Maison Crivelli, une inspiration issue des cinq continents
Thibaud Crivelli est, jeune passionné, voyageur infatigable et il s’est inspiré de l’exploration des pays qu’il a visité ainsi que de l’expérience de générations qui l’ont précédées et qui ont vécu sur cinq continents pour la fondation et la création de sa maison de parfums. « Chaque parfum est une composition inspirée d’expériences réelles et basée sur un accord de matières premières inédit dans la Haute Parfumerie. Les flacons sont scellés par un capot marqué du monogramme de Maison Crivelli. Une signature assumée reposant sur un zamac brut au design aléatoire. Chaque capot est unique et prolonge ainsi cet art de l’inattendu qui est si cher à Maison Crivelli ». Je dois dire que j’ai été un peu long à rédiger cet article que j’ai sous le coude depuis déjà un moment car j’ai découvert la marque lors de nos mes deux précédents séjours à Paris. J’ai eu un accès très libre à ces parfums donc j’ai essayé sur la peau tout à loisirs. J’ai même glané quelques échantillons. Je vous ai déjà parlé de « Patchouli Magnetik », le nouvel extrait que j’ai beaucoup aimé donc je vais essayer de me concentrer sur quatre autres parfums que je trouve vraiment significatifs de l’esprit de la maison.
Le premier que j’ai bien aimé est « Fleur Diamantine » créé par Bertrand Duchaufour en 2018 et dont le nom m’a fait rire (private joke). L’inspiration en est ainsi décrite : « L'expérience : une promenade en fin de journée à travers un jardin blanc parsemé d'orangers et de jasmins en fleurs, tout en dégustant une glace au safran. Le contraste surprenant : un accord de fleurs blanches très aérien contraste avec la texture crémeuse d'une amande amère ». Après un départ de néroli, les fleurs blanches prennent toute leur place au coeur et le jasmin, plutôt solaire et presque orné de menthe et de safran donne une vraie dimension au parfum. Je dois dire que le fond de coumarine, de mousse de chêne avec un accord amande amère me plait un peu moins. J’aurais préféré rester sur l’explosion de fleurs et surtout de jasmin. La dualité me déroute un peu. Sur la peau, « Fleur Diamantine » est quand même un très beau parfum délicat et nuancé, un peu en clair obscur. Il est le tout premier que j’ai senti et essayé. Je pense qu’il appartient complètement à ma zone de confort.
Sorti en 2021, « Lys Solaberg » fait partie de ces créations à côté desquelles je suis un peu passé et c’est pourquoi il ne fait pas partie de mon top de l’an dernier. Il m’a fallu y revenir en me disant que j’aimais la note de lys et qu’il me fallait l’essayer un peu mieux. Je trouve qu’on y retrouve vraiment la signature spirituelle de Nathalie Feisthauer. « L'expérience : une découverte de lys lors d’une promenade nocturne sur un fjord. Le contraste surprenant : un lys fumé, nacré contraste avec une note humide et ambrée ». Le parfum s’ouvre sur un accord de coing suave et d’huile essentielle de calamus, le coeur est très étonnant car il est constitué de bois de gaïac très doux, d’ambroxan, de mousse de chêne puis le parfum se pose sur un fond très boisé de cèdre, d’un absolu de copeaux de chêne torréfié, de tabac et le côté cuiré du ciste labdanum prend toute sa place. Je dois dire que je suis assez dérouté mais tout d emême séduit par ce lys, chaud et froid, floral et fumé, étonnant et tout de même rassurant. Il fait partie de mes deux préférés de la collection même si la dimension un peu spirituelle m’échappe quelque peu.
Sorti également en 2021 et créé par Stéphanie Bakouche, « Osmanthe Kodoshan » est tout de même vraiment par essence, le parfum qui devait me plaire un peu et qui, c’est vrai, est agréable à mon nez. « L'expérience : une découverte de fleurs d’osmanthus sur une montagne tropicale enveloppée dans la brume. Le contraste surprenant : un osmanthus cuiré et végétal contraste avec des notes boisées envoûtantes et relaxantes ». L’envolée de badiane, de poivre Sichuan et d’osmanthus plutôt sous sa facette florale évolue vers un coeur de patchouli puis un fond de tabac et de ciste labdanum qui renforce la facette cuirée de cette fleur si singulière. J’ai beaucoup aimé « Osmanthe Kodoshan » mais il ne m’a pas vraiment surpris. Je l’ai trouvé conforme à mes goûts, élégant et cuiré avec un versant floral et profond. Il me plait certes mais je le trouve presque un peu classique par rapport à son inspiration. C’est un très joli parfum mais, dans ce style, je lui préfèrerai peut-être la légèreté de « Osmanthus » de Ormonde Jayne que je trouve plus lumineux. Ceci n’est qu’un ressenti personnel qui n’a absolument pas valeur de critique et qui ne remet absolument pas en question le travail très fin de Stéphanie Bakouche que j’aime quand même beaucoup.
« L'expérience : la découverte inattendue de la poudre de racines de papyrus, en compagnie de femmes qui fumaient des petits cigares. Le contraste surprenant : une note boisée, douce et poudrée contraste avec un accord tabac vif et rebelle ». Créé et lancé en 2020 par Leslie Girard, « Papyrus Moléculaire » est vraiment mon préféré de la collection des eaux de parfum. Avec un départ de coriandre et d’huile essentielle de papyrus très reconnaissable, le parfum évolue sur un coeur de santal pas du tout crémeux et rehaussé de poivre noir vraiment étonnant. Le fond de fève tonka, de tabac et d’un accord cuir très doux le rend vraiment profond et facetté. Le parfum est, sur ma peau, tour à tour poudré, tabac, boisé et vert. Il est différent, artistique et, même s’il est loin de ce que j’aime, il est peut-être le seul que j’aimerais porter. J’ai un coup de coeur pour celui-ci et j’ai aimé l’essayer et le réessayer.
J’ai été moins séduit par les autres parfums même si je reconnais qu’ils sont intéressants et, si je veux être honnête jusqu’au bout, je crois que ma plus belle surprise fait partie des nouveautés et qu’il s’agit de « Patchouli Magnetik » que j’aime vraiment beaucoup. Il sera, je pense, en bonne place dans mon top 2022.
Matin Lutens, deux nouveautés et une réédition
« Un moment de sérénité, un retour aux sources pour se reconnecter à l’essentiel à travers la nouvelle collection Matin Lutens. » Exit les Eaux de Politesses lancées il y a trois ou quatre ans et bienvenue Matin Lutens, trois créations dont une réédition qui viennent compléter l’offre de la maison. J’avais entendu parler de ces fragrances il y a quelques mois et je les avais découvertes il y a déjà un peu de temps mais j’attendais qu’elles sortent pour vraiment les essayer et venir en parler. Je dois dire que, si je suis très fan du packaging puisque je retrouve le premier flacon des eaux avec une nouvelle étiquette et une nouvelle boite élégantes dans les tons de beige. En revanche, je suis un peu dubitatif sur les jus qui m’ont moins séduit que je ne l’avais cru au premier abord. Loin de moi l’idée de n’écrire un article que pour être négatif mais je me dois d’être un peu subjectif et de vous exposer ce que j’ai ressenti en les essayant.
« Définie incolore, inodore, pourtant quand profonde, sans être bavarde, l’eau parle d’un parfum...Une composition originale et moderne qui met fin au mythe de l’eau inodore. Un parfum qui incarne le retour aux sources de la véritable eau profonde. Une immersion dans l'eau pure. Un rituel à associer aux gels moussants Matin Lutens pour un sillage prolongé. Matin Lutens, une ligne évoquant par son esthétisme épuré et sa pureté, toute la simplicité d’un rituel tourné vers les essentiels du matin : l’eau, le bain et... quelques gouttes de parfums Matières brutes, couleurs évoquant une sérénité enfin retrouvée, en parfait accord avec l’esprit organique des créations olfactives de cette collection, Matin Lutens offre à chacun le retour aux sources tant espéré : La quiétude d’un réveil en grâce ! ». Entre aiguilles de pin, zeste de citron et feuilles d’eucalyptus, ce parfum est une explosion de fraîcheur et de transparence il faut bien le dire et je pense sincèrement qu’il sera très agréable à porter. Bon, il n’est pas, pour moi, dans le style Lutens et je pense que, petit à petit, Christopher Sheldrake, comme il l’avait fait pour « Des Clous pour une Pelure » que j’aimais beaucoup, il se met à travailler les agrumes même sous forme de zeste. Je rappelle, en ancien amateur de la maison que Serge Lutens ne souhaitais pas de notes hespéridées dans ses parfums, se limitant aux fleurs (oranger et citronnier) pour figurer une certaine fraîcheur. « Parole d’Eau » est vraiment dans ces notes d’agrumes fraîches et agréables même si je lui trouve un petit côté chimique qui ne m’a pas trop plu.
