plait. Pour ce qui est des superpositions, elles sont ainsi décrites :

4+1 = une promenade tôt le matin dans un jardin

4+2 = monoi avec rhubarbe

4+3 = l’effet de peler un pamplemousse

4+5 = cerise ultra-juteuse

4+6 = cocktail sucré & acidulé

« For Them 5 » est le parfum le plus « dans l’air du temps ». « L'élégance d'un safran associée à une cerise juteuse ». Jugez plutôt, le parfum s’ouvre sur une envolée très épicée de cannelle, de muscade et surtout de safran qui prend vraiment beaucoup de place. Le coeur boisé et racinaire de patchouli et de cèdre de Virginie s’avère sec et pourtant une note de cerise apparait. Le fond de fève tonka poudrée, de tabac profond, de muscs blancs et de Benjoin du Siam est vraiment très original. Je trouve que cette composition se suffit vraiment à elle-même. Je ne sais pas si je pourrais porter ce parfum mais j’ai bien aimé l’idée. Je n’imagine pas trop les superpositions mais la marque indique :

5+1 = une cerise acidulée sur du pain beurré  

5+2 = les contraires s'attirent avec un jeu de clair-obscur

5+3 = un lichen fleuri, un chypre blanchi

5+4 = une cerise ultra juteuse

5+6 = ouverture d'une boite de cireur de chaussure

« For Them 6 » est le gourmand de la collection mais il n’est pas que rond et tendre : « Une chantilly à la pistache sur une liqueur de musc ». Alors bien sûr, il va paraitre vraiment « à la mode » car il s’ouvre sur des notes de pistache et de noisette qui nous conduisent sur un coeur de poivre rose et de cannelle qui, finalement, est assez original. Le fond est très animal avec des accords synthétiques de fourrure, de civette et de daim associés ) des notes de styrax et de ciste. Je trouve que le parfum est très cuiré, presque charnel. Il m’a évoqué quelque chose d’ultra sensuel pour rester un peu soft. « For Them 6 » a un côté provocateur. J’irai jusqu’à dire que c’est un parfum de séduction même si je trouve ça complètement abstrait et personnel. En tout cas, tout seul, c’est déjà quelque chose mais associé, je trouve qui pourrait être encore plus singulier. La marque donne des pistes :

6+1 = une note de thé au laurier apparaît  

6+2 = gourmandise au carré, l'entrée d'une pâtisserie 

6+3 = génoise au jasmin    

6+4 = cocktail aigre-doux   

6+5 = ouverture d'une boîte à cirage

Je me rends compte que j’ai presque plus aimé les parfums individuellement que le concept. En tout cas, les six créations de For Them ne laisseront pas insensibles. Je me demande bien ce qui pourrait sortir des superpositions. Ce que je vous ai exposé dans cet article est uniquement théorique car je n’ai pas essayé mais, dans l’avenir, je pourrais peut-être faire de vrais tests. Nous verrons bien… En tout cas « For Them » est une maison à découvrir et j’ai été content de pouvoir en parler.

Comme chaque année, j'ai élaboré un top 20 des parfums que j'ai préféré parmi les lancement de 2024 seulement voilà, il y en a eu beaucoup et j'ai du éliminer des créations qui me plaisaient pour n'en garder que le nombre prévu. Ce n'était pas facile mais j'ai fait de mon mieux. j'espère que ce classement vous donnera envie d'aller sentir de belles compositions et que nous en parlerons ensemble. en attendant, voici mon top :

1 - "Un Bel Amour d'Été"créé par Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d'Empire

2 - "Comme Un Gant" créé par Camille Goutal et Isabelle Doyen pour Voyages Imaginaires

 

3 - "Barénia" créé par Christine Nagel pour Hermès

4 - "Infuse" créé par Olivier Cresp pour Akro

 

5 - "Buio" créé par Giuseppe Imprezzabile pour Meo Fusciuni

 

 

 

6 - "Frida's Thorn" créé par Julien Rasquinet pour la collection High Standard d'Obvious

 

 

7 - "Rue de la Paix" créé par Patrice Revillard pour Isabey

 

8 - "Cherry Powder" créé par Theodoros Kalotinis pour Theodoros Kalotinis

9 - "The Dandy" créé par Fabrice Pellegrin pour la collection British Tales de Penhaligon's

10 - "Comète" créé par Olivier Polge pour la collection Les Exclusifs de Chanel

 

11 - "Mono Cachemire"créé par Nathalie Feisthauer pour L'Orchestre Parfum

 

11 - "Blue Madeleine" créé par Marie Salamagne pour Atelier des Ors

 

 

13 - Amamè créé par Stefania Marzufero Boni pour Zeromolecole

 

14 - "Pavlova" créé par Patricia de Nicolaï pour Nicolaï Parfumeur Créateur

 

 

15 - "La Fille Tour de Fer" créé par Christopher Sheldrake pour la collection noire de Serge Lutens

 

16 - "Rose Réglisse" créé par Nathalie Lorson pour Affinessence

 

17 - "Pétales de Magnolia" créé par Céline Ellena Nezen pour la collection Matières d'Houbigant

 

18 - "Wilde" créé par Caterina Catalani pour Floris London

 

 

19 - "Absent Presence" créé par Julie Marlowe et Julie Dunkley pour la Revenant Collection  de Beaufort London

 

20 - "Boukhara" créé pour Ormonde Jayne

 

 

 

 

 

 

Vous le savez, j’ai vraiment eu un très grand coup de foudre pour la marque Beaufort London lorsque je l’ai découverte chez Sens Unique à Paris. Quand j’ai commencé cette série d’articles sur mes parfums préférés, je dois dire que je n’ai eu que l’embarras du choix dans cette maison anglaise et totalement atypique. Étant donné que je suis dans une période chypres, j’ai tout d’abord choisi « Coeur de Noir » et je remercie vraiment Renata de la boutique Sens Unique de m’avoir permis de l’essayer tout à loisirs. C’est un vrai coup de foudre. Depuis que je l’ai, je n’arrête pas de le porter. C’est Julie Dunkley, qui, à l’instar de toutes les créations de la marque, ont signé ce chypre cuiré résolument moderne mais ancré dans la plus pure tradition de ce type de parfum tels « Bandit » de Robert Piguet créé par Germaine Cellier à la fin des années quarante que je cite toujours car je trouve que c’est une belle référence. J’ai porté « Coeur de Noir » hier et mon entourage le sentait encore le soir alors que je l’avais vaporisé vers sept heures du matin et je crois qu’il ravit tout le monde.

Julie Dunkley

La marque le décrit avec une citation « Chasseurs d’or ou quêteurs de gloire, ils étaient tous partis par ce fleuve, portant l’épée, et souvent la torche, messagers de la puissance dans la nation, porteurs d’une étincelle du feu sacré.» Joseph Conrad Pour Leo Crabtree, créateur de la marque et directeur artistique, parle d’une bibliothèque sur un yacht luxueux et d’odeurs d’encre de chine, de poussière, de cuir et de rhum épicé entremêlées. Pour moi, « Coeur de Noir » a vraiment le côté désuet des chyprés cuir à l’ancienne un peu brut et pourtant c’est un un parfum sans patchouli avec des notes de tête de bergamote, de rhum, d’épices, d’encre, un coeur de cuir et de lavande et un fond de tabac, de mousses et de bouleau. Je le trouve particulièrement réussi et, si la complexité de la formule est indéniable, l’écriture de Julie Dunkley n’en n’est pas moins limpide et apaisée par rapport à d’autres parfums de la marque comme « Vi et Armis » par exemple.

 

Leo Crabtree, le directeur artistique de la marque

Avec l’arrivée tonitruante de l’hiver, « Coeur de Noir » s’est imposé à moi hier sans aucune hésitation et j’en ai profité toute la journée. Sa tenue est impressionnante et son sillage, s’il est un peu plus important que ceux que j’affectionne en général, est vraiment intense sans jamais se montrer écoeurant ou dérangeant. Oui, c’est indéniable, « Coeur de Noir » a vraiment sa place dans la liste de mes parfums favoris et je pense que je ne suis pas prêt de le lâcher. C’est une réussite totale, une interprétation à l’anglaise de l’élégance qui garde, pour mon plus grand plaisir, quelque chose de subversif. Ca y est, je pense que je vais pas mal passer les mois froids avec ce parfum pour me réchauffer.

