La scent room du Printemps Haussmann
La scent room du Printemps du boulevard Haussmann ou plutôt de la rue Caumartin maintenant est toujours un endroit où je fais des découvertes. Cet été, c’était encore le cas. En tout cas de trouvailles en retrouvailles, j’ai retenu quelques parfums dont je voulais parler. Allez, j’en termine avec l’introduction et vous emmène dans le vif du sujet.
N.C.P. Olfactive est une marque suédoise dont la création est assez récente et elle a été fondée par un groupe d'amis dont l'actrice connue pour les films et la série Millenium Noomi Rapace. Je l’ai découverte lors de mon passage au Printemps et je dois dire que, après avoir été attiré par les flacons, j’ai bien aimé ce que j’ai senti, notamment dans la collection Seven Facets. Je voulais écrire un article sur la totalité de la marque mais j’attendrai de la connaitre mieux. J’ai bien aimé « 501 Iris & Vanilla », « 401 Lavender & Juniper » et « 201 Apple & Driftwood » mais c’est vraiment « 101 Clementine & Violet Flower » qui m’a le plus séduit. Créé par Yann Vasnier, ce mélange audacieux de clémentine, de violette fleurs et feuilles, d’agrumes, de muscs blancs, de mandarine et de fève tonka, est ainsi décrit par la marque : « Olfactory 101 est un parfum vibrant et complexe construit autour des agrumes et de la violette. Il englobe un accord vif et hespéridé avec des notes de feuilles de violette reposant sur une base musquée chaude ». Un parfum à la fois vert, frais, léger et pourtant prenant, il m’a bien plu. Sur ma peau, c’est un floral plus qu’un hespéridé mais la dualité du côté poudré de la violette avec la douceur de la mandarine et de la clémentine est du plus bel effet. La collection me parle plus que les autres et cette création encore plus. En tout cas, je pourrais tout à fait le porter. Il faudra vraiment que je me penche un peu plus sur la marque mais il me sera nécessaire de remonter quelques jours à Paris pour faire des tests.
Quand j’avais découvert les parfums de Véronique Gabai, je m’étais beaucoup attaché au côté « souvenirs de vacances d’enfant » qui se dégageait de plusieurs et, cette fois, je suis retourné les sentir sous un angle différent. Une fois encore, j’ai bien aimé le travail, la qualité plus qu’une réelle originalité. Véronique Gabai a créé une marque « valeur sûre » qui ne peut pas décevoir et chacun d’entre-nous peut trouver un parfum qui va beaucoup lui plaire. Tout est beau, bien fait, élégant. Mon coup de coeur est « Booster Eau de la Nuit » (il y a aussi « Booster Eau du Jour ») qui est, une fois n’est pas coutume, un boisé : « Une composition séduisante de bois, d’ambre et de muscs, elle est mystérieuse et terriblement addictive. Ce parfum persiste sur la peau, attisant le désir. Appliqué en couche sur d'autres parfums, il rehaussera leur mystère et leur sensualité comme une promesse de séduction ». Il s’ouvre sur des notes de bergamote et de poivre rose qui nous emmène sur un coeur de bois et d’ambre pour se poser sur des muscs blancs. Simple, efficace, ce clair obscur élégant est tout à fait facile à porter. Il pourrait être l’un des rares vrais boisés à me séduire alors je ne boude pas mon plaisir !
Je n’ai pas vraiment eu de feeling au premier abord avec Parle-Moi de Parfum, la maison de Michel Almairac et pourtant, nous avions étés très bien reçus quand nous étions allés, en groupe dans la boutique du Marais mais il me semblait que « Chypre Mojo 45 » m’avait bien plu et j’ai voulu remettre mon nez dedans. C’est vrai qu’il s’agit d’un très joli néo-chypré moderne et assez inattendu. « Le Chypre est né en 1917, notre Chypre Mojo en 2017. Un siècle à chercher, explorer, formuler afin d’isoler l’atome séduction du Chypre, synonyme d’un pouvoir d’attraction surnaturel, d’un sex appeal à son apogée. Chypre Mojo est la quintessence provoquant quasi-instantanément une forme d’addiction à cet accord de Bergamote, d’Oeillet, de Mangue et de Patchouli ». La formule est assez épurée avec un départ de bergamote, un coeur de mangue et d’oeillet et un fond de patchouli. Personnellement, je le préfère sur la peau que sur touche. Je l’ai essayé au Printemps et retrouvé ensuite BHV Marais. C’est un chypre moderne, pas forcément difficile mais contemporain. Sur ma peau, il fait son effet et pourtant, je l’ai essayé par temps de grande chaleur. Il est sophistiqué, glamour mais androgyne. Je pourrais tout à fait le porter mais je n’ai pas assez accroché pour qu’il devienne une priorité.
Au Printemps, j’ai également approfondi ma découverte de Borntostandout mais cela mérite quand même un article dédié à la marque. Je vais m’y atteler en reprenant mes notes. J’ai aussi appris une nouvelle plus triste. Il s’agit de la suppression, aux Éditions de parfums Frédéric Malle dont « Le Parfum de Thérèse » que je porte depuis des années. Heureusement, les stocks ne sont pas épuisés et je sais où le trouver mais je sais que ce sera une déception pour beaucoup d’entre-nous. Je suis ressorti un peu mitigé dans mes avis sur la rue Caumartin et repris le métro pour de nouvelles aventures parfumées.
Séjour à Paris en août 2024 : visite chez Sens Unique, Serge Lutens et Nose
Lors de ce séjour à Paris, malgré une chaleur écrasante le premier jour, je me suis baladé de boutique en parfumerie voire même en grands magasins. J’ai donc pu aller dans tous les endroits que je voulais explorer. Je vais donc, avec cet article, continuer un peu à vous parler de cette première journée et des découvertes que j’ai pu faire. Alors, déceptions, surprises ou coups de coeur ? Vous le saurez au fil de l’article.
L’un des passages obligés pour moi à Paris est Sens Unique, une très jolie parfumerie dont j’ai souvent parlé et qui se trouve en plein coeur du Marais, rue du roi de Sicile, tout près du métro. Je connais bien les marques proposées et mon propos était surtout de remettre mon nez sur « Absent Presence », le dernier opus de la maison Beaufort London que je n’avais senti que brièvement sans vraiment l’essayer sur ma peau. « Le cinquième et dernier volet de la collection Revenants s'inspire du poète élisabéthain Sir Philip Sidney. Dans sa séquence de sonnets "Astrophel and Stella", Sidney développe et capture l'essence même de la hantise... La présence de quelqu'un que l'on ressent toujours mais que l'on ne voit jamais ». J’ai aussi découvert une nouvelle marque mais je lui consacrerai un article à part-entière donc je reviens à ce nouveau parfum créé par Julie Marlowe et Julie Dunkley (du moins je pense car la marque ne communique pas vraiment sur le nom du parfumeur) et que j’ai pu aborder un peu plus précisément. C’est un parfum plus sage que les précédents, un peu comme « Terror & Magnificence » et j’avoue qu’il m’a peut-être un peu moins séduit que d’autres créations de la marque. Il s’ouvre avec une envolée, très jolie, de bergamote, de galbanum et e poivre et c’est « très Beaufort » puis ces notes s’enrichissent de jasmin et de violette qui donnent un côté poudré. Au fond, la marque parle de cuir, de bois de santal, de muscs, d’ambre et de bois de cèdre. Sur ma peau, cette dernière note est vraiment ce qui va dominer jusqu’à éclipser un peu le reste de la composition. La concentration à 30% et la qualité des ingrédients est toujours là et « Absent Presence » s’avère totalement qualitatif mais il lui manque peut-être ce petit je-ne-sais-quoi que je retrouve dans quelques autres parfums de la collection qui me font un effet whaou. Il n’en reste pas moins un beau parfum et je me suis interrogé sur le fait de me l’approprier.
Je n’étais jamais allé à la boutique Serge Lutens de la rue Saint-Honoré mais de petites contraintes de métro m’ont conduit à passer devant et je dois dire que je l’ai trouvée tellement belle que je suis entré alors que je n’avais rien de spécial à découvrir. J’avais envie de re-sentir « Boxeuses » que j’ai porté et que j’aimais beaucoup mais, hélas, j’ai appris que, cette fois, il était réellement discontinué. En dépit d’un très bon accueil et de la beauté du lieu, moderne, avec le plafond arabisant ultra travaillé cher au directeur artistique, les couleurs noir et violet froid que j’aime particulièrement, je n’ai pas fait vraiment de découverte. J’ai re-senti un ou deux parfums que je connaissais en me disant que celui que je portais décidément le plus actuellement était « Chergui » que j’ai redécouvert cet hiver. Je pense que je reviendrai dans cette boutique car, si je suis très attaché depuis de nombreuses années au salon du Palais Royal, je l’ai trouvée de toute beauté et la jeune fille qui nous a accueilli avec mon ami, a été vraiment à la fois compétente et chaleureuse. C’est un très bel endroit. J’avoue que je l’ai visité un peu plus comme une curiosité artistique que comme une parfumerie mais vraiment j’ai beaucoup aimé l’endroit.
Je n’avais pas vraiment prévu d’aller chez Nose, rue Bachaumont, entre le Sentier et la rue Montmartre mais nos pas nous y ont porté alors je me suis laissé séduire par l’idée même si je suis un peu moins attiré par le concept. En effet, il y a surtout, chez Nose, une sélection dans la sélection des marques choisies. J’ai un peu moins d’affinité avec cette manière de choisir les parfums proposés mais j’ai fait deux découvertes (ont une nouveauté qui aura sa place dans l’article des sorties découvertes en août) et deux redécouvertes dont une à laquelle je consacrerai un article à part entière. Je vais donc vous parler des deux autres. La découverte a été, pour moi, « Rosendo Mateu N°5 » créé par ce parfumeur en 2017 et que l’on nous a proposé alors que nous recherchions un grand classique. C’est effectivement un ambré fleuri très réussi qui m’a séduit plus que les autres parfums de la collection que j’ai trouvée un peu quelconque en les sentant superficiellement. « La First Collection, où chaque création se décline autour de trois ingrédients principaux sublimés : No. 5, un hommage aux fleurs, à l'ambre et à la sensualité du musc. Symbole d’une joie et d'une pureté extrême, le muguet se retrouve au cœur de cette création twistée par des notes épicées de safran et par du musc ambré au style oriental afin de créer un parfum puissant et séduisant. Le tout sur un fond gourmand où s'allient vanille, fèves tonka et des notes surprenantes de fraises. Un accord rare qui fait de No. 5 un véritable rêve en bouteille, une chimère ». On pourrait dire de ce parfum qu’il est un « floriental » avec son ouverture de jasmin, de muguet et de rose arrondi d’un coeur de caramel et posé sur un fond d’ambre, de muscs de cuir et de vanille. C’est effectivement un classique avec un twist sucré sans en faire trop et je l’ai trouvé très joli. Le seul bémol est son prix. Je suis prêt à dépenser un peu plus contraint et forcé par les augmentations mais ce parfum-ci n’est pas un coup de coeur suffisant pour que je puisse le payer 190 euros. C’est un peu personnel mais c’est ce que j’ai ressenti en le découvrant.
