Le néroli apprivoisé
« L'essence de néroli est une huile essentielle produite à partir de la fleur de bigaradier Citrus aurantium. Classée en parfumerie dans la famille des Hespéridés, son odeur est caractéristique et similaire à celle de la fleur du bergamotier ». Également très proche de la fleur d’oranger, sans doute en plus prononcé voire plus vert, le néroli n’est pas forcément la fleur blanche que je préfère en parfumerie mais je dois bien admettre qu’elle est sans doute celle autour de laquelle tourne nombre de créations sorties en 2024. J’ai donc décidé de me pencher sur quelques uns des très nombreux parfums dans lesquels elle est travaillée en majeur et d’en retenir quatre parmi mes préférés. Ma sélection me conduira-t-elle à un vrai coup de coeur ? Nous verrons bien. En tout cas, je me suis appliqué car j’ai essayé sur ma peau et autour de moi chacun d’entre-eux. Allez, je vous emmène avec moi sur les trace de cette fleur de bigaradier qui donnera, ensuite cette orange amère qui fera aussi l’objet d’un prochain article.
Il est évident que la première création est « Neroli Mediterraneo » créé par Gian Luca Perris en 2022 pour la collection Italy de sa marque éponyme. Il est sans doute le parfum le plus singulier de ma sélection car c’est un néroli vraiment différent de ceux que je connaissais auparavant. « Le Néroli est une huile essentielle issue de l'extraction par distillation à la vapeur de la fleur de l'oranger amer, également appelé bigaradier, très cultivé dans les régions méditerranéennes. L'essence de Néroli sélectionnée pour notre nouveau parfum Neroli Mediterraneo provient de Reggio Calabria, une ville du sud de l'Italie, bien connue pour sa production d'agrumes de qualité supérieure. Son parfum est frais, légèrement amer, floral avec des facettes aromatiques. Embrassé par le soleil, caressé par le vent, nourri par la terre, assouvi par la mer, Neroli Mediterraneo révèle immédiatement le somptueux caractère hespéridé et fleuri du Néroli, provenant des côtes ensoleillées de la Calabre et rendu encore plus pétillant grâce à un riche mélange d'agrumes: Orange amère de Sicile, mandarine de Sicile et bergamote de Calabre. Sa fraîcheur révèle au cœur les nuances les plus variées, des notes ensoleillées et fleuries de l'Absolue de Fleur d'Oranger et du Petitgrain, à l'accord pétillant composé de Gingembre et de Poivre Timur, jusqu'aux notes les plus veloutées et mystérieuses de l'Absolue de Géranium. Le fond devient doux et élégant grâce aux notes de Bois de Cèdre, d'Iris précieux et de Musc ». À la fois floral et hespéridé, il s’ouvre sur des notes à la fois légèrement fusantes et quand même douces de bergamote, de mandarine et d’orange puis vient ce coeur assez atypique de néroli associé à la fleur d’oranger bien évidemment mais aussi au gingembre, au poivre noir, au géranium et au petitgrain puis posé sur un fond de cèdre et d’iris avec des notes de muscs blancs. Il en résulte un parfum estival comme les autres créations de cette collection mais qui présente un axe très différent puisqu’il n’est pas vraiment un hespéridé, pas plus qu’il n’est un floral. Le voilà donc à mi-chemin entre les deux avec également des notes poivrées et épicées qui le rendent vraiment unique. Il avait été un coup de coeur quand je l’ai découvert et il l’est resté. Je pourrais tout à fait le porter et peut-être bien que je le ferai un jour. Gian Luca Perris, en mettant en avant de magnifiques matières premières, a réussi à créer un néroli très différent de ceux auxquels j’étais habitué. C’est un parfum original à essayer sur peau absolument.
« J’ai voulu créer une eau de Parfum pure à la présence singulière : l’Île aux Cygnes qui est un mélange floral où le Gardénia est mis à l’honneur, avec la superbe des cygnes qui peuplèrent un temps l’île parisienne au pied de la Tour Eiffel. Fasciné par tant de beauté, c’est en effet le roi Louis XIV en personne qui avait fait venir du Danemark ces quarante oiseaux immaculés pour pouvoir les admirer chaque jour. Cette eau de parfum inspirante et majestueuse est à leur image, mais rend également honneur à la statue de la liberté ». Avec « L’Île aux Cygnes », Stéphanie de Bruijn a inventé une formule assez audacieuse dans laquelle le néroli cohabite avec des notes de gardénia, lançant ainsi sur le marché, un parfum résolument floral qui s’éloigne du côté presque agrumes de cette fleur. En effet, le parfum s’ouvre avec un néroli tout doux et poudré par des notes de rose qui nous emmène sur un coeur de gardénia et d’ylang-ylang qui lui confère quelque chose de presque exotique puis se pose sur des muscs blancs associés à la douceur de la vanille et du bois de santal. Faussement vintage, résolument marqué comme ce qui pourrait devenir un grand floral, « L’ïle Aux Cygnes », lancé en 2020 est un parfum comme je les aime. Il est fondamentalement ancré dans une famille olfactive et pourtant, il ne ressemble vraiment à rien de ce qui existe sur le marché. On pourrait le penser plutôt féminin mais sur une peau masculine, il prend des tonalités profondes, parfois même encore plus exotique. C’est également un parfum que je pourrais porter car, sur la mienne, il revêt quelque chose de vraiment élégant et pourtant presqu’un peu subversif. J’ai un coup de coeur pour la marque en général et particulièrement pour les premiers parfums de Stéphanie de Bruijn qui, vraiment savent me séduire et me provoquer des émotions. « L’Ïle Aux Cygnes » fait partie de mes préférés et je suis content de l’avoir réessayé. J’avais eu vraiment raison de demander un échantillon lors de mon dernier passage chez Jovoy.
Créé par Sonia Constant en 2018 pour sa marque Ella K, « Pluie Sur Ha-Long » m’a énormément accompagné. Il est le seul parfum de la sélection que j’ai porté sur une longue durée. Elle en décrit ainsi l’inspiration : « Ce parfum est une ode a l'eau sous plusieurs de ses formes, celle de la mer fabuleux contraste de transparence et d'émeraude, celle de la brume chargée d'humidite, celle de la pluie chaude de la mousson ». Alors je triche un peu car il s’agit plutôt d’un floral aquatique qu’un réel bouquet avec une tendance hespéridée comme les deux premiers. Il s’ouvre sur une envolée de lotus et de cyclamen qui nous emmène sur un coeur de baies roses très fraîches et de rhubarbe un peu acidulée avant que, en fond, le néroli vienne prendre une place prépondérante. Pour moi, il est dans la lignée de « Un Matin d’Orage EDT » de Goutal Paris. C’est un vrai floral aquatique dans lequel le néroli est le point d’ancrage même si on ne se rend pas vraiment compte qu’il va venir se mêler à ce côté « eau douce » qui séduit de prime abord. « Sensualité d'une pluie tropicale. Luxuriante moiteur de la baie d'Ha Long. Une jonque glisse, comme suspendue, sur des notes de fleurs d'eau, lotus et cyclamen. La main s'égare dans cette eau si claire, fusante, aux accents aigus de baies roses et rhubarbe. Au loin, vers le rivage, la mousson s'annonce chargée des senteurs vertes du néroli, et des notes florales du magnolia montant de la terre chaude. Un nuage de muscs et mousse blanche enveloppe déjà l’horizon ». Il faut vraiment essayer « Pluie sur Ha-Long » sur peau car on pourrait penser que sa tenue est vraiment beaucoup plus longue que sur une touche neutre en carton. J’ai énormément porté ce parfum et il fait partie de ceux qui m’ont fait apprivoiser la note de néroli que je pouvais trouver trop verte dans certaines autres compositions. En tout cas, pour moi, c’est une réussite et il reste, à ce jour, le parfum de Ella K que je préfère entre tous.
Je l’ai dit déjà, « Oranges and Lemons Say The Bells of St Clement » créé en 2010 par James Heeley pour sa marque éponyme est un énorme coup de coeur récent. En effet, n’étant pas très attiré par le néroli, j’étais un peu passé à côté. « Cette version anglaise chic, contemporaine et fraîche, de l’Eau de Cologne traditionnelle s’inspire de ‘Oranges & Lemons’, comptine du 18ème siècle aux rimes joyeuses, célébrant les clochers de Londres. Oranges, citrons, bergamote et néroli se combinent aux notes de thé Earl Grey et de vétiver, créant ainsi un nouveau classique anglais ». C’est un esprit Cologne en version eau de toilette mais à l’anglaise, avec tout ce que cela comporte de chic un peu décalé voire même un peu étonnant. Il matche magnifiquement avec ma peau et j’en suis le premier surpris. Je vais revenir sur la construction qui est ultra-classique avec un départ très frais de citron, de bergamote et d’orange puis vient ce coeur de néroli vraiment très présent, légèrement vert, avec des notes de thé et de petitgrain puis le parfum est soutenu par un fond super élégant de vétiver et d’ylang-ylang. Le résultat n’est pas forcément original mais James Heeley a su réaliser ce grand classique plein de nuances d’une manière qui le rend vraiment attractif. J’ai adoré ce parfum. J’avais peur que la concentration nuise un peu au développement des différentes facettes mais il n’en n’est rien. « Oranges and Lemons Say The Bells of St Clement » est une vraie réussite comme il y en a peu sur le thème en parfumerie. Voilà donc mon quatrième coup de coeur. Il serait un compagnon précieux en cas de fortes chaleurs.
Finalement, j’apprends à aimer le néroli au travers de ces compositions qui sont autant de coups de coeur. En tout cas, je vous engage à aller les essayer. Je sais que c’est une note qui est très populaire et j’aimerais connaitre vos préférences. Si vous avez envie d’échanger, n’hésitez pas à mettre des commentaires ou à m’écrire en privé. Je répondrai à tout le monde.
Narcisse, une fleur aux accents cuirés
*Article modifié
Le narcisse en parfumerie est une fleur tout à fait étonnante car elle déjà, en elle-même, déjà un peu cuirée, d’ailleurs il es très souvent associé à des notes qui renforce cette facette. Je suis tout à fait étonné, à chaque fois que je sens une création qui met cette fleur en valeur et je dois dire que, presque systématiquement, je suis séduit. Si, très tôt au XXème siècle, les parfumeurs l’ont utilisé, on ne peut pas dire que les jus dans lesquels il est la note dominante sont légion. J’en ai sélectionné quelques uns que je connais, voire même que je porte ou que j’ai porté mais, à chaque fois que je vois, dans le nom le mot narcisse, je suis attiré comme par un aimant et je veux le découvrir.
Le premier est, bien évidemment, et j’en ai déjà parlé plusieurs fois, « Narcisse Noir » de Caron créé en 1911 par Ernest Daltroff. Au début de ce blog, je lui avait consacré un article complet car c’est un parfum qui, même s’il a été sans doute souvent reformulé, a traversé les décennies et parce que je le porte. Je ne vais redire ce que j’ai déjà écrit mais je peux vous livrer la manière dont la maison Caron le présente : « Ce parfum audacieux créé en 1911 par Ernest Daltroff et rendu mythique par Gloria Swanson dans le film Sunset Boulevard, pousse à l’extrême la personnalité intrinsèquement duelle de la fleur d’oranger. Sa douceur immaculée cohabite avec des notes ténébreuses, à la séduction fatale, qu’accentuent la richesse d’un Santal voluptueux. Grand classique de Caron, cette fleur ambivalente sème un trouble intemporel. » Cette description comporte une petite erreur car, si l’actrice Gloria Swanson, star de la Paramount au temps du muet a, dès le début des années 20, porté « Narcisse Noir », elle n’en parle pas dans « Sunset Boulevard », réalisé, en 1950, par Billy Wilder et qui marquait son retour à l’écran après vingt ans d’absence. Son personnage porte « Un parfum de tubéreuse ». Ca fait un peu mesquin mais je suis assez cinéphile alors je voulais préciser ce point. Revenons à « Narcisse Noir », c’est un parfum envoûtant et, à chaque fois que je le porte, je peux dire que je reçois des compliments et pourtant j’ai choisi une ancienne version de la concentration eau de toilette qui, hélas a disparu. Le succès de « Narcisse Noir » est tel qu’Ernest Daltroff et Félicie Wampouille auront l’idée de le moderniser et de sortir, en 1923, une version encore plus cuirée appelée « Narcisse Blanc » et dont je vous ai déjà parlé. Ces deux parfums ont, hélas, étés reformulés d'une manière un peu étonnante car ils s'éloignent totalement de la formule originale. Le second est même tout à fait un autre parfum. Quel dommage d'avoir renoncé à ces exemples du patrimoine de la parfumerie à la française.
