Essais et nouveautés de la toute fin décembre 2021
J’ai encore fait des essais, des découvertes en parfumerie et ailleurs. Je dois dire que je me suis fait plaisir. Entre nouveautés 2021 à côté desquelles j’étais passé et qui pourraient faire partie de mon top 2022, parfums atypiques déjà existants ou encore valeurs sûres, je vais essayer de vous décrire mes impression à l’occasion de ces découvertes ou redécouvertes. Je dois dire que je me suis surpris moi-même. J’aime beaucoup l’idée d’aller contre mes propres idées reçues et de sortir de ma zone de confort. Je suis particulièrement sensible aux cuirs cette année mais j’ai essayé des parfums issus de toutes les familles olfactives y compris celles qui m’inspirent le moins en ce moment. Alors c’est partie pour les derniers tests de l’année 2021.
Un départ vert de galbanum qui m’a séduit avec un côté presque noix de coco, un coeur de feuille de figuier, de thé blanc et de melon presque pastèque et un fond d’ambre, de musc et de santal , tel est « Athenean » la dernière création de James Heeley pour sa marque éponyme et j’ai été content de le découvrir et d’en sentir l’évolution sur une peau féminine. La marque le décrit ainsi : « Parfum des Dieux. Le figuier est vénéré depuis l’Antiquité. Dans la mythologie grecque, Gaia, déesse de la terre, crée le premier figuier en transformant son fils rebelle Sykeus en arbre pour le protéger des foudres de Zeus. Athenean avec ses notes boisées est une métamorphose du parfum Figuier créé en 2001. Les notes aquatiques de la figue verte trouvent leur équilibre parmi les nuances chaudes et lactées du bois de santal et du musc blanc ». Je dois dire que j’ai été bluffé et le mot est faible par l’envolée de ce parfum et j’ai immédiatement été séduit. Je l’ai découvert avec une amie et nous l’avons tant aimé qu’elle l’a essayé sur sa peau. L’élégance singulière qu’il dégageait était très atypique et c’était tentant. Puis, nous sommes allés déjeuner et l’avons senti évoluer. Il est devenu plus convenu et la note de figue s’est révélée plus ronde que verte. De ce fait, j’ai un peu moins accroché qu’au départ mais il n’en demeure pas moins que je trouve que c’est un joli parfum et qu’il me faudra le redécouvrir dans quelques mois.
C’est l’histoire d’un cuir doux, enveloppant, très élégant, légèrement liquoreux. C’est un cuir plein de rondeur et de force. « Suede Elixir » est sorti en 2021 dans la collection Opus Matières de La Manufacture. Je ne le connaissais pas et je remercie Manon de me l’avoir fait découvrir. Dans ma quête du cuir idéal, il est en bonne place et je pense qu’il le sera aussi dans mon top des nouveautés 2022 étant donné que je ne le découvre que maintenant. La marque le décrit ainsi : « Au cœur d’un site spirituel, bordé par un lac sacré, se dresse le Temple d’Or. Un somptueux pont marbré est l’unique accès pour pénétrer dans l’enceinte du sanctuaire, comme un passage enchanté imprégné d’un arôme cuiré. Contempler cet édifice majestueux couvert d’or fin reflétant la chaleur du soleil et l’éclat du temple étincelant. Suède Élixir est une ode à un souvenir chaleureux au sein de ces mûrs, effleurant l’eau sacrée autour ». Pour ma part, il m’évoquerait plutôt l’Orient-Express, les années trente et une certaine idée du luxe. La marque ne communique que sur trois note, une essence d’écorce de cannelle, le ciste labdanum et le cuir mais, pour ma part, je sens comme un fond de rhum, de petites notes de bergamote et également le côté un peu dense d’une fleur blanche. La Manufacture est une belle maison de parfums que j’avais pu découvrir il y a quelques mois, je lui avais consacré d’ailleurs une revue mais je dois dire qu’il va me falloir m’y pencher un peu plus car je suis séduit par les créations que je sens et que j’essaye. À suivre donc…
Depuis que j’ai découvert les parfums de Patricia de Nicolaï, je dois dire que je me laisse séduire par cet univers faussement classique, très élégant et plein de surprises. Mon dernier passage à la boutique m’a permis d’essayer « Patchouli Intense », un merveilleux chypre sans bergamote qui s’ouvre sur des notes aromatiques de lavande et d’orange amère pour évoluer sur un coeur de géranium adouci par une cannelle très dosée et un fond de patchouli, de santal, de vanille, de ciste, d’encens, d’ambre et de musc. À mi-chemin entre le parfum chypré classique et l’oriental, cette fragrance m’a séduit immédiatement. Je trouve qu’elle est très facettée avec des notes florales, aromatiques et vanillées. Sophistiqué, elle s’adresse quand même à tous les nostalgiques de la belle époque de Guerlain dont je fais partie. " Le patchouli s’entoure ici d’un fond oriental bordé d’ encens et d’épices. « Ce bois est une matière première fabuleuse estime Patricia de Nicolaï. Dans un accord, son rôle est similaire à celui de l’alto dans un orchestre, soit l’instrument qui emmène tous les autres." Je trouve que cette création porte vraiment la signature de la maison et qu’elle pourrait être très indiquer pour débuter dans la marque. J’ai beaucoup aimé le sentir autour de mon cou et je pourrais tout à fait le porter.
Cette fois ça y est, je ne ferai plus de découvertes pour 2020 et il faudra attendre le mois de janvier, de nouvelles pérégrinations parfumées pour que je puisse mettre mon nez dans des fragrances nouvelles ou tout du moins que je ne connais pas. J’avais envie, tout au long de cette année, de partager avec vous mes coups de coeur mais aussi mes interrogations quant à telle ou telle création. J’espère que j’aurai bien rempli mon rôle. Je vous souhaite de bien finir cette année parfumée et rendez-vous dans quelques jours pour écrire de nouvelles pages et d’en démarrer une autre.
Trois parfums pour Noël
Noël est évidemment également l’occasion de se faire plaisir. Pour ma part, entre quelques sous offerts par la famille et un beau cadeau venu de la personne qui partage ma vie, ce sera du parfum… comme c’est bizarre ! J’ai donc fait trois choix (dont deux nouveautés sorties en 2021) et j’ai décidé, pour l’heure d’écrire un article très personnel pour une fois pour vous décrire ce que je ressens lorsque je porte chacun d’entre-eux.
On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même et j’avais envie, depuis que je l’avais essayé en avant-première cet été à Paris de « Synthétic Jungle » créé par Anne Flipo pour les Éditions de Parfums Frédéric Malle. Je me rends compte que j’ai, en ce moment, une certaine prédilection pour les parfums verts et celui-ci est un peu une exagération du type avec cette note de galbanum renforcée par le basilic en ouverture, ce coeur de muguet de jasmin et ce fond mousse de chêne et patchouli. Encore un chypre me direz-vous. Et bien oui. Il évoque à ceux qui l’ont connu le départ de la première version de « Vent Vert » de Balmain créé par Germaine Cellier mais, comme je n’ai jamais eu la chance de le sentir, je n’avais pas d’à-priori. Je trouve qu’Anne Flipo a su vraiment renouveler le parfum vert, mieux le chypré végétal avec un certain brio. Pour moi, c’est une vague d’herbe coupée (curieuse expression tient ! Je la garde) qui vous cueille dès la vaporisation puis une évolution florale en restant d’une fraîcheur indescriptible pour se calmer sur les notes de fond. Ce parfum, fort clivant s’il en est car j’ai parfois l’impression d’être le seul à l’aimer, ne m’évoque pas de souvenir en particulier ni ne me fait voyager. Il est simplement un bonheur égoïste à porter. Je sais que je l’apprécierai mieux au printemps mais je l’ai déjà eu autour de moi depuis que je suis allé l’acquérir. Je ne m’en lasse pas. Je suis vraiment content de mon choix.
Le second parfum, qui m’a été offert, a également été un énorme coup de coeur avant sa sortie et il faut dire que je l’attendais depuis longtemps. Il s’agit bien évidemment de « Obscuratio », l’un des deux derniers nés de La Botanique, la collection privée de l’Artisan Parfumeur inventée par Daphné Bugey. C’est une promenade dans le temps et l’espace lorsque l’on porte cet inclassable atypique. Travaillé autour du patchouli avec une construction chyprée, un départ bergamote, un coeur floral, un fond patchouli mousse de chêne, il revêt aussi une facette orientale avec un très beau travail de la vanille et de l’ambre. Complexe, inédit, évolutif, « Obscuratio » est supposé figurer la tombée de la nuit sous les canopées dans un pays exotique. Pour moi, il est surtout un parfum lumineux, inattendu, tout à fait vintage par moment. Il peut m’entraîner dans les salons en cuir d’un club très privé de l’entre-deux guerre, me faire penser aux stars de l’âge d’or d’Hollywood. J’imagine très bien Ava Gardner ou encore Elizabeth Taylor portant ce parfum autant que Gary Cooper ou Farley Granger. Il est beau. Il n’y a pas d’autre mot. C’est une composition très étonnante mais pas forcément difficile à aborder. Je suis vraiment très amateur de ce parfum et, si j’ai aussi un coup de coeur pour « Crepusculum Mirabile » sorti en même temps, mon choix était fait dès le départ. Je remercie donc profondément la personne qui partage ma vie de m’avoir fait un si beau cadeau cette année pour Noël.
Le troisième parfum est l’un de mes classique dont j’ai appris il y a quelques mois qu’il était bientôt discontinué. Je le porte depuis des années et j’ai donc décidé de profiter du budget des fêtes de Noël pour pour « faire du stock ». Il s’agit bien évidemment, de « De Bachmakov » créé il y a déjà longtemps par Céline Ellena Nezen pour The Different Company et qui est, sans aucun doute, le parfum de la maison que je préfère depuis toujours. Là encore, mais d’une autre manière, l’herbe coupée de du jardin rejoint les steppes de l’Asie centrale et on s’imagine dans le Trans-Europ-Express en plein hiver. J’ai, pour ce parfum, une vraie attirance. Je l’ai porté il y a quelques jours et je me dis que je vais être bien triste lorsque mon stock sera terminé. J’ai eu la chance de pouvoir, dans l’une de nos parfumeries, en trouver encore 100 ml et de faire mettre de côté 100 autres sous forme de recharge que je prendrai pour mon anniversaire en mars sans doute car je n’ai pas tellement envie de le porter moins. Je suis très déçu que ce parfum disparaisse (ce qui sera aussi le cas de « Sir Gallahad » d’Isabey que je porte aussi) car je l’aime beaucoup. En tout cas, je vais je porter à nouveau très facilement.
Voilà, je me suis livré complètement sur mes dernières acquisitions. Maintenant, il va falloir me faire d’autres envies car, pour l’instant, je n’en n’ai qu’une ou deux (ouf !). Je suis très content de ces trouvailles et je pense que je vais avoir beaucoup de plaisir à les porter.
Chapel Factory ou la spiritualité d'Anaïs Biguine
"Chapel Factory interprète dans sa dimension universelle le retour d’un caravansérail sur la route de l’encens. Chaque religion associant la cérémonie de la fumigation comme une véritable offrande honorant les dieux. Cette gamme de parfums en odeur de sainteté édifie un sanctuaire personnel" - Anaïs Biguine. Comme Jardins d’Écrivains, Chapel Factory est une marque de parfums créée par Anaïs Biguine. Elle en a d’ailleurs signé toutes les fragrances. C’est en 2020 qu’elle voit le jour et elle compte aujourd’hui cinq fragrances que j’ai eu l’occasion de découvrir. Anaïs Biguine est partie du postulat que le parfum peut-être d’une grande spiritualité. Après Jardins d’Écrivains, Les Cocottes de Paris sur lesquels je reviendrai bientôt et Gri Gri que j’espère découvrir, c’est une nouvelle marque avec un esprit et une dimension plus spirituelle. J’en ai sélectionné quatre que j’ai pu découvrir grâce à Éloïse et à toute l’équipe de Lulli à Lyon.
Anaïs Biguine, fondatrice de la marque et créatrice de tous les parfums
« Une étoffe de cendres ténébreuses aux allures érémitiques. Tel un manteau d'ermite, le fir balsam se couvre de musc, d'ambre, de baume et de fumée. Un parfum envoutant par sa puissante vocation aux sillages d'encens vagabonds ». Créé par Anaïs Biguine en 2020, « Hermit Coat » est le premier parfum que j’ai pu sentir et le moins que l’on puisse dire c’est que, dès la vaporisation, il m’a surpris. Les notes de pin baumier à l’envolée se conjugue avec la résine d’élémi et la fleur d’héliotrope. Le coeur, construit autour de l’ambroxan est rehaussé de rose, de résine Oliban et de différents baumes et le fond d’encens s’adoucis de muscs et d’ambre. Il m’emmène dans un univers sombre d’une forêt mystérieuse et je dois dire qu’il a vraiment une double face. Il est tour à tour très baumé et très encens. Je comprends complètement la dimension artistique de cette création mais j’avoue que j’ai quand même du mal à me dire que je pourrais le porter. « Hermit Coat » est particulièrement déroutant voire clivant. Soit on va adhérer, soit on va être rebuté. Pour ma part, je me situe un peu entre les deux même si je comprends très bien qu’il plaise à un public désireux de sortir des sentiers battus.