J’ai aussi senti les trois extraits de parfums de la marque de céramique italienne Fornasetti mais j’ai été effrayé par leur prix. Je me suis donc réfugié dans un parfum que je connaissais mais que je n’avais pas senti depuis des années. Il s’agit de « Piper Nigrum », créé par Lorenzo Villoresi en 1999. « Le vent du désert soufflait sur les caravanes chargées de poivre et d'épices. Piper Nigrum, c'est une overdose de poivre et d'épices africaines sublimées par des notes de menthe fraîches et d’agrumes ». Une envolée d’anis, de fenouil, de menthe poivrée, de poivre noir, de notes vertes et d’agrumes évolue vers un coeur magnifique de clou de girofle, d’élémi, d’encens, de noix de muscade, de petitgrain, de poivre noir et de romarin pour être soutenu par un fond d’ambre, de benjoin, de notes boisées, de cèdre, de fir balsam, de myrrhe et de styrax. Il faisait très chaud et il m’a réconforté. Si j’avais du choisir un parfum découvert ou redécouvert lors de ces visites, j’aurais opté pour « Piper Nigrum ». C’est une valeur sûre et je l’aime toujours autant. C’est une très belle création déjà ancienne mais qui n’a pas pris une ride. Je trouve que c’est un parfum à vraiment redécouvrir.
Ces visites peut-être un peu plus brèves que les autres ont étés toutes aussi passionnantes les unes que les autres et je pense qu’il y aura des choses à approfondir lors d’un prochain séjour à Paris. En tout cas, malgré la chaleur, j’ai pris beaucoup de plaisir à aller visiter ces endroits et me créer, bien sûr, quelques envies même si, en l’occurrence, je n’ai pas franchi le pas. Dans l’avenir peut-être.
Quatre coups de coeur à la parfumerie Jovoy
Le passage chez Jovoy lors de mes séjours à Paris est vraiment un bon moment. Alors certes, il y a beaucoup de parfums proposés, trop pour se repérer mais je fais toujours une sélection préalable afin de ne pas partir dans tous les sens et je me fais aider de l’équipe. Cet été a été surtout le signe des redécouvertes marquantes. De belles retrouvailles, des coups de coeur mais aussi, bien sûr, parfois des déception. J’ai décidé de réduire ma sélection à mes coups de coeur en n’en gardant qu’un par maison ce qui n’a pas toujours été facile. Les nouveautés ne sont donc pas présentes dans cet article mais feront l’objet d’un autre sur les découvertes de ce mois d’août. J’ai quand même vraiment aimé des parfums et je vais essayer de vous en parler de mon mieux.
Quel plaisir de découvrir sur le site de la boutique que les parfums Altaia et Eau d’Italie, que j’avais pu découvrir il y a quelques années en exclusivité à la parfumerie Theodora à Genève avaient désormais leur point de vente en France même s’il s’agit d’une exclusivité internet. J’ai pu remettre mon nez dedans car les testeurs étaient disponibles et j’ai retrouvé le plaisir de redécouvrir « Don’t Cry For Me » qui avait été un vrai coup de coeur mais dont j’ai parlé très souvent et « Yu Son » que j’avais un peu oublié mais qui me plait vraiment beaucoup. On m’a même offert des échantillons et j’ai pu le réessayer avant d’écrire mon article. Créé par Daphné Bugey en 2015, ce parfum est vraiment une réussite. « Inspirée d'un ancien poème chinois, la célébration d'une rencontre qui mène à l'amour. Les premières lueurs du matin scintillent sur les eaux azurées qui s'étendent jusqu'aux orangeraies odorantes. Une histoire commencée il y a longtemps se transforme en amour, une promesse d'enchantement se réalise ». L’envolée toute douce de mandarine et de thé vert nous emmène sur un très très beau coeur d’iris et de fleur d’oranger puis sur un fond de bois de gaïac et d’ambre. Très facetté comme tous les parfums de la marque, c’est de la délicatesse dans un flacon. Je ne parlerai pas là d’élégance mais plutôt de nuances d’une ambiance poétique et éthérée malgré une tenue qui est bien suffisante. Entre « Yu Son » et « Don’t Cry For Me », mon coeur balance. Je n’ai pas encore craqué pour l’un des deux mais ça viendra.
Depuis que j’ai découvert la maison éponyme de Stéphanie de Bruijn, je suis tombé sous le charme de cette signature qui est, pour moi, la transcription en fragrances du chic parisien. Entre « Montaigne », « Antigone » et d’autres, je me suis fait des envies mais, finalement, j’ai opté pour « Le Sully ». C’était mon premier coup de coeur et il l’est resté il n’y a pas à dire. J’ai beaucoup hésité mais je ne regrette pas mon choix. Ce parfum est vraiment un cocon qui me réconforte et dans lequel je vais pouvoir me réfugier toute l’année. La créatrice en exprime ainsi l’inspiration : « Nommée d’après le duc de Sully, qui prêta son nom au majestueux pont parisien, j’ai créé cette eau de parfum sophistiquée qui associe avec une insolente élégance le poudré de l’Iris à la puissance du benjoin, de la vanille et de l’ambre. Aussi intrépide que son homonyme, cette fragrance au caractère bien trempé saura souligner votre présence avec passion et noblesse ». Ce parfum a été lancé en 2020 et il allie une envolée poudrée et douce de bergamote et d’iris avec un coeur super original de gardénia et d’iris qui se pose sur un fond d’ambre, de benjoin et de vanille. Pour une fois, je n’ai pas cédé à mon goût pour les chypres pour aller vers un vrai poudré floral qui évolue tout le temps et me ravit au fil de la journée d’autant que sa tenue est très bonne sur ma peau. Je suis très content de mon choix. C’est une pépite que je vais porter souvent, j’en suis sûr.
J’aime aussi beaucoup la maison Brécourt. « Farah » est l’un de mes parfums préférés et je voulais réessayer « Avenue Montaigne » créé par Émilie Bouge en 2015. « Les notes de Patchouli et de Jasmin sont exprimées de manière très moderne grâce une combinaison de Muscs radiants et à l’emploi d’une essence très spéciale de Patchouli Indonésie, purifiée de ses sesquiterpènes à l’odeur terreuse. La radiance est accentuée par les notes florales transparentes (Freesias-Lotus) associées aux absolues de Jasmin Egypte, Tubéreuse Inde et Rose Turque ». Voilà donc encore un grand chypré moderne. Après une envolée de pamplemousse, de framboise et de mûre qui enveloppent le freesia vient un coeur totalement floral de jasmin, de gardénia, de fleur de lotus, de tubéreuse et de rose. Jusque-là, il est peut-être un peu classique mais le fond de patchouli et de muscs blancs enveloppé d’un pêche duveteuse change la donne et lui confère quelque chose de vraiment très élégant, très 80 si j’ose dire. L’opulence et les notes connues mais « arrangées » différemment me le font aimer beaucoup. Voilà un parfum que je pourrais m’approprier sans aucun problème. Encore un carton plein dans cette marque dont on ne parle pas beaucoup. J’aime beaucoup « Avenue Montaigne ». Il est bien possible que je franchisse le cap un jour.
« Je suis sans artifices, un parfum élégant et confortable. Je vous enveloppe de mon sillage de velours, une caresse délicieuse, tel un vêtement de coton blanc, intemporel et raffiné. Je suis un parfum de peau. Mon parfumeur a utilisé une des plus belle qualité de Musc pour recréer cette sensation de la soie glissant sur les courbes de votre corps. Soutenu par le Bois de Cèdre, mon sillage se fait alors plus rond et floral avec la Fleur de Lin, et enfin se délecte de douceur avec le gourmand Calisson. Je suis un contraste olfactif, vertueux et transgressif. Mes notes pures d’Aldéhydes et Rose Blanche cachent gourmandise et intensité. Je suis un luxe purement sensuel, je suis Pure eVe, Just Pure ». Il y avait bien longtemps que je n’avais pas remis mon nez dans « Pure Ève » créé en 2011 par Céline Ellena Nezen pour The Different Company et bien vous savez quoi ? Je l’ai un peu porté et je l’aime toujours autant. Il m’évoque immanquablement la couleur blanche. Après un départ d’aldéhydes, le coeur poudré de lin, de rose et de mimosa prend toute sa place et se fait amandé, avec un fond musqué organisé autour de notes un peu frangipane mais sans excès de gourmandise. « Pure Ève » est une pépite. Je le savais déjà mais les notes poudrées et amandées sont du plus bel effet sur ma peau. Vraiment je l’aime. Je pourrais facilement le porter à nouveau.
Quelle chance d’avoir retrouvé ces quatre coups de coeur. Il y en aura d’autres mais je garde ceux-ci dans un coin de ma tête. Un grand merci à l’équipe de Jovoy. Les échanges sont stimulants et j’ai toujours beaucoup de plaisir à retrouver ceux que je connais et à faire la connaissance des autres.
Première approche de Uni/Vere parfumerie
Il y avait un moment que je n’étais pas allé courir les parfumeries à Paris. La vie, parfois, nous empêche un peu. Enfin, j’ai un tout petit peu rattrapé mon retard en allant découvrir Uni/vere Parfumerie, au coeur de la rue du Louvre. J’ai découvert pas mal de parfums et je vais vous parler de ce que j’ai aimé, de ce qui m’a surpris, et, bien évidemment de mes coups de coeur.
Dès la descente du TGV, je me suis rendu chez Uni/vere Parfumerie car je connais Anissa depuis longtemps et je voulais connaitre à la fois la boutique dans laquelle elle est associée et la sélection de marques très exclusives qu’elle propose. Vous vous doutez bien que je n’ai pas tout senti car des merveilles il y en a ! Mais, grâce à Anissa, qui cible toujours parfaitement ce que j’aime, j’ai pu découvrir de très belles créations et, je le dis, me faire quelques envies. Je vais faire l’impasse pour l’instant sur Theodoros Kalotinis car j’ai eu un vrai engouement pour la marque dans son ensemble donc je lui consacrerai un article à part entière mais il y a déjà du grain à moudre et de quoi sentir et essayer.
Je vais commencer par la maison italienne Zeromolecole car j’ai identifié deux très belles créations magnifiquement réalisées par la créatrice de la maison Stefania Marzufero Boni. Le premier, je l’avais sélectionné en amont et je vous en parlerai dans mon article sur les nouveautés d’août, ce qui permettre de faire une « piqûre de rappel ». Le premier s’appelle « Amamè » et il m’emmène tout au coeur de ma zone de confort avec des notes de fleur de tiaré, de jasmin, de noix de coco et de muscs. C’est un coup de soleil en pleine tête ! À la fois réjouissant, estival et profond, il m’a séduit dès la vaporisation et, sur ma peau, il m’emmène là où j’aime aller. « Amamè, c'est l'art de s'embrasser soi-même à travers un parfum, une célébration de l'amour-propre et de la bienveillance, un rappel que les moments particuliers sont des occasions précieuses de se connecter avec notre essence profonde et de s'entourer d'un amour authentique, celui que l'on mérite avant tout ». C’est une créations belle et jubilatoire. Le genre de parfum que je vais tout le temps avoir envie de porter autour de moi et qui me ramène à mes amours de ces dernières années, les solaires réconfortants. Vraiment, il me séduit totalement, je pourrais parfaitement le porter.
