Mes tendances pour avril
Un peu de fraîcheur après les fragrances enveloppantes de l’hiver ? Le mois d’avril est toujours un peu compliqué pour moi car l’instabilité du temps me fait toujours m’interroger sur ce dont j’ai envie. Cette année nous avons commencé mars en terrasse et le week-end suivant il faisait -2 degrés et il neigeait ! Je suis passé d’une envie complètement estivale à « Cuir Velours » de Naomi Goodsir que j’ai beaucoup porté cet hiver ! J’ai quand même envie de vous parler de mes envies de printemps qui oscillent entre épicés, floraux, chyprés et cuirs un peu plus légers. J’ai sélectionné tendances qui vont, je pense, pas mal m’accompagner pour aller jusqu’au mois de mai où j’espère passer résolument à des choses franchement printanières. Outre mon inévitable "Feuilles de Tabac" de Miller Harris, je vais aller des parfums les plus enveloppants aux plus aériens. Je ne vais pas développer car ce sont des créations dont j’ai déjà parlé mais elles correspondent à mes envies du moment.
La première envie que j’ai en ce moment ce sont les parfums épicés. C’est toujours par période que je reviens à la noix de muscade, la cannelle, le clou de girofle et j’en passe. Alors bien sûr, il y a le merveilleux « Noir Épices » créé par Michel Roudnitska pour les Éditions de Parfums Frédéric Malle qui, malgré moi, devient, année après année, comme une signature olfactive pour moi. Je le porte depuis déjà plusieurs hivers et autant de printemps jusque tard dans la saison car il revêt bien évidemment un côté enveloppant, presque oriental et un autre carrément frais. Sa facette noix de muscade m’a fait comprendre combien j’aimais cette épice en parfumerie. Le second auquel je pense a été créé par Stéphanie Poulage pour sa marque éponyme et j’en ai beaucoup parlé ces dernières semaines car je l’ai redécouvert et c’est un vrai coup de coeur. Il s’agit bien évidemment de « Suprême Orient » et ses accents très contemporains et singuliers qui matchent merveilleusement avec ma peau. Je dois bien dire que la qualité des matières premières se sent vraiment et son rapport qualité-prix est très intéressant. Le troisième qui me vient à l’esprit est sans doute « Caravelle Épicée » créé par Jeanne-Marie Faugier pour Frapin en 2007 et que je ne connaissais pas du tout. J’ai un coup de coeur pour le côté vraiment « épices pures » de ce parfum qui ne ressemble à rien d’autre. Il est suffisamment enveloppant pour être porté par temps froid et, comme il se situe entre douceur et piquant, il va tout de suite me plaire même tard dans la saison. Plus frais, je reprends envie de « Nutmeg & Ginger » créé par Jo Malone pour sa marque éponyme et que j’avais un peu mis en sommeil pendant l’hiver. Son côté « pep’s » me fait très envie.
La deuxième tendance sera sans doute des cuirs plus aériens que ceux que je peux porter en plein hiver. On dirait bien que 2021 et 2022 seront mes années cuir ! J’en aime plusieurs et je dois dire que j’ai envie de ressortir le « Cuir de Russie » de Chanel qui m’a été offert et qui est, pour moi, trop léger pour l’hiver. J’aime son côté un peu rétro et le fait qu’il ait gardé son côté « années folles ». J’ai beaucoup aimé ce parfum dès que je l’ai découvert. L’original d’Ernest Daltroff a été magnifiquement reformulé par Jacques Polge en eau de parfum mais la tenue est très limitée sur ma peau, hélas. Un autre cuir que j’ai beaucoup envie de porter ce printemps, est très « entre-deux » et c’est celui bien sûr de Mona di Orio. Je dis souvent que c’est le parfum de ma vie dans cette famille olfactive. Je l’ai porté tout l’hiver et je vais pouvoir l’utiliser encore un peu plus longtemps car, s’il m’enveloppe, il va aussi revêtir une facette boisée et presque fraîche. Je l’aime tellement que je serais presque capable de le porter jusqu’à l’été. Il ne me dérange jamais. Ceci dit, il me permettra de faire la transition, toujours dans la même maison, avec « Violette Fumée » que j’avais un peu porté il y a plusieurs années et qui me fait à nouveau envie. C’est un parfum autour duquel j’avais toujours tourné d’échantillon en échantillon et que je serai heureux d’avoir autour de moi. J’en parle dans ce paragraphe car il a, c’est vrai, quelque chose de cuiré. Le dernier cuir qui me vient à l’esprit et qui a plutôt une construction chyprée, sera, comme toujours depuis que je l’ai découvert. Il s’agit bien sûr de « Coeur de Noir » créé par Julie Marlowe et Julie Dunkley pour Beaufort London. Enfin, je terminerai par quelques gouttes précieuses de « Iris Prima » créé par Alberto Morillas pour Penhaligon’s dont j’ai encore un flacon mais qui a, hélas, disparu.
Ce printemps, il y aura bien évidemment des chyprés et je dois dire que celui qui me fait le plus envie en ce mois d’avril est un merveilleux cadeau que l’on m’a fait. Il s’agit de « Une Île Pluvieuse » créé par Euan McCall pour Senyokô. Je ne remercierai jamais assez la personne qui me l’a offert et qui se reconnaitra car vraiment cet extrait de parfum est un coup de coeur absolu et je le porte avec un extrême plaisir. Atypique promenade en Écosse pour moi, j’en ai déjà parlé, il est sans doute un parfum émotion par excellence. J’avais aimé toutes les créations de la marque ou presque mais celle-ci est vraiment une splendeur. Son côté complètement singulier m’a autant séduit que la réaction de ma peau lorsqu’il est autour de moi. C’est parfait et je vais le porter avec beaucoup de plaisir. Dans cette famille qui est, sans aucun doute celle que je préfère, il y en a d’autres bien évidemment qui me permettront de faire la transition. Je pense toujours à « The Afternoon of a Faun » créé par Ralf Schwieger pour État Libre d’Orange mais j’en parle tout le temps. Je vais aussi avoir sans doute envie de « Elite » de Floris London et sa parenté avec la famille des aromatiques fougères mais tout en gardant une construction chyprée. Je le ressort toujours à cette période et c’est vrai que je ne m’en lasse pas. Il est complètement en équilibre entre deux familles olfactives et c’est ce qui le rend tout à fait original et intéressant. Il y aura sans doute d’autres chypres mais ils ne me viennent pas à l’esprit pour l’instant. Cela fera peut-être l’objet d’un nouvel article.
Enfin, il y aura les floraux. Le premier que je porte énormément, est « Cornaline » créé par Anatole Lebreton pour sa marque éponyme qui est un coup de coeur construit autour de l’ylang-ylang qui demeure l’une des fleurs de prédilection. J’ai d’ailleurs remis mon nez dans « Ylang -Ylang Nosy Be » de Perris mais ce sera plutôt pour les soirées d’été et l’entrée dans l’hiver. Qui dit printemps chez moi dit lilas. Les parfums qui mettent en avant cette note sont nombreux dans mon placard. Je pense que j’irai du plus « costaud », « Désarmant », créé par Marc-Antoine Corticchiato pour La Parfumerie Moderne au plus frais, « A Lilac A Day » de Jérôme Épinette pour Vilhelm Parfumerie qui a été l’un de mes coups de coeur de l’été dernier. Bien sûr, il y a toujours « En Passant » créé par Olivia Giacobetti pour les Éditions de Parfums Frédéric Malle, « Rue des Lilas » composé par Pierre Guillaume pour Phaedon et « L’Eau de Circé » qu’il a inventé pour sa marque éponyme, « Lilas Exquis » de Luca Maffei pour Jacques Fath et également « 1/2 » qu’il a créé pour Histoires de Parfums. Je dois dire que j’ai déjà porté les deux derniers et que je me suis vraiment fait un plaisir anticipé. J’aime cette odeur que ce soit en parfumerie ou dans la nature et ça me mène à évoquer une autre de mes signatures, « Fathom V » créé par Julie Dunkley et Julie Marlowe pour Beaufort et qui est aux confins du marin, du boisé et du floral. Indescriptible, inclassable, il me réjouit toujours autant.
Voilà un peu mes envies pour ce mois d’avril. Peut-être en avez-vous aussi et me donnerez vous des idées. En tout cas, je serai heureux de voir poindre le soleil pour pouvoir changer petit à petit d’univers. J’aime beaucoup l’idée de suivre mes humeurs suivant les saisons.
Exquise trouvaille : "Symphonie"
« Les lumières s’éteignent, le rideau se lève, les premières notes retentissent. A la majestuosité architecturale de l’opéra de Mascate répondent les mélodies de son orchestre et le lyrisme passionné des ténors. De cet accord naît Symphonie, une fragrance sensuelle et de caractère. Avec ses notes boisées et d’encens, elle soustrait le spectateur hors du temps. Symphonie, plongée dans l’enceinte feutrée de l’Opéra de Mascate, où se côtoient chanteurs et danseurs » tels sont les mots de la maison La Manufacture pour définir « Symphonie » qui est sorti l’an dernier en 2021 dans la collection Opus Matière et je dois dire que c’est un coup de coeur. Un parfum ambré, un peu spirituel avec des facettes presque aromatiques. Je dois dire que j’ai été dérouté par ce parfum qui est, sur la touche, un peu éteint rapidement mais qui se réchauffe merveilleusement sur la peau. surprenant, atypique, sans doute la plus « niche » des créations de la marque, ce parfum est une vraie révélation. Je ne sais pas s’il est vraiment pour moi mais je le trouve particulièrement réussi et il est dommage que la marque ne communique pas le nom du parfumeur qui l’a composé. En tout cas, c’est une trouvaille… une exquise trouvaille. « Symphonie », dont je comprends complètement l’inspiration, est un parfum particulièrement réussi qui ne serait peut-être pas nécessairement pas pour moi.
Une combinaison d’encens réchauffé par des notes de cardamome et d’ambre blanc révèle une fragrance très étonnante. C’est un parfum en clair obscur, tantôt froid, tantôt chaud et particulièrement évolutif. J’insiste mais il faut absolument le tester sur la peau car il est beaucoup plus joli, beaucoup plus facetté que sur un bout de carton. Ce n’est pas nécessairement le parfum que l’on remarquera le plus dans la collection et pourtant, il mérite, à l’instar des trois très beaux cuirs de Opus Matière, d’être découvert et essayé pour que nous puissions découvrir ces notes incroyables, poétiques et fortes à la fois. J’aime beaucoup le côté presque pop de cette création. Je l’imagine un peu décalé lorsque l’on éloigne un peu l’univers de la musique classique et ce qui arrive à mes oreilles lorsque je le sens, c’est plutôt un titre de The Police ou de The Cure. Je ne sais pas… Il y a quelque chose d’une voix anglo-saxonne qui me vient à l’esprit. J’ignore pourquoi c’est cette émotion-là que me provoque « Symphonie ». J’en connais et comprends complètement la démarche artistique mais mon ressenti est différent… C’est la vie ! En tout cas, je vous engage à aller le découvrir. Vous vous ferez une nouvelle sensation olfactive et, entre élégance et modernité, vous pourriez être surpris.
Promenade dans mes doses d'essai
En ce moment, je trie mes doses d’essai. J’en garde certaines que je veux porter et reporter avant de prendre une possible décision d’achat. En tout cas, je me fais plaisir à mettre des notes par rapport à ma sensibilité. Je ne les divulguerai pas mais cela m’aide faire un peu le tri dans mes goûts. En tout cas, je suis content car j’ai découvert et redécouvert des fragrances et de m’être laissé séduire le plus possible par ces créations qui ne sont pas des nouveautés mais à côté desquelles, je suis peut-être un peu passé. Cela me permet aussi de confirmer des impressions que j’avais pu avoir au premier abord.
