"Bleu Impérial", une deuxième réédition "historique" chez Cherigan
L’idée de relancer Cherigan, une très ancienne marque de parfums des années 20 n’est pas inédite mais il y a toujours une manière de le faire qui est différente. Pour ce projet, Luc et Sophie Gabriel, détenteurs de The Different Company fondée par Jean-Claude Ellena en 2000, ont, en 2021, lancé deux collections bien distinctes. La première est une ligne de parfums résolument contemporains, modernes et actuels, la seconde réédite des anciens parfums de la marque avec les contraintes actuelles. Tel a déjà été le cas, il y a deux ans de « Fleurs de Tabac », un ambré fleuri que j’ai déjà évoqué dans ma revue sur la marque. Il y a quelques jours, j’ai eu l’occasion de découvrir ce qui sera l’une des sorties de l’année 2023 en avant-première et qui appartiendra à cette collection. Il s’agit de la réédition de « Bleu Impérial » lancé en 1945, juste après la seconde guerre mondiale. Il s’agit d’un chypré floral très classique qui m’a bien plu. Je n’ai pas vraiment connaissance des notes encore mais je peux vous donner mon ressenti.
La construction est très typique de cette famille olfactive avec un départ de bergamote très doux et profond qui nous conduit sur un coeur floral, probablement jasmin et tubéreuse car j’ai trouvé qu’il y avait une facette vraiment très animale et persistante avec une curieuse note un peu amandée qu’il m’a semblé identifier et qui lui donne une certaine spécificité. Le fond est très classique, construit autour de l’association patchouli et mousse de chêne avec un côté un peu bois de santal ou muscs il me semble. Globalement, j’ai bien aimé cette découverte et il est évident que je pourrais tout à fait porter ce parfum mais, peut-être que dans le style, il existe des créations qui me conviennent mieux. Il n’en demeure pas moins que « Bleu Impérial », avec son côté vintage totalement assumé, viendra occuper une place qui a un peu disparu dans le paysage olfactif. J’imagine que cette réinterprétation est très proche de l’original comme l’était fleur de tabac.

J’ai été très content de découvrir ce chypre car, tout d’abord, c’est l’une de mes familles olfactives de prédilection et, il faut le dire, il pourrait en partie me convenir. Je le trouve très élégant et d’une grande complexité. Sur ma peau, une note un peu amandée et animale à la fois est très prépondérante. La tenue est incroyable. Je n’avais qu’une goutte sur ma main et j’en ai profité durant des heures. Je trouve l’idée de cette réédition excellente et peut-être que « Bleu Impérial » pourrait être un choix tout à fait cohérent pour qui cherche un grand chypré classique. Pour ma part, peut-être qu’il est un peu opulent pour moi. Je pense, sans l’avoir essayé autour de moi, qu’il doit être à la fois puissant et doté d’un sillage assez persistant. Il n’en reste pas moins que j’ai beaucoup aimé l’idée. « Bleu Impérial » sera un parfum pour amateurs et nez un peu « éduqués » si j’ose dire. Nous n’avons plus l’habitude de formules aussi complexes et sophistiquées.
Quatre créations de la maison Thameen que j'aime
« Thameen, qui signifie "précieux", a été inspiré par les bijoux et les parfums les plus enchanteurs du monde, et les contes hauts en couleurs derrière eux. Symboles du statut social, de la religion, de la richesse, de la beauté et de l'amour, le bijou et le parfum ont de tout temps entretenu une relation longue et étroite. Depuis les tribus anciennes jusqu'à la Haute Couture, ils ont tous deux été au centre de la civilisation… ». À l’instar de Ormonde Jayne ou de Welton, Thameen est l’une des grandes marques anglaises vendues chez Jovoy à Paris mais c’est à Genève, à la parfumerie Théodora que j’ai eu le premier contact avec cette marque vraiment luxueuse et qualitative. J’ai parlé ponctuellement de plusieurs parfums que j’aime particulièrement mais je n’avais jamais consacré de revue à la marque. Je ne saurais dire pourquoi. C’est une maison qui a été fondée en 2013 et, si elle est britannique, la plupart des parfumeurs qui ont composé les créations sont français. Je citerai Alexandra Carlin, Julia Rodriguez, Alexandre Illan, Pierre-Constantin Guéros et Philippine Courtière. Je vais donc vous emmener dans quatre créations qui me plaisent vraiment et j’espère que je vous donnerai l’envie d’y mettre votre nez.
Je vais me répéter dès le premier parfum car ma création préférée dans la marque est, depuis le début, « Green Pearl » et il me fallait l’inclure absolument dans la sélection. « Le 8ème parfum de la collection Treasure de Thameen, Green Pearl, est inspiré du «Yemengzhu», les légendaires «perles» chinoises de fluorite verte. Ce minéral naturellement phosphorescent qui brille littéralement dans l'obscurité se trouve uniquement en Chine et est le plus précieux au monde. Très prisé des Chinois car il suffirait de le toucher pour apporter santé, prospérité et bonne chance ! Aussi dure et plus rare que les diamants les plus fins, la plus grande perle verte mesure 1,6 mètre de diamètre et est évaluée à 3,1 milliards de dollars ! Green Pearl s'ouvre sur une note verte et mordante de pomme mise en lumière par d'éclatants accords d'agrumes de mandarine, de néroli et de bergamote. Au coeur, des feuilles vertes, souples et trempées de pluie dévoilent le thé vert et le vert amer d'Artemisia, encore animés par un saupoudrage de poivre. À la base, la fève de tonka lustrée se trouve au sommet de la mousse de chêne et de la lueur ambrée du musc. Green Pearl est une gemme olfactive vive infusée d'une incandescence verdoyante. Il est éminemment portable et coupera sans effort à travers la chaleur et l'humidité avec un éclat énergisant et purifiant ». Tout est un peu dit mais je vais quand même vous décrire mes impressions. Pour moi, « Green Pearl » est vraiment l’une des plus limpides, des plus simples sans jamais être simpliste des parfums que je connais. Il s’ouvre avec un mélange de bergamote, de mandarine, de néroli et de pomme puis le thé, le poivre noir et l’armoise en coeur viennent le corser mais tout en finesse et le fond, très mousse de chêne, lui confère quelque chose de naturaliste et il est adouci par la fève de tonka. J’aime énormément ce parfum qui, pour moi, est une vraie signature. Il est probable que j’y vienne un jour.
Je voulais choisir un autre parfum de la Treasure Collection et j’ai pas mal hésité puis j’ai fini par opter pour « Rivière » (qui existe également en brume pour cheveux) car je le trouve très emblématique de la marque. C’est un classique du genre avec un départ épicé de cannelle, de poivre noir et de safran qui reste très doux, un coeur de rose, d’oeillet, de patchouli et, curieusement, de sauge et un fond d’oud de cypriol et d’ambre. La marque le décrit ainsi : « Scintillant au sommet, des notes épicées de poivre noir Indien et de safran Persan se fondent mélodieusement dans la cannelle de Ceylan avec un accord lumineux de fleurs de citron. Cette ouverture éblouissante se faufile dans un cœur profond et facetté de sauge sclarée de Russie, de rose Turque et d'œillet, poli avec un patchouli chaud et bruni d'Indonésie. La base irisée d'ambre et de bois de oud, infusée d'un cypriol Indien doux et opulent, et d'un cuir trempé de soleil, enrichit ce bijou d'une lueur de résine sombre. Rivière transmet un éclat sophistiqué - sa simplicité élégante déguisant une construction méticuleuse. Un cours de maître olfactif pour les perfectionnistes du parfum ». C’est un oriental tranché, franc et particulièrement agréable à sentir. Il n’est jamais ni trop animal, ni trop agressif. Il est l’un des rares oud du marché que j’aime et que je pourrais sans doute porter. En tout cas, son succès est mérité n’en doutons pas. C’est une très belle création.
Économique, sans alcool, possible à porter pour les enfants, la Baby Collection compte, à ce jour deux parfums, « Sapphire » bien sûr mais aussi « Ruby » dont j’ai eu envie de parler car c’est un vrai coup de coeur. Il a été lancé en 2016 et la marque le décrit ainsi : « Conçus pour créer un réservoir de souvenirs pour à la fois les parents et les nourrissons, les parfums sont hypoallergéniques, doux pour la peau et utilisent les notes les plus légères, notamment la vanille (un ingrédient scientifiquement prouvé pour promouvoir de beaux rêves). Vaporisez directement sur la peau ou dans les cheveux après l'heure du bain. Ruby s'ouvre sur une combinaison apaisante de rose et de jasmin avec la douceur de l'héliotrope (amande douce). Le cœur est un mélange doux et beurré de pêches et de melon qui recouvre une base chaude et confortable de bois de santal et de mousse de chêne ». J’aime beaucoup cette création dont la tenue est certes limitée mais la composition de toute beauté. Il s’ouvre avec une envolée amandée d’héliotrope puis la pêche et le melon d’eau viennent comme un coeur fruité et frais absolument ravissant et le fond de santal et de mousse de chêne se fait inattendu. Je sais qu’il s’adresse plutôt aux jeunes enfants mais je pourrais tout à fait le porter et il a tout à fait sa place dans ma sélection. Je le trouve réjouissant et élégant à la fois. Ce n’est pas un parfum de sélection mais plutôt une « eau de confort » et j’aime vraiment beaucoup l’idée.