L’iris est un peu la matière première star en parfumerie. Que l’on exploite le rhizome de manière naturelle ou qu’on le recrée par la chimie, il demeure très coûteux. Il pourrait être abandonné mais il a ses adeptes et nombre sont les créations dans lesquelles il est « mis en avant ». Plusieurs d’entre-vous m’ont demandé mes cinq parfums préférés dans lesquels il est travaillé en majeur. Pour ma part, je n’en porte plus car ceux que j’aimais ont étés discontinués. Je parle de « Iris Prima » créé par Alberto Morillas pour Penhaligon’s et surtout de « Bois d’Iris » créé par Jean-Claude Ellena pour The Different Company. Ce dernier a été l’un des parfums de ma vie. Je remercie chaleureusement Stéphanie, qui lit attentivement ce blog et le possède encore, de m’en avoir donné quelques gouttes afin que je puisse, de temps à autres, y remettre mon nez. Pour moi, ce parfum est l’équilibre parfait mais il n’existe plus alors j’ai décidé d’aller chercher d’autres créations que je trouve exceptionnelle. Je vous emmène donc dans un univers à la fois floral et poudré.

Le plus (faussement) solinote que je connaisse et dont la qualité est incroyables est « L’Iris » créé en 2022 par Gian Luca Perris pour Santa Maria Novella. Je l’ai découvert à sa sortie et je suis bien obligé de reconnaitre qu’il mérite son prix quand même élevé tant il est qualitatif. « L’Iris est un voyage dans le temps et dans l’espace. Fleur symbole de Florence depuis 1266, Santa Maria Novella lui rend hommage en créant une première eau de parfum signée Gian Luca Perris. L’iris est l’une des matières premières les plus précieuses de la parfumerie : le beurre d’iris est extrait des rhizomes, qui doivent mûrir pendant 6 ans. Iris, c’est aussi une déesse, celle qui voyageait sur des arcs-en-ciel pour transmettre des messages des dieux aux mortels. Cette fragrance est un bouquet lumineux, où le galbanum et le néroli dévoilent la délicatesse de la ville tandis que le poivre timur rappelle le mystère qu’elle dégage. Alors que l’on déambule dans les petites rues empreintes d’histoire, le géranium, le magnolia et le jasmin se déploient avec grâce et reflètent la ville dans sa complexité. L’iris enfin se dégage selon une technique parfaitement maîtrisée, où les savoir-faire de la parfumerie la mêlent avec élégance au musc et à l’ambre gris. L’Iris décrit une nouvelle histoire de Florence, mêlant passé et présent, nature, technique et mythe ». Avec cette première eau de parfum de la marque, le parfumeur réussit le tour de force d’une création complexe qui parait épurée. Il s’ouvre avec des notes assez vertes de galbanum, de poivre et de néroli puis vient un coeur de géranium, de jasmin et de magnolia qui lui laisse une certaine légèreté. Le fond d’iris de Florence associé aux muscs blancs et à l’ambre gris est particulièrement précieux et réussi. L’ensemble est un parfum assez peu poudré, plutôt floral, comme une promenade dans un jardin au printemps quand la nature s’éveille. La qualité de l’iris comme matière première est absolument palpable. Pour moi, c’est une des plus belles compositions dans ce thème. Il faut la découvrir absolument.

 

 

« Une composition sophistiquée autour de l'iris. Cette fleur de l'Est a un parfum caractéristique, profond et enivrant. Iris Cendré est une fragrance subtile, au caractère oriental enfumé », tels sont les mots de Naomi Goodsir pour décrire « Iris Cendré » créé pour sa marque par Julien Rasquinet en 2015. Je peux parler facilement de ce parfum car je l’ai porté et je l’aimais vraiment beaucoup. C’est une lecture de l’accord iris et violette, pourtant classique en parfumerie, parfaitement inédite. Il s’ouvre tout en douceur avec des notes de bergamote et de mandarine mais très vite, au coeur, vient un encens très fumé associé à une très belle qualité d’iris et à une feuille de violette poudrée, presque poussiéreuse. Le fond est ambré avec des versants tabac et ciste. C’est un parfum qui peut sembler, sur le papier, très puissant mais ce n’est pas trop le cas. Il est fumé comme un feu de bois et poudré comme l’idée que l’on se fait de la fleur d’iris. Il m’a évoqué tout de suite une fin d’été sur une plage que je connais bien, autour d’un feu, avec des copains. Je n’ai pas fait ça depuis l’adolescence et je l’ai très peu vécu mais voilà mon ressenti. J’ai porté « Iris Cendré » avec plaisir mais, une fois que j’ai eu terminé les 50 ml, j’ai choisi de ne pas le racheter pour plusieurs raisons. Tout d’abord, sur ma peau, sa tenue est un peu plus limitée que celle des autre eaux de parfums de la marque. Ensuite, peut-être que je cherchais, à l’époque, un iris plus floral, moins sombre… finalement moins cendré. Il m’a convenu un moment mais finalement je lui ai préféré deux autres parfums de la marques. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de l’une de mes créations autour de cette note que je préfère.

 

 

« Iris de Nuit », créé par James Heeley pour sa maison éponyme est sans doute le parfum le plus classique de ma sélection mais il fallait un vrai duo iris et violette complètement intemporel. « Rare et raffiné, sensuel et discret, le parfum Iris de Nuit est à l’image de l’absolu d’Iris de Toscane, soutenu ici par de la violette, des graines de carottes, de l’angélique, du cèdre et de l’ambre gris, pour dévoiler un thème floral exquis ». J’ai eu un vrai coup de coeur pour cette composition très florale et poudrée lorsque je l’ai découverte il y a déjà longtemps. L’envolée d’angélique et d’ambrette très aérienne nous emmène sur ce coeur d’iris et de violette associé aux petites notes terreuses de la graine de carotte. Le fond de cèdre et d’ambre gris est très discret et assure la tenue de ce parfum tout en finesse. En effet, j’ai dis classique mais il n’est pas du tout désuet. Pour moi, il traversera les époques. « Iris de Nuit » est parfaitement facile à porter et je l’aime beaucoup. Il a un rapport qualité prix très satisfaisant et c’est une alternative aux grands classiques du genre car la note de graine de carotte renforce le côté terreux de ce rhizome d’iris et poudré de la violette. « Iris de Nuit » est une très belle réussite et se devait de figurer dans ma sélection. Je ne le porte plus trop mais j’y reviendrai sûrement.

 

 

Sorti en 2017 et créé par Marc-Antoine Corticchiato pour sa maison Parfum d’Empire, « Le Cri » (anciennement « Le Cri de la Lumière) est sans doute l’un des parfums de ma sélection qui m’a le plus surpris à bien des titres. Tout d’abord, un néo-chypré avec un coeur d’iris, il fallait y penser. L’ambrette et l’iris, jouant à cache-cache, se répondent tout au long du développement du parfum. « Ce Cri qui s’élève, c’est celui d’une renaissance. La limpidité cristalline de l’ambrette, musc végétal aux facettes d’eau de vie, irradie un iris aux lueurs diaprées de rose. Ombre portée par ces notes rayonnantes, un fond subtilement boisé caresse la peau. Le luxe en lumière ». L’envolée d’ambrette semble sage et presque discrète mais, petit à petit, il se charge d’un coeur d’iris et d’une rose un peu cachée puis le tout se renforce avec un fond patchouli. C’est un parfum complètement lumineux, très élégant qui se départit du côté poudré qui pourrait s’avérer un peu désuet dans une telle composition. L’iris est travaillé de manière plus « végétale » dans ce chypre ultra-moderne qui m’a tellement séduit que je l’ai porté jusqu’à l’oublier. Pour moi, « Le Cri » marque un tournant dans le style Corticchiato. C’est une composition faussement légère et très chic. La tenue et le sillage sont clairement plus imposants qu’il n’y parait au premier abord. En tout cas, ce parfum est un bijou qu’il faut absolument découvrir si ce n’est déjà fait.