J’étais complètement passé à côté de « Chypre Shot », l’un des cuirs de la maison Olfactive Studio créé en 2018 par Bertrand Duchaufour et je suis tombé sur une dose d’essai que je devais avoir depuis longtemps. Vaporisé sur la touche, j’ai eu beaucoup de plaisir à le sentir du coup j’ai décidé de l’essayer. Je dois dire que la concentration extrait de parfum lui donne quelque chose de plus. Il y a une profondeur, une fusion avec la peau et de nombreuses facettes dans cette création que la marque décrit ainsi : « Sombre et originel, Chypre Shot est un accord chypré au caractère fort et original. Une mousse de chêne revisitée avec la complicité du patchouli, entre autres accompagné par la pivoine, le poivre noir et le café ». L’envolée de safran et de bergamote est un peu difficile à passer pour moi. Il faut dire que cette épice en parfumerie n’est pas nécessairement ce que je préfère mais je sens très rapidement la construction chyprée du parfum avec un coeur construit autour de la pivoine avec des notes de poivre noir de Madagascar, de thé et de café et un fond de mousse de chêne de Macédoine, de patchouli d’Indonésie et de labdanum espagnol qui lui donne un côté cuiré. Chypre et cuir, ce n’est pas toujours facile mais Bertrand Duchaufour est un virtuose et il réussit complètement à créer un équilibre entre deux familles olfactives. Il faut le dire, la concentration explique que « Chypre Shot » soit vendu un prix déjà élevé. Il faut vraiment bien l’essayer et surtout, je dis bien surtout, vivre avec pour être certain que l’évolution, très longue, du parfum nous convient. Pour moi, c’est vraiment une très belle trouvaille. Chypré moderne, cuiré assumé, c’est un parfum atypique et je suis content de l’avoir essayé.
C’est grâce à Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures que j’ai découvert, l’an dernier, « Limanakia 27 » créé par Pierre Guillaume pour la collection numéraire de sa marque éponyme. Je dois dire que ce parfum m’avait énormément plu mais aussi impressionné tant par la créativité qu’il dégage que par son impressionnante tenue pour un « parfum de vacances ». Je dois dire que je ne peux que confirmer mon impression. Le parfumeur le décrit ainsi : « Sur les bords de la Mer Egée, il vous faudra faire preuve de prudence au moment d’aborder les sentiers abrupts qui mènent à cet ensemble de plages rocheuses brûlantes et d’alcôves minérales bordées de Ciste, propices aux étreintes… Limanakia ». Si la dimension érotique de cette création m’échappe un peu, je suis fasciné par l’originalité qui renouvelle complètement le style salin. En effet, il cumule plusieurs facettes, outre les notes aquatiques, salées et fraîche, il y a des versants sombres et presque gourmandes lorsqu’il se développe sur la peau. Je trouve que le patchouli, l’accord de sel de mer et le fond un peu cuir du labdanum nous emmène vraiment tous azimuts. Dit comme ça, je pense que j’ai un peu l’impression d’affirmer qu’il y a un côté brouillon dans le parfum et dans son développement mais pas du tout. Il est complètement cohérent et vraiment très réussi. C’est une pépite et je dois dire qu’il est un concurrent sérieux, pour moi, pour « Sel Marin » de James Heeley et « Acqua di Scandola » de Parfum d’Empire que j’ai vraiment beaucoup portés. J’aime l’un comme l’autre mais « Limanakia » vient, en quelque sorte, compléter l’offre.
Promenons-nous dans les bois avec « English Oak & Hazelnut » créé par Yann Vasnier en 2017 pour Jo Malone London. « Une balade enchantée. Le croquant de la noisette encore verte. Le piquant de l'élémi. Le caractère boisé du vétiver rafraichit par un tapis de mousse émeraude. Une base chaude de chêne torréfié. Lumineux. Enveloppant. Ensorcelant ». Je remercie au passage Pénélope et Christine de la boutique de Lyon de m’avoir offert la miniature que j’ai pu porter pour écrire cet article. C’est un très beau parfum, une vraie création originale et l’un des rares boisés que je pourrais porter régulièrement. La noisette, plutôt verte est travaillée avec des notes de vétiver et de bois de chêne. Je dois dire que je trouve que ce parfum, tout en finesse, en subtilité et en élégance à l’anglaise m’évoque assez bien une promenade dans le Yorkshire par un temps sec après la pluie accompagné de mes chiens. Il y a quelque chose dans « English Oak and Hazelnut » de « grand air », de liberté et de beauté. Le chêne, torréfié et sous forme de mousse, donne au parfum quelque chose de vraiment très chic et élégant. Un parfum de gentleman farmer vraiment à essayer sans modération. J’ai été heureux de le porter durant le temps où je l’ai eu sur moi et je pourrais me l’approprier sans aucun problème.
Lorsque, l’été dernier, j’ai découvert Eris chez Sens Unique, j’ai eu un coup de coeur pour l’une des fragrances en particulier. Il s’agit de « Belle de Jour » créé en 2018 par Antoine Lie pour cette très belle maison américaine. « Belle de Jour est une étude de contrastes : un floral très lumineux, salé, sexy et sale. » - Antoine Lie (Parfumeur). Un départ de coriandre, de poivre rose et de fleurs d’oranger nous entraine vers un coeur cuiré de labdanum entouré de jasmin égyptien, de piment indien puis sur un coeur de cèdre de l’Atlas, de musc et d’algues brunes. Le parfum est d’une grande originalité. Sur ma peau, il a presque un côté dérangeant au départ puis il prend sa place. Finalement, j’aime beaucoup le côté atypique et élégant. La marque le décrit ainsi : « Belle de Jour s'épanouit avec des notes de fleur d'oranger et de jasmin rehaussées de coriandre. Il s'assèche sur une base sensuelle d'encens, de muscs et la profondeur d'une surprenante note absolue d’algue ». J’aime la dualité entre le versant cuiré, les algues et le jasmin qui revêt un peu des notes animales. « Belle de Jour » est un beau parfum, singulier, étonnant et profond. Je suis très séduit mais je ne sais pas s’il serait pour moi. En tout cas, je retrouve toute l’inventivité d’Antoine Lie que j’ai beaucoup admirée chez Comme des Garçons et État Libre d’Orange.
Depuis quelques semaines, je redécouvre les créations de la très jolie maison Bastille. J’avais assez accroché quand je les ai sentis la première fois et je confirme une fois encore mon impression. Si je suis vraiment complètement séduit par « Pleine Lune », j’aime bien aussi « Un Deux Trois Soleil » que j’ai réessayé sur ma peau pour écrire cet article. Créé en 2020 par Anne Flipo et Paul Guerlain, cette interprétation d’une amande solaire et lumineuse me plait beaucoup. « Un Deux Trois Soleil évoque la chaleur rayonnante d'une après-midi d'enfance. Amande, vanille, fleur d'héliotrope et benjoin vous rappelleront des senteurs familières - celle des vacances, d'un goûter gourmand chipé en douce... Un parfum espiègle, que vous aurez sur le bout de la langue ». Avec un départ très « pep’s » de bergamote, de poivre rose et de pamplemousse, l’envolée donne le ton et accroche le nez immédiatement. Le coeur, très rond et amer à la fois entre amande, héliotrope et encens (que je ne sens pas vraiment heureusement) est une véritable merveille et, lorsque le parfum se pose sur la vanille, la très facettée fève de tonka et le benjoin, il se fait baumé, profond et tout à fait réjouissant. C’est un parfum plaisir, un parfum jubilatoire. Sur ma peau, entre crème solaire et colle Cléopâtre de mon enfance version luxe, il est juste parfait !
J’ai adoré cette nouvelle promenade car je n’ai réessayé que de belles choses. En tout cas, la parfumerie me réserve toujours de très belles surprises et ça alimente ma passion. Je suis séduit par ces créations. Les porterais-je ou non ? Ça, je ne le sais pas car on ne peut ni tout acheter ni tout s’approprier mais je dois bien dire que je suis content de les avoir redécouvertes.
Je ne les aimais pas plus que ça au premier abord et pourtant...
Et puis il y a des parfums qui ne nous parlent pas immédiatement. J’en ai repéré m'ont laissé indifférent la première fois que j’ai mis le nez dessus et qui, finalement, on suscité mon intérêt. D'ailleurs, l'un des deux me plait énormément et je le porte. Je crois qu’il faut toujours découvrir et redécouvrir. Parfois ce n’est pas le bon moment, parfois on se laisse influencer par des éléments extérieurs, parfois encore on évolue. J’avais envie de partager cette expérience avec vous.
J’ai beaucoup aimé les trois collections de la maison Olibere mais j’avoue que lorsque j’ai découvert les parfums il y a quelques années, j’étais un peu passé à côté de « Il Mio Segreto » créé par Amélie Bourgeois en 2014 et que la marque décrit ainsi : « Une fragrance subtile et charmeuse aux notes de tête fraîches et acidulées : Zeste de Pamplemousse et Citron d’Italie rappelant la douceur d’un été Italien. Puis s’ouvre un coeur floral Jasminé sensuel se mêlant à la Pêche épicée gourmande et sucrée. En fond, l’Iris s’unie au Mimosa pour un tandem poudré. La Vanille Verte gourmande, le doux Benjoin et les Bois précieux forment une alchimie sensuelle et charnelle … ». Sur le papier, la fragrance avait tout pour me plaire et c’est vrai que j’ai adoré l’essayer. Il est d’ailleurs devenu l’un de mes parfums préférés. Il s’ouvre avec une envolée de bergamote, de pamplemousse et d’osmanthus qui lui donnerait presque un côté complètement hespéridé puis, le coeur de jasmin, d’ylang-ylang, de pêche épicée et de cardamome vient me surprendre et m’envelopper pour m’emmener sur un fond de benjoin très baumé, poudré d’iris et de mimosa, relevé de vanille verte et de bois précieux. Je trouve que, à l’instar des autres créations de la marque, « Il Mio Segreto » est surprenant, qu’il m’emmène sur des chemins olfactifs que je ne connaissais pas et finalement j’y reviens toujours alors que si je l’avais senti superficiellement, je ne l’aurais peut-être pas remarqué. Vraiment j’aime son côté sophistiqué, étonnant, prenant et complètement unique.
Créé par Christopher Sheldrake pour la très onéreuse collection Gratte-Ciel de Serge Lutens en 2021, « La Proie Pour L’Ombre » ne m’avait pas du tout plus de prime abord et en tout cas sur touche. Je ne pense pas vraiment que j’en avais parlé ou si je l’avais fait, j’avais du ne pas être vraiment positif mais j’ai eu l’occasion de le réessayer récemment et je dois dire qu’il m’a surpris. On le sait, les parfums Lutens sont plutôt linéaire et évoluent peu. Enfin c’était le cas pendant très longtemps car on dirait que les choses changent. « La proie pour l'ombre, un parfum improbable, paradoxal et élégant de la collection Gratte-ciel de Serge Lutens. Serge Lutens revisite ici l’expression bien connue de chacun pour en tirer une fable sur l’impossibilité qu’ont certains de choisir. Tenaillés par l’absence de résolution, réfugiés dans un monde de chimères et d’illusions, ils ont lâché la proie pour l’ombre... Douceur de la vanille ou autorité du cuir, pas d’arbitrage possible ! Ici, comme les deux faces d’une même pièce, ils s’opposent, s’affrontent, mais leur destin est irrémédiablement lié ». Je dois dire que je suis assez impressionné par la réaction de ma peau et de ce parfum. Comme toujours, la marque ne communique pas sur les notes mais j’ai l’umpression d’un cuir un peu vanillé rehaussé de bois de réglisse et peut-être de thé noir. En tout cas, je le trouve tout à fait différent de ce que j’en avais comme souvenir. Peut-être avais-je fermé ma porte et mon nez parce qu’il appartient à cette très dispendieuse collection que je trouve pour le moins inaccessible. En tout cas, j’ai beaucoup aimé l’essayer. Il est ambré et résineux. Peut-être que je sors trop de ma zone de confort…
J'essaye d'avoir le moins possible d'idées préconçues en parfumerie et cela me permet d'avoir vraiment beaucoup de belles surprises et de sortir complètement de mes goûts, d'y revenir et de me faire plaisir à sentir ou à porter des fragrances très différentes les unes des autres. En tout cas, si "Il Mio Segreto" est vraiment l'un des parfums que je préfère, je ne sais pas si je porterai "La Proie Pour L'Ombre" mais il m'avait laissé indifférent la première fois et, maintenant, je me rends compte que j'ai beaucoup aimé l'essayer.