Lancé en 2016, « Regent Leather » dépasse quelque peu ma limite de prix mais il est le premier parfum que j’ai pu découvrir et qui m’a donné envie de connaitre la marque. Il est l’un des plus beaux cuirs que je connaisse et je me fais plaisir à chaque fois que je peux le sentir. « Regent Leather est un parfum de luxe de Thameen en association avec The Rolls Royce Enthusiasts Club. Traditionnellement, Thameen sélectionne une pierre précieuse rare comme source d'inspiration pour chacune de ses fragrances et il convenait donc pour ce projet de choisir celui qui est considéré comme le diamant le plus raffiné du monde - le diamant Regent. Dépassant les 300 ans d'existence, le diamant Regent de 141 carats est taillé en coussin et sa couleur est comme «la première eau», parfaitement blanche et pratiquement sans défaut. Le parfum respire le luxe et le privilège, s'ouvrant sur la juxtaposition audacieuse de douce vanille et de citron vif. Au cœur, le parfumeur a habilement évoqué un remarquable parfum de cuir qui rappelle l'intérieur de la Rolls Royce, un cocon d'artisanat qui enveloppera le porteur. Le ton parle de puissance et de volonté forte, soutenu par des épices et des résines, incluant un safran fin et un labdanum résineux profond. La base est brillante, une patine parfumée de gurjum élégant et intemporel, de cèdre et de patchouli ». Là encore, les parfumeurs ont étés plus qu’efficaces avec un départ de citron, un coeur de safran, de cardamome, de rose et de jasmin et fond sombre de cuir, de patchouli, de cèdre, de musc, de vanille et bien évidemment de labdanum. C’est un parfum très onéreux et je l’ai gardé pour la fin car il faut bien le dire, il n’est pas facilement accessible et il serait impossible de le porter tous les jours. Pour moi, c’est l’un des très beaux cuirs du marché. Il faut vraiment le connaitre.
Je voulais vraiment consacrer à Thameen une revue depuis longtemps car c’est une marque que je trouve très qualitative, parfois peut-être un peu trop onéreuse mais qui mérite vraiment le détour. En tout cas, j’ai aimé remettre mon nez dans ces créations et je trouve qu’il y a de très belles choses. J’attire une fois de plus votre attention sur la collection Baby qui peut parfaitement plaire aux adultes. Il faut aller découvrir Thameen absolument !
Mes parfums préférés : "Tonka 25"
Globalement, j’aime beaucoup les créations des parfumeurs pour Le Labo or le flacon est un peu onéreux et il ne fallait pas que je me trompe dans mon choix. J’ai beaucoup hésité et il m’a fallu pas mal essayer avant de me décider pour « Tonka 25 » mais je ne le regrette absolument pas car je le porte beaucoup et que j’aime cette création qui n’est pas du tout là où je l’attendais. Inventé par Daphné Bugey en 2018, c’est une fragrance hors-norme, très originale et pas du tout un travail classique, poudré et oriental autour de la fève tonka. Là, avec les 25 autres notes principales, elle est travaillée d’une manière à la fois boisée et surtout cuirée. La marque ne communique pas du tout sur les notes et encore moins la pyramide olfactive imaginée par la parfumeure mais il me semble sentir un peu la vanille et beaucoup une note cuirée un peu fumée très surprenante. Certes, le côté un peu gourmand de la fève tonka est présent mais il est parfaitement contrebalancé par des notes sèches et légèrement boisées, peut-être du cèdre et de la vanille. À un certain moment, il me semble vraiment sentir aussi de la fleur d’oranger ou du néroli et, au fond, une facette très styrax. Je pense ne pas être tombé trop loin.
Daphné Bugey
La marque décrit ainsi la création : « Un parfum sombre et addictif avec des notes boisées et une pointe subtile de sucrée. Il évoque l'odeur de la peau chaude et du bois résineux. Celui-ci est sombre. Une obscurité chaude et addictive, comme si les sous-bois d'été humides, leurs graines et leurs résines étaient saupoudrés de couches de muscs et sucrés avec des gouttes de vanille. Les notes du parfumeur disent absolu de fleur d'oranger, cèdre de l'Atlas, résines de styrax, tonka et muscs... Nous disons Tonka 25 ». En le re-sentant sur ma peau, je sens très clairement le styrax en toute fin d’évolution et je crois que c’est une note que j’aime vraiment beaucoup. Avec « Tonka 25 », Daphné Bugey a vraiment inventé un parfum à la fois sophistiqué, élégant et inattendu. Pour ma part, je le trouve vraiment très artistique et également terriblement artistique. En deux mots, je ne regrette pas du tout mon choix et je porte cette création avec un vrai plaisir. De plus, et ça ne nuit pas même si ce n’est, pour moi, pas essentiel, il tient très bien sans être trop opulent. C’est un merveilleux parfum vraiment.
Deux découvertes rares chez Memo
Chez Memo, rue Cambon, outre les nouveautés, j’ai pu découvrir des parfums exclusivités boutique que je ne connaissais pas. J’en ai sélectionné deux qui m’ont été conseillés par la vendeuse qui nous a remarquablement bien reçu et a su nous faire partager ses goûts. Je suis parfois un peu hermétique à la marque et je dois dire que je trouve toujours bien d’être un peu initié. J’ai retenu deux fragrances que j’ai pu découvrir dont une qui m’a vraiment plu et qui fait partie de la Flying Collection que je ne connaissais absolument pas.
Le premier parfum dont j’avais envie de parler fait partie de la collection Les Graines Vagabondes mais il est, à ce jour, une exclusivité boutique. Il s’agit de « Kotor » lancé cette année, en 2022. La marque ne communique pas sur le parfumeur et je trouve, une fois de plus que c’est dommage. « L’arrivée à Kotor se donne comme un secret. Elle apparaît, plus magique encore, la nuit venue, ses remparts illuminés. Un halo doré d’essence de miel, de bois d’ambre, de noisette, de safran, de caramel et de vanille de Madagascar se reflète alors dans la baie ». Sur le papier, le départ de noisette miellée et de thym, le coeur de clou de girofle, de rose, de jasmin et le fond de cèdre, de patchouli et de muscs aurait du me plaire mais je dois dire que l’omniprésence des bois ambrés me gênent un peu. « Kotor » a vraiment un côté ultra boisé et noisette qui sort un peu trop de mes goûts. Attention, je ne dis pas que ce n’est pas un beau parfum mais simplement qu’il ne me correspond pas vraiment. Il est, en revanche, très facile à porter et je pense qu’il peut remporter un très grand succès. Je ne sais pas s’il restera une exclu boutique mais en tout cas, il mérite que les amateurs de boisés aillent y mettre leur nez.
Créé en 2019 pour la Flying Collection par Sophie Labbé, il en est tout autrement de « London Tweed » que j’ai vraiment beaucoup aimé. « Survoler Londres la majestueuse, du palais de Buckingham jusqu'au monument commémoratif Victoria couronné d'un bronze doré, le Victory Winged, qui s’élève fièrement. Libre. Londres, l’endroit parfait pour exprimer sa facette souveraine, pour se sentir spécial. Royal ». J’ai rarement aimé autant un parfum Memo il faut le dire. Je trouve que la jeune vendeuse a eu tout à fait raison de m’entraîner vers « London Tweed » car il correspond vraiment à mes goûts. Il est super élégant avec une ouverture bergamote très simple, un coeur épicé et un fond légèrement résineux et boisé. Le mot qui me vient lorsque je le sens sur mon poignet est « chic » ce qui contraste quand même pas mal avec le côté très bling-bling du flacon. Je dois dire aussi que j’ai été un peu bloqué par le prix de cette collection privée puisqu’il est de 295 euros pour 75 ml. Je ne suis pas certain que mon désir soit suffisant pour que je passe ce cap. Il n’en demeure pas moins que « London Tweed » est, à ce jour, sans doute l’un des Memo que je préfère en tout cas, je suis content de pouvoir l’essayer car il me plait énormément.
Je ne connais pas tous les parfums de la marque et notamment de la Flying Collection mais je dois dire que j’aime passer à la boutique de la rue Cambon car je trouve que l’accueil y est tout en simplicité et en bienveillance. Les jeunes vendeuses sont compétentes, agréables et elles aiment partager. Le côté un peu chichiteux de la boutique est vite gommé par un accueil humain et fort agréable. Je retournerai sans doute faire des découvertes lors d’un prochain passage à Paris.