« L’ondulation des notes raisonne comme un psaume à la splendeur du roi David.La puissance du musc éveille la spiritualité et le santal procure une paix intérieure. Pura Lux irradie la lumière de l’âme ». Inventé également par Anaïs Biguine, « Pura Lux » est particulièrement étonnant dans son évolution. Le départ ambré et poivré m’a énormément plu mais je dois dire que je n’ai pas tellement adhéré au coeur de santal construit avec le cèdre et le jasmin qui donne quelque chose de presque « bubble-gum ». Je ne sans pas du tout le fond d’ambroxan, de patchouli et de musc. Le mariage réalisé donne quelque chose de très déstabilisant. Il y a presque quelque chose de cheap à un moment de l’évolution puis le parfum se recentre sur des notes lactées et gourmandes à la fois. Je dois dire que « Pura Lux » n’est pas le parfum de la collection que je préfère. Le côté très synthétique me dérange un peu mais il a quelque chose de très ambivalent qui le rend, au bout du compte, « assez niche » pour plaire à une clientèle exigeante. J’ai du mal à me projeter et à penser que je pourrais le porter.
« Dans l'antiquité ce mot désignait une école de pensée comme le jardin d’Épicure. Parce que le luxe suprême est de s'offrir le sacrilège de se sentir libre, Heresy émancipe des notes sacrées. Une eau d'encens évoquant la longue route du désert de la péninsule Arabique. Des trésors portés au pied de chaque autel où l'homme perpétuelles louanges. Un bagage spirituel faisant écho aux mystères de l’âme ». Créé toujours par Anaïs Biguine, « Heresy » est, pour moi, l’une des fragrances les plus réussies de la collection et, s’il est clivant et étonnant, il s’ouvre sur une envolée d’encens et de poivre noir qui semble très « pierres froides d’église » et je dois dire que, si j’en étais resté là, j’aurais vraiment détourné la tête. Il se réchauffe avec un coeur de santal un peu lacté contrebalancé par le cèdre et son effluve de bois de crayon à papier et la violette qui lui confère une note poudrée. Le fond de gaïac, de patchouli et de vétiver est très intéressant et il m’a bien plu. Il est sans doute moins déroutant que les deux premiers pour moi. Je le trouve très boisé et encens mais suffisamment chaud pour ne pas me déranger. Je ne sais pas si je pourrais le porter mais qui sait… Je pourrais essayer.
« Un parfum inspiré par le rituel chamanique qui pour communiquer avec la nature et les Dieux utilisent un encens appelé Palo Santo. Ce bois sacré dont la traduction est " bâton saint" est récolté sur les sols de l'Amérique Latine pour ses vertus holistiques. Une connexion olfactive au pouvoir harmonisant ». Épicé, très bien équilibré, « Holy Stick » est mon parfum préféré dans la collection Chapel Factory et je pourrais très bien me l’approprier. C’est un parfum chaud, rond, résineux et à la fois relevé et arrondi par des épices froides et chaudes il s’ouvre sur une note de résine d’élémi accompagnée de cardamome et de clou de girofle pour aller sur un coeur d’encens très rond, de petit grain et de cèdre et se pose sur un fond de palo santo (décidément j’aime beaucoup cette matière première), de patchouli, de benjoin presque vanillé et d’ambre. Il ne m’évoque pas forcément un rituel chamanique, il m’évoque quand même un voyage au loin, dans des contrées que je ne connais pas, sur la route des épices. Je pense qu’il aurait bien pu l’appeler « Marco Polo ». En tout cas, il m’a énormément plu et la note de cardamome n’y est pas pour rien.
Il y a, je crois, un autre parfum chez Chapel Factory et je ne sais pas ce qu’Anaïs Biguine a inventé cette fois. Pour ce qui est des quatre créations que j’ai pu sentir et essayer, j’ai été dérouté et séduit parfois. Entre attirance et répulsion, les parfums me plaisent plus ou moins, me rebutent parfois mais c’est ça aussi la parfumerie de niche. Pas de consensus mais beaucoup d’imagination et d’inventivité pour créer des objets parfumés non identifiés.
Les Cocottes de Paris, un petit air de Belle Époque
J’avais eu un vrai coup de coeur pour Jardins d’Écrivains, créé par Anaïs Biguine et il a été tout naturel que je m’intéresse, dès leur sortie en 2015 aux trois parfums rendant hommage aux demi-mondaines, aux courtisanes qui ont défrayé la chronique de la Belle Époque. Trois parfums féminins (quoi que), assumés, profondément créatifs et délicieusement décadents. Les univers de « Melle Cléo », « La Belle Otero » et « La Castiglione » déclinés en trois fragrances particulièrement bien réussies et tout à fait fascinantes et addictives. Je dois dire que j’ai aimé les trois et que j’ai pu, encore une fois, apprécier le travail plein de goût et de virtuosité d’Anaïs Biguine. Les Cocottes de Paris sont à découvrir ou à redécouvrir. En tout cas, lorsque je les avais sentis à Ma Belle Parfumerie à Dijon, j’avais été séduit. Il me restait quelques gouttes dans des échantillons mais suffisamment pour avoir envie d’y remettre mon nez et, bien évidemment, d’en parler.
« Melle Cléo » s’ouvre sur des notes de bois de rose, de bergamote et de lychee et évolue vers un coeur d’ylang-ylang,de rose et de belle de nuit, une fleur peu utilisée en parfumerie. Le parfum, au bout de quelques temps, se pose sur des notes de lichen et de fleur de coton. C’est une variation autour d’une rose étonnante, cachée, sulfureuse et ronde. La marque le décrit ainsi : « L’eau de parfum Melle Cléo est une sorte de chorégraphie olfactive aux variations imprédictibles. Un bois de rose Botticellien, une belle de nuit digne des Asparas et une fleur de coton pour la plus angélique des Cocottes ». Cléo de Mérode était ambiguë et farouche. Considérée comme la plus belle femme du monde en 1896 elle va séduire, intriguer et passionner ses contemporains. Pour ma part, j’avais lu des choses à son sujet et je l’imaginais plutôt dans des notes de patchouli un peu poudré. Anaïs Biguine en donne une lecture plus intemporelle, jamais datée et, finalement assez contemporaine. J’aime beaucoup le côté très facetté de ce parfum et des matières premières utilisées. Pour moi, c’est une « Cocotte » faussement sage, légèrement androgyne et tout à fait fascinante.
La Belle Otero a, par ses allures de gitane, été la reine de Paris et de la Riviera à la belle époque. Elle évoluait dans les hautes sphères. Anaïs Biguine la figure au sein d’un parfum particulièrement inventif. Une envolée de néroli, de poivre, d’absinthe, de figue et de gingembre nous sidère dès la vaporisation. Le coeur est floral, cuiré, poudré et aromatique à la fois avec des notes de violette, de musc, de buchu, de lavande et de narcisse et le fond poudré et crémeux d’iris et de santal rehaussé d’un peu d’encens. La marque décrit ainsi ce parfum : « L’eau de parfum La Belle Otero est une invitation au dévergondage. Un poivre licencieux, une absinthe illicite, une violette convoiteuse et un santal concupiscent. Son évolution laisse à la peau une certaine délectation ». Ce parfum est mon préféré. Il est atypique, profond et d’une élégance presque provocatrice. Pour moi, il est la quintessence des parfums de la Belle Époque revisités par Anaïs Biguine. Je le trouve mystérieux, vénéneux et vraiment narcotique. Toutes les notes, qui pourraient sembler incohérentes sur le papier, s’harmonisent parfaitement et avec beaucoup d’élégance.
Photographié, respectée, moderne… Je ne sais pas comment qualifier La Castiglione mais le parfum que lui dédie Anaïs Biguine est absolument magique ! « À la lueur des candélabres, l’eau de parfum La Castiglione évoque un émoi luxurieux et fuligineux. Un patchouli ensorcelant, un copahu libidineux, un cade élégant et un ambre gris caressant. Un parfum au panache ténébreux ». Un départ déroutant d’armoise acidulé par le cédrat, un coeur de copahu, de réglisse, de patchouli et de bois de cade lui donne quelque chose, encore une fois, d’ambivalent et même d’androgyne et le fond d’ambre gris, de myrrhe et de styrax s’harmonise magnifiquement avec le reste des notes. C’est un coup de coeur également. J’imagine cette Castiglione se promener discrète et pourtant remarquée sur la rive droite de la Seine à Paris. Je trouve que « La Castiglione » est peut-être le plus « photographique d’une époque » des trois Cocottes. En tout cas, j’ai adoré. Je pense que, à l’instar des deux autres, il doit vraiment être découvert.
Je redécouvre ces trois parfums et je me dis que je les aime décidément beaucoup. Il sont à sentir, à essayer, à porter. Je trouve que ces « Cocottes » ne prennent pas une ride. Elles sont d’aujourd’hui comme d’hier… Intemporelles !
Parfums de Luxe, la nouvelle collection d'Estée Lauder
Je n’avais pas vraiment aimé « Desert Eden », le tout premier parfum de la collection Parfums de Luxe d’Estée Lauder mais je trouvais la présentation très élégante et, de ce fait, j’ai quand même tenu, durant mon séjour à Paris, à découvrir la collection. Je dois dire que je suis assez mitigé par ce que j’ai senti malgré le fait que j’aurais voulu aimer ce que contenaient ces magnifiques flacons. Trop classiques, trop sentis et re-sentis, je me suis retrouvé face à une collection « à l’américaine », jolie, bien faite mais sans beaucoup d’audace et d’originalité malgré le talent des parfumeurs hexagonaux qui les ont imaginés et la qualité des matières premières. Je ne les ai pas trouvés horribles bien évidemment et j’ai quand même sélectionné trois fragrances qui sont les plus à mon goût. Je vais essayer, de voir le verre à moitié plein et de me montrer positif car il faut toujours sentir et découvrir avant de se détourner d’une marque ou d’une collection.
« Des notes d’une trilogie d'osmanthus entourées par l'huile de Concrète de Ciste et d'un accord de cuir. Un parfum qui capture l’esprit audacieux de la nature, sauvage et indomptée » et « Paradise Moon » est indéniablement mon préféré de toute la collection. Imaginé par Rodrigo Flores-Roux autour du cuir et, s’il ne m’a pas surpris, je l’ai trouvé très intéressant car il s’ouvre sur le côté à la fois suède, fruité et floral de l’osmanthus pour aller vers un coeur de ciste labdanum et un fond basé sur l’accord cuir de Russie (bouleau et mousse de chêne). Il est, tour à tour doux, « intense » et harmonieux mais s’inscrit quand même dans la lignée des ces parfums comme « Bronze Wood & Leather » de Jo Malone ou encore « Ombré Leather » de Tom Ford. J’aime bien et c’est ma zone de confort mais il ne me surprend pas. En revanche, je pourrais le porter sans aucun soucis.
« Dans un éclat de lumière, laissez-vous transporter dans le palais des rêves. Un parfum qui capture l’éclat des rayons du soleil. Vivifiant, lumineux et énergisant, il procure un sentiment de joie et d’harmonie qui vous rend radieuse et intensément vivante ». Imaginé autour du thé de Chine par Shyamala Maisondieu, « Tender Light » a également retenu mon attention probablement parce qu’il entre complètement dans mes goûts et que, sans en avoir vraiment envie au moment M, je pourrais le porter facilement. Il joue avec plusieurs variétés de thés noirs et blancs très frais et une essence de bergamote que je sais être de belle qualité, le tout poudré et rendu un peu gourmand par un iris pallida de Toscane dont l’effluve est toujours très facilement identifiable. C’est un parfum qui, à défaut de sortir des sentiers battus, est d’une grande élégance et procure, à n’en pas douter, un sentiment de confort évident. Je l’ai bien aimé mais je me demande s’il n’aurait pas plus sa place dans la collection classique d’Estée Lauder comme une jolie nouveauté.
« Radiant Mirage est une fragrance florale boisé. Un voyage olfactif exaltant et magique, suspendu dans le temps. En son cœur, l’extrait de Jasmin Sambac, fleur blanche délicate et enivrante. Il est enveloppé par les notes envoutantes du bois de santal et du patchouli ». Composé par Quentin Bisch, « Radiant Mirage » est peut-être le plus surprenant des parfums de la collection, en tout cas pour moi. C’est un vrai floral qui met un jasmin sambac opulent au centre de la création. Il est soutenu par des notes de bois de santal mais également de patchouli et je trouve que la dualité du bouquet floral avec cette matière est assez intéressante. Je l’ai trouvé joli, un peu fugace peut-être mais surtout un peu plus original. C’est un faux floral, un faux patchouli, il va nous chercher un peu et ce n’est pas désagréable. Très honnêtement, je ne le porterai pas mais il fait partie des trois parfums dont j’ai préféré la composition.