Quelques nouveautés de ce 2ème trimestre 2022
« Arthur rengaine sa cuillère en argent et ses mots comme une épée. Maintenant, fraîchement venu d'Orient, il maîtrise la sagesse de la sauge. Alors, ce diable, Lord George, a intérêt à garder son frère doux. Lorsqu'il est furieux, il crache du feu » tels sont les mots de Penhaligon’s pour présenter son nouveau portrait « The World According to Arthur » et je dois dire que cela n’a eu de cesse que d’exciter ma curiosité car la tête de dragon qui orne le flacon est plutôt du genre spectaculaire et parce que la description est un peu mystérieuse. Le décor de sa boite est signé Kristjana William. Dès le départ, l’encens vous saisit mais son côté froid est contrebalancé par un coeur d’ambrette très bien rendue et un fond d’absolu de fève tonka. C’est un encens mais rond, presque vanillé et très travaillé. Les nuances de ses effluves m’ont beaucoup séduit. Hélas, sur ma peau, le parfum s’éteint un peu. Il redevient un peu froid voire métallique. L’encens ressort beaucoup et, comme vous le savez, ce n’est pas ce que je préfère. Il n’en reste pas moins qu’Arthur est un digne membre de la famille des portraits. Il rencontrera immanquablement son public. Je le trouve un peu plus consensuel que certains autres mais je reconnais que c’est un très beau parfum.
« Peau » est le tout dernier opus de la maison Arquiste. Il aurait du sortir en 2021 mais je viens juste d’avoir un testeur entre les mains. C’est à Rodrigo Flores-Roux que nous devons ce parfum très atypique qui m’a beaucoup impressionné. « Peau se concentre sur l'histoire d'amour tragique entre Hadrien et Antinoös, nous permettant d'explorer le thème de l'adoration. Hadrien a exalté l'image d'Antinoös à travers des milliers de statues et de portraits, nous montrant comment le monde antique définissait la présence spirituelle dans la forme physique du corps. Pour les parfumeurs, la mémoire olfactive de la peau devient un autre outil pour idéaliser et préserver dans notre mémoire les contours de l'amour physique. La nuque, le parfum idéalisé d'un amant et d'une étreinte perdue. La douce cruauté de Peau réside dans son évocation de la jeunesse et de la vie, par nature impermanente. Des notes de tête, de cœur et de fond, il renferme en lui la promesse de l'intimité et le souvenir indescriptible de la peau. Avec des notes principales de : Ambre gris, accord musc, sauge sclarée, poivre blanc d'Inde, dérivés de labdanum et bois d'okoumé du Gabon ». L’envolée se construit autour d’un accord ambre gris et musc ce qui semble complètement inversé mais qui prend toute sa cohérence lorsque ces notes sont associées à la sauge sclarée. Le coeur de poivre blanc indien, de graine de coriandre et de sargassum, une variété très odorante d’algue brune puis le parfum se pose sur un fond très cuiré de labdanum et à un bois sombre, l’oukoumé, importé du Gabon. C’est un parfum en clair obscur qui m’a toute suite fait penser à la peau bronzée et chauffée au soleil et à un cuir très fin voire transparent. Je dois dire qu’il m’a complètement surpris. L’évolution est belle, singulière, addictive. Je suis très content de l’avoir découvert. Je m’interroge sur le fait que je pourrais le porter ou non. En tout cas, du point de vue artistique, c’est une belle création, inédite et audacieuse à la fois.
« C’est Louis XIV qui délivre le brevet de Maîtres Gantiers-Parfumeurs, puissante corporation qui atteint son apogée jusqu’au XVIIe siècle. La Maison Oriza L. Legrand enrichit sa collection d’un parfum évoquant la riche histoire des parfumeurs, jusqu'alors indissociable des gantiers, en présentant dès 1872, Peau d’Espagne, un cuir aux notes poudrées et boisées ». Après l’ambre et « Empire des Indes », « Peau d’Espagne 1872 » est la seconde nouveauté proposée en 2022 par Oriza L. Legrand. Après « Cuir de l’Aigle Russe », c’est une nouvelle fragrance dans la famille olfactive avec un départ de rose, de néroli, de verveine et de bergamote, un coeur de clou de girofle, de lavande, d’oeillet et de bois de santal et un fond de bouleau, de styrax et de benjoin. Très différent du « Peau d’Espagne » de Santa Maria Novella, ce parfum est vraiment une interprétation très fidèle je pense des parfums du XIXème siècle ou du début du XXème et pourtant, son coeur aromatique lui confère quelque chose d’irrémédiablement contemporain. Le fond, très cuir de Russie, un peu goudronné le rend dense et profond. Très honnêtement, je ne l’ai pas testé sur la peau mais ce que j’en ai découvert m’a beaucoup plu. Je le trouve oscillant entre modernité et parfum historique. Je ne suis pas toujours très attiré par les parfums d’Oriza L. Legrand. Sur une gamme aussi large, c’est assez naturel, mais pour moi, « Peau d’Espagne » est une belle réussite. Je suis assez séduit. Il fera peut-être partie de mon Top 2022.
Je connais assez mal 1907 mais c’est grâce à Emma que j’ai pu découvrir, « Fatamorgana », la nouveauté de 2022 et je dois dire que je suis un peu mitigé. La marque le décrit ainsi : « Vous avez l'impression de le voir, vous semblez proche, mais l'apparence est trompeuse … » et cela était assez intrigant pour que mette mon nez dans ce parfum très étonnant voire un peu clivant. Le départ, vert et fruité de galbanum, de cassis et de mandarine rehaussé d’une pointe de cardamome m’a surpris et m’a emmené sur un coeur d’iris poudré et soutenu par un singulier bois de rose et un bouquet poudré et fleuri de jasmin et de violette. Le fond est résolument musqué et ambré avec des notes de vanille et de fève tonka. « Fatamorgana » m’a laissé un peu perplexe. Lorsque je le laisse évoluer sur ma peau, parfois je l’aime, parfois il me provoque un mouvement de recul. J’ai beaucoup de mal à me faire une opinion. Il a un côté très vintage et un autre absolument moderne. C’est un parfum déroutant pour mon nez. Je ne suis pas du tout certain que je pourrais le porter. De plus, sur ma peau, la tenue est un peu limitée. Je reconnais que c’est une vraie création avec tout ce que ça comporte et je dois dire que je suis très mitigé. Il y a une note, je pense que c’est le cassis, qui me déstabilise et qui me dérangerait presque mais le côté poudré m’attire. C’est une nouveauté qu’il faut découvrir pour vraiment se faire une opinion. Je ne saurais que trop conseiller de l’essayer sur la peau et de ne pas aller trop vite.
« Cow » sera la nouveauté de la maison Zoologist pour l’année 2022 et je dois dire que j’étais très dubitatif. Je n’imaginais pas vraiment comment on pouvait, c’est le postulat de la marque, figurer l’habitat de la vache. Nathalie Feisthauer, à qui est échu cette difficile tâche, a réussi à créer un parfum floral et vert, très réaliste qui m’a séduit dès sa vaporisation. Après un départ de pomme verte et de sauge, le coeur de muguet est un peu amandé par l’héliotrope, poudré par la violette et, fleuri par le jasmin et rendu presque crémeux par un accord lait frais. Le fond, construit autour du bois de cèdre, du vétiver et du benjoin est adouci par des notes d’ambre et de musc. « Des pâturages verdoyants dégringolent vers l'horizon, se cambrant sous la silhouette imposante d'une chaîne de montagnes. Des cumulus roulent dans un ciel bleu vif, leurs ombres massives glissant sur un troupeau qui broute paisiblement. Dans un coin de la prairie, un petit veau aux membres tremblants et, avec une embardée puissante, trébuche pour faire ses premiers pas. Son museau de velours s'enracine dans sa mère, jusqu'à ce que la libération de lait chaud signale un accueil satisfaisant dans ce vaste nouveau monde. Cow évoque une scène bucolique, une myriade de senteurs du sein nourricier de Mère Nature. Des fleurs innocentes se balancent parmi les herbes douces, tandis que la pomme adoucit doucement le doux arôme de lait frais. Le résultat est un lieu à la fois familier et rassurant, où des bras chaleureux se déploient pour nous accueillir dans une étreinte amoureuse. Un endroit appelé maison ». Ce parfum que j’ai pu essayer sur la peau en avant première m’a semblé à la fois très vert, très floral et j’ai trouvé qu’il avait une légèreté et un côté très aérien qui m’a beaucoup séduit.
Les deux prochains parfums sont les nouvelles créations de la maison Les Bains Guerbois et je dois dire que j’ai bien aimé chacun d’eux même s’ils sortent un peu de ma zone de confort. « Damier », que la marque décrit ainsi : « Bouger, danser, jouer, se poursuivre aux Bains Paris sur ce damier géant. Lieu mythique. Sillage de parfum. Pistes de danse. Pistes de jeux. Jeux de piste. Petits carreaux, grands carrés, diagonales noires et blanches. Impressions cinétiques. Une tête noire fusante et épicée autour du poivre noir contraste avec un fond très confortable blanc, de santal lacté musqué. Bloc Noir : Poivre Noir, Poivre Rose, Patchouli. Bloc Blanc : Accord lacté, Santal, Muscs Blancs. Donner un parfum aux matières, une couleur aux voyelles, mêler les émotions. Troubler les sens ». Je dois dire que, dès l’envolée aldéhydée et épicée de poivres noir et rose, le parfum se révèle à la fois déroutant et tout à fait singulier. Le coeur de jasmin associé à un accord lait est tout aussi étonnant, lorsque la fragrance se pose sur un lit de patchouli, de musc, de santal et de cèdre rehaussé du côté cocon du cashmeran, je suis tellement surpris que je ne peux que souscrire à la créativité du parfumeur. Je trouve d’ailleurs fort dommage que la marque ne communique pas sur son nom. Pour, moi ce parfum, original, clivant, est une vraie réussite et un exemple de créativité. Je ne pourrais pas le porter mais je lui reconnais quelque chose d’anti-consensuel ! Vraiment, il faut découvrir « Damier », il est tout à fait dingue.
Un départ de fruits sec et de cardamome, un coeur construit autour d’un accord cuir, de clou de girofle et de géranium et un fond de benjoin et de bois de gaïac… « Oud Laqué », créé par Mathieu Nardin est, il faut bien le dire, mon préféré des deux et je pense qu’il n’est pas loin d’être l’un de mes favoris dans la marque. C’est un oud sans oud, boisé, cuiré, un peu arrondi par les notes suaves du benjoin et des baumes qui lui donnent presque un côté cire d’abeille. Il exprime parfaitement bien, je trouve le bois laqué, lisse comme une patinoire, de certains meubles chinois. « Jeux de miroirs. Veinés, brillants, chauds, exotiques, précieux : aux Bains Paris nos silhouettes se reflètent dans des bois laqués à outrance. Espaces d’un lieu mythique. Sillage de parfum. Evanescence lumineuse. Puissance spirituelle. Sensualité sombre. Synesthésie. Donner un parfum aux matières, une couleur aux voyelles, mêler les émotions. Troubler les sens ». C’est un parfum en noir et blanc, profondément bien pensé. J’ai été séduit et surpris par ce parfum car je ne suis pas toujours en phase avec la signature de Mathieu Nardin qui, parfois, me déstabilise. Là, pour le coup, c’est un attirance que je n’attendais pas. L’une des premières belles surprises de cette année 2022.
« j'ai imaginé un parfum lumineux empreint de joie de vivre et de plaisir. L'odeur réminiscente d'une après-midi à rêver dans le verger, confortablement installé sous les figuiers ». Tels sont les mots de Nathalie Lorson pour exprimer sa démarche de la création de « Fig Infusion », la toute nouvelle sortie de Essential Parfums. Après un départ fleur d’oranger, mandarine et figue le coeur de thé noir prend toute sa place et se pause sur les accents baumés du benjoin. Nathalie Lorson a réussi le tour de force de travailler la note de figue que je n’aime pas du tout et de me la rendre agréable. Je dois dire que j’ai été vraiment surpris d’autant accrocher dès les notes de tête et aussi tout au long de l’évolution. C’est une très belle création vraiment. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Inspirée par la lumière d’une journée ensoleillée dans le sud de la France, Nathalie Lorson a composé un parfum optimiste et rassurant. En tête, une figue plus vraie que nature est illuminée par un duo de citrus juteux la mandarine et la clémentine. Le coeur floral, composé de freesia et de fleur d’oranger, rencontre le souffle aromatique du thé noir du Sri Lanka. Enfin, un accord de bois enveloppants, entre la douceur du cèdre de Virginie et le crémeux du santal, procure confort et raffinement à la signature. Le benjoin voluptueux renforce cet accord cocooning par ses effets baumés ». « Fig Infusion » est un bijou parmi les sorties de ce début d’année et je dois dire que je suis sous le charme.