L'Hommage à la rose de Jo Malone
C’est désormais devenu une habitude chez Jo Malone, une collection éphémère de « trois roses » sort chaque année. 2023 sera sous le signe de la réédition. Cette année, la série s’appellera tout simplement « Hommage à la rose » et elle remet en avant l’iconique de la marque « Red Roses » et voit revenir « Rose Blush », dont j’ai déjà eu l’occasion de parler deux fois depuis sa sortie mais sur lequel je vais revenir et, également « Rose Water & Vanilla » dont il me semble me souvenir mais qui était sorti il y a déjà pas mal de temps. L’avènement de cette collection est l’occasion pour moi de revenir sur la reine des fleurs et le travail fait autour chez Jo Malone. À savoir que l’édition limitée consiste en trois flacons de 50 ml et une bougie avec la senteur « Rose Blush ».
Je vais bien évidemment commencer cette revue avec « Red Roses » qui fait partie de la collection classique et dont, je crois, je n’ai jamais parlé. Il faut dire que, jusqu’alors, je l’avais essayé un peu superficiellement. « L’essence du romantisme moderne. Avec ses feuilles de violette et son zeste de citron, cette fragrance s’ouvre comme un bouquet de roses de jardin fraîchement cueillies ». Créé en 2001 par Lucien Piquet et Patricia Bilodeau, ce parfum est tout de même vraiment une réussite à côté de laquelle j’étais passé. Le départ est vif et très citronné interpelle mon nez et me conduit sur ce coeur de rose de Bulgarie associée à d’autres variétés qui donnent un bouquet vraiment très facetté et d’une opulence « juste comme il faut » puis le parfum se pose sur un fond de miel et de cire d’abeille qui arrondit légèrement la fragrance. Beaucoup plus sophistiqué que ne le laisse espérer son nom, « Red Roses » est vraiment un parfum qui se suffit à lui-même mais, comme j’ai envie de le faire maintenant, je pourrais tenter de l’associer avec « Grapefruit » qui lui apporterait une petite note pimentée et amère qui pourrait la mettre en valeur. J’ai redécouvert cette création avec un certain plaisir. Je la trouve délicate et, en même temps, bien présente sur la peau. Je dois dire que « Red Roses » me plait bien.
« De délicats pétales de rose en suspension dans une délicieuse gelée. Le charme de ces pétales rosés rougissants est inspiré d'une gourmandise prisée, préparée pour la grande fête de l'été britannique. Le basilic vibrant et la note juteuse de litchi apportent une touche moderne à ce doux parfum floral, enveloppé de musc blanc ». « Rose Blush » a été lancé pour la première fois en 2021dans la Brit Collection des marmelades et a été créée par Nicolas Bonneville, un parfumeur dont j’aime beaucoup le travail. Il était aussi présent dans la collection éphémère des roses l’an dernier en 2022 et le voilà qui revient. C’est une très belle création qui ravira les amateurs de la reine des fleurs et les parfums très contemporains. Elle s’ouvre avec des notes florales et aromatiques de basilic grand vert puis c’est la rose, franche, facettée et miellée qui vient prendre tout le coeur et se poser sur les muscs blancs qui, en fond, lui donnent un côté un peu poudré. À mi-chemin entre un traitement cosmétique et oriental, ce parfum est peut-être celui qui me plait le moins dans ces rééditions car je lui trouve quelque chose d’un peu convenu. Peut-être que, tout simplement, je m’y suis habitué et qu’il ne me surprend plus. On peut bien évidemment le porter tout seul mais si je devais l’adopter, il me semble que je l’associerai avec une autre création et il me semble que j’opterais pour « English Pear & Freesia » que je n’aime pas trop tout seul mais qui s’associe vraiment très bien avec les roses.
Créé par Christine Nagel, « Rose Water & Vanilla » complète cette collection éphémère. Lancé en 2010, il me semble qu’il a fait partie d’une collection à part mais je ne me souviens plus très bien. Pour moi, retrouver ce parfum que j’avais presque oublié est une surprise. Le départ d’eau de rose et de néroli est presque un peu frais mais, très vite, le coeur, construit autour d’un accord de loukoum à la rose et de fève de cacao vient prendre toute la place et donne une dimension gourmande à la fragrance puis elle se fait ronde et opulente avec un fond clairement vanillé. Vous l’aurez compris, ce parfum est à la frontière entre un floral, un gourmand assumé (et pour une fois fort bien réalisé) et un oriental. La marque le décrit ainsi : « Un délice gourmand à la rose à partager et savourer. L’eau de rose et la vanille réconfortante sont enrichies d’une délicieuse note de loukoum. Onctueux et addictif ». Sur le papier « Rose Water & Vanilla » a tout pour me déplaire et pourtant, je lui trouve une très belle évolution. Je l’avais complètement oublié et et finalement, il s’est rappelé à mon bon souvenir. J’avais peur d’un parfum sucré et girly genre mainstream mais, finalement, dans son évolution, il se révèle beaucoup plus androgyne que ce à quoi je m’attendais. Je ne pourrais sans doute pas le porter seul mais il me semble que superposé avec « Orange Bitters » par exemple, il pourrait se faire complexe et très joli. Si je devais le porter, je le superposerai avec un hespéridé sans hésiter. Je pense que tous ceux de la marque peuvent faire l’affaire.
Bien sûr, j’aurais préféré une nouveauté dans la collection permanente de la marque mais j’ai été content de redécouvrir ce bouquet de rose ma foi bien agréable et varié. J’ai vraiment aimé remettre mon nez dans « Red Roses » que je vois à chaque fois que je passe à la boutique et que je trouve moderne et très bien construit. Je pense qu’il fait partie des très belles roses du marché. Les deux autres, moins solinotes, sont également très intéressants et à découvrir ou redécouvrir.
Atelier des Fleurs, la collection privée de Chloé
Je ne suis généralement pas très fan des collections privées de marques de luxe mais il y a quelques exceptions. Je trouve que L’Atelier des Fleurs de Chloé regroupe, sinon des jus originaux, au moins de très jolis floraux. J’en ai déjà évoqué un ou deux au fil de mes articles mais je n’avais pas encore fait de revue. J’ai donc, lors de mon dernier séjour à Paris, remis mon nez dans la totalité de la collection et j’en ai retenu quatre qui me plaisent particulièrement afin de vous en parler.
J’ai eu envie, pour le premier parfum, de découvrir « Tuberosa 1974 » pour deux raisons. Tout d’abord parce que je me suis découvert un intérêt pour la tubéreuse et ensuite parce que, dans son nom, il y a mon année de naissance. « Cette Eau de Parfum réinterprète la première fragrance de la Maison, créée sous l’égide de Karl Lagerfeld en 1974. La tubéreuse y déploie des facettes veloutées, crémeuses et légèrement miellées. Des notes douces et féminines qui capturent une élégance libre et spontanée chère à Chloé ». Il s’agit-là d’une tubéreuse mariée à des épices profondes et diverses. J’aime beaucoup ce parfum. Je le trouve à la fois très élégant et particulièrement bien réalisé. La marque ne communique pas sur le parfumeur qui l’a créé en 2020 et c’est dommage car vraiment c’est une très belle interprétation de la tubéreuse.
Créé en 2021 par Serge de Olivera, « Ylang Canaga » est un fleuri très épuré et solaire à la manière de cette fleur exotique qui me plait tellement en général. Je trouve que l’interprétation est très naturaliste. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « L’île de Nosy Be, à Madagascar, recèle un trésor : des champs d’Ylang Ylang à perte de vue, dont le parfumeur Serge de Oliveira garde un souvenir particulièrement vif. Les cueilleuses y récoltent les fleurs à la main, une par une, et les déposent dans des paniers, dont émane une senteur solaire et veloutée qui a inspiré cette Eau de Parfum ». J’aime beaucoup le côté à la fois huile essentielle et exotique de cette création originale. Je trouve que les interprétations de l’ylang-ylang sont infinies. « Ylang Canaga » en donne une version très légère comme une petite pluie parfumée qui invite à un voyage à l’autre bout du monde. Ce parfum, très réaliste, est, pour moi, un coup de coeur.
C’est Alexis Dadier qui a donné une interprétation florale du « Papyrus » en 2020. Je dois dire que j’aime beaucoup l’idée car je la trouve vraiment inédite. « Inspiré par un voyage en Egypte et le souvenir d’une feuille hiéroglyphée que lui avaient offert ses grands-parents quand il était enfant, Alexis Dadier a voulu retranscrire dans cette Eau de Parfum l’opposition surprenante entre l’apparente fraîcheur du papyrus et son odeur boisée presque fumée ». « Papyrus » est le parfum le moins « floral » si j’ose dire même si les notes vertes du départ, qui se font un peu plus fumées au cours de l’évolution donnent le ton. À la vaporisation, l’impression d’entrer chez un fleuriste m’a saisi. Le développement est vraiment plus complexe et très intéressant. Je pourrais tout à fait porter ce parfum malgré quelques notes boisées qui pourraient me gêner de prime abord.
