Mon top quatre des parfums D'Orsay
Réinventer une maison de parfum qui date de 1830 et qui n’a pas vraiment eu d’interruption est un tour de force. Il y avait deux possibilités : Continuer dans la tradition et respecter le travail des parfumeurs qui est au cours de 190 ans de la marque avaient œuvré en proposant des formules certes désuètes pour la plupart mais quand même diablement réussi (j’ai eu la chance d’en connaître quelques unes) ou ne garder que le nom et se lancer dans la création de parfums complètement différents. C’est le choix qui a été fait depuis le rachat de la marque et je trouve que c’est plutôt une réussite dans son ensemble. La collection Portraits Équivoques est une vraie réussite. C’est une gamme élégante mais aussi résolument tournée vers l’avenir. D’ailleurs même le nom de la marque a changé puisqu’elle est devenu simplement D’Orsay. Elle est distribué à Lyon et je trouve que j’ai de la chance de pouvoir y avoir accès assez facilement. Cela m’a permis de sentir et d’essayer à peu près toute la collection. J’ai sélectionné quatre parfums que j’ai particulièrement apprécié. Ils ont été créés par des parfumeurs reconnu et dont le talent n’est plus à prouver. Très honnêtement je trouve que c’est une maison ne parle pas beaucoup et c’est dommage. J’ai deux petits bémol tout de même à ajouter à la partition : tout d’abord je n’aime pas du tout le flacon. Je le trouve assez inélégant avec cette tige noire apparente qui termine le spray. Ensuite je trouve que les noms des parfums sont très compliqués à retenir. C’est peut-être pour ça que je ne m’étais pas beaucoup intéressé à D’Orsay et je crois que j’avais tort. Je vous emmène donc dans cette collection chic et délicate et j’espère que je vous donnerai envie de découvrir la marque.
« J’Ai L’Air de Ce Que Je Suis » a été créé par Karine Chevallier en 2020 dès le rachat de la marque. Il a été mon premier coup de cœur et ça c’est confirmé depuis. C’est un parfum de printemps, voire d’été, délicat et parfaitement réjouissant. « Cette Eau de Toilette associe la fraicheur de la Clémentine, la délicatesse du Narcisse et le caractère sécurisant du Musc. Cette fragrance tiendra sa promesse d'une relation à la fois délicate et sereine. Reposant pour changer ». Le départ de clémentine et de bergamote est rendu ta un peu pétillant par la cardamome et il nous emmène sur un cœur vraiment très joli de feuille de violette, de lilas d’iris et de narcisse qui apporte une fraîcheur douce et très facettée. Au bout d’une évolution assez longue, le parfum se pose sur un fond de cèdre, de bois de santal et de mousse de chêne enveloppé de muscs blancs. Pour moi, le narcisse et travailler d’une manière plutôt florale cuiré comme c’est le cas quelques fois. Ce parfum a l’air d’une parfaite légèreté mais il n’en est rien. Malgré une concentration eau de toilette, il s’avère très tenace sur ma peau et son sillage est tout à fait correct. Il me plaît. Je dois même dire qu’il reste un coup de cœur très important dans la marque même si j’ai fait d’autres découvertes depuis. Je trouve qu’il est un peu à mi-chemin entre un néo-chypré et un vrai floral printanier. Je l’ai posé plusieurs fois sur ma peau et je vais même porter autour de moi. Tout ce que je peux en dire c’est que c’est une parfaite réussite. Je pourrais tout à fait le porter il n’est pas dit que je ne le fasse pas un jour. Il fait partie des best-sellers de la marque et je trouve que c’est parfaitement justifié.
Parmi ce que je pourrais considérer comme les iconiques de la précédente collection il y avait « Le Dandy » et « La Dandy ». Aujourd’hui, la marque propose « Dandy or Not » crée en 2022 par Sidonie Lancesseur. J’étais totalement passé à côté de ce parfum et, lorsque je l’ai redécouvert, j’ai aimé vraiment la composition. Elle s’ouvre avec une très belle qualité de cardamome du Guatemala associée à un pamplemousse un peu amer. Assez vite, lors de son développement, le cœur de thé noir et de fleur d’oranger lui confère quelque chose de clair obscur avant que le parfum ne se pose sur un fond de cèdre, de patchouli et de cuir. « Un parfum mixte Boisé, Cuiré évoquant l'amour désinvolte, imaginé par Sidonie Lancesseur pour D’Orsay. Porter G.A, c'est faire le choix de la dualité, entre désinvolture acidulée et élégance calme teintée de notes Cuirées. Soleil épicé de Cardamome, vue sur l’Océan, nous sommes à la croisée entre deux vagues. Sur ta peau, un parfum de Pamplemousse léger et splash de Thé noir à la fleur d’Oranger. Être ou ne pas être Dandy, pourquoi choisir ? La liberté absolue, c’est de pouvoir changer d’avis ». Sur ma peau, ce cuir tout doux, floral, androgyne et subtil se développe avec une déroutante facilité. Je le trouve d’une élégance très contemporaine. C’est un parfum au chic universel. Là encore, je pourrais très facilement me l’approprier. Je signalerai toutefois qu’il ne s’agit pas là d’un « cuir de tannerie » puissant et presque « rêche ». Il s’avère tout doux avec ce côté frais et floral qui le rend facile à porter et terriblement addictif car original.
« Un parfum mixte Boisé, Épicé évoquant l'amour impulsif, imaginé par Amélie Bourgeois pour D’Orsay. Avec ce parfum, vous n'êtes pas prêts et c'est le but, cette histoire arrive sur une impulsion. Une vague de Poivre Noir, de Feuilles de Violette, la déferlante ourlée du Daim. Quelque chose qui dépasse la raison, les inhibitions et les qu'-en dira-t-on. Et vous voilà, avec un.e inconnu.e et le meilleur alibi du monde : mon parfum était là, pas moi ». Acte d’Amour Furtif, crée par Amélie Bourgeois en 2020 est mon troisième choix. Après un départ très épicé de poivre noir et de cumin adouci par une très belle bergamote, le cœur absolument original d’iris et de feuille de violette pourrait avoir quelque chose d’incongru mais il n’en n’est rien. Il s’avère très harmonieux, très « bien senti » et vraiment facile à porter d’autant que les notes de fond ne sont là que pour soutenir une fragrance en concentration eau de parfum qui tient très bien. En effet, je sens très peu l’accord daim, le cèdre, l’ambroxan et le patchouli. Pour moi, cette création est intéressante car elle se démarque à plusieurs niveaux. Il me correspond peut-être un peu moins que les deux précédents quoi qu’il me plaise beaucoup mais il n’en n’est pas moins une réussite !
La marque a demandé à Olivia Giacobetti, dès 2020, de retravailler la note de tilleul. Elle l’avait déjà fait en 1995 pour une réinterprétation de l’emblématique « Tilleul » d’Orsay. Ainsi est né « Vouloir Être Ailleurs » et je dois dire que je me suis replongé dedans avec délice. « Notre parfum historique édité en 1915 sous le nom de Tilleul et retravaillé en 1995 par Olivia Giacobetti. Une fragrance mixte Florale Verte qui évoque l'amour naissant. Envie de tendresse ? Cette eau de toilette iconique nous entraîne vers la douce candeur des Fleurs de Tilleul et la tendresse du Bois d'Acacia. Si on se laisse porter par ses notes de Foin Coupé, nous finirons par avoir 15 ans. Une parenthèse lumineuse ». La formule est assez proche de celle dont je me souvenais et que je trouvais très réconfortante. La pyramide olfactive en est simple. Le parfum, en concentration eau de toilette, s’ouvre sur une envolée de feuilles de citronnier très fraîches et un peu vertes puis le coeur de fleurs de tilleul se fait doux, floral, légèrement poudré. Au coeur, les fleurs de tilleul est une évocation très naturaliste et enfin, en fond, le parfum se fait doux, rond, presque gourmand avec un absolu de cire d’abeille, des notes de bois d’acacia et de foin coupé. Comme je le trouvais déjà, ce parfum est très agréable, doux, un peu cocon et vraiment réussi. Je pense qu’il pourrait ravir les nostalgiques de « L’Eau du Ciel » de Goutal qui trouveraient « Highgrove Bouquet » de Penhaligon’s trop complexe et « Tilia » de Marc-Antoine Barrois trop imposant. Pour ma part, j’ai vraiment adhéré à « Vouloir Être Ailleurs ». C’est un parfum réussi, consensuel mais on sent toujours la virtuosité d’Olivia Giacobetti.
J’ai eu beaucoup de mal à « faire l’entonnoir » et ne sélectionner que quatre parfum mais c’était ce que je m’étais fixé au départ. Depuis 2020, la maison D’Orsay a vraiment imposé un nouveau style. J’avoue que, lorsque j’ai écrit ma revue, il y a déjà un an ou deux, j’avais un peu moins adhéré à la marque alors que j’aime beaucoup aujourd’hui. L’idée de faire un top 4 m’est donc venu ainsi. J’aurais pu faire d’autres choix car vraiment j’aime beaucoup ce genre de parfums très délicats et très travaillés. Si vous croisez la route de cet univers parfumé, n’hésitez pas à aller y mettre votre nez et à me dire ce que vous en aurez pensé.
Exquise trouvaille : "Piper Nigrum"
« Le vent du désert soufflait sur les caravanes chargées de poivre et d'épices. Piper Nigrum, c'est une overdose de poivre et d'épices africaines sublimées par des notes de menthe fraîches et d’agrumes ». Aromatique, poivré, épicé, atypique... je ne sais pas trop comment décrire "Piper Nigrum" de Lorenzo Villoresi que j'ai découvert en plusieurs temps il y a quelques années. Créé par l’excellent parfumeur florentin dont la marque porte le nom en 1999, ce parfum est vraiment intemporel, élégant et inimitable. J’ai un goût pour les poivres en parfumerie et il était logique qu’un jour ou l’autre, je m’intéresse à cette création atypique, singulière et pleine de personnalité. Je trouve qu’on y retrouve vraiment la signature de Lorenzo Villoresi, son goût pour les plantes à parfums mais aussi pour les autres puisqu’on y retrouve vraiment des notes aromatiques. C’est une composition complexe, élégante et vive. L’approche de l’été m’a donné envie de le réessayer et je dois dire que j’ai toujours le même plaisir à le sentir autour de moi. Je vais essayer de vous décrire de mon mieux mes impressions et de vous donner envie de le sentir et peut-être même de le poser sur votre peau.

Lorenzo Villoresi
Lorsque j’ai vaporisé « Piper Nigrum », toute l’envolée a frappé mon nez. Elle est déjà très étonnante puisqu’on retrouve, dans les notes de tête, de l’anis et de fenouil que l’on sent immédiatement mais de manière fugace puis de la menthe poivrées, des notes vertes et des agrumes rehaussées d’accents résineux légers qui lui donnent un côté très pétillant. Après une courte évolution, c’est une concentration eau de toilette, vient un coeur épicé de clou de girofle, de poivre noir et de noix de muscade qui, enrichi de notes aromatiques, de romarin et d’origan viennent se conjuguer avec l’encens et la fraîcheur du petitgrain. Le fond, plutôt étonnant lui-aussi, est une association de styrax, de benjoin, de cèdre de l’Atlas, de sapin baumier et de myrrhe reposant sur un accord ambré et des notes boisées. Sur ma peau, « Piper Nigrum » est un vrai poivre comme il en reste peu sur le marché. Il revêt des côtés pétillants, élégants mais jamais surannés. S’il me pique un peu le nez à l’envolée, lorsque les notes s’harmonisent, il me séduit complètement. C’est un parfum vraiment original qui symbolise bien ce que l’on cherche lorsqu’on se tourne vers la parfumerie de niche. Lorenzo Villoresi est, pour moi, l’un des parfumeurs italiens les plus emblématiques et les plus doués, il le prouve une fois de plus.