« Inspirée par les dieux et légendes grecques. Cette collection nous plonge dans un univers onirique où les souvenirs des récits de notre enfance se mêlent à l’imaginaire d’une Grèce sans artifices. Brute et élémentaire, la nature s’y exprime avec puissance et poésie dans un jeu entre ombre et lumière. Derrière chaque création, une histoire parfumée dont on devient le héro ». Ensuite, nous avons découvert des parfums d’une maison très récente appelée Hellenist. Tout un programme ! Elle compte, à ce jour, trois parfums et, même si j’ai aimé beaucoup « Le Chant d’Achille », mon préféré a été « Les Bras de Morphée » créé par Suzy Le Helley.. « Chaud et enveloppant, Les Bras de Morphée est une douce caresse que l'on savoure sur la peau. Inspiré des grottes de Lemnos, légendaires lieu de résidence de Morphée, ce parfum envoûtant mêle avec délice des notes veloutées de pêche, d'iris et de feuilles de violette, laissant derrière lui un sillage hypnotique qui invite à la rêverie. Mais ce n'est pas tout... Avec son accord irrésistible de noisetier et ses douces nuances ambrées de fève tonka et de vanille, cette fragrance sensuelle et poudrée ne manquera pas de vous charmer encore et encore ». C’est un travail autour de l’iris et de la feuille de violette qui pourrait sembler un peu classique avec le côté très poudré de ce duo mais très vite, les notes de pêche, de noisette, d’héliotrope, de vanille, de fève tonka et surtout de cashmeran viennent rendre la fragrance complexe, très agréable et quand même originale. Je trouve que la rondeur de ce parfum est très réconfortante et s’harmonise particulièrement bien avec les notes poudrées de violette et d’iris. Suzy Le Helley est une créatrice à suivre car je trouve qu’elle commence déjà à avoir une belle signature. Ce parfum en est une autre preuve.
Lors de ma recherche en amont, j’avais aussi sélectionné trois parfums de la maison Degrhaal et je n’ai pas été déçu. Je mettrai de côté « Liqueur d’Osmanthus » et « Narcotika » qui correspondent peut-être vraiment trop à mes goûts habituels en mentionnant le fait que je pourrais les porter autant l’un que l’autre. J’ai plutôt eu envie de parler de « Anima Mineralis » car il m’a franchement surpris. « La mystérieuse pierre d'Afrique s'enveloppe de l'animalité végétale du jasmin, du bois de oud et du cumin. Quelques pétales par-ci, une touche de miel et de ciste labdanum par-là viennent parfaire ce parfum indomptable, évoquant une essence envoûtante et captivante ». Il est des chocs olfactifs qui nous viennent facilement et ce parfum-là en a été un pour moi. Nabil Dridi, son créateur, a vraiment inventé un jus surprenant, profond, sophistiqué et, en même temps, un peu ethnique. J’ai été bluffé par la qualité de son travail en général mais plus encore avec ce parfum. Jugez plutôt, il s’ouvre sur des notes de bergamote, d’aldéhydes et de cumin puis vient un coeur organisé autour de notes animales, de jasmin et de narcisse qui lui donnent déjà un côté floral cuiré. Enfin, le parfum se pose sur une association entre la pierre d’Afrique que je n’identifie pas encore très bien, des traces de oud et de miel. Le parfum est un oriental très original, un peu capiteux. Je lui trouve une extraordinaire profondeur et je le réessayerai lorsque les températures seront moins hautes car, vraiment, il m’a plu et intrigué. Comme ça, pour ma première impression, je dirais que c’est plus qu’un beau parfum… c’est un grand parfum !
Outre Theodoros Kalotinis dont nous reparlerons plus largement, j’ai eu un vrai coup e coeur pour Astrophil & Stella, une maison qui propose des extraits dans de ravissants flacons à un prix raisonnable. J’ai aimé les quelques parfums que j’ai senti dans la marque et je m’y pencherai un peu plus encore la prochaine fois. J’ai sélectionné « A Night At The Opera » et « The Iris Way », créés en 2021 par Luca Maffei, « Paris Chéri », composé par Nathalie Feisthauer, également en 2021, mais mon coup de coeur, qui fera sans doute partie de mes prochains achats est indéniablement « Shanghaï 1930 », créé par Arturetto Landi en 2023. « Dans les années 30, Shanghai se démarquait comme une ville hors du commun, un véritable melting-pot de cultures, d'ethnies, d'individus et de courants politiques. Un parfum floral / oriental riche et distingué, aux notes profondes, enivrantes et veloutées. En tête, un accord frais de thé vert Earl Grey se marie harmonieusement avec la tubéreuse narcotique, offrant une élégance envoûtante et un subtil éclat oriental ». Il fait partie de ce que j’appelle « les parfums Agatha Christie » tant la romancière globe-trotter aurait pu le faire porter à l’un de ses personnage imaginés lors de ses voyages au bout du monde. Glamour en diable, il s’ouvre sur des notes de bergamote, de thé vert, de prune, de mangue, de cannelle et de fleur violette qui nous emmène sur un coeur magnifique de tubéreuse, de champaca, de magnolia, d’ylang-ylang et d’orchidée pour le côté un peu ambré. Le fond de myrrhe, de santal, de muscs blancs, de fève tonka et de vanille m’enveloppe totalement. Bien sûr, mon goût pour la tubéreuse est flattée mais, vraiment, cette fois, je me sens tout à fait conquis par l’originalité de ce parfum sophistiqué, certes un peu rétro mais, finalement, très actuel. Si le glamour pouvait être androgyne, « Shanghaï 1930 » serait son parfum. Je le trouve aussi beau sur une peau féminine que masculine. Non seulement je pourrais le porter mais je vais le faire !
Voilà pour ma première approche de Uni/vere Parfumerie. Il y a, j’en suis sûr, plein d’autres merveille à découvrir dans cet écrin épuré, minimaliste car la sélection est vraiment belle et atypique. Un grand merci à Anissa pour son accueil, ses conseils éclairés et sa compétence dont je n’ai jamais douté. Saluons les risques pris par les deux associés car se lancer doit toujours donner le vertige mais, apparemment, ça démarre bien et je ne peux que m’en réjouir. En tout cas, je suis convaincu et j’ai hâte de faire de nouvelles découvertes.
"Victoire", un très bel éphémère signé Patricia de Nicolaï
L’été 2024 aura été indubitablement celui des jeux olympiques de Paris. Après une cérémonie d’ouverture, certes un peu controversée (je me moque un peu des esprits chagrins car moi, dans l’ensemble, j’ai plutôt apprécié) et qui a, il faut le dire, révélé certains talents artistiques, les épreuves se sont déroulées dans une sorte de ferveur. C’est à cette occasion que Patricia de Nicolaï a créé « Victoire », une eau de parfum éphémère et, je trouve, vraiment très réussie qui sera un collector de cette période. Présentée dans un joli flacon en verre dépoli, un peu givré (ce qui fait du bien) en cette période un peu trop chaude enfermé dans une petite boite aux dessins vintage, cette création a su me séduire assez facilement. La marque la décrit ainsi : « L’eau de parfum Victoire est inspirée par l’esprit de compétition et la persévérance des athlètes de haut niveau. Yuzu, bergamote et mandarine pétillent en tête et vous enveloppent dans une vague de fraicheur. À l’image du sprinter qui prend son envol sur la piste, ces notes hespéridées et énergisantes vous propulsent vers l’avant, éveillant vos sens et préparant le terrain pour une expérience olfactive inoubliable. Tel un marathonien qui trouve son rythme au milieu de la course, le cœur de Victoire révèle un mélange harmonieux et tonique de notes vertes et de thé. Ambre et musc soutiennent cette course de fond vous mettant dans les meilleures conditions pour atteindre les sommets. À l’occasion d’une année particulièrement sportive, Victoire est plus qu’un parfum ; c’est un hommage à l’esprit de compétition, à la joie, au dépassement de soi et à la beauté de l’accomplissement ».
Dès l’envolée, la fraîcheur de la bergamote, du yuzu et de la feuille de figuier nous emmène sur un coeur floral enveloppé de thé vert puis sur un fond de bois de gaïac, de muscs blancs et de mousse de chêne. Je trouve la construction vraiment très belle mais surtout, et j’ai pu le constater, le parfum dure de longues heures et projette par intermittence un sillage à la fois énergisant et d’une élégance toute parisienne. En outre, le prix de « Victoire » est plus que raisonnable. Nous avons eu la chance de le découvrir à la boutique de la marque située rue Richelieu à Paris, à deux pas de la place Colette et donc de la Comédie Française. Je recommande vivement cette boutique car, comme dans celle de la rue des Archives, dans le Marais, l’accueil est au top. La personne qui nous a reçu nous a même fait découvrir, en avant-première, les trois futures sorties qui seront distribuées en septembre et sont inspirées de l’univers de la pâtisserie. Je ne vais pas trop m’étendre car j’y reviendrai d’autant plus facilement que ce sont trois parfums qui m’ont marqué. Pour revenir à « Victoire », il sera distribué jusqu’à extinction des stocks. Pour moi, il s’agit d’une trouvaille assez magique car Patricia de Nicolaï a mis sa si belle signature au service d’une eau à la fois légère (en apparence) et extrêmement tenace. « Victoire » c’est une victoire !
Je n'aime pas la calone
La calone est une molécule de synthèse utilisée depuis les années 60 pour créer une odeur marine et ozonique. Elle a été créée par le laboratoire Pfizer en 1966 et elle est très présente, dans le sélectif notamment dans « L’Eau d’Issey » d’Issey Miyake, « Kenzo pour Homme » ou encore « Acqua di Gio » d’Armani. La parfumerie de niche l’utilise aussi mais peut-être dans une mesure un peu moindre car plusieurs créateurs lui préfèrent l’emploi d’extraits d’algues dont le rendu est peut-être plus réaliste. En tout cas, c’est une molécule incontournable et, même si sa présence me gêne dans la plupart des parfums, je me devais de lui consacrer un article. J’ai choisi, pour illustrer mon propos, quatre compositions dans lesquelles elle est très présente et qui, il me semble, sont assez représentatives. Alors, je vous emmène au bord de la mer. Il me semble que c’est la saison.