« Cette Eau de Parfum révèle l’odeur miellée délicate du Narcisse, première fleur dont la parfumeuse Philippine Courtière soit tombée amoureuse. Enfant, elle se promenait avec sa grand-mère dans les allées du jardin du Luxembourg, où elle cueillait cette fleur de printemps pour en confectionner de petits bouquets ». Lancé en 2021, cette création de Philippine Courtière est une interprétation bien différente des narcisses que je connais. Ici pas de facette cuir mais simplement un côté très floral, un peu sec et terriblement élégant. La parfumeure a vraiment su représenter ce qu’est la fleur de narcisse dans la nature avec un côté presque suave que je ne lui connaissais pas. Je trouve que « Narcissus Poeticus » porte très bien son nom. C’est mon coup de coeur absolu dans la collection. En tout cas, il me plait et je pourrais tout à fait le porter.
Je pense que les amoureux des fleuris trouveront le leur dans Atelier des Fleurs. Comme je le disais en introduction, chaque parfumeur a interprété une fleur en solinote d’une manière soit un peu originale soit complètement naturaliste et réaliste. Je trouve la collection vraiment très agréable et les flacons sont beaux. En outre, le prix est raisonnable. Que demander de plus ?
Les trois nouveautés de 2022 de la maison J.U.S.
Il me semble qu’il y avait plus d’un an que des nouveautés de la maison J.U.S. n’avaient pas été lancées. Cette année, elles sont au nombre de trois. La marque fondée en 2018 compte désormais, dans ses collections, 15 parfums créés par Aurelien Guichard, Pierre-Constantin Guéros, Alexandra Carlin, Alienor Massenet, Fabrice Pellegrin, Marine Ipert, Celine Ellena et Alexis Dadier. J’ai eu l’occasion de découvrir les trois nouveautés au Printemps Haussmann sur le stand et je vais tenter de vous donner mes impressions « à chaud » si on peut dire. J’aime bien l’esprit de la marque et je crois que ces créations s’inscrivent tout à fait dedans.
La première nouveauté que j’ai pu découvrir a été créée par Pierre-Constantin Guéros et a pour nom « Andaluiza ». Elle est présentée dans un flacon écarlate métallisé. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Andaluiza est un jardin enraciné et étonnant, vivant et vibrant. Les associations y sont audacieuses, les rencontres inattendues. Les accords fruités et généreux sont d’emblée twistés par le zeste vigoureux d’une essence de mandarine de Madagascar. Puis la chaleur s’installe peu à peu jusqu’à devenir intense : les fleurs de ciste délivrent toute la force de leurs notes ambrées, l’essence de cèdre de l’Atlas témoigne de la force d’un bois sec et puissant, capable de résister au temps. Cette incandescence est adoucie, cette intensité est polie par l’ambre gris et le vétiver ». Si j’ai trouvé la création très originale avec son départ de mandarine et de grenade, son coeur cuiré de ciste et son fond de bois ambrés avec des touches lactées et poudrées par la fève tonka et les muscs, je ne peux pas dire que j’ai complètement adhéré. J’aime beaucoup l’envolée et l’évolution jusque aux notes de coeur mais je dois bien admettre que je ne suis pas séduit par ce fond que j’ai trouvé commun à pas mal de parfums. Il ne me correspond finalement pas bien mais il n’empêche qu’il en ressort une certaine singularité. Je n’y suis pas très sensible c’est tout.
Créé par Alexis Dadier, « Spritzlove » s’inspire clairement de ce cocktail qui est devenue un peu, pour nous tous, une habitude à l’apéritif car, entre douceur et amertume, il nous est souvent très agréable. Le parfumeur explique : « Spritzlove est un hommage au rituel d'amitié que je partage avec Brigitte, co-fondatrice de J.U.S. Ces moments d'échanges que l'on a si souvent sont toujours accompagnés d'un Spritz… » et je crois que j’avais bien compris son idée. Le parfum est dense avec un départ doux amer de bigarade et de petit grain, un coeur de safran et de vétiver et un fond oud. La marque le décrit ainsi : « Spritzlove offre un contraste clair-obscur. D’un côté, les accords pétillants et lumineux de ce cocktail Vénitien ancre la création dans une joie contagieuse. De l’autre, les notes fumées et précieuses du bois de Oud apportent une densité et une texture enveloppante et sombre. Tout s’unifie avec la sensualité d’une rose mêlée au vétiver et d’un accord doré de safran et d’absolu ciste ». Sans me surprendre plus que ça, je dois dire que j’aime bien ce parfum et que le côté orange amère qui reste présent durant toute l’évolution, même quand la fragrance se fait fumée, boisée et un peu animale, elle fonctionne sur ma peau sans aucun problème. Malheureusement, là encore, je n’ai pas le coup de coeur. Je ne peux que dire que c’est un très beau parfum que j’aurais plaisir à sentir sur quelqu’un d’autre.
Marine Ipert a créé le troisième parfum et elle en explique l’inspiration : « Spicydelice est un hommage à ma grand-mère venue d’Algérie, qui a su me transmettre à travers sa cuisine généreusement épicée toute la richesse de mes origines » et la marque de rajouter : « Farandole opulente et colorée, Spicydelice se révèle diablement irrésistible. La création s’ouvre sur un voluptueux et riche bouquet d’épices : cardamome, gingembre, baies roses, poivre, noix de muscade, cannelle et clou de girofle virevoltent, se répondent, s’unissent. La facette florale et liquoreuse de la davana, autant masculine que féminine, apporte un éclat lumineux à cette danse enjouée. Les bois de vétiver, de patchouli et de santal, se mêlent à la vanille absolu, chaude et suave, et donnent à la création toute sa voluptuosité » et je dois dire que, là, j’adhère complètement. J’aime cette avalanche d’épices. Jugez plutôt, le parfum s’ouvre sur des notes de cardamome, de gingembre et de poivre rose puis vient un coeur de clou de girofle, de noix de muscade et de cannelle et un fond de vanille très naturel. Ce parfum a tout ce que j’aime. Sur ma peau, il est énergisant, sans excès, très joli et très agréable à porter. Que demander de plus. Il est mon coup de coeur dans cette trilogie. Il me plait vraiment beaucoup et je pourrais tout à fait me l’approprier.
J’ai bien aimé ces trois nouveautés même si je pense que, pour ce qui est de J.U.S., aucune n’a détrôné mon favoris, « Springpop » que je finirai par porter c’est certain. J’aime la marque, je la trouve vraiment intéressante tant olfactivement qu’esthétiquement. Je trouve dommage qu’elle n’ait pas plus de points de vente en province car, vraiment, je la trouve intéressante. Ces trois nouveautés sont bien dans l’esprit atypique et pop de la maison aussi je vous engage, si vous croisez sa route, d’aller découvrir cette très jolie maison française.
Ormonde Jayne, une maison anglaise pas comme les autres
Je crois que j’ai vraiment un coup de coeur pour Ormonde Jayne depuis que je porte « Osmanthus ». À chaque fois que j’en ai l’occasion, j’essaye de nouveaux parfums des quatre collections de la marque. Je ne connais pas tout mais j’en ai testé bien assez pour en sélectionner quatre dont j’ai envie de parler. C’est une maison anglaise, très contemporaine et très qualitative qui se définit par ces mots : « La philosophie Ormonde Jayne se base sur la recherche du vrai luxe, c’est-à-dire de la qualité, de la beauté et de l'élégance. Ses fragrances sont unies par un principe extrêmement simple - parfums extraordinairement uniques créés avec des huiles essentielles exclusives jamais utilisées par des maîtres parfumeur. Les huiles essentielles pures et rares sont associées à des extraits botaniques sélectionnés afin d’assurer la qualité des ingrédients. C'est Linda (Pilkington), la créatrice, qui les recherche directement chez différents fournisseurs dans le monde entier, du Maroc à Madagascar, en choisissant les plus rares et intensément parfumées. Ormonde Jayne aime revivre l'âge d'or de la parfumerie, la période élégante pendant laquelle la création de parfums était un art raffiné et exclusif, quand les huiles essentielles étaient laissées au repos pendant des mois avant d'être filtrées et laissées en macération à nouveau avant d'être embouteillées. Les huiles essentielles des parfums Ormonde Jayne sont préparées artisanalement et laissées en macération dans le style de travail classique dans le laboratoire à Londres ». Il en résulte des créations belles, basées sur des matières premières d’une qualité exceptionnelle et dont j’ai vraiment envie de parler. La gamme est étendue et je vais essayer de ne me laisser guider que par mes émotions pour ne pas trop m’éparpiller. Je vous emmène donc à travers les quatre créations d’Ormonde Jayne qui, à ce jour, me touchent le plus.