 

 

 

Lancé en 2023 et composé par Patricia de Nicolaï pour sa marque éponyme, « Iris Médicis Intense » est indéniablement le parfum de cette sélection que je préfère. Je trouve, et je pèse mes mots, qu’il s’agit-là d’un chef-d’oeuvre de la parfumerie. « Hommage à la Toscane et à la Dolce Vita. A l’image d’un tableau de maître, une lumière satinée règne en majesté sur les reliefs. Sur ces nobles terroirs s’épanouissent champs d’iris et culture d’orangers bigaradiers à perte de vue. Les allées de cyprès encadrent ces oeuvres grandeur nature et mènent vers de magnifiques demeures aux façades couleur ocre, à l’ombre de majestueux pins parasols. Iconiques de la Méditerranée, l’iris Pallida, la fleur d’oranger et le néroli ornent le parfum de notes florales légèrement gourmandes accentuées par le santal, la vanille et le musc. Héritage du travail des tanneurs florentins, le cuir couronne le parfum avec une signature texturée unique. Iris Médicis Intense porte en son sillage la douceur de vivre à l’italienne ». Après un départ très vif et légèrement terreux de galbanum et de graine de carotte vient un magnifique coeur construit autour d’un beurre d’iris ultra-qualitatif avec toute la délicatesse du néroli et de la violette. Pour moi, c’est l’une des créations phare de la marque mais aussi, sur ce thème-là, je n’avais jamais rien senti d’aussi réussi d’autant qu’elle contient 78,3% d’ingrédients naturels. Je lui trouve une élégance absolue et définitive. Le sillage est assuré par un fond très discret de vanille absolue associée au cuir et au bois de santal avec une profusion de muscs blancs. Il en résulte une création vraiment très tenace et très chic. Pour moi, il n’y a aucune fausse note (sans jeu de mot) dans « Iris Médicis ». C’est un bijou de la parfumerie.

 

 

 

 

 

Il y avait plein d’autres parfums que j’aurais pu citer. Je pense, notamment à « Yu Son » créé par Daphné Bugey pour Altaia que j’ai redécouvert cet été, « Iris » du Galion ou encore « Iris Pallida » de Marie-Jeanne mais j’ai du me limiter à cinq créations. En tout cas, je me suis fait très plaisir à les redécouvrir pour écrire cet article. Peut-être que le sujet aurait justifié un second article mais je ne veux pas être redondant. Je m’en arrête là mais le sujet est inépuisable.

 

 

Si l’on excepte « Sables » d’Annick Goutal, le premier "parfum d'auteur" que j'ai porté vraiment régulièrement a été "Datura Noir" de Serge Lutens. J’ai répondu, sur YouTube, à Manon de la chaîne « Ma Note de Coeur » qui voulait que chacun cite cinq parfums intemporels, qui vient de nous rejoindre sur ce blog et j’ai immédiatement pensé à cette création que j’ai aimée énormément et que j’aime encore. Envoutant, unique, floral, épicé, je ne sais comment décrire ce parfum qui, lorsque je l'ai découvert a été pour moi une révolution olfactive. Je n'avais jamais rien senti de pareil. Je connaissais de nom la fleur de datura et je savais qu'en Inde, certaines femmes avaient été poursuivies pour l'avoir utilisée afin d'empoisonner leur mari. De là à en faire un parfum, c'est Serge Lutens qui en a eu l'idée et il a fort bien fait. J'ai porté cette belle création assez longtemps et j'y reviendrai peut-être. En fait, ce parfum a été aussi, dans un genre un peu « vénéneux », mon premier solaire.

Chritopher Sheldrake

« Datura noir, un parfum persistant, narcotique et hypnotique » . Créé par Christopher Sheldrake et lancé, en 2001, « Datura Noir » était étrange, floral, audacieux, il ne ressemblait en rien aux parfums que je connaissais pourtant, je l'ai aimé tout de suite. Rien que son nom m'emmenait sur les rives du Gange où des femmes ont été accusées d'avoir empoisonné leur mari avec de la fleur de Datura, avec les champs de fleurs baignés par une chaleur moite. Comme ça, ça n'a pas l'air agréable et pourtant je l'ai adoré. Il allie des notes de tubéreuses, d’amande et de vanille et je trouve qu’il est la quintessence de l’art de Christopher Sheldrake. Le côté exotique et envoûtant de ce parfum a sans doute conditionné mes goûts car, si je l’ai porté il y a une dizaine d’années, je suis toujours attiré par les fleuris opulents, par l’ylang-ylang, le jasmin, le lilas et d’autres fleurs à la signature olfactive bien marquée.

La fleur de datura est mystérieuse, vénéneuse et presque sulfureuse et je trouve que Christopher Sheldrake a très bien su, dans cette composition étonnante, donner au parfum une impression qui se rapproche de ce que je ressens lorsque je remets mon nez dans cette fragrance tout en utilisant des ingrédients complètement différents. Ceci dit, il n'a pas échappé à une redoutable reformulation et est devenu plus que léger. Quel dommage ! Quand j’ai essayé une version récente, j’ai été un peu déçu même si je l’aime toujours. Aujourd’hui, ce parfum n’est plus disponible qu’en flacon de table et je le regrette un peu car il est, il faut le dire, l’un de mes musts. Enfin, je sais, que si un jour je veux le porter à nouveau, il faudra que je trouve un flacon vintage.

J’ai découvert un peu moins de nouveautés ce mois-ci mais je les ai trouvées bigrement intéressantes pour la plupart. Je continue donc, petit à petit, à composer mon top 20 des sorties de 2024. Je trouve que, globalement, l’année nous a réservé de très belles sorties et j’ai très envie de partager avec vous mes découvertes. Je vous emmène donc, comme chaque mois à la découverte de nouveaux parfums que, j’espère, vous aurez envie de sentir et, pourquoi pas d’essayer.

« Rue de la Paix associe les plus belles essences de fleurs à une touche ludique et moderne de pêche, évoquant l'effervescence d'une coupe de champagne. Son sillage sophistiqué rend hommage aux notes florales des années 1920 et laisse ainsi une empreinte raffinée rappelant une brassée de pétales de fleurs, qui séduit et enchante », tels sont les mots de Patrice Revillard pour décrire sa nouvelle création pour la maison Isabey. « Rue de la Paix » s’ouvre avec des notes de pêche duveteuse et de bergamote puis vient un coeur floral, de narcisse, d’ylang-ylang, de jasmin et de tubéreuse qui revêt presque des côtés cuirés. Je le trouve absolument magnifique. Le fond de papyrus prend un côté un peu frais et complexe avec des notes de vanille, de benjoin, de muscs blancs, de santal et de baume du Pérou. J’ai beaucoup aimé « Rue de la Paix ». C’est un parfum vraiment très abouti, riche et facetté. Son nom fait référence à la première boutique de la marque qui a ouvert en 1924. Je trouve que la réalisation de Patrice Revillard est un grand et beau floral comme Isabey en propose toujours. C’est un coup de coeur pour moi. Je trouve qu’il est un peu un composite de tous les parfums de cette catégorie que j’aime. C’est carton plein !