« Fraîcheur de l'eau, propreté d'un linge finement repassé, taie d'oreiller où l'on ne fait que des rêves...L’Eau Serge Lutens nous propose de renouer avec un monde où le vrai luxe s'incarnerait avant tout par la propreté. Définitif, radical, pour en finir avec le parfum comme tic hygiéniste et social. Un rituel à associer aux gels moussants Matin Lutens pour un sillage prolongé. Matin Lutens, une ligne évoquant par son esthétisme épuré et sa pureté, toute la simplicité d’un rituel tourné vers les essentiels du matin : l’eau, le bain et... quelques gouttes de parfums Matières brutes, couleurs évoquant une sérénité enfin retrouvée, en parfait accord avec l’esprit organique des créations olfactives de cette collection, Matin Lutens offre à chacun le retour aux sources tant espéré : La quiétude d’un réveil en grâce ! » J’ai toujours aimé « L’Eau » car, pour une fois, je peux sentir les muscs blancs de manière très tranchée. J’aime la facette menthe et aussi le côté aquatique du magnolia. La marque ne communique, comme à son habitude, que très peu sur les notes et je ne me fie qu’à mon nez pour décrire mes impressions, ne voulant pas trop dire de choses fausses. Je dois dire cette réédition est la création entre les trois sorties que je préfère. Je pourrais tout à fait la porter.
« Les deux mains par les bras en avant et la tête en second, on y plonge ! Un véritable plongeon en pleine mer, la cristallisation du sel marin sur la peau au soleil… Dans le bleu qui pétille relate l’odeur du sel et de l’iode sur une peau chauffée. Un parfum sensuel, frais et inimitable ». Je dois dire que je suis très rebuté par l’association coumarine et calone de ce parfum qui s’ouvre sur des notes d’algues laminaires et de graine de coriandre. Très linéaire, il faut quand même le poser sur la peau pour le supporter car il se calme sans vraiment changer d’odeur. Je dois dire que le côté très synthétique de cette création me donne un certain mouvement de recul. Pour moi, et je ne m’étendrai pas, « Dans le Bleu qui Pétille » est vraiment dérangeant comme auraient pu l’être certains marins des années 90. Je préfère passer mon tour et ne pas trop réessayer. En revanche, s’il est clivant, je pense qu’il trouvera son public. Là, pour le coup, je trouve qu’on est parfaitement dans l’esprit Lutens.
Vous l’aurez compris, je ne suis pas tellement attiré par cette nouvelle collection qui me ferait un peu regretter Les Eaux de Politesse. Heureusement « L’Eau de Serge Lutens » est sauve… Ça me rassure !
V'là l'printemps
Cette fois c’est le printemps ! L’envie me prend d’aller explorer des parfums de transition comme chaque année. J’ai envie de fragrances plus légère, un peu plus lumineuses aussi pour égayer sans doute les journées un peu sombres, un peu désagréables et sans trop de soleil. En tout cas, je suis content de remettre mon nez dans des parfums plus aériens, moins opulents car, une fois de plus, je rentre dans la zone de confort. Alors, floral, chypre, cuir un peu frais ou aromatiques fougères, quels seront mes choix cette année ? J’en ai sélectionné quatre mais cette liste non-exhaustive et pourrait changer à tout moment. Elle n’est qu’une photo de ce que je pense le jour où j’écris cette ambiance.
Chez Maître Parfumeur et Gantier, plusieurs parfums m’évoquent le printemps. J’ai pensé, bien évidemment plus volontiers à « Jardin du Nil », créé par Jean-Paul Millet-Lage en 2009. « Créé au retour d’un périple en Egypte, ce parfum s'exprime comme un carnet de voyage sensoriel. Il nous plonge dans l’ambiance estivale de la récolte des géraniums. Son cœur est façonné par le géranium d’Egypte, la rose et le jasmin marocain. Il est rafraîchi par la menthe, les écorces de fruits et d'un soupçon de lavande avec, en notes de fond, du musc et de l’ambre ». Construit autour de la fraîcheur et gardant quand même un côté profond, je trouve « Jardin du Nil », avec son envolée de bergamote, d’aldéhydes et de lavande, son coeur construit autour d’un absolu de rose avec des notes de jasmin, de géranium légèrement mentholé et d’ylang-ylang et son fond musqué, orné de mousse et d’ambre vraiment adapté au printemps. Il garde une certaine profondeur et, bien évidemment, il s’approche de la fraîcheur dépaysante qui rend tout à fait bien son inspiration. Dès que je l’ai découvert, il a été, pour moi, un véritable coup de coeur.
Sortir de l’hiver, retrouver le goût de sentir, de redécouvrir certaines effluves qui nous sommes devenues mystérieuse et les laisser être familière, c’est ce que m’évoque « Mandragore Pourpre » créé en 2009 par Isabelle Doyen et Camille Goutal pour Goutal Paris. Mi-aromatique, mi boisé épicé, ce parfum s’ouvre sur des notes de bergamotes et de badiane relevé de poivre noir pour nous emmener sur un coeur d’héliotrope et de romarin et se poser sur un fond d’encens et de patchouli, ce parfum à la construction presque chyprée m’a toujours beaucoup impressionné. Il est, à l’origine, une déclinaison plus sombre de « Mandragore » et je crois que je l’ai aimé dès sa sortie. « De Machiavel à Shakespeare, mille légendes courent sur ses pouvoirs. La mystique racine serait capable de détourner la foudre et d’engendrer l’amour. Au fond d’un atelier, à travers une fine vapeur d’anis étoilé et de patchouli, un liquide pourpre s’échappe d’un alambic. La potion de mandragore répand sa magie et son parfum aromatique et mystérieux ». C’est un parfum parfait pour se singulariser en sortant de l’hiver et ça me donne envie d’y remettre mon nez.
« Un lilas au vent… Mêlant les discrètes facettes amandées du lilas blanc à la verdeur du lilas pourpre après une averse, “Rue des Lilas” est un soliflore sophistiqué. Il capture le parfum des grappes de lilas dépassant d’un jardin, saisi dans le vent printanier… Une infusion d’opopanax et de muscs soyeux vient connecter à la peau ce poème végétal impressionniste ». Parmi les parfums qui m’évoquent le printemps, il y a indéniablement « Rue des Lilas » créé en 2011 par Pierre Guillaume en 2011 pour Phaedon. Je ne vais pas énumérer tous les parfums dans lesquels le lilas est utilisé en majeur et j’ai donc choisi celui qui m’évoque le plus la nature et les fleurs qui s’éveillent. Celui-ci m’a semblé idéal avec son départ légèrement aldéhydé, son coeur poudré et quand même un côté vert avant d’arriver sur un fond délicatement boisé. Les lilas de Montmartre ont inspiré Pierre Guillaume mais moi, ce parfum m’évoque une promenade au jardin avec mes chiens. « Rue des Lilas » m’évoque absolument le printemps. C’est un joli coup de coeur que j’ai eu l’an dernier et je ne le regrette pas.
Une fragrance printanier qui me vient à l’esprit est sans hésiter « Ceci n’est pas un flacon bleu 1/2 » de Histoires de Parfums créé en 2017 par Lucas Maffei. « Ceci est une explosion, une diffraction de la lumière révélant ses couleurs. Des éclats de Lierre, Lilas et Muguet illuminent gaiement une voie lactée de Santal et Musc Blanc ». Avec un départ à la fois vert et épicé de lierre et de baies roses, un coeur de lilas, de muguet et d’ylang-ylang et un fond de santal, de vanille et de muscs blanc, c’est vraiment « la » création qui m’évoque le printemps et son côté lumineux me le rend absolument incontournable. J’ai souvent évoqué ce parfum mais il est vrai qu’il y a déjà plusieurs années qu’il me plait. J’avais eu un réel coup de coeur lorsque je l’avais découvert à « Ma Belle Parfumerie » à Dijon et il n’a cessé de me trotter dans la tête. Je l’ai offert et je l’ai redécouvert à cette occasion et il en est venu à me faire envie. Je le porte vraiment facilement. Le côté addictif (pour moi) du lilas associé à l’exotisme de l’ylang-ylang me séduit irrémédiablement. « 1/2 » est à la fois facile à porter et complètement singulier. C’est un parfum doté d’une vraie personnalité.
J’ai choisi quatre parfums mais il pourrait y en avoir vingt ou même plus. Ils font partie de mon inspiration du jour, ce serait facile d’en citer plusieurs autres mais je ne veux pas vous entrainer dans une liste exhaustive qui n’aurait pas d’intérêt. J’ai choisi, cette année, de ne pas faire un top. En fait, je suis très content de pouvoir changer un peu mes habitudes parfumées mais je suis encore un peu dans un entre-deux car j’ai du mal à laisser derrière-moi l’opulence de certains de mes parfums de l’hiver pour aller vraiment sur des choses fraîches. Le printemps est, pour moi, la période où je change beaucoup mes habitudes et où j’oscille entre les plus légères de mes fragrances d’hiver et les plus puissantes de celle des premiers beaux jours.