"Bouquet garni" pour les uns "Vicks" pour les autres, il ne ressemble à rien de ce que j'avais pu sentir en parfumerie. Si je devais trouver un mot ce serait "botanique" et je ne suis pas certain qu'il soit totalement approprié. Ce qui est sûr, c'est que Lorenzo Villoresi nous entraine dans un jardin mais pas du tout au milieu des fleurs. De toute manière, pour résumer, "Piper Nigrum" est si original qu'il ne peut laisser indifférent, soit on adhère à son côté un peu extravagant et pétillant, soit on déteste. Une chose est sûre, à moi, il me donne de l'énergie !
Mes cinq Memo préférés
Si je ne parle que ponctuellement des parfums Memo c’est sans doute que, à l’exception d’ « African Leather » que j’ai porté beaucoup, si je reconnais l’extrême qualité et la grande originalité du travail de création notamment d’Aliénor Massenet et de Sophie Labbé, je ne me suis pas vraiment approprié de fragrance de la maison crée par Clara et John Molloy. Plusieurs d’entre-vous m’ont demandé de faire un top cinq des créations que je préfère dans les collection de la marque. Ca m’a donné l’occasion de remettre mon nez dans ces parfums d’exception, extrêmement qualitatifs et d’une grande qualité. Je vais être honnête, si je sais reconnaitre cela, j’ai un peu de mal à apprivoiser plusieurs jus alors je vais essayer de m’exprimer au plus près de mes préférences. Encore une fois, ces avis n’engagent que moi, ne représentent que mon ressenti et n’ont absolument pas valeur de critique. L’attirance pour un parfum ou un autre est extrêmement subjective et il faut avant tout se fier à son nez. J’ai décidé de ne pas les classer car j’ai trouvé ça très difficile. C’est parti donc pour une revue des cinq parfums que je préfère chez Memo :
Créé en 2015 par Aliénor Massenet pour la collection des Cuirs Nomades, « African Leather » est le parfum de la maison que je connais le mieux car je l’ai beaucoup porté et, même si je fais un break, il reste l’une de mes créations préférées. Sur son site Clara Molloy le décrit ainsi : « Inspiré du continent africain, ce parfum dévoile des notes épicées chaudes de cardamome et de safran sur une touche florale de géranium, qui se mêlent à un accord cuir pour donner vie à un cuir sauvage d’exception. ». Construit autour d’un coeur de géranium et sur un fond de cuir, il est avant d’être un cuiré, un parfum épicé et c’est vrai qu’il traduit très bien à mon sens, l’atmosphère d’une savane onirique avec ses accents d’huile de safran, de cumin, de patchouli, d’essence de vétiver, de oud et de muscs. Ce qui m’a frappé lorsque je l’ai découvert sur moi, c’est la différence qu’il peut y avoir sur la touche et sur ma peau. Vous me direz que c’est toujours le cas mais dans ce cas précis, je trouve que c’est encore plus flagrant. Je l’ai essayé complètement par hasard car l’une de mes amies le portait et qu’elle m’a un peu influencé et je n’ai jamais regretté. J’ai tout aimé, même l’accord oud qui ne me tente pas d’habitude et la pointe d’encens. Je trouve que c’est l’équilibre parfait dans une création exotique, invitation au voyage s’il en est. Je suis complètement fan de ce parfum même si je ne pourrais plus le porter quotidiennement. Il fait partie de ce que j’appelle « les ethniques » et donc, fatalement, il ne pouvait que m’attirer par le côté à la fois dépaysant et très roots. Il a longtemps été mon préféré et, même s’il est peut-être un peu détrôné aujourd’hui (vous allez voir par lequel), il reste mon premier Memo et je le trouve sublime.
Cuiré lumineux comme sait si bien les composer Aliénor Massenet, « Italian Leather » est « né » deux ans avant, en 2013 et je dois dire que je le trouve absolument magnifique. C’est un cuir, poudré et presque acidulé. Ce cuir, construit autour d’une merveilleuse qualité d’huile de galbanum et d’absolu de ciste revêt des accents aromatiques avec la sauge sclarée et la feuille de tomate que l’on retrouve dès l’ouverture et jusqu’aux notes de fond. Le coeur d’iris ultra poudré m’a séduit immédiatement et je n’ai pas été gêné par la myrrhe pas plus que l’absolu de vanille en fond ne m’a rebuté. Encore une fois, Aliénor Massenent est une magicienne. Elle a su donner à ce parfum de si nombreuses facettes que je le trouve tout à fait fascinant. Ce n’est pas un cuir classique mais un parfum moderne, profond et envoûtant. La marque le décrit ainsi : « Italian leather parle l'italien de Rome, celui qu'on se murmure à demi assoupi sur le siège de son cabriolet, sieste aussi impromptue qu'amoureuse. Il associe la simplicité d’une feuille de tomate verte à la beauté racée du cuir, de la myrrhe, de l’absolu de vanille. Un rêve éveillé. ». Quand je le redécouvre, je me rends compte que c’est la quintessence de ce qu’est un parfum d’auteur car il est singulier, sans concession et doté d’une personnalité très forte et résolument assumée. Je le redécouvre en écrivant cet article et, s’il est un peu opulent pour moi, je le trouve absolument magique. On ne le cite pas souvent et je trouve que c’est dommage car il est, pour moi, l’un des plus beaux parfums de la collection des Cuirs Nomades.
« Memo s’aventure aujourd’hui sur une terre où l’homme se fait rare. Dans un espace démesuré, vertigineux, où tout est intensité. La Russie. Dans ce royaume de steppes, de forêts infinies et de plaines glacées, dans ces contrées rugueuses, l’audace végétale y apparaît dans toute sa splendeur. La fougère têtue qui défie la toundra inspire un accord fougère, qui tient une place d’honneur dans le parfum. » Ceux qui me connaissent un tant soit peu ne seront pas surpris que je sois complètement attiré par « Russian Leather » créé par Aliénor Massenet en 2016. Là encore, elle est où on ne l’attend pas. Je me figurai ce dernier parfum de la collection des Cuirs Nomades que j’ai sélectionné comme un cuir de Russie sombre avec le bois de bouleau et la mousse, rafraîchi par les agrumes ou la feuille de violette ou encore vanillé et bien pas du tout. Le parti pris est tout à fait « glacé » comme les immenses espaces enneigés de Sibérie. Tantôt mentholé, tantôt fougère, construit autour d’un absolu de fève tonka, avec des notes de basilic, de cèdre, une huile d’aiguilles de pin de Sibérie, des accents de muscade, de coriandre, de cyprès et un coeur de lavandin, c’est un cuir fougère et je suis certain de n’avoir jamais senti un autre parfum qui m’évoque autant la dualité entre le cuir et la famille des aromatiques. Frais et profond, c’est une fragrance tout à fait unique et qui m’a séduit dès la première vaporisation (c’est rare chez Memo). Je pourrais le porter sans problème et l’aborder sans avoir besoin de l’apprivoiser tant il matche avec ma peau. Oui vraiment, même s’il est très différent des autres, c’est un cuir de Russie que j’aime énormément.
Jusqu’à présent, je n’avais pas vraiment adhéré au travail de la rose chez Memo mais, fin 2020, lorsque j’ai découvert « Argentina » en avant-première, je n’ai pu qu’être sidéré par l’élégance de cette création sortie dans la collection Art Land. Aliénor Massenent a remis le fleuri au goût du jour avec ce parfum extrêmement contemporain construit autour d’un absolu de rose magnifique, d’une graine d’ambrette enveloppante et d’un fond de oud très finement travaillé et que je ne trouve pas du tout animal. Associé à ces notes principales, on reconnait le piquant doux du poivre rose, et de très belles qualités de jasmins égyptiens et sambac relevées par le côté aquatique du magnolia. C’est un parfum complexe, étonnant, voire même envoûtant. La marque le décrit ainsi : « Avec Argentina, Memo plonge au cœur d’un territoire, d’un pays, au rythme d’une danse, d’un élan passionné. L’Argentine est embrassée dans sa globalité, emportée dans un seul mouvement ; celui d’un tango virevoltant. Une danse du brassage, du voyage, et sur la piste, des formes en corolle se dessinent. Comme une rose, emblématique du parfum, reine des fleurs et symbole d’un amour ardent. Un floral aromatique avec un fond doux et chaleureux qui vous enveloppe de manière élégante et délicate, en organisant la rencontre de la rose et du oud, dans un pas de deux envoûtant ». C’est une rose cachée, orientale mais pas trop, travaillée d’une manière que je ne connaissais pas. En tout cas, c’est un merveilleux parfum même s’il est sans doute un peu trop puissant pour moi. Je l’ai senti sur une amie qui voulait l’essayer et je me suis dit qu’elle devrait franchir le pas car c’était formidable.
Créé par Aliénor Massenet en 2012 pour la collection Les Échappées, « Quartier Latin » est venu détrôner « African Leather » car je l’ai réessayé il y a peu et je l’ai trouvé sublime alors que, sur le papier, il avait tout pour me déplaire car, moi, le bois de santal utilisé en majeur, ce n’est pas mon truc. Comme quoi, il ne faut jamais dire jamais. « Paris est une fête et les artistes en sont les rois. Ils se retrouvent au Quartier Latin, rendez-vous de la jeunesse, de la bohême, des rêves de papier, de romance et de couleurs. Sous les toits de Paris se dessine un puzzle de pierre, d’ardoise et de zinc. Le parfum des bibliothèques se mêle aux airs de jazz. Derrière chaque porte cochère se cache un baiser volé. Quartier latin métissé, bois de cèdre, bois de santal, ivre de liberté, fève tonka, rayonnant sous le joug de l’ambre. Coeur de Paris qui palpite sous un feu latin ». De Gréco à Boris Vian, en passant par les clubs de jazz et les cabarets de la Rive Gauche tout y est ! C’est pourtant vrai que je retrouve l’idée olfactive que je me fais de ce quartier de Paris que je connais vraiment très bien. J’aurai du me fier à son nom et je l’aurais essayé plus tôt. Construit avec des notes de cèdre, de santal australien et reposant sur un fond d’ambre un peu sèche ce parfum est une véritable merveille. La fève tonka et le clou de girofle y trouvent leur place tout de suite. On se croirait dans l’ambiance de l’échoppe d’un bouquiniste ou dans un petit théâtre caché. C’est un parfum presque « poussiéreux » mais avec, vous savez, le côté addictif que ça peut représenter. Sur ma peau, le développement est absolument dingue. C’est un parfum à côté duquel j’étais complètement passé avant de l’essayer une première fois l’an dernier et j’y reviens beaucoup. C’est une évidence que j’y viendrai un jour tant il me séduit.
Voilà, ma sélection est terminée. J’ai hésité entre « Italian Leather » et « Morrocan Leather » créé par Sophie Labbé car je trouve qu’ils sont magnifiques tous les deux mais aujourd’hui, à l’instant T, mes préférences sont celles-ci car je ne voulais en garder que cinq. Memo est vraiment un univers différent de tout ce que l’on peut sentir en parfumerie et je trouve que, bien que très luxueux et privilégiant un packaging et des prestations à la hauteur, la maison a su garder une constante qualité en choisissant de très belles matières premières bien sûr mais en laissant les parfumeurs donner libre court à leur imagination pour nous proposer des créations assez dingues. C’est un univers qui mérite quand même une petite initiation car il n’est pas toujours facile à aborder mais vraiment il faut le découvrir.
Un air de géranium
Je n'aime pas du tout l'odeur du géranium dans la nature et l'huile essentielle qu'il en est extraite est plutôt dérangeante également d'ailleurs je l'utilise, associé à la lavande, sur mes chiens comme répulsif naturel contre les parasites en général en été. De se fait, j'ai été très long avoir envie de découvrir des parfums dans lesquels cette note est utilisé en majeur. Pourtant force m'est de constater qu'il y en a plusieurs que j'aime beaucoup. J'ai trouvé donc intéressant d'aller chercher les parfums à dominante de géranium que j'aime et d'en faire un article.
