Passion Parfums

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Les masculins de Penhaligon's

 

 

"William Penhaligon, barbier de profession, débarqua à Londres dans l’espoir d’y faire fortune. Ses rêves se réalisèrent, puisqu’il y devint le père de la parfumerie britannique. Dans sa boutique de Jermyn Street, une artère à la mode, Penhaligon vendait des parfums et produits de toilette de sa création à la riche clientèle londonienne. Sa renommée grandit, et il ne tarda pas à devenir barbier à la cour royale et parfumeur de la reine Victoria. La reine Alexandra accorda son premier mandat royal à la Maison en 1903." Source - Internet

 

Il est, chez Penhaligon’s, toute une partie de la collection classique qui s’adresse plutôt aux hommes même si on peut considérer qu’ils vont également très bien aux femmes. J’ai porté beaucoup « English Fern » qui, hélas, n’existe plus et mon point de référence est, depuis très longtemps, « Blenheim Bouquet », lancé en 1902, et dont j’ai déjà parlé dans différents articles. Il existe, dans cette gamme dite masculine, plusieurs créations que j’aime et j’ai trouvé très intéressant d’en faire une revue. Plusieurs d’entre-elles sont des eaux de toilettes et leur prix est assez raisonnable d’autant que leur tenue est exceptionnelle. Depuis le rachat de la marque par un groupe financier, on aurait pu penser que la collaboration avec des parfumeurs français aurait altéré l’identité « so british » de la maison mais il n’en n’est rien. Je pense que pour les nez du continent qui créent pour la marque, l’exercice de style est vraiment intéressant et ils se surpassent. J’ai décidé de faire cette revue sans ordre de préférence, seulement en me laissant porter par mes goûts et mes envies.

 

Blenheim Bouquet Penhaligon's Cologne - un parfum pour homme 1902

 

 

 

Créé par William Penhaligon en 1872, « Hammam Bouquet » est un oriental créé pour couvrir l’odeur un peu désagréable du savon noir des bains turcs de l’époque et rendre à son utilisateur une odeur agréable et inédite. La version originale (il a été reformulé il y a quelques années seulement) me plaisait beaucoup avec son ouverture de bergamote et de lavande, son coeur opulent d’iris, de jasmin et de rose et son font musqué et ambré. La nouvelle version est plus moderne bien évidemment et le côté un peu floral a cédé la place à quelque chose de profondément ambré voire même un peu épicé. J’avoue que je l’aime moins même si c’est tout de même une vraie réussite. C’est un parfum légèrement étonnant, très différents des eaux de colognes que pouvaient utiliser les hommes de cette seconde moitié du XXème siècle. Je trouve presque dommage que le parfums soit arrivé tel quel jusque dans les années 2010 et qu’il ait été reformulé ensuite pour toucher une clientèle plus jeune. Ceci dit il reste très beau et très agréable à porter.

Hammam Bouquet Penhaligon's Cologne - un parfum pour homme 1872

 

 

 

Lorsqu’en 2011, Penhaligon’s a lancé « Juniper Sling » créé par Olivier Cresp, j’ai tout de suite adhéré. C’est un parfum plein d’élégance, d’une part et d’originalité d’autre part. Je trouve qu’il y a quelque chose de très agréable dès l’ouverture d’angélique, de cannelle, de mandarine autour des la baie de genévrier de laquelle il tire son nom. Le coeur de cardamome et de poivre organisé autour d’une racine d’iris légèrement poudrée et d’un cuir très subtil et le fond de vétiver de cerise et d’ambre est très original. Lorsque je pense aux masculins de la marque (même si je les trouve androgynes pour la plupart), « Juniper Sling » me vient complètement naturellement. Je trouve qu’Olivier Cresp a très bien su se glisser dans l’univers très londonien de la maison en respectant son un cahier des charges basés sur le « classic chic and casual » tout en imprimant sa signature souvent très original. « Juniper Sling » fait partie de ces intemporels que l’on aime découvrir, porter, retrouver toujours et encore.

 

Juniper Sling Penhaligon's parfum - un parfum pour homme et femme  2011

 

 

Lancé en 2014, « Bayolea » remporte un grand succès. C’est un chypré aromatique apparemment simple et issu d’une tradition des eaux de toilettes de barber shop si chère à la marque mais il a son originalité. L’ouverture est très hespéridée avec des notes de mandarine, de Tangerine et d’essence de citronnelle très originale. Le coeur oscille entre le côté aromatique de la lavande et épicé du poivre noir et de la cardamome. Le fond tout de mousse de chêne et de patchouli habillé est renforcé par des notes de muscs blancs, de cèdre et de bois de santal légèrement ambré. C’est un parfum extrêmement facile à porter et qui dépoussière complètement à la fois cette famille olfactive avec un accord chypre couplé avec le côté aromatique de la lavande. Je lui trouve une certaine fraîcheur tout en restant très doux. Il est très adapté, je trouve, à n’importe quel look, du plus habillé style costume cravate au plus simple, tee shirt blanc et jean. Je trouve qu’il a « la classe » et qu’il est très facile à aborder même pour quelqu’un qui n’a jamais osé la parfumerie anglaise.

Bayolea Penhaligon's Cologne - un parfum pour homme 2014

 

 

Créé en 2004 par le parfumeur britannique Michael Pickthal, « Douro » est inspiré de l’un des ses voyages au Portugal. C’est un aromatique fougère très cher à ce « faiseur d’élégance » dont ‘jaime beaucoup le travail finement ciselé. Les notes de tête sont foisonnantes. Jugez plutôt, basilic, mandarine, citron, citron vert, lavande et géranium et nous conduisent vers un coeur de lily of the valley (autrement dit muguet) très surprenant. Le fond de ciste, de bois de santal et de mousse de chêne est une véritable ode au classicisme à l’anglaise tout en reprenant les codes de la maison. Je trouve que « Douro » est vraiment typique de l’esprit Penhaligon’s. Il est sans doute moins classique, plus « parfum de dandy » que « Blenheim Bouquet » mais je le trouve vraiment très intéressant et tout de même facile à porter. Il date déjà un peu mais il est, pour moi, complètement intemporel. Je l’ai redécouvert récemment et je me suis rendu compte que je l’aimais bien.

Douro Penhaligon's Cologne - un parfum pour homme 2004

 

C’est en 2003 que la marque lance l’un de ses premiers orientaux épicés avec « Endymion » né de plusieurs essais de différents parfumeurs de la société Fragrance Resources. Il faut le dire, il était un parfum novateur à sa création et il est devenu incontournable et intemporel. L’envolée aromatique de lavande et sauge est contrebalancée par des notes hespéridées et douces de bergamote et de mandarine. Le coeur de géranium et de café torréfié est particulièrement surprenant et vraiment d’une incroyable modernité. Le fond cuiré et épicé avec des notes de noix de muscade, de poivre noir et de cardamome est aussi assez surprenant et le côté benjoin et résine oliban le rend très dense en renforçant le vétiver. « Endymion » est un peu sophistiqué pour moi mais force m’est de constater qu’il a vraiment rencontré son public. C’est une création singulière, presque étrange voire étonnante par l’un de ses versants alors que l’autre est classique et rassurant. Il souffle plusieurs airs et mérite d’être essayé avant de se décider.

 

Endymion Penhaligon's Cologne - un parfum pour homme 2003

 

 

Créé en 1996 par Christian Provenzano, « Quercus » est un chypre sans patchouli. Les notes de têtes, organisées autour de la bergamote sont une explosion d’agrumes, le coeur de jasmin et de muguet est rehaussé par la bergamote et on retrouve, évidemment la mousse de chêne et l’ambre en fond. Il est, à mon sens, le parfum de la marque et particulièrement de cette collection, le plus proche de la parfumerie à la française. Personnellement, il n’est pas tout à fait dans mes goûts alors que, sur le papier, il coche toutes les cases. Comme quoi, la pyramide olfactive est indicative mais ne traduit pas l’impression. Un parfum, il faut l’essayer et vivre avec avant de se décider. Ceci dit, il est original et très facile à porter. J’aime bien le sentir et, même s’il n’est pas nécessairement pour moi, je sais en reconnaitre la qualité tant sur le plan de la création que sur celui de la qualité car sa tenue est excellente.Quercus Penhaligon's parfum - un parfum pour homme et femme 1996

 

Je pourrais citer, outre « Blenheim Bouquet » et « English Fern », la cologne mais elle ne m’a pas vraiment attiré ou encore « Savoy Steam » que j’aime beaucoup mais j’en ai déjà parlé récemment alors j’ai préféré me concentrer sur les parfums que je n’avais jamais encore senti suffisamment pour les mettre dans un de mes articles. Il y a plusieurs collections, plusieurs concentrations et beaucoup de beaux jus chez Penhaligon’s mais ceux-ci sont très faciles à porter et complètement mixtes même s’ils sont considérés souvent comme des parfums du rayon homme. Je suis content d’avoir remis mon nez dedans pour faire cet article.

 

 

 

 


22/06/2020
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Essayés, aimés et pourtant pas (encore ?) adoptés

Il y a des parfums que j’ai essayé ou découvert ces dernières années qui m’ont vraiment plu et que, pourtant, je ne porte pas. Soit ils ne sont pas pour moi, soit je ne me suis pas encore décidé et ça viendra peut-être. J’ai décidé de faire une revue des cinq jus qui m’ont marqué le plus car j’avais envie de les mettre en lumière et d’en parler d’une manière détaillée. Certains ont déjà figuré dans d’autres articles de ce blog, d’autres non. J’ai juste suivi l’humeur du moment et je me suis attelé à me les remémorer ou à les re-sentir lorsque je possédais une dose d’essai. Je trouve que c’est un vrai challenge car je risque de me faire encore de nouvelles envie mais je prends le risque.

 

J’étais à Paris en 2017 lorsque « Délectation Splendide » de Terry de Gunzburg est sorti est, si je ne connais pas bien (à part une ou deux) les fragrances de la marque, j’avais été séduit par celui-ci. Créé par Corinne Cachen, c’est un oriental vanillé très classique et je ne pourrais pas nécessairement le porter mais je trouve qu’il est impeccable. L’envolée de citron, d’épices et de tabac blond ouvre sur un coeur construit autour d’une très belle rose du Maroc avec des notes d’amande, de fève tonka, de praline et de prune et se pose sur un fond de patchouli et de vanille associés au benjoin et aux muscs blancs. Il m’a rappelé les parfums de la grande époque de Guerlain ou encore de Saint-Laurent. Je trouve qu’il a quelque chose de très « couture ». J’aime beaucoup le sillage délicat qu’il laisse derrière-lui. Je l’ai gardé quelques heures (pas mal d’heures en fait) sur mon poignet et j’ai trouvé qu’il avait quelque chose d’addictif. Comme je le disait au début de cette description, il n’est pas pour moi mais j’ai adoré le découvrir.

Délectation Splendide Terry de Gunzburg parfum - un parfum pour femme 2017

 

Parmi les essais que j’ai fait ces dernières années et qui m’ont plu, il y a également « Savoy Steam », également lancé en 2017 et créé pour Penhaligon’s par Juliette Karagueuzoglou (à qui l’on doit aussi « Changing Constance » dans la collection des portraits et que j’aime particulièrement). L’envolée de bergamote associée au poivre rose, à l’eucalyptus et au romarin lui confère quelque chose de très aromatique mais le coeur de rose et de géranium associés à la cardamome et au thé noir renforcés par la molécule d’hédione lui donne toute sa singularité. Le fond d’encens délicat et de benjoin est adouci par une vanille pas du tout gourmande et des muscs blancs délicats. Bien que réalisé par une parfumeuse française, je trouve qu’il représente bien l’esprit « so british » de la maison Penhaligon’s. À la fois classique par certains côtés, et moderne par d’autres, « Savoy Steam » est vraiment un parfum élégant et il est toujours dans un coin de ma tête. Je l’aime beaucoup et je suis content de l’avoir essayé. Qui sait, un jour, peut-être…Savoy Steam Penhaligon's parfum - un parfum pour homme et femme  2017

 

Depuis que je l’ai essayé à sa sortie, j’ai énormément tourné autour de « Lys 41 », réalisé par Daphné Bugey en 2013 pour Le Labo. J’aime beaucoup le côté ultra floral de ce parfum tout en délicatesse qui associe le lys au jasmin et à la tubéreuse. Je le trouve très « fleurs coupées » et très addictif. Je le re-sens en écrivant cet article et, s’il y a d’autres parfums qui utilisent cette fleur (ou sa reconstitution) comme note dominante, celui-ci demeure mon préféré et peut-être que j’y viendrai un jour. C’est un parfum qui a un côté très naturel. J’aime beaucoup le côté « fleurs fraîches » qui s’en dégage et je trouve qu’il est particulièrement délicat et réussi. Il a longtemps été, pour moi, une option très sérieuse mais je crois que, pour démarrer dans la marque, je vais commencer par « Tonka 25 », composé par la même créatrice mais qui me fait un peu plus sortir de ma zone de confort. Il n’en reste pas moins que j’aime beaucoup « Lys 41 » et qu’il est vraiment l’un des parfums découverts ces dernières années que je ne porte pas et que j’aime énormément.