« Une clairière de narcisses au parfum d’herbes amères réchauffées par les rayons du soleil. Est-e là que Narcisse se serait penché pour y voir son reflet ? Narcisse et moi ou émoi ? Serez vous plutôt mythe ou empli d'émotions ? Un parfums de contraste, à la fois pétillant et chauds, doux et amer, troublant par sa structure. Pamplemousse, gentiane et narcisse jouent de complicité avec l'orchidée blanche et le miel. Narcisse Emoi, tel un nectar ! » C’est ainsi que Thierry Blondeau, sur son site, « raconte » sa création. « Narcisse Émoi » est vraiment une petite merveille. Je l’ai découvert à Paris lors de notre dernier séjour et j’ai adoré. Son petit côté amer porté par les notes de gentiane et de pamplemousse et la note cuirée du narcisse s’harmonisent parfaitement. Sur mon poignet, le développement est absolument magique. Il m’entraine dans un univers olfactif qui me rappelle l’enfance, l’odeur de cuir de mon cartable d’écolier mêlé à celle des crayons de couleurs. Ah ça la mémoire olfactive est quelque chose de très étonnant. Je trouve que « Narcisse Émoi », comme son nom l’indique, fait immédiatement appel aux émotions de toutes sortes mais il n’en reste pas moins élégant en diable. Il est, avec « Cuir des Sables », le parfum que j’ai préféré dans la très belle collection de cette marque encore confidentielle mais qui, vraiment recèle des merveilles. « Narcisse Émoi » est une vraie réussite. Ce n’est pas le parfum de tout le monde car il est vraiment très singulier. Personnellement, je vais aller le sentir à nouveau à mon prochain passage à Paris et qui sait…
Créé en 2013 par Jean-Claude Ellena, « Eau de Narcisse Bleu » d’Hermès est l’un des rares solinotes qui utilise cette fleur et la fleur d’oranger juste soutenues par des notes de bois précieux. L’amertume et les différentes facettes sont, dans cette eau, bien représentées. En tout cas, j’ai l’impression de sentir l’odeur du narcisse dans la nature. En tout cas, c’est l’idée que je m’en fait. Le départ est très fleuri puis le fond boisé vient renforcé les notes cuirées du narcisse. Pour moi, cette création a surtout une surprenante fraîcheur. Jean-Claude Ellena décrit « Eau de Narcisse Bleu » de cette manière : « Une création en toute liberté où j’ai cherché, plus particulièrement, à exprimer l’aspect tactile d’une matière». Et la marque : « Contemporaine, l’Eau de narcisse bleu mêle en un contraste sourd la note dense du narcisse à la délicatesse d’un accord boisé. Comme une matière qui se reflèterait à l’infini, la fragrance apprivoise le toucher, la texture du narcisse y est facettée par la fleur d’oranger et le galbanum. La collection des Colognes fait écho à l’art de vivre selon Hermès. Expressions généreuses d’un plaisir simple et éclatant, les Colognes Hermès sont des instantanés olfactifs. » Personnellement, je me serais bien laissé tenter par cette création qui me plait beaucoup mais, sur moi, elle ne tient pas du tout et c’est tout de même une frustration. En tout cas, je ne perds jamais une occasion de remettre mon nez dedans car, vraiment, je l’aime beaucoup, comme souvent les eaux d’Hermès d’ailleurs que je trouve merveilleuses.
Et le narcisse travaillé de manière à la fois floral et poudré ? Je vous ai déjà abondamment parlé de « The Revenge of Lady Blanche » créé en 2017 par Daphné Bugey pour la magnifique collection des portraits de Penhaligon’s mais je ne pouvais pas ne pas y revenir. En plus, je l’ai re-senti récemment et je l’ai trouvé absolument magnifique à nouveau. Ici, l’amertume du narcisse est associé aux notes poudrées de l’iris et florales de la jacinthe. La composition est un bouquet poudré, un peu désuet, très élégant, et la note est là surtout pour soutenir une composition complexe et d’une rare élégance. Ce que je ressens lorsque je l’essaye, c’est surtout la dualité entre les notes poudrées et l’amertume du narcisse. Je trouve que l’ensemble est absolument parfait et d’un équilibre tout à fait chic à l’anglaise. Une fois de plus, en tout cas pour moi, la marque a choisi pour cette collection, un parfum exceptionnel et, si nous sommes loin des effluves cuirées du narcisse, je trouve qu’il en est une interprétation très originale, très singulière tout en restant extrêmement facile à porter. Il y a, et je l’écrivais déjà dans différents articles, dans « The Revenge of Lady Blanche » quelque chose d’addictif et de fascinant. Je connais plusieurs personnes qui le portent et, je suis attiré systématiquement. Pour moi, c’est l’un des bijoux de la parfumerie et il faut vraiment le découvrir.
À sa sortie en 2018, j’ai adoré « Mont de Narcisse » de l’Artisan Parfumeur créé par Anne Flipo et je regrette qu'il n'existe plus. Un départ de bergamote, de poivre, de lavande et de bergamote, un coeur de narcisse, d’immortelle, de prune et d’osmanthus et un fond de bois de bouleau renforcé par un accord cuir, il n’en fallait pas plus pour me plaire. « Mont de Narcisse » est un cuir de Russie typique que la note amère du narcisse rend particulièrement original. Il est arrondit par une très belle prune confite qui est une note que j’aime particulièrement. Porté, il est magnifique vraiment. Je l’imagine bien dans mes écharpes dans le froid de l’hiver. En revanche, si je devais franchir le pas, je le porterai plutôt sur mes vêtements car ma peau l’absorbe tout de suite et il ne tient pas très bien sur moi. J’ai beaucoup tourné autour quand il a été lancé mais, pour l’instant, je ne le porte pas, je me contente de le sentir de temps à autre. Je trouve qu’il a vraiment beaucoup de personnalité et je sais qu’il ne plaira pas à tout le monde mais, pour ma part, je suis séduit et j’avais très envie d’y revenir dans cette revue car je ne sais pas s’il rencontre beaucoup de succès mais il ne faut pas hésiter à le découvrir.
Il existe d’autres créations dans lesquelles le narcisse est une note dominante. J’en avais découvert une il y a quelques années qui avait été composé par une créatrice allemande et que j’avais énormément aimée mais je n’arrive pas à me souvenir du nom de l’une comme de l’autre. Si ça me revient, je vous en parlerai dans un prochain article. Pour moi le narcisse est, sans conteste l’une des fleurs les plus intéressantes car ses interprétations en parfumerie, même si elles sont relativement peu nombreuses, sont, bien souvent, vraiment magnifiques. Je me rends compte qu’elle est aussi présente dans « Montaigne » de Caron que j’aime beaucoup par exemple… Vraiment, j’aime le narcisse et je vais continuer à explorer les créations dans lesquels il est présent.
Exquise trouvaille : "Fat Electrician"
Article modifié
La dose d’essai que j’ai choisi de tester aujourd’hui m’a été gentiment offerte par David de Blitzz (Lyon 1er) et il s’agit de « Fat Electrician - Semi-moderne Vétiver » créé par Antoine Maisondieu et lancé en 2009 par Étienne de Swardt pour la marque État Libre d’Orange.
À mi-chemin entre gourmand et boisé, c’est une curieuse composition. Je perçois, outre les notes de marron glacé, d’ambre et de crème vanillée, un très bel accord entre un vétiver d’Haïti très boisé et une vanille profonde et naturel. Un léger fond d’encens (enfin il me semble), relance le parfum qui n’est jamais écoeurant. Je n’aime pas tellement l’encens comme matière première principale mais, lorsqu’il est utilisé pour rendre une composition plus facettée, il m’arrive d’apprécier et c’est le cas dans « Fat Electrician ».
Le nom est curieux et ne correspond pas du tout aux images qui me viennent aujourd’hui, alors que je porte cette dose d’essai. Décrire mes impressions est très difficile. Le côté gourmand m’emmène évidemment en plein hiver, peut-être pendant les fêtes de fin d’année mais le vétiver et le côté boisé renforce une impression de sortie au grand air.
C’est un parfum dont la dualité me déroute et me surprend. Si j’aime le goût des marrons glacés, je n’ai pas vraiment envie d’avoir leur odeur sur moi ou autour de moi mais le côté boisé et encens, le vétiver, qui est une matière première que j’aime beaucoup, me donnent envie de le sentir encore et encore.
« Fat Electrician » a quelque chose d’addictif, de régressif d’un côté car le côté « crème de marron » me ramène à l’enfance mais la modernité de l’association de cette facette et de celle, très dense et boisée du vétiver et de l’encens équilibrent parfaitement l’ensemble. Je le trouve à la fois surprenant et agréable.
À la question, « aimerai-je porter ce parfum », je suis bien embarrassé de répondre. Certes il me surprend et je trouve sa très longue évolution très intéressante mais je ne suis pas certain qu’il soit complètement pour moi. Ceci dit, je pense qu’il plaira aux amateurs de parfums gourmands singuliers, uniques, qui ne ressemblent à rien d’autres. Nous sommes loin des fragrances sucrées et « fruits rouges » qui envahissent les rayon des parfumerie du sélectif. Antoine Maisondieu a vraiment fait preuve de créativité. Et, même si « Fat Electrician » a un côté « délices de Noël » qui n’est pas nécessairement pour moi, je le trouve très beau.
James Heeley, un anglais à Paris
* Article légèrement modifié
C’est en 2006 que James Heeley, créateur britannique installé en France, lance sa marque avec un premier parfum, « Menthe Fraîche ». Il va, autour de cette première création, construire deux collections, celle des eaux de parfums et celle des extraits. Ce qui ressort des fragrances de la marque est une certaine élégance, beaucoup de transparence et une créativité exigeante qui m’ont tout de suite attiré. Je dois dire que je suis séduit par presque tous les parfums de la marque ce qui est très rare. Je trouve qu’il y a un fil conducteur entre les créations de James Heeley et qu’il pourrait être le chic dans la simplicité. Je ne peux, évidemment pas, détailler dans cet article tous les parfums aussi en ai-je sélectionné cinq parmi mes préférés et dont je n’ai pas encore parlé. Je ne reviendrai donc pas ici sur « Sel Marin » et « Iris de Nuit » que j’aime énormément pour me concentrer sur ceux que j’ai seulement essayé.
Commençons donc par « Vétiver Veritas », créé en 2014. C’est un parfum uniquement composé de matières premières naturelles en haute concentration. La communication de la marque insiste sur la culture bio du vétiver utilisé. Construit autour du maté, de la lavande, du pamplemousse et évidemment d’un très beau vétiver d’Haïti, je le trouve vraiment très beau. Il y a comme une certaine pureté dans cette création au demeurant très dense. Profond, envoûtant, très sec, « Vétiver Veritas » est, pour moi, un parfum très facile à porter et, parfaitement unisexe, il s’harmonise très bien avec tous les looks et également toutes les occasions. Pour ma part, je le porterai été comme hiver car je pense qu’il a des facettes très différentes suivant le temps qu’il fait. Il peut se faire chaud et enveloppant l’hiver ou aérien mais tout de même présent l’été. C’est un parfum travaillé de manière très épurée et je trouve qu’il est idéal autant la journée que le soir. Je dirai qu’il est universel et que c’est une très belle réussite.