Le premier qui me vient à l'esprit et bien évidemment "Géranium pour Monsieur" créé en 2009 pour les Éditions de Parfum Frédéric Malle par l'excellent parfumeur Dominique Ropion. Lorsque j'ai fait des recherches sur cette création je me suis rendu compte que Frédéric Malle avait pris comme postulat de départ l'idée de recréer la fragrance d'un bain de bouche qu'il avait connu pendant son enfance. Dis comme ça, c'est assez peu glamour c'est vrai mais finalement il en résulte un parfum atypique et classique à la fois. Je m'explique : tout dépend ce qu'on trouve dedans. Par moment je le trouve très original notamment dans son évolution et le départ est pourtant assez classique d'une lotion de barber shop. La marque le décrit ainsi : "Comme l'anglais excentrique dans une veste en velours bleu, une chemise à rayures roses et une pochette à imprimé cachemire, ce parfum est un mélange extravagant de couleurs et de textures. Une odeur fraîche de menthe et d'anis imprégnée de géranium chinois se répand dans des nuances de clou de girofle, de bois de santal, de benjoin et d'encens". Il est vrai que le côté mentholé du départ peut avoir quelque chose d'un peu agressif. Pourtant, c'est un parfum complexe et moi je sent une dualité entre le côté rose du géranium et la menthe. Même si je n'aime pas genrer les parfums, je dirais qu'il est quand même plus facile de le porter pour un homme. Il a un côté un peu aromatique et ce n'est pas ce que je préfère pourtant j'ai pas mal tourné autour. Pour la petite histoire Dominique Ropion s'est servi de ce parfum comme base pour créer le très connu "Portrait of a Lady" en y ajoutant de la rose en quantité et en le complexifiant. C'est vrai que c'est un très beau parfum emblématique du style Frédéric Malle. Son évolution est très intéressante mais il y a quelque chose qui m'empêche de le porter je ne saurais pas définir quoi je sais l'apprécier mais je comprends qu'il ne soit pas pour moi.
C'est assez récemment que j'ai découvert "Géranium Odorata" lancé en 2014 par Diptyque et je remercie Delphine de la chaîne YouTube Parfum de me l'avoir fait découvrir. Le géranium interprété en soli note est vraiment original. C'est un parfum complètement linéaire construit autour de cette note avec un départ de bergamote un fond de vétiver, de poivre rose, de cèdre et de fève tonka. Il existe uniquement en eau de toilette je crois. La marque ne communique pas sur le parfumeur qui l’a imaginé et je trouve ça dommage mais elle le décrit ainsi : "Géranium Odorata rend hommage à cette fleur qui se porte à la boutonnière mais pas en sillage. À contre-courant des usages, c'est au de toilette relever d’épices et d'agrumes est sublime sur une peau d'homme. Mais à la façon d'un smoking, elle épouse aussi à merveille celle d'une femme". Je trouve que dans ce parfum on retrouve tout à fait l'esprit de la marque. En effet, c'est un univers naturel et botanique poussé à l'extrême et qui pourtant reste très facile à porter. Je l'ai essayé plusieurs fois et je le trouve très joli. Je ne suis pas toujours très attiré par les fragrances de la maison pour les porter mais je sais reconnaître le beau travail effectué par les parfumeurs sur la plupart des jus. Celui-ci est particulièrement réussi il faut le dire. Sa tenue et son sillage sont amplement suffisant et restent très élégants. Il est pour moi un coup de cœur dans la marque.
Il est difficile d'évoquer la note de géranium sans parler de "Dioressence" créé par Max Gavarry en 1979 et reformulé légèrement par François Demachy en 2009. Dans ce parfum la note de géranium est travaillée de manière chyprée. Il fait partie de la collection les parfums de Monsieur Dior et n'existe plus qu'en concentration au de toilette. Après une envolée de bergamote le parfum se fait géranium et cannelle avant de se poser sur un lit de patchouli et de mousse. Je pense que la différence entre la version originale et celle commercialisée aujourd'hui réside surtout dans le faite que la mousse de chêne, désormais interdite, a été remplacée par une molécule de synthèse. Il n'est pas le parfum que je préfère de cette collection car je le trouve un peu entêtant. Je n'ose imaginer comment il était en eau de parfum ou même en extrait. Il n'en demeure pas moins ultra chic avec des accents orientaux et une tenue absolument incroyable. Je pense que son évolution peut surprendre il faut vraiment l'essayer sur une longue durée avant de l'acquérir.
Je trouve que le géranium associé à la rose est vraiment l'accord parfait. C'est le cas dans l'un des parfums de Serge Lutens ce que je préfère. Créée en 2009 par Christopher Sheldrake, "La Fille de Berlin" fais partie des créations à dominante de rose que je trouve les plus réussies sur le marché. Un peu troublé par son nom j'ai mis très longtemps à l'essayer et je ne l'ai jamais regretté car je trouve que c'est un vrai beau parfum. Serge Lutens le décrit avec ces mots : "Une ville une histoire, un vécu... il en fallait pas moins pour décrire ce personnage de femme aux pétales aussi sulfureux que ses épines. Volontaire, détonante une chose est sûre : Elle ne s'en laissera pas conter !" Tout à fait mixte et vraiment intemporel ce parfum est l'une des dernières créations avant "La Dompteuse Encagée" qui vient de sortir, pour lesquelles j'avais eu un réel coup de cœur. Comme toujours la marque communique très peu sur la pyramide olfactive qui n'en est pas une puisqu'il est très linéaire. Cependant ce côté pétales de rose et géraniums je l'identifie très bien. C'est un parfum opulent et pas forcément facile d'accès mais vraiment je trouve qu'il a quelque chose de tout à fait envoûtant. Je l'aime énormément mais je ne crois pas que je pourrais l'assumer. Il est rare que je dise ça mais je trouve qu'il n'est vraiment pas facile à porter et que s'il est magnifique il cadrera plus avec une personnalité très forte et très affirmée. Il est imposant et sa présence est indéniable. Il faut vraiment aller le découvrir car il est incroyable.
Pour finir cette sélection j'avais envie de parler d'un parfum que j'ai découvert lors de mon dernier passage à Paris en octobre dernier complètement par hasard. Il s'agit de "Géranium 30" créé en 2014 par Barnabé Fillion pour la marque Le Labo. C'est une interprétation complètement différente de cette note et le géranium est enveloppé de notes vertes et fleuries ainsi que d'un nombre d'épices douces et plus fortes que j'ai été incapable d'identifier. La note un peu mentholée du géranium est présente tout au long de l'évolution du parfum et je dois dire que je l'ai trouvé complètement surprenant. Il faut toujours sentir les parfums de cette maison car parfois leur nom peut être trompeur c'est le cas ici car pour moi c’est surtout un épicé. Il ne sera ni aromatique ni floral vraiment. C'est aux Galeries Lafayette sur les Champs Élysées que je l'ai senti en flânant et il a immédiatement retenu mon attention si bien que je l'ai essayé sur ma peau. À l'instar de beaucoup de création de cette maison je trouve que c'est une parfaite réussite. Je sais que les parfums sont assez onéreux mais pour avoir opté après beaucoup de tergiversations pour l'un d'entre eux, force m'est de reconnaître que la qualité est bien là, tant au niveau de la création et de son originalité que des matières premières utilisées. De plus, ce sont de très hautes concentrations à la limite de l'extrait. Contrairement à ce que j'avais pu penser au départ, la tenue et le sillage, tout en restant élégants et modérés sont tout à fait suffisant en tout cas pour les parfums que j'ai pu essayer. Là encore je vous engage à aller sentir cette interprétation extraordinaire du géranium. Vous pourriez être surpris voir même séduits.
Je crois que j'ai fait le tour des parfums qui m'ont marqué et dans lesquelles le géranium est utilisé en majeur. Contrairement à ce que j'avais cru au départ c'est une note très intéressante qui peut même être très belle. Nous sommes loin de l'aspect répulsif des fleurs des balcons que nous avons tous en tête. Rose géranium ou géranium interprété de manière plus originale, à nous de choisir et de nous laisser porter.
Versatile Paris, des hules parfumées
J’ai beaucoup hésité à écrire une revue sur la marque d’huiles parfumées Versatile Paris lancée en 2022 et qui compte, à ce jour, huit créations réalisées par Amelie Bourgeois, Camille Chemardin, Elia Chiche et Anne-Sophie Behaghel car, même si j’ai essayé toutes les références, j’ai un peu de mal à me faire une idée et à aborder cette maison, je ne saurais dire pourquoi. Bien que j’ai accès très facilement à la marque, j’ai un peu traîné à partager mes impressions. J’ai sélectionné quatre parfums sur les huit pour ne pas être trop long. Alors, ai-je été sensible ou non à l’univers de cette marque toute récente et à cette façon de se parfumer ? Vous le saurez si vous lisez l’article jusqu’au bout.
Créé par Amélie Bourgeois, Camille Chemardin et Elsa Chiche en 2022, « Accrodisiaque » est le premier parfum que j’ai mis sur ma peau. Je l’ai trouvé assez original avec ses notes d’aneth, de myrtille, de rose, de matcha et de cuir fumé. La texture huileuse et la haute concentration lui donnent une tenue très intéressante mais j’avoue avoir été un peu dérouté par le parfumage en roll-on. C’est un parfum complexe, avec beaucoup de notes. Son évolution est très longue. Au bout du compte, il me reste une note très cuirée et fumée sur ma peau avec un côté très cypriol. Je n’ai pas forcément adhéré aux notes de fond alors que j’avais particulièrement aimé le départ. Le parfum est très profond mais je le trouve un peu trop complexe. J’ai du mal à percevoir les notes et même à dégager quelque chose d’agréable. De plus, il s’avère finalement très animal et ce n’est pas ce que je préfère. Je ne dis pas qu’il n’est pas réussi mais il ne me correspond pas vraiment et je le regrette car, s’il était resté aromatique et floral, j’aurais tout à fait pu me l’approprier.
Créé par Ella Chiche en 2022, « Croissant Café » est, il me semble, le best de la marque et son nom lui correspond très bien puisqu’il mêle des notes de café, de fève tonka, de bois avec des accords crémeux, toastés, beurrés et capucchino. C’est un gourmand avec une dominante de café hyper réaliste sur ma peau. Il me semble également, lorsqu’il évolue, qu’on peut y sentir un côté très coumarine et même vétiver. J’ai détesté ce parfum que j’ai trouvé terriblement écoeurant. J’aime beaucoup l’odeur du café fraîchement torréfié mais je me rends compte que je n’aime pas trop cela en parfumerie à moins que la note ne s’inscrive dans une composition où elle ne soit pas travaillée en majeur. Avec « Croissant Café », il y a comme quelque chose de chaud et de très « culinaire » qui ne me convient pas du tout. En revanche, je comprends très bien l’engouement, à une période où les gourmands ont le vent en poupe, pour cette composition hyper bien réalisée. Je suis certain que c’est un parfum, qui, malgré le mode de parfumage, va continuer à plaire et à séduire.
Créé par Camille Chemardin, « Dimanche Flemme » a été lancé en 2022 et, une fois encore, il porte très bien son nom. C’est un cocon réconfortant ! Après un départ assez vert et épicé de basilic et de cardamome, le parfum se fait lacté et amandé avec des notes musquées et vanillées. Sur ma peau, le lait d’amande et l’héliotrope se développent vraiment beaucoup et contrebalancent le départ très vert, presque galbanum. Heureusement, le côté un peu crémeux et lacté ne résiste pas et fait place à la soie des muscs blancs. Globalement, j’ai bien aimé ce parfum qui est peut-être mon préféré de la sélection. Je ne peux pas nécessairement le porter tout le temps car il risquerait de m’écoeurer mais j’ai utilisé tout l’échantillon et ça m’a plu. Il m’a rappelé « Mandorle » que Camille Chenardin a créé pour Sora Dora et qui était, au lancement de la marque, le seul parfum sur lequel je m’étais arrêté. Avec « Dimanche Flemme », j’ai accès à une huile qui renforce le côté soyeux. Globalement, j’ai bien aimé cette composition et je pourrais la porter occasionnellement.