Lys 41 Le Labo parfum - un parfum pour femme 2013

 

Lorsque j’ai découvert, à sa sortie en 2018, « Rouge Smoking » créé par Amélie Bourgeois pour BDK Parfums, je me suis dit qu’il était sans doute l’une des plus belles créations que j’avais senti depuis un bon moment et je l’ai longtemps envisagé. L’envolée de bergamote et de poivre rose associé au côté noyau amandé de la cerise, le coeur de fleur d’orangé poudré par l’héliotrope et le fond de ciste, de violette, de cerise et de bois fève tonka associé au bois de cachemire en font un parfum à la fois profondément original et d’une grande élégance. Il a un côté gourmand bien évidemment par sa facette fruitée mais il est contrebalancé par les notes florales et poudrées. Je lui trouve un équilibre parfait. Je l’ai essayé, réessayé et, si je l’aime vraiment, je ne sais pas s’il est vraiment pour moi. Ceci dit, il me titille pas mal et je me pose beaucoup de question à chaque fois que j’ai l’occasion de le sentir.

 

Rouge Smoking BDK Parfums parfum - un parfum pour homme et femme 2018

 

 

Créé par Marc-Antoine Corticchiato, « Equistrius » est un parfum qui m’a toujours fait envie et je le connais depuis très longtemps. Ce travail autour de l’iris et la violette, poudré, rond et élégant est sans aucun doute une réussite. Les notes de coeur de poudre de riz ne pouvaient que me séduire et le fond de daim, d’ambrette, de vétiver et de bois de santal légèrement ambré, représente à mes yeux et à mon nez, tout l’art de Marc-Antoine Corticchiato. Si c’est un parfum qui passe parfois inaperçu quand on découvre la marque, je pense que c’est parce que l’on ne s’y arrête pas. Lorsque je cherchais un iris, mon coeur balançait entre celui-ci et « Bois d’Iris » de The Different Company et j’avais opté pour le second. On ne peut pas tout porter et, il me faut le dire, j’ai toujours « Equistrius » dans un coin de ma tête.

 

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Il y a bien d’autres parfums que je ne porte pas ou pas encore et que j’aime et je n’ai sélectionné que ceux qui me venaient en tête en écrivant. J’avais envie d’en parler, de détailler mes émotions lorsque je les sens et il est exact que j’ai pas mal d’envies en ce moment et que plusieurs d’entre-eux me font envie mais je m’en tiens à mes prévisions pour ne pas trop me disperser. Comme la parfumerie et les possibilités qu’elle offre sont nombreuses !

 


20/06/2020
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"The Favourite", une belle découverte

 

 

The Favourite Penhaligon's parfum - un nouveau parfum pour femme 2020

 

 

 

Je suis toujours très content lorsque sort Penhaligon’s sort un nouveau parfum. J’aime la marque et son univers et ma curiosité est toujours formidablement attisée aussi suis-je passé hier, à la parfumerie lyonnaise qui distribue la marque afin de découvrir « The Favourite » qui est présenté par la maison à la fois comme un hommage à Sarah Churchill, duchesse de Marlbourough, une femme influente et favorite de la reine Anne (tiens, ça me rappelle un film et la prestation d’Olivia Colman, Emma Stone et Rachel Weisz), redoutable politique et femme de pouvoir. C’est à Aliénor Massenet qu’a été confiée la création de ce parfum que la maison considère comme le pendant féminin, de par son histoire, à « Blenheim Bouquet » et, si je ne leur trouve pas de parallèle olfactif, je trouve que l’un comme l’autre sont de beaux classiques et de merveilleuses créations.

 

Parfois je me dis que vraiment Aliénor Massenet a de l’or dans les doigts et dans l’odorat. À chaque fois, elle fait mouche. Le départ de mandarine et de freesia pose déjà l’élégance de ce que va être le parfum et le côté poudré de la violette nous renvoie à la fois à la belle parfumerie à la française et à un je-ne-sais-quoi de chic à la britannique. Le coeur de jasmin, d’iris et de mimosa arrive très vite et là, ceux qui lisent ce blog, n’en seront pas surpris, je deviens addict ! Les notes de fond sont le bois de santal et les muscs blancs conjugués avec l’ambroxan. C’est là que je me rends compte qu’au-delà du maître parfumeur, Aliénor Massenet est une sorcière ! Elle a utilisé cette molécule souvent pour Memo et pourtant « The Favourite » n’a rien à voir avec ses précédentes créations ! Son doigté et son imagination semblent sans limite.

 

Avec cette fragrance, Penhaligon’s revisite le classique féminin à la fois floral et musqué avec une jubilation évidente. À la fois complètement unique et délicieusement classique, « The Favourite », tout comme l’a été, en 2018, « Elisabethan Rose » la reformulation du mythique parfum créé par Michael Pickthall en 1984, a tout pour devenir l’un des beaux classiques de la marque. Il est parfait. C’est une petite robe noire ou une chemise blanche à la fois faussement simple et d’une élégance totale. Le seul bémol est, pour moi, l’énorme noeud en velours rose poudré qui orne (ou plutôt cache) le cabochon. C’est à la fois extravagant, kitsch et too much mais pour le reste, tout est beau, le jus autant que l’inspiration. Je voulais découvrir ce parfum dès que j’ai su que nous l’avions à disposition et, une fois de plus, bravo Penhaligon’s, l’association entre des parfumeurs du continent avec l’esprit insulaire de la Perfide Albion trouve son équilibre et le parfum est au top !

 

Je ne porterai sans doute pas « The Favourite » car, même si je n’aime pas genrer les parfums, je dois dire qu’il m’évoque surtout un univers féminin et particulièrement élégant comme l’ambiance poudrée et parfumée du boudoir d’une reine des siècles passés ou encore d’une élégante des années vingt. Je trouve que l’équilibre est parfait et qu’il est la quintessence de ce que j’avais envie de sentir à l’approche de l’été et également après cette période difficile. C’est un cocon qui rassure, qui repose, qui surprend parfois mais vers laquelle on aime revenir. Pour moi, « The Favourite », c’est carton plein. Un énorme coup de coeur !

 

 

 


19/06/2020
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Antoine Maisondieu, de Tom Ford à État Libre d'Orange

Moderne, élégant ou subversif, l’univers olfactif d’Antoine Maisondieu est, nous en avons déjà vu des exemples, particulièrement éclectique. Depuis quelques années, il est l’un des parfumeurs les plus demandés par de nombreuses marques. Personnellement, je connaissais surtout les créations qu’il a réalisé pour État Libre d’Orange mais je me suis rendu compte qu’il se cachait derrière pas mal de parfums que j’ai essayé au cours de ces dernières années. J’ai donc décidé de faire une sélection parmi ceux que je connais et que je trouve les plus intéressants. Antoine Maisondieu est un parfumeur moderne, inventif et je comprends très bien le succès qu’il rencontre.

 

 

Senior Perfumer Antoine Maisondieu

 

 

 

Lorsque j’ai découvert, il y a quelques mois, au Printemps Haussmann, quelques créations de la Private Blend de Tom Ford, j’ai été immédiatement attiré par « Shanghaï Lily » lancé en 2013 à cause de son nom emprunté au personnage interprété par Marlene Dietrich dans le film de Josef von Sternberg, « Shanghaï Express » (1932) et je ne l’ai pas regretté. Je trouve qu’il parfaitement restitué les effluves à la fois surannées et exotiques que l’on peut imaginer dans cet oriental tout à fait surprenant, à la fois vanillé, épicé et boisé. Le départ de bigarade, le coeur de vanille, baies roses, poivre et clou de girofle construit autour de la rose et du jasmin et le fond de ciste, de tubéreuse, de vétiver et de bois de gaïac est particulièrement réussi. En fait d’oriental, je trouve que « Shanghaï Lily » est un extrême-oriental et qu’il ne ressemble à rien d’autre. Il est complètement à contre-courant des créations ultra-modernes de la Private Blend et il est l’un de mes préférés parmi ceux que j’ai senti.Shanghai Lily Tom Ford parfum - un parfum pour femme 2013

 

Si j’ai déjà évoqué « Rossy de Palma Eau de Protection », « Fat Electrician Semi-Modern Vetiver » et « Jasmin et Cigarette », je n’ai jamais parlé de « Vraie Blonde » créé par Antoine Maisondieu en 2006 pour État Libre d’Orange car je ne l’avais pas senti depuis très longtemps. Ceci dit, j’avais une dose d’essai en ma possession et je peux le redécouvrir en écrivant cet article et je me dis que je suis passé à côté de l’une des plus belles créations de la maison. C’est un fleuri aldéhydé au premier abord mais pas seulement. Le départ est une envolée d’aldéhydes et de poivre particulièrement singulière puis, avec son coeur de pêche, de patchouli et de rose, on évolue sur un chypre mais finalement, le fond de pamplemousse, de champagne et de cognac est complètement atypique car on attendrait au moins l’agrume en tête et pas du tout. Entre douceur et amertume, il est particulièrement original. L’évolution est très longue et je pense qu’il faut vraiment attendre ce parfum. Le jus se complexifie, change, s’ouvre à plus de facettes et vraiment c’est une réussite. Il est absolument magnifique.

 

Vraie Blonde Etat Libre d'Orange parfum - un parfum pour femme 2006

 

Toujours en 2006 et toujours pour État Libre d’Orange, Antoine Maisondieu a créé « Antihéros », un aromatique boisé qui renverse les codes du genre. D’une apparente simplicité, construit autour de la lavande et du bois de cèdre, c’est un parfum presque pétillant, très sec et musqué. Il n’est pas un parfum lavande classique contrairement à ce que l’on pourrait croire. L’accord fougère est complètement au centre de la création mais l’abondance de muscs blancs lui donne des airs très novateurs et élégants surtout à l’époque où il a été créé. Depuis quelques années, cette matière première est très en vogue mais « Antihéros » était l’un des premiers parfums très « propres » et poudré qui utilisait cette accord comme note de fond. La marque le présente de la manière suivante : « «Prenez-moi comme je suis» semble dire ce faux Monsieur Tout le Monde. L’antihéros ne triche pas avec ce qu’il est, d’où la simplicité apparente de cette création, entièrement tournée autour de la fleur de lavande, hédoniste et solaire par excellence…Avec son air de ne pas y toucher, ce héros du quotidien mène chaque jour ses batailles ordinaires, au travail, au volant, en famille…, sans jamais se prendre au sérieux. Cette modestie fait tout son charme, et il le sait. Il cultive ses imperfections avec humour et l’élégance décalée qui le caractérise. Le cheveu ébouriffé et l’allure de travers, ce superman dégingandé fait craquer les filles, et s’en étonne encore – mais c’est pour ça qu’on l’aime. » et je trouve que c’est très bien résumé.

 

 

Antiheros Etat Libre d'Orange parfum - un parfum pour homme et ...

 

 
 

 

 

 

 

Comme plusieurs parfumeurs connus, Antoine Maisondieu a créé un parfum pour la maison Essential Parfum qui dont la démarche est très éthique et qui utilise des matières premières naturelles. J’ai bien aimé les jus de cette marque dont les prix relativement raisonnables sont, il faut le dire, une bonne occasion de se parfumer de belle manière pour un coût assez modique. Nous y avons accès à Lyon au Printemps et j’ai bien aimé les découvrir. « Nice Bergamote » est sorti donc en 2018 et est construit autour de cet agrume vedette de la parfumerie. Ce n’est pas un solinote mais elle est présente à tous les étages de la pyramide olfactive. Le coeur d’ylang ylang et de jasmin lui donne toute son intensité et le fond de cèdre et de fève tonka lui assure, je pense, une très bonne tenue. J’aime beaucoup ce parfum ainsi qu’un ou deux autres de la collection. Il est vraiment un bon compromis et pourra être très précieux pendant un été ensoleillé.

 

Nice Bergamote Essential Parfums parfum - un parfum pour homme et femme 2018

 

 

 

J’aurais pu parler de bien d’autres créations d’Antoine Maisondieu J’ai en tête « Bottega Veneta pour Homme » dans ses trois versions, ou encore « Quatre » de Boucheron et « Éloge du Traître » pour État Libre d’Orange par exemple, mais j’ai décidé de me concentrer sur celles qui me plaisaient le plus. Je suis toujours très impressionné par sa créativité et, vu son âge, je pense qu’il va encore nous réserver de belles choses. Je suis assez impatient de découvrir d’autres parfums qu’il a imaginé.

 

 


17/06/2020
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La myrrhe, mythe ou matière première

Parfum Myrrhe, Myrrhe en parfumerie | Olfastory

 

 

La myrrhe est une gomme-résine aromatique produite par un arbre et son odeur se rapproche un peu de celle de l’encens en plus subtile. Elle entre dans la composition de nombreuses compositions parfumées depuis l’antiquité et, pour l’anecdote, elle fait partie de la recette de la Bénédictine et est aussi utilisée comme astringent pour soigner les ulcères des muqueuses et notamment de la bouche. En parfumerie, elle est un peu plus amère mais aussi un peu plus complexe que l’encens et offre différentes facettes qui peuvent souvent être intéressantes. Personnellement, je ne porte pas, en ce moment de parfum qui en compte dans sa composition mais ça viendra j’en suis sûr. Je la préfère à l’encens que je trouve vraiment trop froid et que je préfère comme parfum d’ambiance, à brûler par exemple, et flottant dans l’air que sur ma peau. J’ai identifié quelques parfums emblématiques dont la myrrhe est l’ingrédient phare.