Linda Pilkington
Je ne pouvais absolument pas ne pas commencer par « le mien ». J’ai nommé « Osmanthus », créé par Geza Schoen en 2006 pour la collection Signature. La marque le décrit ainsi : « Une petite fleur blanche originaire de la Chine. Osmanthus est un parfum frais, parfait pour l’été. Comme un jour de printemps délicieusement mordant passé sans soucis, Osmanthus est un parfum intense et frais. Ce bouquet parfait, créé en 2006, avec les notes d'agrumes du pomelo et de piment, s’ouvre sur un cœur d‘Osmanthus absolue, de nénuphar et de jasmin Sambac. Le tout sur un lit d'herbes douces d'Egypte. Avec son caractère mordant cette fragrance est idéale pour éclairer les chaudes journées d’été́ ». Après une envolée très tranchée de pomelo rehaussé de piment et d’armoise, la facette la plus abricotée de l’osmanthus associé à des notes de jasmin et de nénuphar constituent un coeur très élégant, à l’anglaise mais ce n’est pas fini. Le parfum se corse, il se fait cuiré et une autre facette de la petite fleur chinoise fait son apparition en s’associant au ciste, au vétiver et au bois de cèdre. Le parfum devient dense, prenant, d’un chic raffiné qui rappelle les dandys et les ladies des salons littéraires londonniens. Je ne sais pas pourquoi, ce parfum me rappelle « Howard’s End », le roman de Forsters. J’avais pré-sélectionné ce parfum sur le site de Jovoy avant un séjour à Paris et je suis allé l’essayer. Le coup de coeur a été immédiat et j’ai adoré le porter. Depuis, je l’ai adopté et je ne le regrette pas. Je peux le porter été comme hiver tant ses facettes sont multiples.
« La rose issue des champs de Qasmar possède une odeur divine. Elle est récoltée au printemps avant l’aube pour garantir sa fraicheur et ses préserver tous ses arômes. A cette odeur exquise ont été associés des goutes de cassis, une touche de litchi, de la prune et du patchouli, pour une création définition même de la perfection et de la finesse ». Dans la collection La Route de la Soie, « Indus », composé par Linda Pilkington est peut-être mon préféré et j’en suis le premier surpris car je n’aime généralement pas les floraux fruités mais celui-ci est vraiment l’un des plus réussi qu’il m’ait été donné de sentir avec son ouverture de litchi et cassis acidulé et rehaussé de noix de muscade, son coeur de rose très floral et son fond de prune et de patchouli. Construit comme un chypre, « Indus » est vraiment un parfum dans lequel les notes s’harmonisent avec une facilité déconcertante. Sur ma peau, il n’est pas forcément d’une élégance discrète à l’anglaise. Je le trouve plutôt exotique et dépaysant. Si je devais le rapprocher d’un cliché britannique, il serait un thé pris face à la mer d’une plage de Cornouailles ou sur une petite île pas très loin du rivage. J’aime beaucoup le côté satiné qu’il révèle à ma peau lorsque j’ai eu l’occasion de l’essayer. Je pense qu’il m’avait été conseillé et c’était judicieux car je pourrais parfaitement le porter.
Lorsque Linda Pilkington décrit son inspiration pour Montabaco Verano » qu’elle a créé en 2020 pour la collection The Four Corners of the Earth, elle emploie ces mots : « Montabaco Verano me ramène aux nuits chaudes et douces, aux mers azur, aux plages dorées et aux palmiers, aux lieux de bonheur et de romance ». Il est l’un des derniers que j’ai pu sentir et il me semble comme un cocktail pris dans une soirée de vacances. Après une envolée de baies de genièvre enrichie de bergamote, d’orange, de sauge, de cardamome et de pamplemousse, le coeur de magnolia et de thé se poudre un peu de rose et de violette et on retrouve le côté un peu suranné de l’élégance à la britannique puis le fond, comme souvent chez Ormonde Jayne, vient nous surprendre. Sur la touche, le cashmeran prend le pas mais sur ma peau, c’est la dualité entre l’ambre gris et la fève de tonka rehaussé d’une pointe de tabac blond qui se développe. « Montabaco Verano » est vraiment très complexe, très évolutif et je n’ai pas réussi encore à en faire le tour pour avoir vraiment une idée précise de ce qu’il m’évoque. Je dois bien le dire. Il est beau, très élégant mais un peu subversif, et provocant. Je lui trouve quelque chose de vraiment sensuel qui contraste avec le côté aquatique et poudré du coeur. Je ne saurais dire si je pourrais le porter ou non mais il est intrigant et mérite vraiment d’être découvert.
Créé oar Geza Schoen pour la collection Siganture en 2003, « Frangipani » est vraiment emblématique de la maison Ormonde Jayne et, s’il n’est pas mon préféré, je le trouve vraiment très significatif du style de la maison. Il est l’exemple même du style anglais un peu suranné mais avec un twist vraiment contemporain. Après l’envolée très classique de tilleul et de citron vert, le côté très solaire et exotique de la fleur de frangipanier associée à la prune, la tubéreuse, la rose et le nénuphar constituent un coeur éclatant et très élégant tout en gardant un côté un peu exotique. Le fond de muscs blancs, de cèdre et de vanille vient simplement soutenir et arrondir la fragrance décrite ainsi : « La reine des fleurs tropicales, avec un arôme vert, fruité et de talc. Présenté en 2003, charmant et élégant, Frangipani est le parfum exotique de la collection Ormonde Jayne. À partir d'une note de citron vert, cette fragrance montre son cœur floral de frangipanier, jasmin et orchidée. Avec ses grandes et élégantes pétales colorés, le frangipanier est la reine de toutes fleurs tropicales à laquelle Linda Pilkington a voulu rendre hommage en créant un parfum inoubliable tout en délicatesse ». La fondatrice de la marque a vraiment joué son rôle de directrice artistique comme pour « Osmanthus » et, bien qu’elle n’ait pas signé non plus « Frangipani », je reconnais son style derrière le talent du parfumeur avec lequel elle a travaillé. C’est un très beau parfum, très lumineux et réjouissant. Je ne dis pas que je ne pourrais pas le porter mais il faut bien dire que je suis encore plus en phase avec « Osmanthus » ou « Indus ».
Nous n’avons pas, en France, accès à toutes les créations de la marque mais celles que j’ai pu découvrir me donnent une idée très nette de l’esprit élégant, qualitatif et presque poétique que Linda Pilkgington a réussi à impulser depuis toutes ces années. En tout cas, je suis un grand amateur de la marque et je pense qu’Ormonde Jayne est loin de m’avoir livré tous ses secrets.
Les nouveautés envoyées par Fabien
Je suis très souvent en contact avec Fabien de la boutique Yuuminoki et, de temps en temps, il me fait découvrir des parfums qu’il distribue. C’est ainsi que j’ai reçu, il y a quelques jours, les doses d’essai de deux nouveautés que j’avais envie de découvrir. Comme toujours, sa sélection est singulière et j’ai pris beaucoup de plaisir à essayer ces deux parfums hors-norme. Je vais tenter de vous donner mes impressions de mon mieux.
Le tout premier parfum s’appelle tout simplement « 10 » créé par Antonio Gardoni pour la marque italienne Bogue Profumo. Je dois dire qu’il m’a complètement dérouté. Tout d’abord, il s’agit d’une création qui démarre comme une fougère en concentration eau de toilette, ce qui contraste assez avec ce que j’avais déjà découvert dans la marque. C’est une fragrance d’une grande complexité avec une multitude de notes sur laquelle la marque ne communique pas du tout et je dois dire que je n’ai pu en identifier qu’une ou deux telles la lavande, l’immortelle ou le styrax. Le parfum s’ouvre sur des notes très aromatiques pour se poursuivre sur un coeur presque térébenthine et figue complètement singulier et un fond dans lequel je sens, c’est vrai, une note d’immortelle et peut-être de myrrhe mais je ne l’affirmerai pas. Je trouve cette création plus facile à porter que celles que je connaissais dans la marque. La dilution, plus importante, permet à plus de facettes de s’exprimer pleinement et, en dépit d’une note inconnue qui me surprend, son développement sur ma peau est vraiment très intéressant. Je le porte en écrivant et, maintenant, je sens clairement la note de figue mais elle n’est pas travaillée de manière crémeuse ou lactée. Je la sens plus comme verte et même un peu sèche. Il n’est jamais facile de parler d’un parfum sur lequel on n’a que peu d’information mais l’exercice est passionnant. Je trouve que « 10 » est intéressant et je crois que je pourrais le porter.