Les deux derniers Zoologist (pour l'instant) que j'ai pu découvrir
C’est encore une fois grâce à Fabien de la boutique Yuuminoki que j’ai pu interviewer il y a quelques semaines que je peux aujourd’hui vous parler des deux parfums de Zoologist que je ne connaissais pas encore. C’est avec un plaisir donc renouvelé que j’ai pu mettre mon nez dans ces deux créations incroyables, uniques et très originales. Les deux derniers parfums (pour l’instant) que je ne connaissais pas représentent des univers vraiment distincts voir opposés. Allez je vous emmène avec moi sur les trace de ces animaux emblématiques.
Le premier que j’ai senti et essayé est « Camel » créé en 2017 par Christian Carbonnel. « Une Rose magnifique, des infusions de Jasmin et de succulents Fruits séchés sont rejoints en chemin par un séduisant mélange d'Encens, de Myrrhe, d'Ambre et de Cannelle. Enfin le Musc et l'Oud les rencontrent pour former une voluptueuse tapisserie. Une caravane sensuelle pour vous transporter aux côtés du chameau et l'accompagner dans son périple à travers le désert ». Avec son départ de fruits séché, de résine oliban, de datte et de rose, c’est dans le désert que nous emmène effectivement « Camel » et tout continue avec un coeur ambré avec des notes de cèdre, de cannelle, d’encens, de jasmin, de myrrhe et de fleur d’oranger puis un fond de civette, de musc, de bois de santal, de oud, de fève tonka, de vanille et de vétiver. Il est vrai que je n’ai jamais mis les pieds dans le désert et que je n’ai, hélas, pas eu l’occasion de me promener à dos de chameau mais j’en ai déjà croisé, encore une fois hélas, dans des parcs zoologiques et je trouve que le parfumeur a très bien su recréer cette odeur mi-cuiré, mi-animale avec des accents sucrés et fumés qui la transforment en un parfum tout à fait portable. « Camel » n’est pas nécessairement pour moi mais je reconnais que Christian Carbonnel a su créer un vrai univers olfactif et peut-être une autre variété de parfums cuirés. J’ai bien aimé découvrir cette création qui est, c’est vrai, clivante, mais qui plaira aux amateurs de voyages et aux aventuriers.
Créé en 2020 par Dawn Spencer Hurwitz, « Snowy Owl » est supposé recréer l’habitat du harfang des neiges. Je dois dire qu’il m’a beaucoup dérouté avec son envolée de calone, de menthe et de noix de coco entourant un accord de perce-neige, son coeur d’iris, de ciste galbanum, de maté, d’oliban et de rose et son fond de mousse de chêne, de musc, de graine d’ambrette, de civette, de vanille et de fève tonka. La marque le décrit ainsi : « Un épais tapis d'argent enveloppe le paysage, immaculé et à peine effleuré par le reflet du soleil. La neige s'étend à perte de vue, tandis qu'un vent amer souffle silencieusement dans le ciel, son silence à peine rompu par le battement puissant d'une aile d'ivoire. Malgré le calme de l'Arctique, la chouette des neiges sent un flottement sous la croûte glacée bien en dessous. À travers les tunnels enneigés, les campagnols courent, inconscients de leur sort. Une lueur chaude remue dans la poitrine de l'oiseau majestueux alors qu'il plonge, confiant dans sa maîtrise du royaume glacial. Snowy Owl de Zoologist débute avec une ouverture mentholée, tandis que la douce chaleur du musc se combine avec de belles notes de perce-neige, de muguet et d'iris. La noix de coco sucrée et la vanille boisée se mêlent pour surprendre et séduire. Snowy Owl allie vitalité fraîche et douceur exquise dans un parfum captivant, idéal pour ceux qui n'ont pas peur de saisir ce qu'ils désirent ». Sur le papier, il n’aurait pas du me plaire mais, curieusement, je ne sens pas très bien la note de calone et ce n’est pas plus mal. J’aime le côté tantôt floral, tantôt poudré, tantôt très poudré du parfum. Il est ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui un « floriental ». J’aime beaucoup l’évolution sur ma peau. C’est une jolie réussite à mon sens.
Comme toujours, la marque nous surprend et nous emmène hors des sentiers battus avec ces deux fragrances pour le moins étonnantes voire déroutantes mais je suis certain qu’elles vont trouver leur public y compris en France. Un grand merci à Fabien pour ces deux découvertes qui complètent la vue d’ensemble que je peux avoir sur la maison Zoologist.
Mes Parfums préférés : "Une Île Pluvieuse"
C’est grâce à Fabien de la boutique Yuuminoki que j’ai pu découvrir la toute dernière création du parfumeur écossais Euan McCall pour la maison Senyokô. J’avais donc envie de revenir sur « Une Île Pluvieuse » sorti en 2020 et qui fait partie de mes coups de coeur dans la marque. J’ai adoré ce parfum dès que je l’ai posé sur ma peau et je dois dire que son évolution est absolument magique. Le parfumeur en évoque ainsi l’inspiration : « La mer est le lieu où le pêcheur gagne sa vie. A la place de champs d’épis de riz ou de blé, il a un champ toujours bruissant de vagues blanches dont la forme varie sans cesse au-dessus du bleu d’un sol sensible et mouvant. Inspirée de la nouvelle Le Tumulte des Flots (Shiosai) écrite par Yukio Mishima dans les années 50, Une Île Pluvieuse capture le mystère d’un rendez-vous galant au bout d’une sente détrempée, voilée de brume, parfumée par les embruns et parée de flore sylvestre, sur une lointaine île du Japon ». Je dois dire que cette invitation au voyage m’entraîne plutôt sur les traces du parfumeur. Il m’évoque les îles Shetland, le vent et une végétation baignée d’une pluie persistante. Je trouve que la fragrance porte remarquablement son nom. Quelle que soit l’île évoquée, ça fonctionne. Je ne trouve pas le parfum très exotique mais plutôt empreint d’un savoir-faire à l’européenne. En tout cas, j’adore le sentir autour de moi. Si Euan McCall a su bousculer les codes de la parfumerie, il pousse cet art à son paroxysme avec « Une Île Pluvieuse ».
Le parfum s’ouvre sur une envolée de pamplemousse, de pollens divers, d’un absolu de feuilles de violette et d’un accord pluie (ce ce qu’indique la marque). Le coeur est floral et jamais poudré malgré qu’il soit construit autour d’un absolu de mimosa avec des notes de pivoine et de lilas. Le fond salé par l’ambre gris, boisé par le vétiver, le patchouli, le cèdre et la mousse de chêne confère à « Une Île Pluvieuse » la construction chyprée qui me plait tellement. Parmi mes parfums préféré, il fait sans doute partie des plus originaux et je dois dire que je le trouve, à l’instar de son magnifique packaging, merveilleux. Sa concentration extrait de parfum est une véritable merveille sur la peau. C’est une fragrance pour soi, égoïste et fascinant que j’ai un plaisir indicible à porter. Je remercie vraiment chaleureusement Fabien de me l’avoir fait connaître car je n’aurais peut-être pas eu l’occasion de me pencher sur le travail d’Euan McCall dans sa globalité et pour ce parfum en particulier s’il ne me l’avait pas fait découvrir.
Conseiller ou ne pas conseiller
Je reçois souvent des mails ou des messages privés de plusieurs d’entre-vous qui me demandent de leur conseiller un parfum et je dois admettre que j’en serais incapable. Le rapport à l’odeur, à la fragrance et à ce qu’on a envie de porter est vraiment personnel. Je ne peux parler que de mes goûts personnels et développer pourquoi j’aime telle ou telle création. J’avoue que je suis très accroché à l’idée que l’on doit se servir de son nez et affirmer, à travers le parfum, ses propres affinités. En revanche, je crois fondamentalement que lorsque l’on s’intéresse à l’art olfactif et que cela devient une passion, on ne change pas forcément ses goûts, cela peut arriver mais il me semble qu’ils auraient plutôt tendance à s’élargir. En tout cas, c’est ce que j’ai constaté sur moi-même. Je peux porter aujourd’hui des parfums voire des familles olfactives entières que je ne pensais pas forcément aimer. Il est vrai aussi, qu’il y a aussi des notes que je supporte moins facilement alors que je les ai portées par le passée mais c’est plus rare. Je pense surtout à la vanille et plus encore à la vanilline de synthèse notamment présente dans la guerlinade et dans beaucoup d’ambrés fleuris ou plus boisés. Mon premier parfum était « Égoïste » de Chanel. Je le trouve toujours beau et j’aime le sentir mais je n’arriverai plus à le porter aujourd’hui.