Le premier parfum que j’ai choisi de réessayer s’est imposé à moi car il constitue exactement ce que je ressens lorsque l’on parle de calone. Il s’agit de « Un air de Bretagne » créé par Juliette Karagueuzoglou en 2017 pour la collection des Paysages de L’Artisan Parfumeur. Il faut le dire, c’est un grand succès et cette composition est devenue un best de la marque en quelques années. « Un parfum marin, frais et salé, inspiré par les vagues torrentielles de la Bretagne ». Il est très imposant grâce à la conjugaison d’un absolu d’algues et de la calone associée à l’ambre gris et au néroli. Il s’agit-là, indubitablement d’un parfum d’embruns qui évoque, c’est vrai, l’océan Atlantique, la fraîcheur un peu sauvage de la Bretagne, les rochers par son côté minéral et le mélange des notes animales de l’ambre gris avec la calone et l’extrait d’algues est déjà un avant-goût de vacances. Je comprends son succès. En effet, il est très facile à s’approprier voire même à porter mais je le trouve, il faut l’admettre, un peu trop synthétique. Certes, son sillage et sa tenue sont exceptionnels mais il a fini par m’incommoder lorsque je l’ai réessayé pour écrire cet article. Je dois dire que je suis un peu rebuté par « Un Air de Bretagne ». Je le trouve too much. En revanche, dans le style marin, c’est une réussite indéniable.
Créé par Alessandro Gualtieri en 2019 pour Orto Paris, « Megamare » est également un parfum dans lequel la calone est très identifiable. Le parfumeur décrit ainsi sa création : « La mer nous emmène sur les rives de nouvelles terres, exhortant à une rencontre avec soi-même, à traverser les strates salines pour atteindre l’oraison immaculée. Plénitude éclatante de la mer » et ne communique pas, comme à son habitude, sur la pyramide olfactive. Au départ, j’avais trouvé ce parfum intéressant mais il est vrai qu’à l’époque de sa sortie, je m’étais mis aux salins plus qu’aux marins en portant soit « Acqua di Scandola » de Parfum d’Empire soit « Sel Marin » de Heeley, je ne me souviens plus. J’avais donc voulu essayer « Megamare », que nous n’avions pas encore à Lyon, lors d’un séjour à Paris. Je m’étais donc fait parfumer aux Galeries Lafayette des Champs Elysées et je m’en suis toujours souvenu. L’overdose de calone n’a pas tardé à me déranger et j’ai du aller l’ôter sur mon bras. Pour écrire cet article, je l’ai réessayé et la note marine synthétique, renforcée par le sel marin n’a eu de cesse que de me déranger. En revanche, je trouve que cette création est idéale pour évoquer la calone. On dirait presque la molécule à l’état pure.
« Snowy Owl » créé en 2020 par Dawn Spencer Hurwitz pour Zooligist. « Snowy Owl glisse avec une ouverture mentholée, tandis que la douce chaleur du musc se combine avec de belles notes de perce-neige, de muguet et d'iris. La noix de coco sucrée et la vanille boisée s'invitent pour surprendre et séduire. Snowy Owl fusionne une vitalité fraîche avec une douceur exquise dans un parfum captivant, idéal pour ceux qui n'ont pas peur de prendre ce qu'ils désirent ». Il s’ouvre avec un accord neige, de muguet, de menthe et de noix de coco puis vient un coeur d’iris, de rose blanche de maté, d’encens et de galbanum qui s’entoure d’une note de calone assez discrète. Le fond d’ambrette, de cèdre, de civet, de muscs blancs, de mousse de chêne, de fève tonka et de vanille. C’est le parfum dans lequel je trouve que la note de calone est la plus discrète. Elle a est vraiment plus supportable pour moi. Mieux, il me plait et c’est le seul de ma sélection. Le côté est plus ozonique que marin et je pense que c’est vraiment plus agréable en tout cas pour moi. Je pourrais porter « Snowy Owl » très facilement même s’il n’est pas mon préféré dans la marque.
« Une fable née de l'antagonisme entre le bois de Oud et l'eau de mer. Ils ne se mélangent pas, mais sont un modèle de coexistence. Sur la force et la protection du Oud et du bois de cèdre, ainsi que du cuir, de la mousse de chêne et du Cistus ladanifer, coule l'âme du voyageur - le protagoniste, enveloppé de rose et de jasmin, flottant comme l'ambre au-dessus du liquide élémentaire de l'océan afin de s'adapter et de garder le cap face aux imprévus de la vie ». « Ocean Oud » a été créé en 2017 par Ramon Monegal et je dois dire que, lorsque je l’ai senti, j’ai eu un mouvement de recul tant la note de calone m’a dérangé. Elle est présente dès l’envolée, associée au ciste labdnanum et à un accord ambré. Le coeur de oud, de rose et de jasmin paraît tout de même incongru et n’arrive pas à me faire passer ma première impression. Le fond de cuir, de mousse de chêne et de cypriol m’a semblé assez joli mais j’ai du mal à y arriver tant je trouve difficile de supporter l’évolution. C’est un parfum très animal et très marin. Il est segmentant et il faut vraiment l’essayer. J’avoue que je n’ai pas essayé ce parfum sur ma peau. Il me dérangeait trop.
Je n’aime toujours pas la calone mais l’expérience est intéressante. J’ai réessayé ces parfums comme je le fais pour les autres, sans à-priori. J’aime beaucoup l’idée de parfums d’embruns mais je les préfère juste plutôt salins que marin comme ce que je l’ai toujours dit. Je vous laisse vraiment faire votre expérience. J’espère que vous me donnerez votre ressenti.
My Exclusive Collection : les créations cachées de Jean-Paul Guerlain ?
Il y a déjà plusieurs années que j’entends parler de ce qui est devenu My Exclusive Collection. Des tentatives de lancement avaient été effectuées dans le passé mais ce n’est qu’en 2021 qu’elle voit le jour effectivement avec le lancement de trois parfums dont la création est attribuée à Jean-Paul Guerlain même si, sur le site de la marque, on n’évoque que « Le Maestro ». À cette époque, j’ai rencontré le commercial venu proposer ces trois compostions aux parfumerie lyonnaises et je les ai donc découvertes en avant-première si l’on peut dire. Ensuite, c’est à La Mûre Favorite, qui avait décidé de faire entrer la marque, que j’ai eu l’occasion de les redécouvrir et même de les essayer. J’ai beaucoup hésité à en parler mais je me suis dit que comme My Exclusive Collection existe et que je connais les trois créations, je me devais de le faire. Alors, ai-je eu un coup de coeur ou non, vous le saurez dans ma conclusion.

Jean-Paul Guerlain
« Swingfollies » est le premier parfum que j’ai senti. « Une odyssée allant de l’Océan Indien aux rivages de la Riviera dans un intense sillage boisé, rafraîchi de fleurs et d’agrumes. Ce voyage nous invite à la découverte de la puissance du Patchouli, des accents rares et épicés du poivre noir de Madagascar, de la fraîcheur de la Mandarine et de la Fleur d’oranger, avant de s’alanguir dans la douceur de la vanille et du musc blanc ». Après un départ de mandarine et de poivre noir de Madagascar vient un coeur de fleur d’oranger très classique qui se pose sur un fond d’essence de patchouli, de vanille et musc blanc. En sentant ce parfum, je l’ai trouvé vraiment très classique voire un peu mainstream. En effet, je ne suis pas vraiment convaincu. Je m’attendais à une représentation plus « flamboyante » de la fleur d’oranger. Sur ma peau, la tenue et le sillage sont très satisfaisants mais la création en elle-même me laisse un peu sur ma faim. Il est vrai que je ne suis pas tellement adepte de la fleur d’oranger. Je trouve que, souvent, les parfums où elle est travaillée en majeur sont un peu rebattus. C’est le cas avec « Swingfollies ».
« Kaléidoscope de l'Amour, ce bouquet oriental incarne la formule parfaite. Dans une ode s'ouvrant sur les tons chauds et épicés du poivre rose, l'Ylang-Ylang y exhale son nectar aphrodisiaque se mêlant à la magie redoutable du Datura noir. La suave vanille en équilibre avec la douceur du baume du Pérou et la force boisée du Vétiver viennent ponctuer ce philtre ». « Renata 1226 » est un parfum solaire, élégant avec, au départ, une envolée de poivre rose, de calone et de citron., un coeur d’ylang-Ylang, de noix de coco et de datura qui nous emmène sur un fond de vétiver d’Haïti, patchouli, baume du Pérou, vanille. Avec ce parfum, je retrouve quand même assez facilement la signature de Jean-Paul Guerlain. La construction est celle d’un ambré fleuri très classique, plutôt chic quoi qu’un peu difficile à saisir. Je ne peux pas dire pourtant que j’adhère complètement. C’est un parfum plutôt plus original que le premier, son sillage et sa tenue me conviennent mais je ne suis pas vraiment convaincu. « Renata 1226 » est faussement moderne. Il revêt quelque chose d’un peu suranné sans l’assumer. Il faut l’essayer avant de se faire une idée.
Avec « Murmure d’Alcôve », le « Maestro » y va à fond dans la sensualité. La tubéreuse, très animal explose et il faut pouvoir la porter ! « Un univers floral aux notes opulentes et mystérieuses qui décline avec justesse une ode à la sensualité. Ce parfum ensorcelant et capiteux nous dévoile le caractère mystique de la Tubéreuse, cette Fleur Blanche appelée aussi « Complice de l'Amour », mêlée à la Jacinthe et à la Rose de mai, pour une immersion dans un monde sulfureux et enivrant ». Un départ de clou de girofle, de pêche et de jacinthe nous emmène sur un coeur de tubéreuse de roses de mai et de Bulgarie puis se pose sur un fond de vanille. Le sillage, le côté animal et la tenue sont vraiment très impressionnants. Il y a presque un côté « parfum de cocote » ce qui ne me dérange pas vraiment mais je trouve que l’ensemble garde un côté un peu vieillot qui me fait dire qu’il ne s’agit pas de la tubéreuse de ma vie. Certes, c’est, des trois créations, celle que je préfère mais elle ne m’emballe pas outre mesure.
Globalement, je dois dire que je suis assez déçu par My Exclusive Collection. Les parfums me semblent un peu banals, le packaging est cheap avec un flacon très suranné et un capot qui ne tient pas en place et la communication un peu mystérieuse sur le fait que les jus aient étés créés par Jean-Paul Guerlain sans vraiment le dire m’agace quelque peu. De plus, en tout cas à Lyon, elle ne rencontre pas vraiment un succès. Il faut dire que le prix de vente est élevé. J’ai même cru comprendre que même celles et ceux qui ont franchit le pas une fois, ne répètent pas l’opération. Il me semble que My Exclusive Collection est un peu « mal fagotée » et que la marque aura du mal à trouver son public.
Des tubéreuses que je viens de redécouvrir
Je m’en suis rendu-compte depuis que j’ai acquis une petite collection de parfums, j’ai un goût pour la tubéreuse. J’essaye toujours de découvrir des créations dans lesquelles elle est travaillée en majeur. Récemment, j’ai remis mon nez dans trois compositions dans lesquelles cette « fleur mystérieuse » ne dit pas son nom mais est très présente et une troisième qui est vraiment traitée de manière florale. Je les ai vraiment beaucoup aimées toutes les deux alors j’ai eu envie de vous en parler.