Avec « Shangri-La », une réédition d'un parfum de 2014, nous plongeons dans l’univers 100% naturel d’Hiram Green. Sa construction est presque chyprée et un peu orientale avec une facette vraiment épicée. Il m’entraîne manifestement dans le sillage des princes indiens sur une route d’épices et de fleurs précieuses. Après une envolée de citron, d’orange et de bergamote, le coeur de pêche est entouré de notes de jasmin, d’iris, de rose et rehaussé de cannelle et d’autres épices puis arrive un fond de vétiver et de mousse de chêne. Je sens aussi une note ronde, un peu comme ambrée qui réchauffe la fragrance. Hiram Green la décrit ainsi : « Shangri La est un parfum lumineux et aéré au caractère luxuriant et exotique. Le parfum s'ouvre sur une vive explosion de citron, d'orange et de bergamote, suivie d'un riche bouquet de pêche, de jasmin, d'iris, de rose, de cannelle et d'épices chaudes. Ce cœur opulent est ancré par une base terreuse de vétiver et de mousse de chêne ». En règle générale, je ne suis pas très amateur de la signature de ce parfumeur mais je dois bien admettre que, cette fois, il fait un peu plus mouche et se rapproche de mes goûts. Je trouve que les épices apportent un twist très agréable et originale au classicisme de la construction du parfum. Hiram Green explore, avec « Shangri-La », un univers que je ne lui connaissais pas et je trouve qu’il y réussit très bien. Je ne sais pas si je pourrais porter ce parfum car il me semble très opulent mais j’aime bien son évolution sur ma peau.
Comme d’habitude, la sélection de Fabien me bouscule et me fait entrer dans des univers parfumés que je n’explorerai pas forcément de moi-même. Je dois dire que j’ai été très content de porter ces deux créations très originales le temps d’un essai. Je ne suis pas certain que « 10 » soit pour moi mais il est vraiment très bien imaginé et d’une grande singularité quant à « Shangri-La », je dois bien admettre que je le trouve plutôt addictif même s’il revêt parfois des facettes très rondes qui m’éloignent de mes goûts habituels. Je pense, toutefois, que je pourrais le porter car il a ce petit côté oriental et exotique qui me titille facilement.
Maison Incens, une marque coup de foudre
Je pense que, lorsque nous étions chez Sens Unique, nous sommes tous tombés d’accord sur le fait que Maison Incens était un véritable coup de coeur. J’en profite pour faire un petit clin d’oeil à Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures car nous avons découvert une bonne partie de la marque ensemble. Il y avait longtemps que je n’avais pas eu un tel coup de coeur pour une maison de parfum dans son ensemble et même si je n’ai pas tout senti, j’ai aimé tout ce que j’ai découvert et je dois dire que, lorsque j’essaye les échantillons qui m’ont étés offerts, je confirme mon impression. Contrairement à ce que j’aurais pu croire, il s’agit d’une maison française et, dans laquelle l’encens n’est pas récurrent. J’ai choisi quatre parfums pour illustrer mon propos et mon « crush » mais j’ai eu du mal tant tout ce que j’ai pu découvrir m’a plu. Je suis enthousiaste et je me dis que, finalement, même si je sens beaucoup de parfums, je ne suis jamais blasé. Allez, je vous emmène dans cet univers parfumé élégant, original et très addictif.
Je commencerai donc par « Musc Kalirii » créé en 2014 par Jean-Claude Gigodot pour la Black Opus Collection et dont l’originalité me ravit. C’est un parfum délicatement extravagant, inédit et qui ne ressemble absolument à rien de ce que j’ai pu sentir jusque-là. Après une envolée de bergamote et de fleur d’oranger, le coeur de jasmin et de rose s’enrichit d’un fond de cuir, de vanille, de santal et de muscs. Le parfum est intense, un peu vert, différent de ce à quoi je m’attendais. La marque le décrit ainsi : « Musc Kalirii, un musc impérial, est un parfum de puissance. Des notes vibrantes de bergamote, de fleur d'oranger et de jasmin se mélangent à des notes intenses et profondes de musc, de vanille et de bois de santal pour créer un parfum charismatique, envoûtant, audacieux et impitoyable comme le coup d'épée d'un roi ». Voilà un vrai parfum de niche au beau, au bon sens du terme. Il est à la fois extrêmement audacieux et tout à fait facile à porter. Je sens un petit côté un peu métallique qui n’est pas pour me déplaire mais, au cours de son évolution, le parfum se reprend, se réinvente et forme un cocon rafraîchi par la fleur d’oranger. S’il n’est pas mon préféré parmi mes essais, je l’aime vraiment beaucoup quand même pour son côté artistique et un peu insaisissable.
Après cette année 2022, je vais finir par me dire que j’aime la note de figue ! Lancé en 2014 et créé par Irina Zhurikhina-Nesa et Jean-Claude Gigodot, « Figue Eleii », toujours dans la Black Opus Collection, est un vrai coup de coeur. Il est complètement inédit. Encore une fois, je n’avais jamais senti la note de figue travaillée comme ça. « Le vert vif et apaisant d’un figuier sous l’ombre naissante d’un coucher de soleil majestueux. Une fragrance qui interprète la figue sous toutes ses (pas ces) facettes, y compris la verdeur des feuilles de l’arbre qui lui permettent de déployer ces arômes fruités les plus doux et sucrés ». Le départ de figue, et d’agrumes est vif, fascinant et tout de suite addictif puis arrive ce coeur incroyable de tubéreuse et d’iris marié au côté acidulé du clou de girofle et vert du galbanum avant de se poser, sans jamais s’assagir sur un accord civette et des notes ed cèdre, de muscs et de santal. « Fig Eleii » est une vraie réussite, comme du vif argent. Ici la figue n’est pas du tout laiteuse ni crémeuse, elle est comme une herbe coupée dans un jardin rêvé. Vraiment, ce parfum me séduit énormément.
Pour le troisième parfum, je me suis beaucoup interrogé. J’ai beaucoup aimé « Tabac Licorii » mais j’en parlerai peut-être plus tard. J’ai finalement, et après beaucoup de doutes, opté pour « Cuir Erindil » créé par Jean-Claude Gigodot toujours pour la Black Opus Collection en 2014 car vraiment, c’est une merveille, il n’y a pas à dire ! Elle offre des possibilités infinies cette note de cuir décidément. « Cuir Erindil est une interprétation surprenante du cuir. Si on avait à imaginer le cuir de dragon, qu’est-ce qu’il sentirait ?.. C'est une odeur étonnante, une rencontre entre la mandarine et la myrrhe épicée par le cumin, mélangée avec de la poussière de chaussée et une bouffée de tanneries. Une étrange rencontre. La note de cuir est insaisissable à certains moments, mais elle monte et tombe sur la peau, brossée par une note d'iris et de vanille ». Après une envolée presque classique de bergamote et de mandarine, le coeur absolument délirent d’encens, d’épices, d’iris et de myrrhe vient déjà nous dérouter mais quand surgit, en fond, un accord cuir, musc, santal et vanille, on garde sur la peau une impression d’inédit. Je dois dire que, vraiment, j’avais rarement senti un cuir aussi addictif. Il est à la fois doux, un peu rond sans être ni liquoreux ni trop poudré. C’est un parfum atypique, profondément beau, je ne trouve pas d’autre mot. C’est de l’élégance dans un flacon et, en même temps, il ne sera pas le parfum de tout le monde. Pour moi, une fois de plus, c’est carton plein.
« Il était une fois deux amoureux qui vivent leur idylle contre la volonté des pouvoirs supérieurs. Un jour, le Dieu de l'Amour, indigné par un tel manque de respect brisa leur idylle, les transformant en oiseaux et décida que les deux amoureux vivraient dans la même forêt sans jamais se voir. Le parfum de la passion en hommage à un amour sans aucune limite ». Il faut dire la vérité, « Chypre Isli » lancé en 2017 dans la collection The Morrocan Tales, est un énorme coup de coeur. J’ai même failli, sans l’avoir complètement essayé, repartir avec et je pense qu’il est dans un coin de ma tête et qu’il pourrait faire l’objet d’une future acquisition. Si la construction est très classique de cette famille olfactive, le résultat est absolument magnifique sur ma peau. Il s’ouvre avec une belle mandarine, et une orange un peu amère et épicée puis le coeur de fleurs blanches nous emmène sur un fond patchouli, mousse et cèdre. Sur le papier, on pourrait penser à une pyramide classique mais le résultat ne l’est pas du tout. J’aime beaucoup ce parfum. Il me correspond parfaitement et je pourrais tout à fait le porter. Il est chic ou plutôt choc, un peu subversif et quand même élégant. Il est fort probable que je craque un de ces jours.
En écrivant, j’ai envie de redécouvrir ceux que je connais moins et d’essayer ceux que je ne connais pas. Tous les parfums de Maison Incens sont vraiment des bijoux. En tout cas, je suis complètement sous le charme et je vous en reparlerai sans aucun doute dans les mois à venir. C’est une belle marque française, dans une fourchette de prix plutôt moyenne à basse et chaque jus est doté d’une incroyable qualité. Pour moi, c’est une marque coup de coeur.