Vous l’aurez remarqué, je manque un peu d’enthousiasme mais j’ai écrit cet article après avoir découvert les parfums sur un mode exercice de style et, si je n’ai pas pris de plaisir particulier, je me suis trouvé quand même un peu blasé et ce n’est pas dans mon caractère. J’ai voulu quand même extraire ce que j’ai aimé de cette collection et me montrer « de bonne volonté ». Je suis un peu dubitatif comme je l’ai été devant la collection privée de Chloé. Le packaging est très beau mais les jus sont un peu convenus. Ce sont deux collections que je rapproche assez facilement d’ailleurs. En revanche, si vous croisez celle-ci, allez vous faire votre propre idée. Je suis peut-être passé à côté d’une merveille, je n’ai pas la science infuse bien loin de là.
Formation Chanel à l'hôtel Intercontinental
C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai accepté l'invitation de Sébastien, spécialiste parfums du stand, enfin maintenant de la boutique Chanel du Printemps de Lyon, pour une formation sur la maison. Nous en avions beaucoup parlé et finalement, c'est arrivé. Nous nous sommes donc retrouvés, avec un excellent groupe, dans la suite présidentielle du très bel Hôtel Intercontinental du Grand Hôtel-Dieu samedi matin vers dix heures et il s'en est suivi deux heures d'échanges stimulants, de découvertes et de parfums. Nous avons regardé des minis documentaires sur lesquels Sébastien nous a demandé de réagir tout en sentant, à l'aveugle, des touches imprégnées de parfums Chanel mais aussi de matières premières brutes comme, par exemple, une très belle qualité de bergamote d'hiver de Calabre ou encore la rose centifolia et le jasmin de Grasse utilisés par la marque dans la concentration parfum du "N°5".
L'hôtel Intercontinental
Au travail !
Nous avons également fait un retour sur les quatre créateurs qui ont dirigé la créations chez Chanel, Ernest Beaux dont j'ai déjà parlé souvent mais aussi Henri Robert à qui l'on doit, entre-autres, le très clivant "N°19" et sa cohorte d'iris et de galbanum, Jacques Polge qui a vraiment imprimé à la marque un renouveau et un développement sans précédent et, également son fils, Olivier Polge, qui a repris la tête de la création depuis 2015. L'avantage avec Chanel c'est que sentir, essayer les créations est une redécouverte permanente. Il y a vraiment, dans tous les parfums de la maison, une manière de travailler qui imprime un fil conducteur et un "esprit Chanel". Pour moi, que ce soit la collection classique, les Exclusifs ou les Eaux, l'identité se remarque tout de suite. Dans la parfumerie "grand public", le statut de Chanel est à part il faut bien le dire. La qualité, le respect des parfums et de leur clientèle et l'ingéniosité de conserver la même ligne malgré les contraintes de quantité de matières imposées par Bruxelles et l'élégance un peu décalée en font une marque qui a su sauvegarder une exigeance parfaite depuis la création des premiers parfums en 1921. Je le pensais déjà et, grâce à Sébastien et à cette formation passionnante, j'ai été conforté dans mon avis.
Et puis il y a eu les redécouvertes voire même les découvertes. Et oui, on ne connait jamais tout. J'ai eu, dans nos "dégustations" à l'aveugle, vraiment deux coups de coeur. Le premier, sans équivoque, est "Sycomore" qui est un travail du vétiver que j'ai toujours beaucoup aimé et que j'ai redécouvert avec énormément de plaisir et que je. pourrais vraiment porter. La surprise a été "Bel Respiro" que je ne connaissais pas vraiment et à côté duquel j'étais passé. Je l'ai trouvé tout en nuances et vraiment très original tout en conservant l'ADN Chanel. Ces deux parfums font partie de la très belle collection des Exclusifs qui n'a de cesse de me séduire à chaque fois que j'y remets mon nez. Même si je suis très attaché à "Cuir de Russie", j'aime énormément plusieurs des créations de cette série. Mon autre surprise a été de redécouvrir "Gabrielle" en version Essence créé en 2019. J'ai trouvé particulièrement audacieux de lancer un fleuri aussi riche et aussi facetté dans la parfumerie grand public. Son succès m'a prouvé que les utilisatrices (et pourquoi pas les utilisateurs) peuvent se tourner vers une vraie belle création, audacieuse et à contre-courant. Comme quoi, il y a de l'espoir...
Il s'en est suivi un cocktail très raffiné et une suite d'échanges à bâtons rompus avec un groupe super dynamique, Sébastien et Séverine du stand Chanel des Galeries Lafayette de Bron. L'ambiance était détendue, passionnante et c'était un petit moment très privilégié de cette fort belle expérience. Je voudrais remercier Sébastien, Séverine et toute l'équipe de l'hôtel Intercontinental pour nous avoir permis de passer ce très beau moment, instructif et chaleureux dans un si beau cadre. Je le referai avec plaisir mais, pour l'instant, mon envie, est de remettre mon nez dans plusieurs parfums Chanel.
Photos Jean-Frédéric Lachal
FumparFum, une maison fantastique venue de Lituanie
FumparFum est une maison créé par une personnalité publique lituanienne qui est devenue parfumeur pour recréer ses impression en odeurs. Acteur, scénariste, homme de radio et de télévision, Aistis Mickevičius a su inventer une collection particulièrement élégante et atypique que nous avons découvert chez Sens Unique lors de notre dernier passage à Paris. Je dois dire que j’ai été particulièrement séduit par cette maison dont j'ai découvert la collection Alchemist et par les créations proposées. J’en ai d’ailleurs essayé une autour de moi, je vous en parlerai au fil de cet article. FumparFum est une marque que je suis heureux de connaitre car j’ai eu vraiment un coup de coeur pour plusieurs des parfums en concentration extrait qu’elle recèle. Je remercie d’ailleurs l’équipe de Sens Unique de me l’avoir fait découvrir. J’ai retenu quatre fragrances mais reviendrai vous parler de « Plague » que j’ai également bien aimé dans un autre article lorsque j’aurai plus de renseignements à rapprocher de mes impressions.
Lancé en 2020, « Vaudeville » a été mon premier coup de coeur et pour cause. La marque le décrit ainsi : « Quelle est l’odeur d’un cabaret? Quand les micros chromés brillent déjà sur la scène illuminée d'énormes et brillantes boules à facettes. La revue va bientôt commencer ». Je dois dire qu’on y est vraiment… enfin qu’on s’y croirait. Aistis Mickevičius a su parfaitement recréer l’ambiance des coulisses de théâtre avec tout ce qu’elle a de séduisant. Après une envolée de pamplemousse rose et de poivre. blanc, le coeur est floral avec le jasmin, l’immortelle, la fleur de pamplemousse, la tubéreuse et le tabac lui donne une certaine profondeur. Le fond de bois noir, de patchouli, de vétiver, de mousse de chêne, d’encens, d’ambre et de cuir lui donne quelque chose d’un chypre moderne aux multiples facettes comme si la poudre de maquillage se mêlait à l’odeur du velours et des fauteuils. C’est un parfum éminemment élégant et je pense que je pourrais tout à fait le porter.
« Golden Sawdust » créé par Aistis Mickevičius en 2019 est sans aucun doute le parfum le plus boisé que j’ai pu sentir. Je schématise mais je pense que je ne suis pas loin de la vérité. « Cela nous rappelle une scierie dans les montagnes lorsque vous ouvrez une lourde porte en bois et que vous vous noyez dans l'odeur du bois fraîchement coupé ». Le bois de cèdre est au centre de la création et on le retrouve à tous les étages de la pyramide olfactive. Au fil de l’évolution, il se charge d’ambre, d’encens, de benjoin, de labdanum, d’immortelle et même de piment mais il reste là, présent comme la sciure de bois, comme un crayon à papier fraîchement taillé. Il faut aimer ce genre de parfum mais sa concentration le rend vraiment étonnant. Je me suis pris à penser que je pourrais, pour une fois, porter un vrai boisé, sans artifice, net et précis avec tout ce que cela de comporte de surprise pour moi. Je l’ai senti et re-senti mais oui, il m’a plu. C’est un merveille il n’en faut pas douter. Il a une vraie identité et je me suis surpris à le trouver addictif.
« Les pharmacies anciennes avaient toujours un parfum particulier. Le mobilier en bois est imprégné des senteurs de potions, de teintures, de résines et d'herbes. La cloche sonne. Le pharmacien apparaîtra bientôt » ainsi est « The Pharmacist » lancé en 2020 et toujours créé par Aistis Mickevičius. Il s’ouvre sur des notes aussi étonnantes que le piment, la camomille et le thym et je le trouve déjà un peu « Baume du Tigre ». Le coeur de jasmin un peu vert évolue très vite sur un fond boisé associé à des accents de ciste, d’ambre, de benjoin et de vanille. Il n’y a rien de trop fort ni de trop médicinal dans cet extrait de parfum qui est se situe entre réalisme et onirisme. Harmonie et cohérence nous emportent vraiment dans cet univers d’apothicaires, d’anciennes officines, de bien être et aussi de beaux flacons en porcelaines. J’ai adoré ce parfum. Il m’a séduit de bout en bout et je pourrais complètement le porter. Il ne ressemble à rien d’autre. Il m’a énormément plu et je pense l’essayer vraiment plus en profondeur prochainement.
J’ai un énorme coup de coeur pour « Old Piano » lancé en 2019 et que le parfumeur présente ainsi : « Quelle est l’odeur d’un vieux jazz club de New York ? L'intérieur présente beaucoup de bois laqué et de cuir, un vieux piano dans le coin et un fantôme de whisky et de fumée de cigare dans l'air. C'est exactement ce dont parle ce parfum ». Entre piano jazz, piano bastringue ou piano de concert rock, ce parfum m’entraîne dans un univers artistique et populaire à la fois. Construit autour de l’immortelle (comme c’est étrange), il m’a tellement plu qu’il m’a fallu l’essayer séance tenante et j’en ai bien profité pour le reste de la journée. Il est assez linéaire, l’ambre gris arrondit le bois de cèdre, l’encens (que je n’aime pas trop en général) et le benjoin. Le fond de cuir, de oud, de musc et d’immortelle reste très longtemps. Je l’ai senti sur mon écharpe pendant plusieurs heures et j’ai adoré. Il est d’une élégance presque sophistiquée par moment et garde un côté brut à d’autres. Extrêmement facetté, il me donne l’impression d’avoir superposé un ambré sur un floral ou un chypré. C’est comme si Aistis Mickevičius avait inventé une nouvelle famille olfactive. Vraiment je me suis fait plaisir toute la journée.
J’adresse encore une fois un grand merci à toute l’équipe de Sens Unique. À chaque passage, je fais de belles découvertes et la chaleur et la passion les anime toutes ! C’est communicatif… Vraiment, cette maison que je n’avais aucune chance de découvrir m’a séduit et je trouve que Aistis Mickevičius est vraiment un parfumeur de talent. Si vous croisez la route de ses créations, que vous aimez les beaux extraits de parfums qui sortent des sentiers battus, surtout n’hésitez pas à aller les sentir voire les essayer.
Un peu avant Noël
Cet article m'a été inspiré par la vidéo de Marion sur sa chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures. Noël approche et, entre cadeaux et calendriers de l’avent, je suppose que vous avez découvert des choses, parfums, bougies, diffuseurs… autant de cadeaux qui font plaisir non seulement aux amateurs mais, il faut bien le dire, à tout le monde. Je n’étais pas parti pour donner des idées car il est toujours difficile de cerner les goûts d’autrui en ce qui concerne les fragrances. Je fais donc, via cet article, une petite tentative d’un nouveau format. J’espère que ça vous plaira. Je vais donc vous livrer mes coups de coeur pour soi et pour la maison. Il y en a pour tous les goûts, pour tous les prix et j’espère que ces suggestions vous serviront.
Je ne suis pas très amateur de bougies parfumées car je ne pense pas à les allumer et elles restent dans le placard mais, pour ceux que ça tente, il y a plein de possibilités des plus économiques aux plus onéreuses. Toutes les grandes marques de parfumeries sortent leurs bougies, il y a aussi, bien évidemment Trudon, maison traditionnelle de ciriers aux créations très qualitatives mais très onéreuses. On peut aussi se rendre chez Jo Malone car la qualité n’est plus à démontrer. Mon coup de coeur de cette année est un peu moins onéreux et il s’agit de « Jardin du Luxembourg » de Kerzon. 190 de cire et une mèche facile à utiliser diffusent une odeur décrite ainsi par la marque : « Souvenir d'une promenade après l'école à observer les bateaux sur le bassin du « Luco », la senteur Jardin du Luxembourg dévoile une tête verte amandée et un coeur tilleul et lilas, sur un fond de miel, clin d'oeil aux nombreuses ruches présentes dans le jardin ». L’an dernier, j’étais toujours sur ma chère Rive Gauche de la Seine avec Saint-Germain-des-Prés qui était très belle et audacieuse et j’ai choisi, pour 2021, de pouvoir offrir ce très beau spécimen de cocon parfumé pour la somme indicative de 37 euros. Je connais la brume que je trouve vraiment formidable et je pense faire très plaisir avec la bougie contenue dans son joli verre simple et élégant. Pour moi, Kerzon est un très bon compromis car vraiment les créations de cette maison sont belles, fines et jamais entêtantes.