Le premier parfum que j’ai choisi est aussi mon préféré dans cette sélection. Il s’agit de « Enlèvement au Sérail » que Francis Kurkdjian a composé pour la collection classique de la maison MDCI en 2006. La marque le décrit ainsi : « Ce fleuri oriental délibérément « rétro », un des premiers succès de la marque, est à nouveau disponible. Un parfum sophistiqué et complexe qui évolue tout au long de la journée, révélant différentes facettes du parfum au fur et à mesure que les notes s’estompent et se mélangent. Il se transforme en un bouquet floral doux et sensuel, avant de laisser place à des notes de fond chaleureuses et réconfortantes. Le parfumeur a ajouté une petite touche qui le rend subtilement, légèrement plus frais et plus jeune, mais Il a gardé toute sa puissance, sa profondeur, et un « velouté » rares de nos jours ». Je dirai pour ma part qu’il s’agit d’un néo-chypré assez traditionnel qui s’ouvre sur une envolée de bergamote de de mandarine avec le côté solaire de l’ylang-ylang qui s’enrichit d’un coeur de tubéreuse, de rose et de jasmin pour se poser sur un fond de patchouli, de santal, de vétiver et de vanille. C’est un chypre sans mousse de chêne, très enveloppant, suave, floral et sophistiqué. Il plaira, c’est certain, plus certainement aux femmes mais je pourrais tout à fait le porter. Il est très onéreux et, si j’ai un peu tourné autour, je n’ai pas franchi le pas. Il n’en reste pas moins que je le trouve absolument parfait tant au niveau composition qu’à celui de la tenue et du sillage. C’est une composition équilibrée et efficaces comme je les aime.
« Le romantisme, très peu pour elle. Une main de fer dans un gant de velours. Tubéreuse, mandarine, bois : le parfum de notre conquistador intrépide séduit tout sur son passage. Avec elle, le silence est d’or. Du moins, c’est ce que pense Sir Teddy… ». J’étais un peu passé à côte de « Heartless Helen » (littéralement « Helen Sans Coeur ») créé en 2019 par Dominique Ropion pour la collection des Portraits de Pehnaligon’s. En cherchant des parfums à dominantes de tubéreuse que je n’avais pas essayé, je l’ai redécouvert. « Helen ne se fie qu’à elle-même. Une femme aux fermes intentions, non dénuée d’invention, bonne joueuse... tant que c’est elle qui gagne ! Je suis née pour dominer votre sexe – et être l’héroïne du mien. Vous avez dit romance ? Laissons s’il vous plaît cela aux Romantiques. Elle vient de faire la connaissance de Teddy, en safari. Un homme à son goût. Mais qu’en laissera-t-elle ? Dieu merci, l’attraction n’est pas toujours fatale. Helen a bien l’intention d’en profiter ». Serait-ce le parfum de la femme fatale (ou de l’homme fatal) ? Je ne le sais pas. Ceci dit, il me plait ce parfum avec son envolée de poivre rose et de mandarine, son coeur de jasmin et de tubéreuse et son fond de cashmeran. J’avais une connaissance, qui vendait la marque à l’époque et s’était appropriée « Hearthless Helen » et je crois que je l’associais plutôt à elle. Je l’ai redécouvert avec une certaine jubilation et je dois dire que je me suis fait plaisir à essayer cette tubéreuse un rien animale mais très florale, joyeuse et impertinente. Un vrai plaisir pour un beau parfum. Dominique Ropion, une fois de plus, montre qu’il peut vraiment bien travailler cette fleur narcotique qui m’attire tellement.
« Extrait de glamour. Rose. Passion. Lèvres. Bouche. Douceur. Chaleur. Délicieux. Lumineux. Appétit. Interdit. Fun. Fatale. Fruit. Désir. Smile. Sucré. Peau. Brillant. Enivrant. Insatiable ». Quand j’ai vu le nom de « Jasmine Od », je me suis dit « encore un jasmin » et j’ai été tenté de le sentir un peu rapidement. Pourtant, cet extrait m’a tout de suite plu. L’association d’un jasmin sambac très opulent et d’une tubéreuse presque verte comme celle utilisée dans « Royal Mayfair » de Creed associé aux muscs blancs crée une fragrance à la fois opulente, fraîche et d’une élégance à l’anglaise qui m’est si chère. James Heeley le décrit ainsi : « Le parfum naturel du jasmin par une chaude nuit d'été est un parfum éphémère et fugace. Le but ici était d'essayer de capturer et d'améliorer son intensité et sa longévité sans altérer sa beauté naturelle. Le résultat est une surdose d'absolu de jasmin et de tubéreuse qui donnent à ce parfum sous-jacent des accents de fruits. Intense, enivrant et terriblement joli ». Je trouve que la dualité entre le jasmin et cette tubéreuse presque mentholée est vraiment du plus bel effet. J’ai tout de suite accroché. Il peut être porté de plein de manière et par pas mal de personnes différentes et s’adaptera à leur personnalité. Je l’imagine comme un parfum de barber shop pour un gentleman habillé de tweed ou d’un costume chic, comme une fragrance excentrique qui complètera le style d’un dandy ou d’un garçon en jean et en baskets mais il s’adaptera aussi à une femme élégante mais dynamique ou à une jeune fille qui veut, le temps d’une soirée ou même d’une journée, d’une semaine ou plus, se singulariser et affirmer une personnalité bien présente. Pour moi, « Jasmine Od » est une véritable réussite. Vraiment j’ai adoré.
Il y avait longtemps que je voulais essayer « Tuberosa », créé en 2021 par Jean-Claude Ellena pour la collection Parfums Signatures de la maison Le Couvent mais je n’arrivais pas à mettre la main sur un testeur. C’est chose faite et j’en suis bien heureux car je trouve cette création vraiment superbe. « Dans l’ombre des jours, il est une fleur qui conte son histoire durant la nuit. Extrêmement sensuelle, c’est dans l’ombre et l’obscurité qu’elle exhale ses plus beaux arômes. À mesure que la nuit s’avance, la tubéreuse nous narre une histoire. 20 h 09 : la reine des fleurs se réveille doucement et irradie dans la nuit noire. Elle nous saisit par ses notes fraîches de pêche qui deviennent musquées et sucrées; effluves hypnotiques et tentatrices qui font tourner la tête et égarent. 22 h 11: le temps est venu pour la tubéreuse de dévoiler toute sa gourmandise, nous enveloppant totalement dans un bouquet épicé, entre clou de girofle et noix de muscade, qui emplissent l’âme d’une sensualité certaine et attise le désir. 23 h 40 : voilà que les effluves épicées s’évanouissent au profit de la vanille et de l’héliotrope. Deux senteurs qui enserrent nos corps, les pénètrent de volupté et invitent au rapprochement dans la nuit déjà engagée. Un bouquet de fragrances qui nous exalte, un concert de senteurs que joue cette souveraine oubliée, une mélopée sensuelle qui révèle le parfum d’une nuit secrète et se termine à minuit. Passant de l’ombre à la lumière, le jour venu, elle rayonne de beauté et baigne notre peau de soleil ! ». Je comprends tout de suite la démarche du parfumeur. Dans une formule courte dominée par un absolu de la fleur associé au bois de santal, Jean-Claude Ellena décline en facettes la tubéreuse pétales et tiges à différents moments de la journée. J’ai beaucoup aimé le côté à la fois aquarelle et naturaliste de ce parfum qui est, pour moi, l’une des plus belles réussites de la marques. Je ne suis pas objectif car j’aime la signature toute en nuances et en légèreté de ce parfumeur dont le talent n’est plus à démontrer. Contrairement aux deux précédentes, je trouve « Tuberosa » très mixte et facile à porter. C’est un troisième coup de coeur dont j’avais envie de parler.

La tubéreuse est vraiment l’une des fleurs que je préfère en parfumerie. De « Fracas » de Robert Piguet à « Nuit de Bakélite » créé par Isabelle Doyen pour Naomi Goodsir, il a de très nombreuses interprétations possibles. J’aurais pu en citer d’autres et, d’ailleurs, je l’ai fait au fil des pages de ce blog depuis que j’ai commencé mais j’en ai retenu quatre que j’ai re-senti ou réessayé récemment et qui m’ont vraiment séduit. J’espère que nous échangerons sur le sujet car il est passionnant.
Promenade dans mes doses d'essai
En ce mois d’août, j’ai eu envie de me replonger dans des parfums que je n’avais pas senti depuis très longtemps. Certains sont emblématiques, d’autres plus confidentiels, en tout cas, je suis, comme toujours, allé tous azimuts. J’ai bien aimé les redécouvrir. Alors ai-je eu un coup de coeur pour un parfum à côté duquel j’étais passé ? Vous le saurez dans ma conclusion.
Mon premier essai, je le dois à David de Blitzz à Lyon qui m’a gentiment offert la dose d’essai de « Jasmin et Cigarette » créé par Antoine Maisondieu et lancé en 2006 par État Libre d’Orange. Je l’ai déjà évoqué dans mon article sur les parfums à base de jasmin et je l’avais re-senti à cette occasion mais je ne l’avais pas vraiment porté. Aujourd’hui il m’a fait envie et je me suis dit que ça allait être une expérience tout à fait inédite. En demandant à Antoine Maisondieu de créer ce parfum, Étienne de Swardt a voulu rendre hommages aux actrices sophistiquées des années trente à Hollywood telles Marlene Dietrich, Greta Garbo ou encore Carole Lombard, ce qui lui a donné l’idée de mêler le tabac au jasmin. Je trouve que c’est assez bien vu. J’imagine des élégantes dont les cigarettes sont le prolongement de longs tubes. Le départ est vraiment fleuri. Le jasmin est très présent et il le restera durant la très longe évolution du parfum mais il s’enrichira de notes de jasmin, d’épices (du curcuma apparemment), de fève tonka, d’ambre et d’abricot. L’ensemble est « tenu » par une très belle note de bois de cèdre. Sur moi, « Jasmin et Cigarette » a quelque chose de très étonnant. Je le trouve tout à fait déroutant. Son côté fleuri ne peut que me plaire mais il y a quelque chose d’étrange qui fait que, après plus d’une heure, je le remarque encore très nettement autour de moi. Il est à la fois assez frais et profond. Je lui trouve une élégance légèrement décalée qui me plait bien. Parfois, je suis un peu perplexe devant les créations de la marque et, si je reconnais une grande originalité dans la création comme dans la conception de chaque fragrance, peu sont faites pour moi. « Jasmin et Cigarette », je ne sais pas. J’aime bien et j’aime l’aimer mais est-ce que je me vois le porter régulièrement ? Je suis bien incapable de répondre à cette question. Entre coup de coeur et surprise, il me déroute beaucoup. J’aime énormément certaines notes, surtout ce mélange entre un absolu de jasmin relativement vert et un tabac blond assez sec, presque froid. Si je devais lui donner un qualificatif, ce serait « étonnant ». En fait, il ne me déplait pas et il demande à être essayé encore… et encore.