Des notes de thé un peu froides, d’agrumes, de jasmin, d’épices et de wasabi, telle est la ligne directrice de « Culot Thé », composé par Anne-Sophie Behaghel et sorti en 2022. Je dois dire que j’ai bien aimé ce parfum très « thé ». Il oscille entre notes aldéhydées, florales et un peu mentholées arrondies par l’osmanthus et les muscs blancs. Franchement, le résultat est un thé noire un peu indolé et géranium. Je pense qu’il pourrait être plus apprécié par les hommes car son côté un peu sombre et profond le font tirer vers un cuir quand même doux. Je l’ai pas mal porté mais je ne suis pas complètement convaincu par la tenue et le sillage. Quand je l’ai essayé pour la première fois, il y a quelques mois, j’étais un peu fatigué et il m’a délassé. Je l’ai bien aimé. Je suis toujours très attiré par les parfums dans lesquels la note de thé est bien présente et, dans « Culot Thé », je la perds un peu au fur et à mesure du développement. Je ne peux pas dire que j’adhère totalement même si je reconnais bien volontiers qu’il s’agit-là d’un très joli parfum.
Vous vous en doutez, je n’ai pas vraiment de coup de coeur pour la marque. Je lui trouve plusieurs faiblesses. Tout d’abord, le mode de parfumage ne m’a pas très bien convenu. Le roll-on me déroute et j’ai du mal à doser la fragrance sur ma peau. Ensuite, j’ai trouvé la concentration extrait un peu inadaptée à des créations déjà très complexes et un peu difficiles pour apporter de vraies émotions. Pour finir, je trouve les noms des parfums très mal trouvés et j’ai du mal à m’attacher à eux car je ne vois pas où est le lien entre le parfum et son nom. Versatile Paris est une marque singulière. Elle aura ses adeptes mais peut-être que, tout simplement, j’ai un peu de mal à entrer dedans même si les créations qu’elle propose sont très qualitatives.
La guerre des trois roses ?
J’avais envie de revenir sur trois parfums dans lesquels la rose est travaillée en majeur que je connaissais déjà mais à côté desquels j’étais un peu passé. Comme nous allons vers l’été, j’ai choisi trois créations assez légères que j’ai pu redécouvrir récemment et que je maîtrise donc à peu près sans avoir eu à faire appel à de très anciens souvenirs. Alors pour celles et ceux qui voulaient que je parle encore de rose, je vous offre ce petit article sans prétention aucune et sans valeur de critique. J’espère qu’il vous donnera des idées et je souhaite vraiment qu’il vous fera plaisir.
Je parle assez rarement de Diptyque, je m’en rends compte si je feuillette les pages de mon blog et pourtant, il s’agit d’une marque importante car elle a été la première, au début des années 60 à ouvrir une porte à ce qui allait devenir, avec L’Artisan Parfumeur, plus dix ans après, la parfumerie de niche. C’est lors d’un week-end à Dijon et d’un passage aux Ateliers du Parfumeur qui distribuent la marque que j’ai eu l’occasion de remettre mon nez dans la plupart des parfums qu’elle propose. Si j’ai pas mal craqué sur « Eau Moheli », je dois dire que j’ai changé d’avis sur « Eau Capitale », créé en 2019 par le regretté Olivier Pescheux, que je n’avais pas tellement aimé à sa sortie. « Comment célébrer Paris ? Pour Diptyque, seul le Chypre, cet accord mythique aux mille facettes, était en mesure de rendre hommage à la ville aux mille visages. Un bouquet de roses au bord de l’excès succède à la fraîcheur de la bergamote piquée de baies roses. Liberté revendiquée : ici pas de mousse mais du patchouli. Une Tour Eiffel, des roses, une calligraphie ondulante, un paon à la longue roue déployée, des volutes, des entremêlements… Pour illustrer Eau Capitale, Diptyque et Pierre Marie ont puisé leur inspiration dans les codes architecturaux parisiens et monuments emblématiques de l’Art Nouveau. Le chypre est un accord emblématique de la parfumerie. Il doit son nom au parfum Chypre de Coty, chef de file de cette grande famille, créé en 1917. Comme un hommage à Paris. Pour Diptyque, seul un chypre, accord aux mille facettes pouvait exprimer la ville aux mille visages. Dans l’eau de parfum Eau Capitale, les roses succèdent à la bergamote piquée de poivre rose, et la mousse cède sa place au patchouli. Paris en flacon ». Le parfum s’ouvre avec des notes de baies roses, de bergamote et de bigarade et nous conduit sur un coeur de rose de Turquie et de Bulgarie adoucies par l’ylang-ylang avant de se poser sur un fond de bois d’Akigala, un dérivé du patchouli, d’ambre gris, de muscs, de tabac et de vétiver. Le résultat est un chypre finalement assez classique comme l’évoque la marque et je le trouve, sinon très original, au moins super agréable et très facile à porter. Je crois vraiment qu’il plaira plus aux femmes mais je pourrais me l’approprier alors il ne faut jurer de rien. Il peut nous accompagner toute l’année et, pourquoi pas, devenir une signature. Attention, sur ma peau, le sillage est un peu limité et la tenue aussi mais j’aime bien le résultat alors je ne vais pas bouder mon plaisir devant cette rose chyprée classique quoi qu’un peu plus contemporaines que certaines.
Mon second choix, je le connais vraiment bien car je l’ai énormément porté. Il a même été l’un de mes coups de coeur lorsque j’ai commencé à écrire ce blog. Il s’agit bien évidemment de « Rose Milano » créé par Daphné Bugey et Marie Salamagne pour la collection Armani Privé en 2020 et il s’agit encore une fois d’une rose chyprée très classique, avec un côté poudré et tendre. L’ouverture de bergamote est typique et classique mais elle s’enrichit de note de poire suave et de citron acidulé. Le coeur de rose et de jasmin m’a énormément plu car il m’a rappelé vraiment les parfums un peu oubliés et à la fois intemporels. Le fond de mousse de chêne et de patchouli, typique de l’accord chypre est finement élaboré. Pour moi, « Rose Milano » est une vraie réussite. . Je suis souvent un peu dubitatif lorsqu’il s’agit de parfums de collections privées. Je trouve que, parfois, les créations sont un peu convenues voire même un peu quelconques. Ce n’est pas le cas de cette composition qui a tout pour devenir l’un des grands classiques de la parfumerie et qui ravira autant les amateurs de fleuris que ceux qui préfèrent les beaux chypres. Je suis complètement convaincu et je pense que, dès que je pourrai le porter à nouveau en toutes circonstances. Il y a, dans cette création, quelque chose d’à la fois réconfortant et addictif. Pour être un peu plus précis, il s’ouvre sur une envolée de bergamote et de citron adoucie par la poire que je trouve travaillée un peu comme dans « Petite Chérie » d’Annick Goutal que j’aime beaucoup mais la comparaison s’arrête là car, ensuite, le coeur de rose vraiment poudré et de jasmin ultra floral prend toute sa place avant que le parfum ne se pose sur ce fond de mousse de chêne et patchouli que j’évoquais plus tôt. Pour moi, « Rose Milano » ne porte pas tellement bien son nom. En effet, il ne m’évoque pas du tout la Toscane mais plutôt, les salons parisiens ou londoniens. Comme quoi, en parfumerie, la mémoire olfactive est différente pour tout un chacun. J’ai remis mon nez sur « Rose Milano » pour écrire mon article et je me suis dit que, décidément, je ne m’en était pas du tout lassé. C’est « le » parfum de la très importante collection Armani Privé que je préfère et sa concentration eau de toilette se justifie pour exprimer toutes ses facettes dans une fragrance en légèreté, aérienne comme les eaux chyprées à l’ancienne qui voudrait se « rajeunir » pour devenir contemporaines.
Pour finir, c’est encore aux Ateliers du Parfumeur de Dijon que j’ai redécouvert « Anna » créé en 2021 par Delphine Thierry pour la collection Portraits de Femme de Lubin en reprenant le nom d’une création de la marque lancée en 1920. Il s’agit-là d’une rose aquatique, voire même marine et saline. « Sur le marché aux fleurs d’Amsterdam, une charmante ingénue… Anna perce l’aube de sa voix gaie quand le bateau s’amarre à la berge. Le jour naissant sur Amsterdam révèle la magie d’un spectacle de couleurs ondulantes. Le marché s’anime et Anna tourbillonne, charriant avec elle les effluves du canal et le parfum des fleurs. Ses yeux ont le reflet du Singel et sa beauté ingénue rend nostalgique celui qui s’y attarde Une ronde de prétendants lui contera fleurette mais un seul ravira le cœur d'Anna sur le marché aux fleurs ». La parfumeuse a travaillé une pyramide olfactive très originale qui, après un départ de pamplemousse et de bergamote associé à un accord marin qui, je l’avoue, me dérange un peu, nous entraîne sur un très beau coeur d’ylang-ylang et de rose que je trouve à la fois léger et un peu rond. Enfin, le parfum se pose sur un fond inattendu de muscs blancs, d’ambroxan et de santal. Très honnêtement, « Anna » n’est pas le parfum que je préfère dans la collection ni dans ma sélection mais je crois qu’il faut quand même l’essayer. Il plaira, cette fois j’en suis persuadé, beaucoup plus aux femmes qu’aux hommes mais il est une alternative assez intéressantes aux quelques roses aquatiques très onéreuses que l’on peut trouver sur le marché et qui, finalement, n’ont pas plus de tenue ni de sillage voire même plus d’originalité. « Anna » est un parfum atypique, stylisé, très abstrait et je dirais qu’il l’est peut-être un peu trop pour moi, ceci étant établi, il existe et il ne faut pas se contenter de le sentir superficiellement.
Voilà pour ces trois roses redécouvertes récemment et que, je pense, on peut porter toute l’année. Si, pour ma part, je reste fidèle à « Rose Milano », je dois bien admettre que j’ai redécouvert avec un grand plaisir « Eau Capitale » et que, si j’étais vraiment passé à côté, je l’ai trouvé beaucoup plus à mon goût aujourd’hui. On change tout le temps d’avis, c’est ainsi. Si vous avez une petite envie de rose en ce moment n’hésitez pas à partager avec moi ce que vous aurez découvert. J’irai sentir avec plaisir et j’en parlerai bien évidemment.
Promenade dans mes doses d'essai
Pour ce mois de juin, je me suis penché sur des parfums plutôt légers, tendres voire un peu réconfortants. Je sais que vous aimez bien cette rubrique chaque mois et j’ai essayé de redécouvrir des parfums qui, je l’espère piqueront votre curiosité. Je me suis promené un peu en Europe mais surtout, j’ai exploré des marques dont je ne parle pas très souvent autant que d’autres qui sont dans mon paysage olfactif depuis fort longtemps.