D’autre-part, certains d’entre-vous aiment fondamentalement les parfums alliant une tenue très longue et un sillage qui marque leur entourage. Je le comprends mais ce n’est pas nécessairement mon cas même si j’aime, comme tout le monde, qu’on me fasse un compliment à l’occasion. Ça m’est arrivé récemment et je ne vais pas dire que je n’ai pas trouvé ça agréable. Je privilégierai pourtant des parfums au sillage plus discret mais je suis très content quand je sens mon parfum de temps à autre au cours de la journée. J’aime aussi le sentir lorsque je retire mon pull ou mon tee-shirt le soir et qu’il me rappelle comme il me plait. Je crois que me parfumer est un plaisir parfaitement égoïste et j’aime cette idée. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles, si j’aime partager, je ne m’aventure pas à donner le moindre conseil si ce n’est d’essayer mes lecteurs à se servir de leur nez et de leur curiosité pour alimenter leur passion. Je suis très désireux de faire connaitre ce qui m’a impressionné ou plu mais cela ne va pas plus loin. J’aime particulièrement échanger et même si (et surtout peut-être) mon avis et celui de mon interlocuteur ou interlocutrice divergent. Cela me permet de me remettre en question et d’aller me montrer curieux en mettant mon nez sur des parfums que je ne pourrais pas aimer au premier abord. On peut avoir des surprises.
J’aime d’ailleurs beaucoup découvrir des maisons ou des fragrances par l’intermédiaire de mes lecteurs. Cela a été le cas, il y a quelques semaines pour Stéphanie de Bruijn. J’ai beaucoup aimé cette rencontre avec un univers parfumé « impeccable », réjouissant et d’un classicisme un peu à contre-courant qui m’a rappelé un peu l’esprit Goutal. C’est aussi l’une des composantes passionnantes de l’échange et je crois que c’est pour cela que j’alimente ma passion en étant le plus assidu possible à la rédaction de mon blog. Je dors peu donc, dès que j’ai un sujet, je m’attelle à le traiter et, vu que j’aime écrire, le plus dur est simplement de trouver une idée ou de vivre une expérience olfactive avant de me mettre à mon ordinateur pour composer un article. Je suis également friand de nouvelles expériences et j’ai du goût pour aller sentir ce qui sort ou ce que je ne connais pas encore. Pour écrire, il me faut être curieux afin de ne pas me lasser et, lorsque je suis passionné, je suis souvent très constant dans ma manière de rechercher toujours de nouvelles expériences en rapport avec le sujet. C’est le cas avec le parfum et je trouve que c’est une démarche complètement personnelle. J’ai d’ailleurs parfois insisté sur un parfum que j’ai aimé alors que j’avais été rebuté par son envolée. Cela a été le cas pour « Nuit de Bakélite » créé par Isabelle Doyen pour Naomi Goodsir. Je n’aimais pas du tout les notes de têtes et c’est sur moi, lorsqu’il s’est développé et que je ne pouvais pas échapper que je me suis rendu compte que je pourrais le porter très facilement.
Tous ces mots pour dire que choisir le prochain parfum est votre démarche. Le seul conseil que je pourrais prodiguer c’est de sentir, d’utiliser son nez au maximum pour pouvoir détecter ce que vous aurez envie de porter dans les semaines à venir. Vous pouvez, comme moi, vous tourner plus vers une parfumerie historique ou alternative qui a nourri ma passion depuis une quinzaine d’année, ou faire votre propre expérience en allant dans n’importe quelle parfumerie et vous laisser porter par les fragrances en tentant d’avoir le moins d’à-priori possible. Je considère qu’il est un peu inutile d’aller bloquer sur une pyramide olfactive. C’est intéressant de savoir et de connaître mais ce n’est pas du tout indispensable pour choisir. Il vaut mieux sentir et essayer sur soi pour être sûr. C’est là que les échantillons sont indispensable même si je dois dire que je préfère d’abord aller en parfumerie et échanger sur le sujet pour me diriger. En général, avant d’acquérir un parfum, je suis lent, j’essaye, je réessaye. C’est un budget donc il vaut mieux ne pas se tromper trop. Parfois, et c’est vrai qu’il n’y a pas de règle, j’ai un coup de coeur immédiat. C’est arrivé de temps en temps mais finalement assez rarement. Instinctivement j’ai craqué et je ne me suis pas forcément trompé. Comme quoi, la règle, c’est qu’il n’y a pas de règle. Je vous souhaite donc beaucoup de découvertes, d’engouements mais aussi de répulsion car tout cela vous fera des expériences et vous conduira à choisir le prochain achat j’en suis sûr.
Deux cuirs récemment découverts ou redécouverts
Je découvre et redécouvre tout le temps des parfums, c’est l’avantage de pouvoir aller régulièrement en parfumerie dès que j’ai un moment. Entre ces visites et l’exploration des échantillons que l’on m’a offert ou que j’ai pu collecter lors d’un achat ou d’un autre, je peux me faire un avis sur beaucoup de créations. Parfois je suis complètement séduit, je reste indifférent ou je suis rebuté mais, dans tous les cas, je peux dire que j’aurai « tenté le coup ». Je sais que vous aimez bien ces essais tous azimuts alors je me suis attelé à vous faire un petit compte-rendu de mes dernières pérégrinations parfumées. J’ai sélectionné deux parfums dans lesquels j’ai mis mon nez récemment et qui font partie de la famille des cuirs.
J’ai une certaine prédilection pour les cuirs de La Manufacture. Après « Bô Haras » et « Suede Elixir », j’ai mis mon nez dans « Cuir Éternel » lancé en 2020 que je ne connaissais pas et je dois dire que j’ai été séduit. Il fait partie de la collection Opus Matière et il est, pour moi, la parfaite illustration d’une dualité entre les notes sombre de cuir et de cèdre et le côté à la fois poudré et élégant de la feuille de violette. La marque le décrit ainsi : « Déambuler au cœur du plus ancien souk du Caire, la Victorieuse. Sous ses arcades voutées, se mêlent marchands et curieux venus dénicher des trésors de l’Orient, émerveillés par ces étalages à perte de vue. Inspiré par la frénésie des lieux, Cuir Eternel invite à un voyage olfactif haut en couleurs. Cuir Éternel, escapade au cœur d’un marché antique, aux senteurs d’épices » et je dois dire que ce n’est pas ce qui me vient comme inspiration. J’aurai plutôt l’image des soirées mondaines des années 20 au coeur d’un Paris en pleine mutation après la première guerre. Les Années Folles, le charleston, les chaussures vernies des hommes et les sautoirs de femmes mêlées au tabac américain fumé au bout de longs tubes en bambou, entre garçonnes et hommes maquillés, voilà ce que m’évoque « Cuir Éternel ». Je ne saurais pas trop dire pourquoi. Pour moi, il a les accents sombres et presque goudronnés d’un cuir de Russie et, en même temps, le fond de cèdre le rend plus contemporain. C’est un cuir élégant, avec ce qu’il faut de chic et qui reste quand même facile à porter. Pour un troisième cuir, c’est une troisième réussite.
J’ai découvert, grâce à Florence de la boutique de Vichy Arcane Majeur, il y a un an à peu près « Leder 6 » de J.F. Schwarzlose Berlin créé en 2015 par Véronique Nyberg mais j’avoue que, si je l’avais remarqué, je n’avais pas eu envie de l’essayer autour de moi. Puisque je possédais un échantillon, c’est désormais chose faite et je remercie Isabelle de la chaîne québécoise YouTube Espace Passion Parfum car elle m’a donné envie de remettre mon nez dedans. La marque donne une explication sulfureuse de son inspiration : « Le cuir est un fétiche - un fétiche est un objet censé avoir des pouvoirs magiques ; un objet de désir. Leder 6 s'inspire également de la scène fétichiste berlinoise. Leather 6 est affilié à l'ancien J.F. Composition de parfum à base de "cuir espagnol" classique du parfum Schwarzlose Berlin. Leder 6 transpose le caractère traditionnel de la première composition de 1921 dans l'ère moderne. La note de fond sauvage d'encens et de résine de styrax japonais provient du "cuir espagnol" et représente l'érotisme pervers d'autrefois. Avec les notes sensuelles de cuir et la fleur de safran en note de tête, Leder 6 en tant que nouveau parfum passionnant combine les traditions de la production de parfums avec les nuits sauvages de Berlin d'aujourd'hui. L'impulsivité qui ne vous laisse jamais dormir en ville est évidente dans le caractère animal de la note de tête cuirée. La note de cœur délicatement enveloppante de lait et de vanille pure surprend : comme souvent chez J.F. Schwarzlose Berlin complète la première impression du parfum et réveille la chaleur et la sensualité. Leather 6 devient ainsi un parfum méchant et lourd dont la composition secrète et mystérieuse est incontournable ». Avec une envolée de cuir et de fleur de safran, le parfum donne le ton dès qu’il est posé puis le coeur de lait et de vanille vient, non pas l’adoucir mais plutôt le rendre cohérent et homogène et c’est aussi le cas du fond d’encens et de styrax japonais. Pour ma part, je dirai que c’est un cuir très profond, très « brut » qui, effectivement peut avoir une dimension charnelle. Au premier abord, il ne m’avait pas vraiment séduit et pourtant, une fois porté, il a un côté très addictif et on a envie de le sentir autour de soi. J’ai aimé finalement beaucoup « Leder 6 », c’est un parfum pas facile mais fascinant.