 

 

Le jus qui me vient à l’esprit est « Myrrh & Tonka » créé par Mathilde Bijaoui pour la collection des Colognes Intenses de Jo Malone London. Après un départ aromatique, notamment des notes de lavande, le coeur de myrrhe nous emmène vers un fond vanillé construit autour de l’amande et de la fève de tonka. Je trouve que ce parfum a quelque chose de « spirituel », et qu’il souffle le chaud et le froid. Il m’évoque assez les parfums orientaux, des années trente mais revisités à la sauce anglaise et moderne par la maison Jo Malone London. Très agréable et un peu consensuel, « Myrrh & Tonka » est tout en subtilité et m’a séduit alors que je ne m’y attendais pas. Il a comme un petit côté à la fois addictif et élégant. J’aime bien nombre de colognes de la maison et c’est vrai que, parmi les intenses, celui-ci est sans doute l’un des plus chics. J’ai essayé ce parfum il y a quelques mois, au début de l’hiver et force m’est de constater que j’ai bien aimé le porter. Son sillage est modéré mais sa tenue remarquable. Je pense que sa concentration est une eau de parfum très dense. « Myrrh & Tonka » remporte un certain succès et je le comprends.

Myrrh & Tonka Jo Malone London parfum - un parfum pour homme et  femme 2016

 

 

La myrrhe remplace également l’encens dans le très beau « Parfum Sacré » créé en 1991 par Jean-Pierre Bethouart pour la maison Caron. S’il a été légèrement reformulé au cours des années, je lui trouve vraiment une identité propre à la marque et je l’aime beaucoup. L’envolée épicée, poivrée entoure les notes poudrées du mimosa avec de la cannelle et de la cardamome. Comme ça, d’emblée, je lui trouve une parenté avec le mythique et regretté « Poivre » d’autant qu’on retrouve, au coeur, un jasmin opulent, une rose poudrée et épicée par le clou de girofle typique de Caron. Le fond de myrrhe, de vanille et de muscs blanc lui confère des accents orientaux qui me troublent un peu. Globalement, j’aime « Parfum Sacré », dans la collection dont il fait partie, il est le seul que je pourrais porter et d’ailleurs, je m’y suis penché souvent mais on ne peut pas tout acquérir et je lui ai préféré une autre création de la marque à l’époque. J’aime y revenir, le sentir. Je trouve que c’est un parfum tout à fait chic et un exemple parfait de l’élégance olfactive des anciennes maisons françaises. « Parfum Sacré » est construit dans le style maison et ce n’est pas pour me déplaire.

 

Parfum Sacre Caron parfum - un parfum pour femme 1990

 

 

 

Il me semble que « Myrrhe Ardente », créé en 2007 par Isabelle Doyen et Camille Goutal a disparu mais je l’aimais beaucoup plus que « Encens Flamboyants ». Les orientaux ne faisaient pas partie de l’identité originale de la maison mais je trouve qu’Isabelle Doyen en a réussi quelques uns. J’avais découvert celui-ci lorsque la responsable de la boutique Annick Goutal, à l’époque, me l’avait conseillé et j’ai gardé, durant des années, des échantillons qu’elle m’avait offert. J’en ai encore deux que je peux sentir en écrivant cet article. C’est un oriental mais très baumé, très linaire avec une ouverture de benjoin, de fève tonka et d’une myrrhe omniprésente à tous les étages de la pyramide olfactive. Au coeur elle s’enrichit de bois de gaïac et de vétiver puis le fond se fait miellé et rond. En le re-sentant, je me rends compte qu’il n’est pas nécessairement pour moi mais que j’aime l’avoir sous le nez. C’est un parfum très complexe, assez éloigné de l’idée que je me fais des parfums Annick Goutal et pourtant j’aime beaucoup. Je lui trouve une élégance un peu subversive et très orientale. C’est ou c’était un petit bijou de la parfumerie.

 

 

Myrrhe Ardente Annick Goutal parfum - un parfum pour homme et ...

 

 
 

 

 

Pour cet article, je suis allé en parfumerie découvrir « Magie Noire » de Lancôme. J’avais toujours entendu parler de ce parfum créé en 1978 par Bernard Goupy, Jean-Charles Niel et Yves Tanguy qui met la myrrhe à l’honneur mais je ne le connaissais pas. Elle est utilisée ici associée à la mousse de chêne et au patchouli dans une composition chyprée très complexe. La bergamote en tête s’enrichit de notes de bourgeon de cassis, de jacinthe, de framboise et de rose. Le coeur est miellé et s’organise autour de l’iris, l’ylang ylang, le jasmin et la tubéreuse entre-autres. Le fond de myrrhe et de patchouli est posé sur l’encens des notes épicées de la civette, de l’ambre et de la mousse de chêne. « Magie Noire » est complexe, voire même compliqué. C’est un parfum un peu oublié chez Lancôme mais je le trouve assez intemporel. S’il peut sembler un peu passé de mode, il doit plaire encore et avoir son public car il est toujours fabriqué. J’ai bien aimé le découvrir. Il est vraiment super élégant.

 

 

Magie Noire Parfum Lancome parfum - un parfum pour femme 1978

 

 

 

 

 

 

 

Pour finir, j’ai envie de parler du plus « encens » des parfums mettant en exergue la myrrhe que je connaisse. Il s’agit de « Messe de Minuit » de Etro. Il n’est pas forcément à mon goût mais plusieurs personnes que je connais le portent et je trouve qu’il leur va particulièrement bien. Créé en 1994, il promène sous mon nez son écriture épurée. Boisé, un peu aromatique, ce parfum était sans doute un peu révolutionnaire lorsque la maison de prêt à porter italienne l’a sorti et il est devenu à la fois indémodable et incontournable. L’envolée très fraîche d’agrumes est très agréable et nous fais entrer dans un coeur de petit grain, de cédrat, de myrrhe présente également en fond mais aussi de patchouli. Le parfum repose sur des notes de miel, de ciste, d’encens et de muscs blancs. Il a un petit côté aseptisé que je trouve finalement très « encens d’église » mais dans une version un peu légère et aérienne plutôt agréable. « Messe de Minuit » est un must chez Etro et je comprends son succès même si je ne le porterai pas.

 

Messe de Minuit Etro parfum - un parfum pour homme et femme 1994

 

 

 

Proche de l’encens, la myrrhe est énormément utilisée en parfumerie, j’aurais aussi pu citer « Ambre Sultan » de Serge Lutens ou le très populaire « Bois d’Argent » de Dior mais je suis allé chercher des fragrances qui me plaisaient tout de même alors qu’elle me font complètement sortir de ma zone de confort. Il y en a deux que j’aurais pu porter, je pense que c’est « Myrrh & Tonka » de Jo Malone et « Myrrhe Ardente » d’Annick Goutal mais, pour l’instant, je ne suis pas forcément prêt à franchir le pas.

 

 

 

 


16/06/2020
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The Different Company, la parfumerie autrement

« La création de The Different Company, un projet fou de créer une marque qui incarnera la Haute Parfumerie Contemporaine, avec des fragrances d’exception contenues dans de véritables objets d’art. Un esprit sans contraintes, retrouver le sens de l’exception pour créer de véritables parfums rares : une démarche gravée pour toujours au cœur de la marque.Le ton était donné, The Different Company est résolument une marque contemporaine portée par la création et qui apporte de nouvelles émotions olfactives, dans de magnifiques flacons, l’association unique du design et de la créativité olfactive qui repose sur l’art de la Haute Parfumerie française (…) Trois parfums : Osmanthus, dont le délicat Osmanthus est encore inconnu des amateurs de parfum et pourtant sur tous les orgues de parfumeurs. Bois d’Iris, avec une exceptionnelle concentration d’Iris Pallida, le fastueux et le plus onéreux des Iris. Et Rose Poivrée, une interprétation très personnelle de la Rose par Jean-Claude Ellena qui n’a toujours aucun équivalent aujourd’hui, une Rose animale, entêtante, charnue. » Voici donc quelques infos sur la création d’une marque que j’ai découvert il y a déjà bien longtemps en flânant sur la plus belle avenue du monde. À l’époque, elle était distribuée par le Marionnaud des Champs Élysées et ne comportait que quelques parfums. Plus tard, j’ai porté « Bois d’Iris » puis « De Bachmakov » et j’ai assisté à une conférence donnée par Sophie et Luc Gabriel, propriétaires de la maison. The Different Company compte aujourd’hui 31 fragrances parues dans trois collections et j’ai décidé d’explorer celles que je connais le mieux quitte à revenir sur des parfums dont j’ai déjà parlé au fil des pages de ce blog.

 

 

 

 

Interview with Luc Gabriel, artistic director of The Different ...

Luc et Sophie Gabriel

 

 

 

 

Il ne m’est pas possible, au risque de radoter, d’écrire un article sur The Different Company créé en 2000 par Jean-Claude Ellena sans revenir sur « Bois d’Iris » dont j’ai abondamment parlé mais qui est le parfum de la maison que j’ai porté le plus et donc celui que je connais le mieux. Dès l’envolée, l’iris est présent et il nous suivra tout au long de la pyramide olfactive. Il est, tout d’abord associé à la bergamote en tête puis à la coriandre, l’ylang ylang et le géranium au coeur avant de s’appuyer sur des notes de fond de cèdre et de vétiver. J’ai découvert « Bois d’Iris » il y a très longtemps mais ce n’est qu’il y a quatre ou cinq ans que je l’ai acheté et porté avec délice tout un été. Je me suis même surpris à ne porter pratiquement que ça cette année-là. Tout en finesse, en légèreté, il est l’exemple parfait de la signature « aquarelle » et de l’écriture épurée de Jean-Claude Ellena et fait partie, je l’ai dit souvent, de ces parfums qui sont, il faut bien le dire, des chefs d’oeuvre. Je ne porte pas « Bois d’Iris » en ce moment car, j’ai pas mal de choses dans mon dressing parfumé mais j’y reviendrai un jour où l’autre, c’est certain.

 

Pitti Fragranze 2019: Conversation avec Jean-Claude Ellena. ~ Art ...Jean-Claude Ellena

 

 

 

Toujours dans la collection classique, Jean-Claude Ellena crée en 2003, le très beau « Bergamote » qui, comme son nom l’indique, met en valeur cet agrume roi de la parfumerie pour un parfum frais, aérien et évanescent que je trouve d’une grande élégance. En note de tête, on retrouve donc la bergamote associée à un gingembre pétillant et étonnant. Au coeur, les notes vertes viennent renforcer l’impression d’intense fraîcheur et le fond de rhubarbe et de muscs blancs lui confèrent une évolution acidulée. J’aime beaucoup « Bergamote » même s’il faut bien avouer que sa tenue est un peu limitée. Je lui trouve quelque chose de particulièrement élégant et agréable. Il est chic, c’est indéniable. Encore une fois, la très courte formule est typique de cette époque de création de Jean-Claude Ellena. Certains qualifieront cette fragrance de « minimaliste », pour moi, elle va surtout à l’essentiel et vraiment elle fait mouche. Je ne l’avais pas cité dans mon article sur la bergamote car il fallait que je remette mon nez dedans et je ne l’avais pas encore fait mais je ne regrette pas car j’aime beaucoup.

 

« De Bachmakov », créé en 2010 par Céline Ellena Nezen est sans nul doute un parfum que j’ai adoré porter. J’avais eu en cadeau une miniature lorsque nous avions assisté à la conférence de Sophie et Luc Gabriel et j’ai adoré ce jus vert, comme l’herbe de la toundra russe coupée. Je trouve que la parfumeuse a su, avec beaucoup d’adresse, de talent et de doigté réussir à nous faire voyager dans un univers froid, au printemps, lorsque la neige fond. L’envolée de coriandre et de bergamote donne le ton et le coeur de freesia construit avec l’apport de noix de muscade et de freesia sont particulièrement bien vues. Le fond de cèdre et d’ambre sèche posent le parfum. Pour moi, je le redis, « De Bachmakov » c’est une herbe coupée délicate et profonde. Je trouve que la fragrance est rafraîchissante et je l’ai porté un été. Il y a quelque chose de très naturel dans ce parfum et j’ai adoré. Cette année, je tourne pas mal autour et j’ai envie de le retrouver. Qui sait, peut-être que je franchirai une nouvelle fois le pas.

 

 

Céline Ellena Nezen

 

Sorti en 2012 dans la Collection Excessive, « Aurore Nomade », créé par Bertrand Duchaufour est particulièrement étonnant. Le départ de banane et d’un fruit exotique appelé carambole se pose sur des notes épicées et saline et est arrondi un accord rhum. Le coeur d’ylang ylang, de fleur de frangipanier et de géranium est épicé par le clou de girofle et le fond d’immortelle profonde, de vanille, de muscs et de bois de santal lui donnent un côté oriental tout à fait inattendu. Je ne connaissais pas ce parfum mais j’ai eu l’occasion de l’essayer lors d’un séjour à Paris et je l’ai beaucoup aimé. Il m’a séduit dès l’envolé et dérouté tout au long de son évolution. Vraiment, c’est un beau parfum. Je ne sais pas s’il est pour moi mais j’ai beaucoup aimé le découvrir. Il faudrai que je m’y penche à nouveau.

 

Aurore Nomade The Different Company parfum - un parfum pour homme et femme  2012

 

 

 

 

En 2012, la maison lance une nouvelle collection qu’elle baptise L’Esprit Cologne avec différents jus que je trouve particulièrement intéressants. Le premier est « After Midnight » créé par Émilie Coppermann et qui a un départ de bergamote et de néroli construit autour de l’angélique, un coeur d’iris, de jasmin et de lentisque un peu âcre qui lui donne sa singularité. Le fond est boisé, avec des accents de benjoin et de ciste. Je ne trouve pas que ce parfum soit vraiment dans un esprit cologne comme le laisse supposer le nom de la collection car je le trouve surtout très aromatique et fort étonnant. Je l’ai essayé il y a un an ou deux et, s’il m’a particulièrement surpris, j’ai beaucoup aimé son évolution que je trouve d’une grande élégance. Je l’imagine porté lors d’une soirée d’été qui se rafraîchit un peu. C’est un jus très original et qui mérite non pas d’être découvert mais plutôt d’être essayé.