Hyperborea est le nom d’une terre mythique du nord dans la mythologie grecque et Lorenzo Villoresi en a fait un parfum en 2010. Ainsi est né « Iperborea », un floral vert qui m’a vraiment beaucoup séduit. J’ai eu l’occasion de le réessayer il y a peu et j’y ai retrouvé toute l’élégance de la signature du parfumeur. « La légende d'une île heureuse et d'une jeunesse éternelle : là, au-delà du vent du nord, dans le printemps perpétuel, la brise fraîche du nord porte le parfum des fleurs épanouies à la recherche du premier rayon de soleil dans la rosée du matin. Un parfum vibrant de fleurs les plus fraîches avec des notes d'agrumes et de légères touches fruitées qui s'ouvre sur un cœur radieux de Muguet, Magnolia, Mimosa et Cyclamen ». À l’envolée de muguet et de cyclamen se mêlent des notes d’orange, de mandarine et de pêche puis vient un coeur de fleurs blanches telles le magnolia et encore le muguet associées au versant poudré du mimosa puis, en fond, le jasmin, et la fleur d’oranger se posent sur des notes de muscs blancs et de bois. « Iperborea » est un parfum à la fois printanier et particulièrement ciselé. C’est un coup de coeur. Je pourrais tout à fait me l’approprier. Je pense qu’il fait partie, à l’instar de toutes les créations de Lorenzo Villoresi, d’une certaine parfumerie italienne, florentine même, qui me réjouit à chaque fois que je mets mon nez dedans.
« Les baumes précieux et le patchouli se mêlent aux fleurs de frangipanier et aux senteurs de fruits confits », tels sont les mots de Delphine Thierry pour décrire son inspiration lors de la création de « Gajah Mada » pour la collection Aristia de Lubin. Il s’agit du second parfum que j’ai choisi en fouillant dans mes doses d’essai. Je ne l’ai pas regretté car je pense qu’il est quand même mon préféré de cette collection très luxueuse. Le parfum a été lancé en même temps que les autres en 2019 et j’avoue que j’avais plutôt bloqué sur « Condotierre » à l’époque. Il m’a fallu le réessayer plusieurs fois pour me rendre compte que je le trouvais vraiment addictif. C’est en discutant avec Nathalie, des Ateliers du Parfumeurs, lors d’un séjour à Dijon que j’ai eu envie de le redécouvrir. Elle m’a confié un échantillon et j’ai pu le porter tout à loisirs pour écrire mon article. Il s’ouvre avec une envolée très ronde d’orange sanguine, de coing et de prune puis vient ce très beau coeur de datte et de fleurs de frangipanier enveloppé de baumes. Le fond de patchouli, de santal et surtout de benjoin accentue l’impression de rondeur légèrement gourmande mais toujours vraiment chic qui représente bien l’aura de ce parfum. J’ai vraiment un coup de coeur pour « Gajah Mada » c’est indéniable. Il m’ouvre des perspective car je ne portais plus de parfums orientaux et, vraiment, celui-ci, je pourrais sans problème me l’approprier, alors plutôt en saison hivernale mais tout de même.
C’est en découvrant les deux parfums de Francesca Bianchi sortis en 2023 que j’ai eu envie de réessayer « Etruscan Water » vers lequel allait ma préférence jusque-là et je dois dire que je n’ai pas été déçu car il me plait toujours autant. Pour moi, ce parfum est vraiment une réussite. Lancé en 2019, ce chypre aux accents aromatique plaira peut-être plus aux hommes qu’aux femmes, quoi que je n’en sois pas certain car en le sentant sur ma peau, je le trouve très androgyne. La parfumeuse décrit ainsi son inspiration : « L’inspiration de Etruscan Water vient de deux sources différentes. Le premier est mon souvenir personnel : étant nés et élevés en Toscane, nous pouvions aller à la plage au sud de la région, où vivaient il y a des centaines d'années nos ancêtres, les Étrusques. Afin d'accéder aux plus belles petites criques, bien cachées et offrant l'eau la plus transparente, il y a eu une marche de 30 minutes à travers les bois. Ces bois regorgent de merveilles ! L'odeur de la végétation typiquement méditerranéenne est charmante et, si vous avez de la chance (ou du malheur…), vous pourrez croiser un sanglier – voire quelques vestiges de la civilisation étrusque. L'odeur salée et rafraîchissante de la mer vous apaise de la chaleur du soleil qui réchauffe votre peau. La deuxième source d'inspiration est ma recherche personnelle sur les chefs-d'œuvre de la parfumerie, car j'ai récemment été intrigué par les eaux de Cologne masculines classiques aux agrumes – pas les plus légères, mais celles avec un fort caractère ». Il en a résulté un parfum en concentration extrait et aux facettes plutôt néo-chyprées (car je ne sens pas de patchouli) qu’hespéridées ou aromatiques. Après une envolée de bergamote, de tangerine verte, de pamplemousse, de petit-grin et de carvi vient un coeur d’immortelle, de jasmin, de racine d’iris et un fond de muscs, d’ambre gris naturel, de labdanum, de vétiver mais surtout d’une mousse de chêne qui prend énormément de place. J’aime énormément le développement de cette composition atypique sur ma peau. Elle évolue surtout sur un versant épicé et poudré avec ce côté irisé vraiment très élégant. Avec ce parfum, Francesca Bianchi s’éloigne un peu de la reconstitution des notes animales dans laquelle elle excelle vraiment pour donner une lecture très moderne du parfum chypré. C’est un coup de coeur absolu. Je porterai ce parfum un jour, j’en suis sûr.
« Je suis sans artifices, un parfum élégant et confortable. Je vous enveloppe de mon sillage de velours, une caresse délicieuse, tel un vêtement de coton blanc, intemporel et raffiné. Je suis un parfum de peau. Mon parfumeur a utilisé une des plus belle qualité de Musc pour recréer cette sensation de la soie glissant sur les courbes de votre corps. Soutenu par le Bois de Cèdre, mon sillage se fait alors plus rond et floral avec la Fleur de Lin, et enfin se délecte de douceur avec le gourmand Calisson. Je suis un contraste olfactif, vertueux et transgressif. Mes notes pures d’Aldéhydes et Rose Blanche cachent gourmandise et intensité. Je suis un luxe purement sensuel, je suis Pure eVe, Just Pure ». J’ai retrouvé une miniature de « Pure Eve » créé par Céline Ellena pour The Different Company que j’avais, contre toute attente, un peu porté il y a quelques années. Il s’ouvre avec des notes d’aldéhydes qui nous conduisent vers un coeur poudré de lin, de rose et de mimosa. Le fond amandé et musqué rappelle l’odeur des calissons d’Aix. C’est un parfum suave, très doux comme un cocon. Il plaira peut-être plus aux femmes mais je l’ai porté sans le moindre complexe. Lancé il y a plus de dix ans, en 2011, ce parfum m’a toujours fait le même effet, celui d’un cocon à la fois soyeux et très réconfortant. Sa concentration eau de parfum lui confère une très belle tenue et un sillage correct. Je me rends compte que je l’aime toujours autant. Il est un incontournable chez The Different Company.
Pour une fois, je suis convaincu par les quatre créations que j’ai choisi d’essayer pour écrire cet article de juin. Chacune des créations que j’ai pu choisir est à mon goût et je pourrais toutes les porter. J’espère que ce sera communicatif et que vous aurez envie de les essayer. Il est vrai que je me suis un peu cantonné à ma zone de confort. Après-tout, ça fait du bien parfois !
"Bandit", les 80 ans d'un parfum mythique
J’ai souvent évoqué « Bandit » sur ce blog car, non seulement il m’arrive de le porter, mais aussi, parce que je lui trouve une modernité étonnante. Enveloppé d’une aura de scandale, commandé par Robert Piguet à Germaine Cellier, une créatrice avant-gardiste et pas vraiment comme les autres, il est sorti alors que Paris était encore occupé par les Allemands. Il semblait annoncer, après quatre années, terrible, une libération qui allait poindre. Son lancement était enveloppé de scandale et sa singularité un rien provocatrice en font un parfum absolument mythique. La marque l’avait arrêté pour le remplacer par une version plus florale et pus consensuelle créée par Aurélien Guichard mais, l’an dernier, il est ressorti dans sa formule d’origine, ce qui nous permet, aujourd’hui, de fêter ses 80 ans. Il est beau, toujours atypique… il va bien !
Germaine Cellier (1909-1976)
C’était une femme de caractère ! Pas commode, voix rauque et cigarette aux lèvres, elle a ouvert la voie à toutes les parfumeuses qui nous réjouissent aujourd’hui. Elle avait une élégance « à la Bandit » Germaine et je trouve que ce parfum ressemble à ce que racontent sa nièce aujourd’hui de cette tante pas comme les autres, au caractère bien trempé et aux créations emblématiques. En effet, si elle était la première femme à créer des parfums, elle a influencé beaucoup de « compositeurs » de fragrances, tels Nicolas Mamounas, Bernard Chant ou encore Jean-Claude Ellena, voire même, et il ll l’a dit, Edmond Roudnitska qui était son contemporain. Après des études dans une école religieuse en Gironde, elle fait des études de chimie à Paris et est embauchée en 1930 chez Roure. Elle crée alors des parfums pour Robert Piguet, qu’elle rencontre alors qu’il est encore styliste chez Paul Poiret, Balmain puis, par la suite Balenciaga. Entre 1950 et 1961, elle dirige son propre laboratoire qu’elle a fondé car elle ne s’entendait pas avec Jean Carles, un autre parfumeur de Roure. Elle commence alors à fréquenter un milieu culturel et devient amie avec de nombreux comédiens comme Bernard Blier, François Périer ou encore Maria Casarès. Côté vie privée, elle a été la compagne du peintre Chas Laborde et du dessinateur Jean Oberlé. Côté parfums, on lui doit des chefs d’oeuvres tels « Bandit » et « Fracas » pour Robert Piguet, qui sont les seuls encore commercialisés dans leur formule originale (tout du moins c’est ce qui est mentionné sur le packaging) mais les passionnés qui les ont connus se souviendront aussi de « Vent Vert », dans sa version originale, et de « Monsieur » de Balmain. Je trouve d’ailleurs fort dommage que la maison, qui renait de ses cendre, ne relance pas au moins ces deux parfums qui étaient d’une belle modernité.
1944, sortie de « Bandit »
Alors que la libération est en marche, Robert Piguet, épris de modernisme et d’indépendance lance sa propre maison de couture et demande à Germaine Cellier de lui créer un parfum qui représenterait la modernité de son style. La parfumeuse va alors s’atteler à inventer une nouvelle variante à une famille olfactive lancée dans les années 20 par François Coty. C’est ainsi qu’elle compose le premier chypré-cuir de la parfumerie, parsemé des notes vertes qui resteront, tout au long de sa carrière, sa signature. Créatif, inattendu, sulfureux, il s’appellera « Bandit » et, même s’il s’agit d’un grand féminin, il sera androgyne et l’assumera. Lors de son lancement, des mannequins en costume d’homme, portant un loup qui dissimule leur visage, deviennent un nouveau symbole d’élégance, reprenant un style lancé par Marlène Dietrich dans ses premiers films à Hollywood dans les années 30. « Bandit » surprend, déroute, choque même et pourtant, contre toute attente, il va remporter un grand succès et, mieux même, il influencera vraiment les parfumeurs des décennies suivantes que ce soit pour la créations de féminins ou de masculins emblématiques de la parfumerie française entre les années 50 et 90. Il se compose d’une envolée de gardénia, d’armoise, de bergamote et d’aldéhydes, d’un coeur de jasmin, d’oeillet, de rose et d’iris et d’un fond de castoreum, de patchouli, de vétiver et de muscs blancs ainsi que de mousse d’arbres. Il s’agit donc là du premier néo-chypré de la parfumerie. Ses accents cuirés le rendent tout à fait original. C’est un parfum froid mais enveloppant. Sur ma peau, les notes vertes et presque « incisives » ressortent et donnent cette élégance étrange à un parfum, bien qu’il ait été créé en 1944, résolument moderne et j’irais même jusqu’à dire contemporain.