Même si je pense avoir trouvé mes cuirs idéaux, je cherche toujours de belles créations dans cette famille olfactive. Là, j’ai fait un peu carton plein car les deux sont vraiment de beaux parfums. Ils ne sont pas des plus facile à sentir car les points de ventes sont assez rares mais ils valent le coup vraiment.
"Royal Arms", the Queen's fragrance
La reine Elizabeth II fête son jubilé de platine et elle a été, au cours de ces années, une inspiration pour les parfumeurs britanniques qui sont fournisseurs officiels de la famille Windsor. Penhaligon’s, Yardley et surtout Floris ont créé des parfums à l’intention de la reine. La légende veut que son parfum depuis longtemps était « Royal Arms Diamond Edition» que cette maison a lancé pour le public en 2012 et, hélas retiré depuis de la vente. Je le connais bien, je l’ai porté et j’avais envie de vous en parler un peu en détails car je me suis laissé dire qu’il continuait à être fabriqué uniquement pour The Queen ». « Royal Arms », littéralement « Armoiries Royales » est un parfum poudré et particulièrement discret et élégant. Il n’était pas vraiment pour moi et pourtant j’en ai porté 100 ml il y a quelques années ! Je peux donc en parler encore aujourd’hui tout à loisirs. Je pense que l’on peut encore en trouver quelques flacons dans les rares parfumeries qui distribuent la marque sur le continent et à la boutique londonienne.
Le parfum s’ouvre sur une envolée très fraîche de bergamote et de citron poudrée par la feuille de violette. Le coeur est un bouquet floral et poudré autour de l’iris et de la rose avec des notes de jasmin et d’ylang-ylang qui lui donne un relief tout particulier et le parfum se pose sur un fond muscs blancs, patchouli, ambre et vanille hyper délicat. Lorsque l’on vaporise ce parfum, on sent l’élégance à l’anglaise très typique. Je dois dire que sur ma peau, « Royal Arms » avait quelque chose de très violette qui éclipsait un peu les autres notes. Dans ce parfum, il y a une distinction à la fois un peu vintage et assez contemporaine car il est vraiment bien composé. Je me souviens d’une tenue excellente et d’un sillage modéré qui me permettait, malgré qu’il fut quand même, et je m’en rends compte maintenant, plutôt très féminin, de le porter en me faisant plaisir sans déranger autrui. Apparemment la Diamond Edition sortait de manière sporadique mais « Royal Arms » a fait partie du catalogue durant plusieurs années. On ne peut que regretter qu’il ait été seulement réservée à sa royale utilisatrice mais comme on dit « God save the Queen » !
Entretien avec Stéphanie Poulage parfumeur et créateur
Elle fait partie des créatrice dont j'aime le travail depuis très longtemps et en plus, c'est une personne érudite, passionnée et chaleureuse. Que demander le plus. J'ai demandé à Stéphanie Poulage, qui a créé à ce jour quatre parfums singuliers et passionnants pour sa marque éponyme de répondre à quelques questions et je suis ravi qu'elle ait accepté.
D’où vient votre passion pour l’olfaction et par extension le parfum ?
Il paraît que je sentais toujours tout dès mon plus jeune âge... Aussi ma mère me laissait un foulard avec son parfum quand elle s'absentait. Plus tard, dès que je sentais une odeur j'arrêtais tout jusqu'à l'avoir identifié. J'identifiais les gens à leur parfum avant même de les voir et dans mon esprit il y a fusion entre une personne et son parfum.
Comment êtes-vous devenu parfumeur ?
A 13 ans, j'ai lu un article sur Alain Mamounas, le parfumeur maison de Rochas et là j'ai découvert que c'était un métier à part entière, caché derrière les maisons de couture. Ma décision était prise à cet instant-là, je voulais faire ce métier et rien d'autre. Cela semblait inaccessible au premier abord , mais plus on me disait que c'était difficile et plus j'étais déterminée. Après avoir étudié en pharmacie, en génie chimique puis à l'Isipca je suis devenue parfumeur.
Vous avez créé votre propre maison de parfums. Comment l’idée vous en est-elle venue ?
Déjà quand je cherchais à l'extérieur un parfum pour moi-même, je ne trouvais pas ce que je voulais, "je n'avais rien à me mettre". C'est étrange je sais, mais c'était inexorable comme si j'avais été poussée à le faire. Je devais le faire. Le marché, la façon de travailler dans l'industrie : je n'avais pas signé pour cela et je voulais être force de proposition , être dans une position artistique de prise de risque.
Jusqu’à présent, vous avez « inventé » quatre parfums pour votre propre marque. Ils sont très singuliers et différents. Comment l’inspiration vous est-elle venue ?
De ma vie, de mes émotions, des odeurs que j'aime sur la peau pour la sublimer. C'est créer ce qui n'existe pas encore, recommencer quand cela ressemble à du connu. Prendre le temps d'arriver à destination sans raccourci facile, de procédé attendu.
Quels sont les projets pour Poulage Parfumeur pour 2022 ?
De l'inédit bien sûr et encore un parfum dans lequel je voudrais me rouler dedans...:) avec un thème particulier.
Merci Stéphanie, J'admets que je suis très sensible à votre travail. J'ai hâte de découvrir cet inédit. Je suis certain que je vais encore être séduit par la singularité et le charme de votre travail !
Quelques essais
En ce moment, dès que j’ai un moment de libre, je fais des essais. Je me rends en parfumerie, je trie mes échantillons et je fais parfois des découvertes. En tout cas, cela m’aide à découvrir ou redécouvrir des parfums dont je peux vous parler. Je peux être rebuté, séduit et même parfois avoir des coups de coeur. En ce moment, je suis un peu entre deux eaux car je n’ai plus vraiment envie de porter des créations denses et enveloppantes mais je ne suis pas encore prêt à entrer dans mes parfums de printemps. Du coup, je reste avec trois ou quatre valeurs sûres qui me font envie le matin et, le reste du temps, je fais des essais. J’ai retenu cinq parfums que j’ai aimé ou pas d’ailleurs mais que j’ai eu la chance de redécouvrir ces dernières semaines et je vais, comme toujours, essayer de vous communiquer mes impressions en précisant, une fois de plus, que mon avis n’a pas valeur de critique. Ce n’est qu’avis subjectif comme toujours.
Le premier parfum que j’ai testé, je l’avais déjà bien aimé lorsque j’ai découvert, il y a quelques mois, les Bains Guerbois. Créé en 2020 par Dominique Ropion, « 1979 New Wave » est vraiment mon coup de coeur dans la marque et cet essai me le confirme. Je rappelle la description donnée par la marque : « Un soir aux Bains Douches. Sur scène, encore un nouveau groupe anglais. Un jeune chanteur au charisme magnétique. Un concert légendaire. Un public enthousiaste, mixte, surfant sur une vague d’émotions, de musique, de parfums où se mêlent menthe fraîche, menthe poivrée, iris, cèdre et santal. Nouveaux Romantiques. Sombre ou joyeuse vision de la vie ? Les deux sans doute ». Je n’ai pas eu la chance de vivre cette époque et de connaître les Bains Douche à la grande époque des années 80 même si je situe le bâtiment et je me suis laissé porter par l’univers du parfumeur et par le décorum qui entoure ce parfum absolument fascinant. En tout cas, dès l’envolée de menthe verte et de menthe poivrée rehaussée par les aldéhydes, je suis très fasciné par la fraîcheur et la complexité qui s’annonce. Le coeur poudré par l’iris et même par le bois de cèdre de Virginie me plait beaucoup et lorsque la fragrance se pose sur un fond de santal d’Australie, de musc et de bois ambré, le cocon se referme et se fait plus enveloppant que prévu. J’aime beaucoup ce parfum et je me suis vraiment fait plaisir à l’essayer. Je pense que je pourrais le porter sans aucun problème.