 

After Midnight The Different Company parfum - un parfum pour homme et femme  2012

 

 

 

Toujours dans cette collection, toujours en 2012, Émilie Coppermann a créé « Sienne d’Orange » que j’ai eu l’occasion de porter un peu et que j’ai beaucoup aimé. C’est une orange poudrée et épicée, ce qui n’est pas des plus courants. L’envolée d’agrumes et de cardamome donne le ton et le coeur d’iris et de graine de carotte est vraiment original. Le fond est très musqué, très « propre ». Il a été le compagnon idéal d’un été de canicule un peu difficile à supporter en ville. Il m’apportait beaucoup de fraîcheur tout en restant singulier et élégant. J’ai beaucoup aimé cet hespéridé que je trouve un peu méconnu par les amateurs de la marque et c’est dommage. Je l’ai découvert par hasard et il m’a énormément séduit. Je pense que « Sienne d’Orange » est à redécouvrir pour l’été. Il est vraiment bien fait, très réussi et différent des autres hespéridés plus classiques que l’on trouve actuellement.

 

Sienne d'Orange The Different Company parfum - un parfum pour  homme et femme 2012

 

 

 

 

Allez, revenons à la collection classique pour découvrir l’un des rares parfums à dominante d’encens que j’aime porter. Il s’agit du très glacé « Santo Incienso Sillage Sacré » créé en 2017 par Alexandra Monet. Le départ, très frais et épicé de bergamote, petit grain et noix de muscade, le coeur de palo santon, de cèdre et d’hédione et le fond d’encens, de vétiver, de muscs blancs, de benjoin et de bois de gaïac en font un parfum particulièrement étonnant. Pour moi, il est comme une lame froide, métallique au départ et qui se réchauffe au contact de la peau. Je l’ai trouvé très surprenant. J’ai une amie qui le porte et elle m’a donné envie, il y a quelques mois, de l’essayer. J’y suis allé un peu à reculons car je ne suis pas très fan de l’encens mais j’ai adoré. Je trouve que c’est un très beau parfum même s’il n’est pas vraiment pour moi.

 

Santo Incienso, Sillage Sacré The Different Company parfum - un parfum pour  homme et femme 2017

 

 

 

Pour finir, j’ai envie de revenir sur « Sel de Vétiver » créé en 2006 par Céline Ellena Nezen et qui est l’un des parfums de The Different Company que je préfère. C’est une interprétation tout à fait étonnante du vétiver présent à tous les étages de la pyramide olfactive et associée à la bergamote, la cardamome et le pamplemousse en tête puis au géranium et à l’ylang ylang pour finir sur un fond d’iris et de sel de mer. L’ensemble très frais, réellement salé. Je le trouve d’un chic fou je dois bien le dire. J’avais demandé, quand j’ai commencé ce blog, dans une interview, à Céline comment elle avait eu l’idée de « saler le vétiver » et je vous renvoie à sa réponse qui doit se trouver sur la première page. J’avais trouvé son inspiration très intéressante. Reste que je parfum est magnifique et que je le sens toujours avec le même plaisir.

 

Sel de Vetiver The Different Company parfum - un parfum pour homme et femme  2006

 

 

Certes mes choix sont arbitraires et peu exhaustifs tant il y a des merveilles à découvrir chez The Different Company mais j’ai essayé de survoler plusieurs univers différents que la marque propose. Pour moi, ce sont des parfums qui allient avec succès élégance, subtilité, classe et inventivité. Je ne connais pas toutes les références de la maison mais, à chaque fois que j’en découvre une, je suis vraiment intrigué, parfois séduit et je pense que je vais m’y re-pencher prochainement car, lorsque l’on cherche un beau parfum, original mais facile à porter, The Different Company est une option que je ne veux pas oublier.

 


15/06/2020
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Hespéridés, le chant des agrumes

Agrume — Wikipédia

 

 

À l’approche de l’été, je me suis penché sur les parfums hespéridés. C’est une famille olfactive avec laquelle je pensais ne pas accrocher et, depuis quelques années, je développe in intérêt envers elle. Citron, orange, mandarine, cédrat, bergamote ou encore yuzu, sont des matières premières qui, bien travaillées, peuvent être plus que des notes de tête. Employés dans des colognes à la pyramide olfactive inversée, les agrumes peuvent aussi devenir dominantes dans certaines compositions qui comportent dans leur formule peu ou pas de notes aromatiques. Souvent soutenues par un fond boisés, les parfums hespéridés sont souvent un refuge lorsque les températures montent. En cherchant, je suis tombé sur quelques pépites et je me suis dit qu’il serait agréable d’en faire un article.

 

 

Dès les années 40, Edmond Roudnitska s’est intéressé aux notes hespéridées en créant, tout d’abord « Moustache » pour la maison Rochas qu’il a composé avec son épouse Thérèse en 1949 puis « Eau Sauvage » pour Christian Dior en 1966. Dès lors, cette famille olfactive sera associé à la parfumerie dite masculine, des années après que les aromatiques fougère aient fait leur apparition. Lorsqu’il ont créé « Moustache », Edmond et Thérèse Roudnitska ont inventé un autre genre de parfum. Si la bergamote et le citron sont très importantes à l’envolée, ils restent présents tout au long de l’évolution du parfum et le patchouli, la mousse de chêne, la lavande et la feuille de violette ne sont là que pour soutenir la composition qui reste résolument agrumes. Après que Rochas ait décidé de le rééditer j’ai eu la chance de découvrir « Moustache Original 1949 », je me suis déjà exprimé sur le sujet, dans son unique point de vente (Marionnaud sur les Champs Élysées) et j’ai beaucoup aimé cette construction olfactive que je trouve, somme toute, intemporelle. Quant à « Eau Sauvage », nous l’avons vu, c’est un best seller de la parfumerie et son succès ne se dément pas. Il est vrai que sa tenue est assez limitée et qu’il a du être reformulé durant les décennies qui ont suivi sa création mais je trouve qu’il a gardé son esprit. En 1984, une version « Extrême » est lancée par Dior. Elle est beaucoup plus boisée et je dois dire qu’elle me dérange un peu hélas. Pour moi, Edmond Roudnitska a vraiment été l’un des pères de la parfumerie moderne et ces deux exemples sont tout à fait parlant de la manière épurée qu’il a utilisé, au fil du temps pour écrire ses formules.

 

 

Moustache Original 1949 Rochas Cologne - un parfum pour homme 2018

 

 

 

Alors que la mode était aux fougères très lavande et très aromatiques, aux fleuris et aux orientaux, c’est Annick Goutal, en 1980, qui va rendre ses lettres de noblesse aux parfums hespéridés en créant, avec le concours du parfumeur Françis Camail, une fragrance absolument pétillante comme un composite d’agrumes composé autour d’un coeur d’Ylang Ylang et qui sortira dans deux concentrations. Et ainsi est née « L’Eau d’Hadrien ». Pamplemousse, citron, cédrat, bergamote et mandarine associés à une note aromatique et à une autre aldéhydée et le cocktail fusant et explosif était né. J’ai entendu Isabelle Doyen, nez de la maison devenue Goutal Paris dire dans une interview « L’Eau d’Hadrien, c’est de sept à soixante-dix-sept ans » et je trouve que c’est bien résumé. Ce magnifique jus hespéridé est une véritable institution de la parfumerie. J’ai souvent parlé de ce jus car je le connais bien. Mon père le porte depuis plus de 25 ans et il l’aime toujours autant. En 2013, Isabelle Doyen et Camille Goutal le reformulent en version cologne puis, en 2016, dans la collection Dolce Vita, une nouvelle version plus aromatique avec l’omniprésence de notes de cyprès et d’orange. En 2018, Goutal Paris va même sortir une version sans alcool. En 2008, « L’Eau D’Hadrien » reçoit de FIFI Award All of Fame décerné par l a Fragrance Foundation France, qui couronne, le succès d’une création intemporelle et devenue un incontournable de la parfumerie. Pour ma part, j’aime vraiment ce parfum même si j’ai une préférence pour la version eau de toilette et je l’ai réessayé récemment. J’y ai pris beaucoup de plaisir.

 

Bois d'Hadrien Goutal parfum - un parfum pour homme et femme 2017

 

 

 

Créé par Françoise Caron en 1979 et reformulée par Jean-Claude Ellena en 2009, « L’Eau d’Orange Verte » est devenu un classique de la maison Hermès. J’aime beaucoup le côté amer de cette création très rafraîchissante. Délicat, énergisant, ce jus est une vraie création. Françoise Caron l’avait voulu très léger comme une eau fraîche. La reformulation, avec le patchouli en fond est tout de même plus tenace même si Jean-Claude Ellena a gardé très précieusement l’esprit initial. En 2004, la maison Hermès avait d’ailleurs déjà confié à Jean Guichard, le soin de créer « Concentré d’Orange Verte » qui a, il me semble, une concentration plus importante mais dont on perd un peu, comme c’est le cas de beaucoup d’hespéridés, l’élégance initiale. Depuis « L’Eau d’Orange Verte », la maison a sorti plusieurs créations tournant autour des agrumes dont une « Eau d’Orange Douce » en 2005. Je citerai par exemple « L’Eau de Pamplemousse Rose » en 2009 que j’aime beaucoup, « L’Eau de Mandarine Ambrée » en 2013 et « L’Eau de Néroli Doré » en 2016 ainsi que « L’Eau de Citron Noir » en 2017 créé par Christine Nagel. Tous ces jus sont réussis, c’est indéniable mais je garde un faible pour « L’Eau d’Orange Verte » dans la version de Jean-Claude Ellena car je ne connais pas la formulation originale. Je la trouve vraiment super élégante et apaisante durant les jours chauds d’été.

 

Eau d'Orange Verte Hermès parfum - un parfum pour homme et femme  2009

 

 

 

En 2018, c’est au tour de Perris Monte Carlo de lancer sa collection d’agrumes. J’en ai déjà parlé souvent mais je crois que je ne peux pas écrire un article sur cette famille olfactive sans citer sa très belle Collection Italienne. J’ai beaucoup aimé « Bergamoto di Calabria », « Cedro di Diamante » mais, lors de leur sortie, c’est surtout « Mandarino di Sicilia » qui a attiré mon attention car, outre le fait que Gian Luca Perris a, comme à son habitude, mis en valeur toutes les facettes de la matière première principale, il a créé un parfum construit, à la fois une mandarine « dans tous ses états » associé à des notes florales dont le jasmin et à un fond boisé et ambré qui assurent une excellente tenue à cette création. Il a été, vraiment pour moi, un coup de coeur et j’ai adoré le porter. En 2019, il lance « Arnacia di Sicilia » qui est vraiment une explosion de fraicheur autour d’une orange très « vitaminée » légère et acidulée avec un coeur de cannelle et d’amande et un fond ambré et muscs blancs particulièrement réussi et rehaussé d’une note de café torréfié. « Arancia di Sicilia » a été, également, une vraie révélation car je pense que c’est grâce à ce parfum que j’ai commencé à avoir envie vraiment de porter un hespéridé. Je trouve qu’une fois de plus la maison Perris a réussi à sublimer de belles matières premières pour en faire des fragrances qui sont une parfaite réussite.

 

Cedro di Diamante Perris Monte Carlo parfum - un parfum pour homme et femme  2018

 

 

Pour terminer, je voulais revenir sur la maison Jo Malone London car je trouve que les hespéridés qu’elle propose sont une vraie réussite et font mouche à chaque fois à commencer par « Grapefruit » créé par Jo Malone la parfumeuse en 1992 et qui, construit autour du pamplemousse, compte des notes d’orange, de vétiver, de piment et de jasmin sur un discret fond de patchouli. Je l’ai essayé récemment et j’ai adoré. Je trouve que c’est un pamplemousse amer et frais à la fois. Je retrouve un peu d’ailleurs son esprit dans « Vétiver Pamplemousse » qu’elle a créé en collaboration avec la marque de prêt-à-porter Zara. « Grapefruit » est un incontournable de la maison Jo Malone London et l’ai toujours aimé mais il est loin d’être le seul hespéridé qui me parle. Je citerai « Sweet Lime & Cedar » créé en 2008 (mais qui a été arrêté je pense) ou encore « Earl Grey & Cucumber » et bien évidemment « Orange Bitters » lancé en tant qu’éphémère en 2016 et qui ressort chaque année pour les fêtes. Je le porte depuis longtemps et je l’adore. J’aimerais qu’il sortent dans la collection permanente. L’orange amère est associée à l’orange confite et aux épices sur un fond de bois de santal et c’est une véritable merveille que je peux porter été comme hiver. J’en fais une assez grande consommation d’ailleurs.

 

 

Grapefruit Jo Malone London parfum - un parfum pour homme et femme 1992

 

 

Les agrumes inspirent de plus en plus les parfumeurs et, sois en solinotes, soit en version cologne associés à des notes aromatiques, soit utilisés comme note dominante dans une composition plus sophistiquée, ils sont nos partenaires privilégiés de l’été. Personnellement, je m’y mets et je dois dire que j’y trouve pas mal de plaisir comme quoi, en parfumerie, rien n’est jamais acquis et nos goûts, non contents d’évoluer, peuvent même s’élargir et nous offrir de belles sensations. Cette année, je ne sais pas quel hespéridé je vais porter le plus mais c’est à l’étude.