J’avoue que je n’étais pas très impatient de découvrir « De Los Santos », le nouveau Byredo. La description ne me faisant pas rêver, j’ai un peu attendu avant d’y mettre mon nez. Jugez plutôt : « Un parfum conçu comme une célébration de la vie, De Los Santos enchante les souvenirs et reconnaît la préciosité de la fugacité. Un nuage aromatique musqué percé par la clarté de la sauge. Un sublime mariage d’ambre et d’encens, ancré par la racine d’iris et la mirabelle. Des notes terreuses de ciste s’épanouissent chaleureusement. En hommage aux traditions du Jour des morts et de la Toussaint, De Los Santos incarne le pouvoir transcendant des rassemblements cérémonieux : pour un doux parfum de souvenir ». Je trouve que, une fois de plus, Byredo nous offre un storytelling très grandiloquent pour un parfum somme toute peu intéressant. Je suis désolé d’être négatif mais je ne peux pas faire autrement. L’envolée de sauge sclarée et de mirabelle n’est même pas surprenante, le coeur d’iris et d’huile de ciste donne quelque chose de crayeux plus que terreux et le fond de muscs et d’ambroxan, malgré le palo santo, termine le parfum sur le côté hyper synthétique et peu évolutif que je trouve souvent dans cette marque. Je vais, une fois de plus passer mon tour et revenir à « Bal d’Afrique » qui est et demeure à ce jour, le seul parfum Byredo que j’aime.
Voilà, je vais m’arrêter là pour ces premières nouveautés du second trimestre 2022. Je suppose qu’avant l’été, il y en aura d’autres. Je ne peux pas dire que j’ai vraiment eu de coup de coeur à part, je pense « Fig Infusion » de Essential Parfums que je trouve vraiment réussi et qui sera, je pense, en bonne place, en fin d’année, dans mon top. Je vous engage à aller sentir, essayer et vous faire votre propre opinion. En tout cas. Je suis ravi d’avoir fait plein de découvertes. J’espère qu’il y en aura plein d’autres et je vous donnerai mes opinions.
Les Absolus d'Orient, une surprenante collection chez Guerlain
Quand j’étais adolescent puis jeune adulte, j’ai été un « guerlinophile » absolument convaincu. J’ai grandi avec « Shalimar » qui était le parfum de ma mère et j’ai hérité de son goût pour les beaux orientaux puisque j’ai porté le très poudré « Habit Rouge » pendant plusieurs années. Hélas, l’un comme l’autre ont été sauvagement reformulés et je ne peux absolument pas adhérer aux versions vendues actuellement. J’ai également du mal à m’intéresser aux trop consensuels « Mon Guerlain », « La Petite Robe Noire » ou encore « L’Homme Idéal » que je trouve beaucoup trop conçus comme des produits de marketing que comme des créations olfactive. Je ne peux pas souscrire non plus, mais alors pas du tout à la nouvelle collection L’Art et la Matière, une espèce de fourre-tout où l’on retrouve des parfums vendus dans le sélectif à côté de nouvelles créations ou d’autres issus de séries privées à des prix absolument indécents. Et qu’on ne vienne pas me brandir l’augmentation du coût des matières premières car un grand groupe comme LVMH est tout à fait capable d’avoir les reins assez solide pour compenser cette soi-disant augmentation. Bon, j’ai passé mon coup de gueule et je me contenterai des parfums oubliés de la marque même s’ils ont étés très allégés (contrairement à leur prix) mais peut-être aussi à la collection des Absolus d’Orient que je viens de redécouvrir et que, contre toute attente, j’ai bien aimée. Neuf créations plutôt destinées au marché du Moyen Orient et qui, sur le papier n’ont rien pour me plaire et que, pourtant, j’ai su apprécier. J’en ai retenu quatre qui me plaisent particulièrement et j’ai eu envie de vous en parler.
Le parfumeur de la collection Thierry Wasser
Le premier qui m’a interpellé est « Cuir Intense » créé par Thierry Wasser en 2019 et qui était mon préféré à sa sortie. « Puissante et contrastée, cette création de Thierry Wasser, Maître Parfumeur de la Maison Guerlain, est inspirée de la matière noble du cuir. Matière première d'exception, le cuir fait partie intégrante d'une tradition millénaire en Orient. Thierry Wasser lui rend hommage dans un parfum qui met en avant sa force, sa souplesse et sa sensualité. Dans sa création, le parfumeur s'appuie sur les contrastes entre la puissance des notes cuirées boisées et la lumière de la fleur d'osmanthus aux facettes fruitées abricotées. Pour ce sixième opus de la collection des Absolus d'Orient, Thierry Wasser choisit de créer une fragrance captivante grâce à la note puissante du cuir. Cette dernière dialogue avec la fleur d'osmanthus, qui apporte une facette suave et abricotée à l'ensemble. Le cèdre Virginie ajoute de la structure à cette création profonde et mystérieuse en lui apportant une note boisée qui sublime et dévoile les contrastes entre les matières premières. ». Tout de suite, dès la vaporisation, je sens avec délice le cuir entretenu d’un objet neuf comme un sac à main de grande qualité par exemple ou des articles d’équitation. Le départ est vraiment très cuiré et, si des agrumes ont étés utilisés, je ne les sens pas. J’ai vraiment la dualité entre un accord cuir et la facette peu florale et peu fruitée de l’osmanthus. Sur la peau, il est super enveloppant et, il faut bien le dire, il revêt une élégance particulière. Franchement, je l’aime beaucoup et je pourrais tout à fait le porter mais je le trouve peut-être un peu trop opulent pour moi. Je lui préfèrerai peut-être, dans cet esprit, « Bronze Wood & Leather » de Jo Malone. Il n’en reste pas moins une très belle réalisation.
« Inspirée des terres d’Orient, cette création du parfumeur de la Maison Guerlain, Thierry Wasser, met en lumière l’une des matières les plus mystérieuses de la Parfumerie : le musc. La profondeur du musc se marie à une rose majestueuse et à une note vibrante de cèdre. Tour à tour puissant, chaud et poudré, le musc sublime la fragrance dans un accord intense et plein de caractère. Le musc au coeur de cette fragrance est un subtil équilibre qui allie les muscs blancs, très cocooning doux et poudrés, à une reconstitution imitant le musc animal, très puissant chaleureux et sensuel, utilisé il y a fort longtemps » tels sont les mots de la marque pour évoquer « Musc Noble » créé par Thierry Wasser en 2018. Entre muscs propres et blancs et notes plus animal, son développement est très surprenant. Avec un départ de baies roses, de safran et de géranium, on a l’impression qu’il sera un peu aromatique mais la rose musquée du coeur vient casser complètement la monotonie de ce que l’on sent et le fond cuiré du ciste, de l’ambre blanc et du bois de cèdre lui donnent un accent très agréable sur la peau. Sur moi, il évolue merveilleusement. C’est un très beau parfum vraiment.
Lancé en 2019, « Bois Mystérieux » est vraiment la création de Thierry Wasser que je trouve la moins consensuelle. La marque décrit ainsi ce parfum qui est un vrai parti prix olfactif : « Unique et audacieuse, Bois Mystérieux est une création de Thierry Wasser, Parfumeur de la Maison Guerlain, inspirée d’une nuit profonde d’Orient. Puissante, parée de touches de bois de cèdre, de patchouli et de myrrhe, la fragrance se dévoile dans un clair-obscur très enveloppant. La note safran, créée spécialement par Thierry Wasser pour la collection des Absolus d'Orient, est subtile et facettée, épicée et cuir comme tous les trésors d’Orient. C'est une matière extrêmement précieuse car ces fleurs ont une durée de vie très courte d’environ 48 heures, un véritable trésor éphémère. Idéal à porter par les hommes comme par les femmes ». Alors là, on sort des sentiers battus avec ce cuir sauvage et tempétueux ! Quand je l’ai senti à sa sortie, il m’a évoqué irrémédiablement un cheval au galop et je sais de quoi je parle. C’est le bruit des sabots ferrés sur le sol. Il m’a fait un effet terrible et pourtant, même si je lui reconnais une vraie originalité, il est peut-être un peu « brutal » pour moi. C’est un cuiré boisé particulièrement déstabilisant tant la note de cuir arrondie par la myrrhe répond à celle, boisée sèche du cèdre de l’Atlas. Je trouve que « Bois Mystérieux » ne ressemble à rien d’autre. C’est un magnifique parfum mais il ne s’adresse pas à tout le monde. Pour moi, il restera un parfum à sentir mais je sais en admettre la qualité.
Créé en 2010 et lancé la même année, « Patchouli Ardent » est le dernier né à ce jour, de la collection. En effet, Thierry Wasser a voulu nous dérouter et il y a bien réussi. « Avec Patchouli Ardent, Thierry Wasser, Parfumeur de la Maison Guerlain, a réinventé le patchouli, matière première habituellement boisée sombre et mystérieuse, de manière étonnamment vibrante et lumineuse. Il s’associe à l’élégance de la Rose et à un majestueux accord cuir et de muscs pour offrir un voyage sensoriel unique. Patchouli Ardent invite à un voyage sensoriel imaginé par Thierry Wasser, Parfumeur explorateur passionné. Les feuilles de patchouli séchées exhalent une odeur boisée puissante et très facettée, synonymes d'exotisme et de raffinement extrême. Le patchouli est un ingrédient noble dont les volutes sensuelles féminines comme masculines ont transcendé les frontières de l'Orient pour conquérir le monde entier ». Un cuir patchouli qui est construit comme un chypre il fallait y penser. Le parfumeur tire enseignement du talent de ses prédécesseurs pour créer un parfum profondément ancré dans notre imagerie olfactive mais pourtant résolument original et contemporain. Cuir, patchouli, muscs et un peu de rose, ce parfum fait montre d’une ouverture absolument attractive et d’une merveilleuse évolution tant florale, tantôt cuirée. Je dois dire que je suis vraiment très séduit par son évolution sur la peau. C’est mon coup de coeur à ce gour de la marque. C’est un merveilleux parfum.
Si je crois que « Ambre Éternel » n’existe plus, il y a d’autres parfums dans la collection mais je n’avais envie de parler que de ceux que j’aimais le plus. En tout cas, elle est facilement accessible et elle se doit d’être découverte. Dans l’idée, elle ne pouvait pas me plaire et pourtant j’ai bien aimé. Je vous engage à aller en sentir ces parfums et vous faire votre propre idées, vous pourriez, comme moi, être surpris.
Quelques merveilles redécouvertes
Il est des parfums que je connais et que, pourtant, je redécouvre sans cesse. Leur évolution me séduit même si je ne les porterais pas forcément. Je suis content de les redécouvrir, de remettre mon nez dessus. Il peut s’avérer qu’ils deviennent « pour moi » ou qu’ils soient seulement de belles oeuvres d’art olfactives que je n’ai pas envie de sentir autour de mon cou. Peut-être qu’il y a les parfums à porter, les parfums à sentir et les parfums à vendre. Il faut de tout pour que vive l’olfaction. J’en ai sélectionné quatre que je ne pourrais pas nécessairement avoir sur moi (quoiqu’on évolue) mais sur lesquels j’aime revenir.