 

 

 

J’aime bien la maison Affinessence depuis un certain temps. Je pense déjà vous en avoir parlé en filigrane. Pourtant, je n’avais pas trouvé celui qui allait vraiment me donner envie. C’est chose faite. J’ai beaucoup aimé « Rose Réglisse » créé cette année par Nathalie Lorson et qui m’a été conseillé lors de mon passage chez Uni/vere Parfumerie, rue du Louvre à Paris. C’est un vrai beau parfum, original et particulièrement bien construit. Son évolution sur ma peau m’a beaucoup séduit. « Plongez au cœur des Fleurs et des Fruits, et découvrez leur pouvoir envoûtant ! Toujours à l'avant-garde de l'Art du Parfum, Affinessence a créé une fragrance inédite, intégrant un « cœur attractif » spécialement conçu pour éveiller votre sensualité et amplifier votre pouvoir de séduction. Imaginez la majestueuse rose de Grasse, fière et élégante, s’enlaçant dans les accords captivants et surprenants de l’essence de réglisse. Saupoudrée d’étoiles d’anis (essence de Badiane) et sublimée par des nuances de violette-litchi, son sillage, enrichi par l’essence de magnolia, devient tout simplement irrésistible ». Je connais et j’aime le style de Nathalie Lorson mais, dans mon esprit, il est très classique. Là, elle bouleverse tout avec des associations inédites de rose centifolia, de violette, de lichi, d’anis, de magnolia et de réglisse. Je trouve que « Rose-Réglisse » est plus qu’une réussite. C’est un vrai parti-pris, celui d’associer des matières premières que l’on ne verrait pas forcément cohabiter. Pour moi, ce parfum, atypique, un peu gourmand, est l’une des trouvailles de mon séjour à Paris. Il se devait de venir pointer ses notes dans cette sélection de nouveautés.

 

 

 

J’attendais beaucoup de « In-Extremis », la nouveauté de la maison Astrophil et Stella créée par Giuseppe Imprezzabile alias Meo Fuscini et j’ai pu non seulement le découvrir mais aussi l’essayer lors de mon séjour à Paris et de mon passage chez Uni/vere Parfumerie. Je dois dire que je n’ai pas été déçu. J’ai bien retrouvé la signature ultra baroque de ce parfumeur dont la marque me fascine depuis que j’ai pu l’explorer. « Le Caravage témoigne de son art révolutionnaire, de son esprit turbulent et de sa capacité à faire de la toile un reflet de l'âme. Il demeure un génie intemporel, un artiste dont l'héritage perdure dans le cœur de ceux qui, comme nous, trouvent une inspiration perpétuelle dans son œuvre. Ce parfum est une invitation à explorer les territoires inconnus, à plonger dans les abysses de l'esprit humain, à embrasser chaque instant avec une passion dévorante ». Cet extrait de parfum ne sera pas pour tout le monde mais je le trouve absolument incroyable. Après une envolée de galbanum, d’angélique, de lentisque, et de camomille vient un coeur très cuir fumé d’osmanthus et de bouleau comme allégé par un accord magnolia et qui nous emmène sur un fond e vétiver, d’encens, de musc, d’ambre gris, de oud, de bois de gaïac, de patchouli et de mousse de chêne. Ce parfum ce serait comme un cuir de Russie qui aurait rencontré un chypre. Je le trouve atypique, incroyable, très clivant et pourtant il remporte un vif succès. Je crois même que chez Uni/vere Parfumerie, il fait partie des bests de la marque. En tout cas, il ne laisse pas indifférent il faut bien le dire. Attention, pas d’achat à l’aveugle. Il s’agit d’un objet parfumé pas comme les autres.

 

 

 

J’ai aussi beaucoup aimé « Ginger », la nouveauté de la maison Widian créée par Hamid Merati-Kashani et je me dis qu’il faut que je me penche sur le travail de ce parfumeur dont, décidément, j’aime beaucoup la signature. « Ginger est un voyage frais et épicé dans un paradis tropical. Il commence par une explosion de gingembre piquant, revigorant les sens avec son arôme vibrant et poivré. Cette première étincelle est suivie par des notes subtiles d'agrumes et de fruits tropicaux, qui rappellent les rivages ensoleillés et les paysages verdoyants. Au fur et à mesure que le parfum se développe, des notes d'épices chaudes et de fleurs exotiques apparaissent, tissant une riche tapisserie de senteurs qui vous transportent sur une île sereine et ensoleillée. Le parfum de gingembre capture l'essence d'une évasion tropicale, vous laissant avec une sensation de fraîcheur, de revitalisation et prêt à embrasser l'aventure du paradis ». Après un très beau départ vif de citron, de bergamote et de gingembre associé à des notes d’hédione, le parfum évolue vers un coeur de violette légèrement poudrée mais finalement, un peu aquatique avec le magnolia puis sur un fond de patchouli, d’ambroxan et de santal. Ce parfum m’évoquerait plutôt des températures clémentes mais il est vrai que j’ai vraiment accroché. C’est une nouveauté très facile à porter.

 

 

 

C’est la très talentueuse Stéphanie Bakouche qui a signé « Histoire d’Amour 2.0 », le nouvel opuss de Jul et Mad et j’ai pu le découvrir encore une fois chez Jovoy. « Une ode à l’amour continu partagé par le couple fondateur, Julien et Madalina – ainsi que toutes les différentes émotions qui le gardent vivant: l’attraction, la fantaisie, le charme, le désir, la tension, le plaisir, la chaleur, la grâce, la séduction, la passion, les défis de tous les jours, l’enthousiasme… Une représentation de la complicité et de l’harmonie du couple, avec ses contrastes et ses similarités; de l’exaltation derrière l’éternelle attraction entre deux personnes, deux personnalités, deux caractères, deux cultures, deux âmes… ». C’est un parfum dans l’air du temps avec un départ de safran, de framboise, de fraise et de mangue très fruité, presque juteux et épicé. Le coeur de benjoin et d’encens ne me plait pas trop et je ne suis pas très fan du fond oud, ambre et muscs avec des notes de cèdre et de vanilles. Je ne dis pas que le parfum n’est pas intéressant. Il est très moderne et romanesque à la fois mais il s’éloigne un peu trop de mes goûts pour que je puisse l’apprécier à sa juste mesure. C’est une création qui va plaire car elle compile beaucoup de notes que les amateurs recherchent et il est super bien réalisé mais personnellement, je passe mon tour.

 

 

 

C’est chez Uni/vere Parfumerie que j’ai découvert les parfums de la maison Éveilleur et plus particulièrement « I Am » composé par Nathalie Lorson et qui a retenu mon attention. « "I AM" célèbre l'affirmation de soi et la liberté, incarnant l'essence même de l'expression divine et invitant chacun à révéler sa véritable nature. Bien plus qu'un parfum, c'est une déclaration de force et d'unicité, une ode à la puissance intérieure et à la confiance en soi ». Voilà donc un bouquet floral très intéressant et particulièrement bien réalisé. L’envolée de mandarine, de freesia et de poivre. Rose nos prépare à un coeur de magnolia, de fleur d’oranger et de pivoine qui prend presque des accents de tubéreuse. Le fond de cèdre, de benjoin et de muscs sait se faire discret mais il assure une superbe tenue à cette fragrance contenue dans un un très beau flacon givré et qualitatif. J’aime vraiment beaucoup ce parfum qui dépasse peut-être un peu le budget parisien que je m’étais fixé mais j’ai bien failli craquer. Il faudra que je le réessaye. En tout cas, il me plait beaucoup. Je le trouve à la fois addictif et très étonnant.

 

 

 

C’est Josquin de chez Jovoy qui m’a convaincu de découvrir « Okto », l’une des nouveautés de Ohtop créée par Julien Rasquinet qui en parle ainsi : « En pensant à la graine d'ambrette, et à ses facettes terreuses, le parfumeur a voulu tirer sur ce fil tellurique en invoquant d'autres racines, d'autres graines (angélique, iris, galbanum) pour recréer l'odeur brute et noble de l’humus ». J’avoue que je n’avais pas vraiment accroché avec l’esprit de la marque mais il m’a assez plu, je dois bien l’admettre. Le départ est épicé, fruité et vert avec des notes de poire, d’anis et de poire et c’est vrai que ça m’a accroché directement. Le coeur très original, d’ambrette associé à l’angélique et à l’iris est incroyable et je le trouve complètement décalé. On dirait que la douceur de l’envolée se fait terreuse et se cache derrière des herbes coupées et des rhizomes d’iris. Le fond est construit autour d’un accord terre adouci par le cashmeran et le santal. Très franchement, le résultat est très intéressant. C’est un parfum plein d’originalité, entre un côté stylisé et graphique et un autre plus naturaliste. J’aime la modernité de la composition. Je ne sais, en revanche, pas si je pourrais le porter. Il me faudra le réessayer.