Mes parfums préférés : "Much Ado About The Duke"
« La fragrance de rose poivrée du jeune duc fait chavirer les cœurs, et peut-être pas ceux que vous croyez. Sa femme, l’héritière la plus convoitée de Londres, ne semble l’intéresser en aucune façon. Voyez-vous cela ! » et voici le story telling de « Much Ado About The Duke » créé en 2016 pour la collection des Portraits de Penhaligon’s et qui a été mon premier coup de coeur de la série. On le sais, la parfumeure a toujours travaillé la rose d’une manière particulière et je dois dire que, lorsque j’ai découvert ce parfum, j’ai été d’emblée séduit. Il s’ouvre avec des notes de bergamote et de poivre rose, puis arrive une rose un peu verte avec un coeur de gin et un fond de vétiver. Entre épices et élégance à l’anglaise le coeur de ce duc balance. « Tout en complexité et en ambiguïté, à l’image de sa fragrance. Fragrance épicée, florale, verte et boisée, parfaitement équilibrée, destinée aux messieurs pimpants, comme aux femmes élégantes ».
Daphné Bugey
Après « Rose 31 » pour Le Labo et, très récemment « Rosa Carnivora » pour Dries Van Notten, Daphné Bugey interprète une rose idéale, boisée, presque cuirée et épicée. Quand j’ai découvert la collection en 2016, je ne connaissais rien de tel et je me suis fait vraiment plaisir à porter ce parfum dont une petite quantité m’avait été offerte au Printemps Haussmann. Depuis « Much Ado About The Duke », même si je ne le porte pas tous les jours, m’accompagne. J’avais fait un break et je viens de le retrouver. Il avait donc tout à fait sa place dans la rubrique de mes parfums préférés. Je le trouve vraiment très étonnant et addictif. Je l’aime vraiment beaucoup et je ne m’en passe pas facilement. Il m’emmène sur les traces des dandys anglais ou encore des amazones à cheval. En tout cas, c’est un parfum vraiment magnifique qu’il faut découvrir.
Le Collection Particulière de Givenchy
J’étais complètement passé à côté de la première collection privée de Givenchy et je pense que j’aurais pu faire de même en ce qui concerne La Collection Particulière tant elle est confidentielle. Je remercie d’ailleurs Loanne du stand de la marque au BHV Marais de m’avoir fait découvrir ces parfums luxueux et très réussis. Attention, les prix sont élevés et la gamme n’est pas très accessible à tout point de vue. Je ne suis pas certain que je pourrais franchir le pas mais j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ces créations. Comme toujours, j’ai retenu les quatre que j’ai préféré et j’ai eu envie d’écrire un article.
Je vais bien évidemment commencer par « Oiseau Rare » que je connaissais déjà et qui est mon coup de coeur de la collection. Créé par Olivier Cresp en 2020, c’est un floral franc et net. La marque le décrit ainsi : « Oiseau Rare déploie son panache dans la cour intérieure de l'Hôtel Particulier. Dans un ballet improvisé, sa grâce capture les rayons du soleil comme les regards ». Il s’ouvre sur un accord poivre qui vient, d’une manière à la fois légère et épicée appeler notre nez puis, au coeur, le pittosporum réinventé, prend toute la place et ne fera que s’enrichir d’un fond de cèdre, de gaïac légèrement gourmand et d’une vanille délicate et naturelle. Je voudrais un instant revenir sur le pittosporum qui est une fleur muette mais que l’on recrée pour donner une impression d’exotisme voire même de jardin japonais en parfumerie. La délicatesse de l’accord utilisé par Olivier Cresp m’a beaucoup rappelé l’odeur de la fleur de cette plante que j’ai eu la chance de sentir « en vrai » grâce à mes parents. Je trouve que la re-création est vraiment très réussie.
« Sans Artifice », lancé en 2020 m’a également bien plu par sa limpidité. La marque l’évoque ainsi : « Empreint de raffinement et d'authenticité, Sans Artifice déambule d'un pas léger dans la galerie d'art baignée de lumière. Comme Hubert de Givenchy, il a le goût des lignes claires et des proportions justes ». Je crois que, de tout ce que j’ai senti sur le stand, ce parfum est le plus délicat, le plus élégant et le plus réussi. J’ai trouvé l’association d’une envolée de bergamote et de gingembre enrichie d’un coeur de rose centifolia, d’un accord de thé blanc impérial et d’un absolu de maté puis un fond de muscs blancs et de cèdre de Virginie particulièrement réussi. La marque ne communique hélas pas sur le parfumeur mais je trouve qu’il a réalisé le thé blanc idéal et que l’association avec la rose est tout à fait incroyable. C’est un parfum à la fois lisible et très élégant. Sa fraîcheur m’évoque plutôt l’été, voire même une soirée au bord de la mer. En tout cas, j’ai beaucoup aimé « Sans Artifice » et je retournerai le sentir.
« Garçon Manqué se joue des rôles à la ville comme à la scène. Dans l'antichambre, coulisse de l'Hôtel Particulier, il se pare de paradoxes ». Il fallait un cuir de Russie et le voilà. Lancé en 2020, ce parfum m’a énormément impressionné et je dois dire que son androgynie, son élégance et sa singularité en font sans doute celui qui m’a le plus dérouté. J’ai été presque agacé par le départ d’encens de Somalie et j’ai eu envie de ne pas y revenir mais, très vite, l’osmanthus et l’accord cuir du coeur m’ont rappelé et, lorsque le parfum s’est renforcé d’un fond de styrax et de bouleau, je me suis laissé séduire par le côté goudronné de la création. J’ai été particulièrement sensible à l’interprétation moderne d’un cuir de Russie qui est quand même ancré dans une tradition des années 20 de la parfumerie française. « Garçon Manqué » réinvente le style. Il n’est jamais trop animal mais reste très dark et, vraiment, il m’a beaucoup plu.
J’ai également bien aimé « Noctambule » créé cette année 2022 par Ane Ayo. En général, j’en ai un peu assez des rose et oud mais je me suis laissé guider par Loanne et je pense qu’elle a eu raison car ce parfum est d’une rare délicatesse il faut bien l’avouer. C’est un parfum qui va droit au but et qui s’ouvre sur une très belle infusion de rose centifolia à la fois opulente et délicate puis, au coeur, la parfumeure a voulu, par un accord très tenace, recréer l’odeur d’un papyrus rêvé qui m’a beaucoup plu et qui s’est renforcé avec le fond d’essence de oud de Malaisie. « Lorsque le douzième coup de minuit retentit, Noctambule révèle sa part d'ombre et de mystères dans l'Hôtel Particulier Givenchy. Cet oiseau de nuit guide ses invités dans son boudoir pour poursuivre les réjouissances jusqu'à l’aube ». Je ne suis absolument pas certain de pouvoir porter ce parfum que je trouve un peu trop opulent pour moi mais j’ai aimé la composition et, contre toute attente, il m’a semblé que, derrière un sillage très imposant, se dessinait la délicatesse d’une composition bien facettée et très étonnante. Franchement, c’est l’une des plus belles associations rose et oud qu’il m’ait été donné de découvrir.
Je me suis découvert une âme de « pêcheur de perles » en sentant cette collection. J’ai mis de côté mes à-priori et je me suis concentré sur mon plaisir olfactif sans idée préconçue. Je remercie chaleureusement Loanne qui a su vraiment bien faire vivre ces parfums et me donner envie d’en découvrir un, deux, trois… presque tous. Je trouve, globalement, la collection réussie même si je ne suis pas sûr que l’une des création soit pour moi. Je les ai découvert comme une expression artistique ce qui est rare avec les collections privées que je trouve souvent trop convenues.
Stop ou encore ?
Lors de ce séjour à Paris, j’en ai aussi profité pour réessayer des parfums que j’avais beaucoup aimés les fois précédentes pour voir si je confirmais mon impression ou si je ne retrouvais pas l’émotion qu’ils avaient pu me donner la première fois. Alors, seront-ils à ajouter sur ma wishlist ou non ? La réponse à travers ces quatre choix. En tout cas, je les ai redécouvert avec beaucoup de plaisir et d’intérêt et je vous donne déjà un élément de réponse en vous disant que ce sont quatre très beaux parfums qui explorent des univers olfactifs différents.
Je l’ai largement dit mais j’aime vraiment beaucoup les création de Stéphanie de Bruijn pour sa marque éponyme et j’avais eu un coup de coeur particulièrement pour « Antigone », « Montaigne » mais surtout « Le Sully » qu’elle a créé en 2020 et qu’elle décrit ainsi : « Nommée d’après le duc de Sully, qui prêta son nom au majestueux pont parisien, j’ai créé cette eau de parfum sophistiquée qui associe avec une insolente élégance le poudré de l’Iris à la puissance du benjoin, de la vanille et de l’ambre. Aussi intrépide que son homonyme, cette fragrance au caractère bien trempé saura souligner votre présence avec passion et noblesse ». C’est un parfum qui allie tout ce que j’aime, un départ poudré et doux d’iris et de. bergamote, un coeur de gardénia épicé de bois de réglisse et un fond ambré avec des notes de benjoin et de vanille. Très franchement, je l’ai aimé autant que les premières fois et je le trouve vraiment d’un chic « à la parisienne » mais j’ai également redécouvert « Montaigne » que Stéphanie de Bruijn a également créé en 2020 et dont elle parle avec ces mots : « J’ai voulu créer un capiteux oriental qui vous envoûte de ses senteurs de Pêche et de jasmin et vous offre ses fleurs de Rose à la tendre Violette. Séducteur, il ose les notes effrontées d’Ylang Ylang, de santal et de Patchouli avec une pointe d’ambre et de vanille pour vous donner envie de le suivre pour prendre le thé au Plaza Athénée. Quintessence de la Parisienne, toujours élégante et pourtant si sensuelle… ». Un départ pêche et de cassis, un coeur jasmin, rose, ylang-ylang et violette et un fond patchouli, santal, ambre et vanille. Très franchement je l’ai trouvé vraiment original et très addictif. De ce fait, entre les deux, mon coeur balance. Ce sont deux parfums très différents mais avec une même signature. Il faudra vraiment que je réessaye les deux mais ils me plaisent beaucoup. Je les trouve super élégants.