Créé en 1948 par l’atypique et fort talentueuse pionnière Germaine Cellier, « Fracas » de Robert Piguet est un monument de la parfumerie il faut bien le dire. Il a été porté par de nombreuses personnalités publiques dont Juliette Gréco et il est mythique. La marque le décrit ainsi : « Avec des accords de tubéreuse et de jasmin incomparables et inégalés, cette concoction luxuriante et crémeuse adhère à la peau d'une femme et se réchauffe avec sa chimie unique. Contrairement à de nombreuses fleurs blanches traditionnelles, Fracas est sombre et succulente. De riches accents de bois de santal et de musc délicat rehaussent l'éclat et la complexité ». Construit autour de la tubéreuse, « Fracas » est un grand floral comme on ne pourrait plus en créer aujourd’hui avec une formule longue, complexe et particulièrement opulente. J’aime énormément ce parfum. Je trouve que c’est l’un des chefs-d’oeuvre de Germaine Cellier et il est, à ce jour, le seul rescapé de son travail que l’on peut encore trouver à la vente. Je ne sais pas si j’assumerais ce parfum même si je ne pense pas que ce soit une question de genre. La tubéreuse, que j’ai appris à apprivoiser, y est présente, tour à tour florale et animale. Elle est singulièrement associée au jasmin et cette fragrance devient alors clair obscure, parfois lumineuse, parfois vraiment sombre. Pour moi, on est au-delà du parfum, « Fracas » est un bijou.
Il n’est nullement un secret pour vous que j’ai une prédilection pour les parfums Naomi Goodsir. J’ai, non seulement aimé les créations mais la rencontre avec les fondateurs de la marque a été un bon moment de partage aussi, je garde une certaine bienveillance c’est vrai. Ce qui est réel aussi, c’est l’originalité et la qualité des jus. Tout cela pour dire que le seul que je pensais ne pas pouvoir porter était indéniablement « Or du Sérail » créé par Bertrand Duchaufour en 2014 et inspiré par une peinture d’Eugène Delacroix. « Une composition ambrée, boisée, musquée et gourmande qui évoque l’opulence d’un tabac oriental, entre ombre et lumière ». C’est un oriental solaire entre notes fruités et particulièrement la mangue à l’envolée, mais aussi un coeur d’ylang-ylang avec une touche de coco et d’armoise au coeur et un fond un peu tabac miellé et cire d’abeille en fond. La mangue est mise en valeur et elle n’est absolument pas soutenue par un fond très boisés qui viendrait casser sa douceur et sa rondeur. Bertrand Duchaufour est un virtuose, un parfumeur d’expérience et de talent qui a su réinventer le style oriental avec une note exotique très moderne. J’ai longtemps pensé que je ne pourrais pas porter « Or du Sérail », plus je le sens, moins j’en suis sûr !
Lancé en 2009, « 3 Fleurs » n’est sans doute pas le parfum le plus connu qu’ait pu créer Marc-Antoine Corticchiato pour sa maison Parfum d’Empire et pourtant je le connais. bien. C’est un parfum complexe, opulent, basé sur l’association du jasmin, de la rose et de la tubéreuse dans une concentration eau de parfum proche de l’extrait. Le parfum s’ouvre directement sur des notes de rose, de menthe et d’ylang-ylang et évolue vers un coeur de tubéreuse, de rose, de géranium, de jasmin et d’iris avant de retrouver le jasmin et la tubéreuse associées aux muscs blancs en fond. Il en résulte un parfum floral, intense, dense et élégant. La marque le décrit ainsi : « 3 Fleurs raconte une histoire tissée avec les fils de l’amour tel qu’on le conçoit dans les grandes civilisations. Les larmes de sève verte du galbanum, une menthe croquante, une qualité de rose renversante, la blancheur diaphane d’un jasmin sophistiqué et le caractère sauvage de la tubéreuse… Un vrai floral, tout en pétales, renforcé par un cocktail de muscs blancs. Construit comme un bijou élégant. La peau l’aspire. C’est une promesse tenue… ». Je ne pourrais pas porter « 3 Fleurs », je l’ai essayé souvent, sur moi, la tubéreuse est vraiment prépondérante et son sillage, pour le coup, est un peu trop important pour moi. Il n’en demeure pas moins que c’est un parfum magnifique.
« Bana Banana » a été créé par Céline Ellena en 2019 pour L’Artisan Parfumeur et je dois dire que ce parfum m’a énormément dérouté. « Une banane ambrée, composition baroque, rare et généreuse : le mariage d’une guirlande de jasmin et d’un bouquet de bananes confites ». Avec un départ de babafigue qui est, en fait, la fleur du bananier, un coeur amandé de fève tonka et un fond de jasmin, cette création nous emporte dans un sillage tout d’abord nettement fruité, voire même chimique mais son évolution poudrée et florale me rend vraiment addict. Le côté jasminé, très profond et très nuancé des notes de fond sont une merveille. Tout comme « Or du Sérail », j’ai pensé longtemps que « Bana Banana » n’était absolument pas pour moi mais je dois bien dire que je le trouve absolument fascinant. Je l’ai essayé récemment sur la peau et j’ai revu mon jugement. Je pourrais parfaitement me l’approprier. Exotique, floral et baroque, c’est vrai, pour moi « Bana Banana » est complètement abouti. J’aime énormément ce parfum et je pourrais tout à fait, finalement, le porter. De cette sélection, je pense que ce serait le plus facile d’accès pour moi.
Ne jamais dire jamais est la règle en parfumerie mais, avec cet article, j’ai voulu vraiment et surtout vous donner envie d’aller sentir ces trois créations hors du commun et des sentiers battus. Je suis fasciné par l’étendue des possibilités en parfumerie.
Trois coups de coeur dans la collection L'Esprit Cologne de The Different Company
Le soleil est là et l’esprit Cologne et la fraîcheur commencent à faire envie. Depuis quelques années, cette construction olfactive à la fois hespéridée, florale, épicée et aromatique revient à la mode sous des formes plus modernes et plus variées. Je ne m’étais pas vraiment penché sur la collection Esprit Cologne de The Different Company qui est sortie en 2011, 2012 et 2013. Je dois dire que j’ai été pas mal séduit par les compositions que j’ai pu essayer. J’en avais peut-être cité une ou deux dans ma revue sur la marque il y a quelques mois mais là, j’en ai sélectionné trois que j’ai aimé particulièrement et je vais essayer de vous donner envie d’y mettre votre nez.
Émilie Coppermann
« Je suis d’une humeur ravageuse, ma couleur et mon sillage enveloppant vous évoquent la nuit, après-minuit. On se doit de me porter une fois que le soleil se cache, pour que je puisse vous livrer mes charmes et secrets. Je suis une fragrance ensorcelante, presque magique. Ma fraîcheur lumineuse et dorée, sur un lit d’iris poudré et d’angélique suave, est réchauffée de cannelle. Je m’assagit et m’adoucis alors sur un fond musqué de baume benjoin de graine d’ambrette. Je suis sorcellerie et enchantement. Une fois la nuit tombée, et que le douzième coup de minuit a sonné, nul ne peut se détourner de mon sillage envoûtant et sensuel. Je suis After Midnight ». Tels sont les mots de la marque pour expliquer l’inspiration d’Émilie Coppermann lorsqu’elle a inventé ce parfum en 2011. Pour ma part, je suis très séduit par cette envolée de bergamote et de néroli qui enveloppent l’amertume croquante de la racine d’angélique, le coeur poudré d’iris et de lentisque épicé d’écorce de cannelle et fleuri par un jasmin délicat puis le fond de benjoin baumé, de labdanum cuiré, de graine d’ambrette et de muscs blancs. Il y a quelque chose de vraiment très addictif dans cette création particulièrement originale et douce amère avec une fraîcheur presque ronde. Quand je l’ai essayée sur la peau, je me suis vraiment fait plaisir et je me suis dit qu’il pourrait vraiment m’accompagner facilement. Il est suffisamment original pour me donner envie et pas si éloigné de ma zone de confort. Pour moi, « After Midnight » est une vraie réussite.
« Je suis un mirage aux yeux de ceux qui bravent le désert. Lorsque je me révèle, j’offre un havre de fraîcheur sous un enfer ensoleillé et sec. Oasis abondante, je fais face à l’aridité avec insolence et puissance. Je suis un parfum lumineux. Après un départ fusant, épicé, ma douceur orientale s’appuie sur une fleur d’oranger délicate habillée d’un duo de tubéreuse et de fleur de pêcher, tandis qu’un accord ambré musqué en fond dévoile toute ma sensualité. Je suis une escapade dans un paradis luxuriant. Je vous transporte dans une contrée lointaine, Zagora, entre oasis et désert marocain. Un moment apaisant et relaxant, je suis White Zagora ». C’est le versant floral de l’esprit cologne qui prend tout son sens avec cette explosion de fleurs blanches et de notes légèrement et délicatement fruitées. Un départ de néroli, de cédrat et de bergamote très frais nous conduit sur un coeur trio de fleur d’oranger, de fleur de pêcher et de tubéreuse d’une rare élégance pour se poser sur un fond, et ce n’est pas banal, d’osmanthus rehaussé de muscs blancs et d’ambre. Pour cette création sortie en 2013, Émilie Coppermann n’a pas hésité. Elle a cassé les codes de la cologne pour inventer une explosion florale et presque fruitée sans aucune vergogne. Pour moi qui ne raffole pas des notes de fruits en parfumerie (exception faite de la prune), c’est une véritable révélation. Si je comprends l’inspiration de « White Zagora », il m’évoque plutôt des émotions printanières qu’une promenade dans le désert marocain. Encore une fois, c’est, pour moi, un coup de coeur dans la collection avec cette élégance presque « à l’anglaise ».
« Je suis un splash aérien et pur, un souffle vert, soutenu par les feuilles de basilic et le pissenlit, qui rafraîchit l’esprit. Mon équilibre olfactif est instable, entre des notes florales et des facettes aromatiques teintées d’une douce lumière. Je suis une balade dans un jardin japonais, je déambule dans les allées de cerisiers en fleurs, bercés par le chant des bambous qui s’entrechoquent, humant l’intense odeur de l’herbe fraîchement coupée. Je suis un hommage à cette 5ème saison japonaise, un temps étrange entre le printemps et l’été : fleuri, frais et chaud. À l’image de ces instants, jasmin étoilé et cyclamen se mêlent en mon coeur, et c’est alors que mon musc overdosé entre en scène pour révéler toute ma sensualité, je suis Tokyo Bloom ». Alors là, c’est une révélation. Je suis complètement séduit par ce parfum léger, aérien et vert qui, c’est vrai, évoque la discrète élégance des allées empierrées de jardins japonais. Le départ très aromatique de basilique et de pissenlit est cassé par le croquant du bourgeon de cassis et la verdeur presque acidulée du galbanum. Le jasmin étoilé et le cyclamen au coeur confèrent à l’évolution une douceur florale qui vient contrebalancer le côté incisif de l’envolée et je trouve qu’il y a un côté bambou en effet à ce stade de l’évolution quand au fond très muscs blancs, il est arrondi par le bois de gaïac et l’ambre. J’ai un vrai coup de coeur pour « Tokyo Bloom » qui est sans doute mon préféré de ma sélection mais aussi de la collection. J’ai adoré ce parfum sur ma peau. Il est tout en légèreté et en douceur tout en gardant son côté vert. C’est carton plein !
Émilie Coppermann a su réinventer l’esprit cologne avec toute la délicatesse d’un parfumeur de grand talent. Je suis vraiment très content d’avoir remis mon nez dans cette collection qui me fait vraiment vibrer. Sa modernité et son inventivité ne peuvent que ravir le nez de l’amateur de fragrances que je suis. Les créations évoquent un été réjouissant et jubilatoire !
Deux parfums testés longuement chez Louis Vuitton
Je n’ai pas, c’est vrai, accroché spécialement avec les parfums Louis Vuitton. Peut-être que l’univers olfactif de Jacques Cavallier n’est pas nécessairement pour moi mais je me devais de suivre vos conseils et de remettre mon nez dans les collections de la marque pour en extraire deux, encore vendus, qui pourraient me plaire un peu plus. Je ne peux pas faire preuve d’engouement car je m’éloigne tellement de ma zone de confort que je ne pourrais sans doute pas porter ces deux fragrances. J’ai choisi un féminin qui pourrait tout à fait être porté par un homme et un masculin qui pourrait tout aussi bien s’adresser à une femme et je vais essayer de vous en faire une revue en décrivant mon ressenti.