Ce qu’en dit la maison
Aujourd’hui, la maison de couture Robert Piguet n’existe plus mais les parfums continuent d’être commercialisés et la gamme s’est énormément développée. C’est, comme je le disais en introduction, Aurélien Guichard, qui compose la plupart des nouvelles fragrances. Pour ce qui est de « Bandit » et de « Fracas », ils sont les deux emblématiques historiques et, si le premier avait été arrêté un temps, le second a été décliné, notamment récemment. Mais ce n’est pas le sujet, revenons à ce qui nous intéresse. La maison décrit ainsi « Bandit » : « En 1944, Robert Piguet crée une collection couture audacieuse, basée sur un concept « Bad Boy ». Juste à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les défilés de Piguet présentaient des mannequins arborant des masques de méchants et brandissant des revolvers et des épées jouets. Le parfum accompagnant cet air de malice avant-gardiste était Bandit, une composition créée par l'icône du parfum Germaine Cellier, réputée pour ses créations audacieuses et distinctives. Bandit est un classique renommé. Germaine Cellier a utilisé des notes sombres de cuir, le vert de la mousse et des bois fumés pour donner au parfum son caractère riche et inoubliable. Accentué de galbanum verdoyant et de notes de fleur d'oranger, Bandit est certainement « l'enfant terrible » de la collection de parfums Piguet. Le jasmin et le patchouli apportent une touche exotique tandis que le cuir et la mousse de chêne constituent une couronne épineuse. Bandit est une composition parfumée à des années-lumière de son temps — un parfum de parfumeur » et je crois que tout est dit.
Pour finir, je crois qu’il est de bon ton de souhaiter un joyeux anniversaire à « Bandit ». J’ajouterai que, si vous passez par Paris, je vous conseille de vous rendre chez Marie-Antoinette, rue d’Ormesson dans le Marais pour le découvrir avec Antonio. Il saura se faire conteur et vous emporter dans avec lui dans l’histoire de ce parfum mythique et de sa créatrice qui ne l’est pas moins. Pour moi, « Bandit » est sans doute l’une des créations les plus incroyables de toute la parfumerie et, qu’il soit là, disponible, 80 ans après sa sortie, et qu’il n’ait pas pris une ride est un tour de force !
Exquise trouvaille : "Odor 93"
Je vous ai déjà parlé de « Odor 93 » créé en 2015 par Giuseppe Imprezzabile pour sa marque Meo Fucsciuni lorsque j’ai découvert la marque. C’est un tel coup de coeur que j’ai décidé d’y revenir et de l’intégrer dans ma rubrique Exquise trouvaille. Il m’impressionne beaucoup. Je trouve que c’est l’un des floraux les plus impressionnants que j’ai pu découvrir ces dernières années. La marque le décrit ainsi : « Meo Fusciuni Odor 93 Extrait de Parfum est un parfum boisé unisexe. En parcourant votre chemin, suivez le courant olfactif, avec Volonté et Amour. Vous verrez un chemin, vous sentirez un parfum. Odor 93 Extrait de Parfum est un voyage dans un monde féerique. Le conte de fées parfumé ouvre son rideau entre des notes fumées et épicées. Le rituel du conte est célébré, la brume cache l'événement, renforce notre imagination, ce voyage onirique. Nos pas deviennent de plus en plus lents et le parfum nous ouvre le cœur du conte de fées. Le courant olfactif de l'Odeur 93 flotte sur les notes envoûtantes de l'accord Tubéreuse et Narcisse. Une neuvaine parfumée à laquelle participent figurants et protagonistes, figures dramatiques dans une forêt enchantée d'Europe du Nord. Si vous fermez les yeux et écoutez en marchant, vous entendrez des personnages grotesques issus de votre imagination et comme par magie, le voyage devient merveilleux, féerique. La faible lumière de l'aube réclame de l'espace, parmi les branches denses de la forêt, le parfum étend ses racines, un fond boisé, fumé, animal nous réveille de notre voyage. Rêve ou réalité ? Le parfum est une âme qui dessine notre ombre, et l'ombre est un personnage grotesque issu de notre imagination. Chacun d'entre nous, autour d'un feu, a raconté ou écouté des histoires fantastiques, des contes et des légendes ; Odor 93 vous entraîne au cœur de ce feu, pour découvrir le secret de la quête, le secret du courant ». Je trouve que tout est dit. Pour ma part, je suis séduit par ce parfum de la vaporisation à la fin de son évolution.
Le départ est très sombre et épicé avec des notes de feuilles de bouleau presque cuirées rendues presque charnelles par le cumin et épicé de clou de girofle qui donne un côté pep’s à la fragrance. Puis vient le coeur de tubéreuse et de narcisse, profond, intense, très floral et beaucoup plus lumineux sans doute grâce à la sauge. C’est drôle mais à ce stade de l’évolution et bien que cela ne sois pas listé, j’ai eu l’impression de sentir de l’huile essentielle d’ylang-ylang telle qu’elle se vend en pharmacie. C’est une odeur que j’aime beaucoup alors je suis resté à me laisser porter par le développement du parfum qui se pose sur un fond patchouli et vétiver en soutien, adouci par le bois de gaïac et la vanille. Je sens aussi une facette tabac. La marque parle de oud en traces mais il m’échappe un peu. Pour résumer, je dirais que « Odor 93 » est l’un de mes grands chocs olfactifs de l’année. C’est un parfum en clair obscur, très étonnant. Floral mais pas seulement, il a aussi des versants cuir et boisés avec presque, par moment, quelque chose d’animal mais de manière très fugace. Je l’aime beaucoup. Je l’ai essayé autour de moi et je pourrais parfaitement le porter. C’est un coup de coeur n’ayons pas peur des mots. Il y avait longtemps que je n’avais pas eu un pareil choc olfactif. La marque m’a séduit dans son ensemble mais « Odor 93 » est vraiment le parfum que je préfère dans cet univers italien étonnant.
Scottish Odyssey, une promenade en Écosse à la manière de Euan McCall et de Jorum Studio
* Réédition
J’avais été très surpris voire impressionné par les précédentes collections de Jorum Studio composées par le parfumeur écossais Euan McCall dont, décidément, je reste bluffé par l’originalité et par la faculté qu’il a de casser les codes. J’avais une envie irrépressible de découvrir les quatre nouveautés à travers lesquelles le parfumeur rend hommage à son pays. Je remercie chaleureusement Fabien de la boutique Yuminoki d’avoir rendu ça possible. Je voudrais aussi mentionner la vidéo qu’Isabelle, de la chaîne YouTube Espace Passion Parfum a consacré à Scottish Odyssey, cette toute nouvelle collection de quatre parfums. Je vous indiquerai le lien en fin d’article afin que vous puissiez visionner la vidéo. Allez, je vous emmène dans cette Écosse que j’ai eu la chance de visiter plusieurs fois et qui est une partie du Royaume Uni particulièrement étonnante et différente, au climat rude, empreinte de traditions et au paysage à couper le souffle. Des grandes villes aux Higlands en passant par les îles, nous voilà partis en voyage.
Euan McCall
Le premier parfum que j’ai essayé est « Rose Highland » dont l’inspiration est une rose sur un littoral un peu sauvage, presque froid et très iodé. J’avoue que je ne suis, en général, rarement vraiment attiré par les créations dans lesquelles la rose est vraiment mise en avant mais il y a des exceptions et en voila une. Certes, la reine des fleurs est vraiment travaillée en majeur mais elle est associée à des notes d’azalée, de basilic, de poivre noir, de clou de girofle, de primevère et de plusieurs autres plantes ou fleurs peu utilisées en parfumerie mais, autour de la rose, du géranium et du jasmin, le parfumeur a utilisé des extraits de chêne, de l’iris, du vétiver et un accord minéral qui vient rehausser un fond d’ambre gris. Ce parfum est présenté, à l’instar des autres, en version extrait et je dois dire que c’est vraiment la concentration qui convient à cette fragrance très facettée, qui nous entraîne dans une roseraie battue par les vents et par les mers. Ce n’est pas une rose charnue, truffée comme souvent nous avons l’habitude d’en sentir en parfumerie mais, au contraire, cette fleur décembre cachée sous la neige du jardin au bord de la mer du nord. J’ai beaucoup aimé essayer « Rose Highland » et je pourrais le porter très facilement. J’aime particulièrement la dualité, au fond, de la rose et de l’ambre gris qui exprime toutes ses facettes.
Littéralement « les baies de la guérison », « Healing Berry » est mon second essai et je dois dire que c’est un coup de coeur. En général, j’ai horreur des fruits rouges et particulièrement des notes de fraise ou de framboise en parfumerie car je trouve qu’il y a toujours un côté cheap alors que dans cette création, Euan McCall a vraiment réussi à recréer l’impression d’un verger dans la vallée de Strathmore, entre odeurs de fruits, de feuilles et de baumes. Le parfum s’ouvre sur un absolu de cassis absolument bluffant, des notes d’armoise et de feuille de fraisier, ainsi que de menthe sauvage. Le coeur d’absolu de rose s’enrichit d’un prune un peu acidulée et de feuille de violette un peu poudrée associée au beurre d’iris et le fond, construit autour du baume de l’Himalaya est surtout que comme un liant pour les autres notes. Bien évidemment, Euan McCall utilise toute la palette du parfumeur mais, pour ma part, j’ai un vrai coup de coeur pour le côté naturaliste de cette fragrance apaisante, réjouissante. De quoi me réconcilier avec les notes de fruits rouge et je peux dire que, d’emblée, ce n’est jamais gagné. « Healing Berry » m’entraine vraiment dans cette vallée un peu protégée dans laquelle la végétation pousse tout de même très bien malgré un climat rude. Pour moi, c’est une complète réussite.
Les ajoncs de « Gorseland » me semblent tout à fait urbains et je crois qu’il fait référence à Salisbury Crags, ces rochers qui jouxtent Edimbourg. C’est un aromatique mais à la manière d’Euan McCall, c’est à dire qu’il casse tous les codes. Je le crois vraiment unique. Il s’ouvre avec des notes huileuses d’ananas, de néroli et de citron qui se posent sur un coeur d’absolu de lavande et de camomille. Le fond boisé me semble tout à fait discret. Pour moi, « Gorsland » est comme une lavande rêvée, je me sens un peu à mi-chemin entre les odeurs de la ville, les parfums des hommes en kilt et des femmes en tweed. Pour moi, c’est une création onirique inspirée d’une Écosse rêvée entre grand air et cité ancienne. Je dois dire que je suis assez emballé alors que je n’aime pas spécialement les aromatiques en règle générale. Pour moi, « Gorseland » est vraiment un parfum facile à aborder au départ mais il se corse, prend de l’ampleur, voire même de l’amplitude tout au long de son évolution et affirme sa personnalité et sa singularité. Je pourrais tout à fait le porter. Il est vraiment très élégant, contemporain et ancré à la fois dans une certaine tradition de la parfumerie. Pour moi, c’est une création vraiment aboutie. Je ressens tout le savoir-faire d’Euan McCall en le portant. Vraiment, et même s’il n’est pas forcément pour moi, je le trouve incroyable !
Avec le dernier parfum, nous voici partis sur l’île de Jura. Imaginons une mer agitée, des bois, des notes de thé noir, de baie de genièvre venant enrichir une envolée de pamplemousse et de gingembre, un coeur d’osmanthus et un fond boisé, cuiré, avec des notes de labdanum associées au côté sombre et goudronné du bois de bouleau, au vétiver et à un accord de tourbe. Quand je sens ce parfum autour de moi, je ne peux m’empêcher de penser à « Vi et Armis » de Beaufort London. Il ne lui ressemble pas complètement, il a un côté presque iodé et résineux et j’en comprends tout à fait l’inspiration un peu poétique : « Dansons autour d'un feu de joie de plage enfumé, la peau ointe d'omble aux agrumes collants ». Je trouve que Euan McCall a vraiment su recréer le côté feu de bois au bord de la mer, un soir un peu clément. J’ai adoré « Firewater », c’est le nom de ce parfum incroyable. Je ne sais pas si je pourrais le porter mais vraiment, je le trouve complètement addictif et j’aime profondément le sentir. Pour moi, il est vraiment dans la lignée de ce que j’aime de plus en plus au fur et à mesure que je m’intéresse à la parfumerie. Attention, ce n’est pas un parfum facile à porter, il faut l’occasion, mais vraiment, artistiquement, c’est un chef-d’oeuvre.