J’avais beaucoup aimé « Reflet sur L’Okavango » créé en 2019 par Sonia Constant pour sa maison Ella K. C’est une invitation au voyage et je dois dire que, lorsque j’ai découvert cette très belle maison, j’étais un peu passé à côté. Sonia Constant le décrit ainsi : « L’Okavango, au Botswana, ce « fleuve qui n’atteint jamais la mer » donne à la région l’aspect d’un arbre couché sur le sable dont les innombrables racines tracent un labyrinthe aquatique redessiné quotidiennement par les caprices de l’eau. Sur les berges de ces nombreux cours d’eau pousse une végétation déployant toutes sortes de senteurs. Du papyrus à l’acacia en passant par les sycomores, cette flore est une source inépuisable d’inspiration qui nourrit l’imaginaire sans jamais le rassasier » et je trouve que ce parfum construit autour de l’acacia est un floral riche, profond et sans doute issu d’une formule courte. Je dois dire que je le trouve presque un peu trop sucré pour ma peau mais que, pourtant, je suis tenté de revenir sur mon poignet irrémédiablement. Comme toujours Sonia Constant travaille dans un sens qui devrait me déplaire et qui, pourtant, n’a de cesse que de me séduire. Entre floral pur, miellé ou frais, le parfum oscille sur moi et je dois dire que c’est une très belle création. En tout cas, elle me plait beaucoup. Je trouve que c’est sans doute l’un des parfums de la collection, avec « Pluie sur Ha-Long » qui me plait le plus.
Lorsque j’ai découvert Olfactive Sudio, je n’avais pas essayé « Flash Back in New York » créé par Jérôme Épinette en 2018 ou alors il ne m’avais pas frappé. C’est en discutant en parfumerie qu’il m’a été conseillé. Je pense que nous parlions cumin et que je disais que j’avais su vraiment apprivoiser cette note. Elle ouvre l’envolée avec la sauge sclarée, le safran et un accord fleur de coton qui lui confère quelque chose de très épicé. Le coeur de cuir qui se fait sentir au bout de longues minutes est poudré par la violette et rendu presque animal par le jasmin et le fond, qui se révèle enfin est une sorte d’accord cuir de Russie avec une essence de bouleau fumée et du papyrus qui remplace la mousse de chêne et qui est associé au côté un peu amandé de la fève tonka et racinaire du vétiver. « Surprendre est une des signatures de la ville. Fusant et contrasté, Flash Back in New York révèle une amorce verticale, où cumin, safran et sauge s’allient avec énergie.Passée la première émotion, un cœur enveloppant bat autour de la violette, du jasmin et du cuir de Toscane qui réchauffe la composition. C’est autour de ce contraste que le parfum se structure, dans l’évolution d’une sensation éclair en un lent et doux mouvement vers une chaleur boisée et addictive de bouleau fumé, de papyrus et de vétiver ». Résolument contemporain, c’est un parfum qui m’a dérouté, m’a promené entre indifférence et ce petit je-ne-sais-quoi qui me donne l’envie d’y revenir toujours et encore. En fait, au bout du compte, j’aime énormément « Flashback in New York ». C’est un parfum absolument singulier et addictif, résolument contemporain, comme si le cuir de Russie, avait soudain pris un coup de jeune au contact de la ville lumière.
Je n’avais pas réessayé ce parfum depuis très longtemps et j’avais un échantillon (merci à Jessica) donc j’ai décidé de le porter pour une soirée et j’ai compris pourquoi « Rouge Smoking » était mon BDK préféré. Créé par Amélie Bourgeois et lancé en 2018, ce parfum ambré, amandé avec un accent cerise m’a toujours beaucoup plu. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « À la tombée de la nuit le ciel devient brumeux et laisse entrevoir à travers la fenêtre la lumière rouge du moulin. Les klaxons retentissent et un esprit de fête s’invite dans la ville. Devant sa coiffeuse, elle se prépare et se maquille. C’est le temps de la mise en beauté. Elle rejoint l’autre pièce et entre dans son dressing. Elle retire du cintre ce smoking qui l’inspire et qui souligne son corps. Le chic parisien, elle connait bien. La mode aussi. Son allure bohème et son énergie charnelle marquent son empreinte dans les rues. C’est elle la fille de Pigalle... Si belle et mystérieuse… » et je trouve que c’est une manière originale d’envisager un parfum. Après un départ très étonnant de bergamote, de baies roses qui entourent un accord cerise, le coeur très amandé du parfum du à l’héliotrope et à un absolu de vanille noire en coeur se pose sur un cocon d’ambroxan et de cashmeran poudré par les muscs blancs et légèrement cuiré par le labdanum. Je dois dire que j’aime beaucoup ce parfum. Un petit bémol toutefois, la tenue est un peu limitée sur moi mais quand on aime…
Dans la petite collection proposée par le couturier Marc-Antoine Barros et réalisée par Quentin Bisch, je suis plutôt attiré par « Ganymède » mais j’ai eu l’occasion de redécouvrir et d’essayer « B683 » en eau de parfum alors je l’ai fait. Il est décrit ainsi : « Les notes de cette eau de parfum sont, en tête : le safran, le poivre noir, le piment et la noix de muscade, en cœur : la feuille de violette, le musc, l’absolu de ciste, la teinture de vanille de Moheli et l’ambre, en fond le bois de santal, le patchouli, l’ambroxan et la mousse de chêne… » et il n’est donc nul besoin de rappeler la pyramide olfactive. Je dois dire que si sur le papier, ce parfum pourrait me plaire, il n’en n’est rien sur ma peau. Il est très dense, très intense, trop peut-être pour moi même s’il m’arrive de porter des choses fumées et un peu audacieuse. Je ne saurais dire pourquoi mais il ne fonctionne pas du tout. Je le trouve très « violent » et je n’arrive pas à le supporter. Je ne saurais dire pourquoi. Il est très animal et je pense que ça me gène. La qualité des ingrédients est indéniable et le composition est tout à fait intéressante mais, parfois c’est ainsi, la réaction sur moi est épidermique et je n’arrive pas à le supporter. Il a une évolution très longue donc j’ai attendu mais rien n’y a fait. J’accepte qu’il ne soit pas du tout pour moi.
Beaucoup les aiment mais pas moi !
Il y a, dans la parfumerie dite « de niche », des créations qui sont devenus des bests presque à l’égal d’autres distribués dans le circuit sélectif et qui pourtant, ne me parlent pas ou pire me dérangent. Ce ne sont que mes goûts attention, cela n’a pas valeur de critique. Vous m’avez demandé d’en faire une revue et j’avoue que j’ai beaucoup hésité à l’écrire car qui suis-je pour donner un avis subjectif sur le travail de quelqu’un d’autre ? J’ai quand même décidé de m’y mettre mais attention, je le redis, ce n’est que mon ressenti personnel rien d’autre. Il y a beaucoup d’amateurs qui aiment ces parfums et ils en ont parfaitement le droit, sans doute qu’ils correspondent à leur peau ou à leur personnalité.
Le premier qui me vient à l’idée fait un carton depuis sa sortie en 2004. Il s’agit bien évidemment de « Bois d’Argent » créé par Annick Menardo en 2004 et reformulé en 2018 par François Demachy pour la collection privée Christian Dior. Je dois dire que, lorsque je l’ai découvert, avant qu’il soit légèrement modifié, il m’avait assez plu sur touche. Je l’ai re-senti récemment et je sais reconnaitre que c’est une très belle construction seulement voilà, il me laisse complètement indifférent. J’aimerais l’aimer mais il ne me donne pas envie de l’essayer ni de le porter. Je pense que le côté myrrhe et encens me dérange un peu simplement parce que ce ne sont pas des notes faciles à porter pour moi. Il est pourtant poudré par l’iris et illuminé par un côté complètement floral. Je l’ai essayé sur ma peau et il tombe complètement à plat. Pire, l’encens ressort très vite et donne le côté « pierre froide » que je n’aime pas trop dans un parfum. Il ne me dérange pas mais il n’est clairement pas pour moi.
Je serai beaucoup plus tranché en ce qui concerne « Baccarat Rouge 540 » créé par Francis Kurkdjian pour sa marque éponyme en 2015 et lancé après une collaboration avec la célèbre cristallerie. C’est un ambré fleuri épicé avec des notes de jasmin, de safran, de cèdre et d’ambre gris. Comme ça, sur le papier, il pourrait, à défaut me plaire, m’être agréable à sentir mais il n’en n’est rien. Il me dérange vraiment. Je ne sais pas si cela vient de la note safran et agrume de l’envolée qui me rebute dès qu’il est vaporisé. Il faut le dire, lorsque je traine au Printemps à Lyon, si la vendeuse du stand le fait sentir, je m’éloigne car il me dérange fondamentalement. Je pense que je n’ai pas d’affinité avec la signature du parfumeur. J’avais déjà été rebuté, pendant des années par « Le Mâle » de Jean-Paul Gaultier. Il y a toujours quelque chose qui me gène lorsque je sens les parfums qu’il a composé. Il y a quelques années, j’ai découvert une partie de la collection Maison Francis Kurkdjian et je n’ai pas accroché. C’est ainsi, je ne peux pas être sensible à tout.