 


14/06/2020
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Isabey, entre tradition et parfumerie d'auteurs

 

Isabey Paris Parfums – Parfumeur à Paris depuis 1924

 

 

 

 

 

 

« Isabey est une Maison de parfum d’« art et essai. Luxe, rareté, élégance et tradition avec une touche de modernité, sont la quintessence de cette maison niche et confidentielle. Sa philosophie peut se résumer comme suit : « un parfum ne doit pas seulement être une image ou un concept mais plutôt une œuvre d’art, une création d’excellence avec sa propre histoire à raconter ». Les lignes contemporaines résultent de la collaboration entre Rania Naim, directrice artistique et Jean Jacques, parfumeur. Tous deux puisent leur inspiration dans le patrimoine riche de la maison, les codes art déco, les essences rares et les matières nobles. », telle est la présentation que la marque fait de son travail. Je suis, depuis longtemps très impressionné par la qualité des parfums Isabey et particulièrement par leur travail des fleurs, de leur mise en valeur et des savants arrangements que les parfumeurs de la maison savent inventer pour créer des parfums rares, intenses, d’une élégance absolument intemporelle comme un smoking de haute couture qui s’adapte avec une déconcertante facilité à de nombreuses personnalités. J’ai donc fait des recherches pour écrire cet article et je remercie chaleureusement Emma (Emma Gardénia) qui est une fidèle lectrice de ce blog et qui m’a fait parvenir une mine d’information sur l’historique de la marque.

 

L’histoire de la marque :

 

Créée par le baron Henry James de Rothschild, la marque voit le jour en 1924. Son nom est inspiré par celui du peintre miniaturiste français Jean-Baptiste Isabey et, dès 1925, elle reçoit une médaille d’or à l’exposition des Arts Décoratifs de Paris pour l’un de ses coffrets appelé « Collier Isabey » créé par le maître verrier André Jollivet. Il faut dire que, outre le jus, le parfum, à l’instar de tous ceux de la marque, est présenté dans un flacon digne de la plus haute joaillerie. Le soin était confié à des artistes comme René Lalique ou encore Julien Viard, de créer des pièces uniques afin de pouvoir « Habiller » les parfums de la maison. Les premiers sortis, furent «La Route d’Émeraude », « L’Ambre de Carthage », « Lys Noir », « Le Chypre Celtique » et « Le Bleu de Chine » et, alors que la concurrence entre les maisons de parfum fait rage entre Guerlain, Coty et d’autres, Isabey, dans les années trente, tire glorieusement son épingle du jeu. Malheureusement, la guerre va marquer un coup d’arrêt à la vie de la maison qui devra fermer en 1941. Il faudra attendre 1999 pour que les parfums soient réédités par la société Panouge. Aujourd’hui, la marque compte huit eaux de parfum dont deux masculins ainsi que trois extraits qui reprennent les codes originaux dans la maisons et qui sont présentés dans un coffret perle, j’ai nommé « Perle de Gardénia », « Perle de la Route d’Émeraude » et « Perle de Lys Noir ». Les autres parfums sont des recréations réalisées par des parfumeurs contemporains, j’ai déjà cité Jean Jacques, qui est, depuis peu, le nez attitré de la maison Caron mais également Catherine Selig et Luca Maffei dont je connaissais déjà un peu le travail notamment pour Perris Monte Carlo. Pour ma part, j’ai découvert cette marque il y a une dizaine d’année et je dois dire que son élégance et son côté précieux dans le sens « bijou » m’ont immédiatement impressionné. Je porte, d’ailleurs, depuis peu, et je vous en ai déjà parlé, « Sir Gallahad » que j’aime vraiment énormément. Tous les parfums Isabey sont des fleuris, sauf « L’Ambre de Carhage » mais nous y reviendrons. J’ai décidé de détailler chacune des créations sauf « Prends-Moi (Take Me) » que je n’ai pas encore découvert. Allons nous promenez dans ce jardin rêvé et parfumé qui va nous envoûter et, pourquoi pas, nous séduire irrémédiablement.

 

Les créations :

 

Le premier parfum d’Isabey que j’ai « rencontré » il y a une dizaine d’années, je vous en ai abondamment parlé, est « Gardénia ». Soliflore envoutant, il a été réédité et je pense reformulé en 2006. C’est un parfum que j’aime particulièrement car il restitue parfaitement, à mon sens, l’odeur de la fleur dont il porte le nom et que j’ai toujours aimée. Pour moi, à l’instar de « Datura Noir » de Serge Lutens, « Gardénia » a quelque chose de diaboliquement vénéneux et d’addictif qui me donne envie, à chaque fois que je mets mon nez dedans, de le sentir et le re-sentir encore et encore. Je l’imagine tout à fait sur une femme des années trente, élégante, britannique par exemple, et mêlant l’odeur du gardénia à un simple tailleur en tweed bien coupé ou à une robe du soir noire, longue et soyeuse. Pour moi, il est la quintessence d’un chic aujourd’hui disparu pour laisser place à une certaine modernité. Je ne trouve pas que « Gardénia » soit facile à porter. Il n’est pas le parfum de tout le monde mais, lorsque la personne qui le choisit se l’approprie, c’est une merveille et il est, pour moi, sans doute l’un des plus beaux fleuris que j’ai senti dans ma vie. Il m’a toujours fait envie mais, et même si les parfums n’ont pas de genre, je le trouve difficile à porter pour un homme et, de toute manière, un peu trop capiteux pour moi. Il n’en reste pas moins que j’aime remettre mon nez dedans à la première occasion. Ses notes de tête de mandarine et d’ylang ylang nous mettent déjà dans une ambiance envoutante et le coeur de rose de Bulgarie, de jasmin, d’iris et de gardénia nous emporte vers un fond de santal précieux et d’ambre gris posé sur des notes musquées. Il est absolument parfait !

Isabey Gardenia Isabey parfum - un parfum pour femme 2006

 

 

Lancé en 2009, « Fleur Nocturne » surfe sur la même vague. C’est un bouquet floral absolument inédit et on retrouve le gardénia si cher à Isabey au coeur d’une composition plus sombre, plus singulière, plus mystérieuse. Je l’imagine bien, porté lors d’une soirée d’été, dans un jardin, par une femme séductrice. J’ai un ami qui dit toujours qu’il lui évoque une espionne de roman. Pour moi, « Fleur Nocturne » est une trompe-l’oeil olfactif. Il est tout en clair obscur, tout en finesse et son côté « dark » nous entraîne dans un océan de fleurs rêvées. Il mêle avec adresse notes florales et accents fruités. En tête, on retrouve la mandarine, la fleur d’abricotier et la pêche blanche qui évolue sur un coeur de jasmin et de magnolia construit autour du magnolia puis, en fond le patchouli et la vanille rendent le parfum très dense, très capiteux, avec des accents orientaux que je trouve assez uniques dans ce genre de composition. J’aime beaucoup « Fleur Nocturne », je trouve qu’il est complètement indémodable. Son élégance est presque un peu subversive et mystérieuse.

 

Isabey Fleur Nocturne Isabey parfum - un parfum pour femme 2009

 

 

 

 

« Un parfum pour ceux qui vivent leur vie comme un voyage. La Carthage antique était un comptoir maritime accueillant des navires chargés de senteurs précieuses et rares en provenance de pays lointains. De cette quête des horizons inconnus et mystérieux, Isabey créa un parfum unique pour l’homme qui sait comment dompter ces contrées sauvages. “L’Ambre de Carthage” est un masculin moderne symbolisant l’esprit des longs voyages, faits de défis et d’aventures. ». C’est ainsi que la marque décrit ce premier masculin sorti en 2011. Ceci dit, je trouve, pour ma part, complètement mixte. C’est le seul oriental de la maison à ce jour et il est construit autour d’une note d’ambre assez légère. En tête on retrouve un accord thé au jasmin relevé par une bergamote à la fois douce et fraiche et un bois de bouleau un peu « à l’ancienne » que j’aime beaucoup. L’absolu de ciste associé à l’osmanthus très cuiré et pas du tout abricoté et à un patchouli discret constituent un coeur ultra classique et intemporel. Le fond, construit autour de l’ambre avec des notes de bois de santal, d’encens et de muscs pose le parfum et lui donne vraiment son identité. Pour moi, « L’Ambre de Carthage » est un beau parfum mais, comme vous le savez si vous lisez ce blog, je ne suis pas tellement adepte des orientaux et j’ai un peu de mal à le porter. De plus, sur ma peau, il est assez éphémère et je l’ai un peu écarté. Ceci dit, j’adore le sentir.

 

Isabey L'ambre de Carthage Isabey Cologne - un parfum pour homme  2011

 

Créé en 1924, « La Route d’Émeraude » a été rééditée et sans doute reformulé en 2012. C’est un ambré fleuri qui pourrait être un peu le pendant féminin de « L’Ambre de Carthage ». Délicat, floral et très sophistiqué, je le trouve presque « exotique » et il est, pour moi, une invitation au voyage indéniable. La marque parle évidemment des pays d’Orient, lointains et mystérieux mais, pour moi, il symbolise un peu également des îles sauvages et perdues au milieu d’un océan car je trouve que le bouquet floral qui constitue son coeur est complètement inédit. Le départ de rose, de bergamote et de cannelle le rend déjà très intriguant. Puis on arrive aux notes de coeur, très envoûtante avec la fleur d’oranger, la tubéreuse, l’ylang ylang et surtout un jasmin sambac omniprésent qui se repose sur un fond ambré, vanillé et musqué. Je trouve que ce parfum est presque une version sophistiquée de « Gardénia » et de « Fleurs Nocturnes ». En 1924, il était présenté dans un flacon facetté qui symbolisait les splendeurs de l’Extrême Orient. J’ai toujours trouvé que ce parfum était hors du commun.

 

Isabey La Route d?Emeraude

 

 

 

« Lys Noir » est également une réédition d’un parfum de 1924 et il a fait son apparition dans la collection Isabey en 2014. Il est complètement hors-norme. La marque le décrit ainsi : « Tout comme Le « Gardénia », La « Route d’Emeraude » ou encore Le « Mimosa, » « Lys Noir » est un des premiers parfums d’Isabey à avoir contribué au prestige de la maison.  Il a été repensé tout d’abord en 2014 et maintenant en 2017 tout en gardant les codes art-déco emblématique d’Isabey. « Lys Noir » est un parfum mystérieux, désirable, pour les femmes élégantes au style glamour et avec du charme, laissant derrière elles une signature inoubliable partout où elles passent. ». Élégant et raffiné, il n’oublie jamais d’être très original avec un départ de poivre noir, un coeur de lys, de tubéreuse construit avec l’amertume du narcisse et la facette poudrée de l’héliotrope. Le fond, boisé, avec de l’ébène, du bois de santal et du patchouli est très sombre, très « dark ». Je pense que je pourrais le porter sans problème. Il m’a toujours énormément séduit.

 

Isabey Lys Noir Isabey parfum - un parfum pour femme 2014

 

 

Je connais un peu moins « Tendre Nuit » et il m’a fallu le re-sentir avant d’écrire mon article. Créé par Jean Jacques en 2018 est une rose cachée, étonnante et finalement toute aussi addictive que les autres. Le départ d’amande et de poivre rose est très original et le coeur entre huile essentiel et absolu de cette reine des fleurs se révèle très intense et nous conduit vers un fond de bois de cachemire, d’ambroxan, de benjoin de de vanille. Je trouve que cette rose est, une fois de plus, complètement hors norme et qu’elle nous emmène dans un univers très doux sans être doucereux. Aujourd’hui, ce genre de parfum est appelé floriental et je trouve ce terme tout à fait approprié. Maintenant que j’ai senti premières créations de Jean Jacques pour Caron, j’identifie tout à fait sa signature dans « Tendre Nuit ». Je trouve que ce parfum est, sans aucun doute le plus moderne des féminins et j’aime beaucoup sa construction. Ceci dit, il est vrai que je le trouve un peu éloigné de mes goûts même si j’en apprécie son côté composé, il me fait un peu trop sortir de ma zone de confort. En revanche, pour celles et ceux (car je le trouve tout à fait portable par des hommes) qui veulent un parfum d’Isabey plus contemporain, il est parfaitement idéal, il faut le dire.

Tendre Nuit Isabey parfum - un parfum pour femme 2018

 

 

Étant donné que j’ai déjà largement évoqué « mon » parfum Isabey, « Sir Gallahad », je ne vais pas développer une description à nouveau mais je vous engage à vous promener au fil des pages de ce blog car vous allez le croiser, soyez-en sûr et quant à « Prends-Moi (Take Me) », il me faudra le découvrir avant de vous en parler mais son nom est tout un programme. Il fait partie, et je l’ai dit, des nouveautés de ce printemps que je brûle de sentir et, dès que j’en aurai l’occasion, je vous en ferai une revue. Pour résumer mon propos sur Isabey, je dirai que de marque luxueusement classique et surannée, elle est devenue, depuis sa re-création, une maison incontournable de la belle parfumerie et qu’elle propose des fleuris parmi les plus beaux que je n’ai jamais senti. Isabey est à découvrir et redécouvrir et vraiment, passer à côté serait dommage.