 

 

 

C’est chez Marie-Antoinette, lors de mon dernier passage à Paris qu’Antonio m’a fait découvrir « À L’Ombre » créé pour Robert Piguet par Hamid Merati-Kashani et qui est non seulement une nouveauté mais aussi une édition limitée. « Comme l'anticipation du crépuscule qui tombe sur le ciel, À l'Ombre capture l'attrait énigmatique de la nuit et l'intrigue de l’inconnu ». Le parfumeur a vraiment donné un coup de jeune à cette marque qui, si l’on excepte les historiques qui sont finalement plus subversifs, a tendance un peu à ronronner. On y retrouve des notes d’abricot, d’ambre, de muscs blancs, de vanille, d’iris, de feuille de violette, de jasmin sambac, de bergamote, de caramel, de mousse de chêne, de patchouli, de poire et de vétiver. Je ne sais pas vraiment comment s’articule la pyramide car le parfum ne cesse de se modifier au fur et à mesure qu’il se développe. Il m’a un peu fait penser à des anciens Serge Lutens. Il est onéreux, luxueux, clivant et surtout rare puisque Marie-Antoinette est le seul point de vente en France pour ce parfum qui devait être réservé à Harrod’s à Londres. Franchement, il n’est pas pour moi mais je l’ai trouvé particulièrement réussi. C’est une petite révolution dans la marque. Je le trouve presque identifiable au chic branché londonien.

 

 

 

Le retour dans les grands magasins parisiens de Miller Harris est pour moi une vraie bonne nouvelle. Tout d’abord, je vais pouvoir trouver « L’Air de Rien » plus facilement quand mon flacon sera fini mais, en plus, j’ai pu remettre mon nez sur la collection et découvrir « Celadon », la nouveauté, créée par Karine Vichon Spenher. Il fait partie d’une nouvelle trilogie mais c’est celui qui, pour moi, ressort par rapport aux autres. « Une averse de pluie rosée sur fond d’histoire de la pierre de jade. Enchanteur avec des notes vertes initiales de feuille de tomate et de thé pour rappeler l'herbe et la pierre de jade au centre du chef-d'œuvre « Le Rêve de la Chambre Rouge » de Cao Xuequin. Les notes d'agrumes pétillantes de cardamome, de magnolia tranquille et de thé maté nous emmènent dans un voyage de découverte. La lavande et le musc blanc évoquent la pureté. Les ombres rouges de l’automne sont représentées par les fruits rouges. La tubéreuse indienne apporte une élégance et une profondeur crémeuses pour contraster avec l'ouverture lumineuse. Le caractère du parfum évolue avec des notes boisées de bois de cèdre, de mousse et des notes fumées ». Cette création pourrait avoir des notes plus masculines mais je suis certain qu’il plaira aux femmes aussi. Il s’ouvre avec une envolée très originale de thé de Ceylan très fort et noir, rafraichi par la feuille de tomate, la cardamome et la verveine puis vient un coeur de rose, de lavande, de tubéreuse et de magnolia puis un fond de cèdre de Virginie, de maté, de mousse de chêne, de muscs et de notes fumées. Le résultat est super beau franchement et je me suis fait plaisir à l’essayer. C’est un parfum sophistiqué, très londonien, très « Tamise ». Sa modernité m’a ravi et je pourrais tout à fait le porter. On est loin des thés légers et verts que l’on trouve pas mal en parfumerie maintenant. « Céladon » est complètement à contre-courant et ne ressemble à rien d’autre. Il faut absolument l’essayer !

 

 

 

Plusieurs d’entre-vous m’ont demandé ce que je pensais de « Black Lacquer » créé par Guillaume Flavigny pour la Private Blend de Tom Ford mais nous ne l’avons pas encore à Lyon. J’ai donc profité d’un séjour à Paris et d’un passage au stand du Printemps Haussmann pour le découvrir. « Le parfum brille par deux innovations exclusives dans la parfumerie moderne : un accord de laque noire incandescente qui capture une opulence dimensionnelle fumée et une note de bois d’ébène de Makassar qui évoque des aspects de cuir et de bouleau. Sous la surface brillante s’épanouit le mystère irrépressible d’un accord de pivoine sombre ». Je dois dire que la description se rapproche assez bien de ce que j’ai senti. Les notes de synthèse sont très présente dès l’envolée puisqu’on y retrouve un accord encre et vinyle, associé au poivre noir et au rhum. Je trouve que le départ a quelque chose de presque métallique qui s’exprime encore plus, lors du développement, avec un coeur ultra sombre de bois d’ébène arrondi par la résine d’élémi, des notes d’abricot et e pivoine. Enfin, le fond d’encens pointe le bout de ses notes. Très honnêtement, je suis très dérouté par ce parfum. Il pourrait me plaire par son côté très moderne et inédit mais je ne me vois pas du tout le porter même si, parfois, je fais des incursions au pays des parfums fumés et atypiques. Il est métallique, goudronné, très étonnant. Il faut l’essayer pour se faire une idée. C’est la meilleure solution.

 

 

 

 

J’ai aussi découvert le nouveau parfum proposé par Jonathan Dufour pour sa maison Spiritum. Il s’appelle « Tantrism » et il a été composé par Bertrand Duchaufour. « Tantrism est un voyage sensoriel où le divin et le sensuel s’entrelacent dans une danse envoûtante. Dans l’intimité d’une nuit mystique, les premières notes vibrent comme une caresse. La rose musquée s’épanouit avec la fraîcheur éclatante du citron et la légèreté des aldéhydes. Chaque souffle semble exhaler l’odeur de l’aube qui s’éveille, douce et pleine de promesses. Au cœur de cette composition, un tourbillon enveloppant de chocolat et de vanille s’empare des sens, tandis que le poivre noir ajoute une touche de piquant tel un murmure de désir secret. Ce parfum effleure la peau, réveille les émotions les plus profondes et invite à l'intimité et à la passion. Au fond, l’ambre et le musc se mêlent, créant une empreinte envoûtante, semblable à une étreinte invisible. L’air se transforme en une invitation à un voyage mystique et charnel, où l'équilibre parfait entre le féminin sacré et l’aura divine se révèle, effleurant les limites du tangible ». Après une envolée très vive de citron qui m’a un peu rappelé celle de « Bake » de Akro, vient un coeur vraiment surprenant de cacao, d’ambre gris, de céréales, de poivres noir et rose et de vanille. Je dois dire que j’ai beaucoup aimé l’originalité et la singularité de la création à ce stade-là de l’évolution. Je suis un peu moins séduit par les notes de fond et surtout ce qui reste sur la peau après plusieurs heures. Je sens de l’ambroxan qui prend pas mal le pas sur la mousse de chêne, les muscs, y compris la reconstitution d’un musc animal et la myrrhe. Il n’en reste pas Mons que « Tantrism » est le parfum de la marque qui me parle le plus. Je suis un peu hermétique aux autres. Je regrette, cependant, le parti-pris du flacon, qui me rebute un peu. C’est dommage. En tout cas, je vous engage à aller découvrir « Tantrism ». Il est étonnant et réussi.

 

 

 

 

La collection extraordinaire de Van Cleef & Arpels est vraiment très élégante. Chaque parfum est bien réalisé. On ne recherche pas du tout l’originalité mais plutôt le chic forcené. J’ai découvert le très joli « Musc de Soie » réalisé par Sophie Labbé. « Imaginé comme un tissu de soie, ce musc est une caresse au toucher, d'une douceur infinie qui suit chacun de nos mouvements, laissant toujours dans son sillage un sillage lumineux et enveloppant, comme une véritable seconde peau ». Un départ d’aldéhydes et de néroli, un coeur d’iris et un fond de santal, de muscs blancs poudrés et de cashmeran, tel est ce parfum qui me plait beaucoup. Entre foulard de soie et poudrier laissé ouvert, c’est un parfum tout en élégance, régressif et terriblement efficace. Je lui trouve un côté complètement poudre de riz comme j’aime. Pour moi, ce sont les odeurs de l’enfance. Je ne pourrais peut-être pas le porter car il est la quintessence d’une certaine féminité un peu datée certes mais toujours élégante. On pourrait imaginer Elizabeth Taylor portant ce parfum. Un poudré qui ne fait jamais « cocotte » mais plutôt « lady ». En tout cas, pour moi, « Musc de Soie » est une réussite.