Si vous suivez mon blog, vous savez mon goût pour les parfums chyprés. J’avais souvent senti « Chypre 21 » mais ce n’est que très récemment que je l’ai essayé. Avec une ouverture très bergamote et citron vert, s’appuyant sur l’accord mousse de chêne et patchouli classique dans cette famille olfactive, il pourrait sembler un peu « déjà senti » et pourtant non. La composition est enrichie de notes de safran, de violette, de jasmin et de rose. Pourtant, ce n’est pas du tout un parfum floral. Il a un côté très patchouli mais travaillé de manière sophistiquée et délicate. J’aime beaucoup le côté « limpide » et épuré de l’écriture de ce parfum aux accents presque aromatiques. Lorsque je l’ai essayé, j’ai eu vraiment une impression bien-être. Je le trouve, et même si c’est curieux de dire ça, complètement apaisant. « Chypre 21 » est réellement une création pour les amateurs de parfums chyprés mais également pour ceux qui aiment un patchouli boisé, pas du tout gourmand, pas du tout sucré et un peu complexe. J’ai beaucoup aimé le porter.
Mon préféré de la collection des extrait est, sans aucun doute, « l’Amandière ». Entre amande et lilas, il est pile dans ma zone de confort et, lorsque la vendeuse d’une parfumerie parisienne me l’a fait découvrir, elle m’a parfaitement bien cerné. C’est un bouquet floral autour du lilas, j’ai identifié des notes de jacinthe, de violette, de tilleul et de jasmin soutenu par une amande amère qui entre complètement dans mes goûts. De plus, la concentration extrait lui confère une profondeur et une qualité qui a tout pour me séduire sans pour autant être envahissant ou doté d’un sillage omniprésent qui pourrait être entêtant. À l’instar de « Vacances » de Jean Patou, c’est une promenade dans un jardin au printemps. Je trouve la tenue tout à fait excellente et, il est évident, que « l’Amandière" est dans un petit coin de ma tête et que je l’essayerai à nouveau quand je le pourrais.
« Esprit du Tigre » est, pour moi, le plus atypique des parfums de la marque. Aromatique, épicé, « à la manière » d’un baume, c’est une création vraiment très séduisante et je pense qu’elle pourrait me plaire énormément. Lorsque je l’ai essayé, c’était en hiver et je l’ai senti sur mon écharpe toute la journée. Addictif, « Esprit du Tigre » a aussi un côté réconfortant, presque régressif. Sa facette camphrée s’enrichit de notes vertes et d’autres franchement poivrées épicées entre clou de girofle et cannelle. Il est typiquement un parfum qui me plait et surtout en ce moment. Le fond de vétiver lui donne toute sa densité. J’aime beaucoup sa singularité. Il n’a pas le côté « huileux » (tout du moins dans mon esprit) des parfums « baume » que j’ai l’habitude de sentir, saturés de baume du Pérou ou du benjoin. Il est très différent avec sa note de menthe pétillante. Je ne peux pas l’affirmer mais je pense que « Esprit du Tigre » pourrait être mon prochain parfum de la marque.
Créé en 2018, « Blanc Poudre » est, à ce jour, le dernier né des parfums James Heeley. Bon, certes, rien que son nom ne pouvait que m’attirer et je me suis précipité pour le découvrir. Cotonneux, poudré, saturé de muscs blancs très « propres » et de riz, plutôt rare en parfumerie, c’est une très belle création, originale, un peu « crayeuse » comme j’aime avec un délicat fond de bois de santal et de vanille. Je ne pouvais qu’être séduit par l’élégance un peu cocon de ce poudré moderne et totalement inédit. Lorsque je l’ai essayé, j’ai été enveloppé d’un mélange de coton doux et souple et de poudre de riz fleurie. Je l’ai vraiment trouvé très agréable. Je pourrais le porter très facilement. Un seul bémol toutefois, sa tenue qui me semble un peu courte. Certes sa légèreté est très agréable mais je préfère un parfum un peu plus présent. Il faudra que je l’essaye à nouveau.
Il y a de nombreuses belles créations dans la marque dont j’aurais pu vous parler mais je ne voulais pas dresser une liste de tous les parfums quitte à y revenir, peut-être dans un article sur les hespéridés ou les aromatiques car ceux de James Heeley sont particulièrement beaux et réussis. Je trouve que c’est une très belle marque qui reste confidentielle même si on en entend parler à nouveau. Jusque là, j’en ai porté deux et je récidiverai. Je retrouverai d’ailleurs « Sel Marin » avec plaisir très prochainement.
Le bambou, vert et un peu terreux
La note de bambou est verte, boisée, très étonnante et elle semble assez peu utilisée en parfumerie. Je me rends compte que je réussis à bien l’identifier quand je sens un parfum. J’aime vraiment beaucoup les effluves très étonnants de cette plante plurielle aux multiples variétés. C’est en portant « Balinesque » d’Olibere que j’ai eu envie de parler du bambou comme matière première et je dois dire que j’ai bien retrouver les parfums que je connais et dans lesquels il est utilisé en majeur ou en mineur. J’en ai choisi quatre que je trouve particulièrement significatifs de l’odeur de cette plante si particulière. Je précise que j’ai pu sentir, il y a quelques années, un accord iris bambou lors d’une conférence et que j’ai beaucoup aimé.
« Berlin, une ville qui vit avec la même énergie cinétique et magnétique qui a attiré David Bowie pendant quelques années de formation, de récupération et de prolifération dans les années soixante-dix. Le mouvement créatif perpétuel s'incarne dans une collision audacieuse de myrtille, de citron, de bambou, d'orris sauvage vert et de vétiver haïtien », tels sont les mots deVilhelm pour décrire « Poets of Berlin » créé en 2018 par Jérôme Epinette. Quand j’ai découvert la marque, je n’ai pas vraiment adhéré à cette composition que je trouvais par trop gourmande. Ce n’est qu’en le réessayant sur ma peau que j’ai appris à l’apprécier. Après une envolée de myrtille et de citron assez fusante, le coeur de vanille, de beurre d’iris et de bambou se fait vraiment très original et perdure jusqu’aux notes de fond de bois de santal et de vétiver ne vienne lui servir de socle. Curieusement, sur ma peau, la note de myrtille rendue verte par le bambou se développe plus que la facette vanillée ce qui n’est pas plus mal. Je n’aime pas du tout « Poets of Berlin » sur la touche alors que, sur ma peau, il faut le dire, il évolue bien justement parce que cette note de bambou se développe et contrebalance le côté un peu trop « orchidée » qui pourrait m’écoeurer. Il n’est pas vraiment pour moi mais je comprends parfaitement l’engouement des amateurs pour ce parfum absolument unique et très original.

« J'ai voulu retranscrire l'ambiance d'une bambouseraie, les innombrables teintes de vert et le lent va-et-vient des bambous caressant les rayons du soleil comme une respiration » tels sont les mots de Sonia Constant pour décrire « Poème de Sagano » qu’elle a créé pour sa marque Ella K en 2018. Voilà un parfum, certes très onéreux mais extrêmement bien réalisé également qui s’ouvre sur des notes fusanes de yuzu, de bergamote et de pamplemousse puis nous emmène sur un coeur de menthe et de bambou à la fois vert, frais et quand même un peu terreux qui se confirme avec un fond de thé vert et d’eucalyptus. Sonia Constant a bouleversé les codes de la parfumerie avec ce parfum dans lequel la note de bambou et le thé vert dominent vraiment. « Conciliabule entre Ciel et Terre. Une palette de verts comme la retranscription d'une somptueuse végétation. Une explosion céleste et solaire de citrons, bergamote, pamplemousse et yuzu dévoile, au sein de ce labyrinthe de bambous, une luxuriante association de menthe, d'eucalyptus et de thé matcha. Survivance d'une fraîcheur tournée vers l’Infini ». Pour moi, « Poème de Sagano » est une création destinée à l’été, au soleil car elle est rafraîchissante sans vraiment s’avérer hespéridée. C’est une alternative luxueuse car les matières premières, notamment naturelles, sont superbes il faut bien le dire. Comme les deux premiers parfums, la tenue est excellente et le sillage modéré. J’aime beaucoup ce parfum même s’il n’est pas forcément mon coup de coeur de la sélection. Il fait tout de même partie de mes Ella K préférés.
« Panorama » créé par Clément Gavarry en 2014 pour la collection classique d’Olfactive Studio est également un coup de coeur. Je l’ai redécouvert pour cet article et il m’a énormément plu. « Vert et sauvage, Panorama est le parfum d’une jungle urbaine. Un jeu d’alliances inédites dont un surprenant accord wasabi, piquant et épicé. Quand surgit la myrrhe, parmi d’autres notes résinées chaleureuses et envoûtantes, un contraste incroyable s’invite avec raffinement. Composition ample, généreuse et inattendue, Panorama ouvre l’imaginaire olfactif ». Clément Gavarry a élaboré une fragrance vraiment très étonnante, verte et particulièrement originale. L’envolée déjà est tout à fait incroyable avec des notes de wasabi, de citron, de bambou et de feuille de figuier. Il y a presque quelque chose de piquant dans ce départ et cela va se transformer avec un coeur de galbanum, de feuille de violette, d’herbe et surtout de cardamome qui renforce la fraîcheur du parfum. Le fond, plus rond se fait enveloppant avec des notes de myrrhe, de labdanum, de sapin baumier, de vanille, de musc, de patchouli et de fève tonka. Je suis vraiment content qu’Alain et Serge de la parfumerie lyonnaise Le Paravent, m’aient fait découvrir ce parfum que je trouve tout à fait magnifique et vers lequel je ne serai sans doute pas allé sans leur conseil éclairé. J’aime beaucoup « Panorama », il s’agit un très beau parfum, rare, original et pourtant facile à porter.
J’aime beaucoup le côté très vert du bambou et je me rends compte, en essayant les parfums qui illustrent mon article que je pourrais tous les porter même si j’ai un peu plus d’affinités avec « Panda » et « Panorama ». J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire cet article. Je le trouve « de saison » alors que nous abordons l’été même si, en 2024, il est plutôt frais et humide. En tout cas, vraiment, il faut se pencher sur la note de bambou. Elle est vraiment très intéressante.
Délicieuse prune
* Article entièrement réécrit
Depuis que je m’intéresse vraiment à la parfumerie, je me suis rendu compte que j’avais une véritable attirance pour la note de prune sous toutes ses formes. J’ai beaucoup hésité à lui consacrer un article car, bien évidemment, j’ai déjà évoqué plusieurs des parfums qui sont construits autour de ce fruit atypique et qui peut prendre plusieurs formes mais j’ai décidé, au risque de me répéter un peu, de « compiler » mes parfums préférés dont la prune est une note dominante. Suave, prenante, très présente, elle donne à ces fragrances quelque chose, pour moi, de complètement addictif et, vraiment, je suis fasciné par le côté à la fois rond et acidulé de chaque création.
Lorsque je pense à cette note, le premier jus, et je l’ai déjà largement évoqué, qui me vient à l’esprit est « Le Parfum de Thérèse » créé par Edmond Roudnitska, sans doute trop atypique pour que Dior ou Rochas se décident à le sortir et que, dans le milieu de la parfumerie, tout le monde appelait « la Prune ». C’est lors d’une conférence avec Michel, le fils du créateur, que j’ai découvert, complètement par hasard ce parfum que je trouve fascinant. Il était devenu uniquement la fragrance personnelle de Thérèse Roudnitska lorsque, quarante ans après sa création, en 1997, Frédéric Malle qui créait sa maison d’édition de parfums, demanda à pouvoir le lancer et, en 2000, « le Parfum de Thérèse » devient (enfin) disponible. Je lui ai déjà consacré un article à part entière car je considère qu’il est le chef d’oeuvre de son créateur qui pourtant a vraiment inventé des merveilles mais je vais revenir rapidement sur les notes. Le départ d’orange et de melon est déjà très surprenant et on évolue vers un coeur de rose et de prune confite soutenu par un fond de cèdre, de vétiver et de notes cuirées. Je ne suis pas certain de pouvoir porter « le Parfum de Thérèse » mais, depuis plusieurs années, je tourne autour tant ses effluves me fascinent, tant je le trouve beau, équilibré et plein d’originalité. Je pense qu’il n’est, hélas, pas l’un des plus grands succès des éditions Frédéric Malle mais, vraiment, pour moi, il est dans le top cinq des plus belles réussites de la parfumerie toutes catégories confondues.