Créé par Émilie Bouge en 2010, « Farah » de Brécourt est un oriental autour duquel je tourne depuis longtemps. Je pense qu’il est à nouveau en stock en 50 ml après une très longue interruption. La marque le décrit ainsi : « Le patchouli d’Indonésie s’affirme au travers d’une note plus rarement utilisée dans la composition des féminins : la cannelle Ceylan. L’accord de la datte, un mélange de baumes (benjoin Siam, ciste-labdanum), et la fève Tonka pour l’addiction, magnifie la féminité, et transporte vers ce lieu lointain qui fascine l’inconscient collectif masculin ». Il fait partie de ces parfums qui m’ont réconcilié avec cette famille olfactive. Il s’ouvre sur des notes de cannelle et de bergamote très audacieuses et enveloppé du côté un peu cuir du styrax puis le coeur confirme cette impression avec des notes de cuir (encore !) de cèdre et de datte confite. Le fond autour du patchouli, avec des versants benjoin, muscs, tonka et labdanum est tout simplement magnifique. Très franchement, il fera partie de mes choix très bientôt surtout qu’il existe à nouveau dans un conditionnement qui me convient bien et que son prix est très raisonnable. Celui-ci, c’est certain, il sera sur la wishlist ! J’ai adoré ce parfum dès que je l’ai découvert et pourtant, il n’entre pas bien dans mes goûts habituels. Il va falloir que je franchisse le pas.
Avant de découvrir « French Flower », je n’avais pas vraiment d’affinité avec la maison Matière Première créé cette année 2022 par Aurélien Guichard mais mon goût pour la tubéreuse m’a conduit à y revenir. « Créer un bouquet de tubéreuses, constitué d’absolu et d’enfleurage de pétales de tubéreuse. Le gingembre Nigéria amplifie la blancheur de la fleur. L’essence de feuille de thé de Chine et un accord poivre vert et de poire soulignent le caractère végétal de cette fleur toute en tige ». Je dois dire que j’ai beaucoup aimé l’idée et que je trouve le côté vert du travail de cette tubéreuse atypique très agréable mais le prix du flacon m’arrête un peu. Je reconnais les qualités de la création et la beauté des splendides matières premières mais je n’ai pas forcément retrouvé l’émotion qui m’avait assailli la première fois que j’ai pu le sentir. Très honnêtement, je n’avais pas mis ce parfum dans mon top 2022 parce que je n’étais pas sûr de ce qu’il me faisait ressentir et, clairement, et même si je le trouve objectivement (si c’est possible), très très beau, je crois que je vais passer mon tour. En effet, je n’ai pas vraiment le coup de coeur, c’est inexplicable mais c’est ainsi.
« Un parfum aussi élégant que sophistiqué. Dès la première note, une fraîcheur verte et pétillante de pamplemousse et de rhubarbe éveille les sens, rapidement soutenue par un accord floral et subtil de frésia, de fleurs de lotus et de rose, apportant au parfum une sensualité inouïe, tout en douceur. La puissance du musc ne se fait pas attendre et vient s'accorder au précieux santal et à l'envoûtant patchouli en une parfaite symbiose… ». Le dernier parfum que j’ai voulu réessayer a été créé pour Jul et Mad par Dorothée Piot et a pour nom évocateur « Terrasse à St-Germain ». Il m’avait beaucoup plu dès la première vaporisation avec son départ de pamplemousse, de mandarine et de rhubarbe, son coeur de rose, de lotus et de freesia puis son fond de santal, patchouli et musc juste présent pour soutenir la fragrance. Je l’ai mis sur ma peau une fois encore et je dois dire qu’il me plait bien. Il est tout en légèreté et, en même temps, je le trouve assez tenace. Il me semble que c’est une concentration extrait de parfum. Il a une longévité et un développement que je ne lui imaginais pas. J’aime vraiment beaucoup le coeur floral et je dois dire que, dans l’idée, je le porterais facilement. Il me convient parfaitement et je pourrais tout à fait le porter pourtant, je pense que je devrais encore l’essayer avant de me rendre compte s’il me plait vraiment. J’ai encore un doute sur le fait que ce soit un coup de coeur évident ou juste un joli parfum que j’aime sentir.
Vous l’aurez compris, le seul des quatre, voire cinq parfums que j’ai réessayé et dont je suis certain est « Farah » de Brécourt. Celui-ci, je suis catégorique, je pourrais complètement me l’approprier. Pour les autres, je demeure très dubitatif. En effet, il faut toujours « faire l’entonnoir ». Il y aura un Stéphanie de Bruijn c’est certain mais je suis indécis entre « Montaigne » et « Le Sully ». Les deux autres sont des options plus hypothétique. J’aime bien « French Flower » mais, pour moi, il y a d’autres tubéreuses plus en accords avec mes goûts donc je pense l’éliminer ce qui n’enlève rien à ses qualités et je pourrais dire la même chose de « Terrasse à St-Germain » mais j’en suis moins sûr. Pour l’instant, je le garde dans un coin de ma tête. Voilà pour ce petit exercice de style. J’espère qu’il vous aura plu.
"M V2Q", une trouvaille déroutante
Je l’aime et parfois je le déteste. J’ai découvert, grâce à Daria, chez Sens Unique à Paris, un parfum que je trouve tout à fait déroutant. C’est un cuir qui appartient à une marque à laquelle j’évite de trop m’intéresser car elle est vraiment très très onéreuse. Il s’agit de Puredistance qui « est une Maison de Parfum indépendante qui propose une collection de douze Parfums de Maître crées à Londres, Paris et à New York par des Maîtres Parfumeurs de renom. Puredistance est uniquement disponible en Extrait de Pure Parfum dont la concentration en huile de parfum varie entre 25 et 32 % » et ceci explique cela.
Antoine Lie
J’ai déjà découvert, lors de séjours à Paris. Renata, Daria et Victoria expliquent : « M V2Q est une nouveauté boisée et ambrée de 'Puredistance' qui vous rappellera quelque chose. C'est vrai, il s'agit d'une nouvelle réédition et d'une réinterprétation du parfum 'M', l'ancien hit de la marque. Laissant la lettre « M » et quelques éléments, le parfumeur a changé la formule, ajouté de nouveaux composés et lance le parfum non seulement comme un hommage au parfum précédent, mais comme un véritable chef-d'œuvre post-moderne. De la lavande et du poivre rose, ce parfum évolue vers l’accord visqueux du goudron de pin et de la cannelle, se transformant en vanille de Madagascar, patchouli et fève tonka. Un parfum enveloppant, élégant et moderne avec une touche ambrée inattendue ».
Lorsque Daria nous l’a présenté, elle nous a expliqué qu’il lui inspirait l’intérieur cuir de l’Aston-Martin de James Bond et j’ai trouvé ça très très bien vu. C’est un parfum dense, très marqué et créé par le parfumeur Antoine Lie. « Pour M V2Q, Antoine Lie a utilisé des ingrédients exclusifs : parmi lesquels, une qualité spéciale de lavande, de poivre rose, de cannelle et de sève de pin pour créer un parfum original et mémorable. M V2Q est doux, raffiné, puissant et lumineux. M V2Q est un extrait de parfum avec une excellente projection et longévité incomparable ». Il s’ouvre donc sur des notes de lavande et de fleur d’oranger très sèche et aromatique. Le coeur est construit autour du cypriol avec le côté résineux du pin, épicé par la cannelle et presqu’animal du jasmin. Le fond, très patchouli est cuiré par le labdanum et adouci par la fève tonka et poudré si on peut dire par le cèdre. Je ne sais pas si j’ai aimé « M V2Q » car je l’ai trouvé vraiment déroutant. À la vaporisation, il m’a énormément plu et, bizarrement, son évolution sur ma peau me laisse une impression plus mitigée. Parfois je le trouve sublime et à d’autres moments, il me dérange fondamentalement. J’ai été tout de même content de le découvrir car c’est cela aussi la parfumerie de niche, des univers clivants et même contrastés.