Un diffuseur est toujours une idée cadeau très agréable car souvent il est vendu dans un belle boite et le système de capillarité par des bâtonnets végétaux fonctionne très bien. Il en existe dans de nombreuses marques telles Diptyque, Jo Malone beaucoup d’autres mais je trouve que ceux de Fragonard sont particulièrement bien vus, variés et très efficaces. Pour 30 euros, l’objet est élégant, le packaging très joli et festif. 4aimais bien « Pivoine » mais je crois que mon préféré reste, vous n’en serez pas surpris, « Lilas ». La durée de vie est assez longue et l’odeur n’est jamais trop envahissante tout en restant présente. Pour l’avoir déjà offert, en me basant sur mes propres goûts, je sais que j’ai fait très plaisir et je dois dire que je n’ai jamais regretté mon choix. Fragonard propose une infinité de cadeaux pour soi, pour la maison avec un excellent rapport qualité-prix. Plus je découvre, plus j’aime le tournant qu’a pris cette maison grassoise ancestrale qui a su toucher un public large et et de toutes générations. Il faut dire que la marque propose un très large choix de produits. Je dois dire que j’ai utilisé la crème hydratante à la gelée royale durant des années avec beaucoup de satisfaction et de bien être.
Les gels douche Molton Brown ont toujours étés mes préférés. 22 euros pour 100 ml en moyenne, c’est un vrai plaisir pour la peau et pour la salle de bain. J’avais vraiment un faible pour « Verveine » qui n’existe plus mais j’ai eu, entre les mains, « Gingerlily » qui est vraiment très agréable. La marque le décrit ainsi : « Envie de voyager ? Partez en bord de mer avec notre gel douche hydratant aux senteurs de Gingembre, tubéreuse et bois de santal.
- Huile de graine de tamanu hydratante
- Cristal de mica irisé
- Huile aromatique de cardamome, gingembre et tubéreuse
Exotique. Attirant. Evasif ». Je dois dire que je l’ai utilisé et que je l’offrirai avec plaisir. L’odeur est agréable et la texture Molton Brown est hydratante et apporte un confort certain. Le seul bémol est la rareté des points de vente en France. En tout cas, cela peut constituer un petit cadeau sympa ou un complément non négligeable.
Bien évidemment, il y a les boules d’ambre de l’Artisan Parfumeur ou encore de Maître Parfumeur et Gantier. La qualité est géniale mais j’ai opté il y a quelques années pour la terre cuite Melograno de Santa Maria Novella. L’odeur est exceptionnelle et associe la grenade à l’encens et décrite ainsi : « Une reproduction du fruit de la grenade, fabriquée à la main en terre cuite. Il est trempé dans le parfum Melograno d'Officina Profumo-Farmaceutica di Santa Maria Novella qui se libère lentement dans l’air. Placer sur la plaque fournie dans la boîte afin d'éviter tout contact direct avec toutes les autres surfaces ». Elle est vendue en France autour de 50 euros il me semble et je l’ai offerte il y a déjà plusieurs années. Elle sent encore ! Sa durée de vie est absolument exceptionnelle d’après les retours que j’ai eu. L’objet semble un peu quelconque mais je trouve qu’il est assez élégant et il fonctionne vraiment merveilleusement et peut constituer un beau cadeau pour les amateurs de ces senteurs florentines si identifiables.
Je ne conseillerai pas de parfum car ce serait titanesque mais je suggèrerai de demander au vendeur, le cas échéant, un échantillon afin que la personne puisse découvrir le parfum sans ouvrir le flacon. Sinon, il y a toujours la possibilité du chèque cadeau dans la parfumerie de son choix. C’est une très bonne solution car vraiment nous sommes certains de faire plaisir. Pour ma part, la dernière fois que j’ai offert un parfum, je me suis bien débrouillé car j’ai choisi « Ceci n’est pas un flacon bleu 1/2 » de Histoires de Parfums qui, malgré sa singularité, a un côté addictif qui plait beaucoup. Ça avait très bien fonctionné sur une personne qui ne se parfumait plus vraiment depuis longtemps. J’en ai parlé souvent donc je ne vais pas revenir dessus mais vraiment je l’aime beaucoup également pour moi et j’ai considéré ne pas vraiment prendre de risque.
Voilà donc quelques suggestions qui, par associations d’idées, pourraient vous en provoquer d’autres. J’espère, pour les retardataires, que vous trouverez le bon cadeau et que tout le monde pourra passer un Noël agréable et parfumé cette année. En attendant, je pense que je vais retourner dans les boutiques… dénicher d’autres choses, me faire d’autres envies… à suivre.
Ma quête du cuir idéal
Cette année, je suis en quête du cuir idéal car, si l’hiver dernier je portais plutôt des chyprés, cette saison froide me donne envie de me réfugier dans la chaleur de cuirs doux ou plus rêches. Du daim, suédine au cuir de Russie sombre et plus animal, je me suis penché sur la question d’autant que j’ai ressorti « Narcisse Blanc », je veux dire le vrai, celui créé par Ernest Daltroff, pas ce petit jus sans intérêt commercialisé actuellement par la maison Caron ou ce qu’il en reste. C’est un merveilleux parfum oscillant entre cuir, fleurs avec des notes complexes, chaudes et enveloppantes. J’ai décidé de vous emmener avec moi dans mes pérégrinations parfumées à la recherche du parfum idéal dans cette famille olfactive. Je n’ai choisi que des fragrances que l’on peut encore trouver, certaines avec quelques difficultés certes, sur le marché afin de ne pas nous donner des envies que nous ne pourrons pas satisfaire.
Le tout premier parfum qui me vient à l’esprit est, bien évidemment, le mythique « Cuir de Russie » de L.T. Piver créé en 1891 sous une forme plus cologne et remis au goût du jour en 1939 puis en 2003 et qui reste l’un des fleurons de cette très ancienne maison de parfums qui le décrit ainsi : « Créé à la fin du XIX ème siècle, ce jus exceptionnel renaît aujourd’hui dans une version originale. Très gentleman – farmer, cette composition s’inspire de l’odeur de cuir des bottes de cosaques, imperméabilisées avec de l’écorce de bouleau. La note cuir, envoûtante et d’une irrésistible élégance, s’accompagne d’accents toniques et hespéridés - mandarine et bergamote - qui déposent sur la peau un voile de fraîcheur. Mais aussitôt des touches boisées et épicées prennent le relais avant que le miel ne vienne distiller toute sa douceur. Cette fragrance complexe qui se livre discrètement, exhalant au fil des heures toute sa splendeur, s’épanouit dans un flacon très structuré, aux lignes robustes, inspirées par la période constructiviste Russe. Un univers convivial, raffiné, jamais ostentatoire ». Ce parfum a initié, bien évidemment, cette famille olfactive et lui a conféré quelque chose de facile à porter car l’essence de bouleau très goudronnée est adoucie par la mousse de chêne et par des notes de tête très agrume qui confèrent une certaine fraîcheur à « Cuir de Russie ». Emblématique de la maison mais aussi de ce que j’aime, il est, pour moi, un incontournable depuis de très nombreuses années. Je le trouve à la fois facile à porter et très élégant. En plus, malgré une concentration eau de toilette, il est d’une rare ténacité. Pour finir, il est très économique et reste un petit plaisir pas cher. J’en parle souvent mais je pense que, parmi les cuirs idéaux, il a parfaitement sa place. C’est du luxe à petit prix et sa complexité le met très facilement en balance avec d’autres parfums beaucoup plus onéreux.
Lancé en 2011 et créé par Jean-Paul Millet-Lage pour Maître Parfumeur et Gantier, « Cuir Fétiche » est devenu l’un de mes musts aussi. C’est aussi un cuir de Russie mais très rond, très doux et enveloppant avec un côté à la fois discret et profondément chic. Il est comme un foulard parfumé qui se serait aussi imprégné du cuir du col d’un blouson. La marque le décrit ainsi : « Un parfum ‘’de peau’’ par excellence, incarnation absolue de la sensualité. Cuir Fétiche est un accord intimiste, marquant une personnalité ultra féminine par la gourmandise de la mandarine rouge et de la vanille, le raffinement des fleurs d’ylang-ylang et de jasmin et la sensualité de l’accord cuir ». Plutôt estampillé féminin, sans doute à cause de ses accents un peu poudrés et orientaux, il est, pour moi, parfaitement mixte et je le porte avec toujours le même plaisir que lorsque je l’ai découvert. Le départ est très bergamote et mandarine mais le côté géranium vient lui donné une fraîcheur ronde très nette. Le coeur de cuir est adouci par un bouquet floral à dominante d’iris et d’ylang-ylang et je trouve le fond d’ambre gris, de muscs blancs et de patchouli très doux et élégant. Je l’aime vraiment beaucoup. Il m’évoque un peu les années 20 et les codes bousculés des femmes en smokings fumant au bout de longs tubes, les hommes aux cheveux coiffés à la brillantine et accentuant un côté latin lover. Pourtant, « Cuir Fétiche » a aussi une facette résolument contemporaine. Dans ma quête du cuir idéal, je le pense très bien placé.
S’il est une maison qui a très bien fait travailler la note de cuir, c’est bien Naomi Goodsir puisque, sur six créations, elle en propose deux depuis cette année. Au côté animal et très sombre de « Corpus Equus », la très belle nouveauté créée par Bertrand Duchaufour, j’ai préféré la douceur d’un cocon et j’ai choisi « Cuir Velours », inventé en 2012 par Julien Rasquinet que je trouve vraiment conforme à mes goûts. Avec ce parfum, je m’éloigne un peu de l’accord cuir de Russie pour me placer dans une fragrance très ronde, basée sur le ciste labdanum plus moderne et sur un côté tabac et immortelle. Complexe, vivant, texturé, « Cuir Velours » est aussi un pas vers le cuir de mes rêves car il est tellement chic et facile à porter qu’il me donne envie de l’utiliser encore et encore. Je le trouve complètement réussi. De plus, c’est un peu le cuir de ceux qui n’aiment pas forcément cette famille tant il est doux et cocon. Je le rapproche bien de « Cuir Blanc » de Evody et de « Cuirelle » de Ramon Monegal que j’aime beaucoup aussi mais peut-être avec quelque chose de plus profond, de plus ciselé. Julien Rasquinet a du talent et je trouve qu’il donne une interprétation très contemporaine de cette note qui peut avoir, parfois, un côté suranné bien que délicieux. « Cuir Velours » est moderne, profond et élégant en diable. Je le trouve également très mixte et facile d’accès. En tout cas, je l’aime beaucoup et vraiment je ne boude pas mon plaisir cet hiver. Il est en bonne place dans ma recherche du cuir idéal.
Parmi les matières premières qui ont une facette cuirée, il y a, bien évidemment, la fleur d’osmanthus et je trouve que l’interprétation faite par Gian Luca Perris pour sa maison éponyme est particulièrement bien réalisée. J’ai mis un peu de temps à m’intéresser à « Absolue d’Osmanthe » mais je dois dire que, aujourd’hui, je ne peux plus m’en passer. Je l’aime autant en eau de parfum qu’en extrait et je trouve que son évolution sur ma peau est fantastique en hiver. J’aurais pu parler aussi de « Osmanthus » d’Ormonde Jayne qui est, pour moi, son pendant estival mais nous sommes en saison froide alors c’est ce parfum que j’adore que j’ai décidé d’inclure dans ma recherche du cuir idéal. La fleur d’osmanthus est présente dès l’envolée et elle est associée aux baies roses épicées, au jasmin et à une prune ronde et très opulente puis on arrive sur un coeur santal et oeillet qui commence à évoluer vers quelque chose de cuiré qui s’exprimera finalement en fond avec des notes de ciste labdnanum et un accord castoreum. C’est une interprétation vraiment très cuir de cette fleur qui a aussi des facettes abricotées et que je trouve particulièrement intéressante en parfumerie. Il me fait le même effet addictif que j’avais pour « L’Eau du fier » créé par Isabelle Doyen pour Annick Goutal et qui a, hélas, disparu.
Marc-Antoine Corticchiato a, pour sa marque Parfum d’Empire, également donné son interprétation du cuir et je dois dire que c’est un coup de maître car son interprétation est devenue un must de la parfumerie d’auteur. J’ai énormément porté « Cuir Ottoman » et, si je l’ai un peu mis de côté, il est fort probable qu’un jour ou l’autre, il me fasse envie à nouveau. Lancé en 2006, c’est un parfum cuir mais également poudré et irisé. « Cuir embaumé d’iris, facetté par le ciste et réchauffé par le styrax brûlé, qui entraine dans son sillages les notes enivrantes des parfums orientaux – baume de tolu, résine de benjoin et larmes d’encens… L’effluve devient opulent avec le jasmin d’Égypte, puis s’arrondit avec la vanille et la fève tonka. Et le Cuir Ottoman se fait chair alanguie offerte aux vapeurs du hammam… », tels sont les mots de la marque pour le décrire et je trouve que tout est dit. L’ouverture est très étonnante car le côté poudré de l’iris se mêle à la note cuir du ciste et florale du jasmin. Elle s’accentue avec un accord cuir au coeur, renforcé par le côté vanillé du benjoin et sombre du styrax. Le fond de fève tonka et d’encens soutient le parfum. Je suis très fan de ce parfum que je trouve vraiment chic et presque oriental. Je trouve qu’il est très élégant et singulier à la fois. Je lui préfère peut-être « Ambre Russe » que j’aime depuis longtemps mais qui est plus ambré que cuiré alors j’ai voulu le citer afin de bien faire le tour des parfums de cette famille olfactive.