Lancé en 2009 et créé par Jérôme Epinette à qui l’on doit également « la Tulipe » dans la même marque et que j’aime bien, « Aventus » est un boisé fruité très complexe, innovant, qui démarre avec des notes fruitées et fleuries très agréables pour ce renforcer avec une note, je pense de violette et de cyclamen avant de laisser la place à un fond boisé et orange amère très original. En le portant, je suis frappé par son côté inédit alors que je trouve que l’envolée est assez classique, il a évolué sur ma peau d’une manière très très agréable et il me plait bien. Je le trouve assez idéal en cette saison, trop profond pour l’été et trop léger pour l’hiver, ses notes fruitées, florales et boisées se marient parfaitement avec le petit matin frais et le soleil de printemps. Je suis content de l’avoir essayé maintenant. Je ne connais pas grand-chose de la marque Byredo sauf que je sais qu’elle est une maison de luxe suédoise créée en 2006 qui a commencé à explorer les senteurs par ses bougies avant de faire créer des parfums pour soi et pour la maison. Je trouve que « Bal d’Afrique » fait partie des créations assez originales et « à la française » de cette marque. Les autres fragrances que j’ai découvert sont souvent, quoi que bien réalisées, assez modernes mais aussi relativement consensuelles. Très franchement, je comprends le succès tout à fait incontesté de « Bal d’Afrique », malgré une certaine originalité, il est très facile à porter pour tous ceux qui veulent se démarquer des sempiternelles fougères ou des gourmands convenus qui sortent à la pelle dans les marques du sélectif. Il est un excellent compromis si l’on ne veut pas porter quelque chose de trop excentrique mais néanmoins une création vraiment originale. Je ne sais pas si j’achèterai « Bal d’Afrique » car, si je le trouve agréable à porter, je ne suis pas suffisamment emballé par la création pour franchir le cap. J’aurais l’occasion de le réessayer car je dispose de plusieurs échantillons. Peut-être que je changerai d’avis mais pour aujourd’hui, je dirai que le premier contact est agréable mais pas tout à fait en accord avec mes goûts.

J’avais en ma possession une dose d’essai de « Volutes », créé par Fabrice Pellegrin en 2012 pour Diptyque. C’est lorsque je cherchais un « tabac » (que finalement je n’ai pas acheté) qu’on me l’avait conseillé. J’avoue que je l’avais un peu laissé de côté car, dans la marque, il y a d’autres créations que j’avais plus envie d’essayer même si les notes de tête m’avaient toujours bien plu. J’ai donc décidé de tenter de le porter et je ne le regrette pas car je le trouve plutôt intéressant. « Volutes », est classé par Diptyque dans les parfums boisés mais pour moi, il est résolument un tabac blond comme celui que mon père sortait de son paquet et fumait dans sa pipe quand j’étais enfant. Autant, je n’aimais pas le sentir brûlé autant brut, il avait un côté miellé que je retrouve parfaitement ici. Difficile, sans aller sur le site de la marque, de trouver les éléments de la pyramide olfactive car je trouve que le tabac et le miel sont vraiment des notes dominantes (en tout cas sur ma peau) et je dois dire que je suis assez séduit par l’ensemble. Je lui trouve également une facette légèrement épicée, tout dépend comment je le sens. Ce qu’il m’évoque est un salon avec des fauteuils en cuir dans une maison à la campagne légèrement humide mais réchauffée par le soleil d’un automne encore clément. Je lui trouve un côté enveloppant, confortable, élégant certes mais pas du tout suranné. Il y a dans « Volutes », une certaine modernité. Pour ce qui est de la tenue, elle est impeccable comme souvent dans la marque (en tout cas parmi les créations que je connais) et le sillage est largement suffisant. Je crois que « Volutes » n’existe plus qu’en eau de parfum et je pense que la version eau de toilette m’aurait suffit. Ensuite, il suffit de savoir le doser et de n’avoir pas la main trop lourde lorsque l’on décide de le porter. En le sentant autour de moi, je me dis que c’est un parfum idéal pour ce jour de printemps un peu froid. Je ne l’aurais peut-être pas tenté si j’avais du sortir car il est assez différent de ce que j’aime porter et il me surprend quand même un peu. Je pense qu’il faut que je l’apprivoise mais j’arriverai assez facilement tout de même à me l’approprier. « Volutes » est sans doute l’une des créations les plus éloignées de l’univers de la marque car on y retrouve bien les codes d’une parfumerie plutôt masculine certes, élégante voire même un peu atypique mais sans le côté végétal et floral que l’on aime retrouver chez Diptyque. Ceci dit, j’aime bien et je suis content de le découvrir. Je dispose de plusieurs doses d’essai et je le retenterai sans doute dans les prochaines semaines.
Mon essai du jour est « Bengal Oud » créé dans 2019 par Pierre Montale pour sa marque éponyme. J’avais cet échantillon en ma possession depuis très longtemps. Lors d’un séjour à Paris, j’ai découvert la boutique de la rue Pierre Charron, tout près des Champs Élysées que je ne connaissais pas. Nous avons été très bien reçu par un jeune responsable, très érudit et passionné de parfumerie qui m’a donné envie de découvrir quelques créations des deux marques distribuées, Montale et Mancera. J’ai été un peu dérouté par l’esthétique de la boutiques, des flacons comme des tubes métalliques de l’une des marques et des sobres bouteilles de verre de l’autre et des packagings que j’ai trouvé peu en accord avec ce que l’on a l’habitude de découvrir en parfumerie. Une fois ma surprise passée, j’ai senti plusieurs fragrances qui m’ont plu même si le oud et la rose, énormément employés dans ces deux marques ne sont pas mes familles olfactives de prédilections. J’ai retenu plusieurs parfums et notamment « Bengal Oud » qui est un travail autour du cuir et du vétiver, très intense, dont j’ai pu obtenir une dose d’essai. Je ne l’avais jamais testé et du coup, je profite de ce nouveau jour d’enfermement pour m’y pencher. En tête, le mélange oud et agrumes est tout à fait bien vu d’autant que ces notes sont parfaitement éphémères et font place, très rapidement à un coeur à la fois boisé, avec des notes de patchouli très finement travaillées, et cuiré. Je crois déceler un accord très sombre de bois de boulot comme un cuir de Russie. Les notes de fond sont résolument boisées avec des accents un peu poudrés et viennent seulement s’ajouter au côté cuir. L’ensemble est une très belle création dotée d’un sillage amplement suffisant et d’une tenue impeccable il me semble. « Bengal Oud » possède un côté animal qui n’est pas du tout dérangeant car il est contrebalancé par des notes cuirées omniprésentes et un jasmin qui vient, en se mêlant avec le patchouli et le vétiver, le rendre doux et un peu addictif. J’ai bien aimé « Bengal Oud » une fois sur la peau. Je ne le trouve ni « too much » ni trop oud pour mon goût. Attention, ce n’est absolument pas un compromis mais une très belle et originale création somme toute facile à porter à conseiller. Simple, c’est un parfum qui plaira aux amateurs de cuir sans aucun problème. Je le trouve réussi.
C’est lors d’une petite cérémonie du thé que j’ai découvert, il y a quelques années dernier, au Printemps Haussmann à Paris, la seconde marque créée par Clara et John Molloy. L’inspiration de Floraïku est résolument japonaise et tout, des jus au packaging, est pensé en ce sens. C’est une marque luxueuse et chaque flacon est un presqu’objet d’art tout comme la boite qui le contient est un écrin. J’ai découvert plusieurs des créations et le vendeur m’a gentiment offert plusieurs échantillons dont « Between two Trees ». Je dois dire que, lorsque, ce matin, je l’ai senti, je me suis dit que c’est celui-ci qui allait m’accompagner aujourd’hui. Comme son nom l’indique, c’est un boisé mais pas seulement. On y retrouve une note de tête absolument nette et un rien amère de pamplemousse qui annonce la couleur, voire même la senteur. La marque évoque des notes de vétiver et de maté que je n’avais pas vraiment identifié mais le fond est surtout un iris, très terreux, presque cuiré. « Between two Trees » n’est pas sans me rappeler « Italian Leather » de Memo, l’autre marque créée par Clara et John Molloy et également réalisé par Aliénor Massenet en 2017. Je trouve que ces deux fragrances ont des « liens familiaux ». Je pense que le côté plus « extrême-oriental » incarnées par une note florale impossible à identifier et celles, plus grillées, du maté lui confèrent réellement son identité « japonisante Globalement, pour revenir à la marque Floraïku, je dois dire que je n’ai été séduit qu’à moitié par les jus à part un ou deux de ceux que j’ai découvert. Je trouve certains très proches de ceux que j’aimais déjà chez Memo. De plus, je trouve le prix assez prohibitif. 255 euros pour 50 ml, même avec un packaging absolument superbe, c’est une somme. Je m’attendais donc à un peu plus de singularité. Dans le style, les jus sont beaux mais ne sortent pas vraiment des sentiers battus. La tenue n’est pas mal mais celle des deux que j’ai essayé n’est pas incroyable non plus. S’offrir un parfum de la marque s’apparentera plutôt à acquérir un bel objet parfumé qu’une fragrance réellement originale (en tout cas, de mon point de vue) et de se faire plaisir visuellement autant qu’olfactivement.
« Un tabac blond à la sensualité animale. Cette fougère prend son envol dans la fraîcheur de la lavande des barbershops anglais. Puis l’odeur sèche et chaleureuse du foin transporte au Bengale, jusque dans les plantations de thé d’Assam. Enfin, l’extrait de tabac blond adouci par la rondeur de la fève tonka se mêle aux saveurs de la savane indienne. Puissant et original, Fougère Bengale, une senteur sauvage pour voyageurs audacieux ». Créé en 2007 pour Parfum d’Empire, « Fougère Bengale » est un parfum à côté duquel j’étais un peu passé. J’avais du le sentir dans le tube à essai mais je n'y avais pas prêté attention plus que ça. C'est en le découvrant vraiment que je me suis rendu compte à quel point il me plaisait. Encore une création de Marc-Antoine Corticchiato qui me plait. C'est un "tabac", rond, épicé, aromatique, presque oriental. Il nous entraine dans des volutes épicées, vraiment envoutantes. Le départ est plutôt surprenant avec une note de thé et de lavande mais, très vite, le pauvre et les épices viennent se mêler au tabac, au patchouli et à un fond de fève tonka. Je lui trouve une certaine parenté avec "Tabac Tabou" même si les épices ont, dans cette création, une place plus importante. J’aime cette impression de parfum « tabac » un peu à l’ancienne, comme devaient les affectionner le femmes et les hommes de l’après-guerre. Il pourrait avoir des similitudes avec des créations de cette époque à mi-chemin entre chypré légèrement vert et cuirés enivrants. Je m'imagine dans un univers confiné et élégant d'un restaurant chic ou du foyer d'un grand hôtel. Son côté un peu "parfum ancien" ne pouvait que me séduire. Si je l’ai souvent senti, je ne l’ai jamais vraiment essayé et il me faudra y remédier car sans doute pourrait-il me plaire. « Fougère Bengale » fait partie des créations de Marc-Antoine Corticchiato autour desquelles j’ai pas mal tourné et, si je n’ai pas franchi le pas pour l’instant, dans l’avenir, rien ne dit que je ne craquerais pas…
J’ai choisi de développer mes impressions sur cinq parfums au lieu de quatre comme je le fais le plus souvent. J’espère que l’article n’est pas trop long. Ceci dit, je me suis fait plaisir à réessayer ces parfums. Celui qui me rend le plus dubitatif est « Fougère Bengale » car je le trouve vraiment réussi. C’est un parfum de la marque un peu oublié et peut-être est-il bon de remettre son nez dedans. Je ne sais pas si je porterai les créations de cette sélection. J’aime bien « Bal d’Afrique » mais je trouve que les prix que pratiquent désormais Byredo sont un peu prohibitifs par rapport à la qualité des parfums. Pour ce qui est des autres, j’ai aimé les sentir, les porter, mais je n’arriverai pas forcément à me les approprier.