 

 


12/06/2020
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Le cèdre, un bois aux multiples facettes

 

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Le cèdre est particulièrement prisé par les parfumeur car il offre différentes facettes. Il peut être tour à tour franchement boisé, sucré ou encore presque acidulé voire résineux. Il est la fondation de nombreuses constructions olfactives et je trouve intéressant d’en explorer un peu les différentes interprétations. Ingrédient phare de nombreuses créations de Christopher Sheldrake pour Serge Lutens, d’autres créateurs lui font aussi la part belle. Ce bois si odorant et intriguant est vraiment une mine d’inspiration pour les parfumeurs et le nombre de jus dont il est la note dominante est impressionnant. Pour cet article, il m’a fallu « isoler » ceux que je connais le mieux mais également ceux qui me plaisent le plus car il n’est pas ma matière première de prédilection. S’il est souvent présent pour soutenir une composition comme, par exemple, dans « Habanita » de Molinard dans sa plus récente version, j’ai préféré me concentrer les créations dont il est la note principale.

 

Commençons donc par « Cèdre Sambac » que j’ai découvert il y a quelques mois et qui a été créé en 2018 par Christine Nagel pour la collection des Hermessences. Cette eau de toilette à la fois boisée et florale met en avant la dualité entre deux notes : le cèdre et le jasmin sambac. Le côté acidulé et boisé de l’un contrebalance l’opulence de l’autre et l’empêche d’être entêtant. Je trouve que la parfumeuse a créé l’équilibre parfait entre classicisme et originalité, entre bois et fleurs, entre élégance et simplicité. « Cèdre Sambac » n’est pas le parfum Hermès que je préfère mais je trouve l’idée de cette association très inédite dans des quantités aussi importante particulièrement intéressante. Je ne l’ai pas essayé et je ne connais ni sa tenue ni sa projection mais, sur la touche, je l’ai trouvé très intéressant. Christine Nagel a « hérité » de Jean-Claude Ellena une écriture à la fois aquarelle et épurée et je pense qu’elle crée de très belles choses depuis qu’elle est la parfumeuse attitrée de la maison.

 

Hermessence Cedre Sambac Hermès parfum - un parfum pour homme et femme 2018

 

 

Comme je le rappelais en introduction, qui dit cèdre, dit Serge Lutens et bien sûr « Cèdre » créé par Christopher Sheldrake pour la collection du Palais Royal en 2005. Je ne le connaissais pas et je l’ai découvert il y a un an environs car deux de mes amis le portent. Je ne connais pas la véritable pyramide olfactive, comme toujours avec la marque qui ne communique quasiment pas dessus mais lorsque je le sens, je peux identifier, sur sa courte évolution car il ne comporte pas de notes de tête, des notes de ce bois odorant associé à l’ambre, la tubéreuse et sans doute le miel. Clivant, il ne plaira pas à tout le monde et je trouve qu’il est une parfaite illustration de ce que l’on appelait à l’époque de sa sortie « la parfumerie de niche » tant il est singulier. Il faisait partie à l’époque des hautes concentrations et je crois qu’il n’existe plus que dans la collection des flacons de table. Peut-être ressortira-t’il dans un format plus accessible (et plus pratique à utiliser). En tout cas, je le souhaite car il est vraiment beau.

 

 

Cedre Serge Lutens parfum - un parfum pour homme et femme 2005

 

 

Toujours chez Serge Lutens, je peux citer « Chêne », sorti en 2004, deux ans auparavant dans la même collection et qui est un boisé très sombre dans lequel le cèdre est associé au très rond bois de chêne et au très dark bouleau avec des notes d’immortelle, de thym et de cire d’abeille. C’est un parfum très boisé rond comme sait les créer Christopher Sheldrake. Je trouve qu’il est moins addictif que « Cèdre » mais peut-être encore plus singulier. Il n’existe plus, également, qu’en flacon de table et je crois qu’il a été un peu négligé par la marque sur le plan de la communication et du conseil. Je trouve que c’est dommage car il gagne à être redécouvert. Élégant, très intéressant et doté d’une tenue incroyable, c’est un parfum un peu oublié des collections Serge Lutens. Je l’ai découvert il y a quelques temps déjà et je ne l’ai jamais oublié.

 

Chene Serge Lutens parfum - un parfum pour homme et femme 2004

 

 

 

Je vais délaisser un peu Serge Lutens pour y revenir plus tard pour aller explorer une interprétation chyprée de ce bois étonnant en citant « Cèdre » de L.T. Piver que je trouve particulièrement beau et réussi. C’est un très ancien parfum qui, il me semble, date du début du XXème siècle et uqi a sans doute été reformulé. C’est un chypre classique avec un départ de baies roses et de bergamote, un coeur de lavande et d’iris à la fois aromatique et poudré et un fond de patchouli et de mousse de chêne relevé par des notes de cèdre un peu acidulé et des muscs blancs qui viennent le poudrer. À mi-chemin entre chypré et fougère, ce parfum estampillé masculin est tout à fait portable pour une femme et je trouve que, s’il est un peu méconnu, il mérite d’être découvert car il peut faire des adeptes. Il me fait envie depuis longtemps et je pense que je le porterai l’hiver prochain. Il est à la fois facile d’accès, peu onéreux et tout à fait chic. Il fait partie de ces petits plaisirs pas très chers de la maison L.T. Piver dont il serait dommage de se priver.

 

Cedre L.T. Piver Cologne - un parfum pour homme

 

 

Mais revenons à Serge Lutens car il est impossible d’écrire un article sur la note de cèdre sans évoquer « Féminité du Bois » créé pour Shiseido en 1993 par Pierre Bourdon et Christopher Sheldrake sous l’impulsion du concepteur. Il l’intègrera d’ailleurs à sa collection en 2009. Réunion de « Bois et Fruit » et « Bois de Violette », c’est un incontournable. Je pense que le cèdre n’avait jamais été utilisé dans une telle proportion dans un parfum et certainement pas dans une création à destination de la gent féminine même s’il est considéré aujourd’hui comme tout à fait mixte. Serge Lutens, à l’époque, l’avait décrit ainsi : « Une pâtisserie de bois de cèdre inspirée des senteurs chaudes et miellées émanant des échoppes de menuiserie marocaines. Le premier masculin/féminin, la révolution olfactive des années 90 ! » et je trouve que c’est tout à fait mon ressenti. J’aime « Féminité du Bois » mais je dois avouer que je préfère finalement « Bois et Violette » et « Bois et Fruits » seuls même s’ils peuvent sembler moins aboutis.

 

Feminite du Bois Shiseido parfum - un parfum pour femme 1992

 

 

Le cèdre est présent dans de nombreux parfums mais c’est vrai qu’il m’évoque vraiment le travail de Christopher Sheldrake et de Serge Lutens et c’est pourquoi je leur ai fait la part belle dans cet article. Je trouve que c’est un bois très intéressant qui nous entraîne dans de nombreux paysages connus ou exotiques. Je suis content de découvrir des créations peu convenues (en tout cas moins que celles qui sont sur les rayons masculins du circuit sélectif) qui l’utilisent en quantité car ça me permet d’explorer ses nombreux versants.

 

 

 

 


11/06/2020
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Jo Malone London, les Blossoms 2020

Comme chaque année, Jo Malone London édite (ou réédite) une collection éphémère de Blossoms et je trouve que la mouture 2020 est particulièrement réussie. Les créations sont au nombre de quatre dont deux complètement inédites et les jus sont présentés dans des flacons givrés, soit en 30 ml soit en 100 ml. Je les ai découverts hier et vraiment ces colognes, qui sont plutôt une concentration eau de toilette, sont une vague de fraîcheur qui seront précieux si l’été est ensoleillé. J’ai pris le temps de les découvrir, de les sentir sur ma peau car il faut dire que, dans notre boutique lyonnaise en nom propre, nous sommes reçu avec autant de compétence que de convivialité. Chaque fois, c’est un moment des plus agréable et je suis content d’y retourner. J’ai souvent évoqué la marque car je la trouve vraiment très intéressante. Chaque création est toujours extrêmement bien vue. Simplicité et élégance à l’anglaise sont à l’honneur et les blossoms de cette années ne font pas exception à la règle. Je trouve qu’ils méritaient bien qu’on en parle.

 

Réédition d’un parfum créé par Marie Salamagne en 2014, « Silk Blossom » porte remarquablement son nom car il est comme une écharpe de soie douce et fraîche sur la peau. L’envolée de poivre noir, bergamote et abricot est très originale et évolue vers un coeur de rose, de jasmin et un fond de mousse de chêne et d’héliotrope. Poudré, doux et frais à la fois, « Silk Blossom » est réellement un cocon à la fois addictif et réconfortant. Je n’ai pas bien senti les notes de poivre mais la dualité de l’abricot et de la bergamote en tête est particulièrement réussi et je trouve que le coeur très rose et le fond poudré de l’héliotrope sont d’une grande élégance. Pour moi, ce jus est particulièrement « tendre » et je trouve qu’il est, de ces quatre nouveautés, le plus facile à aborder et qu’il s’adapte à n’importe quel temps, à n’importe quelle température. J’étais complètement passé à côté en 2014 et le ressortir était une excellente idée.

 

 

Jo Malone London Limited BLOSSOMS Series of Cologne 2020 | Chic moeY

 

 

 

 

 

C’est en 2017 qu’est sorti pour la première fois « Osmanthus Blossom » toujours créé par Marie Salamagne et c’est la note abricotée de cette fleurs aux multiples facettes qui est exploitée même si le fond de bois de cachemire lui donne des accents un peu cuirés. Le départ de petit grain lui donne tout de suite quelque chose de rond et de frais à la fois. L’interprétation, dès le coeur mais aussi en fond de la fleur d’osmanthus est particulièrement bien vue car je pense que Marie Salamagne a voulu lui donné, outre des accents fruités, une impression de pureté, de soliflore, et c’est une réussite même si « Osmanthus Blossom » serait peut-être la création la plus éloignée de ma zone de confort. Sur ma peau, il y a quelque chose de très agréable. L’apparente simplicité de ce parfum m’a beaucoup séduit. Pour moi, il symbolise très bien un jardin au printemps. Quand je pense à « Osmanthus Blossom » je me dis que ce jus est le plus « continental » de cette jolie collection éphémère car je n’y retrouve pas tellement l’esprit très anglais de Jo Malone, ce qui ne l’empêche pas d’être une belle réussite.

 

Jo Malone London 新推出Blossoms 香水系列!瞬間帶來好心情


 

 

 

« Un agrume pour éveiller les sens. Le pétillement appétissant de ce fruit saisissant est rehaussé par des profondeurs boisées. ». Telle sont les mots de la marque pour évoquer « Yuja » qui est la première nouveauté de la collection éphémère de cette année. C’est une explosion de fraîcheur avec une envolée de yuzu très « exotique » sur un coeur de sauge sclarée. Le fond de sapin baumier et de cèdre lui donne une profondeur et une « énergie » particulière. Le côté très acidulé du départ est particulièrement réussi et donne le ton pour bien évoquer la dualité des agrumes avec les notes aromatiques puis boisées. Je trouve que l’ensemble est particulièrement équilibré et qu’il ravira vraiment les amateurs de parfums ultra frais et pétillants. Il l’est peut-être un peu trop pour moi mais, sur mon poignet, j’ai trouvé son évolution tout à fait agréable et je pense que sa tenue est très longue. C’est une vraie nouveauté. Je trouve que « Yuja » a quelque chose de vraiment original tout en demeurant très facile à porter. Il peut très bien être réconfortant si l’été se fait brûlant.

 

The new Jo Malone Blossoms collection is a true spring treat

 

 

 

Il ne sera pas une surprise que « Waterlily », le floral de la collection soit mon préféré. La marque le décrit de la manière suivante : « Des nénuphars blancs rayonnants, joyaux de la couronne d'un étang de jardin secret. Leurs pétales immaculés libèrent un parfum floral propre stimulant et enchanteur. ». Une explosion fraîche de fleurs blanches travaillées finement, il n’en fallait pas plus pour me séduire. L’envolée de néroli et de bergamote prépare nos narines à un coeur particulièrement délicat de fleur de nénuphar très aquatique et un jasmin sambac opulent puis à un fond très frais et poudré de muscs blancs. Je trouve qu’il recrée exactement l’impression que l’on pourrait avoir, le matin, alors qu’un jour de printemps voire d’été s’éveille, et que l’on se promène dans un jardin anglais, près d’une pièce d’eau dans laquelle les fleurs de nénuphars commencent à s’ouvrir. Il y a vraiment quelque chose de brumeux, de délicat et de naturel dans ce parfum. Je suis séduit. Sur la peau, il tient vraiment très bien et je trouve que l’évolution est très belle. Les muscs blancs ne sont pas trop présents et il ne tombe pas dans l’écueil de beaucoup de créations récentes dans lesquelles ils sont too much. L’équilibre de « Waterlily » est parfait et je le trouve particulièrement réussi.

 

 

 

Jo Malone London Limited BLOSSOMS Series of Cologne 2020 | Chic moeY

 

 

 

 

 

Comme toujours Jo Malone London propose une sélection éphémère de belle qualité entre classicisme et originalité. L’univers est beau, tendre, délicat et vraiment bien imaginé. Je suis complètement séduit par cette collection et il est vrai que « Waterlily » m’a énormément inspiré. Je pense que je pourrais le porter très facilement. Ceci dit, chacun de ces blossoms va immanquablement trouver son public car vraiment ils ont tous une identité très marquée. Je ne suis pas attiré chaque année par ces éphémères mais je trouve que l’édition 2020 est particulièrement réussie comme l’était, au printemps, celle des lavandes qui sont un peu passé inaperçue compte-tenu de la situation et c’est dommage.