Quand je parle de cuir de Russie, je ne peux pas contourner « Baïkal Leather Intense » créé par Patricia de Nicolaï pour sa marque éponyme car je l’adore ! Lancé en 2019, c’est un retour aux beaux cuirs violette des années 20. Il remplace, pour moi, « Mahon Leather » de Floris que j’ai tant aimé et il est plus nuancé que « Aleksandr » d’Arquiste que j’aime énormément aussi. Ce parfum, c’est une seconde peau, douce et brute à la fois. Pour moi, c’est l’équilibre parfait entre le cuir, le bois et les fleurs. Là, on s’éloigne des facettes orientales ou poudrées pour entrer dans un cuir profond, élégant en diable et vraiment on retrouve le classicisme des grands parfums des années trente. Je dois dire que c’est en virtuose, comme toujours, que Patricia de Nicolaï a remis au goût du jour un cuir de tradition car il n’y a rien de désuet dans « Baïkal Leather Intense ». Je me suis fait plaisir à le porter ces derniers jours et nul doute que je le reprendrai. Je l’aime énormément. « La facette cuir de Baïkal Leather Intense est apportée principalement par le mélange de deux notes boisées sèches : l’essence de bois de gaïac et l’essence de pin fumé. Ce duo puissant est révélé par un départ fusant de yuzu, de poivre et de safran tandis que la facette aromatique de menthe crêpue complète la note de tête. Le coeur floral rose-violette enrobe le cuir, adouci par un fond beurre d’iris, fèves Tonka et musc blanc ». J’aime beaucoup cette interprétation. Si je ne sens pas tellement la rose, je trouve que l’accord cuir se mêle avec beaucoup d’élégance à la violette et je trouve que « Baïkal Leather Intense » se rapproche beaucoup de mon cuir idéal.
Fleuron de la collection des Nombres d’Or, créé par Mona di Orio en 2010 pour sa marque éponyme, « Cuir » est, sans jeu de mot, sans grand doute, le cuir de ma vie. Depuis que je l’ai redécouvert, je n’arrête pas de vous en parler mais vraiment il est transcendant. Pour moi, c’est un objet parfumé non identifié comme souvent les parfums de la regrettée Mona. Il est l’anti-thèse des cuirés opulents et ronds car il mêle botes boisées, cuirées et fumées. Une ouverture de cardamome et d’absinthe, un accord cuir de Russie très sombre et un fond basé sur le bois de cade, la résine d’opoponax et d’un accord castoreum, confèrent à ce parfum une évolution absolument incroyable sur ma peau. Je suis tombé sous le charme il y a quelques années et je ne remercierai jamais assez Antonio de Marie-Antoinette, une toute petite parfumerie, une pépite de la rue d’Ormesson dans la Marais à Paris, d’avoir rendu possible que je puisse le porter à nouveau. Inspirée par le Birkin d’Hermès, Mona di Orio a su inventer un cuir d’un nouveau genre, sec et fumé mais terriblement enveloppant et élégant. Sur ma peau, on frise la perfection et je pense que je pourrai le porter en toute saison tant il est délicatement ciselé. Il ne fait jamais « grosse machine », c’est un parfum d’émotions et d’addiction. Je pense que Nathalie alias Mona avait non seulement du talent mais surtout du génie.
J’aurais pu citer d’autres parfums merveilleux comme « Bel Ami » d’Hermès, « Cuir Mauresque » de Serge Lutens ou encore, bien évidemment le sublissime « Cuir de Russie » de Chanel même si, dans le style, je suis assez fasciné par « Le Lion » créé cette année par Olivier Polge, mais l’article aurait été passablement interminable. Allez, je vais citer d’autres jolis coups de coeur, « Ombré Leather » de Tom Ford, « Bronze Wood & Leather » de Jo Malone… Il y en a plein et je ne sais plus où donner de la tête mais je pense que ma quête du cuir idéal fait des articles agréables à écrire. J’espère que vous aimerez les lire autant que ça m’a plu de les préparer !
La collection Superclassique des Eaux Primordiales, une certaine vision de la parfumerie
Le Domaine Primordial
« Les Eaux Primordiales, manufacture de parfums traditionnelle et visionnaire » tel est le postulat d’Arnaud Poulain, fondateur de la marque et créateur des parfums de la collection Superclassique. J’avais, il y a quelques temps, fait un rapide survol de la marque afin d’en écrire une revue et j’ai eu l’occasion de rencontrer, à deux jours d’intervalle, Chiara (aux Galeries Lafayette des Champs Élysées) et Clément (à la boutique Lulli à Lyon) qui m’ont donné envie de me pencher une fois encore sur la marque et plus particulièrement sur cette collection originelle dont ils parlent vraiment avec passion. Je me suis dit que ça valait bien une nouvelle revue, un peu plus éclairée et approfondie. Sur les huit créations de la collection Superclassique, j’en ai retenu quatre que j’ai préféré mais je dois dire que, si parfois je suis un peu dérouté et c’est normal, je sais reconnaitre la démarche olfactive et artistique voulue par le parfumeur et en admirer la créativité. Comme toujours, j’ai envie de vous emmener dans mes impressions plus que dans une description technique ou rationnelle de ce que j’ai pu sentir voire essayer. J’avais remarqué déjà que les aldéhydes étaient un fil conducteur entre les fragrances et peut-être que c’est aussi pour cela que beaucoup d’entre-elles peuvent être clivantes mais c’est ce qui est vraiment intéressant dans une marque, cette impression que le parfumeur a voulu explorer des univers personnels sans avoir le soucis de plaire au plus grand nombre.
Arnaud Poulain, fondateur de la marque et créateur de la collection
« Premier né de la collection Superclassique, il incarne l'union de l'abstraction de l'art et de la raison scientifique. On assiste alors au mariage du vetiver d'Haïti aux notes acidulées de la rhubarbe. Le pamplemousse apporte fraîcheur et modernité à ce parfum à l'équilibre parfait ». J’étais un peu passé à côté de « Abstraction Raisonnée », créé en 2011 et dont je ne saurai pas forcément définir la famille olfactive. Les notes de tête, entre pamplemousse amère et rhubarbe un peu boisée et acidulée nous entraînent vers un coeur de muscade et de jasmin pour se terminer sur un fond de vétiver, de benjoin et de tabac. C’est un travail autour du vétiver certes mais il nous entraîne dans un monde de contraste, entre ombre et lumière, entre chaleur et glace. J’ai particulièrement adhéré à ce parfum car je trouve que la dualité entre la noix de muscade qui est une note que j’aime particulièrement en parfumerie et le jasmin très floral et opulent est tout à fait inédit. Le fond très vétiver mais renforcé par des accents un peu orientaux conférés par le benjoin et le tabac le rendent très singulier. « Abstraction Raisonnée » est tout sauf évident à mon nez. C’est une création sophistiquée et très élégante mais qui ne respecte pas les codes de la parfumerie traditionnelle. Il m’apparaît comme un « bricolage précieux ». Il m’intriguait tellement que j’ai eu envie de l’essayer sur ma peau et de le porter, ce que je fais en écrivant et, très franchement, je pourrais parfaitement me l’approprier alors que, si je l’avais bien aimé lorsque je l’ai découvert, je n’avais pas noté qu’il pourrait être pour moi.
« Réminiscence du linge propre qui sèche au grand air. L'odeur de la lessive saisissante d'abord, laisse place aux notes rassurantes du sorbet poire de l'enfance. On s'enveloppe dès lors dans un bain de fraicheur addictif. Ce bouquet de jasmin et de muscs aldéhydés est un véritable antidote au blues du dimanche soir » tels sont les mots d’Arnaud Poulain pour décrire « Couleur Primaire », cette création qui a vu le jour en 2015 et tout d'abord vendu en exclusivité chez Colette à Paris. Dès l’envolée les aldéhydes, associées à la douceur d’une note de poire, nous envahissent et je dois dire que, comme la première fois, j’ai été particulièrement déstabilisé par ces notes de tête qui donnent vraiment le ton de ce que sera le parfum. Le coeur est un bouquet de jasmin tendre, de pivoine et de rose travaillées de manière légère et florale et le parfum se pose sur un fond de muscs blancs qui rappellent en effet le linge propre un peu adoucis encore par l’ambroxan. Je dois dire que je n’ai pas envie de porter « Couleur Primaire » de prime abord car ce côté vraiment très frais et aldéhydé assumé me déroute quelque peu. Je ressens comme une impression de linge à peine séché mais je reconnais que c’est une création vraiment audacieuse et que l’abondance des notes musquées et aldéhydées vont soit remporter une totale adhésion, soit quelque peu rebuter l’utilisateur éventuel. Pour ma part, j’ai un peu de mal à l’appréhender car il me fait peut-être sortir trop brutalement de ma zone de confort. « Couleur Primaire » est intrigant, presque brutal et il faut vraiment le sentir, voire l’essayer pour pouvoir se rendre compte s’il sera, pour soi, addictif ou répulsif. Il est, à mon sens, vraiment un parfum d’auteur car il ne fait pas de concession et il nous emmène un peu loin de ce que nous connaissions déjà.
« Madeleine de Proust du parfumeur qui se souvient de son grand-père agriculteur qui se rasait tous les matins avant d'aller cultiver son champ. L'influence de cet homme irréprochable a donné vie aux notes de géranium, de citron, de mousse de chêne et de vétiver pour en faire un parfum qui inspire le respect ». Également lancé en 2015, « Champ d’Influence » est typiquement le genre de parfum que j’aime mais que j’ai du mal à porter. C’est une interprétation tout à fait inédite de l’accord fougère avec, dès l’envolée des notes de lavande et de citron complètement « emportées » par les aldéhydes qui conduisent, sur une effluve faussement légère vers un coeur de géranium légèrement mentholé puis un fond de vétiver, de muscs et de mousse de chêne. À mi-chemin entre l’after-shave de grand-père et une modernité absolu, ce parfum m’a complètement fait sortir de ma zone de confort et j’ai voulu absolument l’essayer sur la peau pour écrire mon article car il est vraiment très étonnant et, encore une fois, je ressens une dimension complètement stylisée qui est un autre fil conducteur de cette collection. C’est une fragrance qui joue avec tout un tas de petites facettes rassurantes, connues de notre nez mais le versant aldéhydé le rend très différent de ce que j’avais pu sentir jusque-là. Si j’aime sentir l’accord fougère, j’ai souvent du mal à le porter à une ou deux exception près car je le trouve un peu daté mais ce n’est pas le cas de « Champ d’Influence », il est, et je ne saurais dire pourquoi, résolument moderne tout en restant, pour moi, presque « confortable ». Je trouve qu’il est à essayer absolument sur la peau car son évolution n’est pas courante tout en étant fort agréable.
« À l'image de la haute horlogerie Suisse dont s'est inspirée le créateur, Iris Palladium est une composition olfactive au rouage précieux. La combinaison du santal d'Australie à l'iris de Florence confère à cet assemblage un raffinement indiscutable ». Je voulais absolument terminer ma sélection par « Iris Palladium » pour deux raisons. La première, et pas la moindre, était de faire un clin d’oeil à Éloïse de la boutique Lulli de Lyon car je sais qu’elle avait très envie de découvrir ce parfum depuis longtemps, la seconde était de me pencher sur un travail de l’association iris et violette assez différent de ceux que j’avais pu découvrir jusque-là. Sur le papier, j’ai retrouvé un peu l’idée de Maurice Roucel lorsqu’il avait créé « Iris Silver Mist » pour Serge Lutens avec un départ de bergamote, de sauge et de graine de carotte, un coeur d’iris et de violette et un fond de bois de santal, de patchouli et de ciste labdanum mais Arnaud Poulain donne là une interprétation très différente. « Iris Palladium » n’a rien de terreux, il n’est que peu poudré mais il garde plutôt une certaine fraîcheur qui n’a pas été sans me rappeler le travail de Jean Laporte pour Maître Parfumeur et Gantier par exemple. C’est un iris facile à aborder mais qui garde à la fois son identité et une certaine spécificité. Je trouve qu’il y a quelque chose de délicieusement floral qui me donne envie de le sentir et d’y revenir sans modération. Je pourrais le porter sans aucun problème. C’est un parfum assez unique mais extrêmement facile à porter que ce soit pour une femme ou pour un homme. Il m’a bien plu et je pense qu’il gagne à être senti voire essayé.
Je ne veux pas vous faire décrocher donc je vais m’en tenir là même s’il reste d’autres parfums de la collection Superclassique à découvrir. Il me faut mentionner que les fragrances sont inspirées souvent à Arnaud Poulain par le domaine Primordial, caché dans un parc de 14 hectares dans le Nord Pas de Calais et qui appartenait à la société d’Exploitation des Mines de Charbon et je vous engage à aller y faire un tour via les photos du site et les vidéos que l’on peut, il me semble, toujours voir sur internet. Je voudrais également vraiment remercier chaleureusement Chiara et Clément pour le partage et pour les découvertes ainsi qu’Éloïse et toute l’équipe de la boutique Lulli de Lyon pour leur collaboration qui est à chaque fois à la fois parfaite et stimulante. Les échanges sont formidables et c’est aussi pour cela que je suis content de pouvoir prolonger ces expérience par l’écrit.