Mes parfums préférés : Route du Vériver
Je n’aime pas toujours les parfums dans lesquels le vétiver est travaillé en majeur mais j’avoue que j’ai un faible pour ceux de la collection de Maître Parfumeur et Gantier. J’ai porté « Racine » et je redécouvre « Route du Vétiver » réalisé par Jean-François Laporte en 1988. « Explorez l'exotisme brut et sauvage du Vétiver de la Réunion qui se mêle au mysticisme oriental. Une fragrance puissante avec des notes de muscs, de santal, de jasmin et de bois précieux ». Jean Laporte avait déjà créé pour L’Artisan Parfumeur, un parfum simplement appelé « Vétiver » sorti dix ans plus tôt en 1978 mais que je n’ai pas connu. Depuis longtemps, je cherchais quelque chose d’un peu original, dans le style à la fois ethnique et dépaysant. J’avais adoré la fraîcheur de « Racine » avec ses notes d’agrumes et de mousse de chêne mais je ne m’étais pas vraiment penché sur « Route du Vétiver » même si je le connaissais depuis longtemps. Il m’aura fallu le porter pour vraiment l’apprécier. C’est un parfum dont la sophistication contraste vraiment avec le côté ethnique souvent véhiculé par le vétiver. Je le trouve à la fois contemporain et très complexe.
L’envolée est verte, presque abstraite avec des notes de cassis et un accord d’aldéhydes et de feuilles comme un peu froissées puis le vétiver bourbon, un peu terreux, se mêle, au coeur, à des bois sombres et à tout le versant floral du jasmin. Enfin, la fragrance se pose sur un fond de muscs blancs et de santal. Sur ma peau, « Route du Vétiver » revêt presque un côté fumé. Je le perds parfois et je me demande ce que je porte puis je le retrouve, flamboyant, étonnant, avec presque un petit côté torréfié. Je ne peux pas dire que je porterai ce parfum tous les jours mais, même avec des températures élevées, il reste vraiment agréable à porter. Jean Laporte a travaillé plusieurs fois cette matière première. Je parlais, au début de mon article de « Racine » que, vraiment j’aime beaucoup mais j’ai aussi d’excellents souvenirs de « Centaure » qu’il a créé en 1991. « Route du Vétiver » pourrait être vraiment la base qui lui aurait inspiré les autres. En tout cas, il n’a pas pris une ride. Il faut vraiment le découvrir ou le redécouvrir. Il est magnifique.
Mes Parfums Préférés : "Noir Épices"
* Article enrichi
En général, j'aime le travail de Michel Roudnitska. J'ai eu la chance de le rencontrer et de découvrir à peu près tous les parfums qu'il a pu créer (en tout cas ceux qui sont ou ont été édités) et c'est une signature très différente de celle de son illustre papa. En tout cas, le côté épuré et élégamment intense de ses "inventions" me parlent. Je pourrais faire une revue complète de tout ce qu'il a créé mais ce serait un peu long, aussi ai-je décidé par commencer par le plus connu, j'ai nommé "Noir Épices" édité par la maison Frédéric Malle en 2000. Certes épicé, comme son nom l'indique, il fait la part belle au clou de girofle que j'aime particulièrement (je l'ai pas mal porté dans "l'Anarchiste" de Caron à une époque de ma vie) mais il si complexe que j'ai bien du mal à le caser dans une famille olfactive. Je ne vais d'ailleurs pas détailler la pyramide olfactive mais plutôt parler de mes impressions. Très enveloppant, il est typiquement ce que je pourrais appeler un "parfum d'écharpe". Son sillage rond, oscillant entre épices et bois, avec des accents orientaux, est particulièrement original et réconfortant. J'aime "Noir Épices" pour toute sa singularité, pour ce que je ressens en le découvrant et en le redécouvrant mais aussi parce que je suis complètement conscient du travail qu'a du accomplir Michel pour s'éloigner des codes habituels de la parfumerie dans lesquels il a grandi pour imaginer cette création unique, presque étrange tout en restant finalement assez facile à porter. À l'instar de tous les parfums qu'a créé Michel Roudnitska (et j'en porte plusieurs), il est à la fois intense, presque ethnique, diablement envoutant. Bref, il est, et ce n'est pas une surprise, pour moi une belle création.
"Parfum abstrait et mystérieux, Noir Épices est un bouquet d'épices signé Michel Roudnitska. Un somptueux bouquet d'épices sur une base crépusculaire de bois précieux : santal aux effets veloutés, patchouli aux effluves exotiques, évocateurs de lointains ailleurs. Comme un souffle de lumière, le départ d'orange et de géranium, provoque un clair-obscur et fait vibrer ce tableau abstrait. Composé comme une toile de Rothko, Noir Épices révèle couche après couche des couleurs plus sombres, profondes et infiniment mystérieuses. Sur la peau, son sillage évoque un noir chatoyant de reflets d'or, captivant. Profond comme la nuit", tels sont les mots de la marque pour expliquer l'inspiration du parfumeur qui a créé, avec cette composition, quelque chose de vraiment inédit. Je dirais qu'il s'agit d'un oriental atypique qui ne serait pas un ambré puisqu'il s'ouvre avec des notes d'orange amère, de géranium, d'épices et principalement une overdose de noix de muscade, le coeur est fleuri et le fond boisé avec le santal et un peu végétal avec le patchouli. L'ensemble ne ressemble à rien d'autre et je me sens toujours très "confortable" lorsque je le porte même si son originalité peut me dérouter. "Noir Épices" est un peu l'une de mes signatures surtout l'hiver.
Séquence nostalgie : "Bana Banana"
« Une Banane Ambrée, composition baroque, rare et généreuse : le mariage d’une guirlande de jasmin et d’un bouquet de bananes confites ». Certes, ce parfum n’a pas eu une longue existence mais je l’ai vraiment adoré. « Bana Banana », crééé par Céline Ellena Nezen n’avait été lancé qu’en 2019 et il semblerait qu’il n’ait pas trouvé son public. Je dois dire que lorsque je l’avais découvert à la Parfumerie Zola qui distribuait alors à Lyon L’Artisan Parfumeur, j’étais resté très dubitatif. En effet, le départ très « banane Haribo », le parfum s’est révélée être une magnifique composition, très inédite et particulièrement originale sur la peau. Avec ce parfum, Céline Ellena avait apporté à L’Artisan Parfumeur un vrai virage vers les origines de la marque puisque Jean Laporte avait commencé en créant une fragrance autour de la banane pour une évènement à l’époque. Avec « Bana Banana », c’était un retour aux sources mais aussi un parfum qui méritait peut-être plus de communication tant il sortait des sentiers battus. Je l’ai énormément porté et il me manque beaucoup. Je l’avais redécouvert aux Galeries Lafayette de Dijon et, après qu’il ait été arrêté, on m’avait offert un flacon retrouvé dans un tiroir. Je l’ai porté jusqu’à la dernière goutte. Si j’en ai l’occasion, je le trouvais quelque part, je le reprendrai avec plaisir.

Céline Ellena Nezen
Côté pyramide olfactive, il s’ouvre avec des notes suaves de noix de muscade presque confite, de poivre noir et de feuille de violette. L’effet est du plus bel effet et, lorsqu’on évolue vers ce magnifique coeur de jasmin, d’iris et de fleur de bananier qui assure une certaine rondeur à la fragrance et qui se confirme avec un fond ambré de fève tonka et de muscs blancs. Pour moi, l’équilibre de « Bana Banana » sur ma peau était absolument parfait. J’ai adoré ce parfum qui, pour moi, même s’il était un peu trop segmentant peut-être pour la clientèle de la marque, demeure, pour moi, l’un des plus beaux qu’elle ait sorti ces dix dernières années. J’aime beaucoup de créations de L’Artisan Parfumeur mais, dans la collection classique, « Bana Banana » reste l’une de mes grands regrets. J’espère qu’un jour, le groupe Puig, qui détient désormais cette mains, décidera de le commercialiser à nouveau.
La recréation de la note de castoréum, un indispensable de la parfumerie
J’ai beaucoup hésité à écrire un article sur la note de castoréum car je voulais d’abord vérifier son interdiction qui est relativement récente. Sur son blog, qui est, au demeurant absolument passionnant, Sylvaine Delacourte a éclairé ma lanterne : « Cette note animale est interdite dans les parfums depuis maintenant une vingtaine d'années, suite à l'action de WWF, car l'animal devait être tué pour permettre de récupérer les poches ». Je suis très attaché à la protection animale or je suis, bien évidemment favorable à l’arrêt de l’utilisation de matières premières qui condamnent ou dérange leur porteur. Ceci étant dit, je me suis rendu compte que le castoréum était très facile à recomposer notamment de manière synthétique. « Le Castoréum synthétique se distingue par son odeur cuirée, chaude et douce animale. Il possède également une note fruitée de prune, d’olives noires et de fruits secs. Il entre dans la composition de nombreux orientaux ainsi qu'à la formulation d’arômes alimentaires vanillés » (Source Quosentis). Je dois dire que le premier parfum que j’ai senti et qui mettait cette note en avant était « Antaeus » de Chanel, créé par Jacques Polge en 1981. Je le trouve très fascinant mais j’ai un peu de mal à le porter. J’ai donc choisi de parler de l’accord castoréum à travers quatre parfums que je connais bien et que j’aborde plus facilement que celui-ci avec lequel c’est encore « je t’aime, moi non plus ». J’espère que le sujet vous intéressera. J’ai choisi des créations dans lesquels la note est vraiment mise en évidence.