Je dois dire que, vraiment, j’ai adoré la découverte et je crois que j’ai aimé chacun des parfums de cette collection. Scottish Odyssey est, il faut le dire, vraiment la série de Jorum Studio que je préfère. C’est une vraie plongée en Écosse et un vrai hommage rendu par la parfumeur à cette contrée mystérieuse et fascinante. On s’y croirait et, en même temps, c’est comme si on emmenait un peu de ce pays sur nous lorsqu’on porte les parfums. Pour moi, c’est vraiment le grand chelem et je dois dire que je remercie chaleureusement Fabien de m’avoir fait faire de telles découvertes.
Les deux nouvelles compositions d'Ewan McCall pour la Scottish Odyssey de Jorum Studio
J’avais un peu perdu le fil des créations de Euan McCall pour Scottish Odyssey, l’une des collection de sa marque écossaise Jorum Studio et pourtant, j’avais vraiment accroché avec les quatre premières compositions. J’ai donc demandé à Fabien de Yuuminoki, qui a été le premier à faire rentrer la marque en France, de m’envoyer des doses d’essai des deux parfums que je ne connaissais pas encore afin que je puisse tout d’abord les essayer et également leur consacrer un article. Je dois dire que, comme la première fois, c’est carton plein. Je le dis dès l’introduction car je suis complètement emballé par ces deux extraits de parfums dont la longue évolution réserve nombre de surprises (et des bonnes !) et de belles nuances qui ne ressemblent à rien d’autre si ce n’est à la signature particulièrement riche du parfumeur. Faussement naturalistes, complexes, particulièrement inspirés, les deux « nouveaux » parfums de la collection sont vraiment incroyable et je vous emmène dans les Highlands, quelque part entre Glasgow et Aberdeen afin d’en découvrir toutes les subtilités.
«Pony Boy » a été lancé en 2022 mais je ne le connaissais pas encore. J’en avais pas mal entendu parler par Isabelle de la chaîne YouTube québécoise Espace Passion Parfums avec Isa et cela avait vraiment attisé ma curiosité. On peut y retrouver de la rhubarbe, des graines de coriandre, de la figue, du pamplemousse rose, un très bel absolu de champaca, du poivre rose et même un accord de betterave rouge puis vient un absolu de lotus rose, de la gaine d’ambrette, du cèdre et de la feuille de framboisier. Je suppose qu’il existe dans ce parfum, nombre d’ingrédients à la fois épicés et aromatiques qui le rendent complètement unique. Je l’ai posé sur ma peau et… wahou ! C’est un parfum à la fois vraiment atypique et profondément élégant. Euan McCall n’en n’explique pas forcément l’inspiration mais évoque un kelpie (pas la race de chien) mais le « cheval ondin », créature métamorphe mentionnée dans plusieurs mythes et légendes du folklore écossais (et irlandais) qui pourrait se balader le long des lochs au point du jour ou à la tombée de la nuit. « Pony Boy » est atypique, très singulier et pourtant, je ne l’ai pas trouvé difficile à porter. Sa tenue étonnante et sa concentration extrait de parfum lui confèrent une évolution très longue. Mon impression sur « Pony Boy » est plus qu’excellente. C’est un parfum riche, complexe et singulier. Je l’ai essayé deux fois sur la peau et je pourrais tout à fait le porter. J’irai jusqu’à dire qu’il s’agit-là véritablement d’un coup de cœur.
Lancé en 2023, « Spiritcask » est indéniablement un parfum ambré. J’en avais beaucoup entendu parler et j’en attendais pas mal. Je dois dire que je n’ai pas été déçu. Après une envolée très nettement poire et fleurs exotiques, je pense de l’ylang-ylang contrebalancées par une note plus aromatique qui pourrait être tout à fait de la camomille, vient un cœur très liquoreux de rhum, de whisky très malt, de cognac et de jasmin. À ce stade de l’évolution le parfum est très rond et un peu animal, sa concentration extrait lui donne un côté très enveloppant. Sur ma peau le fond est très ciste labdanum avec des accents cuir et bois. Euan McCall a crée un parfum baroque très chaud et tout à fait facile à porter. Je le trouve un peu plus dans l’air du temps que le reste de la collection mais je comprends tout à fait son inspiration très whisky dans un pub écossais avec une ambiance qui se rapproche presque du tabac et du cuir des fauteuils. Très honnêtement j’ai adoré ce parfum. Il m’a un peu moins surpris que « Pony Boy » mais vraiment c’est une réussite. Je le découvre un peu à la mauvaise saison mais par contre dès que les premiers froids de l’hiver se feront sentir après l’été, je le réessayerai beaucoup plus et je viendrai vous en parler à nouveau. Tout comme le reste de la collection Scottish Odyssey, il est plus accessible que les autres créations de la marque. Cela permet d’aborder le travail du parfumeur en soulevant le coin du voile sur son originalité.
Comme je le pressentais, d’après ce que j’avais lu, je suis assez emballé par les nouvelles créations de la collection. Je peux même dire que ce sont plutôt des coups de cœur qu’autre chose. Je pense que Scottish Odyssey est une série de parfum très différente des autres créations de Euan McCall pour sa marque car, tout en conservant un côté souvent aromatique, les compositions se révèlent plus diversifiées et un peu plus faciles à aborder. Je suis vraiment très content d’avoir pu essayer correctement ces deux parfums. peut-être ne serez-vous pas sensible à l’ensemble de la marque mais s’il faut vraiment vous pencher sur la Scottish Odyssey.
Séquence nostalgie : "Balinesque"
Marorie Olibere
Olibere Parfums a été, dès que je l’ai découverte, une maison qui a vraiment réussi à me séduire. Je vous en parle depuis la création de mon blog même si je la sais très (trop) confidentielle. Depuis le début de l’année, nous n’avons plus de nouvelle de Marjorie Olibere qui a fondé cette marque en 2015 et cela m’étonne beaucoup car elle était présente sur les réseaux sociaux et extrêmement réactive lorsqu’on lui envoyait un message. Même la parfumerie lyonnaise Le Paravent, qui m’a fait connaitre les créations magnifique des trois collections ne sait que dire et se voit contrainte d’arrêter la distribution. C’est, pour moi, outre une certaine inquiétude, un état de fait qui me rend triste car nous étions quand même pas mal à être fidèle à la marque et à la merveilleuse direction artistique de Marjorie. Pour rappel, les parfums avaient étés créés par Bertrand Duchaufour, Amélie Bourgeois et Luca Maffei. Je me devais de préciser pourquoi « Balinesque », qui fait partie de la collection des Essentielles, figure dans la rubrique Séquence Nostalgie et non dans Mes parfums préférés. C’est une composition née en 2015 de l’imagination de Marjorie et mise en parfum par Bertrand Duchaufour. Pour moi, ce n’est pas un beau parfum, c’est un grand parfum et je l’aime depuis fort longtemps. Je vous en avais d’ailleurs déjà parlé. « En tête, une fraîcheur lactée aqueuse de sève de Bambou et de Santal nous rappelle l’Asie. Des épices pimentent une passion naissante. Les effets floraux transparents nous enveloppent délicatement. Le pétale charnel de l’Orchidée, la douceur du Jasmin, le Sambac vert et lacté… Tout s’harmonise en coeur. Vient alors en fond la sensualité caressante des effets musqués doux et légèrement poudrés. Une touche de Myrrhe et de Vétiver pour sublimer cet instant purement balinais ». Avec cette si poétique description, Marjorie Olibere évoque vraiment l’atmosphère de ce parfum d’une grande originalité, floral, vert et complètement unique. Vous me direz que je suis complètement dans ma zone de confort et vous aurez raison.
Dès l’envolée, on est séduit par la singularité de la création avec des notes de sève de bambou, à la fois vertes et presque un peu lactée (sans excès car je ne supporterais pas), des épices chaudes et froides telles la pétillante cardamome, le gingembre, qui apporte une certaine fraîcheur, la cannelle ronde et douce et le cumin qui apporte une touche très charnelle. Le coeur est résolument floral et construit autour d’une rose délicatement entourée de géranium qui donne un côté un peu frais et presque mentholé, d’orchidée comme un peu de vanille bourbon saupoudrée, de jasmin sambac, le tout enveloppé d’un accord aqueux que je trouve vraiment magnifique. Le fond de santal et de muscs blancs est soutenu par le vétiver et se fait tour à tour résineux avec la myrrhe et amandé voire même un peu poudré par la fleur d’héliotrope. Tendre, rond mais pas trop, frais et absolument inédit, « Balinesque » est un bijou et, à mon sens, il mériterait ou aurait mérité, à l’instar des autres parfums de la marque, un coup de projecteur plus important. Avec « Balinesque », Marjorie Olibere nous a proposé un voyage inédit, en Asie que j’imagine plongée dans des paysages à la fois aquatiques et brumeux. C’est un parfum que j’aime vraiment beaucoup et, s’il doit disparaitre, cela me rendra nostalgique. Ceci dit, toute considération mise à part, j’espère que Marjorie Olibere va bien et que cette éclipse ne sera que de courte durée.
Deux découvertes chez Francesca Bianchi
Je continue à explorer l’univers vraiment très charnel, je ne vois pas d’autre mot, de Francesca Bianchi grâce au concours de Fabien de Yuuminoki. J’avais découvert la marque il y a déjà un certain temps mais il semblerait que, en France, elle ne soit guère distribuée et pourtant, je la trouve vraiment très intéressante. L’univers de cette parfumeuse américaine, qui pourtant ne contient aucune matière d’origine animale, est profond, « très peau » et, même si je n’aime pas trop ce terme en parfumerie car je le trouve complètement galvaudé, je pense qu’on peut dire que ses créations sont profondément sensuelles. Fabien m’a fait connaître, en attendant les éditions 2024, les deux parfums sortis l’an dernier sur lesquels je n’avais pas eu l’occasion de mettre mon nez. Je les ai trouvés particulièrement bien réalisés.
Le premier parfum que j’ai pu essayer est donc sorti l’an dernier et il porte le nom évocateur de « Encounters », littéralement « rencontres », tout un programme ! Dès l’envolée, les notes de bergamote, d’orange, de lavande et de coriandre donnent le ton et mettent l’accent sur le côté très dense que va donner l’évolution. Après un certain temps du à la très haute concentration, le coeur se fait complètement addictif. Il est composé de beurre d’iris, d’angélique, de rose et de cannelle. Je dois dire que ce stade du développement commence à beaucoup me plaire. Les notes de fond, qui tardent un peu à arriver, revêtent des versants différents, le premier est faussement animal avec la recréation de l’ambre gris et du castoreum puis vient un côté complètement cuir avec un oud de très belle qualité et travaillé d’une manière très élégante avec le santal, le cèdre mais aussi le baume du Pérou et le benjoin. Francesca Bianchi explique avec clarté son inspiration : « J'ai toujours été fascinée par les contaminations de différentes cultures, donnant naissance à de nouvelles formes – dites syncrétistes, éclectiques : pour moi, une nouvelle merveille déviante. Je me souviens de mon enchantement pour les écritures pseudo-arabes exotiques et mystérieuses auréolées de certaines peintures de la Renaissance centrées sur un caractère par excellence de la culture chrétienne et pourtant contaminées par une référence à la culture arabe. Ou les incroyables formes syncrétiques comme les temples grecs ou romains transformés en églises chrétiennes, ou l'architecture indo-islamique, fusionnant deux cultures dans une nouvelle langue. J'ai souhaité restituer cette obsession avec Encounters, grâce à une combinaison de deux ingrédients emblématiques de l'Orient et de l'Occident, l'Iris et l'Oudh – un moment de contact d'où naît une nouvelle créature. Vous retrouverez le raffinement sophistiqué du beurre d'Iris, avec son poudré doux et mystérieux ; une matière qui se développe dans le sol pour ensuite générer la plus lyrique des fleurs. Et vous trouverez l'Oudh, une matière née d'une infection des arbres Aquilaria, qui produit alors l'une des odeurs les plus envoûtantes et les plus complexes de la gamme d'ingrédients de la parfumerie ». Je trouve qu’elle y a parfaitement réussi car le oud se fait doux, poudré, même un peu racinaire. Sur la peau « Encounters » s’avère d’une très grande subtilité. Il n’est pas, à proprement parler, mon genre de parfum mais j’ai vraiment aimé le porter pour écrire mon article. Je suis content de l’avoir découvert. Il ne serait peut-être pas « mon » parfum de la marque mais je le trouve bigrement bien construit !