« Mille Feux » a été lancé en 2016 tout au début de la sortie de la collection et j’avoue que j’avais été plutôt séduit par « Dans La Peau » qui, dans le même style, était plus proche de ce que j’aime mais qui a, depuis, été discontinué. Je me suis donc laissé conseiller ce parfum basé de la même manière sur une infusion de cuir, processus uniquement utilisé dans les parfums de la marque mais associée à un départ de framboise et d’osmanthus et à un coeur d’iris et de safran. Sur le papier, il y a deux notes que je ne supporte pas bien en parfumerie et je me suis dit que j’allais détester mais, comme vous le savez, il ne faut jamais dire jamais. La marque évoque ainsi cette création : « Un rayon doré, un ciel étoilé, une aurore boréale... la lumière contribue à la magie du voyage. Pour capter son incandescence, le maître-parfumeur Jacques Cavallier Belletrud a cherché une couleur à associer à ce thème. Lors d'une visite dans l'un des ateliers de cuir de Louis Vuitton, il a observé un artisan transformer un cuir couleur framboise en un sac à main luxueux. La peau aussi brillante que le fruit mûr lui a donné l'idée de mêler le parfum du cuir à celui de la baie. Il a donné forme à la composition avec de l'osmanthus, une fleur blanche au parfum animal, à laquelle se mêlent l'abricot, l'iris et le safran. Mille Feux est une explosion de sentiments. Un feu d’artifice. » Je dois dire que c’est assez bien vu. Curieusement, ni la note de framboise que j’ai tendance à détester et qui me dérange presque systématiquement, ni le safran dont j’aime plus le goût en cuisine que l’odeur en parfumerie, ne me posent problème. C’est un joli cuiré qui matche relativement bien sur ma peau. Je ne sais pas si je pourrais le porter mais je le trouve suffisamment élégant et androgyne pour m’y pencher.
« Imagination » est l’une des dernières sorties de la collection masculine car il est sorti au printemps 2021. La marque le décrit ainsi : « L’imagination. Elle est la clé de toutes les audaces, de tous les succès, le moteur des créatifs qui donnent vie aux rêves les plus fous. Une énergie immatérielle qui se nourrit du voyage, de ces expériences qui forgent un nouvel état d’esprit. Elle guide depuis toujours le travail de Jacques Cavallier Belletrud. À travers une surdose d’ambrox, véritable or blanc de la parfumerie, le Maître Parfumeur réinvente l’accord ambré pour exprimer une masculinité sensuelle et contemporaine. Les contrastes se déploient au contact des agrumes les plus nobles et du thé noir de Chine extrait au Co2, une matière magique qui porte en elle l’âme du voyage. Avec Imagination, l’esprit s’élève, s’évade, pour parcourir et conquérir les chemins de la liberté ». L’inspiration est nettement une invitation au voyage et à. Une certaine liberté. Je suis assez amateur de thé, que ce soit à boire ou en parfumerie et j’en attendais beaucoup. Il est vrai que je suis capable d’en identifier la qualité lorsque le coeur arrive après un départ de néroli et de bergamote épicées par la cannelle et le gingembre et avant que le parfum ne se pose sur un fond d’ambrox très important et renforcé par une qualité de cèdre de Sicile que je ne connaissais pas et qui sait se faire discret. Sur ma peau, le parfum se développe bien jusqu’à un certain point et il est vrai que, s’il reste un peu linéaire, il est assez joli. J’aime bien la dualité entre le thé, un peu sombre et les épices lumineuses. Il n’est pourtant pas le parfum de ce style de ma vie et, si je pourrais tout à fait le porter, je ne suis pas certain que je serais capable de mettre un prix pareil dans une création que j’aime bien mais qui n’est pas un coup de coeur.
Malgré mes efforts, je ne suis pas vraiment emballé par les parfums Louis Vuitton. Certes, ils ont qualitatifs, c’est une évidence, mais je trouve qu’ils sont quand même un peu surcôtés. Je les trouve jolis mais aucun ne me provoque l’émotion suffisante pour me faire envie. Je le reconnais, ces deux-là sont intéressants mais je ne suis pas du tout certain de franchir un jour le cap. Ils auraient étés plus abordables, la question aurait pu se poser mais tel n’est, hélas, pas le cas. Globalement, je suis moins séduit par cette collection que par celle de Céline ou d’Armani par exemple. Ceci dit, je suis très content que vous m’ayez poussé à remettre mon nez dedans ne serait-ce que pour ma culture olfactive.
Quelques succès de la parfumerie de niche que j'aime
Ils sont devenus incontournables et ce sont des succès de la parfumerie de niche. Je dois dire que, si je cherche quelques parfums qui font la quasi-unanimité chez les amateurs et ont projeté les marques dans lesquelles ils sont sortis sur le devant de la scène olfactive depuis de nombreuses années. J’ai décidé, à la demande générale, de faire une sélection de ces fragrances qui, enfin je trouve, méritent vraiment leur succès et ont participé à faire de maisons un peu oubliées ou confidentielles, ce qu’elles sont aujourd’hui.
Le premier qui me vient à l’esprit est bien évidemment « Mûre et Musc » créé par Jean-François Laporte pour sa marque L’Artisan Parfumeur en 1978. Mélanger un départ de citron, un coeur de mûre et un fond très propre de muscs blancs addictifs, il fallait y penser et le parfumeur a cassé tous les codes avec cette formule qui, sans jamais être simpliste, demeure courte et va à l’essentiel. Je ne suis pas du tout un adepte des parfums dans lesquels les fruits rouges ou noirs sont travaillés en majeur. Je trouve qu’il y a toujours quelque chose de chimique, sucré et dérangeant mais ce n’est absolument pas le cas de « Mûre et Musc ». Il y a quelque chose de très délicat, de très élégant et qui interpelle dès la vaporisation et franchement, pour l’avoir redécouvert récemment, j’ai découvert à quel point il n’avait pas pris une ride. Il est complètement contemporain et n’offre aucune facette vintage. Bien sûr, aujourd’hui, plusieurs d’entre-nous l’ont beaucoup senti et, pour moi, il est la signature du mari d’une de mes amis or j’aurais du mal à le porter mais il reste quand même vraiment une merveille il faut bien le dire. Je le préfère d’ailleurs à la version extrême créée par Jean-Claude Ellena qui est belle mais peut-être moins délicate.
Le moins que l’on puisse dire c’est que « L’Eau d’Hadrien » créé par Annick Goutal et Francis Camail en 1981 fait partie de ma vie depuis plus de trente ans puisque la version eau de toilette accompagne mon papa depuis autant de temps et il faut bien dire que c’est, pour moi, un incontournable particulièrement intemporel et qui rompt complètement avec la tradition des colognes à la française ou à l’italienne avec un côté complètement citron, décalé et moderne. « Une signature fraîche et élégante devenue légendaire. En 1981, Annick Goutal fonde sa Maison de Parfums de niche et crée l'avant-gardiste Eau d'Hadrien, en souvenir de ses lectures des Mémoires d’Hadrien, en Italie. Parfum signature de la Maison, l'Eau d'Hadrien livre une vision amoureuse de la Toscane, de son soleil et de ses terrasses bordées de cyprès. Dans ce parfum hespéridé, un cocktail de citron et d’agrumes éclatants pétille à l’ombre du bois de cyprès ». Jugez plutôt, une explosion de citron, de cédrat, de pamplemousse, de bergamote et de mandarine verte dès l’envolée, un coeur d’ylang-ylang et un fond de cyprès. Ce panier d’agrumes n’est absolument pas aromatique, il est juste comme une coulée fraîche et élégante sur la peau. Il y a quelque chose de singulier et d’intemporel pour cette création qui est devenue, il faut bien le dire, un vrai classique de la parfumerie contre toute attente car il était complètement dans un esprit inverse à ce qui se faisait ces années-là.
Je ne suis pas très fan des ambrés fleuris et « Teint de Neige » créé en 2000 par Lorenzo Villoresi pour sa marque éponyme avait tout, sur le papier pour ne pas me plaire en dépit de son succès inégalé qui a initié la création d’un autre parfum « Alamut » mais aussi de toute une gamme de produits dérivés. Il s’ouvre sur une envolée de jasmin et de rose légèrement aldéhydée pour nous conduire sur un coeur amandé de tonka et d’héliotrope rendu lumineux par une très belle qualité d’ylang-ylang puis un fond basé sur un accord ambre, musc et poudre de riz. Le parfumeur le décrit ainsi : « Sensuel et délicat, Teint de Neige est un rappel sophistiqué à la couleur des poudres parfumées pour le visage. Un voile doux et agréable se déposant au fil du temps sur votre peau, sublimé par les notes de rose et d'ylang ylang. Un arôme délicatement imprégné par la richesse des extraits naturels du jasmin. Une fragrance aux notes poudrées qui évoquent la pure féminité de la Belle-Époque ». Curieusement, il évoque une certaine quintessence de la féminité mais, pour ma part, je le trouve aussi formidable sur les hommes que sur les femmes. C’est un parfum riche, opulent, doté d’un incroyable sillage. Il devient vite signature et le plaisir que j’ai à le sentir est toujours le même. Je ne sais pas si j’oserai le porter car il prend beaucoup de place mais c’est un jus vraiment splendide à mon goût.
Il est « le » cuir le plus avant-gardiste de la parfumerie de niche car à sa sortie, en 2006, « Cuir Ottoman, inventé par Marc-Antoine Corticchiato pour sa marque, Parfum d’Empire, est une merveille et son succès n’est pas une surprise. Il est devenu l’un des musts de la parfumerie de niche et c’est vrai qu’il va plaire à la fois aux amateurs de la famille olfactive et aux autres car son apparente modernité cache quand même quelque chose de profondément ancré dans tout ce qui fait la belle parfumerie à la française : « Cuir puissant et irisé, concentré de sensualité orientale. Cuir embaumé d’iris, facetté par le ciste et réchauffé par le styrax brûlé, qui entraîne dans son sillage les notes enivrantes des parfums orientaux – baume de tolu, résine de benjoin et larmes d’encens… L’effluve devient opulent avec le jasmin d’Égypte, puis s’arrondit avec la vanille et la fève tonka. Et le cuir ottoman se fait chair alanguie offerte aux vapeurs du hammam ». À mi-chemin entre un parfum réellement cuiré et un oriental, il rompt avec la tradition des cuirs de Russie avec son départ irisé et poudré, son coeur très ciste labdanum et styrax et son fond un peu benjoin et encens. C’est un parfum vraiment atypique, tout à fait addictif. Je l’ai porté, je l’aime vraiment beaucoup même si je lui préfère « Ambre Russe » ou « Eau Suave » dans la marque, qui sont moins connus mais plus conformes à mes goûts. En revanche, c’est un parfum magnifique que j’ai toujours envie de sentir et de re-sentir.
Créé en 2009 par Jérôme Épinette pour Byredo sous l’impulsion de Ben Gorham, « Bal d’Afrique » remporte tous les suffrages et c’est bien normal. « Empreint d’une beauté féerique, Bal d'Afrique est une déclaration d’amour de Ben Gorham au continent africain. Une célébration de la portée et l'influence de l'Afrique à travers le temps, en particulier la façon dont ses myriades de cultures ont façonné la danse, l'art et la musique, l'idée d'un événement imaginaire ». Un départ de rose, de bergamote et de buchu, une sorte de bois de bouleau, un coeur de cyclamen et de feuille de violette, un fond de cèdre et de vétiver, c’est un parfum aux accents presque gourmand contrebalancé par un côté orange amère. Je suis loin d’adhérer à l’univers de la marque mais je reconnais que j’aime « Bal d’Afrique » même si j’ai un peu de mal à en comprendre l’inspiration. C’est un parfum qui évolue, qui se fond dans ma peau. Je l’ai essayé et réessayé. Il est complètement étrange et étranger à ce que j’ai l’habitude de porter et de sentir pourtant, dès que je l’ai découvert, il m’a paru évident comme une belle chose qui irradie et qu’on aime tous. « Bal d’Afrique », de mon point de vue, mérite son succès et je le trouve vraiment très intéressant, très beau et facile à porter à la fois.