Le premier parfum qui m’est venu à l’esprit est « Oud for Love » créé par Bertrand Duchaufour en 2014 pour la Collection Excessive de The Different Company. Je trouve qu’il illustre mon propos merveilleusement car il est à la fois très animal et très doux. « Je suis un philtre d’Amour d’Arabie qui enveloppe de son sillage profond et sensuel aux multiples facettes. Safran et Cumin révèlent un coeur floral et charnel de Tubéreuse et Ylang-ylang. En fond, ma richesse boisée et épicée donne de l’intensité à mon Oud en majesté dans une élégance fiévreuse. Je suis un hommage offert à l’Amour, sentiment intense, puissant, incontrôlable. Mon parfumeur a su me sublimer et révéler ma complexité, convoquant le côté le plus animal et suave de l’Absolu de Oud. Je suis Oud for Love ». Comme souvent, Bertrand Duchaufour a inventé un parfum complexe, sophistiqué, très éloigné des ouds un peu « rèches » que l’on trouve sur le marché qui ont tôt fait de me déranger. Celui-ci est tout en nuances et élégance. Le départ de whisky et d’aldéhydes est épicé de coriandre, de safran et de cumin puis vient un coeur très original et narcotique de tubéreuse associée au santal, à l’ylang-ylang, à l’iris mais aussi au clou de girofle. Le fond de oud est très ciselé, animal certes mais aussi adouci par un accord ambre et héliotrope mais aussi blindé de castoreum, de muscs blancs et de vétiver. On y retrouve aussi des traces de patchouli, de caramel et d’immortelle. Je trouve que, sans doute grâce à la présence d’héliotrope et de castoréum, ce parfum est vraiment un exemple d’élégance douce et enveloppante. Je me suis toujours dit qu’il était l’un des rares ouds du marché que je pourrais porter.
« Brocéliande by soradora est un concentré envoûtant et mystique. Ravissant grâce à son entrée, hespéridée aux reliefs d’agrumes, accompagnée de notes sucrées sur un arrière ton caramel et cannelle. Il révèlent dans un deuxième temps un parfum d’une puissance indéchiffrable. Laissez-vous séduire par l'écorce des fûts en bois de chêne qui révèlent de subtils arômes de whisky. Brocéliande est fixé en profondeur par une mystérieuse odeur désirable et musquée. Antoine soradora a réalisé une alliance subtile liant la puissance de la forêt et la magie des effluves du monde animal ». Je ne suis pas du tout un fan de « Brocéliande », créé par Anne-Sophie Behaghel et Amélie Bourgeois pour Sora Dora en 2021 parce qu’il ne matche pas du tout avec ma peau. Il finit par sentir le Coca Cola ! Ceci dit, j’avais un échantillon et, sur la touche, je comprends bien sa pyramide olfactive et j’identifie absolument la note de castoréum. Le départ est clairement citron et citron vert avec des notes de coriandre et de bergamote, jusque-là, je m’en sors bien car je sens toutes les notes. Le coeur d’iris, de cannelle et de sésame m’échappe hélas un peu et je suis très vite, même sur le carton, sur un fond qui et un accord très animal de castoreum et de civette très doux et animal à la fois, renforcé par le styrax et encore le caramel. Il est arrondi par des notes de vanilles et de rhum. C’est un parfum effectivement très animal mais pas dans le style agressif si j’ose dire. Il est tout en douceur, presque musqué. C’est dommage qu’il tourne au sucre sur ma peau car, sur la touche, il s’avère vraiment joli.
Je trouve aussi la note de castoreum très présente dans « Lacrima », créé encore par Anne-Sophie Behaghel pour la collection Les Humeurs de Liquides Imaginaires en 2014 et ressorti en 2020. « Lacrima fait partie de la Trilogie des Humeurs. Cette collection est inspirée par Hippocrate, pour qui l'équilibre des humeurs dépendait de liquides circulant dans le corps. A la façon des apothicaire, les jus sont disposés dans des amphores en porcelaine. Selon la marque, Lacrima aurait pour vertu de dissiper la tristesse et les serrements du cœur. La fragrance réinterprète l'odeur des larmes sur la peau ». Il n’est pas mon préféré de la collection mais la note de castoréum est tellement évidente que je me devais de le mettre dans ma sélection. Elle est présente dès l’envolée, associée aux baies roses et restera présente tout au long de l’évolution en se chargeant de résine d’élémi en coeur et en revenant en force, adoucie par le cashmeran et boostée par le cypriol en fond. J’ai beaucoup de mal à saisir ce parfum et à donner un avis. Il est très animal sur ma peau mais aussi il revêt une certaine douceur enveloppante. C’est un peu déstabilisant. Ce n’est pas la création de la trilogie que je choisirais mais je dois admettre que c’est un parfum intéressant.
« Un parfum chaud et épicé qui associe avec harmonie le cuir au bois de santal et d’agar, ainsi qu’aux notes de rose, d’iris et de patchouli. Un parfum cuiré raffiné ! » écrit Rania Jouaneh pour décrire « Cuir Andalou » qu’elle a créé pour sa marque en 2016 et que plusieurs d’entre-vous aimez beaucoup. Je l’ai d’ailleurs découvert grâce à l’une d’entre-vous car je ne serais peut-être pas allé le sentir de moi-même. « Cuir Andalou vous enveloppe dans un parfum de cuir raffiné et mystérieux et vous transporte dans un voyage des sens, à travers la magie et le luxe de l'art andalou, son architecture et sa musique. Une promenade nocturne à travers un jardin aux senteurs de safran, de rose, de patchouli, de violette, d'iris et de notes boisés ». Là encore, il s’agit d’un cuir dans lequel la note de castoréum est particulièrement présente, avec des facettes à la fois animales et vanillées. Après une envolée de safran et d’un accord cuir, arrive un coeur de violette, de poivre rose, de patchouli et d’iris qui est, c’est vrai, très élégant. Le castoréum se fait très présent en fond et il est vraiment majeur avec juste des traces de oud et de santal. Je re-sens « Cuir Andalou » en écrivant et c’est vrai qu’il est quand même très animal. L’accord castoréum utilisé est présent sans doute dans une quantité un peu importante.Il est très beau, je comprends ceux qui le portent mais vraiment, il s’avère trop animal pour moi.
J’aurais pu citer d’autres parfums comme « Cuir » de Mona di Orio mais la note est plus diffuse ou encore « L’Eau Scandaleuse » d’Anatole Lebreton mais je voulais me limiter à quatre exemples et ceux-ci m’ont semblé vraiment très parlants. Je ne peux pas dire que j’aime vraiment la note de castoréum. Elle est peut-être un rien trop animale pour moi. Porter un parfum qui en contient de temps en temps je veux bien mais, régulièrement, je passe mon tour. En tout cas cette revue a été intéressante à préparer. Si vous avez d’autres idées, je suis preneur.
Natasha Côté, une créatrice à suivre de près
* Article enrichi
C’est en sentant les parfums de la maison Scent of Wood il y a quelques semaines que j’ai découvert le travail d’une parfumeure à laquelle je vais m’intéresser de plus en plus je pense. Natasha Côté a, en effet, réalisé plusieurs créations pour cette marque un peu différente et je trouve qu’elle fait déjà montre d’un talent vraiment intéressant. Si, jusque-là, elle n’avait pas vraiment pu l’exprimer dans des commandes peu marquantes, on se rend compte à cette occasion qu’elle possède une vraie signature. Je n’ai pas trouvé beaucoup d’infos sur cette créatrice mais il semblerait qu’elle soit parfumeur chez IFF, qu’elle ait commencé aux États Unis et qu’elle vive aujourd’hui au Brésil et qu’elle travaille surtout sur des marques américaine dont la plupart ne sont pas arrivées jusqu’à mon nez hélas. Lorsqu’on lui demande de décrire son style, elle répond : « Je dirais audacieux, ludique et accessible – j’ai horreur des fragrances prétentieuses ! ». Tout à fait séduit par ce que j’ai senti, j’ai eu envie de vous faire profiter de mon coup de coeur pour son travail à travers deux parfums qui, vraiment, m’ont impressionné en attendant d’en découvrir d’autres.
« Imaginez de délicieux bois confits, et du sirop fumé. Ce parfum propose le mariage unique entre le sirop d'érable et des bois mystérieux. Le cèdre de l'Atlas révèle un arôme terreux et boisé de cuir avec des douces notes balsamiques tandis que le baume du Pérou est mêlé aux notes de vanille, de chocolat et à quelques effluves entêtantes de fleurs blanches ». Quand j’ai lu la description de ce parfum, j’ai eu un peu peur mais « Praline en Érable », créé par Natasha Côté en 2021 pour Scent of Wood est une vraie réussite. Il me sort complètement de mes habitudes et, sur le papier, n’a rien pour me plaire. Ceci dit, lorsque je découvre vraiment son évolution sur ma peau, je suis frappé par l’extrême délicatesse de chacune des notes qui s’exprime. Après un duo de poivre rose et noir en envolée qui m’attire irrémédiablement, je suis frappé par l’originalité de la dualité entre un accord praliné et un encens très résineux puis, quand le parfum se pose sur un fond de cèdre et de patchouli, je sens toute son originalité. Natasha Côté a su, avec beaucoup de talent, composer, décomposer, structurer et déstructurer une fragrance étonnante à me réconcilier avec les gourmands. C’est une véritable dualité entre notes boisées et un peu chocolat au lait qui s’impose. Le fait d’avoir macéré dans un fût en érable lui donne la rondeur suave que l’on imagine mais le cèdre, un peu crayeux, et le patchouli profond lui donnent toute sa singularité.
Je l’ai déjà dit lorsque j’ai découvert la marque, « Vétiver en Fleurs », créé par Natasha Côté en 2022 pour Scent of Wood est véritablement mon coup de coeur et ce n’est pas étonnant car il est exactement tout ce que j’aime. « Une combinaison provocante et authentique qui résulte d'un défi créatif : le mariage d'une fleur de Lilas et d'un vétiver d' Haïti. Une composition très élégante et délicate qui offre une belle persistance sur la peau ». Après un départ de cyprès un peu vert, de bergamote et de poivre rose très doux, le coeur de jasmin, de lilas et de magnolia explose et se fait vraiment rond, presque miellé, complètement addictif. Le fond de vétiver, de patchouli et de musc est absolument inspiré et inspirant et me rend accro il faut bien le dire. J’ai longuement essayé ce parfum et, même s’il dépasse un peu la limite de prix que je me suis fixé, il n’en demeure pas moins dans un coin de ma tête tellement il m’a plu. Pour le décrire à ceux qui ne l’ont pas senti, je dirai qu’il est un peu dans l’esprit de « Ceci N’Est Pas Un Falcon Bleu 1.2 » de Histoires de Parfums que j’aime depuis de nombreuses années. Ils ne se ressemblent pas vraiment mais vous m’aurez compris. Ces deux créations partagent le côté printanier mais intemporel des grands floraux, un peu miellés. S’il est luxueux, « Vétiver en Fleurs » est, comme le dit la parfumeure, absolument sans prétention. Il garde un côté franc, profondément « bouquet » mais avec ce fond vétiver et patchouli qui le rend profond et plein de séduction. J’ai vraiment eu un coup de coeur pour ce parfum et je n’en finis pas de le sentir.
Avec Scent of Wood, j’ai découvert une nouvelle signature qui me séduit vraiment. Je voulais donc vous parler de mon engouement pour le travail de Natasha Côté et il est fort à parier que, si elles arrivent jusqu’à nous, certaines de ses créations, pour cette maison ou d’autres, à venir vont encore une fois me séduire et me surprendre (ou vice et versa) et je ne manquerai pas de vous en parler. Natasha Côté est une parfumeure à découvrir et à suivre car son talent me provoque une jolie émotion et c’est pour ce genre de trouvailles que je me passionne pour la parfumerie.
* Le flacon de "Vétiver en Fleurs" en France est écru et non pas brun.