C’est lorsque je fréquentais beaucoup le salon du Palais Royal à Paris que j’ai découvert « Bois et fruits » créé par Christopher Cheldrake et lancé en 1992 pour la marque de Serge Lutens. Cette histoire-là, je vous l’ai peut-être déjà racontée, mais je m’y colle à nouveau. En fait, « Féminité du Bois » est la réunion de deux parfums « Bois et Fruits » et « Bois de Violette » mais je les ai toujours préférés séparés. Cher à Serge Lutens et Christopher Cheldrake, le bois de cèdre est, ici, conjugué avec nombre de fruits confits et, si je ne peux pas tous les identifier, je reconnais évidemment très facilement la note de prune qui éclipse tout de même un peu les autres. Il y a dans « Bois et Fruits » une originalité et une gourmandise sans sucre tout à fait délicieuses. Je suis toujours très attiré par le côté « confit » de la prune. On dirait presque un alcool de fruits revisité pour être porté. Addictif et fascinant, il a beaucoup de sillage et, lorsque je l’ai essayé, je n’étais pas prêt à l’assumer complètement. Je ne sais pas si « Bois et Fruits » existe toujours dans les collections autres que celle des flacons de table mais, vraiment, si vous tombez dessus, à la boutique du Palais Royal ou au détour d’un corner parisien (je pense qu’on peut le trouver au Printemps Haussmann), surtout n’hésitez pas à aller le découvrir car il est vraiment super beau.
À une époque, je prenais beaucoup le train avec une jeune fille qui travaillait, chez nous à Lyon, au Printemps, pour le stand de l’Artisan Parfumeur (hasards de la vie) et qui me parlait énormément de « Voleur de Roses ». Nous échangions beaucoup nos impressions et elle me disait que je ne pouvais qu’aimer ce jus lancé en 1993 et créé par Michel Almairac mais, n’étant pas un fanatique de la rose, je ne comprenais pas pourquoi et j’avais laissé un peu cela de côté en pensant qu’il était sans doute un solinote. Je ne l’ai découvert qu’il y a quelques mois et j’ai eu un choc olfactif. En fait, contrairement à ce que laissait entrevoir son nom, c’est un parfum complexe et il y a une vraie osmose entre les notes de rose, de prune et de patchouli. C’est un parfum atypique, complexe, singulier et particulièrement envoûtant. Je l’ai adoré. J’attends un peu que l’été passe pour vraiment l’essayer complètement mais, sur mon poignet et sur le dos de ma main, j’ai été vraiment séduit par ce curieux jus, très dans l’esprit de la marque, comme un « bricolage » chic autour de la rose, la prune et le patchouli. Je trouve que c’est un parfum « duel à trois », dans lequel chacune des notes dominantes veut tirer son épingle du jeu. J’ai vraiment beaucoup aimé découvrir « Voleur de Roses » mais il me semble qu'il a été discontinué.
Il y a très peu de temps, j’ai découvert un peu mieux la marque Bon Parfumeur et j’ai eu un vrai coup de coeur pour ne numéro « 401 » que j’ai largement évoqué dans ma revue sur la marque et dont les notes principales sont cèdre, prune confite et vanille. Cette dernière est la première que je sens lorsque je vaporise le parfum et je dois dire que je n’aime pas tellement le départ de cette création de Nathalie Koobus sortie en 2017 mais alors l’évolution est très surprenante. On retrouve, très vite une prune suave, intense, jamais écoeurante car elle garde un côté acidulé et sa dualité avec le cèdre est une petite merveille. Sur moi, « 401 » est idéal car il a une excellente tenue, un sillage modéré et que je peux identifier la qualité des matières premières utilisées. J’ai appris, sur la chaine YouTube Des Paons Danse Cent Heures Parfums que ce jus avait des notes communes avec l’un des parfums de la Private Blend de Tom Ford mais je ne le connais pas encore alors je n’en parlerai pas ici mais j’y reviendrai sans doute.
En règle générale, je n’accroche absolument pas avec les parfums de la marque By Kilian mais il y a, comme souvent, une exception qui confirme la règle et c’est « Liaisons Dangereuses » supposé nous emmener sur les traces de Valmont et de Madame de Merteuil. Bon, moi je ne le trouve pas très XVIIIème siècle mais plutôt ultra moderne et les liaisons dangereuses se situent surtout entre les notes. Tout le parfum est construit dans une dualité entre les fruits noirs, notamment le cassis et la prune et les différentes notes boisées du fond. Le coeur est plus floral et épicé ce qui équilibre le parfum. Créé en 2007 par Calice Becker, « Liaisons Dangereuses » est avant tout, pour moi, un boisé avec une « prune sur le gâteau » et il faut admettre qu’il est très bien construit. Pour l’aborder, j’ai du faire abstraction du prix délirant du flacon et du côté bling bling de la maison qui a un peu tendance à m’agacer mais je ne le regrette pas car le jus est intéressant. Il n’est pas ma prune préférée mais j’aime assez.
Même s’il a été arrêté, il m’est bien difficile de parler de la note de prune sans évoquer « Mon Parfum Chéri par Camille », créé par Isabelle Doyen pour Annick Goutal avec la collaboration de sa fille Camille et lancé en 2011. Il a été arrêté il y a deux ou trois ans et c’est un de mes plus grands regrets. J’en avais déjà parlé dans mon article sur la marque mais je voulais y revenir car je trouve qu’il manque vraiment. C’était un parfum très linéaire, très « boudoir » avec des notes d’iris, d’héliotrope, de violette et de prune confite soutenues par un fond de patchouli. J’ai vraiment adoré cette création inspirée, extravagante voire même excentrique entre oriental et floral. Pour moi, avec « Mandragore Pourpre », il reste l’une des plus belles réussites de la maison après la disparition de Madame Goutal. Singulier et envoûtant, « Mon Parfum Chéri » a été vraiment inventé par et pour Camille Goutal et, lorsqu’elle en parlait, on se rendait bien compte qu’elle était consciente qu’il ne serait pas un gros succès mais simplement un ovni dans le milieu de la parfumerie. Je trouve qu’il y avait, dans ce jus, toute la créativité et le talent d’Isabelle Doyen qui, lorsqu’elle s’écarte des grands classiques, comme elle l’avait fait pour « l’Eau du Fier » qui n’existe plus ou pour « Sables », sait vraiment délirer et passer outre tous les codes. Oui, « Mon Parfum Chéri » est un de mes grands regrets car il était merveilleux.
J’ai très envie d’un parfum « prune » et je suis un peu hésitant entre le fait de vraiment investir en sachant que je le porterai peu mais que j’aimerai le sentir ou d’aller vers un budget plus raisonnable afin d’apprivoiser la note sur moi avant d’être plus audacieux. Dans cet article, c’est vrai, je n’ai pas exploré de nouvelles pistes mais plutôt fait le tour de mes goûts en matière de parfumerie « fruitée » qui n’est pas le versant que je préfère d’habitude… Mais j’y viens…
Souvenir de rencontres : Gian Luca Perris
Parmi les très belles rencontres humaines que j’ai pu faire depuis que je me passionne pour la parfumerie, il y a Gian Luca Perris. Avant de participer à une conférence à Lyon et à une soirée créateurs où il était invité, je ne connaissais ni son parcours et sa passion pour Houbigant qu’il a racheté avec sa soeur ni les parfums de sa propre maison Perris Monte Carlo pas plus que sa démarche éthique et particulièrement pensée dans le sourcing de ses matières premières naturelles d’exception partout dans le monde. Je pense que cela remonte à 2017 et je dois dire que j’ai beaucoup aimé la simplicité et la bienveillance de Gian Luca autant que son talent et que la qualité de son travail.
J’avais proposé de donner un coup de main à l’organisation de la conférence et nous nous sommes tous retrouvés en fin d’après-midi afin que Gian Luca puisse s’installer. Nous avons commencé à échanger et j’ai été impressionné par sa simplicité et l’expression de sa passion pour la parfumerie. C’est ainsi que j’ai découvert plusieurs parfums qu’il avait créé avant de l’écouter. J’ai senti très vite « Ambre Gris » (2012) issu de la collection Or puis, je me suis penché sur « Cacao Aztèque » (2017) créé par Mathieu Nardin que j’ai trouvé exceptionnel ainsi que « Ylang-Ylang Nosy Be » (2014) qui a été mon tout premier coup de coeur dans la marque.
Puis est venu le temps de la conférence. Gian Luca nous a expliqué que sa passion était né grâce à la maison Houbigant dont plusieurs créations ont marqué à la fois son enfance et sa curiosité olfactive. C’est de là qu’est venue l’idée de faire renaître la marque et, avec sa soeur, il a racheté la marque et n’a eu de cesse que de la développer. Je suis également amateur des parfums de cette maison et « Quelques Fleurs » Créé par Robert Bienaimé en 1913 a également accompagné mon enfance pour tout un tas de raisons, mêlant bons et mauvais souvenirs d’ailleurs. J’ai donc écouté avec intérêt son parcours vis-à-vis de la marque.
Après cette courte présentation, nous sommes passés à la fondation de sa propre maison. Lui-même parfumeur, Gian Luca Perris s’est entouré d’autres talents tels Mathieu Nardin ou Luca Maffei par exemple, pour inventer des jus qui seraient une mise en valeur des plus belles matières premières découvertes à travers le monde tout en respectant une éthique certaine tant pour leurs récoltes que pour leurs transformations jusqu’à intégrer les formules des parfums. Tout d’abord, nous avons senti nombre de matières premières et notamment un patchouli cultivé sous abri, presque recouvert de branchages, ce qui lui donne une douceur particulière. Il servira de base à la création de « Patchouli Nosy Be » (2014). Nous avons également découvert toute une collection d’extraits absolument magnifiques qui reprennent les parfums de la collection Noire. Gian Luca a également insisté sur la démarche éthique de sa société qui favorise avant tout le travail des locaux de chaque pays producteur de matières premières et il nous a raconté comment, au fil des années, il avait pu tisser des liens avec eux et comment c’est devenu un partenariat essentiel pour trouver d’autres matières premières.
Pour finir, nous avons décrypté « Cacao Aztèque » qui était la nouveauté et qui avait déjà commencé à recevoir des prix en Italie. Je dois dire que la version extrait que j’ai eu le privilège de porter par la suite, m’a énormément séduit. C’est un parfum atypique, ethnique et qui ne ressemble absolument à rien d’autre. J’en ai parlé très souvent sur mon blog car il m’a beaucoup impressionné. Nous avons découvert chaque matière première développées dans les magnifiques parfums qu’il a pu lancer dans sa marque et je suis vraiment tombé sous le charme de ce travail mettant en valeur, au sein de formules faussement solinotes, une rose magnifique, un patchouli déroutant ou encore cet ylang-ylang qui est vraiment une invitation au voyage en soi.
"Ylang-Ylang Nosy Be" (2014)
J’ai vraiment apprécié cette rencontre et je pense que le courant est passé entre nous réciproquement car depuis nous avons continué d’échanger par réseaux sociaux interposés et plus encore. J’apprécie beaucoup Perris Monte Carlo et je pense que, outre la qualité des créations qui ont continué de me séduire avec le développement d’autres collections dont une réalisée par Jean-Claude Ellena, j’ai vraiment aimé la rencontre humaine. Gian Luca est vraiment quelqu’un avec lequel le courant est passé. Je sais que, depuis quelques temps, il collabore avec la maison italienne ancestrale Santa Maria Novella et je lui souhaite plein de succès dans ce nouveau défi. J’espère tout de même qu’il continuera à lancer de beaux parfums chez Houbigant et Perris Monte Carlo mais vu les dernières créations, « La Belle Saison » et « Figuier Noir » pour la première, réalisés par Céline Ellena mais aussi « Vanille de Tahiti » et « Vétiver Java » pour la seconde, je n’ai aucune inquiétude. Il me semblait vraiment intéressant de raconter ce souvenir et aussi d’exprimer, une fois encore, mon admiration pour le travail et les qualités personnelles de Gian Luca Perris.