Créé en 2010 par Christophe Herault, Olivier et Erwin Creed, « Aventus » sorti dans la collection des masculins de Creed, a rencontré un tel succès qu’il a été décliné dans une version féminine et, plus récemment, une cologne plus boisée. Je dois dire que ce parfum était aussi une petite révolution. Il a donné un coup de jeune terrible à cette maison qui avait quand même un côté suranné et un peu poussiéreuse (même si j’aime les anciennes créations). C’était un vent de modernité et d’une élégance ancrée dans la culture franco-britannique avec un départ d’ananas, de bergamote, de cassis, d’orange, de poivre rouge et de pomme enveloppé d’un côté galbanum, un coeur de baies roses, de bouleau, de cyclamen, d’hédione, de jasmin, de melon et de néroli et un fond d’ambre, d’ambroxan, de cèdre, de cuir, de mousse de chêne, de musc, de patchouli et de vanille. Puissant, chypré, « Aventus » est décrit ainsi : « Aventus a été créé par la sixième génération du maître parfumeur Olivier Creed pour commémorer le 250e anniversaire de la Maison Creed. La force, la puissance, la vision et la réussite sont toutes incarnées dans cette eau de parfum moderne pour hommes. Aventus est un parfum somptueux pour le gentleman traditionnel qui a juste ce qu'il faut d'élégance moderne. Les notes de tête d'ananas et de bergamote se mélangent discrètement à la fraîcheur de la pomme, tandis que les notes de jasmin agrémentent la profondeur du bouleau. Enfin, l'ambre gris et le musc offrent une sensation enveloppante. Inspiré d'un chevalier galopant avec le vent en poupe (du latin "ventus", vent), ce parfum a été conçu en 2010, comme un souffle d'air hespéridé sur un fond puissant de mousse de chêne ». C’est un classique et on le comprend tant il est réussi. Maintenant, il semble presque « trop senti » mais je continue de comprendre son immense succès et à l’aimer envers et contre toutes mes idées reçues.
Il est d’autres classiques de la parfumerie de niche qui remportent un grand succès mérité mais je dois dire que je suis très amateur de ceux que j’ai développé dans cet article. Je suis complètement séduit dans l’absolu et j’aime sentir chacun d’entre-eux même si je ne pourrais pas nécessairement tous les porter. J’espère vous avoir donné envie d’y remettre votre nez.
Maison Crivelli, une inspiration issue des cinq continents
Thibaud Crivelli est, jeune passionné, voyageur infatigable et il s’est inspiré de l’exploration des pays qu’il a visité ainsi que de l’expérience de générations qui l’ont précédées et qui ont vécu sur cinq continents pour la fondation et la création de sa maison de parfums. « Chaque parfum est une composition inspirée d’expériences réelles et basée sur un accord de matières premières inédit dans la Haute Parfumerie. Les flacons sont scellés par un capot marqué du monogramme de Maison Crivelli. Une signature assumée reposant sur un zamac brut au design aléatoire. Chaque capot est unique et prolonge ainsi cet art de l’inattendu qui est si cher à Maison Crivelli ». Je dois dire que j’ai été un peu long à rédiger cet article que j’ai sous le coude depuis déjà un moment car j’ai découvert la marque lors de nos mes deux précédents séjours à Paris. J’ai eu un accès très libre à ces parfums donc j’ai essayé sur la peau tout à loisirs. J’ai même glané quelques échantillons. Je vous ai déjà parlé de « Patchouli Magnetik », le nouvel extrait que j’ai beaucoup aimé donc je vais essayer de me concentrer sur quatre autres parfums que je trouve vraiment significatifs de l’esprit de la maison.
Le premier que j’ai bien aimé est « Fleur Diamantine » créé par Bertrand Duchaufour en 2018 et dont le nom m’a fait rire (private joke). L’inspiration en est ainsi décrite : « L'expérience : une promenade en fin de journée à travers un jardin blanc parsemé d'orangers et de jasmins en fleurs, tout en dégustant une glace au safran. Le contraste surprenant : un accord de fleurs blanches très aérien contraste avec la texture crémeuse d'une amande amère ». Après un départ de néroli, les fleurs blanches prennent toute leur place au coeur et le jasmin, plutôt solaire et presque orné de menthe et de safran donne une vraie dimension au parfum. Je dois dire que le fond de coumarine, de mousse de chêne avec un accord amande amère me plait un peu moins. J’aurais préféré rester sur l’explosion de fleurs et surtout de jasmin. La dualité me déroute un peu. Sur la peau, « Fleur Diamantine » est quand même un très beau parfum délicat et nuancé, un peu en clair obscur. Il est le tout premier que j’ai senti et essayé. Je pense qu’il appartient complètement à ma zone de confort.
Sorti en 2021, « Lys Solaberg » fait partie de ces créations à côté desquelles je suis un peu passé et c’est pourquoi il ne fait pas partie de mon top de l’an dernier. Il m’a fallu y revenir en me disant que j’aimais la note de lys et qu’il me fallait l’essayer un peu mieux. Je trouve qu’on y retrouve vraiment la signature spirituelle de Nathalie Feisthauer. « L'expérience : une découverte de lys lors d’une promenade nocturne sur un fjord. Le contraste surprenant : un lys fumé, nacré contraste avec une note humide et ambrée ». Le parfum s’ouvre sur un accord de coing suave et d’huile essentielle de calamus, le coeur est très étonnant car il est constitué de bois de gaïac très doux, d’ambroxan, de mousse de chêne puis le parfum se pose sur un fond très boisé de cèdre, d’un absolu de copeaux de chêne torréfié, de tabac et le côté cuiré du ciste labdanum prend toute sa place. Je dois dire que je suis assez dérouté mais tout d emême séduit par ce lys, chaud et froid, floral et fumé, étonnant et tout de même rassurant. Il fait partie de mes deux préférés de la collection même si la dimension un peu spirituelle m’échappe quelque peu.
Sorti également en 2021 et créé par Stéphanie Bakouche, « Osmanthe Kodoshan » est tout de même vraiment par essence, le parfum qui devait me plaire un peu et qui, c’est vrai, est agréable à mon nez. « L'expérience : une découverte de fleurs d’osmanthus sur une montagne tropicale enveloppée dans la brume. Le contraste surprenant : un osmanthus cuiré et végétal contraste avec des notes boisées envoûtantes et relaxantes ». L’envolée de badiane, de poivre Sichuan et d’osmanthus plutôt sous sa facette florale évolue vers un coeur de patchouli puis un fond de tabac et de ciste labdanum qui renforce la facette cuirée de cette fleur si singulière. J’ai beaucoup aimé « Osmanthe Kodoshan » mais il ne m’a pas vraiment surpris. Je l’ai trouvé conforme à mes goûts, élégant et cuiré avec un versant floral et profond. Il me plait certes mais je le trouve presque un peu classique par rapport à son inspiration. C’est un très joli parfum mais, dans ce style, je lui préfèrerai peut-être la légèreté de « Osmanthus » de Ormonde Jayne que je trouve plus lumineux. Ceci n’est qu’un ressenti personnel qui n’a absolument pas valeur de critique et qui ne remet absolument pas en question le travail très fin de Stéphanie Bakouche que j’aime quand même beaucoup.
« L'expérience : la découverte inattendue de la poudre de racines de papyrus, en compagnie de femmes qui fumaient des petits cigares. Le contraste surprenant : une note boisée, douce et poudrée contraste avec un accord tabac vif et rebelle ». Créé et lancé en 2020 par Leslie Girard, « Papyrus Moléculaire » est vraiment mon préféré de la collection des eaux de parfum. Avec un départ de coriandre et d’huile essentielle de papyrus très reconnaissable, le parfum évolue sur un coeur de santal pas du tout crémeux et rehaussé de poivre noir vraiment étonnant. Le fond de fève tonka, de tabac et d’un accord cuir très doux le rend vraiment profond et facetté. Le parfum est, sur ma peau, tour à tour poudré, tabac, boisé et vert. Il est différent, artistique et, même s’il est loin de ce que j’aime, il est peut-être le seul que j’aimerais porter. J’ai un coup de coeur pour celui-ci et j’ai aimé l’essayer et le réessayer.
J’ai été moins séduit par les autres parfums même si je reconnais qu’ils sont intéressants et, si je veux être honnête jusqu’au bout, je crois que ma plus belle surprise fait partie des nouveautés et qu’il s’agit de « Patchouli Magnetik » que j’aime vraiment beaucoup. Il sera, je pense, en bonne place dans mon top 2022.
Matin Lutens, deux nouveautés et une réédition
« Un moment de sérénité, un retour aux sources pour se reconnecter à l’essentiel à travers la nouvelle collection Matin Lutens. » Exit les Eaux de Politesses lancées il y a trois ou quatre ans et bienvenue Matin Lutens, trois créations dont une réédition qui viennent compléter l’offre de la maison. J’avais entendu parler de ces fragrances il y a quelques mois et je les avais découvertes il y a déjà un peu de temps mais j’attendais qu’elles sortent pour vraiment les essayer et venir en parler. Je dois dire que, si je suis très fan du packaging puisque je retrouve le premier flacon des eaux avec une nouvelle étiquette et une nouvelle boite élégantes dans les tons de beige. En revanche, je suis un peu dubitatif sur les jus qui m’ont moins séduit que je ne l’avais cru au premier abord. Loin de moi l’idée de n’écrire un article que pour être négatif mais je me dois d’être un peu subjectif et de vous exposer ce que j’ai ressenti en les essayant.
« Définie incolore, inodore, pourtant quand profonde, sans être bavarde, l’eau parle d’un parfum...Une composition originale et moderne qui met fin au mythe de l’eau inodore. Un parfum qui incarne le retour aux sources de la véritable eau profonde. Une immersion dans l'eau pure. Un rituel à associer aux gels moussants Matin Lutens pour un sillage prolongé. Matin Lutens, une ligne évoquant par son esthétisme épuré et sa pureté, toute la simplicité d’un rituel tourné vers les essentiels du matin : l’eau, le bain et... quelques gouttes de parfums Matières brutes, couleurs évoquant une sérénité enfin retrouvée, en parfait accord avec l’esprit organique des créations olfactives de cette collection, Matin Lutens offre à chacun le retour aux sources tant espéré : La quiétude d’un réveil en grâce ! ». Entre aiguilles de pin, zeste de citron et feuilles d’eucalyptus, ce parfum est une explosion de fraîcheur et de transparence il faut bien le dire et je pense sincèrement qu’il sera très agréable à porter. Bon, il n’est pas, pour moi, dans le style Lutens et je pense que, petit à petit, Christopher Sheldrake, comme il l’avait fait pour « Des Clous pour une Pelure » que j’aimais beaucoup, il se met à travailler les agrumes même sous forme de zeste. Je rappelle, en ancien amateur de la maison que Serge Lutens ne souhaitais pas de notes hespéridées dans ses parfums, se limitant aux fleurs (oranger et citronnier) pour figurer une certaine fraîcheur. « Parole d’Eau » est vraiment dans ces notes d’agrumes fraîches et agréables même si je lui trouve un petit côté chimique qui ne m’a pas trop plu.
« Fraîcheur de l'eau, propreté d'un linge finement repassé, taie d'oreiller où l'on ne fait que des rêves...L’Eau Serge Lutens nous propose de renouer avec un monde où le vrai luxe s'incarnerait avant tout par la propreté. Définitif, radical, pour en finir avec le parfum comme tic hygiéniste et social. Un rituel à associer aux gels moussants Matin Lutens pour un sillage prolongé. Matin Lutens, une ligne évoquant par son esthétisme épuré et sa pureté, toute la simplicité d’un rituel tourné vers les essentiels du matin : l’eau, le bain et... quelques gouttes de parfums Matières brutes, couleurs évoquant une sérénité enfin retrouvée, en parfait accord avec l’esprit organique des créations olfactives de cette collection, Matin Lutens offre à chacun le retour aux sources tant espéré : La quiétude d’un réveil en grâce ! » J’ai toujours aimé « L’Eau » car, pour une fois, je peux sentir les muscs blancs de manière très tranchée. J’aime la facette menthe et aussi le côté aquatique du magnolia. La marque ne communique, comme à son habitude, que très peu sur les notes et je ne me fie qu’à mon nez pour décrire mes impressions, ne voulant pas trop dire de choses fausses. Je dois dire cette réédition est la création entre les trois sorties que je préfère. Je pourrais tout à fait la porter.