V/siteur, ou trois parfums très déroutants et différents
« Chaque souvenir a été une fois une expérience de la vie réelle. Ou bien l'était-il ? Les souvenirs ont tendance à s'estomper avec le temps, comme de vieilles photographies dont les couleurs s'estompent et se mélangent les unes aux autres. Alors que certains souvenirs restent très nets dans nos esprits, d'autres deviennent déformés et incohérents. Pourtant, le sens de l'odorat nous permet de faire revivre de manière vivante de faire revivre des expériences passées comme rien d'autre.Nous portons en nous les moments de joie les plus brillants comme les moments de tristesse tristesse avec nous. Les moments les plus heureux de la vie ne peuvent être pleinement appréciés sans connaître la tristesse de la perte. La vie existe dans cette délicate danse d'ombres et de lumières.Les créations de V/siteur vous feront voyager dans des lieux et des moments précis. Des lieux et des moments précis dans le temps. Chacun avec son propre équilibre entre la lumière et l'obscurité. Tout comme la vie elle-même » tel est le postulat de départ d’une nouvelle maison qui compte trois créations que j’ai pu découvrir grâce à Antonio chez Marie-Antoinette à Paris et je dois dire que c’est avec intérêt que j’ai mis mon nez dans chacun des parfums qui sont, il faut le dire, particulièrement différents les uns des autres. Ils ont étés de toute manière créés par des parfumeurs aux univers un peu éloignés les uns des autres. Je vous emmène avec moi dans l’univers parfumé de V/siteur, c’est parti !
« Thousand Lakes par Marie Schnirer: Courir nu dans l'herbe fraîchement coupée, entouré de bouleaux argentés. Sauter dans le lac noir et froid sans un moment d'hésitation. Un délicieux choc de l'eau glacée. La chair de poule partout. Se précipiter dans la chaleur fumante du du sauna. Le feu et la fumée. Les feuilles de bouleau fraîches grésillent sur les pierres chaudes. L'odeur de la peau chaude. Oh, la nostalgie ! ». Lorsque je lisais les notes de ce parfum très linéaire créé par Marie Schnirer, je pensais qu’il allait me plaire tant j’ai une prédilection pour le bois de bouleau que j’imaginais tout à fait rafraîchi par la rhubarbe et le cassis et enveloppé par des muscs mais je dois dire que le résultat, comme souvent, n’était pas du tout conforme à ce que j’avais imaginé. J’ai beaucoup aimé « Thousand Lakes » mais je ne crois pas que j’arriverai à le porter car je le trouve quand même très déroutant. J’ai trouvé son développement très limité, je pense que c’est voulu, car la formule est une ligne claire et lisible. J’aime bien l’idée, j’aime bien le parfum qui, c’est vrai, m’emmène vers des extérieurs un peu froids et chauds d’une demi-saison plutôt qu’un choc thermique, mais ce n’est pas un coup de coeur. Je suis un peu resté sur ma faim. Cela n’enlève rien des qualités de ce parfum étonnant et extrêmement bien construit.
« Beach Bizarre par Patrice Revillard : Des vacances au soleil. Jouer sur le sable blanc, se détendre grâce au bruissement des palmiers. Soudain, la nuit tombe. Tu commences à frissonner et ton cœur bat plus vite. La nuit noire et veloutée se rapproche. Le fracas sans fin des vagues exerce une dangereuse attraction. La maison semble plus éloignée que jamais. » Lancé en 2020 et créé par Patrice Revillard, « Beach Bizarre » porte bien son nom. Là encore, j’ai été un peu dérouté. Je n’ai pas senti le coeur de gardénia épicé par le cumin, relevé par le sel et le citron vert auquel je m’attendais. Je n’ai pas du tout senti les fruits exotiques, l’ylang-ylang et le patchouli mais simplement une odeur persistante de cannabis qui n’est pas clairement indiquée par la marque et je dois dire que, si j’ai trouvé cela très original au début, je m’en suis vite éloigné car ça m’a un peu écoeuré. J’aimais bien l’idée d’un floral un peu fumé et ambré mais finalement, je n’ai pas du tout adhéré à « Beach Bizarre » qui m’a un peu rebuté dans son évolution. Ça ne m’arrive pas souvent mais là, je n’ai pas du tout aimé. Je ne porte aucun jugement de valeur encore une fois mais je me suis éloigné de ce parfum assez vite.
« Cabaret Nocture par Cécile Zarokian: Un bar branché de Lisbonne était autrefois un bordel. Aujourd'hui, c'est un endroit où les jeunes vont s'amuser. Les boissons sont versées, les regards s'échangent. L'ambiance et le décor décadent chuchotent les secrets sombres des fantômes qui vivent toujours entre ces murs. »… Un départ de poivre rose et de gin, un coeur de tubéreuse et de cumin, un fond de bois de santal et de tabac blond et je me suis laissé transporter dans le temps et dans l’espace pour arriver dans un endroit un peu enfumé dans lequel la belle musique est présente, devant un gin tonic et le rire chaleureux des amis. Ce travail autour de la tubéreuse, traitée de manière très mixte, très baroque m’a énormément plu et c’est mon coup de coeur dans la marque. Cécile Zarokian, avec cette création, a su trouver le chemin de mes sens. Je pourrais tout à fait porter « Cabaret Nocturne » dont je trouve l’équilibre sur ma peau, absolument parfait. C’est l’une des belles surprises de cette découverte. Il est vraiment magique et je l’aime énormément.
Voilà mes impressions quant à V/siteur et je souhaite à cette nouvelle marque beaucoup de succès. Je vais brièvement parler du flacon qui m’a un peu rappelé celui de Maison Violet mais avec un cabochon rond et moderne. C’est globalement une découverte intéressante car, en trois parfums, il y en a vraiment pour tous les goûts.
Virée amicale et parfumée à Paris
Un séjour à Paris est toujours propice à des découvertes en parfumerie. Cette fois, nous sommes arrivés le vendredi vers 11 heures 30 et, en attendant de pouvoir rejoindre notre hôtel, nous sommes allés boulevard Haussmann faire un petit tour au Printemps et aux Galeries Lafayette. Je dois dire que j’aime beaucoup me promener au premier étage de la partie beauté parmi les stands des marques de niche, à discuter avec les conseillères que je commence à connaitre un peu et me laisser guider parmi les nouveautés et redécouvrir de belles choses.
C’est par l’espace Caron que nous avons commencé notre visite. Je dois dire que je suis loin d’être convaincu par les nouveautés et autres reformulations voulues par la marque depuis son rachat par le groupe Rothschild mais j’ai décidé de faire taire mes à-priori pour découvrir le duo Poivre lancé il y a quelques semaines et créés par Jean Jacques, le parfumeur de la maison. C’est par « Poivre sacré » que nous avons commencé et je dois dire que je n’ai pas forcément été emballé. La marque le décrit ainsi : « Notre parfumeur Jean Jacques a imaginé une détonation d’épices qui saute instantanément au nez. Le poivre noir, reconnaissable à sa note boisée, fraiche et fusante, exprime d’emblée sa puissance nerveuse. Pour la rendre encore plus corsée, Jean Jacques l’a mariée à un mélange d’épices chaudes (le safran, aux notes cuirées et le cumin) et fraîches (graines de coriandre et muscade). Aromatique et boisée à la fois, l’essence d’élémi, une résine originaire des Philippines, offre une transition idéale entre ce départ épicé et l’encens boisé qui l’enveloppe dans son sillage mystérieux. Labdanum ténébreux (résine ambrée et chaude), patchouli (boisé et fumé), notes boisées modernes… Poivre Sacré laisse son empreinte chaude et puissante, évoquant les effluves orientaux du oud précieux et envoûtant. Poivre Sacré porte bien son nom, comme une réminiscence des origines du parfum ». Boisé, cuiré, avec toujours un côté encens et une facette cuirée, je dois dire que je n’ai pas été emballé. Je l’ai trouvé un peu « déjà senti » et pas forcément passionnant. Je suis passé ensuite, sans vraiment de transition à « Poivre Impérial » dont la description me tentait mieux : « Sillage multifacette, Poivre Impérial souffle le chaud et le froid avec délice. Il est construit sur deux ingrédients opposés, totalement inattendus : le Poivre et la Fleur de Lotus. Comment deux ingrédients si différents peuvent-ils être si bien associés ? Réchauffé par une note de safran, un duo de poivres (poivre noir et Sichuan) est galvanisé par l’encens. Cette résine sacrée souligne son piquant et lui donne du montant. Le départ a du caractère ! Derrière cet éclat d’épices, le cœur floral s’ouvre comme les corolles de la fleur de lotus. La rose de Turquie, issue d’une filière équitable certifiée For Life alliée au jasmin d’Inde dessinent les pétales d’un lotus plus vraie que nature. Quelques notes aquatiques, et la fleur semble flotter sur l’eau. Ce Poivre Impérial est une surprise de délicatesse ». Certes le parfum est un peu épicé et surtout un cuiré mais je ne lui trouve absolument rien d’original. Je n’ai pas vraiment discerné la fleur de lotus que j’aurais bien aimé trouver mais simplement un côté épicé assez joli sur le moment mais finalement qui retombe à plat après quelques minutes sur la peau. J’étais un grand amateur de « Poivre » et de « Coup de Fouet » de Caron et, une fois de plus je suis déçu par ces nouveautés. Je me suis retrouvé face à deux eaux de parfums qui sont, à mon goût, très insipides et absolument pas à la hauteur de l’histoire patrimoniale de la maison. Je crois que je m’éloigne de Caron comme je l’ai fait avec Guerlain car je ne m’y retrouve plus du tout, il y a quelques années et c’est bien dommage.
C’est par le stand de Maison Rebatchi que nous avons continué notre visite et, comme chez Caron, nous avons étés particulièrement bien reçus. J’ai redécouvert « Feu Patchouli », un chypré très moderne créé par Bertrand Duchaufour que j’aime vraiment bien mais surtout, j’ai découvert la nouveauté, « Jasmin Satin » qui, après avoir pris beaucoup de retard puisqu’il devait sortir en 2019, va finalement être lancée en janvier et j’ai retrouvé vraiment le plaisir des fleurs blanches avec une fragrance très délicate. Imaginé par Karine Dubreuil, ce parfum, tout en finesse et en élégance m’a tout de suite beaucoup plu. Elle le décrit ainsi : « «Jasmin Satin est un exercice figuratif mettant en jeu deux variétés de jasmin provenant d'Inde et d'Égypte. Tels des peintres mélangeant les couleurs, Mohamed et moi avons mélangé nos plus fabuleux souvenirs de la Méditerranée pour créer ce parfum. Les deux jasmins ont une fraîcheur nocturne très délicate qui s'anime avec la touche de gardénia et de bois voluptueux. Pour nous, Jasmin Satin évoque ce moment magique où le bleu de la mer scintille et brille, pénétrant l'ombre des grands cèdres dans une explosion de senteurs.». Le départ de feuilles de gardénia et de bois de rose est d’une grande finesse et le coeur de jasmin sambac d’Inde et d’Égypte s’enrichit merveilleusement de fleur de lys et de pêche de vigne qui lui donne un côté un peu velouté que j’ai tout de suite aimé et qui est contrebalancé par le côté un peu « pep’s » de la fleur d’oranger avant de se poser sur un un fond d’ambre blanc et de cèdre de Virginie avec des côtés musqués et un accord sable. C’est un jasmin pour amateurs de senteurs délicates et élégantes. Il n’en fait jamais trop et il va bien évidemment développer une facette florale un peu opulente tout en restant à sa place. Pour moi, c’est une belle réussite c’est certain.
Ensuite, nous avons découvert les créations de Stéphanie de Bruijn mais je lui consacrerai un article à part entière car j’ai bien pris le temps de les sentir et d’essayer. Nous sommes repartis du Printemps après avoir admiré les vitrines de Noël et les automates pour entrer aux Galeries Lafayette mais il y avait beaucoup de monde et il est vrai que cela nous a un peu découragé. Après une petite pause et un tour de métro nous voilà le long du jardin des Tuileries, sous les arcades de la rue de Castiglione puis sur la place Vendôme pour nous rendre rue des Capucines chez Maître Parfumeur et Gantier qui est devenu un passage obligé tant nous sommes clients de ces créations d’une élégance formidable. Là encore, l’accueil a été particulièrement agréable et j’ai remis mon nez dans « Fleur des Commores » et « Secrète Datura » autour desquels je tourne depuis un moment. Il faudra bien un jour que je fasse un choix d’ailleurs. Ceci dit, c’est surtout à « Iris Gris bleu ». Créé par Jean Laporte en 1988, c’est un parfum que j’ai toujours beaucoup aimé. La marque le décrit ainsi : « L’hommage au précieux et subtil parfum d’iris. Ses effluves poudrées aux accents de violette enveloppent la peau d’une douceur ouatée et veloutée. Eau de parfum à l’association audacieuse de l’iris à un cocktail de pamplemousses et de citron frais. Quelques pétales de jasmin se posent sur un fond chaud de vanille et de mousse d’arbre ». L’idée d’utiliser un merveilleux absolu d’iris au coeur d’une construction chyprée était complètement avant-gardiste à l’époque. Le parfum s’ouvre sur des notes vertes comme des feuilles, je pense avec un peu de galbanum qui entourent un peu le citron, le pamplemousse et surtout la bergamote. Au coeur l’iris est associé au côté floral du jasmin rehaussé de notes vanillées et le fond de muscs est soutenu par le vétiver qui prend la place du patchouli et des mousses. C’est un parfum d’une grande singularité entre fraîcheur et élégance. Pour moi, c’est une parfaite réussite du côté très « bricolage » si cher à Jean Laporte déjà à l’époque de l’Artisan Parfumeur. « Iris Bleu Gris » ne ressemble à rien d’autre et je le trouve vraiment super chic. J’ai adoré y remettre mon nez.