 

 

 

Complexe, vraiment inattendu et pourtant attendu, tel est « Ambre Liquide », le nouveau parfum historique de la maison Astier de Villatte créé par Dominique Ropion : « En droite ligne du Moyen Age fantastique et de la fameuse pomme de senteur, parfum-bijou garant de la bonne santé de l’âme et du corps, Ambre liquide, tel un précieux talisman, exhale ses merveilleux effluves ambrés, vanillés, légèrement sucrés, aux pouvoirs réconfortants surnaturels. Aujourd’hui réinterprété par Dominique Ropion d’après l’incroyable recette de 1348 richissime en ingrédients parfumants pour lutter contre la peste noire et les forces du mal, sa formule intensément odorante nous emporte d’emblée dans un autre univers. Il s’en échappe de délectables senteurs d’épices, d’aromates, d’absolu chaud, ambré, résineux de ciste, un arbuste sauvage des terres arides de la garrigue espagnole, de rose damascena, la plus opulente, la plus suave et miellée de toutes les roses, de myrrhe sauvage enivrante et capiteuse, de résine de styrax au chaleureux sillage de notes animales et cuirées, d’oliban hautement spirituel ». J’avais beaucoup entendu parler de cette composition par Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures et je brûlais un peu de le découvrir. Je dois dire qu’il m’a vraiment beaucoup dérouté. Tout d’abord, ce n’est pas un parfum ambré comme nous en connaissons déjà. Le départ est assez âpre, difficile, un peu insaisissable et presque médicinal puis le parfum s’organise autour d’une rose de Damas, de notes d’encens très présentes, de myrrhe, de ciste et de vanille (que je ne sens pas du tout) et il me semble percevoir des notes de clou de girofle. La fragrance bouge au contact de la peau et passe par un nombre assez important de phases. Insaisissable, tantôt élégant, tantôt spirituel, « Ambre Liquide » sort des sentiers battus et il s’avère tout à fait magnifique à mi-évolution. Je dois dire que je suis un peu moins séduit par les notes de fond, très rondes, presque liquoreuses et résineuses qui entrent moins dans mes goûts. Ceci dit, il faut l’admettre, on est loin de découvrir un parfum ambré comme les autres. Il est étonnant, surprenant et vraiment inattendu. L’ai-je aimé ou non ? Il est un peu trop tôt pour le dire. Il me faudra l’essayer un peu plus à nez reposé.

 

 

 

 

Voilà, je ne pense pas que je découvrirai d’autres nouveautés avant la fin du mois donc je peux publier mon article. Je dois dire que l’année a été très riche en sorties. Ces deux mois ont peut-être étés un peu moins riches que septembre et octobre mais il y a de très belles créations à sentir, à essayer et peut-être même à porter. J’ai un petit coup de coeur pour « Rose-Réglisse » d’Affinessence qui est un parfum à réessayer plus tard mais que je pourrais sans doute porter. À partir depuis cet article, si je trouve un autre parfum à découvrir, il aura sa place sur la revue de janvier.

Depuis qu’ils sont arrivés, en partie, au Printemps à Lyon, je me penche enfin sur la collection privée Boucheron. Malgré la beauté des flacons, elle n’avait pas suscité ma curiosité jusque-là. Et bien vous savez quoi, c’est une très bonne surprise. En tout cas, je me suis fait plaisir en les essayant. Pour l'instant je n'en n'ai découvert que cinq et j'en ai sélectionné quatre mais il est probable que, dans l’avenir, je puisse mettre mon nez sur les autres créations qui devraient nous arriver peut-être un peu au compte-goutte. Chaque parfum est une matière première mise en valeur et en lumière. Ce que j’ai senti est très joli, très facile à porter et vraiment qualitatif. Je vous emmène donc en voyage immobile une fois de plus mais cette fois avec les parfumeurs engagés par Boucheron.

« Iris de Syracuse est né de la volonté de sublimer l'Iris, l'or bleu de la parfumerie, et de composer une Eau de Parfum à son image : noble et inimitable. Issu des terres ensoleillées et escarpées d'Italie, l'Iris est un précieux nectar. Délicat et résistant, il dévoile ici toute son ampleur autour d'un Floral Iris vibrant et élégant. La tête, rehaussée par la fraîcheur de la Mandarine acidulée, et la Poire, juteuse et croquante, est élégamment contrastée par une touche piquante de Poivre Noir. En cœur, la Concrète d'Iris évoque une poudre riche et confortable. Tel un songe, les Pétales de Jasmin ondoient, dans une douce illusion de fleur amandée incarnée par l'Héliotrope. En fond, la Vanille enveloppée de Patchouli, se fait à la fois sensuelle et charnelle. Les Muscs Blancs apportent une douceur infinie, comme la caresse d'une plume sur la peau » tels sont les mots de la marque pour décrire « Iris de Syracuse » créé par Nathalie Lorson en 2017. Je dois dire qu’il m’a beaucoup plu. Il s’ouvre sur une envolée de poire et de mandarine épicée de poivre noir puis vient ce coeur, poudré, amandé, d’iris associé à l’héliotrope et au côté floral du jasmin. Le fond de muscs blancs est vraiment un soutien tout en douceur de la fragrance et les notes de vanille et de patchouli, à peine perceptibles, assurent une belle tenue. « Iris de Syracuse » est un vrai poudré irisé avec un côté rond et tendre. Vraiment, Nathalie Lorson a su s’engouffrer dans un certain classicisme comme elle sait si bien le faire et créer, à mon sens, un parfum de référence qui va plaire à toutes celles et ceux qui sont fans de cette si belle matière première.

« La Collection Boucheron s'enrichit d'une nouvelle fragrance, Fève Tonka de Canaima, en hommage à cette précieuse fève aromatique aux milles facettes. Une Eau de Parfum ambrée boisée addictive et envoûtante, soulignant toute la voluptuosité de cette note gourmande. En tête, la douceur de l’essence d’amande amère, associée à la note poudrée de violette, met en lumière le fruit, de sa noix à sa pulpe. C’est en cœur que l’Absolu de Tonka révèle l’élégance de la fève, grâce à un Absolu de Rose de Turquie et à une essence de Patchouli énigmatique qui lui donnent alors toute sa profondeur. En fond, c’est la note ambrée, vanillée et lactée de la matière qui caresse la peau, laissant place à un doux sillage de Santal. La Fève Tonka est sublimée dans un coffret écrin habillé d’or et de blanc, dont le tiroir, ponctué d’un ruban brun chocolat, s’ouvre sur un flacon aux mêmes tonalités ». Créé en 2022 par Alexis Dadier, « Fève Tonka de Canaima » est peut-être le parfum que j’ai découvert dans cette collection que je préfère. J’étais complètement passé à côté lorsqu’il est sorti il y a deux ans et pourtant, il me ressemble bien. L’amande amère du départ m’accroche tout de suite et m’emmène sur des notes poudrées de violette et de fève tonka qui donne aussi quelque chose de vanillé mais sans excès. Je sens aussi, en filigrane, des notes de rose e de patchouli qui rendent ce parfum vraiment complexe. Le fond de santal est, à mon sens, assez discret. Il en résulte un parfum plein de nuances mais qui reste très addictif. Il me fait beaucoup penser à l’hiver, aux écharpes de soie dans lesquelles on se love. Entre boisé et ambré, ce parfum plein d’un chic à la Boucheron s’avère, tout au long de son évolution. Pour moi, « Fève Tonka de Canaima » n’est pas forcément une invitation au voyage mais plutôt un parfum réconfortant de coin du feu.