La seconde création m’intriguait depuis plusieurs mois et j’avais envie de la découvrir. « Byzantine Amber est le troisième parfum qui compose, avec Libertine Neroli et Unspoken Musk, la série spécifiquement dédiée aux glorieuses matières premières de la parfumerie, réinterprétées selon le style de la maison. Byzantine Amber est un parfum intense et décadent, comme une grande civilisation dans la phase finale de sa splendeur. Salomé de Gustave Moreau est un tableau qui peut évoquer en images la splendeur et le drame de cette œuvre olfactive. Les belles mosaïques de la civilisation byzantine, comme celles de Ravenne, présentent des tesselles d'or brillantes qui sont imparfaites car elles s'usent avec le temps. Ce sentiment de splendeur théâtrale et lumineuse accompagné d'un côté sombre et obscur a inspiré l'Ambre byzantin. Le géranium – pulpeux, rosé, épicé, légèrement vert, contraste avec la minéralité sèche de l'ambre gris et du styrax. La colonne vertébrale de cette œuvre est une structure familière, un accord ambré enrichi par l'épice qui la rend sensuelle : la cannelle. Cet accord chaleureux et brillant est assombri par des aspects cuirés, fumés et animaux, qui donnent de l'intensité et caractérisent la composition ». Quand je lisais cette description, he me disais : « enfin un parfum ambré qui pourrait me plaire… » et je ne me trompais pas. Nous ne sommes pas là dans ma famille olfactive de prédilection mais j’admets tout à fait qu’il y a une ou deux compositions sur le marché, je pense à « Ambre Russe » de Parfum d’Empire, « Farah » de Brécourt ou encore « Les Nuits » d’Astier de Villate par exemple, qui me séduisent. C’est également le cas de « Byzantine Amber », également lancé en 2023. Après une envolée très ronde de bergamote et de cannelle, le parfum se développe avec un coeur de géranium puis un fond de benjoin très « papier d’Arménie » rendu très cuiré par le labdanum et le styrax. Le côté animal est renforcé par des traces d’encens, d’ambre gris et un accord cuir. Sur ma peau, « Byzantine Amber » est à la fois très ambré, un peu animal mais surtout résolument moderne. C’est un parfum contemporain inspiré de la grande tradition de la parfumerie. Le twist, je ne sais pas trop d’où il peut venir, le rend potentiellement intemporel mais également complètement différent des autres parfums de cette famille que je connais. Il est à découvrir absolument.
J’ai maintenant hâte de découvrir « The Mariner’s Rhyme » et « Love For Sale », les deux créations de 2024 que nous aurons sans doute bientôt en France. Par ailleurs, je me suis demandé si je pourrais porter « Encounters » ou « Byzantine Amber » et je pense que oui mais je reste fidèle à mon envie. Jusqu’à présent, mon parfum préféré de la collection reste, bizarrement, un aromatique, et il s’agit, éternellement de « Etruscan Water ».
Poème Parfumé, bienvenue à une toute nouvelle maison
Poème Parfumé, un nom de maison qui ne pouvait que me plaire tant j’aime cette forme de la littérature. Voilà donc une marque toute nouvelle, née en 2023 et qui compte aujourd’hui cinq parfums. J’ai eu la chance de pouvoir les découvrir et je dois dire que j’ai pris beaucoup de plaisir à les essayer, les porter car j’ai eu entre les mains de grands échantillons avec lesquels j’ai eu tout le loisir de vivre durant plusieurs jours. Je crois que la création de cette maison correspond à une envie, celle de prendre le large avec le convenu et le désir de se promener olfactivement dans ses souvenirs du fondateur de cette maison qui répond au nom de Mr Mercier et qui a collaboré pour la collection Avant-Première avec le parfumeur Alp Veliogullari. Cinq parfums inspirés de moments, de voyages, de rencontres et qui vont, je l’espère, rencontrer leur public car, découvrir la marque a été un réel plaisir pour moi et j’avais envie de partager mes impressions et mes émotions.
Issu de la collection Avant-Première, comme au théâtre, le premier parfum que j’ai essayé a pour nom évocateur « Art Choco » et est ainsi décrit par la marque : « Un univers de plaisir dans chaque goutte, une gourmandise addictive du chocolat et d’une caresse enivrante de vanille. Une élégance captivante séduisant les sens, une expérience sensorielle inoubliable, un voyage délicieux dans le royaume de l’irrésistible ». Les amateurs de parfums gourmands vont vraiment accrocher car, si le départ de chocolat est un peu abrupte et que l’évolution du parfum prend un certain temps, il s’adoucit avec un très joli coeur de vanille et de pistache qui lui donne, sur ma peau, une facette presque poudrée qui se fait légèrement florale et animale. Le résultat, en tout cas sur moi, est assez surprenant, et m’évoque un dimanche après-midi d’hiver, à la campagne, au coin d’une cheminée à la chaleur bienfaisante avec une tasse de chocolat chaud à la main. Gourmand mais pas trop, tel est « Art Choco » mais attention, il trouve vraiment son équilibre sur la peau. Il peut avoir un côté un peu difficile sur une touche. Il faut l’attendre, vivre avec, pour en apprécier les facettes. Je ne suis pas certain de pouvoir le porter. Il est sans doute un peu rond pour moi mais j’aime bien le sentir.
« Une promenade des après-midis dorés dans un jardin merveilleux, tendresse et charme, un sentiment de bonheur se révèle. Les notes de fraise mûre surgissent enveloppant une fraicheur sensuelle entourées de fleurs d’amande évoquant une douceur extrême. Un été sans fin rappelant les meilleurs souvenirs ». Ce second parfum de la collection Avant-Première a pour nom « Harmonie Fruitée ». Tout un programme ! Je trouve vraiment le départ à la fois amandé et fruité très joli. Il me rappelle un peu les effluves d’un jardin connu, réconfortant, presque d’un verger. Ensuite vient un coeur plus floral avec de petites notes d’épices douces et une dominante de fleur d’oranger et enfin, le parfum se pose sur un fond cuiré et boisé qui, je l’admets, n’est pas ce que je préfère. Cette composition originale m’a un peu dérouté. Je dirais que « Harmonie Fruitée » n’est sans doute pas le parfum de la collection que je préfère mais je sais que, de part sa qualité et peut-être certaines tendances en parfumerie, il va trouver son public. Attention, il n’est pas facile voire un peu clivant. Il faut vraiment l’essayer.
« Plongez dans une symphonie olfactive captivante avec des notes riches de Oud, de cuir, de safran et de vanille. Laissez vous emporter par la chaleur envoûtante de ce parfum mystérieux, évoquant une ambiance orientale raffinée ». Classique, élégant, équilibré, tel est « Oud Mood », un vrai cuir profond, un peu animal avec un départ de safran mais qui, très vite, sur la peau, en tout cas sur la mienne, devient un vrai parfum chic. Les notes se font plus douces, plus rondes avec un côté muscs blancs que je trouve particulièrement bienvenu. J’étais un peu dubitatif lorsque je l’ai senti superficiellement mais son évolution m’a convaincu. Pour moi, plus qu’un oud, il s’avère un très beau cuiré, très classique, avec une jolie finesse. Je pense qu’il pourra plaire autant aux hommes qu’aux femmes. Si son sillage est, à mon sens, relativement modéré, la tenue est incroyable. Je l’ai porté un soir et, le lendemain matin, même après la douche, je le percevais encore. « Oud Mood » est, à mon sens, le parfum le plus « valeur sûre » de la marque. Il est réussi, facile à porter… impeccable. Pour ma part, il me plairait sans doute davantage au plus froid de l’hiver mais, vraiment, il s’agit d’un joli parfum.
Un départ de menthe verte et fleurie, un coeur de muscs blancs et un fond poudré confèrent à « Caresse de Sidi Bouzid » une fraîcheur et une vraie personnalité. Je ne vais pas garder le suspens plus longtemps : C’est mon coup de coeur ! Je ne vais pas publier le très joli poème de présentation que vous découvrirez sur le site car je vais être un peu plus long que la normale. Pour moi, l’association de cette menthe, fraîche, verte et en même temps presque florale, avec des notes tout à fait musquées et poudrée est du plus bel effet. Le parfum se pare, au cours de la journée, d’une multitudes de petites facettes et, sur ma peau, il matche parfaitement. Il est très présent puis il se fait oublier avant de revenir me rappeler qu’il est là, un peu inédit, toujours addictif. C’est un parfum pour la peau sur la peau. Une vague fraîche, caressante et réussie. Je l’ai porté beaucoup ces derniers jours afin de pouvoir en parler correctement et l’échantillon, pourtant grand, est quasiment terminé. J’aime vraiment beaucoup cette création. J’en connais d’autres qui tournent autour de la menthe mais je n’en n’avais jamais porté. Celle-ci est juste comme j’aime, pas gourmande, un peu poudrée et très fraîche. Je ne saurais pas dire pourquoi mais il m’évoque l’Égypte et une promenade sur le bord du Nil. Les émotions liées aux parfums sont parfois bien difficiles à expliquer.

Le dernier parfum que j’ai pu essayer est « 1440 Minutes » et il ne m’est nul besoin de vous en dire l’inspiration. Tout est dans le titre. Alors comment transcrire en odeurs, l’asphalte, les crissement des pneus, les combinaisons des coureurs ? Peut-être en créant un parfum très masculin ou les notes minérales et goudronnées se mêles à d’autres plus animales. Après une envolée de aafran, de violette, de bergamote et de citron vient un accord asphalte, presque pétrole, que je trouve très singulier. La marque évoque un coeur de oud, de pêche, de rose enveloppé d’un accord ambré et praliné puis un fond de bois de santal et de cuir. Pour moi, et je ne saurais dire pourquoi, « 1440 Minutes » a presque un côté fougère avec également des notes aromatiques. Je le sens au fur et à mesure que j’écris et je le trouve vraiment étonnant. Pour le coup, dans mon esprit, il n’est pas du tout vintage mais plutôt ultra-moderne. Les notes synthétiques lui apportent un côté stylisé et je trouve qu’il y a de l’idée. Pour ma part, il s’éloigne beaucoup de mes goûts et je ne pourrais pas le porter mais j’avoue qu’il m’a intrigué dès que je l’ai senti et que je suis content d’avoir pu l’essayer.
J’espère que Poème Parfumé trouvera, dans les prochain mois, des adeptes. Je souhaite retrouver les jolis petits flacons avec leur cabochon en bois dans les parfumeries ou les concepts stores. Les prix sont corrects, les jus sont bien travaillés et le packaging d’une belle simplicité. Je suis très content d’avoir découvert cette maison et je voudrais remercier chaleureusement Youcef pour m’avoir permis d’essayer, vraiment confortablement, les compositions de la marque. Longue vie à Poème Parfumé ! Je découvrirai les nouveautés, lorsqu’il y en aura, avec beaucoup de plaisir et un peu d’impatience…