Exquise trouvaille : "Smoky Soul"
Déjà quelques mois avant que Marc-Antoine Corticchiato vienne à Lyon, je m’étais remis à sentir et à essayer plusieurs de ses créations pour Parfum d’Empire bien sûr mais aussi pour d’autres maisons telles Vilhelm Parfumerie, Frapin ou encore Olfactive Studio. J’avais envie de parler d’une extrait qu’il a inventé pour la marque l’an dernier et qui n’a pas vraiment trouvé encore son public alors que je le trouve vraiment très réussi. Il s’appelle « Smoky Soul » et je l’ai réessayé. Je ne suis pas un fou de la concentration extrait de parfum mais il y a quelques exceptions et cette composition-là en fait vraiment partie. Pour moi, « Smoky Soul » est singulier, inclassable et très élégant. J’ai donc décidé de revenir vous en parler car c’est une pépite qu’il faut absolument mettre sur peau. « Inspirant et charnel, Smoky Soul propose du thé noir fumé infusé d'absolu d'Osmanthus aux accents fruités d' abricot. Le thé noir, extrait au CO2 supercritique, est fumé avec de l'essence de Vétiver de Java , qui fait ressortir les facettes du bois chaud brûlé. Le poivre noir rehausse les notes épicées et noires du thé tandis qu'une trace d'absolu d'algues accentue les notes moussues, salées et minérales de certains thés chinois ». Tels sont les mots de Céline Verleure pour évoquer la création qu’elle a demandé à Marc-Antoine Corticchiato qui s’éloigne un temps de sa Corse pour inventer un parfums abstrait, qui, à mon sens, ne ressemble à rien d’autre et pourtant reste naturaliste.
Marc-Antoine Corticchiato
Les matières premières sont très belles puisque le parfum s’ouvre avec une envolé d’osmanthus chinois en absolu contrebalancé par des notes de poivres indien. Puis, vient un coeur de thé noir de Ceylan très fort comme celui que j’aime boire le matin car il est très corsé. Il est adouci par des notes de rose turque et un absolu de jasmin indien et renforcé par une très belle note de patchouli d’Indonésie qui en constituera aussi le fond. Après un long temps du à sa concentration cette note se pose sur un vétiver de Java boisé mais facile d’accès et un absolu d’algues françaises. Le parfum se fait donc légèrement salin et cette très belle évolution le rend unique, singulier. Trop singulier ? Je ne saurais le dire mais tout ce que je peux avancer est qu’il faut absolument le poser sur peau et ne pas se contenter de la touche. Le sillage et la tenue sont très bons sans être extravagants. Je trouve très dommage que l’on ne parle pas plus de ce parfum très étonnant. Peut-être que, moi-même, je n’ai pas vraiment insisté sur son originalité et sa qualité. En tout cas, c’est une exquise trouvaille pour moi. On ne peut pas tout porter et il me faut parfois me limiter mais, je le dis, je suis complètement séduit par « Smoky Soul ». Il est complexe, sophistiqué, baroque. C’est un grand Marc-Antoine Corticchiato.
Séquence nostalgie : "2 Violaceum"
Tout comme « 18 Glacialis Terra », il a été composé par Daphné Bugey et est sorti en 2016 dans une collection de L’Artisan Parfumeur qui s’appelait à l’époque Natura Fabularis et qui est devenue depuis La Botanique. « 2 Violaceum » a été mon premier coup de coeur des premiers parfums lancées dans cette série mais, malheureusement, il n’a pas rencontré son public et a été arrêté assez rapidement. J’ai beaucoup regretté cette décision de la marque car je l’aimais beaucoup et, de ce fait, j’économise un peu le fond de flacon que e possède encore. Il s’agissait vraiment d’une violette atypique, terreuse, cuirée et particulièrement singulière… peut-être trop singulière. Daphné Bugey avait apporté un côté complètement onirique à ce thème un peu rebattu en parfumerie et j’avais été instantanément séduit. C’était un parfum froid, un peu sous-bois, avec des notes de violette et d’iris bien évidemment, mais aussi de graine de carotte et de safran, le tout posé sur un fond cuiré, un peu styrax je pense. Ce qui m’a plu, au départ, a été sans doute l’association de notes un peu terreuses, presque racinaires, avec des accents poudrés et cuirés. La feuille de violette est vraiment une matière première très intéressante un fois posée sur la peau car elle s’intègre dans une composition et se facette. Elle donne plusieurs orientations parfums. Je dois dire que j’aime ce travail qui ne ressemble à rien d’autre.

Daphné Bugey
« 2 Violaceum » était un parfum à la fois vraiment original et extrêmement facile à porter, à la fois un peu froid mais non dénué d’une certaine rondeur. « Ce parfum floral s'inspire de la nature charmante, vous remplissant de joie et de bonheur et le rendant parfait pour les hommes et les femmes. Le merveilleux arôme de violette avec la profondeur du safran et de la carotte vous offrira un effet et une longévité différents lors de vos événements spéciaux ». Somme toute, je trouve que la description faite dans ce magazine de l’époque est parfaite. Je rajouterai que, pour moi, « 2 Volaceum » était une violette rêvée, froide et styliseée. Comme souvent, Daphné Bugey joue avec les belles matières premières pour inventer un jus qui pourrait une bizarrerie, voire même un objet parfumé non identifié mais il n’en n’est rien. Il demeure extrêmement portable. Avec L’Artisan Parfumeur, il ne faut jamais jurer de rien, peut-être ressortira-t’il un jour.
Maie Piou, une nouvelle marque "perchée" ?
Jean-Charles Sommerard, entouré de sa complice et un peu muse Szajna Zinenberg, et de la maître parfumeure Clémentine Humeau a voulu une marque un peu différente, sur un axe très original. Le résultat en est cinq parfums qui constituent une première collection appelée Ambrogyne. J’ai eu l’occasion de découvrir un peu avant que la marque arrive en parfumerie, les cinq parfums créés par Jean-Charles Sommerard et Clémentine Humeau pour Maie Piou, cette toute nouvelle marque, née en 2024. Les créations se veulent « perchées » mais qu’en est-il réellement. Je les ai toutes testées sur peau (souvent sur mon bras mais pas trop « autour de moi ») et j’espère pouvoir vous livrer un ressenti particulièrement précis et subjectif car, vous le savez, le parfum, c’est une émotion et, comme toujours, mes avis n’ont absolument pas valeur de critique. Je le dis à chaque fois, que j’aime ou que je n’aime pas car il faut toujours remettre les choses à leur place. Alors, je suis entré dans cet univers assez facilement mais ai-je vraiment adhéré ? Ai-je eu des coups de coeur ? Vous le saurez dans ma conclusion.
Créé par Clémentine Humeau et Jean-Charles Sommerard, « Cherry Harley » est le premier parfum que j’ai essayé. Comme son nom l’indique, est une création qui s’articule autour de la cerise noire et du cuir avec des notes d’ambre, de safran et de rose. Jean-Charles Sommerard en décrit ainsi l’inspiration : « Ce parfum est un rendez-vous d’apparence très sage, qui glisse vers le déraisonnable. Je vous imagine en Harley, cheveux aux vents, filant vers le versant le plus audacieux et fantasque de votre être ». Ce n’est pas le premier parfum mettant en scène cerise et cuir que je découvre. Je pourrais citer évidemment « Cherry Punk » de Room 1015 que je connais bien et dont j’ai déjà abondamment parlé ou encore, plus récent, « Kirsch » de Headspace alors je voulais savoir ce que « Cherry Harley » pouvait apporter de plus ou de différent sur le marché. Très honnêtement, je n’ai pas eu de coup de coeur. Je respecte bien évidemment le travail de Clémentine Humeau et Jean-Charles Sommerard mais j’ai trouvé les matières très synthétiques, voire un peu cheap. En tout cas c’est ce que j’ai ressenti. Je trouve le parfum hyper linéaire, un peu comme un ersatz des deux autres. Il ne m’a pas vraiment plu. Je suis, pour ainsi dire, resté sur ma faim. Si l’on veut parler de tenue, je dirai qu’elle est excellente, le sillage m’a semblé aussi pas mal mais j’aurais souhaité peut-être plus de nuances et de profondeur. Encore une fois, ce n’est que mon ressenti et cela n’a aucune valeur de critique.
« Ce parfum est une force protectrice qui ancre à l’essentiel, une authentique symphonie montant des profondeurs de l’âme pour insuffler confiance et équilibre », tels sont les mots de Jean-Charles Sommerard. Pour expliquer l’esprit de « Wood You » qu’il a également créé avec Clémentine Humeau. Je dois dire qu’il m’a déjà plus surpris car je n’ai pas vraiment compris, hormis un fond de cèdre, pourquoi il était considéré comme un boisé car, à mon sens et sur ma peau, il s’agit plutôt d’un festival d’épices comme le poivre rose et le gingembre associées au maté. Sur ma peau, les notes de maté ressortent beaucoup ainsi que le poivre rose. C’est une création vraiment déroutante et je comprends parfaitement la démarche très artistique de la création d’une fragrance étonnante, presque étrange et qui, je trouve, mérite bien le qualificatif de « perché ». L’évolution est très longue et la tenue particulièrement prolongée sur ma peau. J’ai bien aimé « Wood You ». Je ne saurais pas juger s’il a ou non du sillage mais je pense qu’il sait être présent et particulièrement rémanent. En le portant, je l’ai trouvé intéressant mais je ne suis pas certain que je pourrais vraiment l’apprécier sur ma peau régulièrement. Je trouve étonnant de dire cela mais il est presque trop étrange pour moi.
Toujours créé par Clémentine Humeau et Jean-Charles Sommerard, « Leathery Flesh » est le troisième parfum que j’ai essayé et il me faut admettre que j’ai eu beaucoup de mal à l’apprivoiser alors que sur le papier, il aurait du être mon préféré. Jean-Charles Sommerard explique : « À travers ce parfum j’ai eu envie de réchauffer votre être et aussi, de réveiller la part sensuelle, presque animale, tapie en chacun de nous. Qu’il vous donne la force de tenter l’inavouable ! ». Il parle aussi d’un cuir « envenimé » par la tubéreuse. Sur ma peau, je sens surtout un accord cuir très synthétique et un safran omniprésent qui rend le parfum très « peau », presque comme un musc animal qui confinerait à la sueur. Si le but était de créer un certain érotisme autour d’un parfum très charnel, il se peut que, pour certains, « Leathery Flesh » est atteint son but mais je n’ai pas osé le mettre sur ma peau. Il est clivant au possible. Il y aura celles et ceux qui lui trouveront une sensualité extrême et ceux qu’il va un peu déranger. C’est mon cas. Je ne l’ai pas posé sur ma peau donc je ne vous parlerai ni de la tenue ni du sillage. Peut-être en un peu plus sage, il rejoint dans la série des parfums très « charnels », « Musk Koublaï Khan » de Serge Lutens ou encore plusieurs des créations d’Alessandro Gualtieri pour Nasomatto ou Orto Parisi. Ce sera un parfum d’amateurs. Pour ma part, je passe mon tour.
Jean-Charles Sommerard raconte la création de « Banana Oud » : « Je l’ai pensé comme un Medley frivole remontant de l’enfance au parfum d’insouciance et d’extravagance. Je l’ai voulu charmant, décalé, railleur, gourmand comme une friandise au cœur de midinette ». Un accord de banane et de rhum, des muscs blancs et du oud tel est le postulat de départ de Clémentine Humeau et Jean-Charles Sommerard pour cette composition, c’est vrai, particulièrement originale. Je n’attendais vraiment rien de cette création et pourtant « Banana Oud » est mon préféré dans cette collection et de loin ! Il est original, très segmentant mais à la fois insouciant et éloigné de tous les codes que je connais. La note de banane peut avoir un côté très jasminé mais l’accord utilisé dans ce parfum l’éloigne un peu de quelque chose d’à la fois animal et floral. J’ai bien aimé. Sur ma peau, il y a quand même un côté jasmin mais il reste très discret. Le sillage et la tenue sont bons et je dois dire que, le jour où j’ai essayé cette composition étonnante, j’ai reçu pas mal de compliments. Ensuite vient la grande question : est-ce un réel coup de coeur et pourrais-je le porter ? Je ne peux pas encore répondre à cette question car je le trouve tellement éloigné de mes goûts que je me surprend. Il faudra que je le réessaye.