« Les deux mains par les bras en avant et la tête en second, on y plonge ! Un véritable plongeon en pleine mer, la cristallisation du sel marin sur la peau au soleil… Dans le bleu qui pétille relate l’odeur du sel et de l’iode sur une peau chauffée. Un parfum sensuel, frais et inimitable ». Je dois dire que je suis très rebuté par l’association coumarine et calone de ce parfum qui s’ouvre sur des notes d’algues laminaires et de graine de coriandre. Très linéaire, il faut quand même le poser sur la peau pour le supporter car il se calme sans vraiment changer d’odeur. Je dois dire que le côté très synthétique de cette création me donne un certain mouvement de recul. Pour moi, et je ne m’étendrai pas, « Dans le Bleu qui Pétille » est vraiment dérangeant comme auraient pu l’être certains marins des années 90. Je préfère passer mon tour et ne pas trop réessayer. En revanche, s’il est clivant, je pense qu’il trouvera son public. Là, pour le coup, je trouve qu’on est parfaitement dans l’esprit Lutens.
Vous l’aurez compris, je ne suis pas tellement attiré par cette nouvelle collection qui me ferait un peu regretter Les Eaux de Politesse. Heureusement « L’Eau de Serge Lutens » est sauve… Ça me rassure !
V'là l'printemps
Cette fois c’est le printemps ! L’envie me prend d’aller explorer des parfums de transition comme chaque année. J’ai envie de fragrances plus légère, un peu plus lumineuses aussi pour égayer sans doute les journées un peu sombres, un peu désagréables et sans trop de soleil. En tout cas, je suis content de remettre mon nez dans des parfums plus aériens, moins opulents car, une fois de plus, je rentre dans la zone de confort. Alors, floral, chypre, cuir un peu frais ou aromatiques fougères, quels seront mes choix cette année ? J’en ai sélectionné quatre mais cette liste non-exhaustive et pourrait changer à tout moment. Elle n’est qu’une photo de ce que je pense le jour où j’écris cette ambiance.
Chez Maître Parfumeur et Gantier, plusieurs parfums m’évoquent le printemps. J’ai pensé, bien évidemment plus volontiers à « Jardin du Nil », créé par Jean-Paul Millet-Lage en 2009. « Créé au retour d’un périple en Egypte, ce parfum s'exprime comme un carnet de voyage sensoriel. Il nous plonge dans l’ambiance estivale de la récolte des géraniums. Son cœur est façonné par le géranium d’Egypte, la rose et le jasmin marocain. Il est rafraîchi par la menthe, les écorces de fruits et d'un soupçon de lavande avec, en notes de fond, du musc et de l’ambre ». Construit autour de la fraîcheur et gardant quand même un côté profond, je trouve « Jardin du Nil », avec son envolée de bergamote, d’aldéhydes et de lavande, son coeur construit autour d’un absolu de rose avec des notes de jasmin, de géranium légèrement mentholé et d’ylang-ylang et son fond musqué, orné de mousse et d’ambre vraiment adapté au printemps. Il garde une certaine profondeur et, bien évidemment, il s’approche de la fraîcheur dépaysante qui rend tout à fait bien son inspiration. Dès que je l’ai découvert, il a été, pour moi, un véritable coup de coeur.
Sortir de l’hiver, retrouver le goût de sentir, de redécouvrir certaines effluves qui nous sommes devenues mystérieuse et les laisser être familière, c’est ce que m’évoque « Mandragore Pourpre » créé en 2009 par Isabelle Doyen et Camille Goutal pour Goutal Paris. Mi-aromatique, mi boisé épicé, ce parfum s’ouvre sur des notes de bergamotes et de badiane relevé de poivre noir pour nous emmener sur un coeur d’héliotrope et de romarin et se poser sur un fond d’encens et de patchouli, ce parfum à la construction presque chyprée m’a toujours beaucoup impressionné. Il est, à l’origine, une déclinaison plus sombre de « Mandragore » et je crois que je l’ai aimé dès sa sortie. « De Machiavel à Shakespeare, mille légendes courent sur ses pouvoirs. La mystique racine serait capable de détourner la foudre et d’engendrer l’amour. Au fond d’un atelier, à travers une fine vapeur d’anis étoilé et de patchouli, un liquide pourpre s’échappe d’un alambic. La potion de mandragore répand sa magie et son parfum aromatique et mystérieux ». C’est un parfum parfait pour se singulariser en sortant de l’hiver et ça me donne envie d’y remettre mon nez.
« Un lilas au vent… Mêlant les discrètes facettes amandées du lilas blanc à la verdeur du lilas pourpre après une averse, “Rue des Lilas” est un soliflore sophistiqué. Il capture le parfum des grappes de lilas dépassant d’un jardin, saisi dans le vent printanier… Une infusion d’opopanax et de muscs soyeux vient connecter à la peau ce poème végétal impressionniste ». Parmi les parfums qui m’évoquent le printemps, il y a indéniablement « Rue des Lilas » créé en 2011 par Pierre Guillaume en 2011 pour Phaedon. Je ne vais pas énumérer tous les parfums dans lesquels le lilas est utilisé en majeur et j’ai donc choisi celui qui m’évoque le plus la nature et les fleurs qui s’éveillent. Celui-ci m’a semblé idéal avec son départ légèrement aldéhydé, son coeur poudré et quand même un côté vert avant d’arriver sur un fond délicatement boisé. Les lilas de Montmartre ont inspiré Pierre Guillaume mais moi, ce parfum m’évoque une promenade au jardin avec mes chiens. « Rue des Lilas » m’évoque absolument le printemps. C’est un joli coup de coeur que j’ai eu l’an dernier et je ne le regrette pas.
Une fragrance printanier qui me vient à l’esprit est sans hésiter « Ceci n’est pas un flacon bleu 1/2 » de Histoires de Parfums créé en 2017 par Lucas Maffei. « Ceci est une explosion, une diffraction de la lumière révélant ses couleurs. Des éclats de Lierre, Lilas et Muguet illuminent gaiement une voie lactée de Santal et Musc Blanc ». Avec un départ à la fois vert et épicé de lierre et de baies roses, un coeur de lilas, de muguet et d’ylang-ylang et un fond de santal, de vanille et de muscs blanc, c’est vraiment « la » création qui m’évoque le printemps et son côté lumineux me le rend absolument incontournable. J’ai souvent évoqué ce parfum mais il est vrai qu’il y a déjà plusieurs années qu’il me plait. J’avais eu un réel coup de coeur lorsque je l’avais découvert à « Ma Belle Parfumerie » à Dijon et il n’a cessé de me trotter dans la tête. Je l’ai offert et je l’ai redécouvert à cette occasion et il en est venu à me faire envie. Je le porte vraiment facilement. Le côté addictif (pour moi) du lilas associé à l’exotisme de l’ylang-ylang me séduit irrémédiablement. « 1/2 » est à la fois facile à porter et complètement singulier. C’est un parfum doté d’une vraie personnalité.
J’ai choisi quatre parfums mais il pourrait y en avoir vingt ou même plus. Ils font partie de mon inspiration du jour, ce serait facile d’en citer plusieurs autres mais je ne veux pas vous entrainer dans une liste exhaustive qui n’aurait pas d’intérêt. J’ai choisi, cette année, de ne pas faire un top. En fait, je suis très content de pouvoir changer un peu mes habitudes parfumées mais je suis encore un peu dans un entre-deux car j’ai du mal à laisser derrière-moi l’opulence de certains de mes parfums de l’hiver pour aller vraiment sur des choses fraîches. Le printemps est, pour moi, la période où je change beaucoup mes habitudes et où j’oscille entre les plus légères de mes fragrances d’hiver et les plus puissantes de celle des premiers beaux jours.
Les deux derniers Zoologist (pour l'instant) que j'ai pu découvrir
C’est encore une fois grâce à Fabien de la boutique Yuuminoki que j’ai pu interviewer il y a quelques semaines que je peux aujourd’hui vous parler des deux parfums de Zoologist que je ne connaissais pas encore. C’est avec un plaisir donc renouvelé que j’ai pu mettre mon nez dans ces deux créations incroyables, uniques et très originales. Les deux derniers parfums (pour l’instant) que je ne connaissais pas représentent des univers vraiment distincts voir opposés. Allez je vous emmène avec moi sur les trace de ces animaux emblématiques.
Le premier que j’ai senti et essayé est « Camel » créé en 2017 par Christian Carbonnel. « Une Rose magnifique, des infusions de Jasmin et de succulents Fruits séchés sont rejoints en chemin par un séduisant mélange d'Encens, de Myrrhe, d'Ambre et de Cannelle. Enfin le Musc et l'Oud les rencontrent pour former une voluptueuse tapisserie. Une caravane sensuelle pour vous transporter aux côtés du chameau et l'accompagner dans son périple à travers le désert ». Avec son départ de fruits séché, de résine oliban, de datte et de rose, c’est dans le désert que nous emmène effectivement « Camel » et tout continue avec un coeur ambré avec des notes de cèdre, de cannelle, d’encens, de jasmin, de myrrhe et de fleur d’oranger puis un fond de civette, de musc, de bois de santal, de oud, de fève tonka, de vanille et de vétiver. Il est vrai que je n’ai jamais mis les pieds dans le désert et que je n’ai, hélas, pas eu l’occasion de me promener à dos de chameau mais j’en ai déjà croisé, encore une fois hélas, dans des parcs zoologiques et je trouve que le parfumeur a très bien su recréer cette odeur mi-cuiré, mi-animale avec des accents sucrés et fumés qui la transforment en un parfum tout à fait portable. « Camel » n’est pas nécessairement pour moi mais je reconnais que Christian Carbonnel a su créer un vrai univers olfactif et peut-être une autre variété de parfums cuirés. J’ai bien aimé découvrir cette création qui est, c’est vrai, clivante, mais qui plaira aux amateurs de voyages et aux aventuriers.
Créé en 2020 par Dawn Spencer Hurwitz, « Snowy Owl » est supposé recréer l’habitat du harfang des neiges. Je dois dire qu’il m’a beaucoup dérouté avec son envolée de calone, de menthe et de noix de coco entourant un accord de perce-neige, son coeur d’iris, de ciste galbanum, de maté, d’oliban et de rose et son fond de mousse de chêne, de musc, de graine d’ambrette, de civette, de vanille et de fève tonka. La marque le décrit ainsi : « Un épais tapis d'argent enveloppe le paysage, immaculé et à peine effleuré par le reflet du soleil. La neige s'étend à perte de vue, tandis qu'un vent amer souffle silencieusement dans le ciel, son silence à peine rompu par le battement puissant d'une aile d'ivoire. Malgré le calme de l'Arctique, la chouette des neiges sent un flottement sous la croûte glacée bien en dessous. À travers les tunnels enneigés, les campagnols courent, inconscients de leur sort. Une lueur chaude remue dans la poitrine de l'oiseau majestueux alors qu'il plonge, confiant dans sa maîtrise du royaume glacial. Snowy Owl de Zoologist débute avec une ouverture mentholée, tandis que la douce chaleur du musc se combine avec de belles notes de perce-neige, de muguet et d'iris. La noix de coco sucrée et la vanille boisée se mêlent pour surprendre et séduire. Snowy Owl allie vitalité fraîche et douceur exquise dans un parfum captivant, idéal pour ceux qui n'ont pas peur de saisir ce qu'ils désirent ». Sur le papier, il n’aurait pas du me plaire mais, curieusement, je ne sens pas très bien la note de calone et ce n’est pas plus mal. J’aime le côté tantôt floral, tantôt poudré, tantôt très poudré du parfum. Il est ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui un « floriental ». J’aime beaucoup l’évolution sur ma peau. C’est une jolie réussite à mon sens.
Comme toujours, la marque nous surprend et nous emmène hors des sentiers battus avec ces deux fragrances pour le moins étonnantes voire déroutantes mais je suis certain qu’elles vont trouver leur public y compris en France. Un grand merci à Fabien pour ces deux découvertes qui complètent la vue d’ensemble que je peux avoir sur la maison Zoologist.