Nous sommes retournés sous les arcades de la rue de Castiglione et, bien évidemment nous sommes entrés chez Jovoy où j’avais un peu préparé ma visite. Je voulais découvrir les parfums Ciro. « Les parfums Ciro ont été créés à New York pendant les Années Folles par Jacob S. Wiedhopf, un visionnaire passionné par le monde du parfum. En créant la marque Ciro, l'une des premières marques de parfum de niche, il imagina une collection de parfums «made in France», qui, grâce à son audace et sa qualité, a séduit les amateurs de parfums du monde entier. Un demi-siècle plus tard, les Parfums Ciro font leur retour : des compositions charismatiques sont créées pas des maîtres parfumeurs, alliant tradition et modernité. Conçues pour capturer les cœurs des amoureux du parfum, c’est la renaissance de marque mythique. Les Parfums Ciro reprennent vie : les parfumeurs ont réinterprété chaque fragrance, presque centenaire, tout en conservant leurs noms, en hommage à la maison historique ». J’étais parti sur « Le Chypre du Nil » créé en 2018 par l’excellente Alexandra Carlin et je l’ai découvert avec vraiment beaucoup de plaisir. Une ouverture de bergamote mais pas que. Des notes de poivre noir, d’absinthe et d’élémi. Un coeur de fruits secs et de rose qui entourent un iris frais et pas du tout poudré et un fond de patchouli ou la mousse de chêne est remplacé par des notes d’ambre et de musc. Je dois dire que j’ai adoré ce parfum que je trouve vraiment hérité des premiers chypres des années 20. La marque le décrit ainsi : « Le Chypre du Nil » célèbre l'abondance, l'opulence éblouissante et la splendeur colorée du delta du Nil, dont la richesse et la fertilité naissent du fleuve. Les notes de bergamote fraîche et citronnée et d'absinthe verte, radieuse, sont accentuées par le poivre de Sichuan. Le cœur du parfum forme un bouquet de rares roses de Turquie et d’iris veloutés, délicatement entourées de notes de fruits secs. La nature chypré de la fragrance révèle des notes de daim veloutées, embrassées par un patchouli cacaoté et poudré. Noble ambre et musc élégant terminent avec succès le parfum ». Je dois dire que son évolution est bluffante et que j’ai adoré vraiment. Je pourrais tout à fait le porter car c’est un coup de coeur. Il en est de même pour « Chevalier de la Nuit ». La marque le décrit ainsi : « Le feu de Chevalier de la Nuit s'embrase sous les notes saillantes de clou de girofle. Une composition épicée qui montre également des facettes fraiches grâce à l'eucalyptus. Ses accents poudrés sont soulignés par l'iris et le patchouli et par les notes raffinées de vétiver aux touches lisses et fumées. Les fruits hespéridés fournissent un écho dynamique et citronné, tandis que le bois de santal exquis ajoute des accents balsamiques à une vanille bourbon délicieuse qui compose délicatement le parfum ». Créé par Alexander Streek et lancé en 2018, ce parfum casse tous les codes puisque dès l’envolée, le patchouli nous attrape avec des notes fraîches et profondes à la fois d’orange amère et de citron, un coeur complètement dingue de vétiver associé au jasmin et au clou de girofle et un fond d’eucalyptus, de musc et de vanille. Comme ça, on pourrait penser à une certaine incohérence mais pas du tout. Le parfum est frais, étonnant, élégant et complètement déroutant à la fois. Je remercie vraiment Anissa de me l’avoir fait découvrir et de son accueil. J’en profite, comme à chaque fois pour saluer l’attention et le professionnalisme de toute l’équipe qui fait plaisir.
Un coup de métro et nous voici dans le Marais pour terminer le périple de la première journée par une visite très chaleureuse et amicale chez Marie Antoinette où nous avons retrouvé Antonio avec toujours le même plaisir tant il nous communique ses émotions. Lorsque nous sommes ensemble nous sommes parfois un peu nostalgiques d’un temps où la parfumerie d’auteurs était plus confidentielle et où les rapports humains étaient très intenses. Nous avons évoqué Véro Kern et Mona di Orio qui nous ont quitté et c’était un moment d’émotion. J’en profite pour dire que j’ai toujours aimé les créations et le talent de l’une comme de l’autre et que je n’oublie pas. Je porte beaucoup les parfums de Mona encore aujourd’hui. Nous avons découvert également les trois premiers parfums de la maison V/siteur mais je leur consacrerai un article à part entière. Nous avons également remis notre nez dans les très belles et anciennes créations de la maison Robert Piguet. J’ai re-senti « Visa » (devenu « V » pour des questions de droits) et surtout « Baghari », imaginé par Francis Fabron en 1950 et reformulé par Aurélien Guichard. « En 1950, Robert Piguet demande au maître parfumeur Francis Fabron de créer un parfum pour une femme inoubliable ; la femme que Piguet appelait simplement « une rêveuse ». Pour elle, Fabron a créé Baghari, le dernier parfum que Piguet a présenté avant de fermer son atelier et de se retirer complètement de la mode. Découvert quelque 56 ans plus tard, la formule de Baghari a été mise à jour et affinée par Aurélien Guichard, donnant au classique séduisant une sensibilité moderne sans jamais s'écarter de l'engagement de Piguet envers son "rêveur" bien-aimé. S'ouvrant sur des aldéhydes pétillants rappelant le champagne, Baghari dégage immédiatement une rêverie « la tête dans les nuages » avec des notes douces et séduisantes de roses et de jasmin. Ces fleurs romantiques sont ensuite accentuées par de l'ambre légèrement épicé. Enfin, la vanille fumée et le musc dorlotent le porteur dans une douce robe de velours chaud, créant un parfum captivant et fantastique. Élégant et enchanteur, Baghari est créé pour ceux dont l'imagination ne connaît pas de frontières ». Il nous emmène à l’époque où les parfums de designers étaient encore de belles créations originales. C’est un parfum aldéhydé très intéressant, très élégant avec quelque chose d’intemporel voire même de très moderne. Ce serait comme un « Fleur de Rocaille » ou un « N°5 » contemporain. J’ai adoré remettre mon nez dans la nouvelle version de ce parfum mythique. Elle est très réussie et j’aime vraiment beaucoup.
Le lendemain était consacré aux copains mais nous n’avons pas abandonné le parfum et nous avons commencé le samedi avec un petit café dans le très beau cadre de « La Rotonde de la Muette », dans XVIème arrondissement avec Stéphanie Poulage que nous étions super contents de retrouver après presque deux années de privations de libertés. Nous avons discuté à bâtons rompus et parlé parfums mais pas seulement. Cela m’a donné envie de remettre mon nez non pas dans « Ubiquité » que je porte depuis déjà longtemps mais dans « Suprême Orient » qu’elle a créé en 2015 pour sa marque éponyme et je l’ai d’ailleurs porté le dimanche. Je dois dire que c’est un énorme coup de coeur. J’étais un peu passé à côté et je dois dire que je l’aime vraiment beaucoup et qu’il matche merveilleusement sur ma peau. « A l’Orient de l’Orient s’élève le suprême Orient… sur une carte secrète et tatouée dans l’imaginaire, en des jardins suspendus… A l’heure où la nuit poursuit le jour, tournent des roses désinvoltes dans le sillage de fleurs blanches délicates. Confites dans un sirop de gousses de vanille sombres, de pêches blanches juteuses et de noix de coco à la chair douce, leur chanson se mêle aux fumées rauques du patchouli ». Sur le papier, ce parfum a tout pour ne pas me plaire et pourtant… Stéphanie a utilisé des matières rares : Essence de roses turques, absolu de jasmin sambac des Indes, beurre d’iris, absolu de vanille de Madagascar, absolu de cacao, absolu de gingembre de Chine, essence de noix de muscade de Ceylan et a inventé un parfum oriental jamais lourd et toujours facile à porter tout en étant doté d’une très singulière identité. C’est un parfum émotion et je dois dire que j’ai adoré le porter toute la journée du dimanche. Sa délicatesse, sa tenue, son originalité ne pouvaient que me ravir. J’ai adoré et il est bien probable que je fasse l’acquisition d’un flacon. Je l’ai vraiment beaucoup aimé et je vais le réessayer. Outre le plaisir de revoir Stéphanie, retrouver ce parfum m’a vraiment fait plaisir et je suis particulièrement content de l’avoir mieux essayé.
À midi, nous sommes retournés dans le Marais pour déjeuner rue des Archives avec Marion de la chaîne Des Paons Danse Cent Heures puis nous nous sommes rendus chez Sens Unique rue du roi de Sicile où il est toujours extrêmement difficile pour moi de ne pas craquer. En plus l'accueil et le conseils sont au top. Bravo les filles ! J’ai découvert une nouvelle marque lituanienne qui m’a beaucoup séduit et dont je parlerai dans un article complet et j’ai remis mon nez dans « Ryder » de Ex Idolo qui plait beaucoup à Marion aussi et que je considère comme l’un des plus beaux ambrés cuirés du marché. J’ai également redécouvert « Green Spell » et « Belle de Jour » de la maison américaine Eris ainsi que « Vi et Armis » de Beaufort London que j’adore sentir mais que je ne pourrais pas porter. Mon attention s’est portée beaucoup une fois de plus sur « Belle de Jour », créé donc par Antoine Lie pour Eris en 2016 et que j’avais déjà beaucoup aimé lorsque je l’ai découvert. C’est un un parfum très étonnant et je dois dire qu’il me tente beaucoup. « Belle De Jour s’ouvre sur des notes de fleur d'oranger et de jasmin rehaussées de coriandre. Il évolue vers une base sensuelle d'encens, de muscs et puis plus en profondeur d'une surprenante note absolue d’algue. Belle de Jour est une étude de contrastes : un floral très lumineux, salé, sexy et sale. Antoine Lie ». Le départ épicé de coriandre marocaine, de poivre rose de Madagascar et de fleur d’oranger de Tunisie nous emmène sur un ciste labdanum légèrement cuiré et un jasmin égyptien opulent relevé par une baie de piment des Indes pour se poser sur un absolu d’algues et de cèdre de l’Atlas enveloppé de notes musquées. J’adore ce parfum sur moi et je pourrais parfaitement le porter. Je le trouve unique, atypique et c’est un énorme coup de coeur je dois le dire et il s’est confirmé lors de cette redécouverte.
Après un passage rue des Francs Bourgeois chez l’Artisan Parfumeur, nous avons récupéré Damien, lecteur de ce blog avec lequel j’échange beaucoup et nous sommes allées chez Nicolaï Parfumeur car j’avais une course à y faire. Nous avons retrouvé également Val de la chaîne YouTube Décryptage du Parfum que nous étions ravis de rencontrer également. Nous avons senti pas mal de choses crées par Patricia de Nicolaï notamment « Week-End in Normandy » et « Patchouli Intense » que j’ai beaucoup aimés et dont je reparlerai sans aucun doute mais c’est surtout « New York » créé par Patricia de Nicolaï en 1989 qui m’a donné beaucoup d’émotions. Je me suis trouvé transporté dans le temps avec ce parfum qui est un hommage à un « Habit Rouge » de Guerlain aujourd’hui tellement reformulé qu’il a, pour moi, disparu. Une envolée de petit grain de citronnier, de bergamote, de citron, de thym et d’armoise, un coeur de poivre noir, de clou de girofle, de cannelle, de lavande et de camomille et un fond de mousse de chêne, de tonka qui remplace avantageusement la vanille, de styrax, d’encens et de muscs, il m’a rappelé vraiment une version ancienne du mythique parfum de Guerlain dans une version poudrée, légère, aérienne et d’une élégance qui m’a rendu tout à fait nostalgique. J’aime bien « New York Intense » mais vraiment l’original en eau de toilette remporte ma complète adhésion. La marque le décrit ainsi : « A l’image de la ville qui ne dort jamais, la fragrance anime et pimente la vie de ceux qui la portent. Poivre, clou de girofle et patchouli sur un départ hespéridé composent cet oriental épicé plébiscité par la critique ». Je trouve que ce parfum qui m’évoque tant de choses, est tout à fait révélateur de talent de Patricia de Nicolaï et de son goût pour une parfaite élégance. Vraiment, j’ai adoré le redécouvrir.