Il y a beaucoup de parfums dans lequel le néroli est à l’honneur cette année et « Bloody Neroli » ne fait pas exception à la règle. Également créé par Clémentine Humeau et Jean-Charles Sommerard, ce parfum est une subtile association de néroli, de muscs blancs, de notes épicées mais aussi de poire. « Cette fragrance est un geste doux et caressant, un voyage vers soi qui invite à une tendresse câline, taquine. Il réchauffe de l’intérieur et révèle les sentiments ». Bizarrement, sur ma peau, le parfum s’est fait très ambré et j’ai un peu perdu le côté néroli épicé que j’avais bien aimé à la vaporisation. J’ai perçu une certaine fraîcheur, mais aussi un côté à la fois vert et rond, presque sombre. C’est un néroli sophistiqué, peut-être aussi un peu subversif mais je ne peux pas dire que ce soit un coup de coeur. Je le trouve un peu trop synthétique et linéaire sur ma peau. L’idée de cette matière première associée à des facettes épicées me séduit mais je suis un peu resté sur ma faim. La tenue est bonne et le sillage modéré. C’est un peu un parfum « je t’aime, moi non plus » car, à certains moments de l’évolution, il m’accroche et à d’autres, je m’en détache. C’est ainsi…
Pour finir, je vais un peu dévoilé ce que j’ai ressenti. J’aime bien l’idée d’une parfumerie un peu en dehors des axes des familles olfactives traditionnelles mais, pour l’instant, je n’ai pas trouvé « mon » ambrogyne chez Maie Piou. Les réalisations sont très abstraites et, parfois, elles me déroutent complètement. Je les pense segmentantes mais je trouve qu’elles apportent une offre un peu différente au marché. Le flacon est très joli et qualitatif, en revanche, le choix du rouge des boites m’a un peu éloigné de la marque. Cela tient à peu de chose mais une boite rouge vif comme ça ne va jamais m’attirer. C’est un sentiment très personnel. Je suis néanmoins ravi d’avoir découvert la collection Ambrogyne de Maie Piou car je crois que cette maison se démarque avec une certaine originalité et pas mal de prises de risque.
Trois Cologne absolument fantastiques signées Anaïs Biguine
Je ne peux pas dire que j’ai complètement adhéré aux eaux de parfum de la maison Chapel Factory d’Anaïs Biguine à qui l’on doit également Jardins d’Écrivains, Les Cocotes de Paris et Gri-Gri. Attention, je ne remets absolument en doute ni la créativité ni la qualité de chaque composition mais elles tournent toutes ou presque autour de l’encens et ce n’est pas une note que j’aime spécialement porter. En revanche, je viens de découvrir les trois Cologne de la marque et, franchement, j’ai été bluffé non seulement par leur originalité mais aussi, je le dis, par leur impressionnante tenue. Elles peuvent rivaliser avec nombre d’eaux de toilettes et même certaines eaux de parfum. Je les ai toutes essayées et je trouve vraiment formidable le travail d’Anaïs Biguine sur des matières premières et des associations de notes pour le moins inédites. Je vais essayer de vous donner envie d’aller les sentir et même de les essayer.
Je ne connaissais pas l’odeur du nard, un parfum tiré d’une plante aromatique originaire d’Inde et dont les effluves sont mythiques et mystiques. Avec « Nard Intégral », Anaïs Biguine met en avant cette matière première assez inédite car très peu utilisée en parfumerie et, en tout cas, pas dans des proportions pareilles ! « Un luxe absolu depuis l’histoire du parfum. Le nard se récolte au Bouthan et dans les montagnes Himalayennes afin d’extraire son élégante suavité. Légendaire par ses occurrences dans Le cantique des cantiques. Nard Intégral est un spray « all over » pour le corps mais aussi pour créer une atmosphère autour de soi dans une démarche holistique et ayurvédique ». Pour vous donner mon impression, je dirais que ce qui ce dégage de cette eau de Cologne (et j’ai du mal à ne pas dire parfum), sont des notes boisées, épicées, musquées et, je dois le dire, un peu voisines du patchouli même si je sens un côté presque poudré. Sur la peau, si le sillage est assez discret (et heureusement !), la tenue est impressionnante. Le mode de parfumage voulu par Anaïs Biguine, comme pour les Cologne de Jardins d’Écrivain, est un spray très large avec lequel on peut, passez-moi l’expression, se doucher ! Avec « Nard Intégral », il faut quand même y aller un peu doucement car, très vite, la fragrance prend de la place demeure persistante. C’est une création vraiment originale et, allez je le dis, mystique. Il faut l’essayer absolument !
Un départ absolument addictif de patchouli, de géranium et d’ylang-ylang, un coeur de pastèque et de jasmin enveloppé d’un accord cuir et un fond dans lequel on retrouve le patchouli associé à l’encens et au vétiver tel est la construction absolument géniale de « New Ager ». « Le new ager explore une nouvelle religiosité apparue au 20ème siècle. Une spiritualité axée sur le « moi mystique » et inspirée par différentes influences. Cette quête révèle un patchouli cosmique aux essences jasminées et encensé d’une nature ». Tel est le ressenti d’Anaïs Biguine mais laissez-moi vous conter quel est le mien lorsque je pose cette Cologne sur ma peau. Je suis plus vieux de quelques années et le flower power est à son comble. Le patchouli se mêle au jasmin ambiant dans un festival de musique peut-être un peu hippie. Je l’imagine porté en écoutant la voix discordante de Janis Joplin et peut-être même lové dans une écharpe en mousseline lilas. Pour moi, « New Ager » n’est pas qu’une Cologne à vaporiser après la douche. C’est un vrai parfum avec une tenue et un sillage que l’on peut utiliser facilement de part son conditionnement. Allez, je le dis, j’ai un coup de coeur pour cette composition tellement belle, pour ce traitement d’un patchouli ultra floral. Vraiment, il faut la découvrir. Elle est étonnante… surprenante même.
Si je parle de création bluffante, je crois que « Flore Occulte ne fait en aucun cas exception à la règle. C’est également une pépite. « Plantes magiques et botanique occulte donnent naissance à un parfum spagyrique. Les fleurs de sorcières pactisent avec l’opium au cœur de volutes d’encens. Flore Occulte est un spray all over pour le corps mais aussi pour créer une atmosphère autour de soi ». Avec cette création, Anaïs Biguine ne s’interdit rien. On m’avait dit que j’allais craquer et c’est vrai. Je trouve vraiment que l’univers et la réalisation de cette fragrance complètement folle sont atypiques. Après une envolée très verte de galbanum et de chèvrefeuille qui pourrait me rappeler de belles créations que je connais déjà, les effluves d’encens, de ce que la créatrice appelle « fleur de sorcière » et que je ne peux identifier, le fond construit autour d’une fumée d’opium et d’une mousse de chêne ultra présente me séduit particulièrement. « Flore Occulte » est un bijou et sa tenue se fait intense au fur et à mesure qu’elle se développe. Pour moi, on a à faire vraiment à un parfum à part entière comme c’est souvent le cas dans les Cologne d’Anaïs Biguine. Là encore, il s’agit d’un coup de coeur et peut-être qu’un jour, lorsque l’été sera passé, e me l’offrirai !
En créant ces trois Cologne qui peuvent aussi se faire parfums d’ambiance, Anaïs Biguine a inventé sans doute une nouvelle manière de se parfumer et d’autres senteurs. C’est une réelle découverte pour moi et je dois dire que c’est carton plein. Trois fragrances, trois réussites ! Autodidacte, Anaïs Biguine ne s’interdit rien. Elle invente, expérimente, se dépasse et nous surprend or, toute les fois, elle crée des parfums tout à fait portables même s’ils ont une dimension artistique recherchée et évidente. J’ai véritablement un coup de coeur pour ces trois « all over spray » dont on ne parle pas beaucoup. C’est magique !
Sophia Grojsman, incontournable et éclectique
* article partiellement réécrit
D’origine biélorusse et naturalisée américaine, Sophia Grojsman est une parfumeuse qui compte tant par sa personnalité que par son talent et l’incroyable variété de ses créations. J’ai découvert, en partie, son travail il y a déjà longtemps et je dois dire que j’ai eu beaucoup de plaisir à m’y repencher pour rédiger cet article car je suis fasciné par la dimension artistique de la moindre fragrance même la plus mainstream qu’elle a inventé. Sophie Grojsman est vraiment un talent à côté duquel on ne peut pas passer. Elle a, depuis déjà presque trois décennies, créé ds incontournables de la parfumerie. Entre créations grand public et travail d’auteur, je vous invite à vous promener dans son univers… que dis-je, ses univers parfumés.
Je vais évidemment commencer par l’une des créations que je préfère et que j’ai déjà évoquée mais sur laquelle je veux absolument revenir. Il s’agit de « Yvresse » lancé sous le nom évocateur de « Champagne » en 1993 par la maison Yves Saint-Laurent. Ce parfum m’a toujours fasciné. La complexité de sa formule recrée parfaitement un breuvage emblématique du luxe et de la culture française. Comme beaucoup de gens, j’aime beaucoup le côté pétillant du champagne et je trouve que Sophia Grosjman l’a très bien interprété. Chypré fruité, ce parfum oscille entre une envolée de pêche et d’abricot relevé par une pointe de carvi, d’anis et de menthe. Les notes principales du coeur sont toujours l’association iris et violette associés à la rose, le jasmin, épicé par l’oeillet et la cannelle et surtout arrondi par une note très présente de lichi que je trouve absolument magnifique. Le fond est très chypré avec la dualité entre la mousse de chêne et le patchouli soutenu par du vétiver, du cèdre et arrondi par de l’ambre et de la vanille. Exemple parfait d’équilibre et d’élégance, « Yvresse » est vraiment le parfum de Saint-Laurent que je préfère encore aujourd’hui. Estampillé féminin, je le trouve tout à fait magnifique sur ma peau et je pense qu’il peut tout à fait être porté par un homme également.
Sophia Grojsman est une des reines de parfums fleuris et, dix ans avant « Yvresse », elle avait créé, pour Yves Saint-Laurent le mythique « Paris ». Classique, floral, complexe, c’est une explosion de fleurs. Jugez plutôt, mimosa, fleur d’oranger, rose, aubépine, géranium, jacinthe, capucine, iris, lys, jasmin, ylang ylang, muguet, rose et fleur de tilleul sur un fond poudré d’héliotrope et d’iris soutenus par de la mousse de chêne et du cèdre. Pour écrire cet article, j’ai remis mon nez dans ce parfum. Je le connaissais il y a très longtemps et je trouve qu’il a peut-être un peu changé mais il demeure absolument magnifique. C’est dans un Paris élégant et un rien flamboyant tel qu’il devait être dans le début des années 80 que nous entraîne Sophia Grojsman. Je trouve qu’elle restitue tout à fait l’ambiance à la fois classique et haute couture de la maison Saint-Laurent telle qu’elle devait être à l’époque. J’aime beaucoup « Paris ». Il me renvoie à des souvenirs car j’ai une amie qui l’a porté durant de nombreuses années et il était sa signature. Pour moi, il est la quintessence du travail de Sophia Grojsman et fait partie, indéniablement, de ses chefs d’oeuvre.