Je n’aime pas tellement le oud quand il est travaillé en majeur aussi aurai-je pu choisir n’importe quelle composition qui en contient dans des proportions importantes mais j’ai opté pour « La Couche du Diable » créé par Christopher Sheldrake pour Serge Lutens en 2019. Pour une fois, la marque communique sur les notes ce qui est rare. Il s’ouvre sur un accord oud (peut-être au pire aurai-je préféré une matière naturelle) puis conduit sur un coeur de ciste très cuiré mais travaillée de manière à la fois sucrée et fruitée puis un fond de rose. Comme toujours chez Lutens, la construction est linéaire et on reçoit toutes les notes pratiquement en même temps. Sans vraiment me déranger, « La Couche du Diable » est un parfum vers lequel je ne me tournerai pas forcément même simplement pour le sentir. Pour écrire cette revue, je suis allez remettre mon nez dessus mais je dois dire que ça m’a un peu coûté. C’est un parfum clivant et je comprends son succès même s’il est distribué un peu partout, il garde l’esprit niche. Ceci dit, il n’est absolument pas pour moi.
Je crois que, outre le fait que je sois dérangé par les horribles notes fruitées synthétiques de « Delina » créé par Quentin Bisch pour Parfums de Marly en 2017, je suis agacé que l’on puisse vendre un prix indécent une supposée création originale qui ressemble à toutes les « sucrailles » que l’on peut trouver sur les rayons féminins du circuit sélectif. À 218 euros les 75 ml, je pense qu’on peut espérer un peu mieux que cette envolée de soi-disant bergamote, de rhubarbe et de lychee synthétiques, de rose, de pivoine et de vanille et d’un fond de cashmeran, de muscs et de vétiver. Je ne vois pas ce qui peut justifier un prix pareil ! C’est vraiment ce que j’appelle un parfum de chaîne déguisé en niche. Je ne vais pas m’étendre sur « Delina » car vraiment, j’ai du mal à trouver du positif dans cette sortie. Vous me demandez souvent pourquoi je ne parle quasiment de Parfums de Marly, vous avez une partie de la réponse. Je ne peux pas considérer cette marque comme une maison de niche car, à l’instar de « Delina », les parfums auraient pour la plupart, leur place sur les rayons de Nocibé, Séphora ou Marionnaud à un prix un peu plus décent. On peu bien évidemment ne pas être d’accord mais c’est mon ressenti.
Pour finir, il est un parfum qui plait beaucoup dans les marques alternatives et avec lequel je n’ai pas la moindre affinité, il s’agit de « Mojave Ghost » lancé par Byredo en 2014 et créé par Jérôme Épinette. Là encore, j’ai un peu de mal à comprendre le succès de ce parfum très crémeux et qui va tout de suite m’écoeurer. Il s’ouvre sur des notes d’ambrette nous conduit sur un coeur de magnolia, de santal et de violette pour se poser sur un fond de bois de cèdre, de musc, de chantilly et d’un accord ambre. Je trouve que l’ensemble est très synthétique et sans le moindre relief comme c’est souvent le cas chez Byredo (exception faite de « Bal d’Afrique » dont je comprends parfaitement le succès tant il est à la fois singulier et facile à porter) et je n’arrive pas à comprendre l’engouement pour cette création que je trouve complètement sur-cotée. Là encore, ce n’est que mon point de vue, nombre d’entre-vous ont décidé de le porter et sans doute qu’il vous correspond mais, pour ma part, je suis vraiment passé à côté.
Voilà, vous savez tout, je me suis livré sur mon non-attachement à des fragrances qui font aujourd’hui, c’est vrai, le succès de la parfumerie d’auteurs. Je pense que j’aurais aussi pu en citer d’autres mais je ne veux pas être exhaustif. J’aurais pu citer plein d’autres parfums. Je ne les ai pas en tête et je ne vais pas chercher. Je préfère partager mes coups de coeur.
Blossom Collection 2022 : Un voyage en Sardaigne
Comme chaque année, la collection éphémère Blossom est très attendue dans les boutiques Jo Malone. C’est en Sardaigne que la marque nous emmène cette fois avec trois fragrances estivales dont deux complètement nouvelles et une réédition. « Le temps ralentit sur les rivages baignés de soleil. Les vagues déferlent sur les sables dorés ». Soleil, plage, ambiance estivale, telle est le choix de Jo Malone London pour nous faire sortir de l’hiver. Trois fragrances composées par des parfumeurs différents qui vont venir nous charmer, nous donner envie, et nous réinventer un peu après l’hiver. J’ai eu la chance de les découvrir hier et je dois dire que je me suis fait très plaisir car je les ai aimées toutes les trois. Allez, c’est parti prenons l’avion et rendons-nous au soleil.
« Une soirée d'été méditerranéenne : un vent de liberté flotte dans l'air. Les agrumes bordent les rues des villages italiens où les verres emplis de spritz et de glaçons s'entrechoquent. Le caractère vif de la mandarine est souligné par la chaleur de l'ambre et par une pincée d'orris précieux pour une allure zestée addictive ». Après un départ très mandarine pétillant, l’orange très amère vient enrichir la fragrance et j’ai eu l’impression de sentir la marmelade qui cuit, avec les écorces mais qui reste acidulée par la mandarine. Le fond ambré avec une note de racine d’iris délicat vient soutenir ce « Bitter Mandarin » très bien imaginée par Michel Almairac. Je dois dire que j’ai été immédiatement séduit par ce parfum extrêmement frais et pourtant un peu profond. Je trouve que les notes d’orange et de mandarine se mêlent et s’entremêlent pour composer une fragrance délicate et addictive à la fois. Pour moi, c’est un premier coup de coeur très net. Je ne sais pas si le parfum m’évoque un spritz sur une plage italienne mais je suis certain que « Bitter Mandarin » pourrait m’accompagner durant tout un été.
Pour comprendre l’inspiration de « Sea Daffodil » il faut peut-être penser à ce qu’est cette fleur qui pousse sur les littoraux et que l’on appelle la jonquille de mer. Son odeur est reconstituée par un extrait de fruit de vanille planifolia de Madagascar et une molécule florale et solaire. Le parfum, composé par Alexis Dadier s’ouvre à la fois sur une note acidulée de mandarine jaune et quelque chose de lacté. Le coeur devient la reconstitution de cette fleur et le fond, légèrement vanillé lui donne quelque chose de vraiment singulier. « Une découverte fortuite le long de la côte : de rares et délicates jonquilles de mer poussant sur le sable salé des plages du sud de l'Italie. Ce parfum floral solaire, lumineux et rayonnant d'ylang ylang, s'enracine dans la chaleur de la vanille enlacée de bois de santal crémeux ». Je trouve que le côté solaire de l’ylang-ylang et presque crémeux du santal vient souligner vraiment cette reconstitution de la jonquille de mer. Il en résulte une fragrance vraiment ensoleillée et, si on pense au bord de mer, on a l’impression de s’y promener. Si le côté crémeux rappelle un peu l’ambre solaire, les notes florales nombreuses donnent le chic à l’anglaise toujours présent dans les créations de Jo Malone.
« Silk Blossom » créé par Céline Roux est une réédition. « La nature dans ce qu'elle a de plus séduisant. Le parfum joyeux de la fleur de l'arbre à soie, irrésistible pour les colibris et pour les papillons. La fraîcheur de l'abricot relevée par une touche d'épice et intensifiée par des nuages d'héliotrope doux et poudreux, nichés sur un lit de mousse ». Un départ de poivre blanc entre douceur et piquant, un coeur de fleur de soie qui allie une facette poudrée et une autre clairement abricotée puis un fond de mousse verte donnent toute la singularité à cette création particulièrement énergique et énergisante. Il me semble que j’étais un peu passé à côté de « Silk Blossom » jusque-là et que je le découvre vraiment aujourd’hui. Abricoté et poudré à la fois avec un côté très floral, c’est une élégance, un chic à l’anglaise avec le côté solaire de la Sardaigne. Je trouve que cette fragrance s’intègre vraiment bien dans l’esprit de la collection. C’est un second coup de coeur il faut bien le dire. Je pourrais parfaitement le porter. J’aime beaucoup l’idée de l’abricot presque osmanthus qui se fait poudré. C’est une belle réussite pour moi et je suis content de l’avoir redécouvert.
Pour résumer, c’est un peu carton plein pour les trois blossoms de cette année. J’aime beaucoup l’idée de ce départ au soleil en parfum. Je me dis que j’ai vraiment un truc avec Jo Malone. Il y a quelque chose de charmant dans chaque composition. Elles sont simples sans jamais être simplistes et je trouve que se laisser séduire est bien facile car elles ont toute ce petit quelque chose en plus qui nous fait plaisir. Il y a quelque chose chez Jo Malone qui fait qu’on s’attache à la marque et cette collection éphémère me semble, encore une fois, très réussie et réjouissante.