Pour finir, nous sommes allés au BHV Marais pour découvrir la collection privée Estée Lauder mais je lui consacrerai un article même si je ne suis pas complètement convaincu puis nous nous sommes séparés à regrets après avoir passé une super journée tous les cinq. Les découvertes ont été nombreuses et j’espère avoir été très synthétique. La première chose que l’on s’est dit a été « à refaire ! ». Je suis content de vous avoir emmené dans mon petit périple parisien qui m’a fait beaucoup de bien et je développerai d’autres découvertes, celles des marques dans différents articles.
Quelques trouvailles
Je n’arrête pas de faire des découvertes (et des redécouvertes) cette année et je revois mon avis sur certaines marques. J’ai eu l’opportunité de faire quelques trouvailles et j’avais envie de vous en parler avant la fin de l’année même s’il y a quelques nouveautés qui feront peut-être partie de mon top 2022. En tout cas, je me suis fait plaisir en mettant mon nez dans des créations récentes et plus anciennes durant mes pérégrinations parfumées réalisées durant une journée de congés. Je dois dire que je suis toujours émerveillé par les belles créations que les parfumeurs peuvent imaginer et je ne peux m’empêcher de partager mes impressions avec vous.
Je croyais avoir un peu fait le tour de cette matière première qu’elle soit utilisée en majeur ou en fond d’une construction chyprée mais je dois dire qu’avec « Mon Patchouly », qu’il a créé pour sa marque éponyme en 2009, le catalan Ramon Monegal m’a déstabilisé et séduit à la fois. Il le décrit ainsi : « Catégorique et provocateur. Séduction rusée, impulsion de liberté. Bois moussu et craquant. ». Le parfum s’ouvre sur une envolée de notes aquatiques et vertes, sans doute un accord galbanum, et de yuzu et vraiment il retient mon attention immédiatement. Le coeur, construit autour d’un patchouli très vert associé au côté torréfié du maté et floral du jasmin et le fond de mousse de chêne, de muscs légèrement arrondis par la vanille et la fève tonka ont achevé de me convaincre. C’est indéniablement un chypre vert comme je n’en n’avais jamais senti. Il est élégant et inédit. Plus je le sens sur ma peau, plus je l’aime. Je n’avais pas été tellement séduit par les parfums de la marque mais, depuis que j’ai découvert « Cuirelle » (qui semble avoir disparu du catalogue), je me dis que je suis passé à côté de pas mal de parfums que je voudrais découvrir. Quand j’aurai un peu avancé, je tenterai d’écrire une revue un peu complète. En tout cas, je suis vraiment attiré par « Mon Patchouly ». En plus, il est présenté dans un flacon de toute beauté. C’est un petit bijou.
Parmi les nouveautés que je n’avais pas encore plus découvrir « 1986 Eclectique », créé par Bertrand Duchaufour pour Les Bains Guerbois et décrit ainsi par la marque : « Il fait nuit, ballet de taxis. Phares jaunes. Portières qui claquent. Au pied du perron des Bains, on s’anime, on se regroupe. Blousons de cuir, costards croisés, robes du soir échancrées, jeans déchirés, dix-huit ans, trente ans, soixante ans. Dominant du haut des marches, Maryline décide. Qui va-t-elle extraire de la rue, ce soir, pour composer l’éclectique tribu du club le plus fou de Paris ? Le cœur bat. « Entrez, oui vous. Bonne soirée. Vous ce soir ça ne sera pas possible. » On grimpe les marches, on descend dans l’arène. Effleurements. Sillage de Cardamome, Poivre Noir, tabac, musc, patchouli, ambre, girofle, géranium, miel. Euphorie. La nuit est à nous », a retenu mon attention. On y retrouve tout l’art de Bertrand Duchaufour dans un parfum complexe, sophistiqué et, c’est vrai, un peu ancré dans les années 80. Le départ de davana est acidulé par la mandarine et arrondi par la pomme avant d’être associé à des épices telles le poivre noir et la cardamome puis nous évoluons sur un coeur miellé de clou de girofle et de géranium pour le moins surprenant. La marque parle même de genêt mais je dois dire que je ne l’identifie pas. Le fond de tabac blond est plein de petites facettes et s’associe au maté un peu grillé, à des notes musquées, au patchouli et à la mousse de chêne mais aussi au côté presque cosmétique de l’ambre et de l’opoponax. Il en résulte un parfum extrêmement nuancé, élégant en diable et qui m’a beaucoup plu. Je pense que je pourrais tout à fait me l’approprier. C’est une belle nouveauté et nulle doute qu’elle figurera dans mon top de l’année 2022.
Vu qu’il y a eu plusieurs sorties chez Memo, je ne les avais pas toutes essayées sur la peau. J’ai donc redécouvert « Flam » lancé en 2021, il y a quelques mois et dont j’avais parlé un peu superficiellement. La marque le décrit ainsi : « Un parfum évoquant à la fois l'énergie magnétique des lumières du nord et la chaleur protectrice d'une douillette maison en bois. Une fraîcheur lumineuse fait irruption grâce à une alliance d'ingrédients naturels comme la bergamote, l'orange amère, la sauge sclarée aromatique et le jasmin sambac. Ils tourbillonnent autour des notes fluides et vibrantes du bois de cèdre. Une douce sensation de bien-être à la maison survient, à la faveur d'ingrédients alors généreux venus de la terre mère, tels que la fève tonka et les gousses de vanille, associées au réconfort de l'ambre minéral et à la douceur des muscs blancs ». Sur ma peau, je me suis rendu compte qu’il avait quelque chose de très enveloppant sans jamais être gourmand ni lourd. Après une envolée de bergamote, d’orange amère, de sauge sclarée et d’un accord de pétales de fleurs, le jasmin sambac d’Inde et de Chine se mêlent à un coeur de bois de cèdre très « crayon taillé » avant de se poser sur un fond ambré et vanillé saturé de fève de tonka. J’ai beaucoup aimé son développement sur ma peau et je me suis dit que j’étais un peu passé à côté lorsque je l’avais découvert. C’est un parfum très facetté, qui est, à mon sens, absolument de saison. Il sera idéal sur les cols des manteaux et dans les écharpes sans oublier la peau. Je n’arrive pas à en identifier l’univers car je le trouve vraiment original et je ne peux décrire vraiment mes émotions lorsque je le sens sur moi mais c’est vrai qu’il est vraiment à essayer.
Je n’avais pas de souvenir précis de « Eau pour le Jeune Homme » créé par Jean Laporte pour Maître Parfumeur et Gantier en 1993 et c’est Jessica, qui est l’une des fidèles lectrices de mon blog qui m’a intrigué et m’a donné envie d’y remettre mon nez. Après une envolée hespéridée de bergamote, de citron et d’orange, le coeur de néroli prend vraiment beaucoup de place et je ne sens pas vraiment les épices dont parle la marque, gingembre, noix de muscade et coriandre pas plus que le romarin qui lui confère certainement une note aromatique que j’ai vaguement senti. Le fond de muscs est légèrement adouci par le santal. Je dois dire que ce parfum, décrit ainsi par la marque : « Cette eau tonique personnifie la fougue et l'insouciance d’un jeune homme impertinent, intrépide et infiniment séduisant » n’est pas vraiment dans ma zone de confort car le néroli et autre fleurs d’oranger, même travaillées de manière un peu verte voire épicées, ne sont pas forcément dans ma zone de confort. « Eau pour le Jeune Homme » ne fait pas forcément exception à la règle et il n’est résolument pas pour moi mais je reconnais que c’est une très belle construction. Contrairement à ce que son nom laisse supposer, je le trouve assez mixte. En revanche, il est facile d’accès et peut parfaitement convenir pour un premier parfum lorsque l’on sort de l’adolescence et, pour cela, il est très bien nommé.
J’ai finalement essayé sur la peau « Zeste Patchouli Baie Rose» sorti en 2021 et créé par Corinne Cachen pour La Closerie des Parfums. La créatrice le décrit ainsi : « Dans Zeste de Patchouli que l’on peut traduire comme une infusion fraiche de patchouli il y a de la cardamome, des baies roses et du gingembre : un accord d'épices fraîches apportant vitalité fraicheur épicée et vibrant au patchouli. ». C’est un parfum vraiment très original dont la marque parle avec ces mots : « La baie rose, pétillante, est son premier partenaire. Puis viennent le gingembre et les agrumes. Enfin la feuille de thé, verte et tonique… Des rencontres étonnantes pour un embrun tropical, boisé et iodé, aussi vivifiant qu’envoûtant ». Après un départ comme un torrent de fraîcheur de bergamote, de citron et de gingembre, il évolue vers un coeur de baies roses, de résine d’élémi, de cardamome et de thé puis se pose sur un fond de patchouli et de muscs. Il se dégage de ce parfum à la fois un côté vert et très frais et vraiment patchouli. Je dois dire que je suis impressionné par la qualité des matières premières mais par contre, la concentration est un peu légère à mon goût et du coup, sa tenue est un peu limitée. C’est dommage car vraiment, j’aime beaucoup la création et j’aurais pu peut-être me l’approprier. Je le trouve plutôt intéressant à porter mais il n’est pas vraiment de saison. Je le réessayerai à la fin du printemps.
C’est grâce à Isabelle de la chaine YouTube Espace Passion Parfums qui nous vient du Québec et que je suis régulièrement que j’ai eu envie de remettre mon nez dans « Songes » créé en 2006 pour Annick Goutal (devenu Goutal Paris) par Camille Goutal et Isabelle Doyen. Il existe en eau de parfum et en eau de toilette et je les trouve assez similaires si ce n’est la concentration. J’aurais peut-être une légère préférence pour l’eau de toilette que je trouve plus subtile. C’est un parfum solaire avec une association de fleur de frangipanier et de tiaré rehaussé de jasmin sambac et d’un absolu d’ylang-ylang. Le coeur est épicée avec des notes de cannelle, de cumin et de poivre noir et un fond de benjoin, de vanille bourbon et de patchouli. La marque le décrit comme ainsi : « C’est pour elle-même que Camille Goutal compose Songes, son premier parfum, qui immortalise l’un de ses souvenirs olfactifs les plus marquants. À l’Ile Maurice, lors d’une balade nocturne sur la plage, elle s’est laissée envoûter par les effluves délicieusement solaires des fleurs de frangipanier : douces et capiteuses, légères et voluptueuses ». C’est un parfum exotique, « très Goutal » et je l’ai trouvé vraiment agréable sur ma peau. Il fait, bien évidemment, partie de ma zone de confort et je pourrais le porter assez facilement même s’il est plutôt estampillé féminin. Je le trouve à la fois vraiment solaire et élégant. Je reconnais vraiment la signature d’Isabelle Doyen car, au cours de son évolution, « Songes » se révèle complexe, parfois inattendu et très facetté. Je lui préfèrerais sans doute « Passion » mais j’ai beaucoup aimé le réessayer car je ne l’avais pas senti depuis des années.
J’ai toujours eu un rapport assez particulier avec « Ce Soir ou Jamais » créé en 1999 par Annick Goutal et Isabelle Doyen et je ne l’avais pas senti depuis des années. Il tire son nom des circonstances de sa création puisqu’il est le dernier parfum initié par Annick Goutal alors qu’elle allait partir. Elle l’avait pensé depuis longtemps et sans cesse retravaillé et il lui fallait le sortir comme une urgence. Cela m’a toujours mis mal à l’aise. La marque s’en explique : « Comme une pièce maîtresse, Ce soir ou Jamais est le fruit d’une obsession, celle d’une rose idéalisée, rêvée, adorée. Pendant quinze années de passion, Annick Goutal a sans cesse retravaillé ce parfum et s’est laissé le temps d’atteindre la perfection qu’elle souhaitait : une rose séductrice, naturelle et sauvage ». La marque ne communique pas sur la pyramide olfactive de ce parfum créé autour de la graine d’ambrette et de la rose de Turquie mais évoque « plus de 160 ingrédients secrets ». Il en résulte un parfum complexe, floral, plein de mystère et de sophistication. J’en ai négocié une dos d’essai que je porte intégralement en écrivant et je mesure combien ce parfum est un chef-d’oeuvre même s’il a peut-être un peu changé depuis sa création. Pour moi, il demeure, c’est vrai, l’une des pièces maîtresses de la marque et il me provoque énormément d’émotion. Je ne sais pas si c’est son histoire qui me touche ou son effluve mais je pense que c’est les deux. C’est un parfum d’exception qui mérite d’être essayé sur la peau et pas en cinq minutes sur une touche. Vraiment je le trouve magnifique mais, si je n’aime pas trop genrer les parfums, je le trouve sans doute un peu trop féminin pour moi mais il ne faut jamais dire jamais.
Voilà pour cette série d’essais. J’espère vous avoir donné envie. Je suis très content de ces découvertes ou redécouvertes car j’ai mis mon nez dans de très belles créations et c’est aussi ce qui me motive à continuer la rédaction de ce blog. Je suis complètement séduit bien souvent et on ne peut pas tout porter donc ces trouvailles ne sont pas toujours pour moi mais elle peuvent peut-être vous plaire aussi.