« Trésor » de Lancôme est également un incontournable de la carrière de la parfumeuse. Créé en 1990, il est l’un des rares jus de la marque que j’aime particulièrement. Aujourd’hui, on dirait de ce parfum qu’il est un floriental mais, pour moi, il est une composition reconnaissable entre mille. Avec son flacon en forme de diamant, il fait partie de mon paysage olfactif depuis très longtemps. J’avais seize ans quand il est sorti et je commençais à m’intéresser à la parfumerie aussi ai-je l’impression de l’avoir toujours connu. Avec son départ de lilas, de fleur d’abricotier et d’ananas, le moins que que l’on puisse dire est qu’il surprend. Le coeur poudré de jasmin associé à la rose, l’iris et l’héliotrope fait vraiment partie de son identité propre. Le parfum se pose sur un fond ambré, vanillé musqué soutenu par un bois de santal lacté et des notes de fruits jaunes. Il est vraiment très original tout en restant intemporel. La marque a eu l’idée, depuis déjà quelques années, d’employer la très piquante Penelope Cruz comme égérie et, pour moi qui ne suis pas fan des publicités des parfums du sélectifs, c’est une exception car j’aime beaucoup les visuels. Il existe de nombreuses déclinaisons de « Trésor » dont certaines ont été réalisées par Sophia Grojsman mais je trpive qu’aucune n’est aussi formidable que l’original.
Créé en 1992, « Lalique » de Lalique est également un parfum emblématique du talent de Sophia Grojsman et il inaugure une toute autre écriture car sa formule est courte et épurée. Avec ce parfum, la parfumeuse rompt un peu avec sa signature sophistiquée pour aller à l’essentiel. Toujours floral, « Lalique » est une variation autour de la rose, l’iris et le jasmin avec des notes épicées de clou de girofle, de mûre et de poire sur un fond musqué. Pour être tout à fait honnête, j’ai découvert ce parfum assez récemment, il y a un an ou deux et j’avais beaucoup hésité à en parler dans ma revue sur la marque car je ne le maîtrise pas bien et je dois dire qu’il me déroute un peu. La dualité entre le côté très fleuri et les notes fruitées inhabituelles ne me plait pas vraiment au premier abord. Pourtant, je trouve qu’il est emblématique de ce qu’a voulu la maison pour lancer le versant parfum de son activité. Il est donc tout à fait incontournable et je me demande ce qu’il donne porté. En tout cas, je ne manquerai pas de le re-sentir lorsque j’en aurai l’occasion.
Il m’a semblé tout à fait évident que Sophia Grojsman travaille, à un moment ou à un autre pour les éditions de parfum Frédéric Malle et que son nom soit remis au centre de sa création. Je ne sais pas si ce parfum était déjà existant ou s’il correspond à une envie du directeur artistique dont je vous ai déjà beaucoup parlé mais « Outrageous ! » lancé en 2007 est vraiment un parti pris olfactif tout à fait étonnant et il est la synthèse des deux écritures parfumées de sa créatrice. La formule n’est pas vraiment aussi épurée que celle de « Lalique » par exemple ni aussi complexe que celle de nombre des jus qu’elle a imaginé mais il est d’une grande singularité et je trouve qu’il porte vraiment bien son nom. Les notes de têtes sont acidulées avec évidemment la bergamote mais aussi la menthe, le pamplemousse et la pomme verte. Le coeur de néroli et de cannelle est pour le moins surprenant et que dire des notes de fond ! Les aldéhydes sont associées à un bois de cèdre presque pétillant à une ambre sèche et à des muscs blancs. « Outrageous ! » est vraiment une création très fraîche, un peu hespéridée et j’ai beaucoup de mal à l’associer à une famille olfactive tant je le trouve déroutant. Je l’ai essayé il y a quelques mois et j’ai adoré. Il est un parfum idéal pour un été singulier. Je ne sais pas si je le porterai mais son audace me séduit.
Il y a nombre de parfums de Sophia Grojsman qui ne sont sortis que pour le marché américain et que je ne connais pas mais quand elle se fait européenne et qu’elle travaille pour les maisons françaises entre-autres, elle fait mouche à chaque fois. Avec son côté diva un rien excentrique, elle sait être avant-gardiste et pourtant ses créations sont souvent intemporelles et complètement indémodables. Certaines même peuvent séduire, maintenant qu’elles perdurent, deux générations. Sophie Grojsman a su vraiment donner ses lettres de noblesses à la parfumerie de designer et quand elle s’essaye à une parfumerie plus confidentielle, nul doute qu’elle s’éclate tout autant et qu’elle ne se met aucune barrière. Il y a longtemps que j’avais envie de lui consacrer un article car elle est, pour moi, une personnalité essentielle de la parfumerie.
Nouveautés juin 2024
C’est un mois de juin bien étrange qui s’achève. Les sorties sont quand même moins nombreuses mais c’est vrai que j’ai pu sentir et essayer des choses assez étonnantes voire même intéressantes. Je vais essayer de vous donner envie d’aller en parfumerie pour vous faire votre propre opinion d’autant que je pense qu’il y aura très peu de lancement en juillet et en août (mais si je glane un ou deux nouveautés, je viendrai vous en parler), il faudra sans doute attendre septembre pour découvrir les parfums qui vont sortir pour la seconde partie de l’année. Depuis janvier, ça a été riche et j’espère que ça continuera.
J’ai découvert la Cologne zestée créée et lancée par Pierre Guillaume dans sa marque et je l’ai posée sur ma peau. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle est très vive avec des notes de bergamote, d’ylang-ylang, de cannelle, de citron, de galbanum, de labdanum, de lavandin, de mandarine, de patchouli, de petit grain, de poivre noir, de tagette, de thym, de verveine exotique et de yuzu. L’envolée est très vive et finalement, je sens beaucoup les agrumes. Ensuite, j’ai l’impression en effet de peaux grattées afin d’extraire les zests. Je ne sens pas trop les autres notes. « “Bonheur du Jour”est une eau de toilette zestée, vive et élégante, composée de 15 extraits végétaux. Symphonie vivifiante de notes vertes, citronnées, florales et épicées elle s’utilise en vaporisation ou en friction ». Je l’ai mise sur peau. C’est une Cologne avec tout ce que ça comporte, d’ailleurs elle est vendue dans un flacon de 200 ml. Je ne n’en attendais pas beaucoup de tenue mais, finalement, elle a perduré pas mal. Je ne suis pas fous des hespéridés donc je n’ai pas forcément de coup de coeur mais pour rafraîchir, elle rafraîchit ! Le côté très yuzu est quand même vraiment agréable, il ne faut pas dire le contraire. Maintenant, c’est une Cologne classique qui, je trouve, ne sort pas vraiment du lot si ce n’est par l’évidente qualité des matières premières.
Créé par Christopher Sheldrake pour la collection Matin Lutens, « Point du Jour » est une eau aromatique que j’ai eu la chance de découvrir en avant-première, quelques jours avant sa sortie. « Point du jour, c’est un recours simple, élémentaire. Il rassure comme un thym sec, méditerranéen que l’on frotte entre les mains. Un tonique en quelque sorte, issu de la parole du ruisseau. Mâtinée de thym, cette eau du Levant n’en est pas moins hautaine ». Cette création est un vrai aromatique qui s’articule autour de trois notes, une essence naturelle de thym, un absolu de sauge sclarée et un autre d’eucalyptus. Je dois dire que, à-priori, cette composition s’éloigne beaucoup de mes goûts mais, une fois posée sur ma peau, cette nouvelle eau de Serge Lutens a un petit côté sec et pourtant très réjouissant. J’aime beaucoup l’idée d’un vrai aromatique à la construction presque simpliste. Je trouve que cela nous change beaucoup de ce que nous avons l’habitude de découvrir. Porterais-je « Point du Jour » ou non, je ne le sais pas vraiment car je trouve que ce n'est pas un parfum urbain. Je l'ai essayé et j'imaginerais plus le sentir autour de moi lors d'un week-end à la campagne.
C’est à Émilie Bouge, dont je connais bien le talent pour avoir vraiment aimé les parfums qu’elle a créé pour Brécourt, que la maison Trudon a confié la réalisation de « Isla », une nouveauté, pour l’instant en série limitée, dont la senteur correspond pour la première fois à une bougie, que j’ai pu découvrir et même porter. Je dois dire que je suis assez emballé. « Une escapade sur les rives de la Méditerranée. Tel un jeu de soleil sur l’horizon, le duo inédit, composé du parfum pour le corps "Isla" et de la bougie parfumée "De Oro" met en avant les différentes facettes de la bergamote. Cette collection est née d'une étroite collaboration avec Emilie Bouge, partenaire historique de Trudon, à l’origine de certains des parfums d'intérieur les plus emblématiques de la Maison. L'eau de Parfum 'Isla' dévoile un accord vif, hespéridé et frais, capturant l'essence même de la bergamote, agrume emblématique de la région méditerranéenne. Immédiatement reconnaissable, un dégradé jaune-soleil habille le flacon de parfum Isla. Au zénith, la lumière vive de l’été s’invite sur les verres et capots, laqués d’un blanc satin mat ». Je ne suis pas un fou des hespéridés mais alors celui-ci, je dois bien le reconnaitre, a su me séduire dès la vaporisation et jusqu’à la fin de l’évolution. Des notes de bergamote, qui persiste tout au long de l’évolution, de cardamome, de pamplemousse qui viennent se mêler à un coeur de menthe et de romarin puis à un fond de muscs blancs et de vétiver. Tout cela semble un peu « déjà senti » et pourtant, il n’en n’est rien. La finesse du travail d’Émilie Bouge me ravit. La tenue est bonne, le sillage limitée mais alors la toute fin du parfum sur ma peau est vraiment une merveille, presque florale, pas trop boisée, sans excès, toute en élégance et vigueur.
« 14 Juillet est une invitation à embrasser la liberté et la joie, à tout moment et en toute saison, capturant l'essence d'être ensemble et de célébrer la vie à la française, chaque jour de l’année ». Créé par Meabh Mc Curtin à qui nous devons déjà « Bonne Chauffe » de Frapin que j’aime beaucoup, « 14 Juillet » est le nouvel opus de Bastille et j’avoue que j’en attendais beaucoup. En ce qui concerne l’envolée, la marque parle d’un accord feu d’artifice conjugué avec des notes de cassis et de tangerine puis vient un coeur très original de feuille de violette, de labdanum et de cannelle puis un fond de vanille, de benjoin et de fève tonka qui donne à la fois un côté très ambré et un peu poudré. Pour résumer, entre poudre de feu d’artifice et fève tonka, ce parfum ambré, vanillé très original m’a bien plu. Je le trouve quand même assez inédit et, ne boudons pas notre plaisir, il me réjouit assez dans l’idée et dans la démarche artistique. En outre, il demeure, pour moi, très facile à porter ce qui est plutôt une qualité. Il y a effectivement, de la vaporisation aux notes de fond, quelque chose de joyeux qui donne envie. Le porterais-je ou non je ne sais pas vraiment car, pour moi, il s’avère un peu trop vanillé en toute fin d’évolution mais je l’ai essayé un jour assez chaud. Il me semble qu’il gagnerait à être porté pendant une période paradoxalement moins estivale. « 14 Juillet » est original, singulier et, en même temps, finalement assez consensuel. C’est un joli travail qui mérite qu’on s’y arrête vraiment et qu’on le porte sur plusieurs jours, ce que je ferai sans doute.