Onskad, un parfum par décennie
C’est chez Marie-Antoinette à Paris lors de notre dernier séjour que j’ai découvert en avant première une toute nouvelle maison qui compte trois créations signées par le maître parfumeur Léa Hiram. Elle a pour non Onskad et les fragrances se veulent représentatives d’une décennie. J’ai bien aimé l’idée et j’ai eu un coup de coeur. Je vous en reparlerai sans doute lorsque je les aurai vraiment essayés sur la peau mais ces parfums sont réussis et je ne résiste pas à vous dire qu’ils seront donc dans la délicieuse petite parfumerie d’Antonio, rue d’Ormesson dans le Marais, dans les prochaines semaines. Ils ont étés tous les trois lancés en 2021. La marque décrit ainsi sa vision de l’art olfactif : « Une alliance de raffinement et de maximalisme. Des effets blooming enveloppent celles qui les portent et vous propulsent dans un univers d'extase, de jubilation et de bonheur ». Tout un programme ! Autour de Léa Hiram, deux autres artistes, la « storyteller » Isabelle Bonnal et l’illustratrice suédoise Monica Lind. Une petite concordance des arts qui ne pouvait que me plaire.
« La femme garçonne des années 30 joue sur des valeurs de mystère, de séduction et parfois d'interdit. Un sillage cuiré, tabacé, voluptueux et nuancé d'effets poudrés ». « 30’ » est vraiment mon coup de coeur avec son envolée de bergamote, de notes poudrées voire poudreuses et d’ambre. Le coeur de feuille de violette et de rose est rendu tout à fait singulier par un accord de tabac. Le fond, boisé, animal avec un mélange de styrax, de castoreum, de bois d’amyris, de santal et d’essence de bouleau lui donne un petit côté presque cuir poudré. Le l’ai essayé sur mon poignet et je l’ai trouvé particulièrement élégant. C’est l’alliance parfaite d’une tradition olfactive et de ce que je connais des parfums des années 30 et d’une modernité indéniable et poétique. Très franchement, l’évolution m’a semblé très belle voire même passionnante. J’ai particulièrement hâte de l’essayer autour de moi pour me faire une idée plus précise mais, vraiment, ma première impression est formidable. Le flacon, très art-déco avec une illustration stylisée me semble tout à fait adapté au parfum. Pour moi, il est à découvrir absolument.
« La femme des années 50 c'est la perfection réincarnée. Une beauté et une coquetterie maîtrisée tout en délicatesse. Un nouvel accord chypré floral qui présage des facettes énigmatiques. Une nouvelle représentation de notre rapport au Beau ». « 50’ » nous emmène dans une décennie où opulence et dinguerie sont de mise. Il allie l’image que je me fais des grands parfums accompagnant le New-Look de Dior et, également de la musique qui commence à se diversifier dangereusement dans les caves puis les cabarets de Saint-Germain-des-Prés. Ce chypré-là, je le trouve très parisien, très moderne, faisant tomber tous les codes. Il faut l’attendre à mon sens. Le départ d’agrumes et d’épices peut être un peu déroutant et le coeur fleuri de rose jaune et d’ylang-ylang lui confère quelque chose d’un peu capiteux mais le fond patchouli et mousse de chêne associées au muscs de toutes sortes le rendent plus subtile quoiqu’un peu animal. Alors classique ? Subversif ? Je ne sais pas que dire. Je pense qu’il faut surtout essayer cette fragrance élégante pour se faire une idée et sans doute se laisser séduire.
« La femme des années 80 se veut ravageuse telle qu'elle est vraiment. Une prise de conscience et de confiance envers soi-même surgit. Un sillage vertigineux, floral charnel avec des accords pulpeux. Une aura olfactive dont on ne veut pas se défaire » et nous voilà partis, avec « 80’ » dans l’univers assez étonnant, un peu outrancier et toujours avant-gardiste d’une décennie où tout semblait permis. Un départ de citron et de mandarine très énergisant, un coeur ambré, ylang-ylang, oeillet, épices et datura très complexe et un fond opoponax, héliotropine, vanille et musc un peu dingue tel est la pyramide olfactif ce ce parfum étonnant, transition du disco et de la New Wave. J’ai vraiment retrouvé les effluves de mon enfance mais c’est comme si elles avaient pris un coup de jeune indéniable. Je ne pourrais vraisemblablement pas m’approprier « 80’ » mais je reconnais qu’il fallait l’oser et Léa Hiram a vraiment fait preuve d’une audace terrible en le créant. Je trouve que même le côté un peu synthétique de la fragrance figure parfaitement la musique de ces années-là.
Pour tout dire, Onskad, a su à la fois proposer une photo olfactive de chaque décennie en la retouchant pour lui donner quelque chose d’à la fois contemporain et intemporel. Dès que vous pourrez, je vous engage à aller découvrir cette nouvelle maison dont les parfums vous séduiront ou vous rebuteront mais ne vous laisseront en aucun cas indifférents. Pour ma part, j’ai un coup de coeur pour « 30’ » mais je ne dis pas que les autres ne sauront pas me charmer à leur tour !
Les Indémodables, deux colognes "autrement"
J’ai beaucoup aimé la collection des parfums Les Indémodables et il était vraiment normal que je m’intéresse aux deux colognes de la marque. Je dois dire que je n’ai pas été déçu. Ce sont de très belles créations sorties toutes les deux en 2020. Je dois dire que je suis séduit par la délicatesse de leur construction et l’originalité de l’une d’entre-elles. En tout cas, j’ai beaucoup aimé les découvrir. Je trouve que renouveler l’esprit Cologne n’est pas quelque chose d’aisé. On tourne un peu en rond entre notes aromatiques, florales, ambrées et surtout hespéridées. Les Indémodables savent se réfugier, pour l’une des créations, dans le classique des belles matières et oser, pour l’autre, des associations un peu différentes. Je me suis complètement laissé porter par ces deux « colognes » qui sont « un peu plus que la normale ».
« … nous conduit dans la région des Cayes, où est cultivé le fameux vétiver. Un ingrédient labellisé Grand Cru utilisé en overdose par notre maître parfumeur dans la composition de cette eau fraîche ». Les créations autour du vétiver sont toujours, pour moi, d’un grand intérêt car c’est une matière première qui m’a toujours attiré. Je sais en reconnaitre à la fois la qualité et la concentration. Avec « Escale en Haïti », la maison tente un classicisme plus délicat, plus construit et je dois dire que c’est une réussite. Je sens très bien les baies de genièvre et le côté « gin » du départ lorsque je le découvre même sur touche et le fond plus rond, de fève tonka. Pour moi, « Escale en Haïti » est un très beau classique. Il ne faut pas chercher là une originalité de dingue mais plutôt un parfum rassurant avec, semble-t’il, une excellente tenue. Je trouve que le côté à la fois boisé et un peu fumé du vétiver est très bien mis en valeur. J’ai mes vétivers de prédilection (le plus frais chez L.T. Pivert, le plus « barber shop » chez Murdock ou encore le plus naturel chez Perris Monte Carlo) mais je suis toujours preneur lorsque j’en découvre de beaux. « Escale en Haïti » est de ceux-là, il a une certaine densité mais aussi un côté un peu frais qui permet de le porter toute l’année car il n’est jamais « trop ». Il est beau tout simplement.
« … nous conduit dans sur l’île de Sumatra, ou un bloc d’ambre gris exceptionnel a été utilisé pour fabriquer la célèbre teinture, ingrédient labellisé Grand Cru utilisé en overdose par notre maître parfumeur dans la composition de cette eau fraîche. » Chez Les Indémodables, la teinture d’ambre gris naturelle est souvent utilisée dans une concentration relativement importante et, de ce fait, les parfums ont vraiment une identité propre. C’est le cas dans « Escale en Indonésie » qui bouleverse complètement les codes de l’esprit cologne. Le départ de bergamote et de citron laisse augurer un côté très frais mais très vite, le parfum s’enrichit de notes de jasmin et de fleurs blanches un peu déroutantes et qui gardent tout de même un côté vert pour se poser sur un santal assez sec et pas trop lacté. Franchement, j’ai beaucoup aimé « Escale en Indonésie ». Je trouve que, lorsque l’on veut se démarquer et tenter un parfumage d’été avec une cologne qui est un vrai parfum, construit et original, c’est une parfaite alternative. Je le trouve un peu moins utilisable toute l’année que « Escale en Haïti » car il est vraiment, à mon sens, frais, un peu salin et un peu floral à la fois mais c’est une très belle création. En tout cas, elle a su vraiment me séduire. Je pourrais tout à fait me l’approprier.
Lorsque l’on découvre Les Indémodables, on est frappés par la qualité et le travail des matières premières. Je trouve qu’il est parfaitement facile d’identifier la qualité lorsque l’on pose son nez dessus. En tout cas, pour ma part, je suis vraiment séduit par la maison, la démarche et également l’audace des compositions qui sont souvent hors-norme. J’ai un coup de coeur pour la marque, que ce soit la collection des parfums ou celle des colognes et il ne me reste qu’à décider celui qui pourrait le plus me convenir et intégrer la rubrique « Mes Parfums Préférés ».