 

 


10/06/2020
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Ella K ou les voyages de Sonia Constant

Ella K rend hommage au voyage

 

 

« Ella K, une héroïne imaginaire

Ella Maillart, Karen Blixen ou encore Alexandra David-Neel, ces femmes exploratrices d’un autre siècle, à l’esprit pionnier, ont inspiré des générations de femmes. Héroïne fantasmée, ELLA K est de ces femmes. Sans jamais être l’avatar de sa créatrice, elle est néanmoins issue de son imaginaire. Libérée de l’espace et du temps, elle ne connaît ni limites ni frontières à ses explorations. Elle multiplie les voyages intérieurs et les parcours initiatiques, elle part à la rencontre des autres et à la découverte de lointains ailleurs. Elle est de ces belles âmes qui aiment l’inconnu, sans à priori, sans crainte ni réticence avec une foi sans faille en son instinct. Confortée par l’exemple de ses illustres devancières, elle choisit, comme elles, d’écrire sa propre histoire, laissant derrière elle les contraintes et les codes.

Sa religion, c’est l’aventure. Son luxe, c’est la liberté. »

 

Une belle entrée en matière pour une nouvelle marque créée par la parfumeuse Sonia Constant dont j’aime beaucoup le travail et qui est indiquée sur le site. Ella K est une invitation non pas au voyage mais aux voyages au pluriel. Sonia Constant nous emmène dans ses bagages pour des séjours olfactifs dans différents pays du monde. Depuis que la marque existe, soit 2018, j’ai eu envie d’en découvrir les créations et c’est désormais chose faite car les créations sont arrivées chez nous. Je dois dire que je ne suis pas déçu. Je les ai quasiment toutes aimées. En deux, ans dix parfums ont vu le jour et il m’a fallu ne garder que les six que j’ai préféré afin que cet article ne soit pas trop long. Nous sommes sur un blog et pas dans un journal papier et il me faut être un peu bref ce qui n’a pas été facile. Alors je vous emmène sur les traces de la voyageuse… de la parfumeuse… enfin des deux.

 

 

C’est au japon que nous emmène « Poème de Sagano » et je dois dire que j’ai été particulièrement surpris par ce parfum très frais et hespéridé construit autour de la menthe, du yuzu, avec un coeur de bambou et un fond d’eucalyptus. En règle général, je ne suis pas du tout attiré par ce genre de parfum mais il ne faut jamais dire jamais et j’ai adoré. Dès le départ de bergamote, de yuzu et de pamplemousse, j’ai ressenti une intense fraicheur et une certaine transparence qui, effectivement, m’a semblé quelque peu « nippone ». Le coeur de menthe et de bambou est vraiment inédit. Serait-ce « Stupeur et Tremblement » ? Non, contrairement à Amélie Nothomb, je ne me suis pas défenestré (heureusement) pour atteindre les nuages mais j’ai été bigrement bien dans ma peau en portant, autour de moi, « Poème de Sagano ». Je pense qu’il peut être un merveilleux parfum d’été.

 

Poeme de Sagano Ella K Parfums parfum - un parfum pour homme et femme 2018

 

 

 

 

Floral et musqué à la fois, « Baiser de Florence » est peut-être mon préféré (et encore, je ne me prononce pas car il y en a plusieurs que j’aime) et Sonia Constant nous entraine dans un univers à la fois baumé et poudré avec ce parfum qui, sur ma peau, a été très linéaire mais fort bien vu. Dès l’envolée, je ressens des notes de jasmin un peu vert mêlé de vanille et de muscs blancs auxquels viennent s’ajouter la myrrhe et la résine oliban puis les notes amandées et poudrées de l’héliotrope renforcé par un iris très agréable et profond. Ce parfum est supposé symboliser un voyage en Toscane mais, pour moi, il est surtout un cocon confortable et élégant. Certes, il ne sera pas le parfum de tout le monde mais je l’ai trouvé particulièrement réussi. C’est un coup de coeur indéniable.

 

Baiser de Florence Ella K Parfums parfum - un parfum pour homme et femme  2018

 

 

C’est en Thaïlande que Sonia Constant nous emmène avec « Brumes de Khao-Sok » créé en 2018. J’ai tout de suite beaucoup aimé la dualité des notes boisées et résineuses du cyprès e du cèdre conjuguées avec un lys opulent et un gardénia élégant mais presque vert. Je trouve ce parfum particulièrement exotique et, vu que je ne suis jamais allé en Asie, je ne peux me fier qu’à mon imagination. Une fois de plus, Sonia Constant fait mouche et ce parfum m’évoque un séjour dans ce pays dont je ne connais que la cuisine fort épicée et délicieuse, dans un paysage onirique qui incite à la rêverie. « Brumes de Khao-Sok » est un vrai parfum comme je les aime, unique, singulier et pourtant très facile à porter. Il est, pour moi, une complète réussite

 

Brumes de Khao-Sok Ella K Parfums parfum - un parfum pour homme et femme  2018

 

 

C’est dans l’état indien du Radjastan que « Lettre de Pushkar », créé en 2018, prend son inspiration. Ce travail autour d’une rose opulente, de l’ambre et de bois précieux est délicatement soutenu par la vanille et épicé par la noix de muscade, le safran et la cannelle. Sonia Constant a créé un oriental indéniablement dépaysant, au charme suranné et exotique qui nous fait voyager près de palais luxueux parés de boiseries d’ébène et de palissandre. Ce parfum aux accents originaux n’est absolument pas pour moi mais j’ai adoré sa construction, son univers olfactif et je l’imagine porté par un homme audacieux, n’ayant pas peur de sortir des sentiers battus ou par une femme très « hollywoodienne ». Il est le parfum du soir par excellence et je pense qu’il doit avoir, déjà, séduit un grand nombre d’amateurs.

 

Lettre de Pushkar Ella K Parfums parfum - un parfum pour homme et femme 2018

 

 

 

D’un saut de puce, nous partons au Vietnam avec « Pluie sur Ha Long », une mousson de fleurs exotiques et inspirées soutenues par un fond de muscs blancs. Ici, Sonia Constant a décidé d’éliminer les notes de tête pour entrer immédiatement dans un coeur de lotus, de nénuphar, de cyclamen et de magnolia. Le parfum est un bouquet enivrant mais plein de calme et de beauté. J’ai adoré ce parfum. Il est d’une délicatesse exotique et d’une élégance absolue. Je trouve qu’il ne ressemble à aucun floral que j’ai pu sentir et les notes aquatiques du magnolia lui donnent une certaine fraicheur qui me fait dire que j’aimerai le porter au plus chaud de l’été. Pour moi, « Pluie sur Ha Long » est une petite merveille de parfumerie, une pépite à découvrir absolument.

 

Pluie Sur Ha Long Ella K Parfums parfum - un parfum pour homme et femme 2018

 

 

 

Mon coup de coeur nous emmène sur les plateaux du Kazakhstan « un coin reculé, niché entre Chine et Mongolie dont la dureté n’a d’égal que sa beauté sauvage ». C’est ainsi que la marque présente ce magnifique cuiré qu’est « Mélodie de l’Altaï ». Sorti en 2018, c’est un parfum absolument magnifique, assez linaire oscillant entre le styrax, l’ambre, le patchouli sur un fond cuiré relevé d’une note de safran. Intense, élégant malgré un côté un peu brut, « Mélodie de l’Altaï » est un véritable bijou et, je pèse mes mots, il est l’un des plus beaux cuirs que j’ai senti ces derniers mois. Je le trouve vraiment singulier tout en étant facile à porter. Son apparente simplicité est, en fait, une belle création tout simplement.

Melodie D'Altai Ella K Parfums parfum - un parfum pour homme et  femme 2018

 

 

 

Me voilà arrivé au bout de cette sélection tout à fait arbitraire car la seconde partie des créations de la marque est de la même qualité et de la même qualité mais il me fallait me limiter. Je suis vraiment séduit par Ella K et je vais m’y pencher et m’y repencher, essayer et réessayer afin, peut-être, de savoir celui que j’aimerai porter… Le choix sera difficile !

 


10/06/2020
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Sous le manteau... le parfum. Sous le manteau... la soie

 

Sous le manteau, une nouvelle marque qui cultive le désir et le ...

 

 

 

 

 

 

 

« Dans les jardins des cloîtres, et depuis des promulgations au Moyen Age, les moines et soeurs cultivaient plantes et herbes médicinales. Les parfums dégagés par ceux-ci, et avant même leur décoction, étaient réputés pour leur vertus. Certaines de ces herbes étaient ainsi identifiées pour leur pouvoir aphrodisiaque voire même anaphrodisiaque. Des recettes jalousement conservées sous le manteau des religieux se sont vues retranscrites au XIXème siècle dans des traités d’officine. »

 

Telle est la manière dont la marque se présente sur son site. Créée en 2016 par Olivia Bransbourg et Frédéric Blanchard, Sous le Manteau est une marque écho responsable et qui l’assume mais aussi tout à fait mystérieuse et intrigante comme son nom l’indique. Ses fondateurs se sont assurer la collaboration de la très talentueuse Nathalie Feisthauer à qui nous devons plusieurs parfums pour Comme des Garçons, Hermès avec « l’Eau des Merveilles » et État Libre d’Orange dont l’emblématique « Putain des Palaces » entre autres ainsi que « Murmure des Dieux » pour Une Nuit Nomade dont je vous ai déjà parlé. J’ai eu la chance, il y a quelques temps à Paris puis, plus récemment, chez nous à Lyon, de découvrir la totalité des créations de la maison et j’ai beaucoup aimé. Je suis donc heureux de venir vous en faire une revue détaillée.

 

Master Perfumer Nathalie FeisthauerNathalie Feisthauer

 

 

 

« Cuir d’Orient », le tout premier est à mi-chemin entre cuiré et chypré sans mousse de chêne. L’envolée de bergamote pourrait évoquer un antique cuir de Russie mais très vite, on retrouve un coeur poudré par des notes d’iris et d’héliotrope qui le rendent immédiatement addictif et singulier. Le fond construit autour du patchouli est très riche avec ses notes de vanilles, de benjoin, de muscs blancs, d’ambrette et d’opoponax qui lui donnent des accents orientaux. J’ai tout de suite trouvé que ce jus était très déroutant, très facetté et je me suis surpris à le sentir et le re-sentir alors qu’il se développait sur le dos de ma main. Nathalie Feisthauer s’est amusée à nous faire voyager dans un univers à la fois exotique et rassurant comme un cocon. J’aime beaucoup « Cuir d’Orient » et, à l’instar des autres créations de la marque, je trouve que c’est une complète réussite.

 

Floral, fruité, résolument moderne, « Essence du Sérail » ne ressemble à rien d’autre et est présenté par la marque comme un philtre d’amour. Je trouve que Nathalie Feisthauer y est allé fort en créant ce jus plein de séduction, atypique et profond qui démarre avec des notes de bergamote et d’ylang ylang particulièrement délicates. Le coeur est un duel entre les fleurs, le muguet, le jasmin, la fleur d’oranger, l’héliotrope, la rose et les fruits, la pêche et la prune pour finir sur un fond de bois de santal, de vanille et d’ambrette. C’est vrai que, sur le papier, il coche toutes les cases de mes goûts et je n’ai pas du tout été déçu lorsque je l’ai découvert car il est vraiment très original et très envoûtant. Je trouve que son story telling est très bien vu et qu’il y a un côté effectivement philtre mystérieux. Je ne sais pas si je pourrais le porter mais j’aime énormément le sentir.

 

Plus oriental, « Fontaine Royale » est un parfum très envoûtant et très moderne. On retrouve encore une fois la bergamote en tête sous forme d’une huile essentielle très dense puis u, coeur de jasmin, de géranium, de rose et d’iris et, encore une fois des notes de fond très riches organisées autour du bois de cèdre et du bois de santal et qui tournent autour des muscs blancs, de la vanille et de l’ambrette mais dominées par le ciste et un styrax omniprésent. Même si je préfère ne pas donner de genre au parfum, je dirais que « Fontaine Royale » est peut-être un peu plus classique que les précédents. Pour moi, il est plus facile à s’approprier en hiver mais chacun trouve son « parfum de saison » comme il veut.

 

Je trouve que le nom du suivant, « Vapeurs Diablotines » est particulièrement bien trouvé. C’est un aromatique épicé avec un départ complexe de bergamote, d’orange, de mandarine et de coriandre qui nous conduit à un coeur épicé de clou de girofle, de feuille de laurier, d’encens et de géranium. Comme toujours, Nathalie Feisthauer a beaucoup soigné le fond qui est construit autour de la fève de tonka et du patchouli et enrichi de notes de vanille, de cèdre, de vétiver, de benjoin, de styrax, de foin de ciste et d’un accord castoréum parfaitement bien reconstitué à l’image de celui de « Antaeus » de Chanel. Complexe, intrigant, tout à fait atypique, « Vapeurs Diablotines » est un parfum que je qualifierai d’impertinent. Il n’est résolument pas pour moi mais j’aime beaucoup sa construction et son côté étonnant. Je pense qu’il mérite d’être découvert et essayé.