« La fleur d’oranger, ce bouton blanc aux mille nuances subtiles, est au cœur de la création et de l’inspiration du maître parfumeur Anne Flipo. Pour Essential Parfums, c’est sur un tout nouveau registre qu’elle a souhaité l’interpréter. Epicée et vibrante dès l’ouverture, la fragrance se révèle sur des notes de feuilles de curcuma et de gingembre piquées d’un duo de poivres rose et noir. Glorieusement rehaussée de néroli et de jasmin sambac, la fleur d’oranger libère toute sa puissance florale. Ses facettes solaires et opulentes se mêlent aux notes de fond boisées vertes et veloutées du vétiver et de santal, tous deux marqués du label durable “For Life” » telle est la description que donne Essential Parfums de « Néroli Botanica », la nouveauté 2024 créée par Anne Flipo. Je l’ai découvert et j’ai bien aimé. Je ne suis pas un fan de la fleur d’oranger ni du néroli mais c’est un très joli travail et je trouve que cette création est à la fois assez originale et quand même facile à porter. Je trouve le parfum à la fois androgyne, élégant et tout à fait agréable à sentir. En plus, la tenue et le sillage sont très suffisants. Le néroli est associé à des épices comme le curcuma et le gingembre, son côté floral est renforcé par une belle qualité de jasmin et le fond de vétiver lui assure profondeur et tenue. « Néroli Botanica » n’est peut-être pas le parfum de l’année mais il est joli et très bien réalisé. Anne Flipo a utilisé de belles matières premières, le prix est plus que raisonnable. Je dirai qu’il s’agit-là d’un petit plaisir pas trop onéreux dont il ne faut pas se priver.

« Smile est un parfum qui illuminera votre journée ! » affirme Olivier Cresp comme entrée en matière pour présenter le nouvel opus de Akro. Je l’ai découvert et essayé. « Smile est un nouveau parfum inspiré par la recherche du bonheur et né d'un lien familial unique. Il y a de nombreuses années, alors qu'elle était une jeune fille, Anaïs Cresp, fondatrice d'Akro, a demandé à son père, le maître parfumeur Olivier Cresp, de créer un parfum rien que pour elle, un parfum que personne d'autre au monde n’aurait. Olivier s'est attelé à la création d'un parfum aussi puissant que personnel, un flacon plein de joie que sa fille pourra porter tout au long de sa vie. Pour ce faire, il a combiné des notes de sauge, de bergamote et de framboise, créant ainsi une fragrance vive et lumineuse qui pouvait être utilisée à tout moment et en tout lieu. Pendant des années, Anaïs a gardé ce parfum pour elle, mais aujourd'hui, elle souhaite le partager avec le monde entier ». Je l’avais vaguement découvert il y a déjà quelques mois mais j’étais tellement bloqué sur « Infuse » que je l’avais un peu oublié. Il s’ouvre avec des notes d’ambrette, de sauge sclarée et de bergamote puis vient un coeur de framboise qui, sur ma peau, donne plutôt une impression de fruits noirs comme le cassis et la mûre puis, en fond, les muscs blancs en overdose viennent porter la fragrance et la faire tenir avec une impression un peu de propre. Je dois dire que je suis presque déçu par « Smile ». Il est très joli et bien fait, ça il n’y a pas de soucis, mais je ne retrouve absolument pas la créativité que j’ai pu aimer dans la marque. Il m’a évoqué, sans être similaire, « Mûre et Musc ». Pour moi, c’est une jolie création, peut-être un peu plus féminine, qui plaira et rencontrera immanquablement son public. Pour ma part, je suis plus attiré par d’autres créations d’Olivier Cresp. Les goûts et les couleurs ne se commandent pas.
Bien sûr, il y a beaucoup moins de sorties que dans les premiers mois de l’année mais je dois dire que j’ai quand même découvert de belles choses. Je suis content de vous en faire profiter. Nous nous approchons de l’été aussi étrange que cela puisse paraître. Je ne sais pas s’il y aura des lancements en juillet mais si je découvre des choses, je vous donnerai mon ressenti.
Meabh McCurtin, une signature originale et fascinante
Meabh McCurtin est un nom qui sonne écossais et dont j’entends de plus en plus souvent parler car il faut dire que, depuis l’an dernier, elle a créé des parfums qui ont su me séduire. Je pense que c’est une nouvelle signature que je vais bientôt afficher à la liste de mes préférences. Certes sa carrière est encore jeune mais vraiment, je trouve qu’elle sait imposer un style, une élégance assez peu commune. En découvrant « 14 Juillet », la nouveauté de Bastille, j’ai eu envie, même si cela peut sembler un peu tôt, de lui consacrer un portrait comme une promenade dans les parfums qu’elle a déjà créé et qui m’ont vraiment beaucoup attiré. J’en ai sélectionné quatre et je dois dire que j’ai pris énormément de plaisir à les réessayer, à les porter et surtout à en tirer des ressentis et à les partager avec vous.
J’ai découvert le travail de Meabh McCurtin l’an dernier, en 2023 avec un parfum qui m’a particulièrement plu et qui était l’une des deux nouveautés de la maison Frapin. Je l’avais évoqué à l’époque et je pense qu’il fallait qu’il figure dans cette sélection. Il s’agit de « Bonne-Chauffe ». J’avais été frappé à la fois par l’originalité et par l’élégance de cette composition particulièrement réussie bien qu’assez segmentante. « La "Bonne Chauffe" est le secret le mieux gardé des maîtres distillateurs, cette seconde distillation qui fait la réputation de la maison Frapin. C'est pour évoquer ce savoir-faire ancestral que nous avons créé avec Maebh Mc Curtin d'IFF un parfum à déguster en hiver au coin du feu. Les notes de prune et de davana rivalisent avec les notes boisées et fumées du vétiver, du benjoin et du bois de cèdre pour un parfum puissant et chaud comme une longue nuit d'hiver au coin du feu ». Je trouve que le résultat sur la peau est assez inclassable. Ce n’est pas vraiment un parfum ambré ni même un boisé et je ne peux pas dire que je le trouve gourmand au sens où on l’entend habituellement. Il s’ouvre avec des notes vraiment surprenantes de davana pour le côté un peu floral mais le poivre noir me déroute et m’emmène sur ce coeur absolument dément de prune, de bois et de céréales. Le fond du parfum, le socle, est constitué de vétiver et de patchouli qui lui assurent une tenue et peut-être aussi un ancrage dans ce que nous connaissons déjà mais la créatrice a ajouté du benjoin un peu résineux et du cèdre très sec. Globalement, « Bonne Chauffe » est tellement atypique que c’est une création inclassable et soit on va l’aimer beaucoup, ce qui est mon cas, soit il va un peu nous rebuter. J’avais adhéré et je crois qu’il figure en bonne place dans mon top 2023. C’est une composition étonnante qui m’a fait connaitre le travail de Meabh McCurtin.
« Une explosion de baumes raffinés apportent une opulence dorée au sillage gourmand de cette fragrance ». « Pain en Châtaignier » créé par Meabh McCurtin en 2022 pour la marque franco-américaine « Scents of Wood » est le deuxième choix que j’ai pu faire pour illustrer le travail de la parfumeuse. Je l’ai redécouvert récemment et il est vrai qu’il me semble absolument équilibré. J’ai beaucoup aimé le résultat de son évolution sur ma peau et particulièrement les notes de fond que je trouve vraiment ciselées et très bien travaillées. Le départ de châtaigne, de cardamome et de romarin est vraiment incroyable et je ne m’attendais pas du tout à trouver, au bout d’un temps assez long tout de même, un coeur de benjoin et d’oliban qui peut me rappeler un peu le papier d’Arménie dans son carnet avant qu’il ne soit brûlé. C’est pourtant le fond qui m’a étonné avec des notes tonka, de patchouli et de santal. Il en résulte une composition brillante, à la fois boisée, résineuse et baumée. Là encore, je ne peux pas dire que je trouve le travail de Meabh McCurtin vraiment gourmand. Sur ma peau, la note lactée du santal, que je peux trouver fort dérangeante, ne se développe pas trop et est compensée par la force du patchouli et la facette à la fois un peu cuir et poudrée de la fève tonka. Je n’ai pas toujours été séduit par les parfums de Scents of Wood à part quelques exceptions (souvent d’ailleurs signées Natasha Côté dont je vous ai parlé) mais je dois dire que ce « Pain en Châtaignier » en fait partie. C’est une création absolument attirante, assez consensuelle mais vraiment réussie. Je pourrais tout à fait porter ce parfum. Il se situe assez loin de mes goûts habituels et pourtant il me plait. C’est comme ça, je ne cherche pas à l’expliquer.
Je ne suis pas vraiment un adepte des parfums 100% naturels de la maison Obvious mais il y a quelques exception telles « Un Été » créé par Meabh McCurtin en 2023 que je trouve particulièrement réussi. « Corps et âmes chauffés et libérés par le soleil. Cet interlude sacré se révèle sous le nom enchanté d’Un Été. Fermez les yeux et rappelez-vous votre dernier été à la plage. Souvenez-vous du vent dans vos cheveux, du soleil sur votre peau, du sable chauffé par le soleil, de l'odeur salée de la mer… ». En tête, l’huile de gingembre, la mandarine et la clémentine assurent un départ vraiment très joli, rond, pas trop fusant et le coeur de matcha est un peu tout ce que j’aime, il faut le dire. Il se marie très facilement avec l’absolu de fleur d’oranger et l’huile de maté qui renforce le côté un peu rond et addictif et qui contrebalance l’amertume du matcha et la facette verte qui pourrait s’en dégager. Le fond, très naturaliste, avec un extrait de gousse de vanille, associé à la fève tonka et au baume du Pérou, est également très joli. « Ce parfum vous évoquera les notes onctueuses de la crème solaire sur votre peau après une longue journée à la plage. Les notes de tête, composées de mandarine, de gingembre et d'huile de mandarine, donnent au parfum une touche de fraîcheur et de piquant. Ensuite, la gousse de vanille et l'accord de matcha font durer le parfum sur votre peau ». J’aime beaucoup l’idée d’un parfum à la fois rond et vert. La tenue est un peu limitée et je dirai qu’il en est de même pour le sillage mais j’aime bien la création. Elle est bien faite, facile à porter et tout de même originale. C’est, après-tout, ce que l’on demande à un parfum de niche qui sort de ce que nous proposent les marques grand public. De plus, le prix est correct donc « Un Été » est une très belle alternative aux sempiternels hespéridés utilisés lors des saisons chaudes.
J’ai commencé avec Frapin et je termine avec Frapin, faisant ainsi l’impasse sur « Under The Stars », créé par Meabh McCurtin pour la collection Replica de Maison Martin Margiela que j’avais un peu moins aimé. J’ai donc choisi « Attendre et Espérer » qu’elle a également créé en 2023. « Un parfum de dandy, empreint de philosophie et de mystère. Le Comte de Monte Cristo, chef d’œuvre littéraire, résume à lui seul l’esprit français, où amour, ambition, trahison, et amitié se confrontent. Nul n’ignore cette épopée vengeresse, mais sa morale est bien moins connue… Notre héro déclarant en guise de conclusion : « Toute la sagesse humaine se résumerait en ces deux mots : Attendre et espérer ». La Maison Frapin rend ainsi hommage à cette incarnation de l’élégance, de la force, de l’intelligence et du mystère qu’incarne Edmond Dantes (alias le Comte de Monte Cristo) , au travers d’un accord noix et vétiver très original. La fraicheur du vétiver étant résolument tourné vers l’avenir pendant que la sagesse tellurique, est-elle, portée par la figure tutélaire du noyer noir ». Si je devais qualifier cette création d’un seul épithète, je dirais « sophistiqué ». Dès le départ, je sens une envolée dense et fusante à la fois puisqu’on y retrouve des notes de poivre noir, de citron et de néroli. Le coeur d’iris et de cardamome est encore moins convenu et assure un côté vraiment élégant et peu usité mais c’est le fond qui me marque le plus avec des notes de vétiver et de cèdre mais aussi de noix très peu utilisée en parfumerie. Le résultat est un parfum en clair obscur, très élégant mais un peu subversif. Meabh McCurtin réinvente le dandy avec cette composition à la fois ultra-moderne et un peu inattendue. Pour ma part « Attendre et Espérer » demeure une réussite même si ce n’est pas nécessairement un parfum pour moi. Je vous recommande vraiment d’aller le découvrir même si la pyramide vous bluffe au cours de toute l’évolution.
Je ne connais pas toutes les créations de Meabh McCurtin mais celles que j’ai pu essayer sont d’une grande originalité. Je vais suivre attentivement ce qu’elle va créer prochainement et je serai très content de venir vous en parler. C’est une signature qui s’affirme déjà et quelle chance d’avoir pu découvrir quelques unes de ses compositions vraiment formidables.