 

 

C’est, pour moi la surprise de la collection. Je n’attendais rien de « Oud de Cartage » créé en 2017 par Dominique Ropion car la matière première mise en avant n’est vraiment pas celle que je préfère et pourtant j’aime beaucoup ce parfum. Il est superbe. « Signée Boucheron, l'eau de parfum Oud de Carthage s'inspire des anciens échanges d'or et d'ivoire sur le port et dans les ruelles de la ville. En tête, l'encens et le miel apportent à cette fragrance la force d'une note orientale avec une touche mystique. Le magnétisme déclenché en coeur par un mélange de labdanum absolu et de fève tonka aux notes sensuelles et confortables. En fond, la touche racée et imposante de deux accords oud et cuir. Cette fragrance est sublimée dans un coffret écrin habillé d'or et de blanc, dont le tiroir, ponctué d'un ruban brun s'ouvre sur un flacon aux tonalités marron glacé ». Je trouve cette composition très intéressante tout en restant facile à porter. Le oud n’est pas animal mais plutôt soyeux et cuiré. Je ne sais pas comment le décrire autrement. Le labdanum associé à la fève tonka le rend tout doux, presque un peu « confortable ». Quand je dis que je n’aimerais pas porter de parfum avec le oud travaillé en majeur, je me rends compte qu’il y a quelques exceptions. « Oud de Carthage » en fait partie. Dominique Ropion « dompte » avec art cette matière première, qu’elle soit naturelle ou non, que j’ai du mal à aborder, dans un parfum que je ne trouve pas forcément consensuel mais qui me correspond assez bien. C’est un oud sage peut-être mais élégant sûrement.

 

 

 

« Une Collection inspirée de la mémoire des chasseurs de pierres de la Maison Boucheron. Enveloppant, le Patchouli d'Angkor est un contraste d'ombre et de lumière à l'image de la puissance mystique des temples Cambodgiens. Une Eau de Parfum, un chypré floral musqué, dont le sillage révèle à la fois le mystère, la sensualité et l'addiction. En top, le velouté suave des pétales de Jasmin est sublimé par une Bergamote pétillante et une Poire croquante, pour créer une lumière naturelle divine. En cœur, le Patchouli est roi. Décliné en deux qualités pour restituer son parfum boisé à la fois chaud et enveloppant, il est relevé de Poivre Bourbon pour lui donner une extrême vibration. En fond, la douceur poudrée et sensuelle des Muscs Blancs agit comme un voile protecteur. Les racines de Vétiver et le caractère fumé du Bois de Gaïac soulignent un mystère boisé. Le Patchouli est sublimé dans un coffret écrin habillé d'or et de blanc, dont le tiroir, ponctué d'un ruban gris, s'ouvre sur un flacon aux tonalités minérales ». Il faut le dire, « Patchouli d’Angkor » créé par 2019 par Nathalie Lorson nous a à la fois surpris et mis tous d’accord. Il est doux, profond, élégant et d’une rare originalité pour un parfum de collection privée. J’aime beaucoup la construction chyprée moderne de cette composition qui s’ouvre avec des notes de jasmin et de poire qui lui donnent quelque chose de presque magnolia rendu pétillant par la bergamote. Le patchouli apparait dès le coeur mais, sur ma peau, il reste très discret, un peu enveloppé par le bois de gaïac et de muscs blancs. Alors, floral ou néo-chypré ? Je ne sais pas mais j’aime beaucoup ce parfum. Je pourrais tout à fait me l’approprier.

 

 

J’ai un petit coup de coeur pour cette collection que je ne connaissais pas du tout et que je n’avais pas cherché à découvrir. Chaque création est d’une grande délicatesse et les flacons sont superbes. Deux petits bémols toutefois : La contenance de 120 ml est un peu énorme pour moi car j’ai déjà pas mal de parfums et je trouve le capot très dur à remettre sur le flacon ce qui donne un côté peu qualitatif. C’est assez dommage mais ce sont des détails. Je suis content que la collection Boucheron débarque à Lyon. J’espère que nous aurons les autres dans l’avenir.

Euan McCall

Il y a quelques jours, grâce à Damien, qui vient sur ce blog depuis le début et est devenu un copain précieux, je vous annonçais la sortie de Force Majeure, une toute nouvelle collection créée par le parfumeur écossais Euan McCall pour la marque britannique Beaufort London. Découvrir les trois parfums de cet opus était très important pour moi car j’apprécie le créateur pour son travail chez Jorum Studio bien sûr mais aussi Senyoko et je suis très amateur de l’univers de la marque. Je voudrais donc, avant de vous donner « quelque avis que j’ai cru vous devoir » comme aurait écrit Molière, remercier chaleureusement Lou de la parfumerie Sens Unique, pépite du Marais, rue du roi de Sicile à Paris, sans qui je n’aurais pas pu découvrir la collection aussi vite et Damien pour avoir tout réglé pour moi. La gentillesse et la coopération de l’un alliée à l’efficacité de l’autre font que je peux vous proposer cet article et, humainement, ça me fait plaisir car ce blog n’est pas seulement à moi, tout le monde participe ! Pour revenir à Force Majeure, je dois dire que, sans surprise, je suis assez emballé par les trois créations. Je vais tenter de vous décrire mes impressions de mon mieux mais il s’agit surtout de les sentir car ce sont des parfums vraiment atypiques, parfois naturalistes et, à d’autres moments, franchement stylisés. En tout cas, je ne suis pas du tout déçu par le triptyque et j’ai même eu un énorme coup de coeur. Allez, je vous emmène sur les mers sombres de Beaufort London.

Le premier parfum que j’ai pu sentir et essayer a été « Pyroclasm » et je dois dire que je l’ai trouvé « très Beaufort » puisque l’envolée a quelque chose, sur ma peau, d’un peu fumé, de très intéressant et intrigant. Pour moi, c’est déjà une réussite à la vaporisation. La marque le décrit ainsi : « Inspiré par les forces naturelles massives qui ont créé les formations rocheuses basaltiques de la Chaussée des Géants en Irlande du Nord. Pyroclasm imagine un saut à travers la mer jusqu'aux chantiers navals de la Clyde, où des forces humaines similaires étaient employées dans la fabrication de navires en fer. Pyroclasm (trad.: brisé par le feu) explore l'idée de la chaleur intense et de la pression nécessaires pour créer les « rivets » basaltiques de ce phénomène naturel et les forces similaires impliquées dans le rivetage des coques des navires ». Je comprends très bien lorsque je vois, listées dans la pyramide, des notes de rouilles et associées à d’autres, franchement minérales qui se rehaussent, tout au long du développement, du côté très épicé du poivre noir et du safran, des versants résineux de l’encens et de l’élémi et de l’ambre gris. Le fond, dominé par un bois de cade sec, fumé, associé à la douceur du santal, aux côtés cuirés du vétiver, du styrax et d’un absolu de ciste extrêmement qualitatif est d’une grande beauté. Il me rappelle, même s’il ne leur ressemble pas, les grands cuirs fumés que j’ai pu aimer dans le passé. Le bois de cade est vraiment une note que j’aime et Euan McCall l’a travaillée à la perfection, en tout cas cela correspond à mes goûts. La tenue et le sillages sont très beaux. Entre notes boisées et minérales, cette création est, pour moi, non pas un beau parfum mais un grand parfum !

 

 

 

« Inspiré par « l'or blanc » qui apparaît occasionnellement sur les plages écossaises et l'alchimie du temps et des marées, The Grudge trouve la beauté dans l'inattendu : le voyage de l'ambre gris depuis le gosier du cachalot, roulé par la marée, récupéré sur une plage et transformé en teinture dans une bouteille. Une métaphore de l'alchimie de la présence ». Attention, car, si j’ai aimé « Pyroclasm », je suis absolument addict de « The Grudge ». Pour moi, c’est un énorme coup de coeur. Je crois bien que j’ai adhéré dès la vaporisation et pourtant, j’ai un peu de mal parfois avec les notes marines. Ici, non seulement, elle ne me dérangent pas mais elles m’attirent comme un aimant. Ce sont des extraits d’algues et de thé qui donnent cet effet car ils sont associés à l’ambre gris et à ses multiples facettes. Ceci dit, j’ai un peu de mal discerner l’encens et la résine de copal. Le côté vert est renforcé par un bambou spécial, le calamus et l’absinthe. Le fond, très mousse de chêne, se complexifie avec des notes de tabac, de musc et de ce magnifique absolu de labdanum que j’avais déjà repéré dans le précédent mais qui, avec le mousse de chêne est du plus bel effet. C’est parfum faussement frais… Tiens ça me rappelle quelque chose. L’esprit est, à mon sens, proche de celui de la marque tout en revêtant les excentricités de l’esprit de Euan McCall. J’aime énormément « The Grudge ». Je pourrais tout à fait le porter.