 

Vapeurs Diablotines Sous le Manteau parfum - un parfum pour homme et femme  2016

 

 

Comme je pouvais m’en douter, « Poudre Impériale » est mon favoris. Je l’avais d’ailleurs découvert en premier lors d’un séjour à Paris. Entre poudre à canon et poudre de riz, il est pour moi la quintessence d’une élégance non convenue et qui sort des sentiers battus. Le départ très riche de bergamote, de poivres noir et rose, cardamome et élémi qui est une résine bien connue évolue sur un coeur de muguet, jasmin et héliotrope particulièrement poudré et délicat. Le fond de fève tonka, de cèdre, de muscs blancs, de benjoin et d’une délicate vanille un peu cachée est d’une rare élégance. Je trouve qu’il est l’un des plus inclassables poudrés que j’ai pu découvrir. À la fois élégant et très faussement classique, c’est un parfum très singulier. Je l’ai vraiment beaucoup aimé dès que je l’ai senti et j’espère l’essayer très prochainement.

 

La marque a fait le choix de sortir ses cinq créations en 2016 lorsqu’elle a été fondée et je trouve qu’elle a ainsi constitué une collection qui est facile à découvrir car pas trop abondante. L’originalité des créations de Nathalie Feisthauer ne me surprend pas car je connais son talent mais elle me ravit car, avec toutes les marques qui naissent chaque année, il est difficile de tirer son épingle du jeu et je trouve que Sous le Manteau y réussit parfaitement. Je vous engage à aller la découvrir car chaque jus est une pépite en soi. J’avais envie d’écrire cet article en forme de bravo depuis longtemps mais j’ai attendu d’avoir accès plus facilement à ces parfums pour les connaitre mieux.

 


09/06/2020
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Coquillages et crustacés

 

 

« On allait au bord de la mer

Avec mon père, ma sœur, ma mère

Et quand les vagues étaient tranquilles

On passait la journée aux îles… »

 

Hier, j’écoutais complètement par hasard cette chanson de Michel Jonasz et j’ai eu l’idée de revenir sur les « parfums de vacances », ceux qui évoquent la plage, le bord de mer et les embruns. J’ai déjà fait un article qui rejoint un peu le sujet afin de faire la différence entre les jus que je trouve plus salins que marins mais maintenant, à l’approche de l’été, j’ai envie d’élargir un peu la gamme afin de vous donner un avant-goût du bord de mer qui se profile, malgré tout, à l’horizon. Je me suis rendu compte que, depuis quelques années, les marques, qu’elles soient mainstream ou plus confidentielles, exploraient de plus en plus ce qui semble devenir une nouvelle famille olfactive soit en associant au sel de mer des notes de vanille certes mais aussi, plus rarement, de mimosa ou encore d’algues. Outre « Wood Sage and Sea Salt » de Jo Malone, « Acqua di Scandola » de Parfum d’Empire ou encore « Sel Marin » de James Heeley  que j’aime vraiment beaucoup et dont j’ai déjà parlé dans mon premier article, j’en découvre de plus en plus.

 

 

J’avais également déjà évoqué « Vanilla Vibes » lancé en 2019 par Juliette Has a Gun, la marque de Romano Ricci. En général, je ne suis pas spécialement attiré par les créations de cette maison et pourtant, lorsque j’ai découvert celui-ci, j’ai eu une bonne surprise car je trouve que la dualité entre le sel de mer et la vanille est particulièrement bien vue. Certes, c’est un peu moins subtil que dans « Couleur Vanille » créé cette année pour l’Artisan Parfumeur par Aliénor Massenet mais « Vanilla Vibes » a quelque chose qui évoque les vacances. L’ouverture de sel très prononcé est surprenante et le mélange d’une vanille opulente mais pas du tout gourmande avec une orchidée odorante est très singulier. Le fond de bois de santal, fève tonka et benjoin poudré par les muscs blancs nous enveloppe d’une sensation délicieuse. Je trouve que ce parfum est vraiment une réussite et qu’il peut très bien accompagner des vacances au bord de la mer et être porté à la fois pour une promenade sur la plage, dans les pinèdes qui bordent la Méditerranée et pour une soirée quand la température baisse un peu.

 

 

Vanilla Vibes Juliette Has A Gun parfum - un nouveau parfum pour homme et  femme 2019
 

 

Je ne suis pas forcément très attiré par l’univers de la marque Oriza L. Legrand mais il est quelques parfums qui me plaisent. Hier, complètement par hasard, j’ai essayé « Villa Lympia » créé en 2016. Évidemment le nom de cette création m’a rappelé Nice mais ses effluves me ramènent plutôt sur les hauteurs de Cannes et de Mandelieu la Napoule lorsque fleurit le mimosa. Je trouve que la dualité entre les notes poudrées de ces petites boules jaunes associées à celles, salines, de la Méditerranée est une belle trouvaille. Enveloppant sans être ni trop tenace ni trop envahissant, « Villa Lympia » est un parfum de soleil, de vacances par excellence. Vraiment je trouve que le souffle de mer dans les mimosas était une très bonne idée de départ pour créer un parfum. Il m’attire. Je le trouve très facile à porter et très original à la fois. Il me fait oublier le packaging un peu kitsch de la marque qui ne me parle pas du tout. Comme quoi, il faut toujours passer outre et aller directement découvrir le jus.

 

Oriza L. Legrand Villa Lympia eau de parfum mixte | notino.fr

 

 

Je les évoquais dans mon introduction et je ne pouvais pas écrire cet article sans revenir sur « Wood Sage and Sea Salt » créé par Christine Nagel pour Jo Malone London en 2016, « Sel Marin » créé par James Heeley pour sa marque en 2006 et « Acqua di Scandola » créé par Marc-Antoine Corticchiato pour sa marque Parfum d’Empire et qui a vraiment été l’un de mes coups de coeur à sa sortie en 2019. JSi l’an dernier, j’ai porté énormément « Sel Marin », je pense que « Acqua di Scandola » va beaucoup m’accompagner cette année car vraiment je le trouve magique et je vais m’approprier également « Florabellio » créé par Fabrice Pellegrin pour Diptyque que l’on m’a offert pour mon anniversaire et dont j’ai également beaucoup parlé.

 

Acqua di Scandola Parfum d'Empire parfum - un parfum pour homme et  femme 2018

 

 

 

 

Il existe sans doute pas mal de nouveautés construites autour du sel, du soleil et du sable car j’en vois apparaître dans nombre de marques mais il m’a fallu faire un choix parmi ceux que je connaissais bien car il était plus facile d’en faire une revue. En tout cas, au risque de me répéter, moi qui n’aime pas du tout les marins comme « Chrome » d’Azzaro ou encore « Kenzo pour Homme », je suis séduit par ces salins, qu’ils soient vanillés ou overdosés en bergamote et ils surprennent mon nez suffisamment pour que j’ai envie de les porter.

 

 


09/06/2020
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Le Couvent des Minimes devient le couvent, lifting éthique et vegan

Voilà une marque qui a pris un virage à cent-quatre-vingt degrés il y a déjà quelques mois. Je la trouvais désuète, pas forcément passionnante car elle comportait des colognes et eaux de toilettes ultra classiques senties et ressentie mais aujourd’hui, sous l’impulsion de Jean-Claude Ellena, elle est devenue une marque de parfumerie qui propose de très belles créations. Avec le concours de Amelie Bourgeois, Thomas Fontaine et Eric Fracapane, la maison a vraiment fait peau neuve et, entre démarche éthique et originalité, elle est devenue vraiment incontournable. Je suis heureux, petit à petit, de découvrir ses collections que je trouve particulièrement réussies bien que restant très naturelles et faciles à porter.

 

Tout d’abord, il me faut relayer la manière dont la maison présente son travail sur son site afin de mieux comprendre sa démarche : «Tout commence au Couvent des Minimes, un lieu majestueux fondé en 1614 dans le Sud de la France où vécut Louis Feuillée, illustre botaniste du Roy de France Louis XIV. Sa traversée des continents à la recherche de plantes singulières a laissé au Couvent l'héritage de ses voyages remarquables. LE COUVENT lui rend hommage, en perpétuant son histoire botanique à travers la première marque française de Haute Parfumerie Botanique 100% vegan. ». Cette manière de voire les choses se devait de m’interpeller. De plus, leur prix est très attractif, ce qui n’est pas à négliger. J’ai donc choisi cinq parfums dont j’avais envie de parler mais il en est d’autres qui auraient pu avoir voix au chapitre dans cet article tant ils sont bien vus et tant il est formidable d’y plonger notre nez.

 

Dans la collection des Colognes Botaniques, « Aqua Imperi », lancé en 2019 et créé sous l’égide de Jean-Claude Ellena, est un travail autour de l’huile essentielle de lavandin. La marque le décrit de la manière suivante : « Un sillage Hespéridé aromatique, évoquant une échappée dans le Jardin des Herbes Sauvages du Couvent des Minimes. ». Je trouve que les effluves du lavandin associée à la myrthe après un départ très agrume est très intéressant. Il y a quelque chose de très « cire d’abeille » qui m’a séduit dès les notes de tête. Je trouve qu’ensuite, le lavandin prend toute sa place et que la construction cologne est tout à fait agréable car « Aqua Imperi » présente, à la fois, une facette fraîche et aromatique et une autre plus enveloppante. J’ai beaucoup aimé le découvrir.

Aqua Imperi Le Couvent Maison de Parfum parfum - un parfum pour homme et  femme 2019

 

 

Toujours dans cette collection, « Aqua Paradisi » est une construction cologne autour de la rose lancé en 2019. Un départ de bergamote puis une dualité poudrée entre rose et violette, cette formule épurée si chère à Jean-Claude Ellena semble avoir une écriture simple mais ne nous y trompons pas. Tout y est. La fraîcheur, le côté poudré et presque cosmétique du duo rose et violette et surtout un côté « pep’s » qui m’a beaucoup surpris. J’aime beaucoup cette cologne. Je la trouve particulièrement originale et réussie. Je pourrais la porter sans soucis. Je trouve qu’elle peut être une belle compagne parfumée pour les mois d’été. Elle est à la fois singulière et presque « évidente » lorsque l’on découvre la marque.

 

Aqua Paradisi Le Couvent Maison de Parfum parfum - un parfum pour homme et  femme 2019

 

 

 

Sous la direction artistique de Jean-Claude Ellena, « Lysandra », lancé en 2019, s’est révélé, pour moi, l’une des plus belles créations de la collection des Eaux de Parfums Singulières. Ce « papillon » est, en fait un parfum poudré et floral très élégant et particulièrement lumineux. C’est un parfum linéaire avec une dualité, celle de la mandarine presque confite et d’une fleur de jasmin grandiflorum qui se rencontrent, s’harmonisent, s’allient pour finalement, et aussi curieux que cela puisse paraître, se rejoignent pour se compléter très facilement. Il est, et si vous suivez mon blog cela ne vous étonnera pas, complètement dans mes goûts. C’est un beau fleuri, très tendre, très chic et en même temps complètement intemporel et très facile à s’approprier. Il aurait pu être mon préféré et il n’en n’est pas loin.

Lysandra Le Couvent Maison de Parfum parfum - un parfum pour homme et femme  2019

 

 

La collection des Parfums Remarquables est celle qui m’a le plus séduit et parmi les belles créations dirigées par Jean-Claude Ellena en 2019, il y a « Solano » qui est une véritable invitation au voyage. La note de tête de davana qui est une herbe aromatique nous conduit vers un très exotique coeur d’ylang ylang puis un fond de patchouli et de fève tonka. Il est supposé évoquer les vents chauds venus du Sahara. Pour moi, il est particulièrement addictif et je le trouve tout à fait singulier. Dans cette collection aux flacons noirs qui évoquent l’intensité, il est sans doute l’un des plus réussis et surtout, l’un de ceux qui sont les plus proches de mes goûts. J’ai en ma possession une dose d’essai et je le sens sur ma main en écrivant. Vraiment, il est magnifique, j’aime beaucoup son sillage à la fois présent et discret. C’est un ambré fleuri tout à fait original.

 

Mon préféré de la collection des Parfums Remarquables est, sans aucun doute « Anori », créé sous la direction artistique de Jean-Claude Ellena en 2020. Inspiré des voyages du botaniste Louis Feuillée, ce travail autour du magnolia et des bois salés se veut évoquer les vents saisissants venus de l’Arctique. Pour moi, il est une merveilleuse interprétation du magnolia et de ses notes naturellement aquatiques et salées. Je dois dire que je tourne autour des parfums mettant en exergue cette fleur depuis fort longtemps est le choix est grand parmi ceux qui m’ont déjà fait de l’oeil mais je ne regrette pas d’avoir opté pour « Anori » que l’on m’a offert, « à l’improviste » lorsque je l’ai découvert. Il est toujours bien agréable d’avoir des proches qui comprennent vos passions. « Anori » est formidable sur ma peau. Son évolution est complètement surprenante et il présente de multiples facettes entre fraîcheur et intensité. Je l’aime beaucoup. C’est un jus tout à fait singulier et réussi sur toute la ligne.

 

Anori Le Couvent Maison de Parfum parfum - un parfum pour homme et femme  2019

 

 

 

Les créations de la marque sont nombreuses et je suppose qu’il m’en reste pas mal à découvrir mais je suis assez content d’avoir réussi à faire une sélection éclectique. Je dois dire que je suis séduit par l’esprit de la marque autant que par l’inventivités des parfumeurs qui ont travaillé sous la direction artistique de Jean-Claude Ellena. Je pense vraiment que cette marque mérite qu’on en parle pour toutes les raisons évoquées dans cet article. Je me suis fait plaisir avec cette découverte et vraiment je le prolonge en portant « Anori » aujourd’hui.

 

 


08/06/2020
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