 

 

 

Je ne vais pas faire durer le suspens : « Cape Wrath » est un coup de coeur absolu. Il arrive à passer par-dessus les deux autres et je vous garantie que ce n’était pas facile ! « Nommé d'après la région côtière accidentée située à l'extrémité nord-ouest de la Grande-Bretagne, Cape Wrath s'inspire de ce paysage marin sauvage et traître. Ce point de repère isolé - nommé d'après le mot norrois ancien signifiant « point de retournement » - a été utilisé pendant des siècles par les marins pour naviguer en toute sécurité le long des côtes britanniques, bien que ses eaux traîtresses aient fait naufrager d'innombrables navires ». Tout ce que j’aime est là, l’envolée de poivre rose, de résine d’élémi et d’un galbanum hyper présent qui se conjugue avec la racine d’angélique est juste addictif. Le coeur d’encens (je ne sens pas vraiment l’accord mastic), de géranium, d’algue et d’ambre gris se pare tout de suite d’ambrette et d’un absolu de mousse de chêne que vraiment j’adore. Ce parfum, comme beaucoup de créations d’Euan McCall est d’une originalité bluffante et pourtant, vraiment je pourrais le porter. Il est d’ailleurs plus que probable que ça arrive dans les prochaines semaines. Vraiment, c’est plus qu’un coup de coeur. Mon top 2024 est bouclé mais il sera en bonne place dans le 2025 c’est certain.

 

Vraiment Euan McCall est un parfumeur de grand talent ! Cette collaboration avec Beaufort London devait se faire. C’était écrit. La collection Force Majeure est magnifique. Elle sort des sentiers battus… et comment ! En tout cas, j’ai adoré faire ces essais. Merci une fois encore à Lou et Damien pour avoir rendu possible ces essais et m’avoir permis d’écrire cet article… ainsi que pour me provoquer une nouvelle envie ! Beaufort est l’une de mes maisons préférées et je comprends pourquoi à chaque fois que je découvre une nouveauté ou une autre.

Citée des Ducs de Bourgogne, Dijon est souvent la destination de nos week-ends lorsque nous voulons « changer un peu d’air » et quitter pour mieux la retrouver notre belle ville de Lyon. Il nous fallait un lieu un peu citadin mais tranquille, sans les contraintes mais avec le charme d’une cité historique. Ce joyau de la Côte d’Or nous était apparu comme idéal il y a déjà quelques années et il est vrai que, depuis son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO, nous avons pris l’habitude de passer du temps dans le centre historique entièrement piétonnier de cette ville si belle et si chargée d’histoire. Au fil du temps, nous avons vu changer ou disparaitre des institutions. C’est l’évolution normale, alors fini le verre de Bourgogne de derrière les fagots, à l’heure de l’apéritif au Bar de L’Univers en se racontant des anecdotes sur le chanteur Yves Jamait et sa famille musicale avec le si bienveillant et accueillant Jean-Louis. Il a décidé de vendre et le bar continue ses aventures un peu différemment mais toujours dans la rue Berbisey. Qu’à cela ne tienne, nous avons trouvé d’autres quartiers généraux et fait de très belles rencontres. Les déjeuners chaleureux au Grand Café, rue du château, les thé près du piano du Comptoir des Colonies… J’en passe et d’autres meilleures. Côté parfum, lorsque nous avons découvert Dijon, il y a quelques années, ce fut la rencontre avec Caroline qui avait, rue Vauban, en plein centre historique ouvert Ma Belle Parfumerie avec une très belle sélection. Nous avions beaucoup sympathisé mais Caroline a décidé d’aller vivre d’autres aventures. Aujourd’hui, outre le très bon accueil réservé au rayon parfums d’exception des Galeries Lafayette, la boutique incontournable de la cité des ducs est Les Ateliers du Parfumeur, racheté il y a quelques temps par Nathalie, devenue une amie, et qui a su faire évoluer son univers d’une manière très intelligente, alliant une sélection de parfums et de bijoux extrêmement bien vue. Rue Mably, au tout début du centre ville lorsqu’on vient de la gare, elle cohabite avec des endroits chics et atypiques tels le Comptoir Irlandais, pour les amateurs de mode et de saveurs d’outre-manche dont je fais partie et elle a su, instinctivement bien souvent, créer une parfumerie à son image, avec une très belle sélection de parfums, équilibrée. Les marques sont complémentaires. On peut y retrouver Cire Trudon (y compris les eaux de parfum), Lubin, Diptyque, Essential Parfums, La Manufacture, L’Orchestre parfum, Molton Brown, Parfum d’Empire et, depuis déjà quelques temps, La Petite Madeleine fondée en 2017 et dont je vous avais déjà parlé. Nathalie et Pascale, parfois aidées, entre-autres par Marie, nous accueillent avec énergie, humour, chaleur et bienveillance. On se sent bien aux Ateliers du Parfumeur et venir y faire un achat est toujours un plaisir. Ce samedi, malgré une météo peu clémente, nous y avons passé un très bon moment, plein d’amitié et de partage malgré un flux quasi ininterrompu de clients.

Ce fut aussi l’occasion de faire la connaissance de Guillaume Dufay, fondateur de La Petite Madeleine dont je vous ai déjà vanté les mérites car c’est une marque de parfumerie qui, sans bruit excessif, avec de belles et qualitatives réalisations et la collaboration de parfumeurs de grand talent, trace son chemin depuis 2017. Il était très enrichissant d’échanger avec Guillaume sur la philosophie de la marque, sur les créations proprement dites mais aussi sur les objectif de cette petite maison qui fait partie, à mon sens des plus intéressants rapports qualité-prix du marché et pourtant, dont on n’entend pas vraiment parler à chaque coin de magasine. Ancien de chez Roget et Gallet, Guillaume a voulu travailler les belles matières premières en transparence et en les mettant en valeur avec de très belles eaux de parfums ainsi que des bougies et des savons. La Petite Madeleine c’est avant-tout un esprit ; des flacons élégamment épurés, des créations lisibles et pourtant bien identifiables, la remise du parfumeur au centre de son oeuvre, des boites à l’univers botanico-romantque qui ne pouvait que me séduire… Je l’ai dit, j’accroche bien avec l’univers et j’étais content, même si cela n’était nullement prémédité, de rencontrer Guillaume et de discuter avec lui. Les rencontres sont parfois vraiment enrichissantes et le courant passe directement. Ce fut le cas cette fois-ci. Nous avons parlé, redécouvert des créations de la marque, notamment « Nue d’Iris » créé par Marie Salamagne en 2022 qui est, il faut bien le dire, un absolu coup de coeur qui fera partie du Top 10 iris que je suis en train de développer. J’aime énormément le travail sur les fleurs de Marie Salamagne. J’avais beaucoup porté « Rose Milano », une sublime eau chyprée qu’elle avait créé avec Daphné Bugey pour Armani Privé il y a quelques années. Cela se vérifie avec « Nue d’Iris » que j’aime vraiment beaucoup. Évoquer cette création et différents autres sujets avec Guillaume était vraiment super. Un après-midi dijonnais une fois encore délicieux et bien rempli. Je profite de cet article pour remercier Nathalie de nous avoir accueilli mais aussi Pascale pour cette complicité qui ne fait que s’affirmer, Marie pour sa passion et sa facilité à échanger et bien sûr Guillaume pour nous avoir fait partager sa passion et sa vision de la parfumerie sous cet angle si agréable. Si j’ai un conseil (et je n’en donne pas souvent), ce serait, si vous passez par Dijon, est d’aller à la fois découvrir Les Ateliers du Parfumeur. Vous y passerez un super bon moment et aussi de mettre votre nez sur les créations de La Petite Madeleine. Vous m’en direz des nouvelles !

Guillaume Dufay, co-fondateur de La Petite Madeleine